Un monde sans danger
Fandom : Haikyuu !
Paring : Iwaizumi/Oikawa, Bokuto/Akaashi, Kuroo/Daishou
Genre : Univers Alternatif.
Taille : 20 334 mots.
Débutée le 17/10/2018.
Terminée le 21/11/2018.
(Ouais, j'ai fait une pause de trois semaines dans la rédaction mdrr, quel escargot)
Résumé:
UA Code Lyoko.
Oikawa, Iwaizumi, Kuroo, et Bokuto. Un groupe d'amis soudés, quatre internes coincés dans un lycée un peu paumé. Puis un jour, Oikawa découvre une vielle usine abandonnée, ainsi qu'un ordinateur incroyable à l'intérieur. Un supercalculateur. C'est là qu'il fait la rencontre d'Akaashi, l'IA qui se trouve dans le monde que renferme l'unité centrale de ce dernier.
Mais dans son groupe, les secrets ne restent jamais des secrets bien longtemps, surtout pas lorsqu'un cyber virus appelé XANA semble vouloir leur faire du mal.
Note d'Auteur.
*se racle la gorge*
Bonsoir ? Oui. Je sais. JE SAIS. Personne n'avait demandé ça. Un UA Code Lyoko Haikyuu Iwaoi, QUI sur cette planete pourrait penser que c'est une bonne idée ? Mon cerveau apparemment. Ouais, on n'est pas toujours d'accord lui et moi.
Bref, tout ça pour dire que : Je suis désolée. Cet OS fait genre 20K, donc j'ai décidé de le poster en deux fois, alors vous aurez la suite demain (si quelqu'un a le courage de lire ça mdrr, si c'est pas le cas je vous en voudrais pas).
Oh, et bien sûr Code Lyoko c'est ma vie, Odd l'amour de ma vie petit bb va. J'espère que la répartition des persos vous plaira...
Et aussi, la première partie est ma préférée, et je pense que ça se sent un peu trop dans l'écriture de la deuxième. Vous me direz ça demain, mais voilà je vous préviens...
WARNING: OIKAWA AVEC DES LUNETTES A VENIR, FAITES ATTENTION A VOS CULOTTES (scusez moi)
One Shot, part 1.
– Mais moi je te dis qu'elle m'aime bien, affirma Kuroo. Je le sens. Les clins d'œil ne trompent pas.
– Pourtant, la dernière fois que tu l'as invité à sortir, elle t'a foutue une gifle si je me souviens bien, remarqua Bokuto en griffonnant distraitement sur sa feuille.
Il la regarda ensuite avec un air fier de lui. Le brun, lui, grimaça.
– Oui, bon, les filles peuvent être des sacrées contradictions quand elles le veulent. Mais c'est pas parce qu'elles disent non un jour que le lendemain ça va être la même réponse.
Iwaizumi haussa un sourcil.
– En général si, c'est le cas. Mais pour elle, c'était peut-être parce que tu venais de sortir avec sa meilleure amie ? suggéra t-il.
Bokuto fit la moue tout en mordant le bout de son stylo.
– Kuroo..., commença t-il, mais ce dernier coupa court à ce début de remontrance.
– Roh, ça va. Je vous vois venir avec vos têtes, hein. Je sais ce que vous vous me jugez, amis indignes.
– Absolument, confirmèrent-ils ensemble.
Le brun grogna en reportant son regard sur sa feuille, mais se souvint bien trop vite de ce qu'il y était inscrit et la repoussa loin de lui.
– De toute façon, vous êtes tellement prudes qu'avec vous j'ai l'impression d'être une catin.
Bokuto pouffa. Il sembla sur le point de répondre quelque chose – que Kuroo n'aurait très certainement pas apprécié, il en était certain –, mais n'en eut pas le temps car presque aussitôt la voix du professeur Ukai résonna dans la salle :
– Je vous dérange, peut-être ?
Tous les autres élèves se retournèrent vers eux. Quelqu'un ricana.
– Oh, vous savez bien que votre présence est toujours très réconfortante, coach, répondit Kuroo avec un rictus.
Son meilleur ami mécheux lui donna un coup de coude en voyant que cela ne sembla pas beaucoup lui plaire.
– Je t'ai déjà dit qu'en dehors du gymnase, c'est professeur Ukai pour toi, Kuroo.
Il entoura l'une des formules mathématiques écrites au tableau.
– Mais peut-être peux-tu me donner la réponse à la question que je viens de poser ?
Le brun plissa les yeux en tentant de déchiffrer ce qui était inscrit, mais abandonna bien vite : décidément, les maths ce n'était pas son truc.
Il offrit un sourire d'excuse à Ukai puis partit dans un petit rire gêné :
– C'est à dire que je n'ai pas mes lunettes aujourd'hui, alors je n'arrive pas bien à –
– Oui, oui, c'est ça. Bokuto, une idée ?
– Absolument pas, monsieur, répondit-il aussitôt avec son habituel air innocent.
Le professeur sembla à deux doigts de leur lancer l'une de ses craies au visage, mais se retint au dernier instant et se contenta de lever les yeux au ciel.
– Iwaizumi, s'il-te plaît ?
Sa voix avait un timbre presque suppliant.
– Désolé, monsieur, s'excusa t-il en secouant la tête.
– Une vraie bande de blaireau, chuchota Daishou assez fort pour que les tables avoisinantes l'entendent.
– Je te demande pardon ? s'énerva Kuroo en tapant du poing sur la table.
– Vous deux, ne commencez pas.
Son soupir sembla tout droit sorti de son âme, et raisonna dans la pièce.
– Bon très bien.
Il lança un regard au bout de leur rangée.
– Oikawa ?
Ce dernier, qui s'était fait bien plus discret que ses amis, releva la tête. Il remonta ses lunettes sur son nez et regarda ses notes sur sa feuille.
– Il faut utiliser la troisième formule et replacer X en fonction des besoins. Ici, ça donne 17,5 en résultat final.
Ukai lui offrit un sourire reconnaissant.
– Enfin un qui suit, souffla t-il en écrivant le résultat au tableau. Merci, Oikawa.
Ce dernier baissa la tête et tritura ses doigts, les joues rouges. Iwaizumi lui offrit un petit coup d'épaule encourageant.
– Suceur, murmura soudain Daishou.
Le brun se leva, hors de lui.
– Toi, putain ! éclata t-il.
Bokuto tenta d'attraper le bord de sa veste, mais son ami s'éloigna trop vite.
– Kuroo, non !
– Enfoiré !
– Séparez les, tout de suite !
XXX
– Et c'est ici que nous nous retrouvons, là où une fois de plus une bagarre a éclaté, au beau milieu d'une salle de classe d'élèves de première ! Ici Hinata Shoyo, toujours là pour vous rapporter les potins les plus croustillants !
Le rouquin offrit un grand sourire énergique à la caméra, puis rapprocha sa bouche du faux micro qu'il tenait entre ses mains.
– Apparemment, la dispute serait encore une fois partie à cause du caractère de cochon de –
Derrière lui, la grand porte de l'infirmerie s'ouvrit soudainement, laissant apparaître une grande silhouette élancée. Les sourcils du nouvel arrivant se froncèrent et il claque désagréablement sa langue.
– Et voici l'un des élèves concernés : Daishou Suguru ! Daishou, t'as quelque chose à dire pour le journal du lycée ? Un commentaire ? Une explication ? Dans le fond, qui est-ce qui a gagné ?
Une grimace évidente naquit sur son visage légèrement abîmé et il repoussa la caméra loin de lui, faisant presque trébucher le garçon qui la tenait.
– Hey ! protesta le rouquin en rattrapant son ami. T'es pas bien ?
– Dégage de là, morveux. J'ai rien à te dire.
Ce dernier fit la grimace puis lui tira la langue.
– De toute façon, tout le monde dit que Kuroo aurait du frapper plus fort ! lui lança t-il avant de tourner les talons. Viens Kenma, on y va. Peut-être que lui, il pourra répondre à nos questions.
Il lui prit la main et l'emmena avec lui vers le bout du couloir. Derrière lui, Daishou touchait sa joue avec un air irrité.
XXX
– Alors ? demanda Oikawa en remontant ses lunettes. Il a été méchant ?
– Bof, répondit Kuroo avec un sourire en refermant la porte de leur chambre derrière lui.
Un pansement recouvrait sa joue gauche.
– Deux semaines de colles. Et privé d'entraînement pendant trois. Ça va être long, mais ça valait le coup : vous avez vu la tête de Daishou ? Il a saigné de l'arcade sourcilière et l'infirmière lui a foutu du sparadrap.
Son sourire redoubla, et le cœur du châtain se fit plus léger en constatant que son ami ne semblait pas trop lui en vouloir.
– Et alors ? lui demanda Bokuto. Toi t'as bien la joue toute rouge et une lèvre ouverte, y'a pas de quoi être fier.
– Sur son sourcil, Bo'.Son sourcil. Devinez ce qui va se passer quand il va le retirer, son morceau d'adésif ?
– Il va plus avoir de sourcil ? hasarda Iwaizumi
– Encore mieux, le reprit-il. Il va en avoir un sur deux. Sérieux, c'était magnifique.
Même Oikawa semblait content.
– Et ben ça, ricana t-il. J'espère qu'il va moins faire son malin une fois qu'il sera défiguré pour les prochains jours. Ça met combien de temps à repousser un sourcil, au fait ?
Son meilleur ami haussa les épaules.
