Disclaimer : Les personnages (à par peut-être les palefreniers) sont la propriétés de George R.R. Martins.

Note : Premier OS d'un série sans continuité, centrée sur la relation entre Sandor Clegane et Sansa Stark. Différents tons, différentes histoires, différents points de vue.

Ratings : Pour ce premier OS, un petite K+. Trkl.

Update : Je re-poste ce chapitre avec un meilleure qualité, en même temps qu'un deuxième OS. Enjoy !


Le cheval de guerre et la princesse du froid
An OS Sansan


Sansa

Sansa se promenait d'un pas lent à travers le château. Il faisait une chaleur étouffante à Port-Réal et le peu de vent qui filtrait à travers les fenêtres taillées dans les épais murs était lourd et chaud. Elle se sentait poisseuse et collante, mais elle sentait que si elle s'arrêtait de bouger, de marcher, elle allait devenir folle.

Cette chaleur caractéristique de Port-Réal allait la rendre folle. Elle n'en pouvait plus. Et puis tous ces souvenirs... Ah, ce qu'il faisait chaud lorsque Glace s'était abattu sur la tête de Père ! Et quelle chaleur étouffante lors de l'émeute !

Y penser la fit presque défaillir. La lourdeur de l'air lui montait à la tête. Les murs offrait certes un peu de fraîcheur, mais, soudainement elle se sentait proprement incapable de rester une minute de plus, entre ses murs qui l'avaient regardé se faire battre sans broncher.

« Idiote que tu es, pensa-t-elle, le jour où les murs de Port-Réal se soulèveront pour toi, il pourrait tout aussi bien pleuvoir des chevaux ! »

D'un pas qu'elle s'efforçait de mesurer, elle avança dans les couloirs à la recherche de la sortie qui la mènerait au Bois Sacré. Mais cette foutue chaleur lui tournait l'esprit et les lignes pourtant droites et pierreuses des couloirs lui semblaient sinueuses et friables.

Elle avait de plus en plus mal à la tête. Elle voulait du froid, retrouver la fraîcheur glaçante de Winterfell, les bois sombres et la mousse humide qui poussait sur le tronc des arbres.

Un brouillard épais lui envahissait peu à peu l'esprit, brouillant ses sens et ses repères, elle se sentait lourde, puis légère, puis lourde, puis légère à nouveau. Elle ne savait absolument pas où elle était et à vrai dire c'était vraiment le cadet de ses soucis. Elle se sentait précisément sur le point de tomber dans les pommes et luttait de toutes ses forces pour ne pas défaillir : dans cette partie apparemment déserte du château, personne ne viendrait la secourir. Chaque pas qu'elle faisait la rendait plus faible et ses membres lui semblaient lourds, mais lourds ! Et elle avait l'impression que ses cheveux étaient devenus une masse informe, collée par la sueur sur sa nuque trempée.

Puis, au détour d'un couloir, un courant d'air la frappa et, avec autant de vigueur d'un Autre, elle s'avança vers l'ouverture, se tenant au mur du mieux qu'elle pouvait.

En sortant, elle se rendit compte que c'était pire. Le soleil la heurtait tellement fort qu'elle sentait le poids de ses rayons sur son visage. Les rares rafales de vents étaient molles et chaudes. Elle se mit en quête d'un endroit à l'ombre, ayant la maudite impression d'avancer dans un monde de coton. Elle vit un bâtiment de bois à sa droite et s'y dirigea d'un pas chancelant. Une forte odeur s'en dégageait et elle pouvait entendre deux trois hennissement s'en échapper.

« Les chevaux... » pensa-t-elle, déjà à moitié évanouie. Dans un dernière élan de lucidité pâteuse, elle se dirigea vers le box du fond, espérant qu'on la laisserait ainsi tranquille. Puis, la chaleur la rattrapa et elle tomba dans la paille.


Le palefrenier

Le palefrenier était fatigué. La chaleur lui tapait sur les nerfs, déjà bien endommagés par cette foutue pute de Zia. Cette petite salope, avec ses cheveux jaunes et son cul, son cul...

