Je ne vous le cache pas, je devais finir Un sort de pacotille ! avant de m'atteler à ce projet-ci. Mais ma muse en a décidé autrement et je vais devoir jongler entre les deux. Je délaisse mon personnage coutumier de Bruce Banner pour me pencher plus du côté des dieux.^^
Plusieurs informations avant de commencer la lecture :
- Cette fanfic mettra pas mal en scène les dieux égyptiens (en fait surtout Seth). Je ne prends pas totalement la version de Marvel. Les Héliopolites vivent bien dans une dimension parallèle appelée l'Héliopolis. Le passé de Seth sera respecté et certaines références parsèmeront mon texte. Toutefois il s'agit largement de ma vision des dieux égyptiens. Je suis en études d'Histoire et la religion égyptienne est mon intérêt majeur. Je tiens d'ailleurs à clarifier que Seth n'est pas le dieu du Mal ; comme Loki, il est le dieu du Chaos et une figure que les historiens des religions appellent le Trickster (Paul Radin, 1956). Il est également le dieu du désert, de la chaleur, du feu et - fait étrange pour nous autres Occidentaux - de la pluie et de l'orage (la crue est l'eau bienfaisante qui permet les récoltes, la pluie est une calamité envoyée par Seth). Et - j'insiste, la confusion m'est assez désespérante - il n'est pas représenté sous les traits d'un chacal (Anubis) mais d'un animal composé appelé animal séthien ; chacal : oreilles pointues - museau droit ; animal séthien : oreilles à bout plat, museau tendant vers le bas.
- Le musée Paul Getty de Malibu existe vraiment. Il a été fondé par un milliardaire du même nom et son extrême richesse lui permet de mettre la main sur les dernières œuvres historiques. Si certains de mes lecteurs d'Un sort de Pacotille ! passent par ici, ils conviendront avec moi que j'ai un truc avec les vieux objets magiques. x3
- Dernière chose : cette fanfic sera une UA. Elle se situe après Thor 2, Iron Man 3 et Captain America 2 mais ne prend pas en compte les événements d'Avengers 2. Et elle sera une UA - ou plutôt semi-UA - dans le sens où des changements non canoniques vont advenir.
J'ai déjà un synopsis avec une quinzaine de chapitres en comptant prologue et épilogue.
Bonne lecture.
Prologue
L'Héliopolis
La cité éclatante de l'Héliopolis luisait de mille feux sous le soleil couchant. Mais Seth jouissait peu du spectacle, bien trop lumineux à son goût. Bientôt la nuit la recouvrirait et il pourrait sortir. Un sourire cruel étira ses lèvres. L'appel d'Amon-Râ était lancinant dans son esprit mais Seth ne comptait pas se rendre auprès du Roi-Père tant que le soleil était dans le ciel. Après tout, les nombreux sceaux couvrant son corps et limitant sa Puissance étaient autant de rappels qu'il devait obéir aux clauses de son Châtiment. Les autres Héliopolites le lui avaient trop souvent rappelés, et parfois d'une façon dont l'humiliation lui restait encore en travers de la gorge ; le vieux Amon-Râ n'avait qu'à s'en prendre à son propre zèle. Il ne bougerait pas, doit-il lui vriller le crâne.
La douleur fut soudain telle qu'il chancela et laissa échapper un gémissement plaintif. La présence d'Amon-Râ était un feu incandescent dans son esprit, le vieux roi outrepassait les limites de la décence et de sa propre éthique. Seth ricana ; Amon-Râ n'avait que peu d'éthique, à son âge avancé toute perte de temps lui paraissait inutile, mais le Roi-Père faisait habituellement montre de patience à son égard, soit-il seulement pour ne pas avoir à le mâter pour obtenir son obéissance.
L'affaire devait donc être présente.
