La Mauvaise Table.
Prologue : La Table des Serpentards
Homophobes s'abstenir cette fic est un Drarry
Spoiler : Tomes 1, 2 3, 4, 5… Harry est en septième année à Poudlard… Il n'y a pas d'Horcruxes pour l'instant mais je peux toujours changer d'avis.
Disclaimer : Les personnages ne sont (malheureusement !) pas à moi, tout appartient à J.K Rowling, à part l'intrigue bien évidement qui est à moi toute seule… Héhéhéhé… Rires de psychopathe….
Note de l'auteuse : C'est une fic un peu plus sombre que celle que j'ai l'habitude de faire vu que la guerre fait rage à l'extérieur de l'enceinte de l'école. Nos héros vont avoir bien difficultés à vaincre le plus grand mage noir du siècle, enfin je n'en dis pas plus, lisez ! Et n'oubliez pas la p'tite review à la fin !
Draco : Encore toi ? Tu ne te fatigues jamais ?
Rin : Tu me connais, je suis têtue, quand j'ai une idée dans la tête…
Harry : Plus sombre que celle que tu as l'habitude de faire ? ça veut dire quoi ?
Rin : Tu va souffrir, c'est pas si différent en fait…
Harry : *déglutit visiblement* J'ai peur…
Rin : Il y a pas de raison, mwahahahahahaha !
Harry : Hé Malfoy, elle recommence j'ai peur…
Draco : c'est juste un rire diabolique il y a pas de quoi avoir peur voyons, tous les Serpentard font ça… Quoique… C'est ELLE, la dernière fois, on finissait, ENSEMBLE, dans sa fic… T'as raison en fait Potter j'ai peur…
Rin : Il y a pas de raison … Héhéhéhé… Vous êtes siiiii mignons tous les deux…
Harry & Draco : NOOOOOOOOOOON !
POV d'Harry
Chaque muscle de mon corps est endolori, chaque parcelle de mon être m'envoie de légers spasmes de douleur. J'ai mal, si mal derrière mes paupières clauses. Chaque jour l'entrainement intensif que je subis avec Rogue me rend un peu plus fort, me fait un plus mal… Je ne me plains pas. C'est quelque chose que je dois faire… Pour Cédric… Pour Sirius…Pour tous ceux qui sont mort à cause de mon inaptitude à battre Voldemort… Parce que c'est ma faute si les gens meurent par la main de ce monstre… J'aurais pu le tuer toutes les fois où j'en ai eu l'occasion, mais non, je me suis contenter de le regarder, je l'ai laissé me terrifier… Mais pire que ça, je l'ai laissé accéder à la vie une nouvelle fois… Et ça n'arriveras plus… Il le faut… Je dois le vaincre… Je mourrais s'il le faut…Je mourrais sans doute de toute façon…Mais cela n'a pas d'importance, je deviendrais un assassin… Pour les autres… Pour me racheter de mes fautes…
Doucement, en prenant garde de ne pas faire de bruit, je sors de mon lit. J'entends Seamus chanter sous sa douche comme il la toujours fait, je voie Dean jurer en sautant partout parce qu'il s'est violemment cogné l'orteil contre sa commode, j'aperçois Neville câliner amoureusement Trevor, son crapaud, et j'écoute Ron ronfler bruyamment tout en enfilant ma robe de sorcier.
Depuis quelques temps il y a comme un mur infranchissable entre mes camarades et moi. Ils me fuient. Je sais exactement à quand remonte cette soudaine distance qu'ils ont pris par rapport à moi, je connais la date exacte de leur brusque changement d'attitude à mon égard. Le dernier jour du Tournoi des Trois Sorciers, la mort de Cédric dans ce cimetière lugubre… Ils ont commencé à comprendre ce que signifiait être amis avec le Survivant ou juste trainer à ses cotés. Ils ont compris que se trouver à moins d'un mètre de moi implique un certain risque, un risque mortel… Alors ils sont partis, ils m'ont abandonnés…
Ron est resté. Il m'a rassuré .Il m'a consolé. Il m'a serré dans ses bras quand il le fallait. Il a été là quand j'avais le plus besoin de lui, il a été là à un des moments les plus critiques de ma vie. Contrairement aux autres il ne m'a pas laissé tomber, jusqu'à…
Jusqu'à la mort de Sirius… Le dernier lien qui me rattachait à mes parents… J'ai cru que j'allais le sauver alors qu'en vérité je ne faisais que creuser sa tombe… Quoi que je fasse les gens autour de moi semblent mourir, ils tombent comme des mouches, et à chaque fois je souffre un peu plus…
Ron s'est éloigné de moi à son tour. Et je n'ai pas esquissé un seul geste pour le retenir. Et s'il était le prochain… Je ne veux pas que mon meilleur ami, mon premier ami, meurt par ma faute…
On nous appelle toujours le Trio inséparable, lui, Hermione et moi… Mais ce n'est plus comme avant, parfois nous nous retrouvons ensemble, par hasard, tous les trois mais c'est plus par habitude que par réelle amitié, et si un jour j'étais en danger, ils ne lèveraient pas le petit doigt pour me venir en aide.
Hermione a beaucoup changée. Nous n'avons plus échangé un mot depuis une éternité, après tout, depuis la mort de Sirius tout le monde me traite différemment. Elle est plus sur d'elle-même et passe la majeure partie de son temps enfermée à la bibliothèque, je sais qu'elle travaille sur quelque chose d'extraordinaire mais elle ne nous en a pas touchée un mot.
Tout est si différent d'avant…
D'un pas lent je sors de notre dortoir sans que personne ne remarque ma disparition. J'ai parfois l'impression d'être devenu l'homme invisible. Je marche sans trop me presser vers la Grande salle pour prendre mon petit déjeuner, tout seul. Encore. Taciturne et solitaire voilà, celui que je suis devenu.
J'entre dans la Grande Salle, la tête encore dans le brouillard après ce réveil matinal, je me dirige rapidement vers la table des Gryffondors sans croiser le regard d'aucuns de mes camarades, un exploit ! Assis confortablement sur le banc, je me sers copieusement une grande tasse de café, j'en ai bien besoin afin d'égayer un peu mes pensées et de me réveiller en douceur. J'avale avec délectation le liquide brulant en souriant.
- Bah, dis donc ! T'as l'air de l'apprécier ton café !
Je relève brusquement la tête. Je ne connais pas cette voix. Je regarde autour de moi. La révélation qui frappe alors mon cerveau me fait plus d'effet qu'une douche froide. Pour être réveillé maintenant, je suis réveillé ! Je suis à la table des Serpentards ! Par Merlin, comment ai-je atterri là ? Je croise le regard moqueur de Pansy Parkinson, elle m'adresse un bref sourire méprisant avant de reprendre sa conversation avec une des filles de sa maison, Millicent, je crois. Les autres Serpentard ne m'accordent pas la moindre attention et me laisse finir mon petit déjeuner tranquillement, même Draco Malfoy ne fait que murmurer un vague « Potty dés le matin et à ma table en plus quelle chance ! Ça promet d'être la pire journée de toute mon existence ! ».
Pour la première fois depuis le début de l'année, je me rends en cours de Métamorphose d'un pas joyeux. C'est beaucoup plus agréable de manger à la table des Serpentards qu'à celle des Gryffondors où Colin me harcèle pour obtenir des photos de moi ou des autographes !
Le cours passe. Je ne rate pas un seul des sortilèges proposés. Je m'ennuie. Si seulement j'avais quelqu'un à coté de qui m'asseoir, quelqu'un avec qui je pourrais faire des Batailles de Cartes Explosives ou un simple jeu de morpions, mais non…
Une pensée folle traverse mon esprit embrumé… Et si je continuais à m'asseoir à la table des Serpentards…
Discrètement, je tourne ma tête vers le fond de la salle. J'observe les Serpentards disséminés dans le coin le plus reculé de la classe, tapis dans l'ombre, comme à l'affut du moindre danger. Leurs positions respectives traduisent clairement un malaise évident, ils sont sur la défensive. Je suis surpris de constater qu'ils semblent redouter quelque chose et que c'est pour cette raison qu'ils préfèrent rester entre eux, à l'abri. Leurs petits airs supérieurs ne sont peut être qu'une façade, le dédain, le mépris que j'ai souvent aperçu dans leurs yeux masquent sans doute une étincelle de vulnérabilité et peut être un soupçon de détresse dissimulé sous un masque d'indifférence passive.
D'aussi loin que je m'en souvienne, les Serpentards, se sont toujours installés le plus loin possible de Mcgonagall et de la horde de Gryffondor dont je faisais autrefois partie intégrante. On accuse toujours Rogue de favoritisme mais c'est loin d'être la vérité, tous les autres professeurs semblent avoir conservés quelque chose de la rancœur et de la rivalité qui existe et fait des ravages entre les quatre maisons de Poudlard. Il n'est pas le seul. Chaque professeur a gardé au fond de lui certains des préjudices véhiculés par sa propre maison. Et chaque professeur traite Serpentard de façon tout à fait intolérante. Rogue, en favorisant les Serpents rétablit l'équilibre, la justice. Mcgonagall, Flitwick, Sinistra, Trenalwey, Septima... Ils mettent tous les Serpentards à l'écart, ils portent sur eux un regard plus ferme, plus dur, plus stricts, ils ne leur font pas de cadeaux. Quand un Serpents lève la main dans une salle de classe, alors même que celle d'Hermione est au repos, la plupart des professeurs ignorent cet état de fait. Et comment gagner des points dans ces conditions ? Pas étonnant qu'ils luttent cette année encore pour gagner la coupe des quatre maisons ! Nos professeurs sont restés de grands enfants quand il s'agit des Serpentard… Dumbledore a beau prêcher la tolérance et l'unité entre les quatre maisons si les professeurs eux même ne la respecte pas, comment sommes nous supposés agir en adulte et tendre la main à nos pires ennemis ? Et la guerre…
La guerre n'arrange rien… Elle fait rage à l'extérieur de nos murs, et les Serpentards sont de plus en plus isolés, ils sont seuls face à nos préjugés, on les traite comme des étrangers, comme si chacun d'entre eux avait inscrit en lettre capitale le mot MANGEMORT à l'encre noire sur le front. On les traite en parias, il y a un amalgame qui est fait entre Serpentard et Mangemort, comme si être l'un c'était forcément devenir l'autre… Peut être que si quelqu'un leur montrait un peu de sympathie, leur montrait un nouveau chemin, une autre voie, ils pourraient dépasser la vision archaïque de leurs parents sur les Moldues et la valeur du sang. Si on ne croit pas en eux, comment peuvent-ils avoir le courage de croire en eux et de changer ? Peut être… Enfin surement que pour certains d'entre eux changer est impossible, oui je pense à Draco Malfoy entre autre, la cruauté lui a été enseigné à la naissance, mais peut être que cela vaudrait le coup de leur montrer qu'ils ne sont pas tout seul, que le camp de la lumière est prêt à leur tendre la main… Même si c'est surement voué à l'échec… Il faudrait pour cela réussir à les approcher, à craquer leur masques impassibles et leur armures de glaces constituées de remarques sarcastiques…
Je secoue la tête pour chasser de mes pensées toutes ces contemplations sur le statut des Serpentards. Je devrais me concentrer sur moi, sur ma vie, sur le désastre ambulant que je suis devenu et pas sur eux. Ce n'est parce que j'ai pris une fois le petit déjeuner avec ces créatures que je dois envisager de les prendre sous mon aile, je ne fraterniserai pas avec l'ennemi ! Mais est ce que ce sont vraiment des ennemis maintenant que toute la maison Gryffondor m'a tournée le dos ? Je suis tout seul maintenant… Et les détourner des Mangemorts pourrait être une avancée grandiose dans la guerre, sans nouvelles recrues Voldemort n'ira pas très loin… Argh !
Mes pensées reviennent inlassablement vers les Serpents. Je n'arrive pas à en détacher mon regard. Ils sont si différents des autres. Je me sens attiré par cette différence. Après tout, le Choixpeau magique lors de la répartition en première année m'avait bien dit que j'accomplirais de grandes choses chez les Serpentards… Je venais de me faire mon premier ami, Ron, j'étais tellement heureux à cette époque là, je venais de rencontrer Dra…Malfoy également, et après sa répartition et avoir appris que le meurtrier de mes propres parents était allé chez les Serpents j'avais supplié le vieux Choixpeau de m'envoyer ailleurs… Peut être que c'était une erreur… ? Ou peut être pas…
Je me retourne complètement pour dévisager les Serpentards plus attentivement. Je me rends compte alors que jamais auparavant je n'avais pris la peine de les considérer comme de véritables êtres humains. C'est stupide mais dans ma tête, ils ont toujours été mes ennemis, les grands « méchants», ceux qui feraient n'importe quoi pour que mon monde ne tourne plus rond… Je ne voyais le monde qu'en noir et blanc, d'un coté il y avait les gentils, ceux qui œuvraient pour le bien composé majoritairement de Gryffondors, et de l'autre les grands méchants pas beau, avec à leur tête le plus méchant de tous les méchants, un chauve sans nez, j'ai nommé Voldemort. Finalement, peut être que le monde n'est ni noir ni banc, ce n'est sans doute qu'une infinité de nuances de gris…
La première chose qui attire mon regard c'est une auréole de cheveux d'un blond platine ensoleillé. Draco est au centre des Serpents. Je remarque alors qu'il agit tout à fait différemment que lors de nos altercations. Ses yeux orageux pétillent de malice et d'intelligence. Son habituel rictus a été remplacé par une expression détendue ou presque… Ses traits sont plus doux, moins crispés que lorsqu'il daigne m'adresser la parole. Il y a quelque chose de magnétique qui se dégage de lui, sa confiance en lui irradie de sa personne. J'observe ses mains s'agiter au fur et à mesure qu'il parle avec sa voisine Pansy, il a des belles mains, des mains fines et gracieuses… Tout dans sa personne respire la grâce et la noblesse. Il est presque beau lorsqu'il n'a pas cette expression de constant déplaisir sur le visage… Ses longue jambes sont étendue il est assis de manière totalement décontractée, il s'est à moitié retourné pour écouter Blaise lui murmurer quelque chose à l'oreille, il éclate de rire sous mes yeux. Je suis perplexe… Jamais je ne l'avais vu rire de cette façon, ce n'est ni un rire moqueur, ni un rire sarcastique, il n'y a pas de mépris ni de dédain dans ce rire là, c'est un rire enjoué, agréable. Je souris. Peut être que le cas de ma Némésis n'est pas si désespéré après tout... Je me force à arrêter de sourire et passe lentement la main dans mes cheveux. Mon regard se dirige à nouveau droit vers Dra… Malfoy, je me force à me concentrer sur les autres membres de sa petite bande de Serpentards.
Les Serpentards forment un groupe soudé, c'est l'une des premières choses qui me frappent. Tout un tas de petits gestes sont là pour me le prouver. Ils forment un ensemble solidaire. Je vois Crabbe et Goyle secouer la tête d'un air désespéré et agiter leur baguette devant leur petites souris sans plus d'effet que de produire de vagues étincelles rouges inefficaces, aussitôt Parkinson, Zabini, Bulstrode, et Malfoy accourent à leur secours pour les aider. J'observe Blaise expliquer patiemment à Goyle, ou est ce Crabbe ? comment réussir la métamorphose, tout est dans le poignet, dans la baguette. Ce n'est pas tout, je constate que les Serpentards s'encouragent constamment les uns les autres. Ils blaguent, ils s'amusent, ils bavardent. Ils ne sont pas les êtres froids et impénétrables qu'ils veulent paraitre, je découvre qu'ils sont vraiment proches les uns des autres. Ils sont tous liés par une amitié qui semblent si solide. Je vois Blaise raconter une histoire qui semble hilarante à Millicent Bulstrode qui cache tant bien que mal ses éclats de rire derrière sa main. Draco et Pansy continuent d'aider Crabbe et Goyle qui semblent encore avoir du mal avec la métamorphose que le reste de la classe est déjà parvenu à maitriser.
Je m'intéresse de plus prés au couple star des Serpentards. Pansy et Draco. Elle le touche dés qu'elle en a l'occasion le bras, l'épaule, elle semble avoir besoin de le toucher pour s'assurer de sa réalité, et il lui offre quelques uns de ses sourires enchanteurs. Ils travaillent ensemble en une synchronisation parfaite. Ils discutent, leurs yeux brillent de bonheur. Ils forment vraiment un joli couple ces deux là, j'aimerais bien moi aussi avoir quelqu'un comme ça… Ce n'est pas pour tout de suite…
Trop distrait par mes réflexions, je ne remarque pas Ron s'approcher du fond de la salle. Il est trop tard lorsque je remarque enfin les cris d'encouragement et les acclamations chuchotés par mes camarades Griffons. Ron s'arrête enfin à mi chemin des Serpentards. Il se saisit de sa baguette et la pointe en direction de Crabbe qui s'acharne toujours à métamorphoser sa souris grise. Il murmure un sort dans un souffle.
Et soudain la bulle de bonheur des Serpents semble exploser. Malfoy et les autres semblent ravaler leurs sourires, ils remettent leurs masques, ils reprennent de leur impassibilité, ils ont à nouveau l'air d'une meute de loup, à l'affut, prête à montrer les crocs au moindre danger.
La souris commence à enfler et enfler et enfler sur la table de Crabbe sous les yeux ébahis de Mcgonagall et de la moitié de la salle. Elle finit par exploser en une gerbe d'étincelles rouge et or.
Un capharnaüm sans nom s'empare alors de la petite salle de classe poussiéreuse. Capharnaüm qui se transforme très vite en un duel rangé Gryffondor contre Serpentards. Les sorts fusent d'un coté comme de l'autre. Les tables ont étés retournées de manière à pouvoir servir de bouclier. Mcgonagall s'époumone toute seule au milieu de ce chaos. La moindre provocation fait exploser les Serpents comme les Griffons en cette sombre période. Je n'ai pas bougé, je suis resté assis à ma place au milieu des hostilités. Je suis toujours seul ces derniers temps et me mêler à cette bataille ne me ramènera pas mes amis, je préfère rester là et observer.
