Le bruit du métal résonnait dans la pièce à chaque fois qu'elle bougeait les bras, essayant désespéramment de trouver une position plus confortable. Elle aimerait bien leur dire aux gardes que ça faisait mal de rester avec les bras dans le dos, mais elle n'était pas du genre à se plaindre et encore moins du genre à se plaindre lorsqu'elle devait fermer sa bouche. Enfin c'était ce qu'elle aimait se dire. Parce que c'était bien à cause de son assurance -et de sa grande bouche, comme disait ses compagnons- qu'elle se retrouvait dans l'une des cellules de la prison d'Era.

Un sourire de fatigue se dessina sur ses lèvres. Malgré la situation dans laquelle elle se trouvait, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir fière. La tête qu'allait tirer son mentor en l'apprenant promettait être hilarante. Rien que d'y penser lui remontait le moral et la faisait sourire.

Mais le moment, où son mentor se trouverait devant elle avec le poing fermé, elle aurait moins envie de sourire. Elle n'était pas du genre gentille et indulgente. Loin de là. Elle n'était qu'un démon sans cœur et impitoyable qui adorait torturer sa disciple. Non, on ne punissait pas sa disciple parce qu'elle avait oublié de faire la lessive ou parce qu'elle avait une minute de retard à un entraînement... Mais c'était aussi ce qui faisait que Juvia l'admirait.

Elle tenta une énième fois de trouver une position plus confortable et pris appuie sur le mur derrière elle afin de se redresser. Elle resta recroquevillée, les jambes rapprochées contre sa poitrine et le visage regardant le plafond. Pour des cellules de prison d'Era, elles étaient vraiment dégoûtantes. Juvia pensait qu'il y aurait au moins du carrelage ou du parquet au sol mais ce n'était que de la pierre. Des criminels, si on pouvait dire ça, restaient des humains et méritaient au moins des conditions d'emprisonnement décentes. Enfin son cas était différent par rapport aux autres, elle n'avait pas non plus tué quelqu'un ou voler un document de la bibliothèque d'Era.

Elle ne se sentait pas bien. Elle avait vraiment besoin de dormir à ce moment-là et si elle n'avait pas aussi mal, ce serait sûrement ce qu'elle ferait.

Son mentor n'allait sûrement pas être la seule à râler finalement. Elle avait à nouveau mal dans le bas du dos.

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5 années plus tôt

Juvia détestait le matin, parce qu'elle était toujours fatiguée lorsqu'elle se réveillait, même le week-end où elle pouvait faire la grâce matinée, elle restait fatiguée. Son grand-père lui disait simplement qu'elle n'était pas du matin, ce à quoi Juvia répliquait que sûrement personne n'était du matin et lui pour l'enfoncer encore plus lui rappelait le jour où elle était rentrée dans une voiture car elle devait se dépêcher d'aller au lycée. Heureusement elle n'avait rien eu de grave, juste une entorse au coude.

Aujourd'hui son grand-père en rigolait, mais sur le moment ça n'avait pas été drôle, il avait vraiment eu peur de se retrouver seul et de perdre sa petite-fille chérie. Mais maintenant, dès qu'il pouvait lui rappeler cet incident, il le faisait. Après-tout c'était encore frais, le plâtre n'a été enlevé qu'il y a un mois. Puis il n'y avait qu'à Juvia que de telle chose arrivait : elle était maladroite et tenait ça de son père. Une véritable catastrophe ambulante.

Juvia et son grand-père, Katsuo Ishikawa, se trouvaient dans la cuisine. Pour déjeuner ils ne prenaient pas la peine d'aller dans le salon, ils le faisaient de moins en moins d'ailleurs. Ils avaient l'habitude de n'être qu'à deux maintenant. Alors à moins que Meredy (une amie de Juvia) ne vienne dormir à la maison, ils mangeaient souvent, si ce n'est toujours, sur la petite table de la cuisine.

