Disclaimer : Franchement, si vous êtes dans ce fandom, vous vous en doutez non ? Fred, George et les autres ne m'appartiennent pas. Et je ne touche rien en écrivant. Tout est à JKR.
Cadeau pour Goutt2mer, qui souhait un OS sur Fred (et qui aura une two-shot sur les deux Fred). J'espère que ça te plaira !
LES PLAISANTERIES LES PLUS COURTES SONT LES MEILLEURES
Je suis deux. Ou plutôt, lui et moi sommes un. Ou encore, nous sommes une seule âme dans deux corps extraordinairement semblables. C'est ça être jumeau : posséder son corps, ses yeux, ses membres, et partager toute sa pensée avec un autre, quelqu'un qui nous ressemble étrangement. Je ne sais pas ce que c'est que d'être seul. Nous avons toujours été deux. Jusqu'à ce qu'un stupide mur ne s'écroule sur moi. C'était douloureux physiquement, un douleur immense qui menait à la folie, mais aussi cuisant psychiquement de sentir ce lien invisible rompre brutalement et se retrouver seul.
Avant, je n'ai jamais connu la solitude. Parce que j'avais un jumeau, mais aussi parce que nous étions quatrième et cinquième de la fratrie, bientôt suivis par deux autres. Quand on est sept enfants, il y en a toujours un pour jouer avec toi. Et puis, nous avions deux parents aimants et prêts à tout pour que l'on soit heureux.
Six mois après nos trois ans, la première guerre contre Voldemort s'est terminée. Les années qui suivirent furent joyeuses et pleines d'entrain, malgré la reconstruction du pays et toutes les erreurs qui ressortaient des réouvertures de certains dossiers. D'aussi loin que je me rappelle, maman était toujours en train de chantonner, jouant volontiers avec nous entre une tournée de lessive et le repas à préparer. C'était une bonne période.
En grandissant, on s'est aperçus que Papa gagnait assez peu d'argent, et que notre famille était pauvre. George et moi aimions notre père, et nous comprenions tout à fait qu'il veuille vivre de sa passion. En plus, nous ne faisions pas attention aux vêtements que l'on portait ou ce genre de choses. Même si George et moi nous nous sommes jurés de trouver une passion qui nous permettrait de vivre plus confortablement – et surtout de ne pas avoir sept enfants !
Trouver une vocation qui nous plaise et soit utile fut long et difficile. C'est Percy qui nous en a soufflé l'idée – à son insu. A force d'être tout le temps parfait et serviable, George et moi nous sommes rendus compte que nous ne pouvions pas faire mieux que lui. Nous avons tout naturellement pris le chemin contraire, entendez que nous avons pris le parti de réussir les plaisanteries et les farces aussi bien que Percy réussissait à être irréprochable en toutes circonstances.
Plus tard, Bill, puis Charlie, nous a aidé en nous envoyant régulièrement des provisions de chez Zonko. Nous ne les avons jamais dénoncé à Maman, qui devenait folle à chaque explosion d'un pétard mouillé de ce cher Docteur Flibuste et hurlait quand ses tasses à thé issues du service de son mariage étaient échangées par des tasses à thé mordeuses.
Mais nous avons rapidement vu que le marché était encore réduit. Bien sûr, Zonko commercialisait des centaines de produits qui pourraient réaliser nos rêves les plus farceurs, mais notre imagination nous faisait miroiter un autre marché, contenant des produits révolutionnaires et qui combleraient nos pensées les plus folles. C'est alors que nous avons pris le parti de créer de nouveaux produits, dont nous pourrions faire la publicité à Poudlard même. Cependant, nos connaissances étaient trop limitées, et ce n'étaient pas les livres de Percy sur la magie qui nous aideraient.
C'est pourquoi notre départ pour Poudlard fut source de joie. Nous allions enfin étudier la magie et commencer à réaliser notre rêve le plus fou. Il y avait cependant une angoisse qui nous restait : serions-nous dans la même maison ?