Alors que Mcgonagall s'écharne à rétablir l'ordre à plein poumons, je regarde les Gryffondors. Ils forment un groupe désordonné, aujourd'hui à mes yeux ils apparaissent comme une bande d'écervelés irréfléchis et menaçants. Quel besoin avait Ron de provoquer les Serpentards, non mais franchement ! En ce moment n'importe quel prétexte est bon pour se battre avec les Serpents après tout ce ne sont qu'une petite bande de mangemorts pourris gâté… N'importe quoi… Enfin il n'y a pas si longtemps je pensais exactement la même chose, c'est comme si j'avais longtemps été aveugle et qu'aujourd'hui j'ouvrais enfin les yeux. Les Gryffondor ne valent vraiment pas mieux que les Serpent en réalité…
Quelque chose dans ce que j'ai observé chez les Serpentards m'appelle. Je me sens attiré vers leur différence. J'ai envie de vivre, d'apprendre à exister dans un groupe soudé comme celui-ci et ne plus voir les gens m'abandonner comme Ron et Mione l'ont fait… J'ai envie de me sentir entouré comme avant, même si ça ne sera jamais véritablement comme avant, pas sans mes deux premiers et meilleurs amis, je veux vivre un rêve, je veux vivre l'impossible.
Je suis seul, toujours seul. Et j'en suis malade d'être seul. Je suis malade de solitude. Je veux juste trouver un endroit où je me sens complètement à ma place.
Décidément je m'assiérais bien à la table des Serpentards…
A la sortie de la salle de métamorphose, je sens quelqu'un me bousculer en me dépassant brusquement. Je laisse échapper un grognement de frustration alors que le contenu de mon sac se répand sur le sol dans un bruit sourd. Je me baisse en soupirant à nouveau pour ramasser mon fatras de parchemins de livres, d'encre et de plumes éparpillé sur le sol de pierres froides. La personne qui vient de me bousculer se retourne alors vers moi, ses yeux orageux lançant des éclairs de venin glacés. Il s'agit de Draco Malfoy… Quelle chance ! Décidément !
- Regarde où tu mets les pieds Potty ! Tu gènes !
- Te fous pas de ma gueule Malfoy, il y a que toi qui cherches la merde là ! Je m'exclame en rangeant rageusement mes bouquins dans mon sac.
Il s'approche de moi à grands pas, tous emplis d'une colère froide et silencieuse. Je suis agenouillé sur le sol à ramasser les derniers parchemins qui trainent encore à terre. Il pose ses yeux furieux, emplis de haine sur ma personne, un petit air supérieur clairement inscrit sur son visage. Ses poings se serrent, ses traits se crispent en un rictus de pur mépris avant qu'il daigne enfin ouvrir la bouche :
- On fait le malin, le balafré ? Je te signale que t'es tout seul actuellement, ta belette rousse de petit copain n'est pas là pour te défendre ! Pas de putain de prince charment roux pour te secourir Princesse ! Me cherche pas, je ne suis vraiment pas d'humeur aujourd'hui ! Tes petits copains de Gryffondor devrait arrêter de jouer avec nous parce qu'ils vont finir par nous trouver ! Ils devraient arrêter de parler de choses qu'ils ne comprennent pas…
Est-ce qu'il parle de la farce de Ron de tout à l'heure, des insultes qui ont suivies… ? Est-ce qu'il parle des nombreux « Mangemort » qui le suivent sur son passage, déguisé en une toux disgracieuse… ? Est-ce que… ça le touche ? Non pas possible, pas lui !
- Les blagues gays ça devient légèrement lourds Blondie, change de disque par pitié… J'ai pas besoin de Ron pour me défendre, je te prends où tu veux quand tu veux…
Il éclate d'un petit rire moqueur, sans joie, sans chaleur, tellement différent de celui que j'avais entendu plus tôt, un rire cruel plein de mépris.
- Et après je dois arrêter mes insinuations, tu me fais rire Potty, tu te rends même pas compte de ce que tu dis… C'est pas la peine de nier, il y a pas de mal à sortir du placard, mais bien que je sois flatté désolé toi et moi ça ne se fera pas…
Je ne peux m'empêcher de rougir jusqu'aux oreilles. Je ne voulais pas… Je ne disais pas… C'est pas ce que ! Grrrr ! Je ne voulais pas dire ça il comprend tout de travers ! Je boue de rage intérieurement ! Je finis de ramasser mes affaires en silence trop énervé pour continuer ce petit duel d'insultes inutiles. Je me relève lentement avant de me détourner et de me diriger à pas mesurés vers mon prochains cours. Il m'interpelle :
- Hé ! Potty attends j'en ai pas encore fini avec toi !
Je me retourne d'un air las :
- Quoi, encore ?
- Restes là où es ta place Potter, contentes toi de tes amis griffons, on veut pas de toi parmi nous, on veut pas de toi à notre table, et surtout pas dés le matin, alors par pitié monsieur le survivant épargne nous ta présence, c'est étrange… Et juste déplacé ! Laisse nous tranquille. On a pas besoin de toi, on ne veut pas de toi !
J'entends chaque mots, chaque syllabe se grave en moi au fer blanc, chacun de ses mots fait mal, pourtant je sais tout ça… Je sais que je n'ai rien à faire avec les Serpents, je le sais, je sais que ce n'est pas ma place, ce n'est pas vraiment le monde auquel j'appartiens… Et pourtant ses mots me font mal… Quelque part au fond de moi j'espérais… Pas qu'ils m'accueillent à bras ouverts non, mais qu'ils soient… Indifférent à ma présence, pas hostile, qu'ils me laissent dans mon coin… Mais Ron non plus ne voudrait pas d'un Serpent parmi les Griffons, c'est juste… Anormal…Il protège son territoire, c'est normal, il protège les siens, c'est normal, et pourtant ça fait tellement mal, cette douleur me coupe presque la respiration… J'espérais qu'avec eux ce serait différent, qu'ils étaient différents, qu'on pourrait être différent ensemble, qu'ils comprendraient, la solitude, la guerre, la vie, la mort…
Je veux lui dire. Je veux lui dire que ce n'est pas ce qu'il croit, que je ne m'assois pas à leur coté pour les espionner, pour leur faire du mal, que je veux juste qu'on me laisse tranquille, que les Gryffondors m'ont lâchement abandonné, que je suis seul, que je ne suis pas une menace, que je suis fatigué de tout ça, fatigué du quotidien, de subir patiemment des cours qui ne servent à rien et d'attendre un combat contre le mal en personne qui n'arrive jamais, je suis fatigué d'attendre que la mort vienne me trouver. Mais pourquoi devrais-je lui dire ? On n'est pas ami, plutôt l'inverse en fait. J'ouvre la bouche puis la referme. Je ne peux pas lui dire, il ne comprendrait pas. Je déglutis difficilement. Me ravisant je lance une demie vérité en passant la main dans mes cheveux emmêlés:
- Je ne suis pas un vrai Gryffondor… Ouvre les yeux Malfoy ! Quand c'est la dernière fois que tu m'as vu avec eux ! Ça fait des siècles que je ne traine pas avec eux, je suis tout seul Malfoy, tout seul ! Et pour ce matin, j'étais juste… Dans le brouillard, à moitié endormi, excuse-moi de m'être assis à ta putain de table sans y avoir été invité ! Je suis juste très fatigué…
Une vague expression de surprise, de pur choc, passe un moment sur les traits de Malfoy suivie rapidement d'un sourire purement diabolique.
- Ooooooh… Pauvre petit Harry Potter, pauvre survivant défiguré, pauvre petite chose hanté par les fantômes de son passé… Pauvre, pauvre, Potter rongé par la solitude, tellement désespéré qu'il a besoin de Serpentards… T'as plus d'amis Potter, ils ont enfin compris à quel point tu étais pathétique ! Même la belette et Miss je sais tout t'ont laissés tomber… Comment tu vas faire maintenant pour sauver le monde, princesse, hein ?
A nouveau il éclate d'un rire froid et cruel. C'est plus que je ne peux en supporter. Je sens la rage me prendre à la gorge. Comment ose-t-il ? Mes paupières brulent de larmes contenues, ma gorge brule d'insultes, j'ai envie de hurler, de frapper… Comment peut-il ? J'ai à peine conscience de mes poings qui se serrent jusqu'à entamer vicieusement la chair de ma main. Ma vision devient flou, je m'entends vaguement hurler des insanités à Draco, tout se passe comme si ce n était plus moi qui me contrôlait. Je m'élance sur ma Némésis, et je plaque violemment Draco contre le mur le plus proche. J'ai envie d'abimer son beau visage angélique, j'ai envie de le faire souffrir comme il m'a fait souffrir à l'instant. Je sens sa respiration précipitée sur mon visage, je contemple un instant ses deux orages affolés par ma réaction aussi soudaine qu'inhabituelle. Je respire difficilement, je suis essoufflé, il est à ma merci… J'ai envie de… De lui faire ravaler ses paroles, de lui faire mal, de lui faire comprendre qu'il vient de dépasser les bornes… Je le sens lutter pour retrouver sa liberté. Je l'entends m'insulter de plus en plus fort, ces insultes résonnent étrangement dans ma tête. Il essaye de me pousser, je ne l'entends pas, je ne l'écoute pas…
Je ne veux pas être seul, c'est la seule pensée cohérente qui m'obsède alors que je lève mon poing crispé en l'air afin de frapper Draco, je veux frapper son visage comme il a frappé mon cœur… Je m'élance et attend rageusement la collision fatidique… Mon poing rencontre soudainement le mur, et une douleur fulgurante me traverse de part en part, une douleur qui a sur moi l'effet d'une véritable douche froide, mais qu'est ce que j'étais en train de faire ? Est-ce que j'ai complètement perdu l'esprit ou quoi ? Heureusement que ce crétin de débile arrogant a évité le coup…
Je m'éloigne peu à peu de Draco le libérant de mon emprise. Non mais franchement à quoi je pensais ? Je ne pensais pas voilà bien le problème, pour la première fois depuis des semaines je ne pensais pas…
- Non mais qu'est ce qui te prends Potter ? s'exclame Draco d'un ton où perce clairement une colère presque palpable.
Sa chemise est toute froissée, sa cravate est de travers, ses yeux brillent de haine. Je ne réponds pas, il hausse les épaules dans un mouvement d'indifférence, il me lance un dernier regard furibond avant de s'éloigner d'un pas précipité pour rejoindre ses camarades Serpents. Tout en marchant il lance un dernier :
- Va te faire soigner Potty !
A ses derniers mots je ne peux m'empêcher de sourire. Je souris comme je n'ai pas souris depuis des semaines. Pour la première fois depuis des jours je me sens presque bien, presque moi-même. Je me sens vivant. Je suis vivant. Je ne suis plus comme un mort en sursis qui attend sa condamnation presque avec impatience. Je me sens vivant, vivant ! Je me sens vivant et tout cela c'est grâce à un certain Draco Lucius Malfoy ! Grâce à un putain de Serpentard ! Un Serpentard qui a réussi en quelques phrases à me rappeler ce que c'était d'être vivant, d'être moi, d'être Harry Potter !
Tout ça grâce à un Serpentard, s'asseoir à leur table une fois de plus s'avérera peut être une bénédiction finalement…
Les jours suivants je continue de m'asseoir constamment à la table des Serpentards… Chaque matin, en me réveillant, j'attends avec impatience ce moment si particulier, j'attends avec impatience le moment où enfin j'aurai à nouveau la chance de m'asseoir parmi eux, d'être à leurs cotés, de pouvoir écouter leurs conversations matinales, les ragots qui circulent dans la salle commune des Serpents, j'adore les voir interagir les uns avec les autres. J'ai vraiment l'impression de passer mes matinées à observer une meute de loup plutôt qu'un nid de Serpents venimeux…
Ils sont si organisés, il existe une véritable hiérarchie chez les Serpentards. Et les septièmes années sont au sommet de la pyramide. Draco est véritablement le Prince des Serpys, tout le monde l'écoute et le respecte. Et ce n'est pas la peur qu'il leur inspire qui lui donne ce titre comme je l'ai toujours cru, non, il est véritablement là pour les autres, il prend soin d'eux, il leur offre sa protection.
Chaque Serpentard a un rôle bien déterminé au sein de la meute et s'y tient. Les premières années écoute sagement les conseils des plus anciens, et demande régulièrement de l'aide pour leurs devoirs aux plus vieux. C'est extraordinaire vraiment quand on sait qu'Hermione a toujours refusé d'aider les plus jeunes, en répétant et je cite que « ce n'était qu'une perte de temps ! ». Les deuxième années sont disciplinés et s'occupent de répandre la plupart des rumeurs en espionnant les plus vieux, d'après ce que j'ai compris ils ont installés leur propre service d'espionnage, ils font payer les plus vieux en colportant et en racontant ce qu'ils ont appris, ce qui permet aux Serpentards d'avoir des dossiers compromettants sur chaque personne à Poudlard, ils sont capable de faire chanter n'importe qui à n'importe quel moment ! Et cela canalise l'énergie de ces petits monstres ! Les troisièmes années qui sont les plus insupportables au sein de la maison Gryffondor ont ouvert chez les Serpentards une agence matrimoniale ! Non je ne rigole pas et ça marche du tonnerre, personne ne sait qu'ils sont à l'origine de ce service mais beaucoup de Serdaigles, de Poufsouffles et même certains Gryffondors doivent leur relation de couple à ces petits entremetteurs ! Les quatrièmes années encadrent les plus jeunes, vérifient leurs devoirs, les aident, ils font office de tuteurs, et disposent d'une certaine autorité sur eux, ils ont le droit d'exiger d'eux certaine chose en échange de leur aide dans une certaine mesure. En cas d'abus c'est à Draco qu'il revient de trancher… Les cinquièmes années sont les plus calmes de la maison, ils ont plus d'autorité que les quatrièmes années mais ils en usent moins, ils se concentrent davantage sur eux même, ils essayent surtout de gagner les faveurs des plus vieux pour bénéficier de certains avantages. Les sixièmes années sont complètement immergés dans leur propre vie, ils sont centrés sur eux-mêmes et en particulier sur leur vie amoureuse. Les septièmes années quant à eux règnent en maitre sur tout ce petit monde. C'est impressionnant…
Et moi dans tout ça, je dois être le loup solitaire qui cherche à intégrer cette meute… Je me demande quelle serait ma place parmi les loups… Je rêve tout bas d'en faire parti…
Chaque matin, lorsque je prends place à leur table j'entends distinctement les grognements et les chuchotements de colère et de lassitude. Je sens leurs yeux se poser sur moi et me bruler de l'intérieur, j'écoute leurs interrogations énervées avec amusement « Mais pourquoi il s'obstine, on ne veut pas de lui ici ! ». Mais ils ne peuvent rien faire contre moi, je suis en sécurité sous les yeux attentifs des professeurs. Leurs quelques tentatives d'intimidations ont lamentablement échouées les une après les autres… Ils ont osés envoyés Crabbe et Goyle me menacer, ils m'ont encerclés en jouant avec leur poings, leur regards bovins se voulant effrayants. Je n'ai eu qu'à saisir ma baguette et murmurer un sortilège pour qu'ils déguerpissent en courant… Ils avaient déjà envoyés Draco, ils ont recommencés, mais rien de ce qui pouvait sortir de sa bouche ne m'atteignait vraiment… Résultat, je suis toujours là à leur table, et ils ne peuvent rien n'y faire. Ils se sont presque résignés à me voir là, ils s'asseyent le plus loin possible de mon humble personne et font de leur mieux pour ne pas me regarder. Ou alors pour me regarder avec leur regard le plus noir.
Les jours se sont peu à peu transformés en mois. Et je suis toujours là. A la mauvaise table, à la table des Serpentards. Beaucoup de Serpentards me jettent toujours des regards noirs lorsque je m'assieds à ma place habituelle, mon petit coin spécial parmi les Serpents. Des regards noirs capable de vous tuer un homme sur place… Mais cela ne me fait pas vraiment peur après tout je me suis battu en duel contre Voldemort en personne, je suis à peu prêt immunisé. Pourtant cette hostilité continue de me blesser, de me ronger de l'intérieur… Pendant tout ce temps j'ai essayé de mon mieux de faire abstraction des regards haineux, de l'animosité ambiante, des commentaires désobligeants…
Je suis tellement captivé par eux cela dit que cela n'a pas vraiment d'importance. A chaque insulte je réponds en souriant par une répartie saisissante. Peu à peu les Serpents s'habituent à ma présence, bien qu'il y ait toujours quelques éternels récalcitrants…
Un matin, alors que je prends place à la table des Serpentard, Draco se lève brusquement de son siège. En raclant le sol, le banc commun fait un bruit monstrueux, un bruit qui n'annonce rien de bon quant à la suite des évènements, un bruit d'apocalypse... Un silence total envahi tout à coup la grande salle, alors que tous les yeux se braquent sur la silhouette de Draco, debout, un sourire narquois sur les lèvres. Il prépare un mauvais coup, ça c'est sur ! D'un geste lent et délibéré, Malfoy se saisit de sa coupe en argent ciselée posée en face de lui, remplie à ras bord de jus de citrouille. Il s'éclaircit la gorge et pointe tout aussi délibérément sa baguette contre sa pomme d'Adam, j'entends un discret « Sonorus » alors qu'il commence à parler de sa voix magiquement amplifiée :
- Mesdames et Messieurs, j'ai récemment relu entièrement l'Histoire de Poudlard qui précise que Poudlard fut divisé en quatre maisons par les quatre fondateurs de Poudlard, j'ai nommé Godric Gryffondor, Rowena Serdaigle, Helga Poufsouffle, et l'illustre Salazar Serpentard. Mais cette information est déjà connu de tous ici au château, non ce que j'ai découvert dans ce magnifique ouvrage c'est tout autre chose, il existe un code des quatre maisons de Poudlard. Il fut créé en 1519 par Wyatt le Scientifique. Ce code regroupe toutes les règles par lesquelles sont régies les maisons de Poudlard, il dispose par ailleurs, que pour qu'un élève issu d'une autre maison prenne place parmi les membres d'une autre maison, cet élève en question, cet étranger, devra réunir la majorité des voies de la maison qu'il veut intégrer. A l'issue de ce vote il pourra se voir banni de la table à laquelle il souhaitait s'asseoir ainsi que de la salle commune et des dortoirs, ou il pourra se voir intégré à cette maison en tant que membre honoraire en plus de sa propre maison.