Ah, il ne devait pas y penser ! Il s'était promis de ne plus y penser. Pas avant ce soir, lorsqu'il y retournerai, à la taverne et qu'il pourrait à nouveau la prendre comme il le souhaite. IL avait hâte, ça oui.

Puis cette chaleur... Il avait une envie folle de dormir. Mais évidemment, il n'avait pas le droit. Il devait attendre que ces putains de Gardes Royaux reviennent, sans même la certitude qu'on lui demandera de ramener un cheval à l'écurie. Ce qu'il pouvait les détester. Leur mépris, leur ton hautain et l'aura dont ils s'enveloppaient volontairement pour faire de l'effet. Il n'y avait pas d'homme qu'il détestait autant.

Il était assis sur le sol dur, se protégeant du mieux qu'il pouvait des brûlures que peut infliger le dur soleil de Port-Réal. Il s'ennuyait, il avait chaud et il sentait le sommeil le gagner. Mais il ne pouvait pas dormir, ou il avait de fortes chances de se faire réveiller à coup de pied. Alors il forçait ses yeux à rester ouverts, malgré la forte luminosité, accentué par le reflet aveuglant que renvoyait les murs blancs sales des bâtiments.

Soudain, des cris se firent entendre et les passants s'écartèrent précipitamment du centre de la rue. Il se leva maladroitement. Ça y est, les Gardes revenaient et dans le sillage de leurs chevaux lancés au trot se soulevaient des volutes de poussière blanche, qui faisaient tousser ceux qui se trouvaient dans le sens des faibles coups de vents. Arrivés dans la place où attendaient les palfreniers, les Gardes descendirent de leurs cheveux aux pattes blanches de saletés. Et là, le sang du palfrenier se glaça. Le Garde Royal le plus proche de lui était le plus grand, aussi sombre d'aspect que son cheval.

Le Limier. On racontait que son cheval était aussi salaud que lui, mordant et ruant tout le monde à tout bout de champs, excepté son maître. Une grande bête puissante, au poil plus sombre que la nuit et à l'oeil noir de fureur, constamment, comme son cavalier. Cette bête n'aimait ni ses congénères, ni les hommes. Clegane lui jeta un regard las et lui tendit les rênes de sa bête. Le palfrenier s'en saisit en tremblant, autant effrayé par le garde que par le cheval.

-Mets-le à l'écart des autres, ordonna l'homme de son horrible voix râpeuse. Et tiens-toi loin de sa bouche, ou tu vas perdre ta main.

Il eut un rire méchant, comme si la perspective que le palfrenier y laisse ses doigts était un fait comique. Puis il s'éloigna en pestant contre la chaleur.

Le cheval regardait le palfrenier d'un air méchant et commença à tirer sur la corde. Tout en essayant de ne pas paniquer, ce-dernier se dirigea d'un pas rapide vers les écuries, le cheval renâclant d'un air sauvage, donnant des coups de sabots plus que menaçant sur le sable de la petite cour qui donnait sur les écuries. Par deux fois, il tenta de mordre le palfrenier, et par deux fois, le palfrenier esquiva de justesse, sentant le souffle chaud du cheval effleurer sa peau et le claquement de ses énormes dents hérissant les poils de ses avants-bras.

Il mena la bête dans le premier des bâtiments d'écurie qu'il vit. Il n'y avait que trois chevaux à l'intérieur, mais dès qu'il les vit, le cheval de Clegane commença à ruer et à hennir agressivement après eux. Terrifié, le palfrenier tira de toutes ses forces sur les rênes pour le détourner des chevaux et força l'étalon à entrer dans le dernier box, à grand renfort de supplications envers les dieux. Il ferma violemment la porte du box, sans y entrer pour essayer de desceller la monture. Il ne fallait pas trop lui en demander non plus. La bête rua contre la porte, mais sembla se calmer quelque peu lorsque le palfrenier s'éloigna prestement.

L'homme n'avait pas vu la jeune fille évanouie dans la paille, à la merci du cheval noir.


Le Limier

Le Limier en avait marre. Mais vraiment marre. Marre de cette stupide cape blanche qui tenait chaud, alors que, honnêtement, il y en avait pas besoin. Marre de cette armure que le soleil rendait brûlante, marre marre marre.

