Owner : Mania Jo'
Bla bla : Premier écrit sur Ondar (et par conséquent les GarS). Date d'il y a un peu plus d'un an...
Disclaimer : I make no money with them.
Un ciel gris, une foule grise, une humeur de même. Quoique, pour ressentir quelque chose, encore fallait-il avoir un cœur. Le sien s'était arrêté depuis longtemps.
Trop longtemps.
Comment avait-il pu être con à ce point ?
C'était une matinée comme une autre, au Moulin Rouge. Les humoristes écrivaient et répétaient leurs sketches du mieux qu'ils pouvaient. Cyril, lui, attendait que son ami veuille bien arriver. Il était de plus en plus fréquent que Guillaume arrive une demi-heure, une heure en retard. Et Cyril savait pertinemment que ce n'était pas les bouchons qui le retardaient ainsi. En revanche, la cause exacte de ce manque de ponctualité, il ne la connaissait pas. Il avalait son troisième café en deux heures, tout en se penchant déjà sur le sujet que Laurent leur avait fait parvenir deux soirs auparavant. « Dix mois avant la fin du monde », voici ce qu'ils devaient traiter pour dans deux jours. Enfin, si les deux amis parvenaient à se voir. Cyril sortit son téléphone et composa le numéro de son ami.
Une sonnerie.
Deux sonneries.
Dix sonneries.
Répondeur.
Il pesta silencieusement et posa son portable sur la table, tandis qu'Anouck, plus connue sous le nom de Noukia, nouvelle arrivante dans l'émission qui, en cinq passages, avait déjà séduit plusieurs pensionnaires dont le duo, s'approcha de lui et s'assit en face de l'humoriste.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-elle.
- Regarde autour de toi. Tu vois Guillaume ? Non. C'est ça, le problème.
- Paris, c'est le synonyme de confiture de circulation.
- Hein ?
- Trafic jam, embouteillages… ? Non, c'pas grave. Il a un peu de retard, c'est tout.
Cyril aurait bien accroché le jeu de mots le plus naze de sa vie avec c'est tout / Sentou, mais la tête n'y était pas.
- On avait rendez-vous à 8h, il est presque midi.
- Bon, okay, il a beaucoup de retard. T'as essayé de l'appeler ?
- Merci, ça va, j'ai un cerveau, hein… Ouais, quatre fois.
- Et ?
- Et bah rien, que veux-tu d'autre ?
Cyril regretta un peu de s'emporter ainsi contre Noukia. Elle n'était après tout pas responsable du retard de son ami. Comme si elle avait lu ses pensées, elle ferma les yeux en signe de compréhension. Elle était la première à faire ça, aussi n'allait-elle pas blâmer quelqu'un pour cette raison. Elle regarda l'heure et se leva dans l'intention de retourner écrire son sketch. La jeune fille regarda une dernière fois le grand.
- T'inquiète pas, il va arriver…
Il leva furtivement ses yeux bleus sur elle. Il n'en doutait pas, mais cela faisait quand même une sacrée paire de fois qu'il lui faisait ce coup là. Et jamais cela n'avait duré aussi longtemps. Cyril allait reprendre son portable en main quand Guillaume déboula dans la salle et fila droit s'asseoir à côté de son ami.
- C'est pas trop tôt, lui reprocha-t-il. Ca t'arrive de décrocher quand on t'appelle ?
Guillaume le regarda, surpris, puis fouilla les poches de sa veste et de son jean, en vain.
- Eh merde, je savais que j'avais oublié un truc !
- Ouais enfin t'as eu presque quatre heures pour t'en rendre compte…
- Euh… Je suis parti il y a une demi-heure.
- Encore mieux, bougonna Cyril. Je peux savoir pourquoi t'arrives souvent en retard, ces derniers temps ?
- J'ai un peu de mal à …
Sa voix fut entrecoupée par un bâillement qui illustrait bien la suite de sa phrase.
- A me lever le matin.
Le grand le considéra une poignée de secondes avant de se replonger dans l'écriture du sketch. Il notait, proposait des alternatives à son ami, mais se rendit compte que, la tête appuyée contre sa main, ses yeux étaient clos.
- Oh, Guillaume ! Le secoua-t-il.
Ce dernier se releva subitement, un peu désorienté.
- Hein ? Quoi ?
Cyril soupira.
- Ecoute, je veux bien que tu aies du mal à dormir, mais mets-y un peu du tien quand même. Je ne vais pas écrire ni jouer ça tout seul. Déjà que ça fait deux jours qu'on a le sujet et qu'on ne s'est pas vus…
Guillaume ne répondit pas, se contentant d'hocher légèrement la tête.
- Réponds-moi, Guillaume !
- Hm… Oui, ça va, je suis…
Le Pontoisien ne le crut qu'à moitié. C'était vrai que des cernes marquaient le visage de Sentou. Et apparemment, elles n'étaient pas injustifiées car il avait déjà refermé ses paupières. Garnier soupira encore une fois et se leva pour poser sa tasse dans l'évier avant de quitter la pièce.
Noukia, qui se trouvait au fond de la salle, vint s'asseoir aux côtés de l'endormi. Elle regarda ses cernes, elles en disaient long. La jeune fille posa sa main sur l'épaule de Guillaume et le secoua faiblement.
- Guillaume… Guillaume ! Appela-t-elle doucement.
Comme il ne se réveillait toujours pas, elle se résolut à utiliser une méthode qui n'était pas la plus douce. Elle lui pinça très fort la peau derrière l'oreille.
L'effet fut immédiat.
Guillaume sursauta, ahuri, se tenant l'oreille.
- Mais ça va pas ? Pourquoi t'as fait ça ?
Elle ne répondit pas.
- Anouck, pourquoi t'as fait ça ?
- Bien dormi ? Fit-elle en souriant
Sentou soupira.
- Ca va pas fort, je me trompe ?
- Je suis fatigué, c'est tout.
Cette fois, c'était Anouck qui aurait volontiers fait le jeu de mots avec Sentou.
- Sûr ?
- Sûr.
Elle le regarda avant de continuer.
- On ne se connaît pas depuis longtemps. Je ne suis pas dans ta vie, ni dans ta tête. Je suis également beaucoup plus jeune et je ne mets pas ton expérience en doute. Mais je connais ces symptômes, je sais ce que ça cache.
- Mais ça ne cache rien du tout, je passe juste de mauvaises nuits, ces derniers temps.
La jeune femme haussa les sourcils.
- Il est parti où au fait, Cyril ?
- Rendors-toi, ça vaut mieux.
La jeune humoriste se leva et quitta les lieux sur ces mots, laissant Guillaume seul.
