Source: Dir en Grey
Auteur: Nov-Amber
Genre: Hum... Yaoi, Romance... et un peu Angst sur les bords, je crois XD
Couples: ...
Disclaimer: Pas à moi... patati... patata... seulement à eux-mêmes...

Notes: Japanese Zombie Heroez, pour ceux qui ne le savent pas, c'est le tatouage que porte Kaoru au bras droit... et ça s'écrit bien comme ça, je (nous?) l'avons bien vérifié! XD

¤¤¤¤ changement de jour

Titre: Japanese Zombie Heroez

Prologue

« - Hé! »

Le cri trancha l'air, comme une insulte au silence, déchira sans remords sa bulle de solitude. Le cri trancha l'air, comme il aurait voulu se boucher les oreilles pour ne pas l'entendre, et pour ne pas sentir résonner son écho, lourd et douloureux, dans ce qu'il restait encore de cerveau. Un regard. Inutile. Il savait bien qui était là.

« - C'est moi, Die… Répond… »

Moi. Il ferma les yeux, les rouvrit pour voir masqués de larmes, amorça un geste de la main vers l'autre. Moi. Il fallait que cette personne s'en aille, immédiatement, avant qu'il ne craque une bonne fois pour toutes. Il ne voulait plus. Plus avoir honte. Plus affronter ce regard naïf. Ou alors il allait mourir. Moi. Dieu, qu'il se sentait sale devant ces yeux pleins d'innocence. D'ignorance ou d'innocence? Les deux revenaient au même, les deux revenaient au passé.

Moi.

Où était passé tout ce temps? Ou était passée cette entité, ces cinq corps unis en un cœur, ce nous qu'ils nommaient fièrement « Dir En Grey »?

« - Kaoru… »

Tais-toi, je t'en supplie, tais-toi… Ca ne devrait pas être bien difficile à dire, non? Et ça épargnerait plus de souffrances encore, et peut-être même les quelques derniers lambeaux de sa fierté bafouée. Allez, courage. Lève-toi contre cet homme, même si lui n'a rien fait. Pour survivre, même en tant que misérable insecte. Crever serait trop risqué. Tu n'es pas encore prêt à affronter cet avenir-là.

« - Je partirai pas sans avoir eu de réponse, tu sais… »

Un pas. Deux pas. Machinalement, Kaoru se replia sur lui même, lui tourna le dos une nouvelle fois. Plus aucun bruit. L'autre semblait s'être figé. Mais il sentait encore son souffle dans l'air, souffle meurtrier, chargé de toute la lumière qu'il ne connaissait pas… qu'il ne connaissait plus.

« - Hé… dis-moi juste pourquoi t'es parti… »

Son cœur rata un battement, misérablement il se traîna un peu plus loin de son ancien ami. Cette question, il ne voulait pas y répondre. D'ailleurs il ne voulait même plus y penser. Plus jamais. Oublier toutes ces fausses raisons, et ces souvenirs bafoués, déjà flous et imprécis comme le plus lointain des rêves. Un rêve qui avait trop tôt tourné au cauchemar.

« - Dis-moi…

- TOI! »

C'était la première chose qui lui était venue. Sûrement pas la vérité, peut-être même son exact contraire. Il crispa une main sur la toile de son pantalon, presque certain que, derrière lui, son camarade le faisait aussi. Un jet de feu remonta dans sa gorge, se perdit dans une toux violente. Un seul et unique mot. Hurlé, de toute la force qui restait dans son corps. Il n'avait plus parlé depuis son départ. Combien de temps, déjà? Trois mois…

La porte claqua. Kaoru se releva en titubant. Pendant un instant, il eut presque envie de courir, de se jeter dans la rue et de le retenir, renonça aussitôt. Son regard vague se posa tout autour de lui, parcourant sans trop y prêter attention l'amas de détritus et de vêtements sales qui avaient bien pu s'accumuler dans son salon. Nouvelle traînée brûlante. Celle-ci vint se perdre dans sa gorge, le secoua d'un sanglot.

Et puis il retomba. Il retomba, et pendant longtemps resta immobile, entre la bière vide et les cordes d'une guitare déjà poussiéreuse, les yeux ouverts dans le vide. Quel vide? Celui de sa tête, celui de sa vie.

Celui de cette gorge qui pourtant étouffait, et de ce cœur qui sonnait creux depuis qu'il avait quitté Dir En Grey.

-

Connard.

La colère lui donnait des ailes comme elle lui déchirait son espoir. Son sang battait trop vite dans ses veines, au rythme de sa course sur le goudron bouillant. Il allait exploser. Il allait imploser. Et sa peau en lambeau allait tapisser ces rues maudites. Douce fin.