Mon cœur s'arrête pendant quelque secondes. Un gout métallique envahi ma bouche alors que je mords avec fureur ma lèvre inférieure. Mes poings se crispent de désespoir sous la table. Ma gorge se serre. Ma respiration se fait de plus en plus erratique. Mes paupières brulent… Un putain de vote ! Je suis perdu… Avec un peu plus de temps j'aurais pu… Je secoue la tête violemment pour chasser ses pensées de ma tête, je ne dois pas craquer, pas maintenant, pas ici, je me concentre sur ce qui se passe autour de moi.
Un vacarme assourdissant s'est emparé de la Grande Salle suite à l'annonce de Draco. Les Serpentards constitue une des tables les plus silencieuses bien que l'annonce les concerne directement, ils se contentent du chuchoter frénétiquement entre eux en lançant des regards obliques et calculateurs vers Draco. Les Poufsouffles me pointent du doigt en gloussant et en hurlant des exclamations invraisemblables. Il y en a même un qui me fait de grands gestes vers moi pour m'inciter à m'enfuir du nid de Serpents. Ils sont très peu à comprendre que je suis là volontairement. Les Serdaigles eux sont tout excités à l'idée de ce code des maisons de Poudlard, une véritable trouvaille, ils s'extasient dessus à n'en plus finir. Les Gryffondors sont la véritable source de cette clameur, pour la première fois ils ont remarqué que le Survivant, le grand Harry Potter ne mange plus à leurs cotés, des cris d'indignation et de vengeance fusent de toute part, ils accusent tous les Serpentards de m'avoir attiré du mauvais coté de la force, mon Dieu…
J'aurais dû me douter que Draco mijotait quelque chose, cela fait des jours qu'il ne me fait plus aucune remarque quand je prends place à sa table, des jours qu'il ne dit plus rien, qu'il ne fait plus rien… Je comprends mieux son comportement aujourd'hui…
La surprise, le choc, la haine, toutes les expressions d'ahurissement passe tour à tour sur les visages de mes camarades. Ainsi que sur ceux de nos professeurs.
L'atmosphère atteint un tel degré de folie que bientôt Dumbledore est obligé d'intervenir, il se lève lentement de son grand fauteuil au bout de la salle, et frappe deux fois dans ses mains fines et ridées pour rétablir le calme, il passe une de ses mains dans sa longue barbe argentée avant de déclarer :
- Voyons, voyons… Calmons-nous mes enfants… Jeune Malfoy à qui faites vous référence exactement ? Hum… Je vois, Harry est assis parmi vous, tout au bout je crois, en effet, en effet, je n'avais pas remarqué, ma vue n'est pas celle qu'elle était autrefois voyez vous… Très bien, Monsieur Malfoy vous pouvez en effet procéder à un vote avec tous les membres de votre maison qui sera présidé par Séverus. Le vote aura lieu dés ce soir, et vous annoncerez au jeune Potter le résultat dés le lendemain matin…
- Très bien, je vous remercie Professeur.
Malfoy se rassied lentement sur son siège. Il me lance un de ses sourires diaboliques avant de se retourner pour discuter avec Pansy de ce retournement de situation. Il est fier de lui, ce con ! Je regarde une dernière fois la table des Serpentards, c'est surement la dernière fois que je la vois de cet angle là… Je soupire. J'ai envie de frapper, de tuer, de faire quelque chose, n'importe quoi. Je me lève brusquement et me précipite en dehors de la Grande Salle. Je pensais enfin avoir trouvé ma place… D'un geste rageur j'essuie les larmes qui me montent en yeux… Et je m'élance en une course folle à travers les couloirs. Quand je m'arrête enfin je me trouve devant le portrait de la Grosse Dame, elle me regarde avec dégout comme si elle savait pour cette histoire de table, instinctivement je sais que je ne peux pas me réfugier là. J'entends des pas dans le couloir ainsi que des éclats de voix. Ces voix me sont étrangement familières. Je devrais bouger mais je reste étonnamment paralysé. Ma gorge s'assèche, mes mains tremblent. Un sentiment de panique intense m'envahis.
Ron et Hermione apparaissent devant moi main dans la main, je ne savais même pas qu'ils avaient enfin sauté le pas. En me voyant, leur visages se durcissent, ils se figent, Ron joue avec ses poings d'un air menaçant, alors que Mione me lance des regards furibonds. Lentement, comme dans un film au ralenti ,ils s'approchent de moi. L'atmosphère devient plus lourde, plus intense, plus agressive. Hermione a sorti sa baguette, ça ne présage rien de bon. D'un geste désespéré, je cherche la mienne à mon tour mais c'est trop tard. D'une geste vif Mione murmure un sort dans sa barbe et je me retrouve plaqué contre le mur à plusieurs mètres du sol.
En me voyant, suspendu dans les airs sans aucun moyen de me défendre ou de simplement faire quelque chose, Hermione sourit, d'un sourire froid, en l'apercevant un frisson me parcoure, ce n'est plus la personne que je connaissais, la petite fille aux cheveux emmêlés, cette personne là semble avoir disparu… Et je n'aime pas ce que j'ai sous les yeux. Ron s'approche à son tour et passe un bras autour des épaules de Mione, il ne sourit pas lui au moins, il me regarde de son regard dur, une lumière brille dans ses yeux bleus, une pointe de tristesse peut être… Après tout j'ai trahi les Griffons… Il ouvre la bouche en premier alors que Mione continue de me dévisager de sons regard si froid :
- Comment est-ce que t'as pu Harry ? Comment t'as osé nous faire ça ?
Je ne réponds pas. Je déglutis visiblement. Qu'est ce que je peux dire ? Je les ai abandonné c'est vrai mais ils m'avaient déjà abandonnés eux même alors est ce que j'ai vraiment besoin de me justifier maintenant…
- Il cherche à attirer l'attention sur lui Ron voilà tout, ça a été comme ça pendant toutes nos années à Poudlard et cela recommence aujourd'hui quoi de plus naturel ! Il veut avoir un projecteur braqué sur lui en permanence… Les interviews, les articles dans la Gazette du Sorciers, toutes ses aventures débiles, il n'y en avait que pour lui ! On avait beau l'aider, jamais on ne faisait mention du rôle que nous avions joué dans le monde d'Harry Potter, il n'y a qu'Harry Potter qui a de l'importance, il n'a jamais été notre ami Ron réveille toi, depuis le temps que je te le dis ! Il s'assit à la table des Serpentard grand bien lui fasse, qu'il s'asseye parmi les ordures, les petits crétins prétentieux, les putains de Mangemorts, c'est là qu'est sa place ! Il ne mérite pas que l'on fasse attention à lui, il ne mérite pas d'être aimer vu la façon dont il traite ses amis !
Je savais qu'il n'était plus question que notre Trio renaisse de ses cendres mais je ne peux m'empêcher de trembler à ses mots, des larmes envahissent mes yeux, des larmes que je peux plus contenir, elles roulent doucement sur mon visage, ces mots me blessent terriblement, je pensais que notre amitié avait compté à ses yeux, qu'elle ne s'était éloigné que par peur de mourir, pas qu'elle retournait Ron contre moi en lui vendant ses folies. Et il la croit… Son regard vacille un instant en me regardant, en voyant mes larmes, mais au lieu de prendre ma défense son bras se resserre sur les épaules d'Her… de Granger.
- T'as sans doute raison… Tu m'as déçu Harry, je pensais que tu valais mieux que ça… Les Serpentards ? C'est l'ultime trahison, on les a toujours détesté, et maintenant tu ne vas pas me faire croire que t'es l'un d'eux, que t'es un putain de Serpent ?
Ces paroles sont comme un nouveau coup de poignard dans la poitrine. J'arrive à peine à croire ce qui est en train de se passer. J'ouvre la bouche, et je dis d'une voix blanche :
- Je suis pas l'un d'eux Ron… T'as pas entendu Malfoy ? Il veut me virer… Et me parle pas de trahison tu veux ? Ça fait un moment que je n'ai plus ma place chez les Gryffondors, aucun d'entre vous ne m'adresse la parole, j'ai l'impression d'être invisible, un mort vivant ! C'est plus une vie, c'est pour ça que je me suis assis parmi les Serpents figure toi parce que je suis tout seul, et qu'au moins eux ils m'adressaient la parole même si c'est pour m'insulter!
Ron referme la bouche comme un poisson rouge. Je sens l'hésitation dans son regard, la tristesse est de nouveau présente dans ses deux océans. Il sait que je n'ai pas tout à fait tort. A nouveau je sens les larmes me monter aux yeux, je les ravale fermement, l'adrénaline court dans mes veines et m'empêche de m'effondrer pour l'instant, il faut que je profite de ce moment.
- Bien sur qu'on ne t'adresse pas la parole, Potter, tu ne vaut rien, tes amis tu les traites comme des moins que rien, ils souffrent de ton comportement à chaque minute qui passe, tu ne t'intéresses qu'à toi et à ton succès, qu'à toi et à ton imminente bataille contre le Seigneur des Ténèbres. Et quand tu te préoccupes de tes amis, ils sont déjà morts, tombés comme des mouches ! On veut pas attraper la mort pour toi Potty accepte le !
Je soupire et pousse un grognement de rage, j'ai envie de hurler de me jeter sur Mione et de lui arracher son sourire. Je me débats contre le sort qui me retient contre le mur avec la rage du désespoir, sans succès. Mon regard se pose sur Ron. Mon énergie se dissipe instantanément, je murmure :
- Ron… Me dis pas que tu crois à ses bêtises… Pas toi…
Nos regards se croisent, le sien brille d'incertitude, le mien doit luire de désespoir. Je l'entends à peine chuchoter :
- Je… Je ne sais pas Harry… Je…
Quelque chose en moi se brise. C'est la fin. Les larmes refont surface sur mes joues. C'est d'une vois atone que je m'entends déclarer :
- J'aurais dû m'en douter, t'as toujours été jaloux de moi après tout !
Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça ? Peut être pour lui faire mal… Parce que moi je souffre tellement d'avoir à perdre son amitié, je me sens désespéré à l'idée de les perdre tous les deus, mes deux meilleurs amis, pourquoi devons nous en passer par là ? Je me sens tellement mal alors que je vois le regard de Ron se remplir de haine, sa fureur éclate alors qu'il m'annonce :
- Maintenant je sais à quoi m'en tenir…
Je sens la colère percer dans chacun de ses mots. D'un pas lent il entraine Hermione vers le portrait de la Grosse Dame et lui donne le mot de passe. Avant de s'engouffrer dans l'ouverture laissée par le tableau, le dos tourné vers moi, d'une voix que je ne reconnais pas il me crache :
- Si tu te sens tellement bien chez les Serpents t'as qu'à y rester, t'as plus rien à faire ici ! Considères toi comme banni de Gryffondor… Au besoin on aura qu'à faire un vote… T'es tout seul Potter, compte plus sur moi pour protéger tes putains d'arrières…
Je le vois franchir l'embrasure qui fait office d'entrée à la Salle Commune des Gryffondors. Au moment où mes ex meilleurs amis disparaissent de ma vue le sort qui me maintenait en l'air s'arrête brusquement. Je tombe violement sur le sol. J'éclate en sanglot sans parvenir à m'en empêcher, je suis complètement désespéré… Après ce vote, je ne serais plus le bienvenu nulle part…
Après avoir passé une nuit épouvantable dans la Salle sur Demande, je me lève en grognant. Mon corps est perclus de courbatures, ma tête tourne, elle me fait un mal de chien. Je me lève doucement pour éviter toutes aggravations de la douleur qui me transperce de l'intérieur. En fronçant les sourcils, je me concentre un instant sur ce dont j'ai besoin, là, maintenant. Je fais d'abord apparaitre sur ma table de chevet un grand verre d'eau fraiche. Je l'avale à longues gorgées pour apaiser ma gorge en feu. Puis je me concentre à nouveau, cette fois pour faire apparaitre une jolie salle de bain proprette, avec une douche, un miroir, un lavabo, un beau tapi de bain, quelque chose de simple et d'efficace à la fois. Je me dirige lentement vers ces objets qui ont un moment occupés mes pensées et qui se révèlent dissimulés derrière une petite porte annexe blanche.
Je jette un coup d'œil bref dans le miroir lors de mon passage dans la salle de bain.. Ce que j'aperçois me laisse bouche bée. Mes yeux sont rouges et gonflés, ils ont même perdu quelque chose de leur ancienne vivacité. J'ai des cernes immenses sous mes petits yeux rougis. Mes cheveux sont emmêlés et ternes. Ma cicatrice est rouge feu, mon visage est couleur craie, j'ai une mine cadavérique. Mes lèvres sont sèches et gercées. Je ne ressemble vraiment à rien… J'ai véritablement la tête d'un homme fraichement déterré !
Alors que j'entre dans la douche, j'essaye de ne pas trop penser. A l'idée même du vote, je sens mes entrailles se contracter douloureusement, mon cœur se serrer, ma respiration s'accélérer, la souffrance à la seule idée de ne plus avoir de contact avec les Serpentards, de perdre ce dernier espoir, me coupe littéralement le souffle.
Quand je sors enfin de ma douche brulante, mes cheveux ruissellent de perles d'eau, je les secoue brutalement avant de commencer à me sécher consciencieusement. Je m'habille le plus rapidement possible, cependant tous mes gestes sont maladroits, mes mains tremblent, le désespoir me serre la gorge alors que je brule à l'anticipation de ce qui va arriver.
D'un pas lent je sors enfin de la Salle sur Demande. J'ai l'impression d'être un condamné à mort que l'on conduit à l'échafaud alors que je marche vers la Grande Salle. Mon heure semble avoir enfin sonnée… Quand je franchi les deux grandes doubles portes qui mène à la Grande Salle, je me rends à l'évidence, elle est vide… Ou presque… Je suis très en avance, TROP en avance… L'inquiétude me fait perdre la boule… Seuls quelques Serdaigles sont présent à l'autre bout de la pièce, ils discutent de vive voix sur un cours de runes antiques. A mon arrivée, ils se taisent un instant avant de se lancer dans des chuchotements frénétiques. L'un d'eux va même jusqu'à m'adresser de grands signes du bras pour que je vienne m'installer à coté d'eux. Je secoue la tête de droite à gauche avant de me diriger automatiquement à ma place. Ma place à la mauvaise table. La table des Serpentards… Une table qui pour l'instant est totalement déserte, mes mains sont moites à l'idée du vote. Des frissons d'angoisse me parcourent de la tête aux pieds.
J'attends… Pendant de longues et sinistres minutes j'attends. Cette attente est insupportable. Je n'ai jamais été quelqu'un de patient. La patience ce n'est pas mon fort, je suis par nature quelqu'un d'impulsif, je fonce dans le tas sans réfléchir, c'est mon impuissance face à cette situation plus qu'autre chose qui me rend fou…Je sais que mon sort est déjà déterminé, que les dés ont déjà été jetés, que rien de ce que je pourrais faire maintenant ne pourra changer le résultat du vote. C'est tellement injuste… J'aurais voulu pouvoir leur parler, leur présenter ma défense, leur expliquer qui je suis, j'aurais voulu essayer, essayer de changer les choses… Mais c'est trop tard…
Finalement après cette attente qui m'a paru insoutenable, les quatre tables de la Grande Salle commencent enfin à se remplir. Les tables des Poufsouffle et de Serdaigle sont déjà complètes. Les Gryffondor ne sont pas encore arrivés, cependant plus de la moitié des Serpents sont déjà présents. Leurs visages sont impassibles, l'issue de vote reste secrète envers et contre tout…
Après quelques minutes encore, la totalité des élèves de Poudlard est finalement réunie dans la Grande Salle. Les professeurs sont là également. Un grand silence pèse lourdement sur la pièce. Mon cœur cogne contre ma poitrine. Mes mains sont à nouveau prises de tremblement. Je transpire d'anxiété. Tous les regards sont posés sur moi, je me sens mal, je vais m'évanouir… Enfin Dumbledore se lève, un sourire malicieux sur ces lèvres, il passe une main dans sa longue barbe argentée, et annonce de sa voix grave et puissante :
- Aujourd'hui est un grand jour dans l'Histoire de Poudlard mes enfants… Comme vous le savez, hier soir dans le plus grand secret, les Serpentards ont procédés à un vote, il s'agissait de déterminer si le jeune Monsieur Potter, ici présent, pouvait devenir un membre honoraire à leur maison. Laissons-les, nous divulguer le résultat de ce vote, monsieur Malfoy s'il vous plait…
Je vois Malfoy se lever de mauvaise grâce avant de déclarer d'une voix sombre :
- Les Serpentards ont décidés que Potty pouvait rester à notre table, il est officiellement considéré selon le code des maisons de Poudlard comme un membre honoraire de la maison Serpentards… Je tiens à préciser que les votes étaient très serrés, ça s'est jouer à un cheveu,, un cheveux de trop si vous voulez mon avis…
Je n'arrive pas à y croire. Je… Je peux rester ! Ils m'acceptent parmi eux ! Le soulagement m'envahis, un sourire éclatant s'empare de mon visage à m'en faire craquer les fossettes, c'est… C'est incroyable. Des larmes de joies perlent de mes yeux émeraude… Je suis tellement soulagé, c'est un poids de moins sur ma poitrine…
Pour la première fois je vois quelques uns des masques des Serpentards se fissurer, certains applaudissent, d'autres me sourient ouvertement, d'autre encore me jettent des regards toujours plus menaçant, mais même ça ne m'atteint plus aussi farouchement qu'avant, je suis le bienvenu chez les Serpentard ! C'est comme un rêve qui se réalise enfin, comme si j'avais trouvé ma place des années après l'avertissement du Choixpeau magique.
Dumbledore reprend la parole, il poursuit son discours sur l'unité mais j'ai du mal à me concentrer sur ses paroles. Je suis tout à la joie d'être là. Finalement je sens quelqu'un me pousser brusquement du coude je me retourne pour me retrouver face à face avec… Nulle autre que Pansy Parkinson et Millicent Bulstrode. Nerveusement je passe la main dans mes cheveux avant de demander d'une voix timide :
- Euh… Qu'est-ce que vous voulez ?
Je vois Pansy m'adresser un sourire éblouissant avec étonnement, rien à voir avec son habituelle expression de mépris. Elle répond :
- On voulait te souhaiter la bienvenue voyons ! T'es presque l'un de nous maintenant !