Il était content de rentrer de cette foutue mission. Il allait pouvoir enlever son manteau, son armure, boire un coup. Voir plus. Il allait pouvoir passer un peu de temps avec Étranger, d'homme à bête (il ne l'avouerait pas en public, mais il aimait bien passer des heures à le brosser, lui enlever la poussière du poil et rester dans un coin de son box, à le regarder manger tranquillement son foin, tandis que lui buvait son vin.). Et puis ce soir, il verrait le petit oiseau, si tout se passait normalement. Sansa mangerait avec Joffrey aujourd'hui, donc il pourrait rester dans un coin de la salle et la regarder à son aise. Sûre qu'elle se sera fait belle pour son roi. Les cheveux détachés peut-être. Il aimait bien lorsqu'ils coulaient sur ses épaules et dévalaient son dos pour se perdre dans sa chute de reins. Qu'elle avait magni...

Peut-être valait-il mieux ne pas y penser. Sûrement même.

Il était arrivé à la salle commune de la Garde. Elle était vide, tant mieux. Il enleva sa cape d'un geste impatient, puis commença à détacher les majeures pièces de son armure. Il la remettrait ce soir, lorsqu'il devrait veiller sur le roi, mais pour l'instant, il crevait de chaud et c'était pas en portant une armure que ça allait s'arranger. Il ne garda que sa brigandine de cuir et sa ceinture, où pendaient un couteau de simple facture.

Il se saisit d'une gourde de vin et en but une longue gorgée. Par les sept enfers, que cela faisait du bien ! Il savait qu'Étranger souffrait autant de la chaleur que lui, aussi décida-t-il de prendre le chemin des écuries, s'occuper un peu de son cheval.

Sans bien sûr se douter, de ce qui l'attendait.


Sansa

Sansa se réveilla grâce à la douce fraîcheur que procurait l'ombre des box. Elle se redressa, un peu chancelante, de la paille plein la robe et les cheveux. Elle en rougit aussitôt. Ça n'était absolument pas digne d'une lady de s'endormir dans les écuries ! Puis, soudainement, elle se rendit compte qu'elle n'était pas... totalement seule.

Elle leva les yeux. Une énorme tête de cheval la surplombait, le poil noir et l'oeil colère. Elle fut prise d'une terreur sans nom. Maladroite, elle se recula précipitamment et son dos heurta le fond du box. Épouvantée, incapable de réfléchir correctement, elle n'était capable que de fixer le cheval d'un air stupide et terrifié.

Le sabot de la bête frappa durement le sol et il secoua sa crinière avec fureur. Elle ferma les yeux, une vague de froid lui pénétrant la poitrine et les os. Elle pensait sa dernière heure venue :

« Voilà une bien vilaine fin d'histoire... J'aurai été ridicule jusqu'au bout. »

Mais le cheval ne l'encastra pas dans le mur. Elle rouvrit timidement les yeux. Ceux du cheval étaient encore fixés sur elle, brûlants. Ses oreilles étaient couchées en arrière et tous les muscles de son cou étaient tendus, ainsi que ses puissantes pattes, dont l'un des sabots continuait à frapper le sol avec véhémence.

Elle savait que faire le moindre geste, c'était se condamner. Un cheval pouvait-il tuer un homme ? Elle n'en jurerait pas. Mais une jeune fille comme elle... Un coup de sabot et c'était terminé. Triste histoire que celle de Sansa Stark. Incapable de profiter de son enfance, fiancé à un monstre, battue, pour finir le crâne écrabouillé par un stupide cheval.

Puis, elle sentit son sang bouillonner. Ah non ! Elle n'avait pas survécu au chagrin, au désespoir, aux coups et à l'humiliation pour finir ainsi ! Elle était une Stark, quoi !

Elle soutint le regard de la bête, en essayant de masquer au mieux sa peur. Comment faisait-elle avec Lady ? Elle la prenait dans ses bras. Oui, mais Lady était gentille, pas comme cet étalon. Peut-être devait-elle essayer...