– J'en sais rien. Longtemps j'espère. Ce sale petit enfoiré n'avait qu'à pas te faire chier.
Il passa son bras autour de ses épaules et colla sa joue contre la sienne. Le châtain eut immédiatement un peu plus chaud. Il fit pourtant comme si cela ne lui faisait rien et lui offrit une petite tape sur le sommet du crane.
– Iwa-chan, c'est pas une raison. Daishou fait chier tout le monde, tout le temps, et aux dernières nouvelles le bureau du directeur ne s'est pas encore transformé en bureau de poste.
– C'est marrant parce que même après trois ans je comprends toujours pas tes blagues.
– C'est parce que c'était pas une blague, Bo', l'informa Kuroo.
– Oh, d'accord, pardon.
Il continua de manger ses chips en silence.
– T'es pas en train de manger sur mon lit, là ? demanda Oikawa en fronçant les sourcils.
Le mécheux se figea dans son geste.
– Non...
– Bokuto, commença Iwaizumi, soit t'arrêtes de bouffer sur ses draps, soit tu vas aller retrouver ton cleps plus vite que prévu.
Ce dernier fit la moue.
– Pourquoi vous le détestez tous comme ça, mon chien ? Il est mignon !
– Primo, s'invita Kuroo, il est moche. Genre vraiment moche. Encore pire que Daishou. Et deuzio, il put la mort, c'est horrible. Une véritable infection. Encore pire que Daishou.
– Mais c'est pas sa faute, le pauvre ! Il y peut rien !
– Non t'as raison, c'est pas sa faute, c'est la tienne ! C'est ma chambre aussi et c'est toi qui a ramené ce sac à puce avec toi aux dernières vacances. Je te jure, un jour je vais te dénoncer comme ça j'aurai enfin la paix.
– Tu ne peux pas me faire ça ! Faire du mal à Kiwi, ça serait comme me faire du mal à moi. Tu veux me faire du mal, Kuroo ? lui demanda t-il en battant des cils.
– Et bien... pas pour l'instant. Tant que ce truc reste de son coté, ça va encore. Et puis c'est pas pire que tes ronflements.
– Mais je ne – !
– Oikawa, tu vas où ?
La voix d'Iwaizumi avait, comme d'habitude, l'étrange capacité d'instaurer le calme dans une pièce. Le châtain se retourna vers eux, penaud, puis commença à se triturer les doigts.
Le brun fronça les sourcils en le voyant faire, mais ne fit pas de commentaire.
– Je dois aller aider les secondes avec leurs devoirs. Je m'étais proposé en début d'année, et le professeur Ukai m'a dit qu'ils auraient besoin de quelques cours en physique alors...
– Tu es bien trop gentil, raisonna Bokuto en continuant de manger. C'est pas parce que t'es le meilleur de la classe que tu dois donner des cours à tout le monde.
– Il a raison pour une fois, approuva Kuroo en ignorant le cri outré de son ami. Tu devrais reposer ton cerveau de temps en temps.
Le châtain leur offrit un sourire reconnaissant.
– Merci, les gars, mais ça va. Ça devrait pas être trop long de toute façon, je serais rentré pour manger.
Il commença à fermer la porte derrière lui.
– A plus. Et, Bo' ? Je retrouve une seule miette dans mon lit et je jette ton chien dans la rivière.
XXX
Iwaizumi tapotait rapidement les touches de sa DS, les sourcils froncés et la tête ailleurs. Allongé sur son lit, il écoutait d'une oreille les gémissements plaintifs de Kuroo, encore et toujours avec comme sujet principal : Daishou. Bokuto l'écoutait avec attention, comme toujours – ou presque –, mais n'intervenait que rarement pour le retenir dans ses propositions de vengeance.
– Comment ça glisser un seau de limaces dans ses draps c'est une mauvaise idée ? Je trouve ça bien, moi.
– Ces pauvres animaux ne t'ont rien fait, Bro. Trouve quelque chose qui ne met pas en péril la vie de ces petits êtres sans défense.
Le brun grogna une réponse, et se remit à marmonner dans sa barbe à la recherche d'une quelconque idée.
Au bout d'un moment, Hajime n'y tint plus.
– Les gars ?
Seuls de brefs grognements distraits lui répondirent.
– Vous trouvez pas qu'Oikawa est bizarre en ce moment ?
– Non, pas plus que d'habitude... Ah ! Aller brûler sa dernière paire de pompe ! Je l'ai entendu en parler pendant deux heures en français la dernière fois, de ses chères et tendres Gravati.
– T'es au courant que si tu lui pètes volontairement un truc, c'est ta mère qui va devoir le lui repayer. Je suis pas certain qu'elle appréciera.
– Ah, merde, t'as raison.
Il se gratta pensivement le menton.
– Putain, mais qu'est-ce que je pourrais bien –
– Les gars ! insista Iwaizumi en se redressant afin de s'asseoir sur son lit. Sérieusement, vous trouvez pas que y'a un truc qui cloche ? Qu'il est plus silencieux ?
Bokuto haussa les épaules.
– Si, peut-être, t'as raison. Mais c'est toi qui le connais le mieux, ici. Et puis, parfois il a ses périodes : s'il veut qu'on le laisse tranquille, on va pas insister, si ?
Le brun fronça les sourcils.
– Donc vous aussi vous aviez capté qu'il mentait pour son truc de physique ?
Kuroo ricana.
– Hajime, chéri, tu nous prends pour des cons ? C'était carrément marqué sur son visage. Il s'est même tripoté les doigts.
Ce dernier soupira.
– Je pensais qu'on était assez proche pour qu'il me dise tout, marmonna t-il. J'ai pas de secret pour lui, moi.
– Et c'est bien dommage, répliqua Tetsuro. Tout le monde devrait avoir ses petits secrets.
– T'as des secrets toi ? s'étonna Bokuto.
– Avec toi, c'est pas possible. Et c'est bien pour ça que je dis que c'est dommage.
Pourtant, Iwaizumi ne semblait pas convaincu. Il connaissait son meilleur ami depuis le jardin d'enfant, et si lui ne lui avait jamais rien caché, il doutait à présent que cela soit réciproque.
Retondant dans le silence, il laissa ses amis reprendre leur discussion et se retint à grand peine de sortir dans le couloir. Oikawa était parti depuis trop longtemps maintenant pour qu'il puisse le suivre, mais la prochaine fois...
La prochaine fois, il découvrirait enfin pourquoi son meilleur ami trouvait qu'il n'était plus si digne de confiance. Parce qu'il était certain que ce n'était pas simplement un 'besoin de calme'.
XXX
Oikawa tapota rapidement sur les touches du clavier devant lui, ouvrit et ferma quelques fenêtres, et le fauteuil puis un visage s'afficha sur l'un des trois écrans suspendus aux tiges en fer qui descendaient du plafond.
– Oikawa-san, entendit-il dire.
La voix sortait des hauts parleurs de l'ordinateur, fixés sur les cotés du moniteur principal.
Le châtain sourit. Devant lui, un visage pixelisé lui offrit une expression légèrement heureuse, et il répliqua :
– Salut, Kei-chan. Je t'ai déjà dit d'arrêter de m'appeler comme ça. Tooru c'est très bien.
L'autre fit la moue.
– Tooru...-san.
– Bon, on fait du progrès. Alors, c'était comment aujourd'hui ? Toujours rien de nouveau ?
Il secoua la tête.
– Calme, comme toujours. Mais je ne suis pas sorti de la tour.
– Tu as déjà essayé d'aller un peu plus loin ? D'après ce que je vois sur la carte à coté de moi, il y a au moins quatre territoire dans... Tiens, ça me fait penser que hier, en fouillant un peu dans les fichiers – il y en a un paquet cryptés, d'ailleurs – j'ai trouvé le nom de l'endroit où tu te trouves. Ça s'appelle Lyoko. Il était juste à coté de celui avec ton prénom et ton nom.
À coté de lui, une visualisation 3D du monde virtuel était projeté en permanence. C'était grand, très grand, et il aurait bien aimé savoir à quoi cela ressemblait de l'intérieur.
– Puisque tu en parles, il me semble que mon prénom était Keiji. Pas Kei-chan. Mon programme est suffisamment avancé pour que je sache que raccourcir mon appellation n'est pas vraiment très polie.
– Mais Kei-chan c'est bien plus chou ! Je vais pas t'appeler Intelligence Artificielle non plus, et puis comme t'es mignon je vois pas pourquoi ton prénom s'accorderait pas avec –
– Tooru-san.
– Oui, oui, j'ai compris j'arrête. Alors, c'est comment en dehors ?
Le petit brun détourna le regard.
– Je ne sais pas comment sortir d'ici. Il n'y a pas de porte.
Oikawa sentit un sourire attendri titiller ses lèvres.
– Je sais que ça doit être un peu flippant, mais essaye de toucher les parois pour voir s'il n'y a pas un passage secret ou quelque chose comme ça.
Sur l'écran, il vit Akaashi se lever avec hésitation puis s'approcher doucement de la passerelle qui menait tout droit à un mur.
– Je ne vois rien, lui dit-il. Même en touchant je ne crois pas que ça fasse quoi que –
Mais il s'interrompit en sentant sa main passer à travers le mur comme dans de la gelée.
– Qu'est-ce que je –
Une nouvelle interface apparut sur l'écran, et Oikawa replaça le micro devant ses lèvres. Ses yeux s'écarquillèrent immédiatement et avant même qu'il puisse y repenser à deux fois, ses doigts pianotèrent rapidement sur le clavier.