Je lui jette un regard confus, Pansy Parkinson me souhaite la bienvenue chez les Serpents ? Bientôt Voldy voudra que l'on soit potes tout les deux… C'est surréaliste ! Si on m'avait dit ça ne serais-ce que l'année dernière, j'aurais flanqué un coup de poing à l'imbécile qui aurait osé me prédire mon avenir… Mon Dieu…
- La bienvenue… ? Je pensais que t'étais dans le camp de Dra… Malfoy… Je veux dire, on s'est toujours détesté, non ?
Elle lève les yeux au ciel en souriant, puis adresse un regard complice à Millicent.
- Ok, t'as vraiment rien appris en déjeunant tous les jours à cette table pendant tout ce temps, hein ? D'ailleurs, figures toi que la première fois que tu t'es installé là c'est grâce à moi que Vince et Greg ne t'ont pas expulsé comme un malpropre...
Dire que je suis surpris serait-un euphémisme, malgré moi je lance :
- Vraiment, mais pourquoi ?
- Les Serpentards savent tout sur tout le monde Potter ! Tu dois au moins savoir ça non ?
Je hoche la tête avec incertitude. Elle reprend :
- On sait tout sur tout le monde, et jusqu'à maintenant tu étais l'ennemi public n°1 des Serpentards, on avait donc un dossier encore plus complet sur toi ! On sait tous qui tu es, comment tu réagis, ce que tu attends, qui sont tes amis, tes ennemis, etc… Je suis une des personne les mieux informée ici à Poudlard, quand tu t'es assis à notre table pour la première fois je savais déjà comment les Gryffondor te traitait, et à quel point tu en souffrais, l'ancien Potter intrépide et détestable avait disparu c'est pour ça que j'ai retenu Greg et Vince ce jour là. Je voulais voir comment la situation allait évoluer. Il se trouve que tu représentes aujourd'hui pour nous une occasion inespérée Potter !
- Et c'est pour ça qu'on a encouragé certains Serpentards à voter en ta faveur ! En allant contre tous les ordres de Draco… finit Millicent en souriant avec malice.
Je lui rends son sourire presque malgré moi avant de froncer les sourcils d'incompréhension :
- Une… Occasion inespérée… ? Je… J'avoue, je suis un peu perdu là…
- T'es un putain de combattant de la lumière Potter, réfléchis ! Me hurle Pansy avec hargne.
Ces paroles me font l'effet d'une douche froide. Ils ne m'ont accepté parmi eux que pour mieux me livrer au Seigneur des Ténèbres ? J'aurai dû m'en douter, c'était trop beau pour être vrai ! Je m'emporte, mes yeux verts lance des éclairs alors que je me lève violemment :
- Sérieusement ? Vous avez fait tout ça pour mieux me piéger ? Pour me livrer à Voldy et vous attirer ses bonnes grâces, vous êtes stupides ou quoi il ne vous remerciera qu'à coup de Doloris !
Pansy me jette un regard noir plein de fureur avant de m'ordonner :
- Assis, Potter ! Assied- toi maintenant !
Je lui obéis malgré mon envie de déguerpir à toutes jambes, c'est qu'elle fait peur la Parkinson ! Je vois Millicent m'adresser un sourire moqueur avant de détourner les yeux.
- Pas du tout Potter ! C'est tout le contraire ! Grâce à toi, on a enfin l'opportunité de changer de camps ! Tu ne t'imagines pas le nombre d'entre nous qui sont dégoutés par l'attitude servile de nos parents, par ce sang mêlé qui prétend nous contrôler, s'emparer de nos vies pour les jeter aux orties, nous accabler de douleur et de préjugés, nous empêcher de vivre nos propres vies comme on l'entend. On est presque tous dans cette situation bien qu'ils existent quelques fanatiques qui nous obligent à surveiller nos paroles, et nos actes… On est tous obligés de paraitre être des futurs Mangemorts, parce qu'on est surveillé en quasi permanence mais tu peux nous offrir la protection nécessaire à notre changement de camp, grâce à toi on pourra sans doute affronter nos parents… Car cette guerre de notre coté en tous cas c'est surtout un déchirement familial…
Après sa longue tirade Pansy laisse échapper un soupire de soulagement. Alors que Millicent acquiesce à ses paroles d'un air grave. Elle prend la parole à son tour :
- On a besoin de toi Potter, surtout les plus jeunes, on peut pas les laisser servir de recrue pour le Seigneur des Ténèbres, ils sont trop jeunes pour la guerre…
Je me rappelle que Millicent à une petite sœur en première année, sans doute une des raisons de sa subite prise de conscience. Je ne me doutais pas que des idées de révolution germaient déjà dans les petites têtes des Serpentards. C'est incroyable. Je suis époustouflé, lutter contre ses propres parents, c'est… Fou… Prendre conscience des erreurs de ceux qu'ils prenaient pour des héros… C'est dur, c'est la guerre…Je comprends leur besoin d'aide, cette situation doit être intenable…
- Ferme la bouche Potter, tu vas gober des mouches !
Pansy me tire la langue d'un air joueur, puis reprenant son sérieux, elle me regarde droit dans les yeux et demande :
- Alors… Tu vas nous aider Potter ? C'est donnant-donnant tu sais, on t'a accepté parmi nous, on est dans la même galère maintenant tu dois nous aider !
Je lui souris et acquiesce :
- Bien sur, je ferais ce que je peux dans la mesure de mes moyens !
Je vois des larmes de joie envahir ses yeux, qu'elle essuie sur sa manche avant de s'élancer dans mes bras. Elle me serre si fort contre elle que j'ai l'impression que je vais m'étouffer, Millicent regarde la scène les yeux rieurs, et un sourire jusqu'aux oreilles. Lorsqu'elle me lâche enfin je soupire de soulagement. Millicent continue de rire avant de me dire :
- Je suis contente que ces menus détails soient enfin réglés ! Au fait, Potter, enfin Harry, tu viens à la fête de demain ?
- La fête ? Quelle fête ?
- Salle commune, 19h, on t'attendra là bas Potty ! Sois pas en retard !
Millicent m'ébouriffe les cheveux en riant puis se lève en entrainant Pansy dans son sillage et en me criant un « A demain ! » tonitruant. Je les regarde s'éloigner un sourire aux lèvres.
Au détour d'un couloir, je croise le regard orageux de Draco Malfoy, il se précipite vers moi flanqué par ses deux chiens de garde, Crabbe et Goyle. Ils m'encerclent rapidement, leurs yeux luisant de cruelles intentions. Je les observe, tour à tour, avec attention de manière à savoir à quoi m'attendre. Crabbe et Goyle ont pratiquement la même expression sur le visage. Ils semblent déterminés. Ils lancent également périodiquement des coups d'œil inquiet à Malfoy. C'est sans doute sur ses ordres qu'ils sont là. Ils n'ont pas l'air d'avoir particulièrement envie de se trouver en face de moi. Ce n'est que par loyauté qu'ils ont suivit Malfoy on dirait… Malfoy est entouré d'une immense aura de rage et de haine. Etre si prêt de lui me brule de l'intérieur et me pique les yeux. Ses yeux brillent de fureur contenue. Son visage est crispé par la colère, il serre sa baguette avec énervement.
Avant que je n'ai le temps de sortir la mienne à mon tour, je devrais la laisser toujours à portée de main, Malfoy me plante la pointe de sa baguette magique sous la gorge en me fixant. Ses yeux argentés me lancent des éclairs, je sens sa respiration caresser ma joue, il a le souffle court de colère. Derrière lui, Crabbe et Goyle n'ont pas bougés, ils se contentent de surveiller les arrières de Malfoy passivement. Il s'approche de moi pour me murmurer à l'oreille :
- Renonce !
Alors que mes yeux sont attachés à sa baguette magique, je déglutis avec peine avant de demander confusément :
- Renoncer… A quoi ?
Il roule des yeux visiblement, avant de reprendre une expression méprisante, il me crache :
- Par Merlin ! Aux Serpentards, Potter ! De quoi tu veux que je sois en train de parler ? Je te l'ai dit je te le répète, ce n'est pas ta place, ils ne veulent pas de toi parmi eux…
Oh alors c'est ça ! Une nouvelle tentative d'intimidation… Je rassemble le peu de courage qu'il me reste, je repense à Pansy et Millicent, à toutes ces personnes susceptibles de changer de camps, à tous ceux que je pourrais peut être aider, et je lâche :
- Pourquoi je renoncerais ? Ils ont votés, je te signale, Blondie ! S'ils ne voulaient pas de moi pourquoi voter en ma faveur, hein ? Pas la peine de me faire un caca nerveux parce que t'as pas eu ce que tu voulais Malfoy !
Il se fige un instant avant d'éclater de son rire sans chaleur.
- Pauvre Potty… T'es vraiment bouché, hein ? Ils n'ont pas voté pour que tu restes par pure bonté d'âme, par charité ! Tout ça c'est complètement stratégique ! Il se fiche que tu crèves dans ta putain de solitude ! Ils se foutent totalement que tes crétins d'amis t'es laissé tomber ! Ils ne veulent pas de toi ! Ils ne vont pas devenir tes nouveaux amis. Ils veulent livrer, le grand Harry Potter au Seigneur des Ténèbres ! Ce n'est pas ta putain de place…
Je reste sans voix… Est-ce qu'il est inquiet pour moi… ? Parce que je serais en danger une fois tombé au cœur de son nid de serpents ? Non ! Surement pas ! C'est de Malfoy dont on parle là ! Il cherche surement à me faire peur pour que j'abandonne, il me déteste, pire, il me hait ! Il ne veut sans doute pas de moi dans sa salle commune ou à sa table. Ma seule vue le dégoute. Je réajuste mes lunettes sur mon nez avant de déclarer :
- Je suis un grand garçon, Malfoy, j'ai pas peur de tes petits copains, ni de Voldemort, je ne tremble pas à son nom, et je sais me défendre alors lâche moi !
- T'as pas idée dans quoi tu mets les pieds Potter…
Je sens la pression sur ma gorge disparaitre alors qu'il tourne les talons d'un pas vif, sa cape virevolte sur son passage. Crabbe et Goyle se précipite à sa suite. Je les regarde s'éloigner en me demandant avec inquiétude ce qui m'attend parmi les Serpents. Apparemment les Serpentard sont un camp divisé, il semble y avoir les fanatiques de Voldy d'un coté et les incertains de l'autre. A qui me fier ? Pansy me ment-elle pour mieux m'attirer dans ses filets ? Draco cherche-t-il à me protéger ? Décidément cette journée prend une tournure de plus en plus étrange…
Je me mords sauvagement la lèvre d'anxiété en me balançant maladroitement d'un pied sur l'autre. Qu'est-ce que je fais ici ? Je ne sais même pas sur quel pied danser avec ces satanés Serpentards ! Et si tout cela n'était qu'une mascarade ? Si cette invitation si spontanée n'était qu'un leurre ? Si cette fête n'était qu'une de leurs immondes machinations ?
Quoiqu'il en soit, je suis là, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, les yeux écarquillés par la peur d'être rejeter. Je fixe d'un air stressé le mur nu et humide situé dans les profondeurs des cachots glacés qui mène au repère des Serpents, je me passe la main dans les cheveux et je pousse un soupir agacé. Non, mais qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis absolument mort de trouille… Alors qu'à seulement quelques pas se trouve une fête pleine de serpents prêts à exploiter la moindre de mes faiblesses ! Allons Harry, ressaisis-toi ! Tu es le Survivant, l'ex Golden Boy des Gryffondors, le grand Harry Potter, ce n'est pas un petit nid de Serpents de rien du tout qui va m'effrayer, si ? Non, je ne me laisserais pas intimider ! J'ai choisi de m'incruster parmi les Serpys à moi de jouer maintenant, je vais leur prouver qu'Harry Potter est un lion plein de bravoure jusqu'au bout des ongles ! Je vais enfin avoir l'occasion de les observer, de les approcher, leur parler dans leur environnement ! Et peut être même que je pourrais essayer de leur montrer que quelque soit la situation dans laquelle ils se sont empêtrés, il reste encore une lueur d'espoir… Enfin croire que je vais changer leur opinion sur la guerre ou le Seigneur des Ténèbres en un seul coup de baguette magique ça reste un brin optimiste… Bref, allons-y !
Je prends une grande inspiration et j'essaye de calmer le rythme effréné de mon cœur toujours battant, je déglutis visiblement tout en murmurant le mot de passe d'une voix rauque et je m'engouffre rapidement à travers le passage libéré par le mur cachant l'entrée vers la Salle Commune des Serpentards.
Je pénètre alors pour la seconde fois de toute mon existence dans l'immense Salle Commune des Serpentards. Il s'agit d'une longue salle souterraine aux murs et au plafond de pierre brute. Sur les murs sont disposés avec gout diverses banderoles et drapeaux aux couleurs des verts et argents. De petites sphères de lumière éclairent la pièce en flottant paresseusement dans les airs conférant une atmosphère intime à l'ensemble du tableau. De grands fauteuils confortables et ornementés de diverses créatures magiques sont éparpillés artistiquement dans la vaste pièce, j'aperçois sur ces magnifiques sièges ouvragés des dragons, des serpents aquatiques merveilleusement sculptés, j'en reste bouche bée. Ce n'est rien à coté de la gigantesque cheminée au manteau gravé qui représente un serpent enroulé sur lui mémé et sifflant de délectation face en feu ronflant qui brule en son sein. Au quatre coin de la pièce sont dissimulée de discrètes alcôves qui permettent sans doute aux participants de la fête d'accéder à un peu plus… D'intimité, si j'ose dire… Tout cela confère à la pièce une impression de sérénité et de bien être que je ne pensais pas vraiment trouvé ici, chez ses vipères à la langue venimeuse. Une douce musique s'élève doucement comme un murmure apaisant qui parcoure la salle, elle m'aide à reprendre du courage et à m'avancer plus avant pour découvrir la Salle Commune des Serpents. Elle n'a plus rien à voir avec la pièce froide et verdâtre qu'il m'avait été donné l'occasion de voir lors de ma deuxième année à Poudlard. Tout au fond de la salle se dresse une estrade où sont installés plusieurs instruments qui jouent tout seuls la mélodie qui résonne toujours à mes oreilles, il y a également en face de l'estrade une piste de danse qui est vide pour le moment mais dont le parquet semble avoir été soigneusement lustré. Tous les éléments semblent être réunis pour que la fête soit réussie ! Je suis impressionné par l'atmosphère paisible qui règne ici.
Plusieurs Serpentards sont déjà présent avec moi dans la pièce. Ils sont soit debout, soit assis, ils discutent nonchalamment un verre à la main, certains jouent machinalement avec les petites sphères lumineuses. Je les regarde un moment sans oser m'approcher. Ils ont l'air impatient, je sens un frisson d'excitation me parcourir à l'idée que la fête va bientôt commencer.
Soudain un flot de Serpentards se déverse dans la grande Salle Commune, ils émergent rapidement des dortoirs ainsi que du passage souterrain et se regroupent instantanément autour de la petite estrade vide. Je suis surpris d'apercevoir dans la foule non seulement des Serpents mais également quelques Serdaigles. Ainsi serpents et savants se côtoient, intéressant…
Le silence se fait rapidement et une lumière intense se concentre sur la scène. Alors qu'un sentiment d'impatience se saisit de la foule, Draco Malfoy apparait et traverse l'estrade à grandes enjambées. Arrivé à l'extrême bord, il se saisit de sa baguette et murmure un discret « Sonorus » avant de s'adresser à nous, un sourire éblouissant sur les lèvres :
- Bienvenue à tous ! Merci de participer une nouvelle fois à la grande réunion bimensuelle des Serpentards ! Je n'ai qu'une chose à dire mes amis, amusez vous, profitez de la vie car comme vous le savez tous, on n'en a qu'une ! Que la fête commence !
C'est sous un tonnerre d'applaudissement qu'il quitte la scène, un petit sourire en coin. Une musique assourdissante débute sur un coup de baguette magique, rythmée et enthousiasmante, elle entraine une bonne partie de la foule sur la piste de danse. Je les regarde en souriant. Après cette charmante introduction, je vois Draco descendre tant bien que mal de l'estrade improvisée alors que des dizaines de greluches s'empressent aussitôt d'accaparer son attention. Alors que je m'apprête à détourner les yeux de ce triste spectacle, ses deux orages capturent mon regard, son expression détendue se fige aussitôt, laissant la place à un rictus de mépris. Il me fixe un instant, ses yeux gris acier laisse transparaitre tout sa haine pour moi, j'en reste un instant pétrifié. Jamais auparavant il n'avait montré une telle hostilité. Comment ai-je pu croire ne serais-ce qu'un seul instant hier qu'il cherchait à me protéger en ne me laissant pas approcher, de m'avertir ? Il me hait, c'est évident… Je le regarde droit dans les yeux d'un air de défi. Il finit par détacher ses yeux des miens pour concentrer son attention sur une jolie blonde à la forte poitrine.
Je pousse un soupire de frustration avant de me redemander pour la centième fois au moins ce que je fais ici. Je sens bien que malgré les paroles chaleureuses de Pansy, je ne suis pas le bienvenu ici. Sur mon passage les Serpentards me bouscule constamment, ils chuchotent en me regardant dédaigneusement de haut en bas, j'entends des insultes me poursuivre où que j'aille, je vois les sourires mauvais que s'échangent certains Serpentards en me regardant évoluer parmi eux, voilà qui ne présage rien de bon… Je suis l'objet de toutes les plaisanteries douteuses, les rires se déchainent dés que j'ose ouvrir la bouche, les regards noirs me transpercent, les remarques désagréables fusent, je reçois même plusieurs propositions indécentes qui me font rougir.
- Hé viens là Potter, je voudrais vérifier que tu sais utiliser ta baguette ! Glousse pour la énième fois une petite brunette dont les yeux brille de perversité alors que j'essaye de l'éviter à tout pris.
Un groupe de Serpents m'a même approché et ce sont mis à m'entretenir de messes basses, bien que le sujet n'est jamais été vraiment abordé, tout me laisse à penser que leur sous entendu visait à déterminer si oui ou non je comptais changer de camp et rejoindre le grand Lord Voldemort… Et puis quoi encore ? Tout ça dépasse la limite du supportable je préfère encore me réfugier dans la Salle sur Demande !
Je m'apprête à franchir à nouveau le mur froid et humide qui sert d'accès à la Salle Commune des Serpentards lorsque quelqu'un pose brusquement la main sur mon épaule ce qui me pousse à me retourner brusquement, je m'exclame :
- Pansy ?
- Harry ! Te voilà enfin ! Tu n'allais pas partir n'est-ce pas ?