« Mon attente commence à devenir longue, Seth ! » claqua la voix impérieuse d'Amon-Râ et son esprit ploya sous la force mentale du vieux roi. Mais Seth n'en avait pas pourtant raté la peur qu'elle contenait. Une peur insidieuse, terrible, encore plus incandescente que la colère du Roi-Père ; elle voulait s'insinuer en lui, le plier également à son règne, mais il n'en fit que rire. Et rire encore. A gorge déployée, un visage joyeux levé vers le ciel qui s'obscurcissait à vue d'œil. Si Amon-Râ avait peur et l'appelait, c'était que sa liberté était proche. Le vieux roi avait besoin de sa Puissance et, scellé, il lui était inutile.
L'heure de la délivrance avait sonné.
« J'arrive, Roi. »
Un nouveau gloussement fit trembler son corps. Il sentait sa Puissance s'agiter sous les sceaux, réclamant de sortir et de s'exprimer. Depuis trop longtemps était-il réprimé. La pensée de se déchaîner à nouveau lui était douce ; qu'importe l'ennemi qui terrorisait le Roi-Père de l'Héliopolis.
Seth se glissa hors de sa retraite et se dirigea vers le Palais. Les gardes qu'il croisa sur sa route raffermirent leurs armes et le regardèrent avec animosité. Son sourire éclatant n'était pas pour leur plaire. Poussant l'insolence jusqu'à l'indécence, Seth s'inclina devant les gardes du Palais, moqueur, et passa devant eux d'un pas presque sautillant. Les ombres s'allongèrent entre les ruelles et les gardes frémirent ; Seth marchait vers la liberté.
- Assez de rire ! tonna Amon-Râ quand il entra dans la salle où il siégeait fièrement sur son trône d'or. Seth inclina le haut de son corps en une vague tentative de respect que son sourire goguenard démentait. Le visage sévère d'Amon-Râ, qui avait présentement revêtu le masque du faucon couronné de soleil, le foudroya du regard et, même lui, Seth, dut s'incliner devant la Puissance du Roi-Père de l'Héliopolis.
- Apophis vient.
Seth perdit les dernières traces de son sourire. Malgré toutes ses moqueries, il ne pouvait se gausser de ce danger-ci. Car son existence même était remise en cause. Mais Amon-Râ était l'éternel adversaire du Serpent de la Non Existence et leur combat durait depuis l'aube des temps ; pourquoi craindre plus maintenant qu'autrefois Apophis ?
- Chaque nuit, je combats pour toi Apophis. Chaque nuit, le Serpent est maintenu par mon harpon et tué par ton Chat. Alors, Amon-Râ, que devons-nous craindre de Lui ?
- Apophis vient, répéta le Roi-Père, terrible et pourtant si affaibli. Des millénaires entiers pesaient sur les épaules d'Amon-Râ et, s'il s'était retiré du trône de l'Héliopolis il y avait longtemps, il restait le Roi-Père des Héliopolites, leur géniteur, leur protecteur, leur juge suprême, celui qui détenait tous les secrets et tous les savoirs. Il était le Soleil de leur Vie et Apophis l'Ombre qui ramènerait tout au Non Être.
- Apophis vient et ce ne sera pas l'une de ses ombres. Apophis vient en personne, Seth, et je crains que nous ne soyons pas assez forts pour l'arrêter.
Le sourire revint sur les lèvres de Seth. La jubilation envahit son être. Qu'importe qu'ils doivent faire face à un danger terrible, ses sceaux allaient lui être ôtés.
- Je ne peux te faire confiance, Seth, car nul ne le peut. Tu n'as nul ami, nul honneur et tu ne sais que répandre le Chaos. Mais tu es ma meilleur arme et ma dernière défense contre la Fin qui vient. Approche !
Il franchit sans plus attendre les mètres qui le séparaient du trône et Amon-Râ se leva pour le jauger de toute sa grandeur. Les yeux terribles du faucon couronné de soleil brillèrent alors et les nombreux sceaux qui l'enchaînaient tombèrent au sol dans un bruit sourd ; tous, sauf un.
- Je ne peux te faire confiance, Seth.