Heureusement, nous avons tous les deux atterris à Gryffondor, où nous avons rencontré Lee. Lee est la seule personne à notre connaissance à pouvoir parfaitement nous comprendre et à toujours savoir quand il est de trop sans en prendre ombrage. Il est, de plus, un ami merveilleux et très porté sur les blagues – il nous a donné de nombreuses idées et était toujours partant pour nous accompagner.
L'objet magique qui nous accompagna pendant cinq ans et qui est l'une des clés de notre succès, nous l'avons trouvé, George et moi, lors de notre première retenue. C'était un simple parchemin, placé tout en haut d'un tas d'objets confisqués aux Maraudeurs, comme nous l'indiquait l'étiquette défraîchie collée sur la boîte. J'ai fait explosé une bombabouse, et George a profité de l'inattention de Rusard pour prendre le parchemin – sans nous concerter, nous avons su que c'était important. Rusard n'avait aucun pouvoir, mais il était suffisamment intelligent pour se méfier de ce vélin. Surtout qu'au vu des objets contenus dans la boîte, les Maraudeurs devaient s'y connaître en canulars.
Nous l'avons montré à Lee, et pendant de longs mois, nous avons réfléchi tous les trois au moyen de l'ouvrir. Il a essayé des formules issues de contes moldus, et nous avons cherché dans tous les livres de la Bibliothèque un moyen de savoir ce que contenait le parchemin. C'est Percy qui nous a présenté le bon recueil, ravi que nous nous intéressions enfin à des "livres contenant un intérêt magique supérieur à ceux d'ordinairement lus et ne renfermant que des facéties sommairement intéressantes et utilisées à mauvais escient". En effet, ce bouquin avait été raturé, et il y inscrivait à la plume deux phrases, sur la page indiquant comment ensorceler un objet pour qu'il ne s'ouvre et ne se referme que lorsque l'intitulé était déclamé.
Enfin, nous avions accès aux secrets du parchemin. Aux passages secrets, aux tapisseries qui cachaient des repaires inconnus à Rusard et aux salles oubliées même par les plus vieux professeurs. Un monde parallèle, où nos plaisanteries trouvaient un décor sans fin pour les mettre en lumière ou dissimuler leurs imperfections. Un monde où nous pouvions innover sans peine, et où nous pouvions pénétrer dans la bibliothèque en pleine nuit sans que Mrs Pince ne pressente une farce et surtout sans que Percy ne s'ouvre à Maman de "cette soudaine curiosité des jumeaux pour des livres intéressants à tout point de vue, et traitant de métamorphoses avancées ou de potions fascinantes qui démontrent une précocité clandestine". Maman aurait flairé l'embrouille encore plus sûrement que Miss Teigne flaire les élèves hors de leur dortoir après l'heure du couvre-feu.
Avec l'aide de Lee, nous avons créé nos premiers articles, que nous testions sur nous-même. Nous disposions de peu de matériel, et d'aucun financement, notre marchandise était donc peu pratique et généralement vaguement dangereuse. Nous avons mis des années avant d'arriver à un artéfact convenable et prêt à la vente. L'argent donné par Harry à la fin du Tournoi des Trois Sorciers nous a, je dois dire, bien aidé. Nous avons pu acheter tout ce dont nous avions besoin sans faire attention au prix, ce qui nous a permis d'acheter des produits de qualité pour fabriquer des articles de qualité !
Maman n'a bien sûr pas cessé de vouloir briser notre commerce, mais nous avons réussi à nous sortir de toutes les embûches. En septième année, et malgré les suspensions d'Hermione – probablement mandatée par notre chère mère –, nous avons parfaitement réussi notre projet. Les élèves de Gryffondor étaient intrigués par nos produits, qui se vendaient comme des petits pains, d'autant plus qu'ils permettaient d'embêter la Grande Inquisitrice – nous lui avons envoyé un mot de remerciement dès que nous avons quitté l'école. D'ailleurs, nous avons orchestré notre fuite d'une main de maître afin qu'elle serve nos intérêts et nous fasse de la publicité.
