PDV de Florent

Avril 2008. Je venais tout juste de récupérer mes bagages à l'aéroport lorsque j'entendis ma mère crier mon nom un peu plus loin. Gêné, je me dirigeai vers elle à pas rapides, essayant d'éviter le plus possible les regards des autres personnes. Ce n'est pas que je n'aime pas ma mère, bien au contraire, je suis juste une personne extrêmement timide. Mes potes se foutent souvent de moi d'ailleurs. Arrivé au niveau de ma mère je sentis deux bras m'enlacer à m'en couper le souffle. Plus de 2 ans déjà que j'étais parti au Canada à Toronto et que je ne l'avais pas revu. Je fermai les yeux un instant, savourant l'étreinte offerte. Elle m'avait manquée plus que je ne l'aurais cru. Mais ce n'était pas uniquement pour revoir ma famille que j'étais de retour en France. Non, quelques jours plus tôt alors que j'étais dans mon appart à Toronto j'avais reçu un message sur mon Myspace. On me proposait de venir passer des castings à Paris pour un nouveau spectacle musical « Mozart l'Opéra Rock ». Je n'étais pas très emballé au début. Faut dire que j'avais plus l'habitude de jouer dans des groupes rock, voir hard rock. Alors jouer dans une comédie musicale vraiment ? Qui plus est qui traitait de la vie de Mozart. J'avais même cru à une blague au tout début mais après m'être renseigné sur ce fameux projet, j'avais appris que c'était une idée de Dove Attia et Albert Cohen, ceux du roi soleil et j'avais aussi appris la différence entre une comédie musicale et un opéra rock. J'avais alors compris que c'était une opportunité à ne pas rater, une chance de me faire connaitre du grand public et l'univers rock qui se dégageait de ce projet, bien que loin de mon univers de tous les jours, était quand même bien plus attirant que de la simple musique classique. Alors me voila de retour chez moi. J'allais passer quelques jours chez mes parents avant de me rendre sur Paris chez un ami qui avait gentiment proposé de m'héberger le temps des castings. Arrivé à la maison, des tas de souvenirs me revinrent à la mémoire. Rien n'avait changé, toujours les même meubles, toujours la même déco un peu passée de mode. Je montai mes affaires dans ma chambre. Là non plus rien n'avait changé, c'était à croire que je n'étais jamais parti.

Les 3 jours chez mes parents étaient passés à une vitesse folle. Il était déjà temps de partir. J'embrassai mes parents et mon frère sur le quai de la gare et je montai dans le train direction Paris, un pincement au coeur de quitter ma famille de nouveau et la peur au ventre au vu des événements qui m'attendaient. Quelques heures plus tard j'arrivai chez mon ami. Ma première audition avait lieu le lendemain en début d'après midi. La nuit fut courte, je n'avais pas arrêté de me retourner dans mon lit encore et encore, j'étais complètement stressé. Vers 13h mon ami me conduit à l'endroit où se déroulait les castings. Il me donna une tape dans le dos, me souhaitant bonne chance avant de partir travailler. Je me retrouvai alors seul en plein milieu du trottoir, parmi tout un tas d'autres personnes qui devaient visiblement être là pour la même raison que moi. Je décidai de faire la queue comme tout le monde et j'aperçus un homme faire des allées retour un peu plus loin devant moi. Je le vis essayer d'engager la conversation avec quelques personnes sans grand succès. C'est alors qu'il s'approcha de moi. Ma première réaction fut de me dire « Mais c'est qui ce type ? Et c'est quoi cette coupe de cheveux ?» En effet, l'autre homme n'avait pas vraiment le look parisien. Il avait des cheveux plutôt blond un peu dans tous les sens et une longue mèche encadrait le coté droit de son visage. Ses yeux étaient de la même couleur que les miens quoiqu'un peu plus foncés et entourés de crayon noir. Il avait tout un tas de colliers autour du coup et des rubans attachés autour des poignets. Je devais bien admettre qu'il était plutôt beau, pour un mec. Arrivé à côté de moi il m'adressa la parole :

« Salut moi c'est Mikelangelo Loconte et toi ? »

Il avait un drôle d'accent, un accent Italien plutôt amusant à la première écoute. Il était assez exubérant mais pourtant sa voix était chaleureuse et attentionnée. Intimidé par son assurance je répondis en bégayant un peu, bien malgré moi :

« Euh . . . je . . . salut, moi c'est Florent, Florent Mothe.

