- Maman ! Maman !
Je me baisse pour regarder ma fille qui m'appelle depuis quelques temps déjà. Occupée à retenir son petit frère pour qu'il n'aille pas jouer avec le charmant petit chien qu'il a rencontré dans l'allée des Embrumes, je n'ai pas pu faire attention à Kate qui elle, ne faisait que me tirer la robe avec insistance.
- Oui ma chérie ? demande-je avec un sourire, tenant toujours Dorian fermement par la main.
- Y a le monsieur là ! (La gamine désigne quelqu'un de l'index) Y arrête pas d'nous suivre ! Pis y ressemble au monsieur sur la photo ! Hein Dorian, qu'il ressemble à l'ami de m'man ?
Le jeune garçon se tourne vers l'ami en question, alors que, de mon côté, je me tourne à mon tour vers ce monsieur qui nous suit partout. Lorsque, enfin je le trouve, je baisse l'index de ma fille, Kate, la bouche grande ouverte, sans lui rappeler qu'il n'est pas poli de montrer quelqu'un du doigt.
- M'man ! Y ressemble à ton ami. A Dago ! Y ressemble à Dago ! On va lui parler, dis dis dis ? me demande mon petit garçon avec enthousiasme, oubliant le chien qui à présent, s'est perdu dans la foule.
Effectivement, la personne qui approche de nous, ne prenant plus le soin de se cacher, ressemble à Drago. Je referme la bouche lentement, et, mettant la main de Dorian dans celle de Kate, alors qu'avec un regard, elle comprend qu'elle doit le garder et rester sur place, je m'approche de Drago.
- Drago ? parviens-je à murmurer, sous le choc.
- Kelly ! Je pensais bien que c'était toi ; mais comme je n'en avais pas la certitude, je t'ai suivie et…
Il n'a pas le temps de terminer que je le prends déjà dans mes bras. Je suis heureuse de le rencontrer, après tellement de temps perdu, après son absence, après son départ… Après notre rupture, tout simplement. Un sourire se dessine sur mon visage, et je relâche mon ex avant de le dévisager longuement.
- Comment vas-tu ? Que deviens-tu ? Que fais-tu ici ? Oh mon Dieu, j'ai l'impression de revoir un fantôme ! Ca fait tellement longtemps ! (je termine de le dévisager) Tu n'as pas changé ! Et elle, tu es toujours avec elle ?
Au fil de mes questions, je le vois se mettre à sourire avant d'avoir un rire discret et rapide. Je vois une lueur de tendresse dans son regard, qui disparaît bien vite. Peut-être était-ce un souvenir du passé ; à chaque fois qu'il riait comme ça, il me regardait tendrement et m'embrassait, peut-être était-ce mon imagination, ou peut-être avait-il réellement eu ce regard.
- Du calme Kelly ! Si on allait boire quelque chose ? Je te répondrai à ce moment là.
Après une hésitation qui ne dure qu'un bref moment, j'accepte, et je prends mes enfants qui le dévisagent, impressionnés, par la main avant de partir vers un petit restaurant calme – et surtout très cher de Londres en compagnie de Drago.
- Que prendra monsieur ? demande un serveur, lorsque nous sommes installés, quelques instants plus tard.
- Un thé, répond-t-il, avant de voir mon regard, et de rajouter : S'il vous plaît.
- Et sa femme ? demande à nouveau le serveur, après avoir noté la commande de Drago.
- Je ne suis… commence-je, mais le regard de Drago me fait taire. Je voudrai un Fanta, s'il vous plaît.
- Et vos enfants ? questionne le serveur, et je vois à son sourire en coin qu'il est amusé par la situation.
- Notre (j'insiste bien sur le mot) fille Kate, prendra une glace à la vanille, et notre fils, Dorian, prendra un Sprite, réponds-je, amusée à mon tour.
Lorsque le serveur reparti, je le vis étouffer un rire. Je souris et lève les yeux au ciel, alors que mes enfants nous regardent, moi, Drago, et le serveur qu'ils cherchent des yeux, avec des regards interrogateurs.
- Il se foutait totalement de nous, fait Drago alors que je pose mon regard sur lui.