Ce matin, son grand-père avait décidé de tenter quelque chose de nouveau. Il avait tendance à trop lire de magazine, une habitude qu'il avait dû prendre de sa défunte femme, enfin il aimait tester tout ce qu'il voyait dans ces magazines. Entre des jus de fruit home-made (il n'arrivait jamais à le prononcer correctement) ou un velouté carotte-comcombre, Juvia avait servi de souffre-douleur à son grand-père. La nouvelle tendance de cette semaine était les plats étrangers, par exemple hier soir il avait essayé de faire une Panna Cotta pour le dessert. Juvia avait adoré et elle se disait qu'avec ce succès son grand-père s'arrêterait peut-être là, car il était le type d'homme qui voulait rester sur une bonne impression.

Mais ce matin, car il était aussi un homme imprévisible, c'était un déjeuner américain. Omelette, bacon, pancakes (elle comprenait pourquoi ils avaient reçu un colis hier), yaourt, jus d'orange pressé à la main... Et elle qui n'aimait pas déjeuner le matin ou qui se contentait d'un chocolat chaud. Il avait de la chance qu'elle soit en vacances, Juvia déjeunait presque tous les jours lorsqu'elle était en vacances. Déjà parce qu'elle avait le temps, puis aussi parce qu'étant donné qu'elle n'avait rien à faire, ça l'occupait.

Ils déjeunaient donc l'un en face de l'autre et parlaient du programme de la journée même si Katsuo se doutait bien qu'il devrait tout répéter car Juvia avait beaucoup de mal à se concentrer et qu'elle devait en ce moment penser à autre chose.

Et effectivement, Juvia se demandait ce qu'elle pourrait offrir à son papy adoré pour son anniversaire qui arrivait à grands pas. Elle savait qu'il ne voudrait pas une fête surprise où tous ses amis l'attendraient car il détestait ce jour. Juvia aussi d'ailleurs. C'était le jour où elle avait tout perdu. Mais si elle ne s'attardait pas trop sur son triste passé, Juvia se disait qu'elle pourrait peut-être lui acheter le blender qu'il voulait tant pour faire des smoothies. Elle était au moins sûr de lui faire plaisir avec ça. Maintenant qu'elle était un peu plus âgée, elle voulait en quelque sorte le remercier pour tout ce qu'il avait fait pour elle. Son grand-père avait toujours été très attentionné avec elle, il veillait à ce qu'elle ne manque de rien et était très attentif à ses moindres besoins. Il lui offrait toujours ce qu'elle voulait, elle était un peu une enfant gâtée et il se doutait que ce n'était pas la meilleure chose à faire, mais finalement par rapport aux autres enfants elle n'en demandait pas plus.

Son grand-père lui avait apprit à faire beaucoup de chose, comme coudre (il avait lui-même apprit exprès), faire la cuisine (il était un vrai cordon-bleu et partageait cette passion avec sa Juvia), jardiner (parce que de bons légumes du jardin sont bien mieux que ceux empaquetés dans le commerce), à pêcher et à nager (elle était très douée pour ça, il avait même inscrite dans un club, elle en avait fait pendant cinq années, puis à cause des études même si elle adorait ça elle avait préféré arrêter. Mais elle gardait toujours les trophées dans sa chambre et allait nager aussi souvent qu'elle le pouvait)... Il l'aidait aussi à faire ses devoirs pour qu'elle est toujours de bonnes notes, -même si au fil des années ça s'était quelque peu dégradé,- et puisse faire ce qu'elle veut de sa vie.

« Et puis je me disais qu'on pourrait peut-être acheter un renard, ou installer une piscine dans le jardin...

-Hum... pourquoi pas, elle hocha juste de la tête

-Ah, il faudrait peut-être que tu y ailles Juvia-chan, tu vas arriver en retard au lycée »

Il adorait lui faire des petites blagues, ça lui apprenait à ne jamais l'écouter. Puis rigoler de bon matin la mettrait peut-être de bonne humeur, il se doutait bien que la rentrée scolaire la stressait un peu. Surtout qu'elle rentrait au lycée cette année.