Elle tendit une main hésitante vers le museau noir du cheval, tout en se disant que c'était une très mauvaise idée. De fait, avec une rapidité effarante, le cou de la bête se détendit et ses énormes dents se refermèrent là où, un instant auparavant, se trouvaient les doigts de Sansa. Tenant sa main contre sa poitrine, le cœur battant à tout rompre, la jeune fille se sentait fièvreuse de peur. Le cheval semblait encore plus en colère qu'avant.

« Mais qui a élevé ce méchant coursier ? » se demanda-t-elle avec une certaine colère.

Elle le regardait, grands yeux bleus contre grands yeux noirs. Puis, soudain, elle se souvint. Elle se souvint du loup de Rickon, une vraie bête sauvage ! Comment réussissait-elle à le caresser, déjà ? Ah oui ! Elle lui parlait.

Elle respira un grand coup, le plus discrètement possible, puis essaya de s'éclaircir la gorge, mais sa voix restait enrouée de peur. Toutefois, elle parla :

-J'ai peur de toi... Cela devrait te suffire, non ? Ne vois-tu pas l'effroi dans mes yeux, ne sens-tu pas l'odeur de ma peur ? Je ne te dis que la vérité, on m'a dit de ne pas dire de mensonges aux gens en colère. Tu n'es pas un humain, mais tu as tellement de fureur dans les yeux... C'est pour quoi, pour qui, toute cette fureur ? C'est peut-être parce que tu as peur toi aussi. Je veux dire, tu as peur des hommes ? Les chevaliers, tu as peur des chevaliers ? Regarde-moi, je ne suis pas un chevalier. Je ne porte pas d'armure étincelante, pas de heaume, pas d'épée. Regarde, je n'ai pas d'arme, je suis sans défense et c'est pour ça que j'ai peur. Tu comprends ? Toi non plus tu n'as pas d'armes, mais tu es fort, alors que moi, je suis faible. Plus faible que toi, beaucoup plus faible, alors tu n'as pas de raison d'être en colère contre moi, aucune raison d'avoir peur...

Sa voix était basse et certainement incompréhensible, mais cela formait une sorte de mélopée douce et chantante, qui rassurait petit à petit le cheval. Petit à petit, au fur et à mesure des paroles sans queue ni tête qu'elle proférait, au son de sa voix soyeuse, les oreilles du cheval se redressaient, ses muscles se détendaient.

Puis, il sembla complètement se désintéresser d'elle et retourna mâcher son foin. Elle poussa un léger soupir de soulagement et essaya de se lever lentement, sans mouvements brusques, tout en continuant de parler. Le cheval ne se tourna pas vers elle.

Une fois debout, toute tremblante, elle regarda le corps du cheval entier. Au garot, il était aussi grand qu'elle, peut-être même plus. Son corps était puissant, fort. Un cheval de guerre, sans doute. Son poil ne luisait pas, sali par la poussière. Elle eut envie de le toucher, de le caresser.

C'était idiot, elle aurait dû profiter de son inattention pour s'enfuir, voler en dehors de l'écurie et courir s'enfermer dans sa chambre. Mais elle eut un besoin irrépressible de sentir le poil noir et rugueux de l'étalon sous ses doigts. Elle tendit la main, hésitante. Effleura doucement son flanc.

Le cheval s'arrêta de manger, se tourna vers elle. Elle s'immobilisa, sans retirer sa main. Il ne bougea pas, se contentant de la regarder.

Pris d'un soudain courage, elle posa franchement sa paume contre son dos et commença à le caresser. Le cheval ne bronchait pas, continuant de la regarder.

Et c'est à peu près à cet instant que le palfrenier entra.


L'oisillon

Ce n'était pas le même palfrenier que tout à l'heure, mais un autre, un plus ancien, qui connaissait chaque cheval sur le bout des doigts.

Ce palfrenier-là, il connaissait Étranger depuis la seconde où il avait posé un sabot sur le sol de Port-Réal. Une bête puissante, adaptée aux champs de bataille comme à la vadrouille, endurante et rapide. Une bête aussi mauvaise, prête à mordre quiconque approcherait sa main de trop près, le coup de sabot facile.

Un sale canasson pour quiconque n'était pas son maître en somme. A croire qu'ils avaient grandis ensemble ces deux-là, même caractère, même fureur dans l'oeil, même crinière noire. Même haine pour les hommes en général. Il n'y avait que Clegane pour avoir appris à son cheval à se méfier autant des êtres humains, que lui pour avoir oser dompter une créature à la base sauvage.