- Evidemment ! Le fait par exemple, que j'ai réussi à faire dire « S'il vous plaît » au grand Drago Malefoy l'a sûrement amusé. En plus, je pense qu'il sait parfaitement que je ne suis pas ta femme, et que tu n'as pas de gosses qui ressemblent à ça.
- M'man, ch'est quoi des gosses ? demande Dorian.
- Des enfants, mon chéri, réponds-je.
- Alors mon meilleur ami ch'est « un gosse » ?
- Oui mon chéri, mais 'vaut mieux continuer à l'appeler ''mon meilleur ami, ou Fabi'.
- D'accord maman, me dit-il avec un énorme sourire super mignon.
Je retourne à Drago, avec un sourire d'excuse pour cette interruption. Notre commande arrive, et Kate commence sa glace avec entrain, alors que Dorian boit son Sprite comme un assoiffé.
Drago et moi partons au bar, pour discuter. En effet, devant mes enfants, ce n'est pas la chose la plus facile.
- Tu sais Drago, je suis heureuse de te voir, commence-je. Mais… Ca m'a fait mal de te voir partir.
J'essaye de décrypter une émotion sur le visage de Drago, et suis déçue de remarquer que son visage est redevenu complètement impassible ; chose qui arrive souvent lorsque nous parlons de sentiments.
- J'imagine, je m'en excuse.
- Ce qui m'a fait le plus mal, c'est que je pensais que tu m'aimais vraiment, et que tu me respectais assez pour venir me le dire en face, continue-je en ignorant ses excuses.
- Je m'en excuse, répète-t-il.
- Arrête de t'excuser ! Une lettre ne suffit pas à effacer 4 ans, Drago ! A effacer tous les « Je t'aime » ! fais-je, brutale.
- Je t'aimais vraiment ! Je m'imaginais vraiment passer ma vie avec toi ! J'espérais vraiment avoir des gosses avec toi ! Je ne voulais pas que tout s'arrête !
- Et pourtant, tu es parti. J'ai tellement eu mal. Tu sais combien de temps j'ai pleuré ? J'ai déprimé ! Je me suis remise en question « Ai-je fais quelque chose qu'il n'a pas apprécié ? » « L'ai-je blessé ? » « L'ai-je déçu ? » « M'aimait-il vraiment ? » « Etais-je digne de son amour ? » Et après ça est venue la période où j'ai cru être inutile. Où je me suis sentie sale, dénué d'intérêt, bête, indigne de vivre. Je t'aimais tellement, et, tu m'as tellement déçue, que j'en perdis le goût de la vie, réplique-je.
- Je ne voulais pas que tu croies que je ne t'aimais pas, murmure-t-il.
Je soupire, et réplique, avant qu'il ne puisse continuer :
- Il suffisait de me le dire, et non de l'écrire sur une feuille et de l'abandonner dans cette chambre que tu as fini par abandonner aussi !
- Je… J'avais peur de renoncer en te voyant. Je t'aimais à un point que tu ne pouvais imaginer. Et, j'allais sombrer dans tes yeux avant de n'avoir pu te dire quelque chose, se défend-t-il.
Mon regard croise le sien, et mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je soupire et bois une gorgée de mon Fanta pour faire passer le choc que ses paroles m'ont provoqué. Il ne s'arrête pourtant pas et continue.
- Je t'aimais à un point inimaginable, mais, Ginny est arrivée et mon amour pour elle me fit oublier mes promesses envers toi. Je finis par lui dire la même chose qu'à toi, et, j'étais aveuglé par l'amour que je vous portais à toutes les deux. Une fois, en larmes, tu m'as demandé si je t'aimais. Et c'est là que je me rendis compte que tu souffrais, et qu'elle finirait par souffrir aussi. Si je l'ai choisie, ce n'est pas parce que je ne t'aimais plus. Je t'aimais bien plus que tu ne l'imaginais, mais elle, je l'aimais plus encore. L'amour que je lui portais, à elle, était plus fort encore que cet amour déjà inimaginable que je te portais, à toi. Je ne peux qu'être désolé de t'avoir fait souffrir, alors que de mon côté, je ne pouvais m'empêcher d'être heureux. J'ai été lâche, et je m'en excuse.
