Bonjour !
Me revoilà après un long moment d'inactivité. Pour diverses raisons, j'avais perdu l'envie d'écrire ces deux derniers mois mais je suis de retour avec une nouvelle histoire. C'est un AU post 5x11 qui comporte cinq chapitres. Volontairement, il y a de nombreuses zones d'ombres qui seront expliquées au fur et à mesure.
J'espère que ça vous plaira !
La rose fanée
oOo
Mon père me regarde. Ses yeux sont d'un bleu troublant, comme un océan profond et tourmenté.
« Tu me rappelles ta mère, tu sais, » dit-il en passant sa main dans mes cheveux.
Je n'ose pas demander de laquelle il parle alors je me tais et j'acquiesce doucement.
« Je t'aime, ma petite rose. »
Je voudrais répondre quelque chose mais les mots restent coincés dans ma gorge.
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« Qu'est-ce que ça fait, d'avoir deux mères ? »
Henry lève péniblement la tête. Il joue avec les deux morceaux d'une plume brisée.
« Ça fait deux fois plus mal quand on les perd, » répond t-il d'une voix rauque.
Je frissonne malgré moi.
« Qu'est-ce que c'est ? » je demande en désignant ce qu'il tient dans les mains.
« Quelque chose que je n'aurais jamais du casser. »
Il plante ses yeux dans les miens – ses yeux vides, ses yeux mornes, ses yeux morts.
« Ne reste pas près de nous, Rose. Tu risques de perdre ton éclat. Nous sommes les Ténèbres. Nous apportons le désespoir. »
« Regina s'est sacrifiée pour vous, » je proteste faiblement. « Pour vous sauver. Pour vous apporter l'espoir. »
Il rit amèrement.
« Regina est morte, maintenant. »
Je sens que la discussion est close alors je m'éloigne doucement. Henry ne remarque rien, trop occupé à jouer avec sa plume.
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« Comment vas-tu, Rose ? »
« Bien, » je réponds automatiquement.
Bleue me tend un sourire compatissant et me presse affectueusement l'épaule. Je ferme les yeux et soupire. Même si je n'y vis plus depuis un mois, le couvent reste mon refuge.
« Quand est prévu l'enterrement ? » me demande t-elle d'un air faussement détaché.
Je sens le regard des autres fées sur moi. Elles guettent toutes ma réaction.
« Dans trois jours, » je réponds sur le même ton.
Mon indifférence n'est que feinte et Bleue le sait parfaitement. Elle a cependant la délicatesse de ne pas faire de remarque.
Bleue me connaît par cœur. Mon père m'a confiée à elle quand il a décidé d'aller faire un petit tour aux Enfers et elle m'a élevée quand il est devenu clair qu'il ne reviendrait pas.
« Tu sais que je suis là, n'est-ce pas ? » me lance Bleue.
Je voudrais fondre en larmes et me réfugier dans ses bras, comme quand j'étais petite et que je demandais pourquoi mes parents m'avaient abandonnée. Cependant, j'estime avoir passé l'âge et je me contente de hocher la tête.
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Je marche à pas lents dans Storybrooke. C'est une ville fantôme, peuplée de fantômes – et pas au sens figuré.
Je passe devant la bibliothèque. La tour de l'horloge gît sur le sol, complètement détruite. La rue est totalement déserte.
Comme si les Enfers avaient recouvert la ville de leur aura maléfique.
Ce qui est vrai, dans un sens.
« Bonjour, Rose. »
Je tourne la tête. Lily m'offre un sourire amical auquel j'ai bien du mal à répondre. Elle semble plus fatiguée que jamais.
« Maleficient n'est pas avec toi ? »
« ...Non. »
Son sourire s'efface et elle paraît très mal à l'aise. Sa gêne m'amuse presque parce que je sais déjà ce qu'elle rechigne à me dire.
« Elle est au cimetière pour régler les... détails. »
Aucune de nous ne fait la remarque que ce n'est pas à Maleficient de s'en occuper mais nous savons toutes les deux que personne d'autre n'acceptera de le faire. Les fantômes, comme je les appelle, n'arrivent déjà pas à s'occuper d'eux mêmes.
Je jette un regard à l'horloge.
« Personne ne l'a réparée ? »
Elle hausse les épaules. Elle aurait très bien pu le faire – elle maîtrise la magie, tout comme sa mère. Moi aussi, d'ailleurs, depuis qu'elle m'ont appris, dans le dos des fées.
« Peut-être plus tard, » conclut-elle. « Je te vois tout à l'heure, j'ai encore du pain sur la planche. »
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« Tu vas aller à l'enterrement ? »
« Je ne sais pas. »
Neal m'a répondu d'un air absent. Assis sur un banc face à la mer, nous regardons l'horizon.