« Quoi ? Tu ne pouvais pas me prévenir plus tôt ! »

Elle se leva en reversant presque la chaise mais par réflexe, plus par habitude, elle la rattrapait rapidement avec la main droite.

« Juvia-chan, il soupira mais un sourire était dessiné sur ses lèvres

-En plus je n'ai même pas mis mon uniforme, elle regardait son pyjama aux motifs fraises

-La rentrée est la semaine prochaine »

Elle resta figée, juste quelques secondes le temps qu'elle réalise que son grand-père jouait avec ses nerfs. Puis elle s'assit à nouveau sous les rires de Katsuo.

« Je ne m'en lasserais jamais ! Comme la fois où...

-Oui papy ! Juvia s'en souvient

-Et en plus tu reparles à la troisième personne ! »

Il rigolait de plus belle en tapant sa paume sur la table. Juvia ruminait de son côté, se disant que la prochaine fois qu'il lui reparlait de cette histoire elle le jetait par la fenêtre. C'était un épisode suffisamment gênant dont plus personne ne devrait entendre parler. Même Meredy ne savait pas comment elle s'était faite mal, Juvia avait raconté qu'elle avait glissé à cause de la neige et s'était tapée le coude contre une marche d'escalier.

Elle se leva directement après avoir mangé encore un peu de son assiette et partie se préparer dans sa chambre. Elle était vexée et entendait son grand-père s'étouffer alors qu'il rigolait encore et même si de reparler de son accident l'énervait, elle souriait au moins de voir son grand-père rire de bon cœur. Depuis quelques temps, il n'était pas très bien, même avait carrément le morale dans les chaussettes, comme disait Meredy. Il avait sûrement un coup de mou, cela lui arrivait quelque fois. Dans un ou deux jours, il redeviendrait le même papy enjoué et plein de bonne humeur.

Elle regardait ce qu'elle avait dans son armoire et essayait désespéramment de trouver quelque chose de potable. Juvia était une jeune fille qui comme la plus part, aimait les vêtements et paraître coquette. Le seul problème était qu'ils n'avaient pas les moyens pour les beaux habits et les belles chaussures. Alors, lorsqu'elle devait aller au lycée, ce n'était pas un problème puisqu'elle avait son uniforme. Mais lorsqu'il était question de sortir en ville, c'était différent.

« Tu t'en vas ?

-Oui je dois rejoindre Meredy toute à l'heure et j'avais prévu d'aller m'acheter un livre avant ça, elle entrouvrit la porte de sa chambre pour lui répondre

-Ah d'accord, tu ne vas pas au travail ? »

Juvia travaillait depuis presque un an dans une petite librairie située dans le centre-ville. La patronne était une petite vieille qui adorait la bleue car à chaque fois qu'elle venait acheter un livre, Juvia lui faisait la conversation. Elle se disait qu'elle devait se sentir seule tous les jours, elle n'avait pas beaucoup de clients et des jeunes entraient souvent pour mettre le bazar dans ses étagères. Alors c'était un moyen comme un autre de compenser. Puis elle se sentait à l'aise avec elle, comme si sa grand-mère n'était pas partie.

« Non, Mme. Vincent est en vacances pour la semaine

-Alors si tu pouvais passer faire quelques courses, j'ai envie de faire des ramens pour ce soir

-Okay, dit-elle en exagérant l'accent anglais. De toute façon je ne rentre pas trop tard

-Et si tu as besoin de quelque chose, je suis dans le jardin. A toute à l'heure ! »

Elle farfouilla encore dans son armoire avant de se dire que c'était peine perdue, jamais elle n'aurait les mêmes vêtements que Meredy. Elle jeta donc son dévolu sur l'un des pulls trop grands qu'elle avait fait avec son grand-père et un jeans que lui avait justement donnée Meredy. Elle mit un petit débardeur sous son gros pull car elle détestait sentir la laine contre sa peau et constatait avec exaspération que ses sous-vêtements étaient vraiment horrible. Même Mme. Vincent ne porterait pas ce genre de chose.