Le palfrenier se demandait même si un Dothraki aurait voulu tenter la dresser.

Alors vous vous doutez bien qu'il en lâcha son seau dans la paille, lorsqu'il vit une créature caresser l'étalon avec naturel, sans que la bête ne lui arrache la tête à coup de dents. Et puis, ça n'était pas Le Limier, ça non, aucune erreur possible ! Premièrement, c'était selon toute vraisemblance une femme, plutôt jeune, voir très jeune. Quinze ans, tout au plus. Deuxièmement, elle avait des mèches folles de cheveux roux, qui s'échappaient d'un tressage noble légèrement décoiffé, qui lui descendaient jusqu'à la taille en des volutes flamboyantes. Troisièmement, le trois-quart de dos que le palfrenier pouvait voir de son visage était beau.

Simplement, purement beau. Une peau aussi pâle et délicate que la porcelaine, des lèvres roses et un visage (du moins, le peu qu'il en apercevait), très fin.

Par tous les Enfers ! Mais qu'est-ce qu'une jeune fille aussi jolie foutait dans le box de la rosse de Clegane, surtout en train de caresser ce foutu canasson comme s'il était le sien ? Puis, par tous les bordels de Port-Réal, son maintient et sa robe trahissaient au moins une naissance noble, donc ça n'était pas une vulgaire putain qui attendait sagement que le Limier vienne la baiser dans les écuries. Et puis, d'autant qu'il le sache, ça devait bien faire trois semaines qu'on n'avait plus vu Clegane que rarement aux alentours d'un bordel.

Alors, qu'est-ce qu'elle foutait là ?

Elle ne l'avait pas entendu entrer, ni le sceau tomber, puisqu'elle ne se tourna pas vers lui, fascinée qu'elle semblait par des doigts courant sur le dos puissant d'Étranger.

Alors, le plus discrètement possible, le palfrenier s'éclipsa doucement. Il avait de toute façon ordre de rapporter chaque petits détails, même insignifiants à son maître, Lord Varys. Et il comptait bien tirer cette affaire au clair.

Malheureusement (ou heureusement, ça dépend comment vous voyez les choses...) il ne put se rendre dans le bureau de Varys à l'instant.


Le Limier

Le Limier était quasiment aux écuries, lorsqu'un palefrenier lui rentra dedans.

-Oh ! Regarde où tu marches, bastard !

-Désolé ser...

-Par les Sept putains d'Enfers ! J'ai une gueule à être ser ?

Le palefrenier avait l'air terrifié il évitait à tout prix de regarder le Limier dans les yeux, ce qui exaspéra ce dernier encore plus.

-Mon cheval est bien dans cette écurie ? Demanda-t-il hargneusement.

Le palefrenier ne répondit pas, les yeux blancs de peur. « Super, il fallait que je tombe sur un con... ».

-Cheval, canasson, tu comprends ce que je te raconte, stupide ramasseur de merde ?

-Vo...votre cheval.

-Il est là ? Réponds rapidement ou ça va m'énerver.

-O..oui, m...mais...

Une soudain inquiétude gagna Clegane. Il était arrivé quelque chose à Etranger ? Si c'était le cas, il retrouverait le putain de crétin à qui il l'avait confié pour lui arracher les yeux avec une pointe de couteau rouillé.

-Quoi, mais ? Dis moi, connard !

-Y'a... y'a une fille... J'sais pas qui c'est, juré ! Sur ma défunte maman, je jure...

-Ferme ta gueule, garde donc des serments pour d'autres.

Il poussa le palfrenier hors de son chemin et entra dans l'écurie.

De stupeur, sa mâchoire lâcha.

Là, juste en face de lui, il y avait le petit oiseau. Le petit oiseau, avec une coiffure toute défaite et une robe toute froissée, dans le box d'Etranger.

En train de caresser Etranger. Enfin, elle était en train, car lorsqu'elle l'entendit entrer avec fracas, elle sursauta et se tourna vers lui, de la peur dans les yeux.

-Ser !