« Et toi ? »
« Oui. »
« Mais tu n'en as pas envie. »
Je baisse la tête, ne sachant que répondre. Mes pensées sont floues dans mon esprit – je ne sais pas ce dont j'ai envie ou pas.
« C'étaient... mes mères. Il faut que j'y aille, » je conclus.
Neal sourit amèrement.
« Mais aucune n'a jamais vraiment été ta mère, n'est-ce pas ? »
« Regina l'a été, pendant un mois. Et Zelena... elle n'a jamais eu le choix. »
« Arrête de leur chercher des excuses ! »
Il se lève brusquement et me fait face. Neal est fait de colère et de rage. Neal a grandi avec moi, au couvent, et Neal n'a jamais pardonné à ses parents de l'avoir laissé pour partir jouer les héros – et surtout, de ne pas être revenus.
« Ton père et Regina t'ont abandonnée, ils sont partis sans une seule pensée pour toi ! Et Zelena... elle était pourrie de l'intérieur. Elle voulait te rendre aussi mauvaise qu'elle. Aucune ne vaut mieux que l'autre. Elles ne méritent pas qu'on les pleure. »
Je ne réponds pas. De tout mon être, je voudrais protester, prendre leur défense.
Mais au fond de moi, je ne peux m'empêcher de penser qu'il a raison.
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Je rentre chez moi. Chez moi. J'ai encore du mal à réaliser que l'immense maison blanche devant laquelle je suis passée toutes ces années en me demandant pourquoi elle était inhabitée est désormais l'endroit où je vis.
Je ne m'y ferais probablement jamais, de toute façon.
J'essaie de ne pas frissonner quand je rentre. L'endroit me paraît tellement froid et inhospitalier que j'ai bien du mal à ne pas prendre mes jambes à mon cou et décamper d'ici – et ce, même si un feu ardent brûle dans la cheminée.
Je trouve mon père assis dans la cuisine, les yeux rivés sur une photo qu'il tient dans ses mains. Ils sont aussi vides que ceux d'Henry. Je n'aime pas croiser son regard – j'ai l'impression de geler sur place. En m'approchant, je me rend compte que la photo en question représente Roland. Lui aussi a été laissé derrière. Lui aussi s'est demandé pourquoi son père était parti sans aucune explication.
Sauf que lui s'est lassé d'attendre et a fugué à la première occasion qui s'est présentée, il y a cinq ans, et a quitté Storybrooke.
Il n'est jamais revenu.
« Rose. Je ne t'ai pas entendue entrer, » murmure mon père.
Il ne relève pas la tête de la photo. J'ai soudain la sensation d'étouffer, ici. Il fait sombre dans la maison – il fait sombre partout, de toute manière.
Le soleil ne brille plus depuis un mois. Il y a un mois, ils sont revenus.
Ceux qui étaient partis aux Enfers sont revenus, près de quinze ans plus tard. Ils n'ont donné aucune explication, ont refusé de raconter ce qui leur était arrivé et pourquoi ils étaient restés absents si longtemps. Robin s'est présenté au couvent pour venir me récupérer. Si aucun d'entre eux n'avait vieilli, pour une raison inexplicable, il leur a été difficile d'avaler qu'ici, quinze ans avaient passé.
Tout le monde les appelle les Revenants, mais moi, je trouve ça trop effrayant. Je préfère les fantômes. J'ai vu un film, une fois, une histoire ridicule avec un gentil petit fantôme qui se lie d'amitié avec une petite fille.
J'essaie de me raccrocher à ça quand je les croise.
A part ces détails, la vie a repris son cours après leur retour. Cette paix a duré un mois. Jusqu'à il y a deux jours. Jusqu'à l'incident.
Mon père daigne enfin me regarder. Ses yeux brillent un peu, comme si la vie essayait de s'y frayer un chemin.
« Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. »
Moi, je sais. Tu errerais sans but comme l'âme en peine que tu es.
Je n'ai même plus la force d'être en colère contre lui. Il s'approche de moi et sans prévenir, me serre avec force contre lui et je peux sentir tout son désespoir, la douleur que provoque son cœur en miettes. Je voudrais me dégager, le repousser avec force et lui interdire de me toucher.
Mais il fait chaud ici.
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Le lendemain, à l'aube, lorsque je me lève, le miroir me renvoie mon reflet fatigué. J'ai encore fait un cauchemar. Comme d'habitude, depuis qu'ils sont revenus.
Les fantômes du passé ne cesseront jamais de revenir hanter les vivants.
Ne reste pas près de nous, Rose. Tu risques de perdre ton éclat, m'a dit Henry.
Il ne sait pas que je me suis déjà fanée.
La suite sera là demain si tout va bien ;). N'hésitez pas à me donner votre avis ! Black Angelis.