Juvia sortit de sa chambre et alla directement dans l'entrée, attrapant au passage une grosse écharpe qu'elle avait aussi faite avec son grand-père. Elle enleva ses pantoufles et enfila ses petites baskets en toile bleue, elles commençaient à s'user mais tenaient encore le choc. Elles pourraient peut-être même tenir jusqu'à l'année prochaine à ce rythme là.

Puis elle sortit dehors, n'oubliant pas le sac qu'elle avait reçu avec son uniforme pour le lycée. Elle eut un dernier regard pour sa maisonnette et se sentit mal. Elle sait bien que son grand-père se retrouvait endetté car il devait s'occuper d'elle. Et ils devaient vivre tous les deux dans un petit espace, situé dans le quartier de Gion à Kyoto. Elle aimait sa maison, mais parfois elle se disait qu'ils seraient bien mieux dans ses beaux appartements modernes et très fonctionnels avec de bels cuisines. La leur était toute petite. Ils habitaient dans une vraie petite maison traditionnelle.

Elle tourna à droite et continua de marcher jusqu'à la station de location de vélo. La librairie se trouvait plutôt loin et ce serait aussi plus pratique pour rejoindre Meredy plus tard. Elle paya et se rendit directement là-bas. Elle détestait lorsque Mme. Vincent n'était pas là pour s'occuper de la boutique car cela voudrait dire que ce serait son petit-fils qui n'arrêtait pas de la « draguer » (si on pouvait appeler ça comme ça), à chaque fois qu'elle mettait un pied à l'intérieur. Il lui faisait un peu peur maintenant, toujours à la regarder et à scruter ses moindres mouvements. Si les policiers devaient trouver un homme pour suivre un suspect qui avait des possibles actions malveillantes, il fallait absolument qu'ils viennent le trouver.

Après avoir traversé le pont et une bonne quinzaine de minutes sur vélo, Juvia arrivait devant la petite librairie. Elle se nommait « Chez Jules Verne ». Voyage au centre de la terre était sans conteste le roman préféré de Mme. Vincent, elle disait qui lui permettait de rêver un peu. Elle était française et était venue s'installer au Japon après la mort de son mari avec sa fille. Pourquoi le Japon ? Lui avait demandé Juvia. De tous les pays existants sur cette terre, elle avait choisi celui-ci. Elle aurait pu aller en Martinique, même en Jamaïque pour trouver un havre de paix. Mme. Vincent lui avait juste répondu « et pourquoi pas ? ». Dans la même journée, elle avait offert à Juvia un exemplaire en japonais du livre de J. Verne. La bleue ne l'avait pas autant apprécié, peut-être était-il trop subtil pour elle. Ou parce que ce n'était pas la même époque, ce roman ne la faisait pas assez voyager. Il fallait dire que de nos jours, on se retrouvait à Paris en un clic.

Juvia laissait son vélo dans la petite ruelle sombre à côté de la porte de derrière et faisait le tour afin d'entrer par celle de devant. Elle n'avait pas de cadenas et ne voulait pas avoir à payer des frais supplémentaire pour un vélo perdu. Elle poussa la vieille porte de la boutique, en appuyant bien sur la poignée car elle bloquait un peu et fut aussitôt accueilli par le petit-fils de Mme. Vincent. Léon.

« Salut Ju-chan ! Il aimait bien l'appeler ainsi et elle n'y faisait plus attention

-Bonjour Léon-san »

Elle se contenta d'aller dans la section qui l'intéressait le plus. Depuis le temps, elle avait ses petites habitudes. Elle entrait, allait dans son rayon favori, trouvait un livre, payait, discutait avec la petite mamie lorsqu'elle était là, sinon essayait de fuir le plus rapidement possible Léon.

« Ju-chan ! Je voulais te dire quelque chose depuis un petit moment »

Pas une nouvelle déclaration d'amour, par pitié. Elle détestait devoir dire non à sa petite bouille d'ange... C'était à cause de ses yeux argentés et de ses yeux en amandes : il réussissait toujours à l'attendrir !