– Kei-chan ? C'est une nouvelle map ? Tu es à l'extérieur ? C'est comment ? Dis ? Dis ?
– Je...
Il avait l'air complètement ébahi.
– Je crois que je peux t'envoyer un visuel, tu veux voir ?
Son sourire lui fit presque mal aux joues.
– Oui ! Oui bien sûr ! Fais moi voir, s'il te plaît !
Des lignes de codes s'affichèrent, puis l'écran de gauche devint tout noir avant de laisser apparaître une image tremblotante. Le châtain tenta de maximiser la qualité, et lorsqu'il réussit enfin à rendre la chose plus nette son cœur fit un petit bon dans sa poitrine et il s'exclama :
– On dirait une forêt ! C'est génial, Kei-chan, vraiment génial. Avance un peu pour voir. Dis c'est du vide à coté ?
Il hocha la tête puis avança tranquillement vers le bout du chemin.
– Oui je crois. Je ne vois pas le fond, en tout cas. Et regarde, j'étais dans une tour.
Son champ de vision se retourna complètement, et le châtain put ainsi observer ce que le petit brun voyait.
– Whaou, ça semblait si grand de l'intérieur ?
– Pas vraiment non. Mais c'est étrange, j'ai l'impression que je pouvais accéder à plus de chose à l'intérieur. Peut-être que si j'essayais, je pourrais t'aider avec les fichiers cryptés ?
Le bruit que firent ses doigts en frappant les touches empli la pièce et il hocha la tête.
– Ça serait bien oui. J'ai déjà inséré ma clé USB pour pouvoir travailler depuis mon PC à l'internat, mais ça va prendre un moment, surtout que je suis rarement tout seul.
– C'est vrai que tu vis avec tes amis. C'est de l'un d'eux dont tu me parlais la dernière fois ? Iwa-chan... ?
Il sentit presque aussitôt ses joues chauffer légèrement.
– Oui. C'est mon meilleur ami depuis l'enfance.
– Tu disais que tu l'aimais beaucoup.
– Oui, Kei-chan. Je me souviens de ce que j'ai dit.
– Je n'y connais pas grand chose – à vrai dire, ça doit être l'une des rares choses que mon programme n'arrive pas à comprendre – mais quand tu as dis aimer, je n'avais pas l'impression que –
– Je préfère que les choses restent comme ça, le coupa t-il. Si un jour il apprend que je ne pense pas à lui qu'en tant que meilleur ami... Tu ne comprendras pas, mais ça serait un désastre.
– Si tu le dis. Je ne le connais pas, mais je ne vois pas comment quelqu'un pourrait ne pas t'aimer : sans ta manie pour les surnoms bizarres, tu es plutôt gentil.
– Tu vois quand je te dis que tu es mignon –
– Oikawa.
– Oui, oui, je sais. J'ai promis que je ne le redirai plus. Et je t'ai dit de m'appeler Tooru !
– Ce n'est pas ça. Je ne suis pas tout seul ici. Il y a des sortes... d'animaux ?
Sa voix semblait curieuse. Retrouvant immédiatement la forme, le châtain sentit un nouvel enthousiasme prendre vie en lui.
– Ah oui ? Essaye de leur parler.
Sur la carte, deux petits points rouges apparurent en face du point bleu que représentait Akaashi. À travers ses yeux, il put apercevoir l'apparence de ces petits êtres étranges, semblable à des crustacés marrons.
Akaashi s'approcha doucement, hésitant, et tendit la main en arrivant à leur hauteur... Mais presque aussitôt, le ventre des cancrelats s'illumina et un laser en sorti.
– Euh, Oikawa ? J'ai l'impression que –
Un nouveau laser manqua de le toucher et il bascula en arrière.
– Ils m'attaquent ! Oikawa, ils m'attaquent !
Cette fois-ci, sa jambe prit bel et bien l'impact et Tooru sut qu'il avait grimacé. Le visuel qu'il lui avait envoyé s'interrompit, et son visage s'afficha à nouveau. Dans le coin de son écran, une fenêtre clignota, indiquant -10 points de vie juste au dessus de l'image de son ami.
– Retourne dans la tour ! Kei-chan, vite, dépêche toi, j'ai l'impression que t'as une barre de vie ! Et elle est pas infinie si tu vois ce que je veux dire –
Un nouveau coup le toucha en pleine poitrine, lui faisant ainsi perdre trente point de vie. Akaashi gémit de douleur – comme s'il ressentait réellement la blessure et le choc – puis tenta de se relever rapidement et courut dans la direction inverse. Certes, il ne s'était pas beaucoup éloigné, mais le chemin lui parut étrangement plus long en étant poursuivi.
– Vite, vite, Kei-chan tu –
– Je fais ce que je peux ! lui cria t-il en retour.
La seconde d'après, il passa à travers le mur de la tour alors que les lasers frappaient de plein fouet l'endroit où il venait de disparaître. Le brun recula jusqu'au centre des cercles lumineux, les yeux fixés sur l'endroit où il était sorti quelques instants plus tôt.
Oikawa soupira de soulagement.
– Tu penses qu'ils peuvent rentrer ? Dans la tour ?
Il remonta ses lunettes sur son nez.
– Ça m'étonnerait, sinon ils n'auraient pas attendu que tu sortes pour t'attaquer.
Il pianota à nouveau quelques secondes, puis souffla :
– Au moins, maintenant on sait qu'il vaut mieux que tu évites de sortir.
– Et que les animaux d'ici ne sont pas vraiment mes meilleurs amis.
Le châtain se frotta la joue. Il fallait vraiment qu'il lise tous ces fichiers au plus vite s'il voulait comprendre tout cela au plus vite. Et aider Akaashi, par la même occasion.
Même s'il faisait de son mieux pour se souvenir que non, le petit brun n'était une vraie personne – simplement une intelligence artificielle présente dans le super ordinateur qu'il avait trouvé.
Soudain, son téléphone sonna dans son sac et lorsqu'il regarda de qui venait l'appel, son cœur effectua un petit bon.
– C'est lui ? demanda Keiji. Iwa-chan ?
Son écran était de nouveau passé en mode webcam, et son visage pale lui souriait discrètement – une simple inclinaison de la lèvre.
Tooru hocha la tête et hésita un instant. Puis il se sentit ridicule et appuya sur le bouton décrocher.
– Oikawa ?
Il mit son doigt devant sa bouche afin d'indiquer à son ami virtuel de ne pas dire un mot.
– Oui ? Il y a un problème ?
– Quoi, faut' un problème pour t'appeler maintenant ?
Sa voix semblait être légèrement tendue. Et irrité.
– Iwa-chan, tout va bien ?
– Oui, oui, ça va. Bon, t'es où là ?
Il se mordit la lèvre.
– Je, euh, je suis bientôt là. Oh, il est si tard ? On se retrouve à la cantine, t'inquiète pas.
– Quoi ? Oikawa sérieux t'es où, je peux t'attendre –
– Non, non, c'est bon. Je t'assure, j'arrive, faut juste que je – que je termine un truc avec un seconde. Il avait un peu de mal avec les vecteurs alors...
– Je croyais que c'était de la physique que tu faisais ?
Sur l'écran, Akaashi paraissait particulièrement amusé.
– Ah oui, euh, j'ai dit vecteur ? Je voulais dire lecteur bien sûr, les lecteurs de courant électrique je – hum.
Il se racla la gorge.
– Bon, j'arrive Iwa-chan, à tout de suite !
– Oikawa je –
Mais il raccrocha immédiatement.
Un ricanement lui fit relever la tête et ses yeux rencontrèrent ceux du brun.
– Je n'en suis pas certain, mais je pense que lui raccrocher au nez n'était pas la meilleure chose à faire.
Il grogna en rangeant ses affaires dans son sac.
– C'est ça, moque toi. En attendant, je suis dans la merde, moi.
– Il te connaît. Vous vous connaissez depuis longtemps, non ? Pourquoi tu ne lui parles pas de ce que tu as trouvé ?
Dans le fond, il n'en avait aucune idée. Peut-être parce que ici, dans cette usine, il n'avait pas à faire semblant. À faire comme s'il n'était pas fou amoureux de son meilleur ami. Comme si Kuroo et Bokuto n'allaient pas être choqués devant cela. Comme si sa vie n'allait pas changer à cause de son foutu cœur qui avait décidé de battre pour la mauvaise personne.
Comme s'il n'allait pas perdre Iwaizumi Hajime suite à cela.
– Je... je vais voir.
Il laissa son doigt en suspend au dessus d'une touche.
– A plus, Kei-chan. Je vais essayer de revenir un peu plus vite.
– Oikawa ? Je ne le connais pas, mais fais lui un peu confiance, tu ne penses pas ?
Il ne répondit pas, et ferma la fenêtre qui le reliait à lui.
XXX
Daishou marchait dans les couloirs de l'internat, une serviette autour de la taille et ses affaires de douche précairement placé dans le creux de son coude. Ses cheveux trempés étaient plaqués sur le dessus de son crane, et il sentait de plus en plus les pansements gorgés d'eau qu'ils avaient sur le visage. Bien évidemment, celui placé sur son sourcil ne semblait pas près à se détacher tout seul, comme par hasard.
Il poussa la porte de sa chambre, la verrouillant derrière lui, puis enleva la serviette afin de passer un caleçon propre.
Le jeune homme était l'un des rares à avoir eu la chance d'obtenir une chambre seul. Il n'y en avait qu'une poignée dans tout l'internat, et la plupart se trouvait du coté des filles.
