Luceo Non Uro

Je brille mais ne brûle pas

Prologue

La petite fille plaqua ses mains contre ses oreilles et ferma les yeux pour empêcher ses larmes de couler, évitant de montrer son chagrin aux autres. Elle ne voulait pas entendre ce que l'homme en blanc avait à lui dire, se doutant que son discours était celui d'un médecin. La grosse tête de son chien essayait de se frayer un chemin entre ses bras pour la réconforter mais il n'y avait rien à faire, Mary ne céderais pas. Elle refusait catégoriquement d'entendre une nouvelle fois cette phrase insensée qui ne faisait qu'accroître la douleur dans sa poitrine : ils sont partis pour un monde meilleur.

Quand sa grand-mère essaya de l'étreindre, la petite fille repoussa ses bras. La colère mélangée à la tristesse ne cessait de grandir en elle comme un démon. Tout à coup, un bruit sourd retentit dans la salle d'attente. Un des vases placés près de l'accueil venait d'exploser mystérieusement en morceaux. Mary, effrayée par cet acte qu'elle venait d'accomplir s'enfuit en courant vers la porte de sortie suivie de près par son chien et par le médecin qui ne cessait de crier son nom en espérant que celle-ci s'arrête. Lorsqu'elle atteint les rives de la Tamise non loin de l'hôpital, elle s'arrêta brusquement sous l'étonnement d'Angus qui avait bien faillit sauter à l'eau si sa maîtresse l'avait fait.

Le docteur Becket n'arriva que quelques minutes plus tard, essoufflé par l'effort. Il fixa l'horizon un instant comme si le temps venait de s'arrêter puis attrapa l'épaule de Mary qui ne put s'empêcher de sursauter, la forçant à le regarder dans les yeux. La nuit éclairée par les lampadaires soulignée les traits doux de l'homme aux yeux aussi bleus que sa chemise.

« Ne me fais plus jamais ça, je t'en pris. Je suis médecin pas coureur de marathon, ironisa-t-il devant le visage crispé de Mary. Je sais à quel point il peut être difficile d'apprendre ce genre de choses.

Je ne pleurerais pas devant vous si c'est ce que vous attendez ! Rétorqua la petite brune.

Tu es bien courageuse pour ton âge et c'est bien mais parfois il est inutile de retenir ses larmes, inutile de souffrir pour rien. Dit-il en posant un genou à terre pour se mettre à la hauteur de son interlocutrice.

Ça vous est déjà arrivée à vous de perdre un proche ? S'intéressa soudain Mary qui détourna son regard vers le fleuve.

J'ai perdu mon frère il y a deux ans d'une pneumonie. Nous étions très proches.

Je suis désolée pour votre frère docteur Becket.

Soudain prise d'un chagrin immense, Mary se précipita dans les bras du médecin laissant sortir toutes ses larmes retenues depuis l'accident. Angus ne savait que faire, il tournait en rond derrière son amie cherchant le moyen de faire cesser ses pleurs.

Pourquoi sont-ils partis tous les deux ? Pourquoi m'ont-ils laissé toute seule ? Qu'est-ce que je vais devenir ? Sanglotait-elle la tête contre le torse du docteur Becket.

Nous allons trouver une solution. Ensemble nous allons trouver une solution, je te le promets.