« De quoi veux-tu me parler ?

-Voilà, il se gratta l'arrière du crâne. Comme tu le sais, nous rentrons chacun au lycée la semaine prochaine. Sauf que le mien se trouve dans une autre ville, à... Tokyo ! Oui, Tokyo !

-Ah... Pour l'instant, elle était plus ennuyée qu'autre chose

-Ça va être difficile de ne plus te voir, surtout que je ne sais pas si je pourrais rentrer pendant les vacances. Je voulais juste te dire au revoir correctement car c'est probablement la dernière fois qu'on se voit avant un long moment

-Léon-san, je sais que tu m'apprécies beaucoup mais je ne veux pas te donner de faux espoirs

-Attends ! Oui, oui, je sais tout ça... Là, je m'adresse à toi en tant qu'ami. Pas d'arrière pensée, il prit un air sérieux. Juvia-chan, toi et ta bonne humeur vont vraiment me manquer

-Hum... »

Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle devait dire dans ce genre de situation. D'un côté, Léon semblait tellement honnête pour une fois et Juvia voulait vraiment le croire et effectivement lui faire des au revoir convenables. Car il arrivait malgré tout à la faire sourire lorsqu'elle n'était pas dans son assiette. Mais de l'autre, tellement de fois, il avait réussi à lui jouer des mauvais tours, si bien qu'elle avait eu son premier vrai rendez-vous avec lui. Alors que ça ne devait être qu'une sortie entre copains !

Mais Juvia était naïve, alors elle lui laissa une nouvelle chance.

« Tu vas aussi me manquer, Léon-san... en tant qu'ami bien sûr ! »

Puis c'était trop pour elle, alors elle sortit directement de la boutique. En repartant les mains vides.

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« Sérieusement ?! Même pas un petit bisou sur la joue !

-Pour lui donner de faux espoirs ?!

-Alors au moins une poignée de main Via-chan !

-J... J'ai paniqué ! »

Juvia et sa meilleure amie Meredy étaient assises sur les balançoires du parc près du centre-commercial. Elles s'étaient retrouvées il y a quelques heures maintenant et avaient déjà mangé au fast-food. Meredy avait payé.

Cette dernière, pour éviter de parler de la rentrée scolaire, avait eu la bonne idée de discuter du petit-fils de Mme. Vincent. Et donc, Juvia n'avait presque eu d'autre choix que de lui raconter l'histoire de ce matin. Meredy était hilare à se tenir le ventre devant une Juvia aux joues roses de gêne.

« T'as paniqué ?

-Oui !

-Peut-être qu'il voulait vraiment te dire au revoir en tant qu'ami et sans ambiguïté. T'as souvent les idées mal placées, Meredy tendait vers elle un doigt accusateur

-Je n'ai pas les idées mal placées ! C'est lui qui n'arrête pas d'être bizarre avec moi ! »

L'amie de Juvia explosa une nouvelle fois de rire puis fut suivie par la bleue. C'était trop difficile de ne pas rigoler avec Meredy, elle avait un réel rire communicatif qui pouvait même faire rire un rabat-joie. C'était sûrement pour cette raison qu'elles étaient des amies aussi proches. Juvia avait besoin de rire et Meredy avait besoin d'une personne à faire rire.

A l'époque où elles s'étaient rencontrées, Juvia venait de perdre toute sa famille et d'emménager à Kyoto avec son grand-père. Meredy vivait ici depuis qu'elle était née et était une enfant adoré de tous. Au sein de sa classe, elle était l'élève studieuse que tout le monde admirait mais qui était aussi très attentionnée avec ses camarades. Elle ne cherchait pas à les rabaisser. Juvia se disait que c'était pour ça qu'elle était déléguée de classe toutes les années. Tout le monde l'aimait.