- Ravis de faire ta connaissance Florent, Florent Mothe » se moqua t-il de moi gentiment tout en attrapant ma main afin de la serrer dans la sienne et de laisser échapper un éclat de rire cristallin.

Je le regardais avec de grands yeux sans vraiment m'en rendre compte. Me voyant faire il rit de plus belle avant de me dire :

« Toi aussi tu me trouve bizarre c'est ça ?

- Euh . . . je . . . euh . . . pourquoi tu dis ça ? »

Bon sang bien sur que je le trouvais bizarre, qui ne l'aurait pas fait. Mais j'avais peur de le vexer si je lui disais la vérité. Pourtant il avait l'air amusé plus qu'autre chose.

« Les gens là bas, me dit-il en désignant le petit groupe de personnes avec qui je l'avais vu essayer de discuter quelques minutes auparavant, j'ai essayé de leur parler tout à l'heure, mais ils m'ont regardés bizarrement avant de me tourner le dos.

- T'es sérieux ?

- Ouais »

Il m'avait dit ça avec un grand sourire alors que moi à ça place je n'aurais pas pu m'empêcher de me sentir rejeté. Voyant sa mine chaleureuse je me sentis plus à l'aise tout d'un coup et détendu, je ne pu m'empêcher de répondre à sa question précédente :

« Ben on va dire que t'es un peu différents des autres mais bon c'était pas une raison pour te péter un vent. T'es Italien non ? T'es là pour quel rôle ? Moi celui de Salieri enfin j'en sais trop rien enfaîte je connais pas l'histoire, je ne sais même pas ce que je vais chanter comme chanson . . .»

Je remarquai alors son regard insistant et me mis à rougir. Je ne sais pas ce qui me prenais mais d'un coup je ne semblais plus pouvoir m'arrêter de parler, c'était une première pour moi.


PDV de Mikelangelo

Je n'avais pas réussi à me retenir, en le voyant s'arrêter de parler d'un coup et rougir j'éclatai de rire. Croyant que je me moquais de lui, ce qui était un peu le cas avouons le, je le vis croiser les bras, une mine boudeuse sur le visage. Mon dieu qu'il était mignon. C'était sûrement le destin me dis-je, me faire envoyer sur les roses par tout le monde et tomber enfin sur un mec aussi sympas et craquant que lui. Ses yeux noisette étaient à tomber par terre. Même si je sortais majoritairement avec des filles il m'étais déjà arrivé d'avoir des relations avec un autre garçon. Mais jamais je n'avais ressenti une telle attraction dès le premier regard et ce pour qui que ce soit. Après avoir réussi à me calmer et à reprendre mes esprits je me décidai enfin à lui répondre :

« Oui je suis Italien mais j'habite en Belgique depuis quelques années. Moi je viens auditionner pour le rôle de Wolfgang Amadeus Mozart. Et sinon pour ton choix de chanson fais en une que tu connais bien, qui colle parfaitement à ta voix et avec laquelle tu es allaise. Voila je crois que j'ai répondu à toutes tes questions Florent, Florent Mothe. Mais dis moi, moi qui croyais que tu étais du genre hyper timide, enfaîte une fois lancé on t'arrêtes plus c'est ça ? Ha ha !

- Te moque pas ! » me demanda-t-il rougissant de plus belle.