Connard. Connard.

Il serrait ses poings trop forts, au point même que ses ongles avaient commencé à en entamer la chair fragile de sa main. Mais ça, il s'en foutait bien. Il fallait juste qu'il continue, qu'il s'éloigne encore. Fuir. Oublier. Pour toujours.

CONNARD!

Il s'arrêta. Sans trop le vouloir vraiment, juste par habitude. A sa droite se trouvait déjà leur local de répétitions. Il se plia en deux, ses mains vinrent prendre appui sur ses genoux tremblants. Quelques mèches flamboyantes lui tombaient devant les yeux, venaient s'ajouter à l'écarlate de sa fureur. « Toi ». Est-ce que Kaoru avait au moins réalisé tout ce que cela pouvait vouloir dire?

Je… te… déteste…

Enfoiré…

Une main se posa sur son épaule. Il sursauta, se retourna brusquement. Pendant un instant, ses yeux le trompèrent, et il eut la certitude que le destin avait enfin fini de se jouer de lui. Aussitôt déçue.

Pour un peu, l'illusion aurait été parfaite. Ce n'était pas un hasard, ils avaient tout mis en œuvre pour cela. Ils avaient cherché quelqu'un qui lui ressemblait exactement, faute de ne pouvoir le retrouver lui-même. Peut-être que ça avait été une erreur, finalement: Ce garçon-là, il était comme l'exact reflet de l'être perdu. Mais comme dans tous les miroirs, il y avait un détail, un maudit détail qui donnait mal au cœur, que ce soit le sens, une fissure ou la mémoire…

Même sa manière de jouer lui ressemblait. Un peu. Ces lèvres qu'il pinçait aux instants critiques, la facilité déconcertante à enchaîner les riffs, la bestialité de ses cris, en concert, quand enfin toute la tension se relâchait. Mais la maturité et l'expérience n'étaient pas encore là. Kyô et lui, pour avoir le plus fréquenté leur ancien guitariste, avaient été les premiers à le remarquer, pour l'écarter aussitôt. Oublier. Tout oublier. C'était avec cet homme, ce Kahei, que l'aventure avait commencé. C'était ce qu'il voulait croire. C'est ce qu'ils voulaient tous croire.

Si seulement ils avaient pu…

¤¤¤¤

S'il avait dû ne reprocher qu'une seule chose à leur ancien guitariste, Kyô n'aurait pas hésité une seule seconde: L'avoir laissé aîné de Dir En Grey, et en quelques sortes responsable. Jamais, durant "l'ancien temps" de Dir En Grey, il aurait pu penser qu'un jour il serait leader. Sauf, peut-être, dans ses pires cauchemars.

En trois mois, la situation n'avait jamais, pour ainsi dire, cessé d'empirer. Oh, bien sûr, Shinya ne disait toujours rien, mais Toshiya et Die, eux, s'étaient littéralement déchaînés. Surtout Die. Moqueries, ironies, batailles de partitions, larsens d'autant plus atroces qu'ils étaient volontaires, étaient depuis peu leur lot quotidien. Tout en essayant, seulement en essayant, de prendre des allures plus adultes et autoritaires, histoire de remettre dans le droit chemin les trois abrutis qu'il restait de son ancien groupe, il avait fini par se dire que ça n'était que pour décompresser un peu. Et puis ce Kahei, là, ce petit fan pitoyable qu'ils n'avaient engagé que par défaut... il n'avait de Kaoru que son apparence, et de vagues traces de caractères, et encore. C'était sûrement celui dont il tolérait le moins les frasques, et celui dont il souhaitait le plus souvent la mort.

Voilà, il fallait qu'il meure. Comme ça ils pourraient récupérer leur bon vieux "Leader", et il aurait enfin la paix.

« - Kyô?! »

Il jeta un regard morne par dessus ses mains croisées, croisa celui, désespérément rieur, de leur bassiste. Bon sang, c'était le retour en force des évadés de la crèche. Au moins, Die n'était pas encore arrivé...

« - Bah alors, t'es déjà là? T'es tombé du lit ou quoi? C'est tes nouvelles responsabilités de boss qui te rendent ponctuel? »

Comment, au juste, pouvait-on être si énergique et si chiant de bon matin? Franchement, ça lui échappait. Oui, il s'était levé tôt. Oui, il était arrivé au local en avance. Et pourquoi? Pour ne pas qu'on se foute de lui et pour pouvoir rattraper sa nuit avant que les autres ne débarquent. Au plus il y pensait, au plus il regrettait que Shinya ne soit pas un peu plus vieux. Lui, il était calme. Lui, il ferait un bon leader.