Elle m'adresse un sourire mièvre en battant des cils d'un air comique. Sans pouvoir me retenir, j'éclate de rire. Elle me lance alors un sourire victorieux, je reste, elle a gagné.
- Franchement, Harry c'est très impoli d'envisager de nous fausser compagnie de la sorte, cela dénote un clair manque de gout…
Elle plisse le nez en me pointant du doigt d'un air accusateur, un grand sourire étirant ses lèvres, c'est qu'elle me taquine… Est-ce que j'ai atterri dans un monde parallèle ? Un frisson parcourt mon échine, est ce que je devrais m'inquiéter de ce soudain changement de comportement ? Est-ce qu'elle compte me kidnapper puis me tuer ? Pour me livrer à son Maitre, un plan parfait… Je délire là, arrête d'être aussi parano Harry, reprends-toi ! Je balbutie :
- Je… J'ai pas l'impression que je devrais vraiment rester tu vois…
Alors que je me perds dans des bégaiements pitoyables Millicent rejoint Pansy et m'adresse un sourire renversant avant de m'entrainer de force, contre mon gré, dans la marrée de Serpents s'étendant à perte de vue. Elle hurle à mon oreille à plein poumon alors que la musique cogne contre mes tympans :
- Aller viens, on va te présenter et enlève cette expression de gamin ahuri de ton visage, t'es là pour t'amuser pas pour contempler ta future mort, on dirait un zombie, aller bouge toi un peu !
Je réplique aussitôt d'un ton sarcastique :
- Je pensais que pour vous les Serpentards, me voir mort ce serait plutôt l'idée que vous vous faisiez de la fête parfaite…
Pansy et Millicent éclate d'un rire léger avant de s'emparer de plusieurs coupes de cristal qui circule à travers la salle, sans attendre Millicent m'en fourre une dans la main sans même me demander mon avis je m'apprête à protester mais elle me coupe en plein élan :
- Lâche-toi un peu Potter ! Tu voulais faire partie des Serpentards, voilà l'occasion rêvée, si tu veux te faire des amis parmi nous il va falloir que tu te décoinces un peu ! Regarde Dray il s'amuse lui !
En effet, quelques mètres plus loin, je vois Malfoy avaler cul sec un verre de Whiskey Pur Feu, il secoue la tête en souriant, avant de retourner sur la piste de danse où il est aussitôt rejoint pas trois filles avec qui il entreprend de se trémousser de façon indécente. Décidément ces Serpentards, tous des pervers ! Enfin faut dire qu'avec mes problèmes j'ai un peu oublié d'être un adolescent, je dois psychoter pour rien du tout, à mon avis ils peuvent faire bien pire… D'un air décidé j'avale d'un coup le liquide ambré que contient ma coupe :
- Pouah ! ça à un gout infecte !
Pansy rit à forge déployée à présent en voyant ma mine dégoutée, elle me répond en mettant sa main sur mon épaule en un geste consolateur :
- Tu vas voir, on s'habitue !
Une douce chaleur s'est répandue en moi suite à l'ingestion de l'étrange liquide doré, je lui souris presque malgré moi alors que ma tête se fait plus légère, tous mes soucis semblent disparaitre…
Pansy et Millicent entreprennent alors de me présenter à toutes leurs connaissances, elles prétendent vouloir faire de moi un Serpentard accompli mais je sais bien qu'en vérité elles veulent me donner l'occasion d'influencer les plus jeunes dans le but de les protéger. Je ne me rendais pas compte à quelle point ces deux filles pouvaient être attachantes, elles ont vraiment le cœur sur la main bien qu'elles appartiennent au clan des vipères, je sens une amitié fragile naitre entre nous alors que les visages défilent devant moi. Je fais la connaissance de Marcus Flint, Terrence Higgs, Daphné Greengrass, Theodore Nott, Montague, Adrian Pucey et tant d'autre encore. Derrière chacun de ces visages se cachent une personnalité hors du commun, Pansy choisit bien les gens qu'elle me présente ils sont tous d'une extrême politesse et semblent s'intéresser sincèrement à ce que j'ai à dire.
Après avoir passer une bonne partie de la soirée à discuter et à découvrir les Serpentards, je sens mes yeux briller d'excitation et de joie, je me sens enfin à ma place. Alors que j'entame une passionnante discussion Quidditch versus football avec Théodore, Pansy s'écrie :
- OOOOOH, c'est ma chanson !
Alors que je secoue la tête en échangeant un regard désespéré avec Théo, Pansy et Millicent me saisissent par la main et m'entrainent encore une fois malgré moi sur la piste de danse. Celui-ci s'esclaffe en contemplant mon malheur, ces Serpentards, ils sont tous maléfiquement diabolique ! Alors que la chanson résonne à mes oreilles, je ne parviens pas à faire un pas, pas un mouvement, je reste planté comme un piquet au milieu de la foule, j'ai toujours eu horreur de danser c'est vraiment pas mon truc… Milly me chuchote alors à l'oreille :
- Laisse toi porter par la musique Harry, ferme les yeux, le reste viendra tout seul, tu verras…
J'écoute son conseil et ferme les yeux, aussitôt mon corps commence à ce mouvoir sans plus répondre aux impulsions de mon cerveau, et je commence à bouger en souriant, puis je rouvre les yeux et je constate que personne ne semble me dévisager ou se moquer de moi, je dois avoir saisi le truc. Je me détends considérablement. Pansy s'approche alors de moi, en haussant les sourcils d'un air suggestifs et elle commence à danser avec moi. Je fini par éclater de rire en la voyant se déhancher de façon plus qu'exagérée. Je me surprends à apprécier de danser de façon anonyme au milieu de la foule. Je ne vois plus le temps passer. Je n'aurais jamais pensé autant rire et apprécier la compagnie de Milly et Pans' et pourtant je passe un moment formidable. J'ai rarement autant ri, on enchaine fou rire sur fou rire sur tout et rien.
Finalement après avoir passé une bonne heure et demie sur la piste de danse Pans' déclare d'un ton boudeur qu'elle a mal aux pieds et elle nous entraine Milly et moi dans une des petites alcôves disséminées dans la Salle Commune. Nous nous asseyons avec soulagement. Il faut dire que ce n'est pas de tout repos de danser ! Aussitôt assise, Pansy hèle un deuxième année et lui ordonne impérieusement de nous servir à boire. Je regarde le petit garçon exécuter les ordres, il revient bientôt avec trois coupes et une bouteille avant de se retirer précipitamment.
- Ah, Harry, la discipline il y a que ça de vrai, tu vois!
Je glousse de manière incontrôlable. Milly se joint à moi et à nouveau c'est le fou rire général. Les larmes perlent à mes yeux alors qu'il n'y a rien de drôle c'est juste que Pansy grimaçait de façon tellement comique et surréaliste.
- Puis je savoir la cause de cette hilarité générale ?
Théo se tient devant nous, un sourcil légèrement surélevé en signe d'interrogation. Derrière lui se trouve Marcus Flint qui tient une bouteille à la main, un sourire ravageur sur les lèvres. A nouveau Pans', Milly et moi nous regardons et explosons de rire, entre deux éclats de rire, cette dernière s'exclame :
- Tu… ressemblais… tellement…à Dray… Hahaha…
- Ah mais je m'efforce de ressembler de mon mieux à notre Prince des Glaces ! répond-t-il en m'adressant un clin d'œil appuyé.
Je rougis, c'est moi qui lui ai fait part des rumeurs des Griffons sur Draco ainsi que des surnoms dont on l'a affublé, j'ai honte… Il me pousse légèrement afin que lui et Marcus puisse s'installer, je grogne de mauvaise grâce avant de me décaler.
La discussion d'un peu plut tôt reprend de plus belle et le temps passe sans que j'ai le temps de m'en apercevoir. On boit, la bouteille est presque vide, on rit, on parle, tout se passe comme sur des roulettes. Je ne pensais pas que je pourrais avoir un jour une telle complicité avec des Serpentards !
Au bout d'un moment, je me sens tellement en confiance, tellement détendu, que mon regard se perd dans le vide. Je regarde autour de moi sans vraiment y prêter attention et mes yeux tombent sur une scène hors du commun. Je vois Draco tituber, une expression alcoolisée sur son visage d'ange, il se rattrape de justesse à un fauteuil en forme de reptile afin d'éviter de tomber. Un grand black d'un mètre quatre vingt environ accourt à sa rescousse, Blaise Zabini s'empresse de redresser Draco dans une position plus digne, il passe rapidement un bras autour du torse de Malfoy pour le soutenir alors que celui-ci s'affale sur lui en ricanant d'un air complètement illuminé. Pansy étonnée de me voir soudain si silencieux se dépêche donc de suivre mon regard.
- Oh tiens ça faisait un bail ! J'avais pas vu Drakychou dans cet état là depuis un bon moment ! C'était quand déjà ? Oh ça y est ! Ça me revint en troisième année il me semble, juste après l'attaque de cette hippogriffe et son passage à l'infirmerie ! Il tient plutôt bien l'alcool en général, quelque chose doit l'avoir sacrément perturbé pour le mettre dans cet état !
- Regarde la tête de Blaise ! S'exclame Théo. Le pauvre je le plains Draco est carrément insupportable quand il est bourré !
- Merde il nous à repéré ! Je suppose qu'il est trop tard pour se cacher ? Soupire Millicent.
En effet, supportant toujours le poids de Draco, Blaise se dirige vers nous en pestant contre Draco qui semble vouloir rebrousser chemin à chaque seconde. Je l'entends d'ici :
- Lâche moi Zabini, je veux pas aller là ou tu m'emmènes, c'est nul, ça pue ! Par là bas c'est plus marrant ! Lâche moi où je te le jure tu vas le payer ! Et puis je suis même pas bourré ! Regarde, regarde je marche droit ! Honnêtement j'ai du boire un ou deux verres maximum, ptêt cinq mais pas plus j'te jure !
- C'est ça, prend moi pour un con, réplique Blaise d'un ton sec.
Un vrai gamin, le Draco bourré. Impossible de communiquer avec lui. Dés que Blaise arrive à proximité de notre table dans la petite alcôve, il lâche brutalement son fardeau sur la seule place encore libre à coté de Pansy. Draco tombe lamentablement sur le banc de pierre, sans rien dire souriant toujours comme un dingue.
- Je te le laisse, tu t'en occupes, j'en peux plus, tout plutôt que gérer ça, je préférerais encore trainer avec Potty…
Explosion de rire généralisée. Le regard de Blaise tombe alors sur moi et surprit il tâche tant bien que mal de se rattraper :
- Euh salut Potter… Alors c'était pas une blague, t'étais vraiment là pendant tout ce temps, je croyais que Dray délirait comme d'habitude... Enfin bref, le prend pas mal surtout hein… C'est juste une expression j'aurais aussi bien pu dire Weasley ou…
S'apercevant qu'il s'enfonce de plus en plus il abandonne et me tourne le dos pour s'adresser à Pansy, d'un ton désespéré :
- Tu vas t'occuper de lui dis, hein ?
- Pas de problème, mais tu auras une dette envers moi Blaise Zabini ne l'oublie jamais !
Il hoche la tête gravement avant de s'éloigner rapidement de notre petit groupe pour rejoindre le reste de la fête, nous laissant seuls avec un Draco Malfoy complètement à l'ouest. Dans un premier temps, celui-ci semble ne nous prêter aucune attention, il nous ignore même, les conversations reprennent donc bon train. Au bout d'un moment il se met à chantonner une mélodie aux notes incertaines en nous lançant tour à tour des sourires dévastateurs. Il s'arrête brusquement en plein milieu de ce qui semblait être son refrain en se retrouvant nez à nez avec moi. Il me dévisage longuement d'un air inquisiteur avant de retourner vers Pansy en lui faisant signe de s'approcher. Celle-ci se baisse pour l'écouter. Il lui murmure alors avec des airs de conspirateur :
- Pansy, Pansy, Pansy regarde Potty est là !
Il s'agite en me pointant du doigt de manière fort peu discrète avant de reprendre de plus belle :
- Il est là ! Je sais pas comment il a fait mais il a réussi à s'infiltrer parmi nous, dans nos propre cachots ! Alors que c'est un secret ! Personne ne sait où on habite en vrai ! Chhhhut ! Je vois à ton expression que tu ne me crois pas Pans' mais je t'assure c'est la pure vérité ! Peut être que tu ne peux pas le voir parce qu'il porte sa stupide cape d'invisibilité ultra méga secrète que tout le monde est au courant qu'il en a une tu sais bien, et seuls mes yeux doivent être capable de percer son secret car ils ne sauraient être abusés par aucun artifice ! Je suis trop fort, ne me remercie surtout pas Pans' après tout c'est normal je suis moi !
Elle lève les yeux au ciel tandis que je pouffe de rire derrière ma main, non mais sérieusement où va-t-il chercher tout ça ?
- C'est moi et Milly qui l'avons invité, enfin Dray rappelle toi, tu nous as même fais une scène à ce sujet…
- Ah oui c'est juste… Ne t'avises pas de réutiliser ce plan génial pour ré entrer dans les cachots Potter je prendrais des mesures de précautions ! Na !
Il me lance un regard victorieux comme s'il venait de déjouer un piège impossible à déceler.
- Et sinon comment tu trouve la fête ?
Et le voilà qui s'empare de la dernière bouteille de vin posée sur la table, elle est encore à moitié pleine. Pansy essaye de lui enlever en lui assénant des :
- Draco ça suffit, t'as bien assez bu comme ça !
Mais ça ne marche pas, celui-ci s'agrippe à sa bouteille comme à un biberon, elle finit par abandonner en haussant les épaule et en marmonnant qu'il le regrettera bien assez tôt de toute façon. Il semble avoir totalement oublié sa question, il boit rapidement un bonne lampée du liquide ambrée avant de déclarer d'une voix abattue :
- Je hais Potter stupide, stupide Potter…
Les autres me lancent des regards inquiets mais je me retiens toujours d'exploser de rire, je suis loin d'avoir envie de me battre avec mon pseudo rival surtout dans cet état là, d'un ton enjoué, je lui réponds :
- Moi aussi, quel crétin !
Il relève aussitôt la tête une lueur pleine d'espoir dans son regard et m'adresse un sourire à couper le souffle.
- Alors là mon gars on va être super potes tu vas voir ! C'est quoi ton nom déjà ?
Je comprends qu'il a carrément la tête dans le brouillard et je me prête au jeu. Pourquoi pas ? Ça ne peut pas me faire de mal de changer d'air pendant qu'il à la tête à l'envers :
- Harry, je m'appelle Harry.
- Moi c'est Draco, pas de chance t'as le même nom que Potty !
- M'en parle pas, quelle plaie !
- Tu sais ce mec il veut même intégrer les Serpentards, alors que c'est ma maison ! A moi !
- Impossible ! Il aurait pas oser, si ?
- J'te jure, c'est à croire qu'il me poursuit, déjà qu'il hante mes rêves… Mes cauchemars je voulais dire, mes cauchemars, tu sais c'est des rêves mais qui sont mauvais !
Les autres nous regardent d'un air amusé. Je leur sourie vaguement. Je hante ces mauvais rêves pourquoi est ce que ça me déçois… Je secoue la tête pour chasser ce sentiment… Je l'analyserais un autre jour… Mais cela reste… Bizarre…
- Pourquoi tu dis plus rien ?
- Oh je pensais à un moyens de tuer Potter ! Je répond au hasard.
- Bonne idée, t'es un génie mec, comme Blaise m'a abandonné je te déclare officiellement mon meilleur ami officiel !
- C'est Blaise ton meilleur ami ? Je m'exclame sous le choc, j'aurais pensé à Crabbe ou Goyle on le voit tellement rarement avec Zabini.
- Evidemment qui veux tu que ce soit d'autre ? Potty ?
- Non, bien sur que non…
- Tu sais je lui ai proposé d'être mon ami en première année… Il a refusé ce salaud, je ne me suis jamais senti aussi seul, aussi humilié ! J'aurais aimé être son ami parfois, il a fait pas mal de trucs cool quand même mais ça reste un salaud prétentieux, et puis il est toujours en train de m'insulter alors que c'est lui le méchant dans la vrai histoire !
- Je comprends, en effet vu comme ça, mais j'étais là tu sais ce jour là, et tu lui as dit des trucs pas très sympa…
- J'avais onze ans putain, je faisais que répéter ce que disais mon Mangemort de père…
- Ouais tu m'étonnes !
- Bon alors tu veux le tuer oui ou merde ! Moi je propose on le torture avec des plumes à chatouille !
- C'est tout ce que t'as en réserve Malfoy ! Moi je propose on le tue en le suspendant par les pieds et en lui assénant ces quatre vérités à cet incapable même pas capable de tuer Voldemort !
Notre échange se poursuit jusque très tard dans la nuit alors que nous trouvons les moyens les plus créatifs et les plus inventifs pour tuer le grand, le célèbre, Harry Potter, c'est drôle plutôt que sanglant et je prends un grand plaisir à notre petite conversation d'ivrognes. Je ressens un pincement au cœur en pensant que demain matin peut être qu'il redeviendra ce Malfoy froid et intouchable que je déteste tant.
C'est d'une voix ensommeillé qu'aux premières lueurs du matin Pansy nous enjoint d'aller nous coucher. Il reste très peu de personnes encore éveillées, la plupart des Serpentards sont partis se coucher depuis longtemps déjà, certains se sont assoupis dans des fauteuils ou encore à même le sol une bouteille d'alcool vide encore à la main. On se lève paresseusement, Draco bougonne en se plaignant d'avoir la tête qui tourne. Et en effet, sitôt debout il tombe à terre comme une masse. Je soupire en souriant. Je soulève Draco de mon mieux et passe un bras autour de son torse tandis qu'il s'accroche à mon épaule. Je sens sa respiration me chatouiller le cou. Je frissonne légèrement. Nous montons les marches de l'escalier en colimaçon qui mène et dortoir et je conduis Draco cahin-caha jusqu'à son lit. Théo nous rejoint rapidement et en nous suivant il s'exclame :
- Eh bah dis dons vous avez l'air très proche tout les deux…
Il hausse les sourcils d'un air très suggestifs. Draco s'exclame :
- Mais non ! Théo c'est mon copain !
- Vraiment ?, susurre Théo.
Mon Dieu ça prête encore plus à confusion dit comme ça !
- Mais non ! C'est mon copain comme cochon !