Soupirant en regardant son magnifique reflet dans le miroir face à son lit, Daishou commença à brancher son sèche cheveux sur l'une des prises disponibles. Cet imbécile de Kuroo allait le lui payer : qu'il se dispute un peu, ça c'était habituel pas de quoi en faire un drame, mais qu'il ose lui laisser des marques visibles – pire ! ce pansement allait le défigurer, il en était sûr – c'était inacceptable.
Depuis le début du lycée, ces quatre là étaient devenus inséparables, de vraies glus sans arrêts fourrées ensemble, unis comme les quatre doigts d'une main sans pouce : cela en était écœurant. Pendant une période, il s'était égaré – sérieusement égaré, complètement paumé même, il préférait être bien clair sur ce point – et avait cru vouloir intégrer leur petite bande – beurk, heureusement qu'il avait recouvré ses esprits assez vite, sinon il ne donnerait pas cher de sa matière grise avec tant d'imbécile contagieux autour de lui – mais le courant n'était pas très bien passé entre Kuroo et lui – ou trop de courant, justement, dirait certain – alors plutôt qu'être leur ami, devenir sa Némésis attitrée s'avérait être bien plus drôle. Divertissant, distrayant, marrant, plaisant : utilisez le mot que vous voulez, en tout cas Daishou s'amusait comme un fou.
Sauf lorsqu'il se retrouvait à l'infirmerie, bien évidemment.
La chaleur que propagea le sèche cheveux le fit frissonner des pieds à la tête et, fredonnant doucement, il se mit à imaginer ce qu'il pourrait bien faire pour se venger. Même si dans le fond, il appréciait bien leur petite querelle – et ne répétez à personne ce qu'il vient de penser, sinon sa colère sera terrible – là il avait bien envie de le voir souffrir un peu.
Juste pour voir.
Mais soudain, il se passa quelque chose d'étrange. Une sorte de petite fumée noire commença à s'échapper de la prise, et ne put que regarder, impuissant, le courant électrique remonter le long du fil noir jusqu'à sa main.
Avant même qu'il pense à le lâcher, son corps se tendit au possible, une douleur sourde résonnant à ses tempes, et l'obscurité l'engloutie.
XXX
La nuit venait tout juste de tomber lorsqu'Oikawa rejoignit ses amis à table. Comme d'habitude, Kuroo et Bokuto faisaient les imbéciles, se jetant respectivement des petites boules de mie de pain avec l'aide de leurs cuillères, et Iwaizumi tentait en vain de les prévenir que le coach Ukai se trouvait juste derrière eux et les regardait avec un air fort peu aimable. De toute façon, Kuroo pouvait difficilement être puni davantage : il avait fait carton plein au niveau des heures de colle.
En l'apercevant, son meilleur ami fronça les sourcils mais ne dit rien. Il le regarda simplement s'asseoir à ses cotés avec un sourire d'excuse.
– Oh, Oikawa, le remarqua enfin Bokuto en se prenant un morceau de pain juste au dessus de l'œil. T'as fini tes trucs ?
Il riposta en ricanant et le brun se protégea avec son plateau. Au bout de la salle, tout le monde put entendre Ukai crier : « Kuroo, Bokuto, si vous arrêtez pas maintenant je vous vire du réfectoire à coups de pied dans le derrière ! »
– Ouais, t'as fini ce que t'avais à faire ? lui demanda Iwaizumi dans un grognement en écartant les légumes sur le rebord de son assiette.
Le châtain rougit de honte mais hocha tout de même la tête.
– Je suis désolé d'être en retard j'avais –
– Oui, oui. Des trucs à faire, on sait.
Décidément, le brun semblait d'une humeur massacrante.
Pour ne rien ajouter, Oikawa grignota ce qui se trouvait sur son plateau en silence et remonta ses lunettes sur son nez. Il écouta distraitement la conversation animé de ses amis sur le dernier jeu vidéo à la mode, et tenta de lancer de petits regards désolés en direction du brun qui se complaisait dans son mutisme.
Au bout d'un moment, il abandonna et participa à la conversation de Kuroo et Bokuto.
– Et toi Oikawa ? Tu y as joué à celui là ? En ce moment tu es tout le temps sur ton pc alors peut-être que –
– J'y ai joué, ouais. Mais la fin était trop dur, je l'ai pas encore terminé.
– J'en étais sûr ! Tu vois, même lui a pas réussi !
– Mais ça doit bien être possible, je connais un gars qui –
– Kuroo !
Tout le groupe se retourna comme un seul homme vers la personne qui venait d'arriver à leur hauteur, puis le concerné haussa un sourcil.
– Hinata ? Kenma ? Vous êtes pas couchés à cette heure, vous ?
– Ahaha. Hilarant, répliqua le rouquin en gonflant les joues.
– Tiens ! s'exclama le brun en se retournant vers Bokuto. Regarde ça : Kenma, t'y as joué toi, à ce jeu, non ?
Ce dernier hocha la tête.
– Et tu as réussi à le terminer ? demanda Oikawa.
Nouveau hochement de tête.
– Ah bah merde alors, grogna Bokuto. C'est possible, donc.
Il croisa ses bras sur sa poitrine et commença à se balancer sur sa chaise.
– Je suis là aussi ! s'exclama soudain Hinata en sautant sur place. Kuroo, Kuroo ! En échange d'un scoop, tu accepterais de répondre à nos questions sur ta bagarre avec Daishou ?
Le brun ricana.
– Tu sais bien que même sans scoop je vous dirais tout ce que vous voulez. Par contre, si vous arrivez à choper une photo de sa tronche quand il aura retiré son pansement, là tu auras ma reconnaissance éternelle !
– Deal, lui dit-il en tendant sa main pour effectuer une poignée de main.
Oikawa les regardait avec un sourire aux lèvres.
– Alors, c'était quoi le scoop dont tu nous as parlé ?
Les deux garçons se regardèrent, et alors qu'Hinata ouvrait la bouche avec un air excité, ce fut Kenma qui répondit à sa question.
– Daishou est a l'infirmerie.
– Quoi ?
Kuroo s'était figé.
– J'ai pas cogné si fort que ça, tenta t-il de rire. Quelle chochotte celui là.
– En fait, le corrigea le rouquin, apparemment il s'est pris un gros coup de jus dans sa chambre et ça l'a mis complètement k.o.
– Un coup de jus ?
– Oui, acquiesça Kenma. Enfin, ça ressemblait plus à une électrocution qu'à un coup de jus mais... il est juste un peu sonné, alors ça va.
– Juste un peu sonné, murmura Kuroo.
D'un coup, il sembla ne plus avoir envie de toucher son assiette.
Oikawa le regarda faire puis échangea un regard entendu avec Bokuto. Ce dernier prit un inspiration discrète avant de s'exclamer :
– Et bien, ça me semble être une occasion parfaite d'aller le faire chier !
Le brun releva la tête.
– Tu crois ? Peut-être que pour une fois, on devrait le laisser se reposer et...
– Quoi ? T'as pas envie de pouvoir le narguer sans qu'il puisse bouger ?
Il lui donna un petit coup de coude.
– Allez bro', ramène toi. Je t'accompagne.
Ils se levèrent ensemble et quittèrent discrètement la cantine, évitant le coach en créant une diversion – a.k.a débuter une bataille de nourriture en balançant le contenu de leurs assiettes dans la tête de Kyotani qui rugit de colère avant de retourner la table –.
– Ils en font toujours trop..., souffla Iwaizumi avec désespoir.
Cette fois, leurs regards se croisèrent et le brun pinça les lèvres.
– Bon, lui dit-il. On s'éclipse aussi ? Ça devient un peu trop bruyant par ici.
Il évita un morceau de poulet avant de froncer les sourcils.
– Sérieusement ils devraient vraiment arrêter de faire ça. C'est pas bien de gâcher la nourriture.
Et ce fut au moment où Oikawa se retrouva avec du yaourt dans les cheveux qu'il le suivit sans complainte.
– Il a pas répondu à nos questions, gémit Hinata en se cachant sous la table avec Kenma.
Son ami lui tapota l'épaule dans un geste réconfortant et le rouquin hocha la tête avec ferveur.
– T'as raison ! La prochaine fois, je le force à me répondre et je ne lui dirais mon scoop qu'ensuite !
XXX
– Bon, je t'attends là, hein, proposa Bokuto lorsqu'ils arrivèrent devant la porte de l'infirmerie. Normalement à cette heure là, Saeko-san est déjà rentrée chez elle. Peut-être qu'elle l'a enfermé à l'intérieur pour la nuit ?
– Peut-être ouais. Tu sais toujours comment forcer une porte ?
– Bien sûr, tu me prends pour qui ?
– Bah pour un mec qui pourrait se battre avec quelqu'un qui a marché sur la queue d'un chien.
– Les gens sont cruels et sans cœur. Tiens d'ailleurs tu me fais penser que ça va faire deux heures que j'ai pas sorti Kiwi.
Le brun laissa un rictus poindre sur ses lèvres.
– Toi et ton chien, alors... Bon, ouvre moi cette porte et je le sors avec toi après.
Un immense sourire apparu sur ses lèvres.
– Ouais ! Allez, va le faire chier quelques minutes et ensuite on ira !
Bokuto s'accroupit devant la porte, sortit un vieux trombone qui traînait dans la poche arrière de son jean, puis s'affaira à se souvenir de ce qu'il avait appris étant gamin. Les habitudes avaient la vie dure, si bien qu'en quelques secondes un clic retentit et il fut capable d'abaisser la clenche.