Amon-Râ se rassit sur son trône doré et son bec s'étira en une moue amusée.
- Mais j'espère que tu accompliras ta mission avec seulement un minimum de Chaos.
Un ricanement siffla entre les crocs de Seth ; Amon-Râ avait toujours été celui qui le comprenait le mieux et l'appréciait à sa juste valeur. Il lui devait beaucoup, même s'il ne l'admettrait jamais. Son Châtiment avait été adouci par sa seule volonté, là où toute l'Assemblée des Héliopolites réclamaient à grands cris sa chute.
- Serait-ce inconvenant de demander la nature de cette mission ?
La moquerie dans sa voix ne passa pas inaperçue, s'il devait en croire le tressaillement des iris dorés de son interlocuteur.
- Quitte l'Héliopolis sans t'en retourner et rends-toi sur l'Yggdrasil.
Son sourire s'étira jusqu'à en déformer sa bouche qui prenait de plus en plus l'apparence de la gueule d'un animal inexistant.
- Asgard ne va pas apprécier ma venue.
- Odin se rangera à mon jugement. Car Apophis ne peut percer les barrières purificatrices de l'Héliopolis. Toutefois il peut avaler le Soleil de l'Yggdrasil et Il est l'une de mes émanation. Ce faisant, il m'affaiblira tant que les protections de l'Héliopolis tomberont. Alors nous sombrerons tous dans la Non Existence. De cela, Odin n'en aura cure, car l'Yggdrasil ne sera déjà plus.
- Le Serpent de la Non Existence ne laisse rien derrière son passage, termina sombrement Seth. Son masque sérieux s'effilocha dans la seconde qui suivit et son sourire amusé revint danser sur ses lèvres.
- C'en est donc fini de mon exil et de mon ennuyeuse retraite. Que le Chaos soit ! s'écria-t-il en faisant vivement volte-face, son excitation coutumière parcourant ses veines en des courants qui électrifiaient sa magie.
- Seth ! claqua Amon-Râ derrière lui et il crut entendre de la peur dans la voix du Roi-Père. Il se retourna à moitié et s'inclina devant lui, son sourire moqueur toujours plaqué sur ses lèvres.
- Sois sans crainte, Ô Amon-Râ ! Parmi le Chaos que je déclencherai, l'Yggdrasil et l'Héliopolis seront sauvés d'Apophis !
Alors qu'il quittait le Palais en riant, libre et rempli de magie comme il ne l'avait jamais été depuis des siècles, il crut attendre Amon-Râ adresser une prière à la Maât.
Une prière pour que son Chaos ne détruise pas ce qu'il était censé sauver.
Il sortit fièrement du Palais et s'amusa des gardes qui pointaient leurs armes sur lui. Mais la protection d'Amon-Râ flambait autour de lui et ils ne pouvaient rien lui faire sans déclencher le courroux du Roi-Père. Il s'éloigna en continuant de rire. Voilà longtemps qu'il n'avait senti la magie et la jeunesse éternelle qui lui était, à lui seul, dévolue. Il ne vieillissait pas dans le cycle de la vie comme le reste des Héliopolites. Il était Seth, l'Immortel, le Chaotique.
Il abandonna quelque part sur le chemin du départ - ou était-ce un renouveau ? - son ancienne enveloppe à la main perdue. Ses sceaux brisés, sa magie rendue, il se sentait jeune et puissant. Autant en prendre la forme. Lorsqu'il prit le Chemin des Dieux vers l'Yggdrasil, ce fut sous la forme d'un jeune homme aux yeux et aux cheveux rougis par le feu et le sang, traits qui se perdirent sous le masque de l'animal séthien.
Il n'avait pas arrêté de rire. Et son rire terrible fit trembler jusqu'à chaque pierre de l'Héliopolis, jusqu'à chaque Héliopolite inquiet du retour d'Apophis. Pris de lassitude, Amon-Râ s'avachit sur son trône d'or et se demanda s'il avait fait le bon choix.