« - S'teuplait, Totchi, va accorder ta basse et laisse-moi pioncer encore un peu... »

...et, s'il te plaît, étrangle-toi avec tes cordes et ne revient à la vie que pour le début des répètes...

« - A vos ordres, chef! »

Allez, fais-moi plaisir...

-

« - Hé... c'est encore moi... »

Jamais il n'aurait pensé que Die, celui-là même qu'il avait cru connaître pendant des années, pouvait se montrer si... tenace. Jamais il n'aurait pensé que, même après l'avoir entendu lui parler si brutalement, son ami reviendrait. Mais qu'est-ce que ça lui faisait, au juste? De la peine? Du mal? Peut-être un peu de tout, en un mélange absurde, mauvais à en vomir.

« - Toujours pas décidé à parler, à ce que je vois... »

Un bruit sourd. Kaoru eut une vague pensée pour son vieux fauteuil défoncé, victime des façons bien peu délicate du guitariste de s'asseoir. Pourtant, là encore il ne se retourna pas.

« - J'allais au local, mais j'étais en avance alors j'me suis dit que j'allais passer de dire bonjour... Tu sais, le local... Celui où on jouait de la musique, toi, les autres et moi. »

Oh, comme il pouvait détester ce sale ton ironique qu'il pouvait bien prendre... Tout pour le faire réagir, tout pour le pousser à bout.

« - D'ailleurs, à essayer de te faire parler come ça, c'est sûr que je vais arriver à la bourre et que je vais me faire engueuler par Kyô. »

Au souvenir du chanteur, et à l'idée que c'était maintenant lui qui gérait le groupe, il ne put retenir un sourire, aussitôt réprimé. Et voilà, Die avait gagné une nouvelle bataille.

« - Tu sais, j'me pose des questions, Kao. »

Il le savait. Il le savait bien qu'il se posait des questions. Mais pourquoi, au juste, ne voulait-il pas comprendre qu'il ne pouvait pas lui répondre?! Ou alors, juste par des mensonges. De bêtes et méchants mensonges, comme celui de la dernière fois. Il n'y voyait qu'un seul bon côté: Peut-être qu'à force de les entendre, tous deux finiraient par y croire, et Die finirait par renoncer à lui parler? Ce serait la meilleure solution...

« - Dis... t'as pas envie, des fois, de voir celui qui te remplace dans le groupe? »

Non, puisqu'il n'en avait plus rien à foutre de Dir En Grey, et encore moins du petit con qui s'était emparé de sa vie passée... Mais bien sûr que oui, imbécile! Mais de quoi aurait-il l'air, au juste, si du jour au lendemain il arrivait chez lui? Non, il ne se voyait pas se présenter à cette personne et lui sortir, comme ça, qu'il était celui qui l'avait précédé. Il avait encore quelques traces de fierté... non?

« - T'sais quoi, il te ressemble. J'te jure! »

Ravi de voir que vous vous portez si bien...

« - Quoique j'en sais rien, hein... en trois mois, p'têtre que tu t'es retrouvé tout couvert de rides... Lui, au moins, il est jeune. Il a l'âge de Totchi, tu sais. »

C'était quoi, son but, au juste? Le pousser au suicide ou à la colère? Le tuer ou se faire tuer? Les deux auraient été plausibles...

« - Et bah je vais te laisser, Kao... »

Dieu merci...

« - La prochaine fois, je te préviens, je veux t'entendre parler!

- Dégage...

- Tu vois, quand tu veux... »

-

« - ...retard... »

Il se figea dans l'encadrement de la porte, haussa un sourcil septique. Contrairement à ce qu'il avait pu imaginer, ce n'était pas un chanteur en rage qui se tenait devant lui, tout feu tout flamme, prêt à le torturer jusqu'à ce qu'il lache une excuse. Bien au contraire.

« - Pardonne-le, il vient juste de se réveiller, glissa la voix de Kahei. »

Die tourna la tête, jeta un oeil morne sur celui-ci. Il y avait comme une erreur dans toute cette mascarade. Quelque chose de dérangeant à voir ce visage rayonner tous les jours, quand il ne pouvait même plus apercevoir celui de Kaoru. Oublier. Il fallait l'oublier. Même si ses pas le guidaient, presque malgré lui, jusqu'à son appartement.

Il reporta son attention sur ce Kyô à moitié endormi, passa une main railleuse dans ses cheveux.

« - Réveille-toi, Warumono, faut qu'on bosse! »

Faut qu'on bosse pour plus l'avoir dans la tête...