– Un jeu d'enfant, murmura t-il en laissant passer Kuroo. À tout à l'heure !
XXX
En entrant dans la salle, le brun fut tout de suite rassuré par quelque chose : Daishou dormait profondément. Il regarda sa poitrine s'élever et s'abaisser au rythme de sa respiration, puis fit quelques pas vers lui avant de s'arrêter.
Il n'aurait pas dû être inquiet. Dans les faits, il adorait cette situation : se disputer quotidiennement avec cet imbécile leur permettaient à tous les deux de ne pas trop réfléchir. Daishou ne pouvait physiquement pas s'entendre avec ses amis, alors la seule façon pour eux de continuer à se parler un minimum – et dans le fond, peu importe ce qu'ils se disaient, c'était les interactions qui comptaient – était celle-ci : deux ennemis de première qui passaient leur temps à se lancer des piques.
Mais là, pour le coup, il pouvait difficilement faire autre chose que de s'inquiéter pour lui.
Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, mais il crut réellement ce dernier allait s'arrêter lorsque les sourcils de Suguru se froncèrent. Ses paupières tremblèrent, un frisson remonta le long de son bras droit – Kuroo put apercevoir la chair de poule qui recouvrit sa peau – et la seconde d'après, ses pupilles noirs légèrement vitreuses se posèrent sur l'obscurité de la pièce.
Il ne mit pas longtemps à remarquer sa présence.
– Quoi ? grommela t-il. Ça défrise, hein ?
Le brun laissa échapper un éclat de rire étonné.
– Sérieux ? Ça fait combien de temps que tu cherches à la caser, celle là ?
Daishou ferma les yeux, un vague sourire sur les lèvres.
– En fait, je l'ai sorti à Saeko tout à l'heure. Mais elle a trouvé ça tellement nul qu'elle a failli me rendormir illico avec son poing.
– Pauvre de toi, ça doit pas être facile d'avoir un humour de merde.
– C'est ça, fous toi de moi. En attendant, j'ai quand même réussi à trouver un jeu de mot alors que je suis passé à deux deux doigts de la mort.
– A deux doigts de la mort, hein ? Heureusement que t'es pas du genre à exagérer.
– Heureusement, oui.
Le volume de sa voix diminuait de plus en plus, ses paupières se refermèrent de nouveau, et soudain sa respiration se fit de nouveau complètement régulière.
Kuroo regarda son visage et ses muscles se détendre petit à petit, puis reposa son poids contre le mur derrière lui. Il faisait assez frais dans l'infirmerie, et le lit sur lequel était allongé cet emmerdeur ne comportait qu'un drap blanc à peine plus épais qu'une serviette en papier.
Il balaya la pièce du regard et s'avança vers l'évier qui se trouvait près de la fenêtre. Il attrapa un gobelet, le rempli au trois quart, puis alla le déposer sur la petit table à coté du lit. Ses yeux furent soudain attirés par le bout des doigts de Daishou.
Ils étaient rouges et brûlés, légèrement ensanglantés.
Sans s'en rendre compte, il tendit le bras, comme hypnotisé, et sa peau frôla la sienne. Un petit sursaut du vert le fit se redresser immédiatement, et Kuroo fit un pas en arrière.
En arrivant dans sa chambre, le chien de Bokuto courait partout dans la chambre et sautait sur son lit.
– Alors ? lui demanda t-il en relevant la tête. Allons nous retrouver le corps inanimé de Daishou demain matin ?
– Nan, il dormait, répondit-il en enfilant sa veste. Et je suis pas encore assez désespéré pour lui arracher son sparadrap dans son sommeil. Quoique, maintenant que j'y repense...
– Trop tard, bro'. Maintenant tu dois m'accompagner.
Il lui offrit un grand sourire.
– Je crois que Kiwi a très envie de pisser sur ta couette.
XXX
Ils ne s'étaient pas adressés un mot de toute la soirée.
À vrai dire, Oikawa avait bien essayé d'engager la conversation – plusieurs fois, même – mais Iwaizumi finissait toujours par lui demander comment c'était passé son petit cours de soutien qui avait duré plusieurs heures, et le châtain n'avait plus la force de lui mentir en le regardant droit dans les yeux. Alors ils avaient fini par éteindre les lumières sans un mot, puis il avait écouter la respiration énervée du brun se calmer petit à petit, jusqu'à ne plus devenir qu'un léger ronflement uniforme.
Au bout d'un moment, lorsque son réveil indiqua qu'il était déjà plus d'une heure du matin, il ne put rester allongé là dans le noir les yeux grands ouverts une minute de plus et rabattit les couvertures sur le coté et se leva à pas de loup jusqu'à son bureau à l'autre bout de la pièce.
Il alluma son ordinateur, baissa la luminosité et le son, puis inséra la clé USB qu'il avait ramené de l'usine. Une grande partie des fichiers cryptés se trouvait dessus, et il devait absolument en lire une partie afin de comprendre ce qu'était ce monde qu'il avait trouvé.
Au bout de quelques minutes, il se laissa complètement happer par sa lecture. Trouver la clé de lecture avait été bien plus simple que ce à quoi il s'était attendu, si bien qu'il ne tarda pas à mettre son nez dans tout ce qu'il trouva. Scanners. Lyoko. Virtualisation. XANA. Pleins de mots qu'il ne comprenait pas vraiment et qui n'avaient aucun sens si on les analysait individuellement. D'après ce qu'il comprit, grâce aux sortes de sarcophages qui se trouvaient à l'étage inférieur à la salle de commande de l'ordinateur, il était possible d'envoyer des personnes réelles dans le monde où se trouvait Akaashi. Dans Lyoko. Toute une affaire de cellule désassemblées et pixelisés afin de transférer les données directement sur la carte. Il fallait qu'il essaye de faire ça, en prenant un cobaye vivant – pas lui bien sûr, il était bien trop trouillard pour ça –.
Sans qu'il ne s'en rende compte, une sorte de fumée noire commença à s'échapper de la prise principale où était branché son ordinateur. Concentré sur le fichier d'une sorte de programme nommé Xana – peut-être était-ce le principal programme de création ? – le châtain de fit plus vraiment attention à ce qui se trouvait autour de lui. Il n'entendit pas Iwaizumi se retourner une fois de trop dans son lit. Il ne vit pas la décharge électrique qui longea le fil d'alimentation jusqu'au clavier où était posé son doigt.
En fait, il ne se rendit compte de rien avant que son corps entier ne se tende de douleur et que ses yeux s'écarquillent.
Il entendit vaguement son meilleur ami crier son prénom.
Puis ce fut le noir complet.
XXX
– Oikawa ? Oikawa c'est vraiment bizarre par ici.
– Il y a des sortes de pulsations à l'extérieur, et j'ai découvert un dossier nommé Xana ça ne me dit vraiment rien vaille, j'ai l'impression que ça me rappelle quelque chose...
– Oikawa, je crois qu'il y a un problème ici, s'il te plaît réponds !
– Oikawa !
XXX
Quand le châtain reprit entièrement conscience à l'infirmerie, ce fut sur les petites lueurs du matin. La pièce était déserte à l'exception de Daishou qui se reposait dans le lit d'à coté ainsi que d'Iwaizumi qui s'était endormi assis sur une chaise, les bras croisés sur les draps blancs qui le recouvraient.
Il regarda son meilleur ami un instant, légèrement décontenancé, puis entreprit de le réveiller. Il grimaça lorsque le bout de ses doigts entrèrent en contact avec sa peau : ils étaient légèrement brûlés.
– Iwa-chan..., murmura t-il afin de ne pas réveiller Daishou. Iwa-chan, réveille toi.
Ses sourcils se froncèrent et son corps se tendit perceptiblement. Il ouvrit les yeux, papillonna quelques secondes, puis il regarda autour de lui avec un air perdu. Lorsque son regard se posa sur Oikawa, il ne mit que quelques instants avant de sauter sur ses pieds et de rapprocher son visage du sien.
– Oikawa ! lui dit-il bien trop fort.
Le concerné posa immédiatement une main sur la bouche de son ami puis rabattit les draps sur le coté. Il essaya de se lever, mais ses jambes ne semblèrent pas encore tout à fait capable de le soutenir si bien qu'il manqua de tomber – mais le brun le rattrapa in extremis en voyant ses genoux se dérober –.
– Je peux savoir ce que tu fous ? siffla t-il, les sourcils froncés. Recouche toi tout de suite !
– Iwa-chan, j'ai dit chut. J'ai des trucs à te dire, et j'ai pas envie de que l'autre poucave (il pointa la troisième personne présente dans pièce) se réveille et entende tout.
– Écoute, si c'est à cause de hier je suis désolé, d'accord ? Si tu ne veux pas me le dire, c'est pas grave, mais en attendant recouche toi parce que bordel tu t'es fait électrocuter !
Le châtain reposa sa main sur sa bouche en grimaçant.
– Aux toilettes, lui dit-il. Tout de suite.
Laissant échapper un profond soupir, Iwaizumi fit tout de même ce qu'il lui demandait et le conduisit – en le portant gentiment – jusqu'à la pièce isolée qui contenait les toilettes. Une fois tous les deux à l'intérieur, Oikawa ferma le verrou puis se retourna vers lui.
– Bon, raconte moi ce qui s'est passé parce que je me souviens pas très bien.
