Note : Cet OS me trottait dans la tête depuis un moment : il a jaillit pendant l'écriture de "Discoveries."

En fait, je dois remercier Suzuka-san, qui est une adapte du Terra/Aqua, et qui m'a confié qu'elle aurait voulu un peu plus d'essais sur ce couple. Dans ce texte, j'ai adoré faire ressentir le côté "maternel" d'Aqua, que je trouve très touchant, même si ici, ce n'est pas à l'égard de Ventus.

J'espère que ça vous plaira ! Ya.

Crédits : Les personnages sont, malheureusement, la propriété de Square Enix et des Studios Disney.

Note 2 : Wa n'était pas avec moi pour la bêta-lecture en direct, j'espère que mes fautes ne seront pas trop visibles.

Bonne Lecture et merci !


Je veille sur ton sommeil.

Il est roulé en boule, les bras refermés autour de lui, cherchant sans doute à conserver la chaleur éphémère de son corps.

Son long visage brun rentré dans son cou, son cou rentré dans ses épaules, les jambes pliées, le dos arqué, sa poitrine se soulevant par intermèdes réguliers.

Autour de nous, il n'y a que l'air qui vibre, et la pénombre veloutée de la nuit. Sa respiration traverse le silence, répandant un calme apaisant dans la chambre presque vide.

Ses yeux sont fermés.

Je sais qu'il rêve. C'est si simple de deviner ce qu'il pense. Ses mouvements, par exemple : Il frémit, se tourne, calle un bras sur son oreille, l'autre sur sa cuisse. Je l'observe. Il rêve qu'il s'allonge dans l'herbe mouillée, face aux étoiles, peut-être ?

Je regarde l'oreiller couleur crème qui doucement, commence à prendre la forme du creux de sa joue. Demain, il aura certainement la marque, au réveil. Il se plaindra. Et je rirai. Nous rirons, tous les trois, avec Ven.

Oui, c'est étrange de le voir ainsi, endormi. On dit souvent que la Nuit transforme l'être humain. Il se révèle, se montre sous sa vraie nature : il n'est sous son vrai jour que la nuit. Quelle Ironie.

Les parures tombent, les vêtements, les manières, tout ce que la société et les règles ont conditionné en lui, tout ça est happé par la lourde atmosphère du sommeil, laissant place au flou et à la blancheur des rêves. Il ne reste plus que son corps nu, ses immenses épaules, sa force tranquille et sa chaleur interne.

Tous ses membres bougent au ralentit, indépendamment, comme indifférents aux brusques tressaillements de ses paupières.

Il est seul. Vulnérable. Il n'y plus d'armes, plus d'armures, plus de mots pour le cacher à ses faiblesses. Je voudrais l'aider, mais je ne peux pas, il est loin.

Je suis certaine que son esprit est en ébullition. Je le vois. Chacun de ses gestes le trahit. Il inspire bruyamment puis exhale de longs soupirs, sa bouche à demie-pincée révélant une sombre inquiétude qui – j'en suis sûre- ne dépassera jamais ses lèvres. Puis il se tourne encore, froisse les draps de ses mains, ne laissant que la sueur moite de son trouble passager disparaitre lentement sur le tissu. Tous ses secrets affluent à la surface, sa bouche s'entrouvre, un infime frisson parcourt sa peau : il va dire quelque chose.

Je me redresse, j'ai froid malgré sa chaleur. Sans bruits, je remonte la couverture sur mon ventre.

Parfois, je me demande si mes yeux brillent dans le noir : si c'est le cas, alors ils doivent briller de malice quand je le regarde : Il est adorable lorsqu'il dort. Bien sûr, jamais je ne lui dirai. Fierté masculine oblige, il nierait tout en bloc, le bougre. Je le connais.

Tiens, sa bouche s'est entrouverte, laissant passer un souffle rauque venant du fond de sa gorge. Un filet d'air passe, je l'entends vaguement murmurer des paroles inaudibles. Il les aura oubliées demain matin, en se levant.

Je souris.

Parfois, je déteste ses pensées aux influences machistes, et pourtant, je me dis qu'il ne saurait jamais être autre chose qu'un homme sensuel, viril, et protecteur. Mais un homme aux faiblesses insoupçonnées. Un bouclier qui casse, qui se blesse, qui pleure. Un bouclier de justice inébranlable, qu'un peu de doute, un manque de confiance en soi, peut faire chanceler et se briser.

Il est face à moi, maintenant. Je doute qu'il ait fini de gigoter mais je peux, pendant un bref instant, détailler son visage sans problèmes :

Il est près, dos à la lumière pâle qui se diffuse à travers les carreaux de l'unique fenêtre. Ses deux longues mèches brunes sont éparses. Elles encadrent sa figure, ôtant ainsi tout aspect sévère à ses traits masculins, alors que le reste de sa crinière se déverse sur l'édredon en une masse broussailleuse dont les épis divers se confondent, puis redescendent graduellement vers le bas de sa nuque.

Un courant d'air tiède me caresse la figure.

Sa respiration m'effleure et je sens sa présence jusque sous les pores de ma peau mais étonnamment, malgré sa carrure, il dégage actuellement autant de douceur qu'un enfant.

Paisible et endormi, toutes ses craintes, ses peines et ses inquiétudes semblent aussi fugaces qu'un mauvais rêve, même si bien réelles. Elles disparaissent peu à peu dans les profondeurs de l'obscurité, et délicatement, j'essaye de les chasser d'un revers de la main. Souvent, j'ai l'impression de saisir le fil de ses rêves et de les emporter toujours plus haut, leurs donnant la tonalité légère et enjouée de la danse du cerf-volant.

Ou, au contraire, il m'arrive quelques fois d'attraper à pleines mains ses cauchemars, et de les contenir à bras le corps.

Sans grands succès.

Dans ces moment-là, je me calle contre lui et pose sa tête sur ma poitrine, je passe mes mains dans ses cheveux et le presse tout contre moi, à fleur de peau.

Comme une maman.

Cet homme au physique avantageux, aux muscles apparents, solide comme la pierre, se recroqueville près de mon corps et ne bouge plus, jusqu'à la fin de la nuit.

Je le protège, et il n'en sait absolument rien.

Je le garde comme un trésor, je joue aux Anges Gardiens, mais je suis invisible.

Je suis le mur de tendresse qui veille sur lui dans les Ténèbres, et ça ne changera probablement jamais.

Je veille sur ton sommeil, et tu ne le sais même pas,

Terra.