Théo pouffe discrètement alors que je rougis. Ça à l'air pervers dans sa bouche alors que je vois bien à son sourire innocent qu'il ne pensait à rien de la sorte. Qu'est ce qui m'arrive ? Est-ce que je pensais vraiment que Draco voulait… Avec moi… ?
Nous arrivons devant le lit de mon compagnon blond, je suis encore rouge de confusion. Je vois bien qu'il n'a pas compris dans son état que pour pouvoir se glisser dans ces couvertures il va d'abord falloir me lâcher. Il s'agrippe à moi comme une encre à son rocher. Je le soulève alors dans l'intention de le poser délicatement sur le lit. Mais celui-ci refuse de me lâcher et m'entraine à sa suite. Je suis sur Draco Malfoy dans son lit. Mon Dieu ! Nous nous retrouvons dans une position très inconfortable… Théo qui me suivait de prés dans l'escalier entre dans la pièce et se fige un instant sur le pas de la porte.
- Eh bah dis donc Potter, tu perds pas de temps toi !
- Arrête de te moquer tu veux ! Et aide moi plutôt à sortir de là, il va falloir que je remonte jusqu'à la Tour des Gryffondor moi je te signale !
A nous deux nous arrivons tant bien que mal à desserrer l'emprise que Draco avait sur moi. Il me serrait contre lui comme si j'étais son ours en peluche. Avant de sombrer définitivement dans un sommeil réparateur j'entends Draco me murmurer :
- Tu sais que tu sens bon Harry, je t'aime bien finalement…
Je rougis comme une tomate en priant pour que Théo n'ait rien entendu. Celui-ci se tourne vers moi sans paraitre avoir remarqué quoi que ce soit :
- Si tu veux tu peux dormir ici, ça va te prendre des heures d'arriver jusque chez les Griffons, Blaise est encore en bas t'as qu'à prendre son lit, c'est celui à coté de celui de Draco !
J'accepte avec plaisir. Je me jette sur le lit sans demander mon reste. A peine ai-je fermé les yeux que je sombre dans un sommeil profond et sans rêve. Je me sens enfin chez moi, endormi en plein milieu d'un nid de serpents venimeux, je suis à ma place.
Le lendemain matin, j'émerge lentement. Le matelas est si moelleux, et je suis bien au chaud sous la couette en duvet, je n'ai aucune envie de me lever. Je sens un mal de tête perçant résonner dans mon crâne. Je soupire de paresse. J'essaye de me rendormir par tous les moyens pour échapper à cette journée morne et ennuyeuse qui s'annonce. Cependant ce maigre plaisir m'est refusé alors qu'un vacarme insupportable parvient à mes oreilles. J'entends distinctement la voix stridente de Pansy et mes tympans ont un aperçu malheureux de la puissance vocale d'un Draco Malfoy en mode pas content du tout. Je grogne de mécontentement, ils peuvent pas se la fermer il y a des gens qui dorment ! Et qui en plus ont mal à la tête et une putain de gueule de bois ! Je me saisi de l'oreiller pour essayer d'atténuer le son de leur douce querelle mais malgré tout j'arrive toujours à entendre des bribes de leur match verbal :
- … Qu'est ce qui t'as pris ? Tu sais très bien comment je suis quand je suis bourré…
-… Oh ça va, il ne s'est rien passé malgré toutes mes prévisions…
- Encore heureux sinon tu serais morte à l'heure qu'il est, espèce de…
-… T'abuses… Vu comment il te regarde… Pourquoi… Vraiment j'essayais juste d'accélérer les choses…
- J'te jure Pansy… Plus jamais… Tu sais ce qu'il risque…
- Essaye au moins… C'est un grand garçon… Battu le Seigneur des Ténèbre…
Je secoue la tête de confusion. Tous ces hurlements n'ont vraiment aucun sens ! Je veux dormir !
C'est ce moment précis que choisit Draco pour faire irruption dans le dortoir, les poings serrés, ses yeux gris aciers lançant des éclairs furibonds alors qu'il claque la porte furieusement derrière lui. Un nouveau grognement s'échappe de mes lèvres. Les yeux orages de Draco se posent sur moi. Oh oh… Je n'aurais certainement pas du attirer l'attention sur moi, il est tellement furax qu'il va surement passer sa colère sur moi… Je suis vraiment pas d'humeur, je sui fatigué, j'ai mal à la tête, et je veux dormir !
- Potter…
- Malfoy…
Ok, on a échangé nos noms de famille d'un air menaçant, c'est ridicule mais peut être que ça va s'arrêter là. Je l'espère tellement j'ai besoin d'encore quelques minutes de sommeil, voir quelques heures… Draco semble avoir une autre idée en tête car il s'approche de moi, baguette au poing. Je me redresse aussitôt, mes lunettes de traviole sur mon nez et je cherche désespérément du regard ma baguette magique. Je la saisis enfin d'une main tremblante. Cependant, Draco se dirige vers son lit et finit par poser sa baguette magique sur sa table de nuit. Il s'assoit au bord du lit, croise mon regard pendant une brève seconde et saisi sa tête entre ses mains dans une position de défaite. Il secoue la tête un instant avant de lever un regard triste sur moi :
- Alors cette gueule de bois… ? Me demande-t-il avec un petit sourire en coin.
Je suis surpris par la question, est ce qu'on est sur le point d'avoir une conversation civile… ?Pourquoi… ?
- La tienne doit surement être pire vu tout ce que t'as ingurgité, je réponds sur la défensive.
A ma grande surprise, il éclate de rire, ce rire chaleureux et mélodieux qui m'avait tant plu. Où est passé son rictus de mépris et sa froideur habituelle ?
- J'ai pris une potion, moi Potter…
Je hausse un sourcil interrogateur. Il existe des potions anti gueule de bois. Intéressant… Je cracherais pas dessus là maintenant mais connaissant Malfoy comme je le connais je peux toujours attendre jusqu'à la Saint Glin Glin. Je suis sur mes gardes lorsque je vois sa main se lever pour atteindre sa table de nuit. L'emprise que j'ai sur ma baguette se resserre instantanément. Cependant, il se contente de tirer le tiroir de sa table de chevet, et de sortir une petite fiole de potion au liquide brunâtre. Il me la tend. Je l'inspecte méfiant, je vais jusqu'à sentir l'odeur repoussante qui se dégage de la fiole. Il me regarde, lève les yeux au ciel et s'exclame :
- C'est pas du poison, Potter, tu peux boire ! Ça va apaiser ton mal de crâne !
Je lui lance un dernier coup d'œil soupçonneux, il a l'air sincère, j'avale le contenu de la petite fiole d'un seul coup. Pouah, quel gout infect ! Cependant les effets de la potion sont instantanés et je sens aussitôt mon mal de tête s'apaiser.
- C'est pas mieux comme ça, Potty ? Me demande Draco d'un air enjoué.
- Si… Je murmure, un peu perdu, quel revirement de comportement !
- Je voulais te remercier… Pour hier, il parait que c'est toi qui t'es plus ou moins occupé de moi quand j'étais à l'ouest… Me di-t-il très mal à l'aise.
Oh c'était donc ça, il veut juste me remercier ! Et peut être combler sa dette envers moi, il redeviendra bien vite le Malfoy froid et arrogant que je connais si bien…
- C'est rien…
Quelque chose me pousse à continuer, à lui rappeler cette complicité qui a vu le jour entre nous, à lui rappeler à quel point on a pu rire, j'ai envie de lui rappeler que pendant une soirée, malgré son état d'ébriété avancé, j'ai été son meilleur ami officiel.
- Tu sais ça m'a même fait plaisir de découvrir les autres facettes de ta personnalité… Je me disais bien que tu pouvais pas te résumer à un pauvre con arrogant…
Je ris, un rire un peu forcé pour lui montrer que je rigole, je le taquine dans l'espoir de lui faire comprendre qu'être son ennemi, sa Némésis, son rival, ça ne m'intéresse plus.
- Trouver des façons innovantes pour me tuer, c'était excellent, et c'était très drôle d'avoir ton point de vue sur les cheveux de Rogue et tout, c'est vrai qu'il devrait changer de shampoing !
Je lui arrache un sourire. Il passe une main dans ses cheveux blonds et se gratte la tête d'un air gêné.
- Je suis désolé, je dois avoir dis pas mal de trucs vraiment stupides…
- Non pas vraiment, on a parlé un peu de tout et de rien… Oh si tu m'as dis que t'aurais vraiment voulu être mon ami parce que j'avais fais pas mal de trucs cool selon toi… Et que je sentais bon aussi, c'est vrai que ça c'était étrange !
Il rougit, Draco Malfoy rougit ! Les battements de mon cœur s'accélèrent brusquement.
- Mon Dieu…
A nouveau, il se prend la tête entre les mains et soupire. Je murmure sans réfléchir :
- Moi aussi j'aurais bien aimé être ton ami, Draco…
C'est la première fois que je dis son prénom, il roule sur ma langue de façon étrangement naturelle. Draco relève la tête et croise mon regard. Nous restons un moment ainsi, les yeux dans les yeux, chacun cherchant à déterminer si l'autre ne cherche pas à l'attirer dans un piège cruel. Il finit par m'adresser un sourire, un sourire que je n'avais jamais vu auparavant, un sourire unique empli d'un je ne sais quoi qui me fais monter les larmes aux yeux. Il tend une main légèrement tremblante vers moi, et ses orages toujours captifs dans mes émeraudes, il me demande d'une voix rauque :
- Alors, ami ?
Lentement, je tends la main à mon tour et saisi la sienne dans une étreinte douce mais ferme. Je chuchote :
- Ami…
Un étrange frisson me parcourt alors que je serre toujours sa main dans la mienne. Un véritable feu d'artifice vient d'éclater dans mon cœur et je n'ai aucune envie de lâcher sa main. Cependant et à contrecœur je me vois contraint de le faire. Nos regards se croisent et on se sourie. Draco Malfoy et Harry Potter, des amis ! Qui l'aurait cru ? Je me lève tant bien que mal et je déclare :
- Il va falloir que j'y aille, la tour Gryffondor c'est pas exactement la porte à coté et…
Je m'embrouille alors que je continue de parler pour ne rien dire sous le regard amusé de Draco. Je ramasse mes affaires le plus rapidement possible avant de franchir la porte du dortoir d'un pas vif. Draco m'interpelle, je me retourne et il me lance :
- Tu peux revenir quand tu veux Potty, t'es officiellement le bienvenu chez les Serpents, estime toi honoré de te compter comme l'un des nôtres !
Je me retourne et je vois ces yeux pétiller de malice. Je lui adresse un bref sourire avant de continuer mon chemin le plus vite possible. Je franchis le passage qui me permet de me retrouver hors de la Salle Commune et dans les cachots froids et inhospitalier que je connais si bien.
Je soupire de plaisir en repensant à ce qui vient de se passer, à la fête… Pour la première fois depuis longtemps je me sens enfin complètement heureux. Et libre d'agir comme il me plait… Je me sens tellement bien, et personne ne viendra jamais me priver de ce tout nouveau bonheur !
Assis, sur un fauteuil ornementé de la Salle Commune des Serpentards, j'attends impatiemment Draco. Le match de Quidditch va bientôt commencer ! Enfin mais qu'est-ce qu'il attend ? Je tape nerveusement du pied contre les dalles de pierre. Il est toujours en retard, c'est pas compliqué d'enfiler une simple robe de Quidditch tout de même !
Je profite de ce rare instant de solitude et de tranquillité pour contempler les dernières semaines qui se sont écoulées. Cela fait presque un mois que je suis devenu un membre honoraire de la maison Serpentard désormais. Certaines choses ont évoluées, d'autres non. La plupart des Serpys se méfient toujours de moi, les regards noirs et les insultes je m'y suis habitué. Ils me considèrent comme un danger, je ne compte plus le nombre de conversations qui s'arrêtent brusquement lorsque je rentre dans une pièce. Beaucoup ont essayés de me rallier à leur cause, ils ont sondés mon opinions sur les Mangemorts et les Moldus, j'ai adoré leurs tête quand je leur ait annoncé de but en blanc que je comptais bien ratatiner leur mage noir de pacotille. Après ça, ils se sont contentés de m'observer de loin, de chuchoter, de cracher des insultes, de conspirer d'un air menaçant en me pointant du doigt. Leur hostilité est maintenant largement plus silencieuse, Draco y est pour beaucoup ! Ces regards glacés et ses menaces font de l'effet même ici en plein territoire Serpent. Je souris malgré moi en repensant à la perpétuelle intimidation à laquelle Draco soumet les Serpentards.
Je passe la majorité de mon temps libre au sein de la communauté Serpentarde en ce moment. J'ai assisté à leurs nombreuses soirées, à leurs réunions ultra secrètes, un lit a même été installé spécialement pour moi dans le dortoir des Serpents entre celui de Blaise et celui de Draco lorsque ceux-ci ont découvert la façon dont me traitaient les Gryffondors. L'atmosphère est tellement différente ici. Il faut toujours que je surveille mes arrières, pourtant je me suis fait des amis qui dureront pour la vie, j'ai l'impression. Je me sens bien. Ils ne m'abandonneront pas comme l'ont fait Ron et Hermione, j'en ai l'intime conviction.
Je m'entends comme larron en foire avec Milly et Pans'. Elles sont adorables et hilarantes, notre complicité a été instantanée, et elle a tenu le choc après la fête. On est toujours fourré ensemble tous les trois. Nos crises de fous rires sont mémorables, nos délires sont complètement fous et tiré par les cheveux. Avant de les connaitre, je n'avais jamais autant ris, je crois. Enfin elles restent quand même effrayantes parfois… Ce sont des Serpentardes ! Une fois elles m'ont trainé de force dans une de leur virée shopping, on a passé des heures à refaire ma garde robe qui était pourtant parfaite, un peu grande certes… Je n'oublierais jamais la pile de vêtements que j'ai dû essayer, le nombre de Gallions que j'ai dû débourser… Je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie… Plus jamais ça je peux vous le jurez !
Je m'entends très bien avec mes camarades de dortoir également. Enfin la plupart d'entre eux en tout cas…
Théo est un véritable rat de bibliothèque, il adore lire. Mais contrairement à Mione il ne se contente pas des manuels scolaires, il est passionné par la vision que les Moldus ont de notre monde, il est fasciné par ce qu'ils écrivent sur la magie. Il souhaiterait rencontrer de nombreux auteurs de livres de fictions, comme J.R.R Tolkien, ou Brandon Sanderson, il m'a même demandé si je les connaissais… Ses Sang-Purs sont tous complètement à coté de la plaque ! Lui et moi on discute souvent tous les deux, il aime m'entrainer dans des conversations pseudo philosophiques dans le seul but de voir quelle sera ma réaction, la plupart du temps ces discussions sont du grand n'importe quoi et partent généralement en queue de poisson…
J'ai aussi fait la connaissance de Blaise. Il a beaucoup d'humour, ces blagues sont tellement tordantes que je me retrouve souvent à taper du poing par terre, les larmes aux yeux, sans pouvoir m'arrêter de rire. Il est moins réservé que la plupart des Serpentard, il ne ressemble pas à la plupart d'entre eux, il est beaucoup plus ouvert. Il me parle sans complexe d'absolument tout et de rien, il est allé jusqu'à m'avouer qu'il trouvait Ginny plutôt jolie malgré son statut de belette, ce que j'ai trouvé à la fois ahurissant et tout à fait hilarant. C'est un vrai Casanova, il saute sur tout ce qui bouge ! J'en été un peu choqué au début mais j'ai vite compris que les filles qu'il séduit ne lui en tiennent pas rigueur, elles savent très bien dans quoi elles mettent les pieds en rentrant dans son jeu, il laisse très peu de cœurs brisés dans son sillage mais essaye de profiter de la vie de son mieux. C'est sa philosophie comme il me l'a lui-même expliqué maintes et maintes fois.
Il ne reste plus que Draco… Draco…
C'est de lui que je me sens le plus proche sans trop savoir pourquoi. J'ai l'impression de le connaitre depuis beaucoup plus de temps que je ne le connais en réalité. J'ai l'impression de connaitre cette facette de sa personnalité depuis toujours en vérité. Il est tellement différent du personnage arrogant et vicieux que j'ai rencontré il y a de ça six ans maintenant. Il est plus doux, plus détendu, plus souriant, plus calme, plus intéressant… On a été ennemi pendant des siècles et pourtant en regardant en arrière j'ai l'impression d'avoir eu affaire à deux personnes différentes. Il y a le Draco plein de chaleur pétillant de malice et de douceur d'aujourd'hui et le Malfoy arrogant, plein de rancœur et de mépris qui me haïssait il y a encore quelques temps. C'est… Perturbant…
Le Draco d'aujourd'hui, je n'ai aucun mal à l'apprécier depuis cette soirée où il a fini la tête à l'envers. Il est plein de mystères mais tout ces mystères ne font que me fasciner d'avantage, il est si… Différent… Il a de l'humour lui aussi mais dans une veine sarcastique tout à fait désopilante. Il est également passionnant ! Il connait tellement de choses, sur des sujets tellement variés. C'est absolument déconcertant d'interagir avec lui, il est d'une intelligence rare. J'adore lui parler, l'observer car peu importe ce que je prévois, il réagit toujours de manière totalement inattendu. Il est imprévisible, impulsif, drôle, rusé… Il part toujours au quart de tour mais quand on le connait mieux ça devient plutôt marrant de le rendre fou… Il est captivant…
Tout en lui me fascine. Il est tellement beau… On dirait un ange… Il a un corps parfait, finement musclé, d'une blancheur d'albâtre… Il est grand, fort malgré son apparente fragilité, sa seule présence en impose, son charisme ne connait pas de limite… Son visage semble avoir été sculpté dans la pierre pour garder ce fragment de beauté pour l'éternité. Ces traits ont étés habilement dessiné par un Dieu peu clément pour nous autres mortels. Le résultat est à couper le souffle. C'est une œuvre d'art. Mais le pire, le pire se sont ses yeux. Des yeux dans lesquels on pourrait se noyer, ils expriment toutes ces émotions comme un livre ouvert, ils sont d'une nuance étonnante de gris argent, ils ressemblent à deux orages en pleines tempête… Et son sourire, son sourire ! Il est… Unique… Et perturbant…
Je nage en pleine confusion. Il y a quelques jours j'ai découvert que je trouvais Draco attirant… Et je lutte contre cette révélation qui s'impose à moi comme une vérité absolue. Lui et moi c'est impossible ! On est amis, je ne vais pas venir tout gâcher avec des sentiments déplacés ! Et, et je ne suis pas gay, si… ? Peut être bien que si finalement, ça n'a pas vraiment d'importance, Draco et moi ça ne se fera pas…Et pourtant, une toute petite partie de moi continue d'imaginer ce qui se passerait si je lui avouais tout, comment il réagirait, ce qu'il ferait, en général ça se finit plutôt bien !
