Un (tout) petit OS que j'ai extirpé d'un vieux dossier, dépoussiéré, et remanié.

La scène prendrait place quelque part en saison 4.

Lisez, aimez (ou pas!), et, pour la bonne santé mentale de l'auteur, commentez!


INSTANT DE PANIQUE

Jamais. Jamais je n'aurais pensé en arriver de nouveau là.

Qu'est-ce qui lui a pris ? Je lui avais pourtant bien dit de ne pas bouger de chez lui ! Encore une fois, il ne m'a pas écoutée. Encore une fois, je n'ai pas su le convaincre. Si j'avais insisté...

Si j'avais accepté de rester à son loft hier soir... Peut-être... Peut-être que rien de tout cela ne serait arrivé. Peut-être qu'il ne se serait pas noyé dans la recherche de pistes. Peut-être qu'il ne serait pas sorti de son immeuble.

De nouveau. C'est de nouveau comme ce jour-là. Peut-être que si, ce jour-là, nous n'avions pas décidé d'aller au restaurant... Peut-être que si maman ne s'était pas acharnée à travailler plus que prévu sur cette affaire compliquée...

Toutes les sensations me reviennent comme un boomerang, treize ans après.

La terreur.

L'impuissance.

Le vide.

La mort. Peut-être. Sûrement. Si je n'agis pas.

Mon corps est lourd. Trop lourd. Inamovible. Vrillé au siège conducteur. Mon esprit ne vaut pas mieux. Engourdi. Paralysé. Mes deux mains, blêmes, crispées sur le volant. Si fort que les jointures de mes doigts deviennent douloureuses. Respiration saccadée. J'ai l'impression d'étouffer. La même sensation que lorsque j'étais allongée par terre. Là-bas. Dans ce cimetière. Une balle fichée dans la poitrine.

Je dois me calmer. Je dois reprendre le contrôle. Respiration ventrale d'abord. Ne rien retenir ensuite. Pas même une image, une pensée, un souvenir. Laisser défiler tout ça devant mes yeux. C'est ce qu'il t'a dit, Kate. C'est ce que t'a dit ton psy. Alors concentre-toi. Fais le vide.

De longues secondes, ou de longues minutes s'écoulent, je ne sais plus.

Une douleur lancinante dans les tempes, mais elle s'estompe peu à peu. Les yeux me tirent. Peut-être à cause de la lumière intense du spot, dont j'essaie de me protéger derrière un pilier. La diffraction due à chacune des gouttes d'eau du pare-brise la rend aveuglante. Ou peut-être à cause de ces larmes. Refoulées, comme toujours. Et comme toujours, surgissant dans ma solitude, au moment le plus inopportun. Refoulées, comme ces paroles qu'il m'a dites avant que je ne sombre. Je savais. Ne pas m'attacher. Ne pas me perdre dans ses yeux bleus. Pourquoi n'ai-je pas eu la force de m'éloigner ? De le faire sortir de ma vie une fois pour toutes ? Je savais, au fond de moi, qu'une catastrophe finirait par arriver.

Il est là. Dans ce hangar. Probablement amené par son ravisseur dans la berline blanche stationnée à quelques mètres. Je sais que je devrai intervenir à l'arrivée des gars. Mais mon corps ne répond plus. Tout entier tourné vers l'horreur de ce que je peux découvrir là-bas. Anéanti par elle.

Dieu sait ce qu'il advient de lui en ce moment. "Dieu"… Comment ce Dieu, qui m'a déjà volé ma mère, pourrait-il aussi me voler Richard Castle ? L'idée me fait naître une nausée amère dans la gorge. Si lui aussi me quitte, je n'ai plus personne ni plus rien à quoi raccrocher ma vie. Je sens que tout est en train de s'effriter autour de moi. Quelques pas pour traverser le parking et tout s'écroulera.

Kate.

Kate, concentre-toi.

Reste lucide.

Sois prête à agir.

Les secondes seront précieuses, tu le sais.

Il le sait.

Il tiendra.

Jusqu'à ce que tu arrives.

Un crissement de pneus me tire de ce cauchemar. Ryan. Espo. Les portières claquent.

Je ferme les yeux. Je respire. Longuement. Intensément. L'humidité de l'air redonne vie à mes poumons enflammés.

« Kate ? »

Un visage par la fenêtre. Javi.

Il ouvre brusquement la porte.

« Ça va ? »

Sa main sur mon bras. Rassurante. Puissante. Le canon de son 45 luit sous la lumière du spot. Il est prêt. Ils sont prêts.

« Localisation confirmée. On entre par la porte sud dans une minute exactement, les renforts par la porte nord. Il est au premier étage. On le tient, Kate. »

Son ton ferme et directif me gifle et me redonne un dernier éclat de lucidité. Et de haine.

« Kate, ça va ? » La voix inquiète de Ryan.

Je croise le regard déterminé de Javier, et je m'extirpe de la voiture, dans un dernier effort.

« Ça va. »

Un sourire confiant échangé entre nous trois. Je reprends pied.

« Allons-y. Qu'on en finisse avec ce taré. »

Derrière moi, Kevin ironise une dernière fois avant l'assaut ultime :

« Ce mec ignore encore qui est Kate Beckett, mais quelque chose me dit qu'il ne va pas tarder à le savoir. »


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