Malgré sa gène je le vis essayer de retenir le sourire qui commençait à se dessiner sur ses lèvres. On discuta encore comme ça jusqu'à que ça soit notre tour. Il me laissa passer en premier et alla s'asseoir dans un coin en attendant. Je montai alors sur la scène et fis ce que j'avais à faire. Je ne pensais pas avoir fait quelque chose de bien spectaculaire mais je savais que j'avais une jolie voix et j'avais plutôt confiance en mon charme et mon talent. Alors que je descendais de la scène je vis Florent s'avancer vers moi, les mains légèrement tremblantes. Sans réfléchir je le pris dans mes bras et le serai rapidement contre moi en lui murmurant un « merda » avant de le relâcher. Je lui dis que j'allais l'attendre dehors tandis qu'il hochait la tête et montait sur scène En fait, étant trop curieux je décidai de me faufiler discrètement au plus près de la scène, histoire de l'entendre chanter. Lorsque quelques minutes plus tard j'entendis s'élever les premières notes de « Bohemian Rhapsody de Queen » au piano et que j'entendis la voix de Florent, je sentis un violent frisson me parcourir l'échine. Il avait un talent fou ce petit français. Je sortis finalement l'attendre dehors comme je le lui avais dit auparavant et je n'attendis pas bien longtemps avant de le voir sortir, la mine un peu sombre. Je lui fis un grand sourire façon Mikelangelo avant de lui donner une petite tape sur l'épaule.

« Pourquoi tu fais cette tête Florent ? Ça s'est mal passé ?

- Ouais, enfin non, enfin je sais pas trop, ils avaient pas l'air vraiment emballés à la fin.

- Tu plaisante, j'ai entendu un bout de ta chanson, t'as une voix magnifique ! » m'exclamais-je

Pour mon plus grand plaisir je le vis rougir de nouveau et je me dis que ça allait sûrement devenir mon nouveau passe temps favoris, enfin, si on avait l'occasion de se revoir après aujourd'hui bien entendu. Il me répondit d'une petite voie timide :

« Oh ben euh merci c'est sympas, dommage que tu fasse pas parti du jury alors !

- Ouais, parce que moi je t'aurais pris direct ! » lui répondis-je en toute honnêteté.


PDV de Florent

Il se mit à rire de nouveau avec son petit rire d'enfant. Je regardai l'heure, bientôt 18h. Mon ami devait passer me prendre vers 19h30. Je regardai Mikelangelo puis de nouveau ma montre. Je ne savais pas trop quoi faire, c'était plutôt long 1h30. Finalement je pris mon courage à deux mains :

« Dis Mikelangelo, t'as quelque chose à faire là ? On pourrait aller boire un verre ? Enfin si ça te dis ? »

Je baissai les yeux, réalisant qu'il avait sûrement mieux à faire.

« Ok ! Je dors à l'hôtel pendant quelques jours et ma copine est restée à Bruxelles alors je peux rentrer quand je veux.

- Cool ! Ben je connais pas trop Paris mais c'est pas les bars qui doivent manquer. »

Effectivement, on en trouva un à seulement quelques pas. Je laissai passer Mikelangelo et le suivis jusqu'au fond du bar. On s'assit, commanda nos verres et on commença à discuter de tout et de rien. Il me raconta un peu son parcourt, ses loisirs, sa passion pour la musique. On parla ensuite du spectacle et du fait que ça serait formidable si on était prit tous les deux. On parla aussi d'amour, il me montra une photo de sa copine Cynthia, avec qui il était depuis 2 ans et demie. C'était une jeune femme vraiment très jolie. Moi je lui parlai de Marie, l'amour de ma vie que j'avais suivit à Toronto et avec qui j'avais passé presque 2 ans avant de rompre quelques semaines auparavant. Le temps passait tellement vite en sa compagnie que je fus surpris lorsque je sentis mon portable vibrer dans la poche de ma veste. Mon ami était arrivé et m'attendait dans sa voiture. J'insistai alors pour payer les boissons, ce que Mikelangelo refusa catégoriquement. Finalement on fit moitié-moitié. Avant de se quitter il me donna son numéro de portable, au cas où on n'aurait pas l'occasion de se revoir avant l'annonce des résultats des castings. Arrivé à la voiture j'étais gêné et je ne savais pas si je devais lui serrer la main ou bien lui faire la bise. Finalement c'est lui qui brisa la glace en me serrant dans ses bras. Les yeux écarquillés je répondis à son étreinte m'enivrant de son parfum fruité. On se lâcha pratiquement en même temps, se souhaitant une bonne nuit et on partit chacun de notre coté.