Je rougis de gène en m'apercevant de la tournure que prennent mes pensées. Je regarde nerveusement à droite et à gauche pour m'assurer que personne n'a rien remarqué et je reprends tranquillement le fil de mes pensées.
Avoir quelqu'un avec qui tout partager, que je pourrais prendre par la main dans les couloirs de Poudlard, qui me soutiendrait peu importe ce qui se passerait, avoir quelqu'un qui serait là pour moi, c'est mon rêve depuis tout petit… Peu importe que ce soit un garçon ou une fille… Et je me rends compte que plus j'apprends à connaitre Draco et plus j'aimerais que cette personne ce soit lui, c'est vraiment quelqu'un à qui je peux me confier, sur qui je peux m'appuyer, quelqu'un de fort qui ne se sauvera pas au premier « Avada Kedavra »…
Je soupire de frustration. Il faut que j'arrête d'y penser. C'est pas possible Harry, ça n'arrivera pas et tu le sais très bien, c'est pas la peine de te faire du mal pour rien ! Je ne veux pas le perdre pour si peu, oui il est beau, oui il est intéressant c'est pas pour ça que je vais me laisser en tomber amoureux ! Hors de question ! En plus, j'ai plus ou moins compris qu'il était sorti ou sort toujours avec Pansy l'autre soir ou je ne sais quoi alors… Chasse gardée Harry, pas touche !
Je vais continuer exactement comme je l'ai fait jusqu'à maintenant, c'st à dire ignorer ces sentiments naissant et me comporter en ami, je suis enfin à ma place il est hors de question qu'on m'y déloge ! Je vais réprimer mes sentiments un maximum, l'espèce de monstre de jalousie tapi au plus profond de moi va arrêter de grogner de déplaisir à chaque fois qu'il aperçoit Draco et Pansy ensemble, se parler, rire, se regarder… Tout va bien se passer Harry, dans deux trois jours tu verras tu l'auras complètement oublié le Draco Malfoy !
- Harry ! Hé, Harry ! Réveille toi, ça fais trois heures que je te parle ! Qu'est ce qui t'arrive ? Je peux m'asseoir oui ou merde ?
Perdu dans mes pensées, je relève la tête brusquement juste à temps pour voir Blaise s'affaler lourdement sur le fauteuil d'à coté.
- Désolé, j'étais ailleurs…
- J'avais remarqué ! T'es pas déjà sur les gradins avec les autres pour le Match ?
- Comme tu vois… J'avais pas envie de croiser Ron… Je veux dire la belette et Granger, tu sais comment ils sont en ce moment, toujours sur mon dos… Je suis légèrement fatigué de leurs insultes…
- Ouais… Mon pauvre, dire que c'était tes amis, je pensais qu'ils te respectaient, enfin bref désolé pour toi mon pote !
Il me tape sur l'épaule d'un geste amical et je lui souris maladroitement. Je change de sujet de mon mieux :
- J'attends Draco en fait, ça fait bien un quart d'heure qu'il se prépare, et toi pourquoi t'es pas encore là bas ?
- Oh tu sais, moi et le Quidditch…
Je hoche la tête, acquiesçant, il évite quelqu'un j'en suis sur, mais qui ça peut bien être ? Nous tombons tous les deux dans un silence agréable, on n'a pas vraiment besoin de mots pour passer un bon moment et je déteste les gens qui parle à tort et à travers ! Malgré moi, j'ouvre la bouche, stupide, stupide Harry :
- Au fait à propos de Draco…
J'hésite un instant, plus très sur de vouloir poser la question mais Blaise me regarde d'un air inquisiteur et demande :
- Oui… ?
-Est-cequ'ilsortavecPansyparcequec'estcequej''estmonamituvois ! Je lâche tout en bloc.
Blaise me regarde un moment interloqué puis s'exclame :
- Excuse moi Harry, mais… Quoi ?
Je prends une grande inspiration histoire de me redonner du courage et je répète plus lentement :
- J'ai entendu dire que Draco sortait avec Pansy et je me demandais si c'était vrai…
Blaise me fixe un instant perplexe, comme s'il se demandait si par le plus grand des hasards je ne chercherais pas à le piéger ou à lui jouer un mauvais tour, puis à mon grand étonnement il explose de rire. Les larmes lui montent aux yeux alors que je le regarde comme si j'avais affaire à un fou furieux, non mais qu'est ce qui lui prend ? Elle était tout à fait raisonnable ma question ! Pendant un long moment je n'entends que le bruit de son rire étouffé par un des oreillers placé sur son fauteuil, les larmes coulent à présent abondamment sur ses joues. Lorsque je le vois émerger à nouveau un air presque sérieux sur le visage, son rire reprend de plus belle en voyant mon expression hébétée. Après quelques minutes de fou rire intense, il finit par se calmer, un sourire moqueur accroché sur ses lèvres :
- On s'est foutu de toi, Potter !
- Pardon ? Je murmure, choqué.
Une expression d'incompréhension doit passer sur mon visage car Balise reprend aussitôt entre deux éclats de rire :
- Draco est GAY, Potter ! Hahaha, lui sortir avec Pansy c'est trop drôle…
Je rougis. Il est gay… ? Alors ? Mon cerveau m'aspire comme un véritable trou noir et des images de Draco et moi passent devant mes yeux… De nombreuses possibilités déferlent par vagues dans mon crâne. Est-ce que j'aurais une chance finalement. Je me mords la lèvres sauvagement, mal à l'aise, il faut que je reste impassible sinon Blaise va tout deviné ! Je rougis de plus belle.
- Intéressé, Potter ? Demande Blaise, un sourire narquois sur les lèvres. Ce mec est un monstre !
- Intéressé pas quoi ? S'élève une voix derrière nous.
Nous nous retournons d'un bloc. Draco descend l'escalier de colimaçon qui mène au dortoir, une robe de Quidditch verte et argent sur les épaules. Elle lui va bien, elle souligne parfaitement les contours de sa silhouette. Je rougis de plus belle et me retourne précipitamment pour qu'il ne remarque rien.
- Par rien… Je murmure d'une voix rauque. On y va oui ou non à ce match de Quidditch, parce que si l'attrapeur des Serpentards ne se présente pas les Gryffondors ne seront plus les seuls à avoir perdu contre Poufsouffle !
Ils hochent la tête, et nous dirigeons de concert vers le terrain de Quidditch.
Alors que je me dirige vers les gradins avec Blaise pour rejoindre Pans', Milly, Théo et Flint, Draco marche d'un pas pressé vers les vestiaires afin d'aller motiver son équipe. Je le regarde s'éloigner, le sourire aux lèvres.
C'est toujours bizarre de se tenir debout dans les gradins quand on a plutôt l'habitude de voler en plein ciel, de prendre de l'altitude sous les applaudissements des spectateurs. C'est d'autant plus étrange puisque je me tiens dans la tribune réservée aux Serpentards, en plein milieu de tous ces verts et argents je me sens un peu nerveux. Au milieu de toute cette excitation, je me fais tout petit malgré la présence rassurante de mes compagnons.
Je regarde un instant la foule des supporters autour de moi. J'entends déjà les hurlements de quelques groupies qui crient impitoyablement le nom de leurs joueurs fétiches. Des « DRACOOO, DRACOO ! » fusent de toutes parts et n'échappent pas à mes pauvres oreilles. Mes tympans résistent tant bien que mal à ce vacarme assourdissant. Les Serpentards ont mis le paquet en matière de banderoles et de drapeaux visant à supporter leurs meilleurs joueurs. La plupart sont magiques et envoient régulièrement des gerbes d'étincelle vertes et argents en direction du terrain. J'aperçois même une première année qui semble avoir ramené une minuscule vipère vert foncée, qui porte une écharpe miniature aux couleurs des Serpents. Est-ce que cette petite chose de rien du tout serait… leur mascotte ? Je rigole sous cape. Je me détourne lorsque mes oreilles captent un bruit étrange. On dirait… Une chanson… Sans doute une version Poufsouffle de « Weasley est notre roi ». J'aperçois également quelques troisièmes années essayer d'intimider l'équipe Poufsouffle d'un air menaçant. Ça n'a pas l'air franchement efficace…
Je jette un coup d'œil rapide du coté des Gryffondors. Je les surprends à grincer des dents en lançant des regards mauvais dans ma direction. Ils n'ont pas l'air d'apprécier que je ne supporte pas les Poufsouffle comme eux… Quand vont-ils comprendre que je ne souhaite plus faire comme eux ? Ils m'ont suffisamment blessé comme ça en m'abandonnant du jour au lendemain comme une vieille chaussette…
Finalement, après ses quelques minutes d'attente, les deux équipes font enfin leur apparition sur le terrain. Les Serpentards ont fier allure sur leurs tout nouveaux Eclairs de Feu. Les Poufsouffles sur leurs Comètes 99 n'ont aucune chance de gagner. J'observe Draco faire face à l'équipe adverse d'un air arrogant. Je lève les yeux au ciel, toujours le même ! Je continue de le regarder sans pouvoir détacher mes yeux de sa personne. Ses cheveux blonds platine volent au vent, agités par une douce brise. Ses yeux brillent d'excitation à l'idée de voler, ses joues sont rosées par le froid ambiant, ses lèvres semblent m'appeler à lui comme un papillon appelé par une flamme. Je secoue la tête pour chasser Draco de mon esprit.
Les deux équipes sont face à face à présent. Madame Bibine se tient entre les deux camps opposés, la malle contenant, le Vif d'Or, le Souaffle et les Cognards à ses pieds. Elle déclare :
- Serrez-vous la main, et le match pourra commencer.
Les deux capitaines s'avancent l'un vers l'autre, le balai à la main, et s'agrippe violemment la main en essayant de se broyer mutuellement les phalanges. Ils finissent par s'éloigner en secouant rapidement leur main endolorie. Madame Bibine saisi son sifflet, ouvre la malle et s'écrie :
- 1, 2, 3… Décollez !
Un son strident retenti alors que les quatorze joueurs s'élèvent dans les airs. Aussitôt le match commence et la voix grave de Terry Boot retentit sur le stade :
- Et le Souaffle entre en jeu Mesdames et Messieurs ! Les Poufsouffles s'en emparent immédiatement et c'est Susan Bones qui a la balle ! Un Cognards est envoyé par Gregory Goyle qui la manque de peu heureusement ! Susan se dirige vers les but, et… Elle rate ! Les Serpentards récupèrent le Souaffle en force et fonce en direction des buts ! Faites qu'ils ne marquent pas…
Je prête à peine attention au commentateur, qu'est-ce qu'il y connaît hein ? Je ne prête pas tellement attention au match non plus d'ailleurs… Les joueurs se passent la balle d'un bout à l'autre du terrain, les Cognards bousculent des joueurs, les gardiens arrêtent des buts et en laissent passer d'autres mais tout ça n'a aucune importance à mes yeux… Je ne vois que par Draco…
Il tourne en larges cercles au dessus du terrain, à la recherche du Vif d'Or. Il n'est qu'un point dans l'horizon et pourtant mon imagination me permet de me le représenter parfaitement. Il doit avoir ce petit air déterminé et concentré qui lui va si bien sur le visage. Il doit scanner les alentours rapidement tout en gardant un œil avisé sur l'attrapeur adverse. Je me rappelle la sensation de ses yeux qui suivent le moindre de mes mouvements dans les airs. Je sens un frisson me traverser. Je l'imagine lancer de petites insultes piquantes à Summerby dans le but de le déconcentrer. Il est si… Prévisible…
Au bout d'un moment, je sens l'ennui le guetter comme s'il était à coté de moi. Le match dure depuis trop longtemps déjà… Il entreprend d'exécuter des figures toutes plus acrobatiques les unes que les autres pour se distraire. En l'apercevant virevolter en plein ciel, les Serpents hurlent des encouragements, acclament de toutes leurs forces ce véritable spectacle de voltige qu'il leur offre.
Beaucoup disent que j'ai le vol dans le sang, que je suis le meilleur joueur de Quidditch depuis plus d'un siècle, cela dit m'a façon de voler n'est qu'instinctive. Elle n'est rien en comparaison de celle de Draco. Je ne vole pas comme Draco sait si bien le faire. Il possède une plus grande maitrise de la technique, quand il vole c'est spectaculaire, on n'arrive plus à détacher les yeux de sa personne, il est si… Gracieux… Chacun de ses mouvements est exécuté avec souplesse, élégance et finesse. C'est magnifique… Il se déplace dans les airs avec une grâce féline qui me fait pâlir de jalousie.
Ses groupies hurlent de plus en plus fort en brandissant leurs drapeaux comme des furies. A ma plus grande honte, je les comprends… Même de tout en bas, il est éblouissant…
Soudain, en plissant les yeux, j'aperçois Summerby piquer vers le sol. Draco réagit avec quelques secondes de retard, et fonce à sa poursuite. Ils se retrouvent bientôt côte à côte, luttant pour la victoire. Le Vif d'Or doit flotter dans les airs, pas trop loin du sol. Je fronce les sourcils en essayant de le distinguer. Là ! A quelques mètres des gradins !
La foule se fait brusquement silencieuse, retenant son souffle, dans l'expectative. La capture du Vif d'Or sera décisive, les scores ne sont pas assez disparates pour faire la différence.
Je sens ma propre respiration s'accélérer. « Aller Draco, Aller… Faut que t'attrapes cette putain de petite balle dorée ! Gagne ! »
Je vois Draco accélérer légèrement, dépassant l'attrapeur Poufsouffle de quelques centimètres. Dans une manœuvre digne d'un Poursuiveur de basse catégorie, il pousse d'un petit coup à peine perceptible son adversaire, ce qui envoit le pauvre Summerby dans la mauvaise direction. A pleine vitesse, je vois Draco se rapprocher, de plus en plus de nous. Ces traits sont plissés dans une expression d'intense concentration. Lentement, comme pour ne pas effrayer le Vif d'Or, il tend la main. D'un geste vif, il s'en empare un sourire victorieux étirant ses lèvres.
Jamais je n'avais vu pareille expression sur son visage. Ses cheveux emmêlés dansent sur son visage éclairé par son sourire éclatant. Ses yeux brillent d'une joie immense. Je pousse un soupir. Je comprends de mieux en mieux pourquoi les gens amoureux soupirent à qui veux tu en voilà… Attend j'ai dis, amoureux ? Je ne suis pas amoureux de Malfoy ! Pouah ! Ça n'arrivera jamais ! N'empêche qu'il est… Envoutant… Arrête Harry c'est pas le moment de baver !
Draco s'élève à nouveau dans les airs brandissant le Vif d'Or.
- Le match est gagné ! Les Serpentards remportent la victoire ! S'exclame Terry Boot d'un ton défait.
Aussitôt, je suis englouti par une foule de Serpentards surexcités se dirigeant vers le terrain, courant pour féliciter leurs joueurs en hurlants. Je suis bousculé de toutes parts alors que je joue des coudes pour me frayer un passage à travers ce flot de Serpentards hystériques. Je retrouve Pansy et Milly à mi chemin et ensembles en usant nos cordes vocales à épuisement nous parvenons à dépasser la multitude de groupies de Draco pour le regarder atterrir en douceur. Instantanément, Pansy Milly et moi sommes repoussés à l'autre bout du terrain alors que quelques dizaines de filles folles à lier se jettent sur lui toutes griffes dehors. Je sens le monstre dissimulé en fin fond de moi gronder de rage et de fureur. La jalousie me prend aux trippes, et je mets à bousculer les gens sur mon chemin pour arriver jusqu'à Draco. Pourquoi ces filles ne le lâchent-elles plus ? Pourquoi est-ce qu'il rit plaisamment en les regardant ? Pourquoi est-ce qu'il ne leur dit pas qu'il n'est pas intéressé, hein ? Il est gay ou il ne l'est pas hein ? La jalousie me fait perdre la tête alors que je marche vers lui. Je vois rouge en le regardant sourire à ses greluches. Je vois rouge. Je n'arrive plus à réfléchir. J'ai juste envie de crier à toutes ces filles « Pas touche, il est à moi ! ». Je m'approche à grand pas… Comment osent-elles ? Ma tête se vide alors que j'arrive en face de lui. En l'espace de quelques instants je me sens comme enivrer par sa présence. J'ai le vertige. Il est si… Il est… Je…
- Harry ? Harry ? Potter ? Ça va ? Qu'est ce qui t'arrives ?
Je perds totalement le contrôle en entendant sa voix grave résonner en moi. Sans plus essayer de réfléchir je m'approche de lui précipitamment et m'empare de ses lèvres dans un baiser enfiévré. Ses lèvres sont si douces contre les miennes. Surpris, il ne répond pas tout de suite à mon baiser, puis petit à petit je le sens se détendre à mon contact, je sens ses bras puissants m'emprisonner dans une étreinte passionnée alors que j'apprends à le découvrir. Nos langues s'entremêlent dans un duel enflammé. Je me sens défaillir. Je brûle. J'ai l'impression d'être ailleurs. Des frissons d'excitation me parcourent. Jamais, je n'avais ressenti ça. C'est inexplicable… Un véritable feu d'artifice éclate en moi. Je voudrais l'embrasser à n'en plus finir, à en mourir, je ne veux pas que ça s'arrête…
A contrecœur, je le sens s'éloigner pour reprendre son souffle. Je rouvre les yeux puis les baisse aussitôt. Je ne veux pas croiser son regard. Et si, s'il n'avait pas ressenti la même chose que moi ? Cette passion dévorante, ce feu brulant, cette étincelle… S'il recommençait à me détester ? Je ne veux pas le regarder. Je rougis furieusement. Qu'est-ce qui m'a pris ? Je… Je n'aurais pas dû… Je sens les larmes me monter aux yeux, je les ravale difficilement… Sois fort Harry ! Va falloir que tu l'affrontes maintenant ! Il ne ressent surement pas la même chose que toi, il va te contempler de ses petits yeux moqueurs et te balancer une vanne et tout redeviendra comme avant. Même si ça te parait insupportable, Harry, sois fort, ce n'est qu'un mauvais moment à passer…
Je déglutis visiblement, je lève les yeux vers Draco nerveusement. Je sens mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine. J'angoisse. Je serre les poings en me mordant la lèvre d'anxiété. Ma respiration est hachée et laborieuse. J'ai tellement peur…
Et comme prévu, les yeux de Draco sont posés sur moi, un petit sourire moqueur étirant ses lèvres. Je le savais… Je suis tellement… Stupide !