– Hier soir ? On est allés se coucher et tu t'es relevé en pleine nuit pour aller faire je ne sais quoi sur ton pc. Au bout d'un moment, le bruit des touches m'a réveillé et quand je me suis redressé, je t'ai vu t'écrouler de ta chaise alors j'ai appelé Ukai qui lui a fait rappliquer l'infirmière.
– En pleine nuit ?
– Ouais, en pleine nuit. Je voulais qu'ils t'emmènent aux urgences, mais elle a dit que t'allais bien et que c'était juste une trop grosse châtaigne.
Ses yeux descendirent malgré lui vers les doigts brûlés du châtain. Il les cacha derrière son t-shirt de pyjama.
– Ce n'était pas normal, murmura t-il pour lui même.
Il alla s'asseoir sur les toilettes.
– Je te le fais pas dire. Deux électrocutés en moins de vingt quatre heures ? Il faut qu'ils changent leur circuit électrique là.
Mais Oikawa ne parvenait étrangement pas à croire que ce n'était que ça : une défaillance électrique. Non, décidément il y avait un problème extérieur à cela, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il fallait qu'il en parle à Akaashi, et le plus vite possible. Son intuition lui soufflait qu'il y avait danger, et il ne l'ignorait que rarement.
– Iwa-chan, je vais te le dire, d'accord ? Où j'étais. Demain, je vais te montrer, mais tu dois me promettre de garder ça secret et de ne surtout pas me juger.
Ou appeler l'asile, ajouta t-il mentalement.
– Tu me prends pour quoi ? demanda le brun en fronçant les sourcils. Si tu gardais ça secret c'était pour une raison, je vais pas aller le crier sur tous les toits. Et pourquoi je te jugerais ?
– Tu verras ça demain.
Ses paupières commençaient à se fermer toutes seules. Il tendit les bras pour que son meilleur ami le porte à nouveau jusqu'à son lit, et c'est ce qu'il fit sans hésiter. Une fois de retour dans le lit qui grinça sous son poids, le châtain regarda Hajime aller se rasseoir sur sa chaise.
– Tu vas pas dormir là ?
Il s'écarta un peu sur le coté de telle sorte à lui laisser une place.
– Viens là ou retourne dans notre chambre.
Et sans hésiter, le brun se glissa sous les draps avec lui et ferma les yeux.
XXX
– Madame ?
– Iwaizumi ? Que se passe t-il ?
– Je peux aller à l'infirmerie ? Je me sens pas bien.
– Écoute, on sait bien que tu t'inquiètes pour Oikawa mais...
– Je vais vomir.
– Je ne peux pas te permettre de –
– Je vais vous vomir dessus.
– … Bon, vas-y. Mais fais vite, s'il-te plaît.
XXX
Quand Oikawa tenta de se glisser à l'extérieur de l'infirmerie, il se rendit rapidement compte qu'il avait négligé une grosse partie du problème. Certes, son corps était en partie rétabli et il se sentait à présent capable de se lever sans problème, mais une épine bien plus importante se trouvait à présent plantée dans son pied...
– Tu vas où comme ça ?
Sans même s'en rendre compte, il s'était mis à grincer des dents.
– Loin de toi, Daishou. Tu me pompes l'air.
Ce dernier émit un reniflement dédaigneux.
– Oh, pitié. Tu n'es même pas capable de rester dans la même pièce que moi plus de quelques heures ?
– J'ai déjà dû dormir à quelques mètres de ta face de vipère, n'en demande pas trop non plus. Je vais récupérer des fringues dans ma chambre.
– Saeko ne veut pas qu'on quitte l'infirmerie.
Sa main se crispa sur la poignée.
– Tu vois Saeko dans les parages ? Je ne pensais pas que t'étais une telle balance.
En fait, si. Il le pensait totalement.
– Et moi je ne pensais pas que le petit chouchou des profs pouvait ne pas obéir à un ordre direct.
Il haussa les épaules.
– Écoute, Daishou. Fais ce que tu veux, dis leur que je suis parti si tu veux, j'en ai rien à faire.
Un petit rictus narquois naquit sur ses lèvres.
– Mais en attendant, je peux t'assurer que vous n'êtes pas aussi discret que vous le pensez avec Kuroo.
Et il quitta la pièce sous le cri étouffé d'une exclamation outrée.
XXX
En mettant un pied hors de du bâtiment de l'infirmerie, Oikawa perdit l'équilibre l'espace d'un instant, étourdit par le soleil. Il s'appuya contre le mur le plus proche puis reprit sa respiration.
S'il ne se dépêchait pas, Iwaizumi allait...
– Oikawa ? Ça va ?
La voix de son meilleur ami attira son attention et il releva la tête. Un bras passa autour de sa taille et il sentit ses joues chauffer, regagnant ainsi assez de force pour s'écarter. Même à travers ses vêtements, l'endroit où il venait de le toucher était comme en feu.
– Ça va, désolé.
Il se racla la gorge.
– On se devait pas se retrouver aux dortoirs ?
Hajime fit une grimace.
– Si, mais je n'étais pas sûr que tu réussisses à sortir.
– Oh je t'en prie. Je peux encore m'occuper de Daishou tout seul, merci.
– Je pensais surtout à Saeko, mais c'est vrai qu'il est là aussi, lui. Et puis je me suis dit que tant qu'à faire...
– Je vois. Et toi, ça n'a pas été trop dur pour partir ?
Il secoua la tête.
– J'espère que ce que tu as a me montrer est assez important pour que je ne regrette pas d'avoir menacé madame Hertz de lui vomir dessus.
Un petit rire passa les lèvres du châtain.
– C'est important. Je te le promets. Surtout avec ce sur-plein de courant électrique...
Il avait murmuré les derniers mots, si bien qu'Iwaizumi ne les entendit pas.
– Bien, se résolut Tooru. On y va.
Et il prit le chemin du parc.
XXX
Ils regardèrent Iwaizumi quitter la salle en quatrième vitesse, les sourcils froncés. Bokuto pencha la tête d'un coté tandis que Kuroo marmonna dans sa barbe en posant son menton dans la paume de sa main.
– Y'a anguille sous roche, grogna t-il.
Son meilleur ami hocha la tête en gribouillant distraitement sur sa feuille.
– Ah oui ?
– Déjà, Oikawa qui se fait électrocuter ? Super chelou.
– Et Daishou aussi.
– Ah oui, murmura le brun en détournant le regard. J'avais déjà oublié, tiens.
– C'est ça.
La professeure fronça les sourcils mais la classe entière discutait comme si de rien n'était.
– Ensuite, continua t-il, pourquoi Iwaizumi part comme ça au milieu du cours ? Certes, il est chiant, mais quand même. S'il sèche trop, Takeda-sensei va être obligé de le virer de l'équipe d'aïkido.
– Et tu ne veux pas qu'il perde sa place ? Comme tu es gentil.
– En fait, la dernière fois qu'il s'est fait suspendre, pendant une semaine seulement, Takeda a pleuré toutes les larmes de son corps alors...
– Ah, oui. C'est vrai qu'il est sensible.
– N'est-ce pas ?
Madame Hertz tenta une nouvelle fois de réclamer le silence.
– Bon, donc comme je disais : c'est bizarre. Qu'Oikawa nous cache quelque chose, d'accord. Il est dans sa bulle, notre petit Einstein, alors on lui pardonne. Mais Hajime ? C'est l'honnêteté incarnée ! Et si lui sait, je vois pas pourquoi nous, on saurait pas.
– Oui, oui, confirma Bokuto en griffonnant un visage.
Le brun le regarda avec un air désespéré.
– Je vais aller les voir, et ensuite je compte aller me faire une chèvre histoire de calmer mes pulsions sexuelles.
– Oui, oui, répéta t-il. Vraiment méchant.
– Je vois.
Il lâcha un profond soupir. Il ne lui restait plus qu'aller vérifier par lui même.
– Madame ? demanda t-il en se levant.
Elle lui retourna un regard fatigué.
– Oui, Kuroo ?
– Je peux aller à l'infirmerie ?
– Je –
– S'il vous plaît ?
– Je croyais que –
– S'il vous plaît ?
– … Bon, vas-y.
– Merci ! Euh, je veux dire cough, cough, je vais mourir.
XXX
Iwaizumi n'avait pas dit un mot de tout le trajet. Non pas qu'il n'ait pas essayé en vérité, il avait plusieurs fois tenté d'ouvrir la bouche, mais dès qu'il le faisait une petite voix dans sa tête lui soufflait : attends encore un peu, il doit y avoir une explication à tout ça. Mais après être passé dans les égouts – les égouts ! Son meilleur ami avait vraiment eu le culot de le traîner dans cet endroit infesté de rats ! – pour finalement atterrir dans une usine délabrée et s'être fait traîner dans un vieux monte charge aux allures plus que douteuses, cette fois fois il n'en pouvait plus.
Il fallait qu'il s'exprime.
– Bordel de chiotte.
Les portes en fer de l'ascenseur s'ouvrirent dans un grand bruit alors qu'Oikawa se retournait vers lui, un sourcil haussé.
– Iwa-chan, un peu de tenue.
Il faillit répondre quelque chose – en rapport avec la stabilité de son esprit étant donné que bordel comment il avait fait pour trouver cet endroit flippant ? – mais la salle dans laquelle ils débarquèrent le laissa sans voix.
Pleine de fils et d'écrans, une carte était projetée en trois dimension au centre de la pièce. Doucement, ses yeux s'écarquillèrent et il observa le châtain aller tranquillement s'asseoir sur le fauteuil en face du clavier.