Qu'on lui pardonne ; pour tous les sauver, il avait libéré Seth de ses sceaux et le dieu allait répandre le Chaos partout où il irait.
L'Yggdrasil - Asgard
Les yeux du Gardien voyaient tout dans l'Yggdrasil et, s'il se concentrait en un point précis, ils pouvaient chercher dans l'Univers tout entier. C'était à la fois un don et un fardeau. Heimdall avait vu beaucoup de choses, des bonnes comme des mauvaise, mais il devait s'avouer inquiété par ce qu'il voyait présentement. Voilà longtemps qu'il n'avait pas vu cette lueur dorée qui jaillissait entre les racines du Grand Arbre Cosmique.
- Que se passe-t-il, Heimdall ?
Il s'inclina profondément devant son roi qui s'était déplacé jusqu'au Pont du Bifrost après qu'il eut envoyé un messager le quérir. Le phénomène n'était pas anodin. L'œil unique d'Odin, indéchiffrable, regardait en direction de Midgard vers laquelle convergeait la lueur dorée.
- Le Chemin des Dieux parcoure l'Yggdrasil, mon roi. L'Héliopolis s'est ouverte pour la première fois depuis une infinité de siècles.
- Pas tant d'années que cela, Heimdall, contredit Odin, la mine sombre. Il n'est guère lointain le temps où je menai les armes contre Seth en l'Héliopolis avec Thor à mes côtés. Je n'ai pas oublié sa détestable fragrance de mort et de Chaos.
- Oui, mon roi, acquiesça le Gardien. Il regarda lui-aussi vers Midgard et laissa transparaît son inquiétude dans sa voix.
- Seth est libre et s'en va vers Midgard.
Les échos d'un rire de mauvais augures se faisaient entendre dans le silence de l'Univers et Heimdall resserra sa prise sur sa lance.
- Entendez-vous, mon roi ? Le démon de l'Héliopolis rit, ses sceaux sont ôtés et Amon-Râ l'a laissé sortir. Rien ne bon ne peut advenir. Pourtant mes yeux sont aveugles.
- Amon-Râ était déjà un grand roi aux temps ancestraux où Bùri, père de Bor, père d'Odin, apprenait à parler. La vieillesse peut accabler ses os, son esprit n'en reste pas moins acéré. Quoique sont les mauvaises augures charriées par le rire de Seth, elles n'en doivent pas cacher à nos yeux le véritable danger. Il ne viendra pas de Seth mais de pire encore.
Heimdall soupira longuement.
- Que n'avons-nous plus les dons prophétiques de la Reine Frigga ! Pensez-vous aller quérir une vision des disir ?
- Non point, Heimdall. Je n'en ai nul besoin.
Soudain deux cris d'outre-tombe déchirèrent le silence de l'Univers et les corbeaux Munin et Gunin se posèrent sur les épaules d'Odin en des claquements d'ailes féroces.
- Seth vient. Le Chaotique est libre et Maât tremble dans son temple, croassa Munin en s'ébrouant. Il se rapprocha du cou de son maître pour regarder son jumeau perché sur l'autre épaule. Gunin agit en miroir et ouvrit son bec sur de sombres mots :
- Le Chaos va se déchaîner sans que nul ne puisse l'arrêter. Car Seth vient et il doit sauver. Et là où le Chaos est la sauvegarde, une horreur se tapit dans l'ombre. Le Serpent a tourné ses yeux vers nous et, s'il se libère, les Neuf Royaumes sombreront dans le Néant !
Odin fronça les sourcils et chassa les deux corbeaux de ses épaules pour s'avancer à la limite du Bifröst. Son œil unique dévisageait les noirceurs de l'Univers, fouillant chaque recoin, chaque étoile illuminée, sans pourtant rien trouver.
- Cherche, Heimdall, ordonna-t-il en se tournant vers le Gardien. Cherche le Serpent. Il est là, dans les Ténèbres où il n'y a rien, son Ombre attend son heure et, lorsqu'elle viendra, le Ragnarök nous paraîtra doux.