Je remarque à peine que tout est silencieux autour de nous, et que tous les yeux sont posés sur nous, je ne vois que lui. Et j'attends patiemment qu'il me brise le cœur en bon Serpentard.
A ma grande surprise, Draco m'attire vers lui avec force et m'embrasse à nouveau avec ferveur. J'écarquille les yeux d'étonnement avant de sourire dans son baiser. Je les referme savourant la sensation de ses lèvres sur les miennes, de son corps contre le mien. Je me sens si bien dans ses bras… Je me sens enfin complet. Bientôt, je suis sur, que je ne pourrais plus me passer de ses baisers…
A bout de souffle, je m'éloigne de ses lèvres pour respirer. Il m'adresse un sourire foudroyant, ses yeux pétillant d'une émotion que je n'arrive pas à déchiffrer… Est-ce que ce serait… De l'amour ? Non ! On s'est embrassé, c'est un pervers ça ne va surement pas plus loin que ça !
Me rappelant brusquement son comportement lors du match, je lui donne une petite tape sur la joue avant de m'exclamer :
- Méchant Draco, c'était quoi cette feinte grotesque pour attraper le Vif d'Or ! T'es vraiment un incapable, pas même capable de gagner sans tricher !
Il secoue la tête d'un air attendri avant d'éclater de rire. Pansy au premier rang de l'assemblée silencieuse qui nous contemple bouche bée s'écrie tout à coup :
- Eh bah dites moi c'est vraiment pas trop tôt ! Depuis le temps que vous vous tournez autour !
La guerre fait rage autour de moi. Des sortilèges meurtriers fusent de tous les cotés, toute la palette de couleur s'entremêlent sous mes yeux. Dans d'autres circonstances, je me réjouirais sans doute d'un tel spectacle, de cet arc en ciel virevoltant de toute part, mais tout ce que je vois, c'est la mort. Elle m'encercle, m'oppresse. Des cris d'horreur et de souffrance retentissent douloureusement à mes oreilles. Je vois des gens lutter pour survivre, j'en aperçois d'autres tomber pour ne plus se relever. Mangemorts contre sorciers, baguette contre baguette, chacun se bat pour défendre sa vie, ce qu'il a de plus cher, ses idéaux, sa famille, son amant. Ils donnent tous leur vie pour quelque chose de plus grand, quelque chose qui les dépasse, et qui changera le monde tel qu'on le connait.
Des silhouettes encapuchonnées encerclent largement le parc de Poudlard. Ils sont arrivés de nulle part, au beau milieu de la nuit, probablement sous le couvert de la forêt interdite. Ils se sont vite rependus partout comme la peste, tuant d'un bout à l'autre du château. Réveillés par les hurlements de nos morts, la maigre défense que nous formons est désorganisée, inutile, faible, dérisoire. Ils nous ont pris complètement par surprise. Le résultat est catastrophique même les premières années sont obligés de se battre à nos cotés, pour leur survie, alors qu'il devrait être à l'abri dans le château, en sécurité. Sauf qu'on est plus capable de les protéger, alors les voilà entrainés en plein milieu du champ de bataille, traumatisés par le sang, incapable de se défendre, gémissant sur les corps de leur amis déjà tombés au combat. Cette vision me brise le cœur. Ils sont en première ligne face à ses monstres, c'est… inhumain ! Je sens la rage bouillonner en moi, et mes sortilèges fusent avec plus de force que précédemment mais les mangemorts sont partout, dans les airs, sur terre, dans le château, notre position est intenable. Les cris d'agonie sont de plus en plus nombreux, des cadavres parsèment le sol rouge de sang, je me concentre sur le moment présent, sur mes adversaires, sur rester en vie, sur sauver le plus d'innocents possible. Il faut que cette boucherie cesse. Je cherche Voldemort désespérément pour arrêter ce massacre. Il faut que je parvienne à mettre fin à cette guerre sans queue ni tête.
A chaque fois que j'arrive à repousser un Mangemort, un autre apparait pour le remplacer. Ils ressemblent à des vautours planant dangereusement au dessus de nos têtes, se disputant nos restes sanguinolents, tels les charognards qu'ils sont véritablement. Ce sont des monstres de cauchemars venus envahir notre réalité. Tous de noir vêtu, un noir reflétant la couleur sombre de leurs âmes, et accompagnés par des créatures à la fois fascinantes et monstrueuses qui peuplent nos conte de fées, ils sont terrifiants. Des trolls, des géants, des vampires, des gnomes, toutes les créatures de la nuit semblent s'être ligué contre non dans une lutte sans merci. Ils écrasent, ils déchirent, détruisent, massacrent, mordent, dévorent, torturent, tuent… C'est un désastre !
Les quelques membres de l'Ordre du Phoenix présent par miracle parmi nous, ne parviennent pas à organiser une défense cohérente, la poignée d'Aurors fraichement arrivés, ne fait pas le poids face à l'armée de créatures maléfiques devant nous. Plus de la moitié de nos combattants ne sont que des enfants sans préparation, sans entrainement, sans aucune expérience, ils hésitent à tuer, leurs baguettes pendent misérablement au bout de leurs bras, tremblotante, inutile, ils sont si maladroit. Leurs efforts sont si futiles par rapport aux mangemorts d'une mortelle efficacité qui nous font face.
Les mangemorts n'on aucun mal à pénétrer notre maigre défense pour faire encore plus de victime. Notre situation ne tient plus qu'à un fil, notre combat est désespéré, notre monde sur le point de s'écrouler. L'odeur du sang me fait perdre la tête. Je sens cette atroce puanteur partout autour de moi, elle imprègne l'atmosphère, c'est l'odeur de la mort, l'odeur de la fin. Je peux la gouter sur mes lèvres sèches, elle a le gout du désespoir, de la souffrance et de la haine. J'entends le fracas de la bataille autour de moi, le cliquetis des baguettes, la pétarade des sortilèges, le brouhaha des sanglots, l'expiration d'un dernier soupir.
Dos à dos, Draco et moi combattons furieusement au cœur de cette bataille dévastatrice. Derrière moi, j'entends sa respiration hachée, rendue laborieuse par l'effort. Les battements précipités de son cœur qui cogne contre sa poitrine m'ancre dans la réalité de la bataille. Ensemble nous repoussons tour à tour les mangemorts qui osent s'attaquer à nous, nous travaillons en parfaite harmonie, notre cohésion est impeccable, nos mouvement synchronisés ressemblent à une danse mortelle. Cependant, on se bat depuis si longtemps déjà… La fatigue se fait sentir, ma main, moite de transpiration, glisse sur ma baguette couverte du sang de mes ennemis, je n'en mène pas large exténué par les trois heures de bataille. Il faut que cela finisse, putain mais où est-il ? Où est ce putain de mage noir ? Où est Voldemort ?
Je lance un regard en coin à Draco. Il commence à fatiguer lui aussi. Ses cheveux blonds emmêlés virevoltent dans les airs alors qu'il se précipite pour jeter un sortilège sur un mangemort à quelques mètres de lui. Ses yeux brillent de détermination, sa mâchoire est crispée dans une expression de pure résolution. Ses poings sont serrés sur sa baguette magique, ses jointures rendus blanches par l'effort, il a peur de la lâcher, de fines perles de transpirations coulent sur son front, ses sourcils sont foncés, sa position de combat est parfaite, il est concentré sur la bataille, tout en lui respire la colère, la volonté de réussir, l'envie de sauver les gens autour de lui.
Encore une fois je suis surpris par son comportement. Depuis que Draco et moi nous sommes embrassés, notre relation a profondément changée. Il est devenu quelque chose comme mon petit ami, je crois bien. Et je… Je l'aime, il n'a pas cessé de me surprendre, de me faire rire, il est tellement… Lui… Je savais qu'il se battrait du coté de la lumière s'il y avait une guerre mais je ne pensais pas qu'il le ferait avec autant de force, d'efficacité, et de brutalité… Il sauve des vies… A vrai dire je suis surpris par le comportement de tous les Serpentards, ils se battent tous avec une égale détermination contre des gens qu'ils connaissent, parfois même contre leur parents proches ou éloignés, c'est… impressionnant.
Je secoue la tête pour chasser Draco de mes pensées, c'est vraiment pas le moment. Je me concentre à nouveau sur la bataille juste à temps pour éviter un autre « Avada Kevadra » lancé dans ma direction.
Soudain, un cri strident perce l'atmosphère. Un cri plein de frayeur et de souffrance. Je tourne la tête dans cette direction. Et alors que mes yeux croisent deux orbes rouges sang, une douleur intense me saisit et ma main se porte immédiatement à ma cicatrice en feu, brulante de haine.
Surpris par le fait que je me sois brusquement figé, Draco se tourne vers moi, inquiet :
- Potter ? Potter ? Harry ? Qu'est ce qui…
Il s'interrompt soudainement en suivant mon regard. Devant nous, de l'autre coté du lac, Voldemort contemple le spectacle qui s'offre à lui, son rire suraigu glaçant l'atmosphère déjà chargé de terreur. Il est entouré par un large cercle de mangemorts, se battant pour défendre sa vie, mais il n'y prête pas la moindre attention, ces yeux sont posés sur moi, et un sourire diabolique déforme son visage de serpent.
J'ai du mal à respirer tellement ma cicatrice me fait mal mais je soutiens le regard de Voldemort comme si ma vie en dépendait, et c'est surement le cas. Je le défis du regard de venir m'affronter, il faut que cette bataille se termine, quel qu'en soit le prix.
D'un geste vif, il se débarrasse de la grande cape noire qui l'enveloppe et la jette à terre dans un mouvement théâtral. Sans me quitter des yeux, il saute dans les airs avec souplesse et s'élance dans le ciel. Il… Vole ? Je suppose que c'était à prévoir, avec un maniaque de mage noir comme lui et c'est… approprié, je veux dire il s'appelle Voldemort oui ou merde ? Il vole pour apporter la mort, oui c'est… presque logique.
Je secoue une nouvelle fois ma tête, mon Dieu, mais qu'est ce qui me prend c'est pas le moment de faire des blagues pourries. Je sens une montée d'adrénaline courir dans mes veines, je fléchis légèrement mes genoux, je me baisse de façon à être plus ou moins à couvert, je resserre mon emprise sur ma baguette magique, je prends une grande inspiration et je me prépare à ce qui sera sans doute le dernier grand combat de ma vie. A mes coté, je sens Draco se crisper alors que Voldemort d'approche de plus en plus prêt. Il pose une main sur mon épaule et lui applique une légère pression, je croise son regard et dedans je peux lire la peur qui le transperce, et l'amour qu'il me porte. Je ne suis pas seul. Dans mon regard j'essaye de lui faire passer à quel point il compte pour moi, je sais que de simples mots n'y suffisent plus mais j'espère, j'espère… qu'il comprend.
Nous sommes face à face, enfin, pour la septième fois et la dernière sans doute. Nous affrontons du regard un instant avant de nous tourner autour en larges cercles concentriques. Emeraudes contre rubis. Baguette contre baguette. Le bien contre le mal absolue. Tous les combats semblent avoir cessé pour contempler la lutte ultime entre deux mondes diamétralement opposé. Un silence de mort règne sur le champ de bataille.
Je me concentre sur un sort informulé. Je produis un minuscule faisceau de magie et le dirige droit sur le cœur de ma Némésis. Un Stupéfix informulé devrait au moins le déstabiliser. Je relâche ma magie brusquement. D'un simple « protego » il parvient à déjouer ma manœuvre, il éclate d'un rire cruel :
- C'est tout ce que tu peux faire… Harry ?
Il prononce mon nom d'une voix mielleuse, il le susurre d'un ton cajolant. Ça m'écœure, c'est pire que toutes les insultes qu'il ne m'a jamais lancé. Rapidement, j'exécute une série de mouvements rapides à l'aide de ma baguette et je lance :
- Fetutina !
Le feu dévorant que j'avais invoqué est rapidement éteint par un extraordinaire jet d'eau provenant de la baguette de mon seul ennemi. Il continu de rire de manière sarcastique se moquant de mes efforts pour l'atteindre, il agit comme s'il ne s'agissait que d'un jeu pour lui.
Pendant les quelques minutes suivantes, j'essaie sortilège après sortilège sans jamais parvenir à atteindre Voldemort, son rire résonne de plus en plus puissant dans mes oreilles. Tous mes efforts semblent voués à l'échec, je me désespère peu à peu de ne jamais le toucher.
Fatigué, de mes piètres essais pour l'exterminer, le plus grand mage noir de tous les temps se décide enfin à prendre l'offensive. Il lance sur moi une pluie de sortilèges. Au début, mon bouclier magique me protège efficacement, mais les sortilèges maléfiques de Face-de-Serpent finissent par le fêler puis à le briser complètement. Alors que mon bouclier magique s'effondre, j'évite agilement trois sortilèges mortels dirigé vers moi et me réfugie derrière un rocher.
Je reprends ma respiration erratique tant bien que mal. Il me faut un plan, il faut que je trouve un putain de plan, il faut que je le tue, tout le monde compte sur moi… Il faut…
- Potter, réveilles-toi ! Qu'est ce que tu fous ?
Je tourne brusquement la tête. Je vois Draco sprinter vers moi à toute vitesse. Voldemort, gêné par cette intrusion, le choisit comme nouvelle cible. Je lui crie de s'écarter de partir, que cela ne le concerne pas, que c'est mon combat. Mais il ne m'écoute pas. Sans trop regarder dans la direction de Voldemort, Draco lance quelques sortilèges pour le distraire et continue de courir vers moi en évitant les sortilèges dirigés vers lui. La bataille reprend autour de nous. Mes alliés semblent comprendre que j'ai besoin de répit et c'est comme si d'un commun d'accord ils décidaient de me l'accorder ou de protéger Draco ils empêchent les mangemorts de se mêler des querelles de leur maitre. J'entends Ron me crier un vague encouragement, et je me surprends à sourire, malgré tout ce qui s'est passé, il compte tous sur moi.
Quelques instants plus tard, Draco s'accroupie à mes cotés profitant de la couverture que nous offre le rocher.
- Il faut que tu te battes Harry ! C'est quoi ces sortilèges minables depuis tout à l'heure, tu…
Il est brusquement interrompu par le bruit de la pierre qui explose. Nous nous recroquevillons à terre pour éviter les morceaux de rocher qui explosent devant nous. Le rocher qui nous protégeait vient d'éclater sous l'emprise d'un sortilège de Voldemort. Nous nous relevons précipitamment, Draco m'attrape la main et me tire brusquement en direction de la forêt interdite. Nous courons à perdre haleine dans la forêt jusqu'à atteindre un endroit où les arbres nous offre une protection suffisante contre les nombreux sortilèges de notre ennemi commun qui nous suit. Derrière un arbre centenaire nous arrêtons un instant pour reprendre notre respiration. Nos regards se croise, et je lis dans les yeux de Draco la même émotion que dans les mien, c'est la fin. Ma gorge se serre et je saisis sa main sans rien dire. Au loin, nous entendons la voix cruelle de Voldemort :
- Mes petit… Harry, Harry… Où es tu ? C'est vraiment comme ça que tu veux mourir mon petit, comme un lâche… Ton père m'a fait face lui tu sais… ta mère aussi, cette Sang de Bourbe… ça n'a rien changé au bout du compte, mais je te pensais plus courageux, Harry, tu me déçois… Viens, viens regarder ta mort en face…
Ma main se serre sur ma baguette, une larme coule sur ma joue, mon autre main agrippe toujours celle de Draco. Je croise à nouveau son regard et j'y lis la détermination et la force dont j'ai besoin pour avancer. Je hoche la tête fermement avec une certitude que je suis bien loin de ressentir. D'un seul geste, nous sortons de notre cachette, faisant face à la menace perpétuelle qui a toujours régie nos vies.
- Ah, te voilà enfin Harry, finissons en.
Voldemort éclate à nouveau de son petit rire cruel.
D'un même geste Draco et moi brandissons nos baguettes, droit sur le cœur du mage noir.
Voldemort ajuste la sienne sur moi, et lève un sourcil intrigué à la vue de nos mains entremêlés.
Il ouvre la bouche.
Trop tard.
- Avada Kevadra !
Nous hurlons à l'unisson.
Nos deux sortilèges verts fluo se rejoignent au milieu de leur course pour n'en former plus qu'un.
Touché.
Il atteint Voldemort en plein cœur.
Il s'écroule sur le sol au ralenti, sa tête heurte le sol dans un bruit sourd.
Je contemple un instant le corps sans vie de ma Némésis avant de me tourner vers Draco.
C'est fini.
- Embrasse-moi.
Il s'exécute en tremblant de joie, d'excitation, d'adrénaline et de soulagement.
C'est fini.
Emprisonné dans mes couvertures, je me réveille en sursaut, la respiration haletante, est ce que tout cela n'était qu'un rêve ?
Rin : Je pensais faire une fic en plusieurs chapitres à partir de là, où Harry serait plus ou moins influencé par son rêve mais bien sur ça va mal tourner, Draco n'est pas aussi gentil dans la réalité, alors je continue ou pas ? Qu'est ce que vous en pensez ? Une petite review ?
Harry : *vomis* Berk… C'est tout guimauve et juste berk…
Rin : ça va s'arranger, ça le sera beaucoup moins si je contins, je promets, il fallait juste que Harry est envie d'aller s'asseoir à la table des Serpentards il lui fallait une raison !
Draco : Je préfère ça, je n'aime pas être gentil, et je n'aime pas Potter, attends, quoi, il va aller s'asseoir où ?
Rin : Héhé…
Draco : T'as pas intérêt Uzumaki, je te l'interdis…
Rin : *gloups* Chers lecteurs, j'en appelle à votre compassion aidez moi, argh, je vous appelle à l'aide, si j'ai des reviews je vous promet de me battre et de continuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuer, Aaaaaaaaaaaaah…