– Oikawa tu –
– Kei-chan ? T'es là ?
– Oikawa !
– Oui, Iwa-chan ?
Par où commencer ?
– C'est quoi ça ?
– Un ordinateur, Iwa-chan.
– Oikawa, j'ai essayé de te contacter mais tu n'étais pas là, alors...
Des bruits étranges semblaient perturber la connexion.
– Kei-chan, t'es où là ? C'est quoi ces bruits ?
Hajime regarda une nouvelle fois autour de lui, la bouche grande ouverte. Peu importe ce qu'était cet endroit, cela valait totalement son mensonge auprès de la professeure de physique chimie.
Et pour l'amour de dieu qui était Kei-chan ?
– Oi –
– Tu te souviens des animaux monstres de la dernière fois ? Et bien j'essaye de leur échapper mais ils sont plutôt rapides en dépit des apparences.
– Tu es sorti ? cria Oikawa en tapotant furieusement sur le clavier.
Son meilleur ami n'avait eu que rarement l'occasion de l'observer faire toutes ces choses sur un ordinateur – en vérité, la dernière en date était le jour où le châtain avait rebooté le pc qu'il venait d'acheter car, en reprenant ses propres mots, je ne peux clairement pas laisser mon meilleur ami utiliser ce tas de merde composté sans l'avoir au moins boosté un minimum : c'est une relique de l'ancien temps ton truc. Bien évidemment, le brun n'y avait pas compris grand chose si bien qu'il s'était contenté de le remercier lorsque ce dernier le lui avait redonné avec un sourire éblouissant et fier de lui.
– Mais pourquoi tu es sorti ? Continua t-il. On a bien vu que c'était dangereux !
Des petits bip retentirent et Iwaizumi s'approcha doucement pour aller regarder derrière son épaule. Sur l'écran, un visage était apparu ainsi que de nombreuses fenêtres, et la garçon haussa un sourcil en l'apercevant.
– C'est qui ? demanda t-il. Iwa-chan ?
Oikawa sembla se souvenir de sa présence et se retourna brusquement. Leurs visages se retrouvèrent à quelques centimètres l'un de l'autre, et ils se mirent à rougir en même temps. Hajime fit un pas en arrière et se racla la gorge tandis que Tooru retournait à son clavier, la tête rentrée dans ses épaules.
– En fait... Iwaizumi tout court c'est bien aussi.
– Oui, évidemment. Mais il a refusé de me dire votre nom complet.
Le garçon fit une grimace et son visage sortit de l'écran.
– Kei-chan ? Kei-chan ?
Quelque chose de rouge clignota dans le coin et Oikawa jura dans sa barbe avant de se remettre à tapoter sur les touches.
– Qu'est-ce qui se passe ? demanda le brun. C'est quoi tout ça ? Et pourquoi il a disparu d'un seul coup ?
Une sueur froide coula le long de la tempe du châtain. Ses mains se déplaçaient si vite qu'Hajime peinait à comprendre ce qui se passait.
– Je t'expliquerai dans un instant, répondit-il. Mais pour l'instant, ce que tu as besoin de savoir c'est que cet ordinateur est relié à un monde qui s'appelle Lyoko, que sur ce monde vivent des monstres... et Kei-chan, une sorte d'intelligence artificielle.
– Et il s'appelle comment en vrai ?
– Kei-ch –
– Oikawa.
– Akaashi Keiji. Mais Kei-chan c'est plus jolie, non ?
– Non. Bon, il se passe quoi, là ?
Sur l'écran, Akaashi réapparut.
– Fais attention, le prévint le châtain, il ne te reste plus que dix points de vie. Encore deux coups et c'est terminé. Et le pire, c'est que je sais même pas ce qui se passera.
– Je suis bientôt de retour à la tour, plus que quelques mètres et – ah !
Son visage disparu à nouveau et cette fois ce fut Hajime qui s'écria :
– Akaashi ?
– Il n'a plus que cinq points de vie, merde. Kei-chan, allô ?
Durant quelques secondes, un grand silence empli la pièce, puis sa voix résonna :
– Je suis à l'intérieur. Pardon, j'ai dû sauter dans le mur.
– Il a du sauter dans quoi ?
– Il peut passer à travers les murs.
– Oh, plutôt cool comme truc – Et attend, non !
Il se redressa soudainement, les sourcils froncés.
– Il est en sécurité maintenant, alors dis moi ce qui se passe !
Oikawa s'appuya de nouveau contre le dossier de son fauteuil puis grimaça. Il tenta de trouver ses mots, réfléchissant à la manière dont il pourrait tourner la chose sans paraître bizarre, mais brusquement, il se souvint de quelque chose et demanda :
– Kei-chan, tu as lu quelques dossiers ? Parce que j'ai trouvé des trucs qui m'avaient l'air plutôt louches et je voulais –
– Ne m'ignore pas.
– Je suis sorti de la tour après avoir senti des vibrations venant du bout du territoire. J'ai lu quelques dossiers, oui, et j'en ai trouvé un sur...
– Xana, dirent-il en même temps.
Le châtain hocha la tête d'un air entendu.
– Y'a quelque chose qui cloche. Dans le monde réel, le courant fait n'importe quoi et y'a des surcharges d'électricité un peu partout. En passant devant un pylône à l'usine, j'ai cru qu'il semblait prêt à exploser.
– Ah bon ? S'étonna Hajime. J'ai rien vu moi. Et puis pour le courant, je suis sûr que le principal à déjà appelé quelqu'un pour faire vérifier ça –
Oikawa se retourna vers son meilleur ami, le regard plus sérieux que jamais.
– Iwa-chan, le plastique n'est pas conducteur.
Ce dernier le regarda sans comprendre.
– La décharge est partie de la prise jusqu'à mon pc. Je me suis fait électrocuter en posant mes doigts sur mon clavier. Mon clavier en plastique.
Le brun ne savait plus quoi dire.
– Et tu crois que... que ça a un rapport avec ce truc ? Ce gros ordinateur et ce monde virtuel ? Au fait Akaashi, enchanté.
– Iwaizumi-san, répondit-il en hochant la tête. Enchanté. Vous êtes bien différent de ce que j'avais imaginé. Je vous pensais un peu plus comme...
Il coula un regard lourd de sens vers Oikawa qui ouvrit la bouche, outré.
– Tu peux m'appeler Iwaizumi, tu sais ? Et arrête de me vouvoyer aussi, c'est bizarre.
– D'accord. Iwaizumi c'est bien.
– Ça va, je vous dérange pas ? J'étais pas du tout en train de parler du fait que j'ai failli mourir cette nuit !
– Tout le temps en train d'exagérer, soupira Akaashi.
– N'est-ce pas ? Et encore, tu ne l'entends pas râler pour un oui et pour un non tous les matins.
– C'est bizarre, mais j'ai pourtant une image très précise de la chose. J'imagine qu'il boude toutes les dix minutes ?
– Sept, en fait. Et t'aurais vu le cinéma qu'il nous a fait la dernière fois à la cantine : pour de simple brocoli je ne te raconte pas la scène.
– Il fait pareil devant l'écran : un vrai grincheux.
– Enfin quelqu'un qui me comprend.
Le châtain croisa ses bras sur sa poitrine.
– Bon les copines, dites moi quand je pourrais enfin continuer de m'inquiéter pour le sort du monde, je vous laisse papoter en attendant.
– Et si susceptible, soupira Hajime.
– Si susceptible, confirma Keiji.
Un silence énervé flotta dans l'air puis le petit brun se racla la gorge à travers l'écran – il avait vu Oikawa le faire à plusieurs reprises, et même s'il ne comprenait pas bien à quoi cela servait, étant donné que sa gorge n'était jamais enrouée, il avait fini par assimiler l'action à un sentiment de gêne, ou quelque chose qui s'en rapprochait –.
– Bon, déclara t-il. Je suis sorti pour suivre les pulsations. Et j'ai trouvé la source : c'est une tour qui se trouve à l'autre bout du territoire, comme je l'ai dit tout à l'heure. Elle était entourée d'un halo rouge, et surtout bien gardée par une bonne dizaine de monstres qui n'ont pas attendu longtemps avant de commencer à me courser. J'ai du faire demi-tour, mais je sais qu'il faut absolument que je rentre à l'intérieur. Ce virus, Xana, a forcément un truc à voir avec ce qui se passe dans votre lycée.
– Je vais peut-être dire une connerie, parce qu'après tout c'est vous les petits génies de l'informatique, mais pourquoi on l'éteint pas cet ordinateur, tout simplement ?
Il se gratta l'arrière du crâne.
– Enfin, je dis ça... Je ne sais pas trop comment ça marche, tout ça, et au contraire je sais très bien que tu as beaucoup d'imagination, mais je te fais confiance et si tu dis que cet ordinateur est relié au problème électrique du lycée, alors ok, je te crois. Mais du coup, si c'est un virus, alors il disparaîtra en même temps, non ?
Oikawa baissa les yeux sur ses droits, qu'il triturait sans pouvoir s'en empêcher.
– Mais, commença t-il, si on éteint le supercalculateur... Kei-chan est à l'intérieur.
– Tu as dit toi même que c'était une intelligence artificielle. Désolé, Akaashi, mais entre toi et la sécurité de mes amis...
– Je comprends tout à fait, pas de problème.