- Si le Serpent vient vraiment, alors Seth doit rester libre car il est une arme utile contre lui. Mais ses crimes contre l'Yggdrasil sont graves et ne peuvent être pardonnés. Qu'allez-vous faire à son sujet, mon roi ?
- Je ne vais rien faire ! Pas tant que le Serpent nous fait trembler de son Ombre. Asgard doit se préparer à sa venue ; s'il doit venir. Mais Seth s'en est parti vers Midgard.
Odin jeta un œil vers le royaume.
- J'ose espérer que Thor se souviendra de son devoir. Eploré et endeuillé, il est inutile aux Neuf Royaumes ! Qu'il se souvienne qu'il est Prince d'Asgard et protecteur des Neuf Royaumes. Il n'est pas besoin d'envoyer quelqu'un contre Seth ; Thor suffira à endiguer son Chaos.
- Et si le Prince s'avère insuffisant à contenir les Puissances ancestrales qui se déchaîneront bientôt ?
- Alors j'ouvrirai les portes de la Valhöll et libérerai les valkyrjur et les einherjar ! aboya sèchement Odin. Il fit volte-face et se dirigea vers Sleipnir qui attendait au-dehors. Il se jucha sur le dos de son cheval aux huit jambes et ses corbeaux se posèrent à nouveau sur ses épaules.
- Sois mes yeux, Heimdall. Cherche le Serpent et hâte-toi. Seule la vélocité sauvera les Neuf Royaumes s'il doit venir. Nous devons être prêts à l'accueillir.
- Je trouverai, assura le Gardien, son regard magique se refixant sur l'Univers. Odin le quitta sans plus un mot. Heimdall commença sa veille. Il n'en restait pas moins qu'il continuait de lancer quelques coups d'œil vers Midgard, en le protecteur zélé qu'il était.
- Retrouvez votre foudre, mon Prince. Vous en aurez bientôt besoin, murmura-t-il dans le silence. Il pria les Nornes d'en faire ainsi.
L'Yggdrasil - Midgard - Tour Avengers
Thor se savait de mauvaise compagnie. L'incessant déluge qui s'abattait sur New York depuis qu'il était revenu dans la cité était un témoin assez fiable de sa présente humeur. Son exil volontaire d'Asgard le minait. Il n'arrivait pas à célébrer la victoire sur les Dökkálfars ; il avait trop perdu dans cette guerre. Il n'avait réussi à sauver sa mère, avait trahi son roi et déçu son père, son frère s'était sacrifié pour sauver sa vie et même sa douce Jane n'avait plus assez de temps à lui consacrer. Pas qu'il lui en veuille. Il comprenait qu'elle avait fort à faire depuis que sa théorie sur la Convergence l'avait envoyée aux sommets des sphères scientifiques.
Et puis, il était de mauvaise compagnie. Loki lui manquait atrocement. Une fois déjà, l'avait-il cru mort, lorsqu'il était tombé du Bifröst sans qu'il ne puisse l'en empêcher. Il était revenu à la tête d'une armée d'envahisseurs, porteur d'un sceptre qui lui retournait encore l'estomac à la moindre pensée, plus fou et blessé qu'il ne l'avait encore jamais vu. Il aurait voulu le prendre dans ses bras, le bercer, lui soutirer le récit de ce qui lui était arrivé ; il n'avait pu que le combattre, le blesser davantage, avant de finalement le traîner, enchaîné et muselé, jusqu'au jugement du Père de Toutes Choses.
Il avait fait le dur devant la cellule de Loki, lui promettant la mort s'il le trahissait encore. Son petit frère l'avait cru ; la douleur lui était encore vivace. Comment Loki pouvait-il croire que sa trahison lui importait plus que sa vie ? La vérité était que Thor était tout bonnement incapable de blesser son frère.
Même s'il ne faisait que le faire, involontairement.