Juvia était tout le contraire de son amie, du moins plus jeune. A la perte de ses parents, de son petit-frère et de sa grand-mère, elle avait radicalement changé. Elle n'avait d'intérêt que pour son grand-père, ne s'adressait à personne d'autre et ne voulait voir personne d'autre. Elle avait tellement peur de le perdre lui aussi, qu'elle s'était refermée sur lui pour essayer de le protéger à tout prix. Puis Meredy s'était intéressée à elle. Sans aucune raison, un peu comme Léon qui avait eu un coup de foudre pour elle. Sauf que pour Meredy c'était amical.

Juvia l'évitait au début, elle ne voulait rien à voir avec elle. Puis au bout d'un mois d'acharnement, à la suivre partout, à lui parler, à essayer de jouer avec elle... Juvia avait rigolé en voyant Meredy se salir en mangeant. A partir de ce moment, Juvia n'avait pas arrêté de sourire.

En grandissant, Meredy avait plusieurs fois vu Juvia paraître triste, ou énervé. Notamment lorsqu'elle était dans son monde. Un jour où elle avait vu une grosse araignée dans les toilettes, elle s'était mise à crier et à pleurer. Meredy qui était tout aussi effrayée s'était tout de même forcée à la jeter dans les toilettes, de voir son amie dans un tel état de panique était perturbant, presque effrayant. Elle n'était pas le genre de personne a réagir de cette manière, alors pour résonner Juvia et la calmer, ça n'avait pas été facile. Elle ne pouvait pas jeter sa peur dans les toilette et la faire disparaître en tirant la chasse d'eau. Ce jour-là, Meredy s'était promise de protéger son amie coûte que coûte. Juvia faisait parti de ces personnes qui ne devaient pas connaître les ténèbres mais pour qui c'était déjà le cas.

Elle ignorait pourquoi, rien ne l'obligeait à faire cela. La plus part de ses amies ne comprenaient d'ailleurs par ce qu'elle lui trouvait et comment elle avait pu la trouver intéressante. Mais Meredy ne le regrettait pas une seule seconde, Juvia était beaucoup plus captivante que toutes ses « amies » réunies dans une même pièce. Et elle avait beaucoup d'amies. Puis Juvia savait la faire rire aussi, c'était d'ailleurs la plus part du temps grâce à elle qu'elles avaient connu des fous rires mémorables. Comme la fois où la bleue et elle-même avaient testé des parfums dans une boutique et avaient du partir car le vigile s'approchait dangereusement d'elle. C'était sûrement l'un de ses meilleurs souvenirs.

« J'espère au moins ne pas le revoir avant un moment, au moins le temps pour qu'il oublie tout ça, ajouta Juvia en s'essuyant le coin de l'œil

-Ah mon humble avis, il ne va rien oublié du tout. Il chérie chaque souvenir qu'il a avec toi !

-Ne dis pas n'importe quoi. Je ne pense pas qu'il soit vraiment amoureux de moi

-Et qu'est-ce que tu en sais ? Tu n'as jamais été amoureuse

-Non mais... j'ai la sensation que c'est plus un jeu pour lui et qu'il veut juste une copine, Juvia avait un petit sourire presque triste »

A cette phrase et à la vue de l'expression sur son visage, Meredy ne pu s'empêcher de se poser une question. Sûrement sa jalousie qui la poussa à la poser directement à la principale concernée.

« T'as des sentiments pour lui ?

-Non ! Elle ne rougit même pas. C'est juste que, parfois je me dis que ça serait bien d'avoir... quelqu'un, elle regarda Meredy dans les yeux. Un peu comme je t'ai toi »

C'était rare que Juvia ouvre son cœur ainsi, d'habitude elle cachait ses sentiments car elle avait peur qu'on ne les lui retourne pas. Même avec Meredy. Elle avait toujours peur qu'elle l'abandonne pour une autre amie, plus riche et sans doute plus jolie.