– Ce n'est pas parce que c'est une IA qu'il ne ressent rien ! Certes, il est fait de programme et de pixel, mais en attendant il rit à mes blagues –
– Non.
– Il sourit quand il est heureux, grimace quand il a mal, et je suis sûr qu'il est bien trop gentil pour avouer qu'au fond il n'a pas envie que ce foutu pc soit de nouveau éteint.
Le châtain releva vers son meilleur ami un regard brillant et implorant.
– S'il-te plaît, Iwa-chan... Laisse moi tester quelque chose avant. Et si ça ne marche pas, alors d'accord, on ira le faire ensemble, et je n'y toucherai plus.
Bien malgré lui, Hajime se sentit faiblir. Ces yeux...
– Bon, très bien. Tu as quoi en tête ?
Un immense sourire naquit sur ses lèvres et il se retourna vers l'écran. On aurait dit qu'Akaashi souriait, mais le brun cligna des yeux et la seconde d'après son visage fut de nouveau comme avant.
– D'accord. Allons-y. Kei-chan ?
– Oui ?
– Tu te souviens du dossier sur les scanners ?
– Je savais que c'était ce que tu avais à l'esprit. Il est devant moi.
Le châtain ricana et fit craquer ses doigts. Iwaizumi haussa un sourcil.
– Les scanners ? demanda t-il.
– Des scanners, confirma Oikawa. La salle juste en dessous de nous est remplie de sortes de sarcophages reliés à l'ordinateur. J'ai lu quelque chose dessus, comme quoi il nous serait possible de transférer de la matière organique dans Lyoko.
– Pourquoi tu voudrais transférer de la matière organique ?
Un rictus entendu étira ses lèvres. Akaashi crut bon de préciser :
– Par matière organique, il entend humain. Il veut vous envoyer sur Lyoko pour m'aider à aller voir ce qui se passe dans cette tour rouge, n'est-ce pas ?
– Oh, Kei-chan, tu me connais si bien, ça ferait presque peur !
Iwaizumi retourna le fauteuil face à lui et posa ses mains sur les accoudoirs afin de le stabiliser.
– Tu veux me foutre dans ces sarcophages et me désintégrer ? Ça va pas la tête ? On va éteindre ce truc, maintenant.
Le châtain grimaça.
– Mais non, je ne vais pas t'envoyer comme ça, enfin. Iwa-chan, t'es mon meilleur ami, tu me prends pour qui ? On va faire un essaie d'abord, pour vérifier que ça marche et que c'est sans danger.
– Un essaie ?
– Ouais. Il nous faut un cobaye.
– Un cobaye... ?
Soudain, une idée les traversa en même temps et ils échangèrent un petit regard entendu.
– Reste ici, lui dit Hajime. Je vais le chercher.
XXX
Kuroo sifflotait dans les couloirs, les mains dans les poches, et avançait d'un pas pressé en direction de l'infirmerie. Il repensait au moment où son ami avait quitté la classe, au fait qu'il regardait l'heure toutes les secondes avant cela, comme s'il attendait un moment précis pour se lever et aller rejoindre Oikawa.
Car oui, Kuroo n'était pas idiot : si Iwaizumi avait demandé à aller à l'infirmerie, c'était simplement pour aller le rejoindre, n'importe qui aurait pu le deviner. Après tout, ces deux là étaient toujours ensemble, assortis comme cul et chemise, alors cela n'avait absolument rien d'étonnant. Surtout après ce qui était arrivé au châtain : même Kuroo avait flippé comme jamais en apprenant la nouvelle, puis avait été rassuré en allant lui rendre une petite visite avant le début des cours.
Donc, en comptant le fait qu'Oikawa allait bien, il sentait tout de même qu'il y avait anguille sous roche. Une bonne grosse anguille, même, il avait toujours eu le flair pour sentir ses choses là. Et puis, si Iwaizumi était au courant de se que cachait leur petit Einstein depuis quelques semaines, alors il ne voyait pas pourquoi lui ne pourrait pas savoir aussi : ce n'était pas comme si cela l'intéressait vraiment, mais il était curieux et surtout, adorait foutre ses fesses là où personne ne lui avait demandé de les mettre.
Prenant une grande inspiration, il ouvrit la porte en grand en s'apprêtant à crier Aha ! Vous pensiez que je ne me doutais de rien, hein ? On ne dupe pas si facilement Kuroo Tetsurou ! Mais sa voix mourut dans sa gorge.
Assis sur son lit, une couverture remontée sur ses jambes et un livre dans les mains, Daishou haussa un sourcil en voyant son air défait puis un rictus naquit sur ses lèvres.
– J'ai comme l'impression que ma brillante personne n'était pas celle que tu aurais aimé voir, je me trompe ?
Le brun balaya la pièce du regard.
– Bah, il est où Oikawa ?
Il ferma son livre et se redressa légèrement.
– Ravi de te voir également. Oh moi ? Non rien, juste une petite électrocution la routine, tu vois ? Vraiment ça me touche que tu t'inquiètes ainsi je savais que j'allais te manquer.
Kuroo le fixa sans bouger pendant trente secondes, et Daishou finit par soupirer.
– Bon, ok, très bien : il est parti.
– Comment ça parti ?
– Parti. Plus là. Pris la poudre d'escampette. Disparu.
– Je crois que je vois.
Le blessé émit une sorte de petit mmh mmh, puis rabattit la couverture sur le coté avant de balancer ses jambes hors du lit.
– Et si tu veux mon avis : il avait l'air louche.
– En temps normal je t'aurais dit que je m'en tamponnais le cul, de ton avis, mais pour une fois je crois que ça m'intéresse. Développe.
– Toujours aussi aimable à ce que je vois. Pourquoi devrais-je partager mes informations avec toi ?
Kuroo plissa les yeux.
– Je rêve où, espèce de sale vipère, t'essayes de marchander là ?
Daishou battit innocemment des cils.
– Quoi ? s'étonna t-il d'une voix mielleuse.
– Arg, arrête de faire ça, c'est bon. Qu'est-ce que tu veux ?
– Je vois qu'on se comprend toujours aussi bien.
Nouveau rictus.
– Je te dis ce que je sais et tu m'emmènes avec toi.
Un silence.
– Pardon ?
– Je te dis ce que je sais et tu m'emmènes avec toi.
– J'avais entendu. Pas compris, mais entendu.
– Je savais déjà qu'il fallait te parler comme à un enfant de dix ans, mais bon quand même –
– Pourquoi tu voudrais venir avec moi ?
Daishou soupira dramatiquement.
– Enfin mon cher Kuroo, n'est-ce pas évident ?
– Euh, non ?
– Je me fais chier comme un rat mort ici. Comme un rat mort, tu comprends ? Saeko nous a ordonné de rester ici, et contrairement à ton pote, j'ai pas envie qu'elle me ramène dans ce foutu lit par la peau du cul. Mais en même temps qu'est-ce que je me fais chier, putain ! Je vais bien, cent pourcent remis, mais elle ne veut pas me lâcher. Alors : mes infos contre la liberté. Je veux pouvoir de nouveau fourrer mon nez partout, j'adore ça, et j'ai l'impression que cette pièce est une prison destinée à me faire crever d'ennui.
Le brun en resta sans voix.
– Alors ? insista t-il. Deal ?
– Hum, ouais ok. Je vois que ça te tiens à cœur.
– Parfait. Donc, tes potes là, je les ai entendu parler cette nuit.
– Iwaizumi est resté avec lui cette nuit ?
Daishou haussa un sourcil.
– Ils sont toujours collés au cul de l'autre, pourquoi ça t'étonne ?
Un point pour lui, la balle au centre.
– Donc, comme je disais, je les ai entendu parler.
– Et ils se disaient quoi ?
Il doutait fortement que cette information lui soit utile.
– Le binoclard a chopé l'autre pour l'emmener dans les toilettes et –
– Je te préviens, il y a des choses que je préfère ne pas savoir.
– Et il lui a dit qu'aujourd'hui il lui montrerait où il se cachait. J'ai pas bien compris parce qu'ils parlaient bas, mais...
En voyant le soulagement sur le visage du brun, Daishou afficha un air perplexe.
– T'as l'esprit bien plus tordu que ce qu'on pourrait croire, hein.
XXX
Iwaizumi se faufila dans les dortoirs par la fenêtre du fond qui n'était fermée qu'une fois sur deux – et étrangement jamais en hiver –. Heureusement pour lui, cette fois-ci elle était grande ouverte.
Il s'avança dans les couloirs déserts, passa à travers celui des filles, puis monta les escaliers de secours jusqu'au sien. Il faisait sombre – à cet étage les fenêtres ne se trouvaient que dans les chambres et ces dernières étaient fermées – pourtant il n'alluma pas la lumière de peur de se faire remarquer si Ukai passait par là au mauvais moment, il allait avoir des ennuis.
Une fois arrivé devant la chambre qu'il cherchait, Hajime se glissa à l'intérieur, puis se dirigea vers l'armoire de Bokuto. La pièce était séparée en deux : un coté plutôt bien rangé et ordonné, plein de maillot de volley et de ballons, puis un autre complètement désordonné, le sol jonché de vêtements – propres ou sales, Iwaizumi préférait ne pas le savoir – et les draps du lit défaits. Il se dirigea vers celle du coté qui contenait le bazar, puis ouvrit le dernier tiroir.
Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres.
– Bonjour toi. Pour une fois, tu vas te rendre utile.
La suite demain, merci d'avoir lu, et laissez moi un petit mot si vous avez des remarques !