L'impuissance dansa frénétiquement dans ses veines et il manqua de se briser la mâchoire tant il serra les dents. Un éclair claqua, Mjöllnir frémit et les appareils électroniques de Manhattan grésillèrent avant de s'éteindre. Si la Tour Avengers se ralluma dans la seconde qui suivit, les immeubles alentours restèrent sombres. A moins que la pluie diluvienne qui avait repris de force ne l'empêche de voir.
- Oula, Point Break ! Tu vas nous noyer !
Thor cligna des yeux et lâcha les morceaux de verre qui avaient autrefois étés une bouteille de bière.
- Je suis désolé, Ami Stark. Je vais nettoyer, dit-il d'un ton morne en se levant chercher un torchon. Lorsqu'il était apparu que Jane ne pouvait l'héberger du fait de son travail, Tony Stark s'était proposé de lui louer l'une des nombreuses chambres de sa Tour. Il avait accepté car il ne savait pas où aller. Il voulait rester sur Midgard, et passer le reste de son immortalité à la défendre s'il le fallait, mais il avait du mal à s'intégrer. Sur le champ de batailles, il était Thor le dieu du Tonnerre ; lorsqu'il posait Mjöllnir, il avait peine à savoir ce qu'il était.
- C'est rien, tu sais, je peux m'en racheter un de canapé, lui lança Tony en lui tendant une nouvelle bouteille de bière. Thor sourit doucement et le remercia. L'homme de fer était étrangement présent pour lui. Il prenait souvent le temps de venir à son étage alors qu'il avait moult projets à effectuer, d'autant plus que le Docteur Banner avait accepté de rester lui-aussi.
- Ya les autres qui viennent ce soir. Faut dire que la pluie commence à être inquiétante.
- Vous me voyez navré, murmura Thor qui tendit son esprit vers le ciel pour lui ordonner de se calmer. Si la pluie cessa peu à peu, le ciel resta sombrement nuageux. Midgard était plus réceptive à son humeur que partout ailleurs dans les Neuf Royaumes.
- Vous pouviez pas la faire stopper un poil avant, dit soudain une voix grincheuse et ils se tournèrent tout deux vers un Clint Barton trempé et mécontent. Les lèvres de Tony s'agitèrent sous un fou rire silencieux et Thor sentit lui-aussi ses traits s'incurver. Leur ami archer avait piètre allure.
- Tu veux utiliser la douche, Legolas ? Nan, parce que là tu ressembles à un chien mouillé, je ne veux pas vérifier s'il y a aussi l'odeur.
- Ne t'en déplaise, Stark, grogna Clint. La lueur amusée qui brillait dans ses yeux démentait toutefois son ton.
Tony claqua des mains et s'adressa au plafond :
- J.A.R.V.I.S. mène le Monsieur !
« Par ici, Agent Barton. Monsieur, sachez que l'Agent Romanoff et Monsieur Rogers viennent d'arriver et se dirigent par ici. »
- Parfait. On va pouvoir se mettre à table. J'ai commandé scandinave ce soir.
Thor haussa un sourcil intéressé et suivit l'ingénieur vers la salle où il avait fait dresser une table assez grande pour contenir l'équipe. Le Docteur Banner s'y trouvait déjà.
- Bonsoir, Thor, le salua-t-il gentiment. Il lui rendit presque gaiement son salut et ils s'assirent pendant que Tony versait l'apéritif. Entretemps, leurs trois coéquipiers les avaient rejoints.
- Mouillé, Barton ? s'amusa Natasha en avisant les cheveux dégoulinants de son compère. Clint marmonna et prit place sans répondre, déclenchant un petit rire chez l'espionne. Thor se sentit bien pour la première fois depuis longtemps.
Ses coéquipiers avaient été bien occupés depuis Manhattan. Il avait ouï-dire que Stark avait subi une opération et que c'était pour cela qu'il n'avait plus son rond brillant sur le torse. Mais le changement le plus important restait la récente dissolution du S.H.I.E.L.D., la mort de Nick Fury et tous les problèmes qui s'en étaient ensuivis.