« Tu me fais une déclaration d'amour ? Demanda Meredy pour détendre l'atmosphère

-Tu rêves ! C'est juste que j'aimerais qu'on reste comme ça pour toujours

-Moi aussi, elle lui attrapa la main »

Elles restèrent dans cette position, sans bouger, seulement une minute ou deux. Regardant l'horizon, ignorant le bruit strident que faisaient les balançoires au moindre mouvement et profitant de cette chaude et petite étreinte dans le froid du temps. Le ciel était couvert aujourd'hui, il allait sans doute pleuvoir un peu plus tard.

« Bon allez ! Je t'aime Ju-chan, elle la serra fort dans ses bras si bien qu'elles faillirent tomber à la renverse. Mais j'aime aussi faire les magasins ! On y va ?

-Oui si tu veux mais je ne ferais que regarder, pouffa ironiquement Juvia

-Ah non ! Je te paye une robe si tu veux mais tu ne sortiras pas les mains vides »

Juvia n'eut pas le temps de répondre que son amie courrait en direction de l'entrée du centre-commercial. Elle la regardait prendre de l'avance et admirait cette fille qui était son amie. Meredy était une jeune-fille très jolie. Elle avait de magnifiques et longs cheveux roses, toujours attachés en une haute queue de cheval, qui lui avaient valu le surnom de Rose. Des traits fins et de grands yeux verts toujours empreints d'une certaine harmonie. Aujourd'hui elle portait une petite robe rose, elle avait également des collants noirs et une père de bottines marrons. Puis à cause du temps, elle portait sa veste kaki (dans le style « militaire » comme aime bien le dire la rose), avec une écharpe en laine grises qui lui avait faite Juvia pour son onzième anniversaire.

« Tu viens Ju-chan ?

-J'arrive ! »

Parfois Juvia se disait que cette personne devait être une bénédiction du ciel. Elle était l'une des meilleures choses qui lui étaient arrivées.

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Elles avaient passé tout l'après-midi à l'intérieur et heureusement car il avait plu pendant ce temps-là. Dès que Juvia avait vu une éclaircie dans le ciel, elle en avait profité pour y aller. Comme d'habitude, Meredy avait essayé de gagner un peu de temps avant leur au revoir, et Juvia lui promis qu'elle l'appellerait le soir-même.

Elle posait tout juste le vélo qu'elle avait emprunté qu'elle se rappelait qu'elle était censée acheter des nouilles pour les ramens de ce soir. Tant pis, se dit-elle. Cela lui ferait trop loin pour aller jusqu'à la petite boutique près du bureau de poste et à nouveau le temps se couvrait. Elle attrapait son sac et se rappelait avec une joie intense qu'elle avait une jolie robe à l'intérieur. Juvia ne pensait pas vraiment que Meredy allait lui en offrir une mais elle y avait bien eu droit. Entamant sa marche, elle essayait de se rappeler l'effet que lui procurait ce vêtement lorsqu'elle l'avait essayé. C'était comme avoir un léger voile sur soi. Tellement léger qu'à chaque pas il s'envolait presque dans les airs. Elle allait sûrement l'essayer à nouveau ce soir pour la montrer à son papy avant de la mettre à laver.

Peut-être qu'elle pourrait la porter si elle avait un rendez-vous avec un garçon. Maintenant qu'elle rentrait au lycée, elle allait en rencontrer plein. C'était aussi une nouvelle occasion pour essayer de se faire des amies. Même si elle adorait Meredy, de faire de nouvelles connaissances ne pouvaient lui faire que du bien. Et justement, Meredy avait toujours voulu que Juvia essaye de s'intégrer avec les autres.

L'école était un véritable calvaire pour Juvia et Meredy le savait bien, c'était pour cette raison qu'elle lui disait d'au moins faire l'effort de parler avec les autres. Il n'y avait que deux ou trois matières qui intéressait Juvia : l'art et le sport. Deux finalement, elle pouvait peut-être ajouter l'anglais mais c'était plus parce qu'elle avait la chance d'être naturellement douée pour cette langue. Selon son grand-père, elle tenait ça de mamie, elle était une vrai polyglotte.