Trop stupéfié pour relever le titre, il continua de la regarder, bouche-bée. Elle était là, avec sa peau comme de la neige, ses cheveux comme du feu et ses yeux comme le ciel. C'était seulement possible tant de perfection ? Elle portait une robe vert sombre aujourd'hui, avec un liséré argent. Comme si c'était important de le noter.

Le Limier eut la légère impression qu'Etranger le regardait avec une lueur moqueuse dans les yeux. Ça lui remit un peu les siens en face des trous. Ce cheval était décidément trop intelligent pour son propre bien. Clegane ressentit un pincement de jalousie en pensant que son cheval avait le droit à plus de contact de la part de Sansa Stark que lui.

Son putain de cheval quand même.

-Qu'est-ce que tu fais là, petit oiseau ? Tu t'es perdue dans ta cage ?

Il la vit rosir un peu et ça lui fit bizarre au niveau de la gorge.

-Je... Je me suis évanouie dans un box vide et quand je me suis réveillée, j'étais avec le cheval et je...

-Évanouie ? Comment ça ?

Une inquiétude familière lui pressait la poitrine. Comment s'était retrouvé-t-elle là ? Pourquoi s'était-elle évanouie ? Il n'osait pas penser à ce qui aurait pu se produire si jamais quelqu'un d'autre l'avait trouvé avant lui...

-La chaleur, expliqua-t-elle de sa voix douce, toujours en caressant le dos d'Étranger. Elle me faisait tourner la tête et je ne retrouvai plus mon chemin dans le palais. Je me suis retrouvé ici et... je me suis évanouie. Je pense. Quand je me suis réveillée...

-Le cheval était là, oui, j'ai bien compris.

Il ne savait plus quoi regarder. Ses lèvres adorables lorsqu'elle lui parlait, à lui, pas à Joffrey ou à un de ses stupides chevaliers étincelants ? Ou sa main qui continuait de caresser Étranger, fins doigts blancs sur pelage noir, avant arrière, trop d'images arrivaient en même temps dans l'esprit de Clegane... Il s'approcha de quelques pas, jusqu'à l'entrée du box. Elle était si proche, il n'aurait eut qu'à ouvrir la porte et tendre la main pour la toucher, l'attirer contre lui...

Il fallait vite qu'il pense à autre chose.

-C'est le mien. De cheval, continua-t-il, sans trop savoir pourquoi il continuait.

Sansa parut surprise, mais ravie.

-Oh ! Il a un nom ?

-Oui. Étranger.

Elle sourit. Par. Les. Sept. Putains. D'Enfers. Il gardait un précieux souvenirs de chaque moment où elle lui avait souri. Au tournoi de la Main. A la fête de Joffrey. Après l'émeute, quand elle avait voulu le remercier. Et maintenant, là. Elle lui souriait, à lui, un sourire juste pour lui, personne d'autre. Un sourire teinté de tristesse, mais aucun de ses sourires depuis la mort de son père n'était teinté de joie.

Il aurait voulu que ça dure une éternité cet échange, ce sourire. Il aurait voulu avoir le champ libre pour pouvoir la prendre dans ses bras, la serrer contre son torse et respirer à fond l'odeur de citron qui embaumait ses cheveux. Pouvoir sentir qu'il tient ses hanches entre ses mains, voir son visage innocent levé vers lui, l'embrasser dans le cou, là où la peau palpitait sous les pulsations du sang. Sur les lèvres, l'embrasser comme dans ses rêves, sentir sa bouche contre la sienne, chaude, humide... Ça donnait des idées. Pouvoir la toucher, la sentir, chaude, humide, pour lui, mouillée pour lui, entièrement à lui... S'enfoncer en elle, la baiser jusqu'à plus soif, mais il aurait toujours soif d'elle, toujours, mais sa frustration est tenue en éveil, et ça aussi, pour toujours.

Car il ne l'aurait jamais, jamais jamais. Fiancée à Joffrey, qu'elle était. Et même si par miracle elle ne l'était plus ? Jamais les Lannisters ne la lui donneront. Il le savait. Et si les Lannisters ne la tenaient plus ? Son frère est roi, Roi du Nord, qu'ils disent, et pour ça, elle est une princesse, et jamais sa naissance ne sera assez noble pour elle. Jamais.