La tête toujours baissée, mes larmes commencent à rouler sur mes joues. J'aurais tellement voulu entendre ça quand j'étais au plus bas. Ses paroles m'auraient aidé à tourner la page, je ne l'aurai pas haïs un bref instant, j'aurais réussi à me remettre plus vite. Je m'essuie les yeux avant qu'il ne puisse le faire, et l'entraîne quelque part où je peux voir mes enfants mais où eux ne peuvent pas me voir.
- Pour répondre à tes questions, je vais bien, je suis directeur de département, je suis heureux, j'imagine. Toi aussi, tu es toujours la même. Tu es magnifique, complimente-t-il au passage. Je suis heureux de te voir, aussi. Tu as l'air d'aller bien, de ton côté…
- Tout va bien. Mes enfants et mon mari me rendent très heureuse. Je pense pouvoir enfin tourner ma page sur toi, chose que je n'avais pas réussi à faire, jusqu'à présent.
Sans prévenir, je l'embrasse. A ma plus grande surprise, il me répond, et au bout d'un moment, je le relâche.
- Qu'est-ce que… ? me demande-t-il, avec effarement.
- Je voulais juste voir si je ressentais encore quelque chose.
- Et… ?
- Rien, réponds-je, alors qu'en fait, mon cœur bat à 250 à l'heure.
Tous nos souvenirs que j'avais enfouis dans ma mémoire reviennent au galop, et je me rends vite compte que je viens de faire une erreur qui ne m'aidera certainement pas à tourner la page. « Je suis heureuse, et je ne vais pas plaquer ma vie pour un amour d'enfance. Je vais bien. » Me répète-je mentalement, en lui faisant un sourire très convaincant.
- En tout cas, fait-il comme si de rien n'était, je voulais te remercier. Tu m'as vraiment changé, et, sans toi, je n'en serais pas où j'en suis maintenant, continue-t-il, avant de changer brusquement de sujet : Comment as-tu réussi à t'en sortir ?
- J'ai accepté ton choix. Le simple fait de savoir que tu étais heureux quelque part m'aidait à sourire. Et, comme je t'aimais vraiment, je n'avais besoin que de cette information pour être heureuse. Je n'en étais pas consciente, je pris du temps à m'en rendre compte. Et j'ai remonté la pente, et j'ai rencontré Harry, et voilà où j'en suis maintenant. Auror, avec deux gosses et l'homme le plus célèbre de l'histoire de la magie comme mari. Qui aurait cru ça de moi ?
- Moi. J'avais pour toi l'ambition que tu n'avais pas pour toi-même, me répond-t-il.
Je lui souris, puis jette un œil à mes enfants, et remarquant qu'ils ont fini depuis longtemps et qu'apparemment, ils s'ennuient vraiment, je me tourne vers Drago et murmure :
- C'était sympa ! 'faudrait que tu nous suives plus souvent dans Londres comme ça. J'y retourne, Dorian et Kate veulent aller faire les magasins. Au revoir !
Et je me lève, il me salue, et je fais de mon mieux pour ne pas me retourner vers lui en retournant vers mes enfants. Ils font de grands gestes à « L'ami de maman, alias le monsieur de la photo, dit Dago » et nous sortons du restaurant. Au dernier moment, je me retourne, accorde un dernier sourire à Drago et lui fait un geste de la main avant de me noyer dans la foule. Je suis heureuse. Je ne peux qu'être heureuse, avec la vie que j'ai. Et je le suis. Seulement, avec Drago, je l'aurai certainement été plus. C'est un fait, c'est une chose qui, malheureusement, ne pourra jamais changer. J'ai pris Harry alors que je voulais Drago, mais je n'ai jamais réussi à aimer autant Harry que j'aurais pût aimer Drago. Drago était l'homme de ma vie, et, en refusant de tout plaquer aujourd'hui pour lui, je décide une fois de plus de le laisser passer. Je décide encore une fois de ne pas me battre pour lui. Et c'est malheureusement mieux comme ça. Heureuse, mais pas complètement. Il est le vide qui sera toujours présent.