La soirée lui remonta le moral et, s'il n'en vint pas à s'exprimer par ses grands gestes grandiloquents comme à son habitude, une timide éclaircie se fit jour dans le ciel, chassant les nuages sombres.
Puis tout bascula à nouveau. L'alarme des Avengers - dorénavant gérée par J.A.R.V.I.S. - retentit au moment du dessert, les faisant tous sursauter par sa soudaineté dans leur moment de détente.
Seul un vieux réflexe l'empêcha de ramener Mjöllnir à lui en fracassant les murs de la Tour.
- Que putain se passe-t-il, J.A.R.V.I.S. ?
« Une signature "divine" aux environs de Malibu, Monsieur. Plus précisément au musée Paul Getty. »
Tous se tournèrent vers Thor qui ne put qu'hausser les épaules, tout aussi perdu qu'eux. Depuis son exil, il n'avait aucun contact avec Asgard, bien qu'il doute que les yeux d'Heimdall soient rivés sur lui.
- As-tu un visuel ? demanda Steve, prenant de suite en charge les opérations. J.A.R.V.I.S. afficha bientôt ce qui semblait être une caméra de surveillance du musée. Un jeune homme, typé égyptien ancien, à la peau mate et au port royal, marchait fièrement dans les couloirs. Ses cheveux étaient longs et d'un rouge si vif et multiple qu'ils en paraissaient de feu. Et ses yeux, lorsqu'il les leva pour narguer la caméra - comme s'il savait qu'ils étaient en train de le regarder - étaient faits de sang.
- Par les Nornes ! rugit Thor en se redressant de toute sa hauteur. Ses yeux bleus brillaient de foudre pour la première fois depuis qu'il était revenu d'Asgard après la bataille finale contre Malekith. Quelques secondes plus tard, Mjöllnir venait se ranger dans sa main et sa cape rouge drapait ses épaules. Sans attendre, il se dirigea vers la fenêtre.
- Attendez, Thor ! l'arrêta Steve en accompagnant son geste d'un bras en travers de sa poitrine. A la décharge du Capitaine, il frémit à peine lorsque le dieu riva son regard foudroyant sur lui.
- Vous ne savez pas où se trouve Malibu, tenta-t-il de le convaincre. Et nous sommes une équipe.
- Cap' a raison, renchérit Natasha en finissant de se mettre en tenue - qu'elle avait semble-t-il cachée sous sa robe de soirée.
- On va vous aider à mâter ce type, lui sourit Clint. Qui qu'il soit.
- Cette affaire vous dépasse, mes amis. J'irai seul !
- T'as pas le choix, Point Break, le détrompa Iron Man en atterrissant à ses côtés. T'as pourri mon canapé et Manhattan pendant des semaines. Je décide maintenant. Et je décide qu'on va taper du dieu.
Le Quinjet, conduit par J.A.R.V.I.S., se stabilisa devant la fenêtre et Thor soupira, vaincu.
- Laissez-moi aller en premier car l'ennemi est un terrible adversaire, les prévint-il en montant dans l'appareil. Une fois qu'il eut prit les commandes du Quinjet, Clint demanda distraitement :
- Qui est-il, ce dieu ?
- Il est Seth le Fratricide, cracha Thor et le tonnerre vrombit au-dessus d'eux. Un menteur et un assassin qui ne sert que le Chaos.
Natasha jura en russe, Steve répéta qu'il n'existait qu'un seul Dieu, Tony demanda à J.A.R.V.I.S. d'amplifier ses répulseurs au maximum, Bruce soupira longuement et Clint marmonna qu'il n'aurait jamais cru qu'il y ait pire que Loki.
Thor les entendit à peine. Il craignait de tout son être la raison de la présence de Seth sur Midgard. Ses doigts se resserrèrent sur le manche de Mjöllnir. Quoi qu'il lui en coûte, il saurait pourquoi le Fratricide avait pu quitter l'Héliopolis et fouler à nouveau les Neuf Royaumes.