Il ouvrit la porte du box et saisit délicatement Sansa par le coude.

-Allez, viens petit oiseau. Je te ramène à ta cage.

Elle se laissa faire, ne fit pas un seul commentaire lorsqu'il ne lui lâcha pas le bras, la tenant le plus proche possible de lui. Il la reconduisit jusqu'à devant la porte de sa chambre. Au moment où il allait la laisser, elle lui saisit la manche de sa tunique.

-Vous avez un magnifique cheval, dit-elle, les joues un peu roses, mais les yeux rivés sur lui.

Il sentit sa poitrine se serrer un peu plus.

-Ouais... Je peux pas lui enlever ça... répondit-il assez gauchement.

-Vous serez là ce soir ?

-Oui. Bien sûr que je serai là.

« Juste derrière toi, à penser à toutes les manières dont je pourrai éventuellement te baiser. »

-J'en suis heureuse.

Et, en se mettant sur la pointe des pieds, elle déposa un chaste baiser sur sa joue. Sa joue brûlée. Il pouvait sentir le léger frottement de ses lèvres douce contre sa chair calcinée.

Puis, elle rentra précipitamment dans sa chambre, sans lui lancer un regard en plus, les joues plus que roses.

Clegane resta un instant stupide devant la porte, puis, retourna comme dans un rêve aux écuries. Depuis son box, Étranger le regarda déboucher sa gourde de vin, affalé dans la paille, boire deux trois longues gorgées, et sembla l'écouter lorsqu'il lui dit d'une voix hallucinée :

-T'y crois toi, qu'elle m'a embrassé ? Parce que j'ai du mal, moi... Par les Sept putains d'Enfer, Étranger, j'ai qu'une envie, c'est de retourner dans sa chambre, lui enlever sa putain de robe et la baiser jusqu'à la mort. A moi... Elle pourrait être rien qu'à moi... Ses cheveux, ses yeux, son sourire, son âme et son cul... Bordel, je la veux, maintenant et toujours !

Et Étranger d'agiter sa crinière comme pour dire :

« Moi, je l'aime bien. Alors bouge ton cul et va lui dire. »


Varys

Varys ouvrit de grands yeux. Le récit du palefrenier le surprenait au delà de toute expression. Dans ses observations, il regardait surtout la fille Stark et les agissements de Joffrey, essayait au maximum de protéger la fille de Ned Stark. Le Limier était bien le cadet de ses soucis, surtout que la plupart de ses oisillons lui rapportaient que ses temps libres, il les passait soit à la taverne, soit au bordel. Alors, quel intérêt ?

Mais là... Si Clegane était tombé amoureux...

Il n'arrivait pas à croire qu'il pensait cela. Le Limier ? Amoureux ? Impossible. De Sansa Stark ? Doublement impossible.

Mais alors ?

Il ne fallait pas tirer de conclusions trop hâtives. Il allait convoquer ses oisillons les plus sûrs et leur faire observer le comportement de Clegane et la fille Stark l'un avec l'autre. Si ses soupçons étaient fondés... Alors il ne fallait à aucun prétexte que Joffrey ou Cersei l'apprenne. Sinon, Clegane pouvait dire adieu à sa tête.

Et si ses soupçons étaient fondés... Peut-être valait-il mieux que Sansa et Clegane partent de Port-Réal. S'ils s'aimaient, cela vaudrait peut-être mieux pour tout le monde. Sansa Stark serait en sécurité et ça enlèverait Clegane de la partie.

Il fallait voir. Varys se renversa dans son fauteuil, les mains croisées sur son ventre, le regard dans le vague.

Franchement, la vie à Port-Réal n'était plus ce qu'elle était.


Notes : Pour commencer petit lecteur, un petit OS léger, humour humour quand tu nous tiens.


N'hésite pas à me laisser un review, ça fait toujours plaisir, très plaisir de savoir que les gens qui nous lisent prennent le temps de nous laisser ne serait-ce qu'un petit mot d'encouragement, trop peu le font (à titre d'exemple, plus de 450 personnes ont lu cette fiction. Je vous laisse comptez les review)