En fait, je crois que nous n'avons jamais été fait pour les études. Nous ne mettions notre nez dans le livre que pour y récupérer des idées de sortilèges efficaces et utiles, et n'écoutions en potion que pour réussir notre propres mélanges. Nos BUSE, c'était pour faire plaisir à Maman, quant aux ASPIC, nous étions plus que ravis de les manquer. Nous avions un magasin avec appartement qui nous attendait, et suffisamment d'argent pour vivre correctement pour quelques mois.
Nous pensions qu'en temps de guerre, les gens auraient besoin de rire. Nous avions raison. Nous avons rapidement fait un chiffre d'affaire plus que satisfaisant et qui a calmé les récriminations de notre mère en personne. Les gens avaient besoin de rire, de se sentir un peu heureux à une époque sombre et tourmentée.
Quand on regarde notre parcours, nous nous sommes concentrés sur tout ce qui pouvait prêter à rire. Le Quidditch ne nous intéressait que peu. Naturellement, nous aimions y jouer – "les Cognards humains", comme le disait ce cher Olivier – mais nous ne voulions pas en faire notre avenir. C'était un jeu, rien de plus.
Je pense que les gens ont été choqués de voir que les deux comiques étaient doués pour les affaires. Et qu'ils ont été encore plus ébranler quand nous avons rejoints les rangs de l'Ordre. Oui, nous aimions rire, mais nous pensions aussi à l'avenir, à avoir des enfants. Et qui voudrait des enfants dans un monde comme celui-ci ? Nous avons résisté autant par convictions familiales que par foi personnelle.
Puis est arrivée la fameuse Bataille de Poudlard. Nous sommes restés côte à côte pendant un bout de temps, nous attaquant aux Mangemorts en les immobilisant, essayant à tout prix de ne pas avoir à les tuer – Papa nous avait appris que la Justice était importante, plus que l'esprit de vengeance. Mais nous avons dû nous séparer pour des bagatelles. Je me suis retrouvé seul dans un couloirs, face à trois Mangemorts encapuchonnés et dont les robes étaient encore en bon état – tout montrait clairement qu'ils ne s'étaient pas encore battus, qu'ils venaient d'arriver.
J'en ai assommé un, et les deux autres en ont profité pour faire tomber une pluie de sortilège sur moi. J'ai bien tenté de les éviter, mais le mur s'est effondré derrière moi, et je n'ai pas eu le temps de m'échapper hors de la portée des décombres croulants.
Mourir, terrassé par un pauvre mur, c'est quand même ridicule. Mais je préférais que ce soit moi, plutôt qu'un de mes frères ou ma petite sœur. Eux iraient bien, se marieraient, auraient des enfants. Ils seraient heureux, c'était le principal.
Au dernier moment, j'ai ressenti une douleur vive. La douleur de George. Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais son inconscient tentait de le prévenir. Ç'a été ma seule souffrance et mon seul remord. Savoir que mon jumeau restait derrière moi, seul. Je ne voulais pas l'abandonner. Je l'aimais trop pour ça. Il était comme une partie de moi, et j'étais un bout de lui. Nous étions jumeaux, toujours deux. Et il serait maintenant le rescapé, toujours seul.
C'est la seule fois où j'ai regretté d'être né deux. J'étais trop jeune pour mourir, c'était vrai, mais surtout, nous étions trop jeunes pour supporter cette séparation éternelle. Avec soixante-dix ans de plus, il n'y aurait pas eu de problème. Mais depuis notre naissance, c'était notre première séparation.
Adieu mon frère, porte-toi bien. Appuie-toi sur notre fratrie, ils seront là pour toi. Aime la vie pour moi, vis toutes ces expériences à ma place. Tu me les raconteras quand on se reverra.