Quelques gouttes de pluie commençaient à tomber du ciel. Juvia avait vu juste. Elle se précipita en direction de chez elle. Il ne lui restait plus beaucoup de trajet à faire maintenant. Elle s'arrêterait juste prendre le courrier pour se faire pardonner d'avoir oublié de faire les courses.

Elle arrivait dans sa rue, puis devant chez elle et comme prévu pris le courrier en chemin. Elle s'arrêta juste à l'entrée, la porte étant ouvert, Juvia supposa que son grand-père était sortie discuter avec leur voisin. Elle regardait du coin de l'œil les enveloppes dans ses mains, aucune ne semblait intéressante. Mais juste lorsqu'elle allait enlever ses chaussures, son regard fut attirer par une grande enveloppe rouge vif aux bordures dorées. C'était plutôt inhabituel. Elle posa son sac par terre et les autre enveloppes dessus, puis enleva son écharpe.

Elle regarda la mystérieuse lettre de plus près et remarqua qu'elle lui était destinée. Il était écrit « Juvia Mori » à l'encre noir au centre, c'était une jolie écriture. Les lettres ressemblaient beaucoup à celles qu'elle avait vu dans des films adoptants un cadre du XVIIIème siècle. Piquée dans sa curiosité, elle arrêta d'admirer la jolie écriture et ouvrit l'enveloppe. Une feuille jaunie se trouvait à l'intérieur, pliée en deux. Juvia l'ouvrit et en lu le contenu.

Au début, elle crut à une blague de son grand-père. La lettre ne comportait qu'une seule phrase et Juvia avait beau la lire et la lire à nouveau, ça ne voulait rien dire.

Soudainement, sans rien comprendre, Juvia entendu un bruit sourd mais quelque chose la transporta dans un endroit éloigné. Elle se sentait quitter son quartier, sa ville, son pays, son monde ? Pour rejoindre un lieu inconnu. Elle avait fermé les yeux tout du long et lorsqu'elle les ouvrit sa surprise fut grande de découvrir qu'elle se trouvait devant un lac. Encerclée d'arbres, il n'y avait sa maisonnette nul part, même pas son sac et toutes les autres enveloppes. Son écharpe avait aussi disparu.

Elle n'avait plus que cette lettre et son enveloppe rouge dans les mains et cette phrase complètement débile qui tournait en boucle dans son crâne.

« Bonjour Mademoiselle Mori »

Qui était là ? Elle se tourna en direction de la voix grave mais ne vit personne.

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Sais-tu qui tu es réellement ?


Salut ! Ça faisait longtemps.

J'avais cette idée en tête depuis un long moment mais juste un manque de motivation pour l'écrire. Alors je ne sais pas du tout si j'aurais un rythme d'écriture régulier, c'est même sûr que ça ne sera pas le cas et j'en suis désolée. J'ai le bac à passer dans un mois alors je ne peux rien promettre. Mais ce qui est sûr est que je ne m'arrêterai pas là. Je sais déjà ce qu'il y aura dans mon prochain chapitre ect...

Je voulais surtout le poster pour voir si cela pourrait plaire, même si on ne sait pas vraiment ce qu'il va se passer dans les chapitres suivants avec ça. Mais premièrement, ce n'est pas une school-fic, ça en a l'air mais ce n'est pas le cas. Du moins je ne le crois pas, je ne sais pas vraiment ce qu'est une school-fic.

Ensuite, j'essaye vraiment de travailler mon "écriture". J'ai l'impression que ce que j'ai écrit pour ce chapitre est différent de ce que je faisais avant et personnellement ça me plaît beaucoup plus.

J'aimerais beaucoup avoir un avis sur ce chapitre, qui honnêtement, a été écrit avec un peu de précipitation et peu de relecture. A vrai dire, je déteste me relire. Ça me stresse.

Merci à ceux et celles qui auront lu jusqu'à la fin. Laissez une petite review, ça fait toujours plaisir et ça aide aussi à trouver la motivation pour écrire. Et Dieu seul sait que j'en ai besoin !

Bisous. cœur