Ceci est une fiction ( merveilleuse, de manière tout à fait objective tout ça tout ça ) écrite par Lorata, en anglais ! Vous pourrez retrouver sa fic sur son compte , avec le même titre. Elle est toujours en cours, et je lui transmettrai vos commentaires ( la traductrice ne veut pas de paiement, juste que Lorata continue à écrire, alors mettez moi de jolis commentaires à lui transmettre ! )
Originellement postée en Captain America, on a fait le choix de vous la mettre ici, au vu des... évènements des derniers chapitres parus xD Je posterai la traduction une fois par semaine, sauf si je vois que je rattrape la parution française trop vite.
Notes : Parfois j'écris des choses parce que je veux les lire, mais que personne d'autre ne les a écrit. C'est le cas ici. Je voulais quelque chose à propos de Bucky et de Steve, où ils tâtonnent maladroitement à travers des siècles de répression et de conditionnement pour avoir une une vraie relation où le but – et même l'intérêt – n'est pas le sexe.
Dans mon headcanon, Bucky et Steve ne vont pas sauter au lit jusque parce qu'ils ont réalisé leurs sentiments réciproques. Je voulais quelque chose qui ait tout ça, d'une manière qui ait du sens pour moi.
Donc, hem, si vous ne voulez pas lire un premier baiser qui met 35000 mots à arriver, vous ne devriez sans doute pas lire ça. Si vous voulez quelque chose avec beaucoup d'intrigues, d'affaires et d'action, je me sens un peu mal de le dire, mais ne lisez pas ça. Ici, c'est beaucoup d'introspection, de sentiments, et beaucoup de deux hommes s'efforçant de comprendre ce qui se passe. Si vous êtes toujours là, bienvenue, j'espère que ça vous plaira !
( Note de la traductrice: moi, ça m'a beaucoup plut )
« Fiston »
Nick Fuy fixe Steve avec une intensité qui ne peut qu'ajouter du crédit à la théorie répandue que, derrière son cache-oeil, il y a un autre cache-oeil capable de bloquer le laser de la mort intégré à son crâne. Les autres clients du diner continuent de lui lancer des regards en coin.
« -Vous voulez bien me dire pourquoi j'ai allumé la télévision pour voir Captain America en tête du défilé de la Gay Pride ?
-Je ne me rappelle pas être votre employé, » dit Steve en croisant les bras.
Ce n'est pas le cas, d'ailleurs : il a vérifié pour être sûr, quand Fury et ses abrutis n'arrêtaient de lui renifler autour, mais Steve reçoit toujours sa retraite de l'armée, et avec les intérêts de ses années passées sous la glace, et bien, il est à l'aise. Cela ne veut pas dire qu'il est satisfait de ne rien faire et de recevoir de l'argent pour ça, mais il n'est pas vraiment satisfait non plus de ce que le monde a fait en l'absence d'Hitler.
« - La dernière fois que j'ai vérifié, je n'avais pas à vous expliquer mes faits et gestes.
-Bien sûr que non. »
Fury abaissa le niveau d'intensité de son regard juste d'un cran ou deux.
«-Je vérifie juste que tout va bien. J'ai un intérêt particulier à m'assurer que le plus grand héros de l'Amérique s'adapte bien. Je pense que certains psychologues de bas étage pourraient voir le fait d'être au premier rang de la parade comme est un appel au secours.
- Avec tout le respect que je vous dois, je vais parfaitement bien. »
Pourtant, Steve présume que Fury doit dire quelque chose aux personnes dont le boulot est de courir partout avec des lunettes de soleil, et des drôles d'oreillettes pour nettoyer la pagaille des relations pubiques, et Fury a toujours l'air d'avoir besoin d'un verre ou d'en avoir déjà prit un.
« - Et pour information, je ne savais pas de quoi il s'agissait. Je faisais mon jogging et j'avais mes écouteurs. J'ai tendance à ...comment dire, me concentrer, quand je cours, et quand j'ai levé la tête, il y avait des gens partout. Je me suis dit que c'était encore quelque chose que je ne comprendrai pas, et j'ai continué. »
« Se concentrer » est un euphémisme.
Steve fait de son mieux pour s'immerger dans sa course : l'une des bonnes choses à propos de la technologie moderne, ce sont ces lecteurs portables, et bien qu'à l'époque Steve préférait courir en silence, maintenant que ses pensées sont aussi encombrées qu'une salle de bal pleine de mondains bavards à l'une des fêtes du Senator Brandt, c'est mieux de mettre ses écouteurs et le volume à fond, de prétendre qu'il est poursuivit par un groupe au complet en train de jouer Glen Miller au pas de course.
Ce n'est pas très sûr, - Steve a lu le mode d'emploi et les avertissements concernant le volume et la circulation – mais si ça couvre les voix dans sa tête et le sifflement du vent d'hiver alors que le train de l'Hydra descends la voie à toute vitesse, il est prêt à prendre le risque. Les feuilles commencent à changer de couleur maintenant. Steve n'a pas la moindre idée de comment il va gérer ça.
« -Eh bien, j'ai des gens qui frappent à ma porte pour demander une déclaration, » dit Fury, interrompant les pensées de Steve, qui se secoua : concentration, soldat.
« - Je suppose que vous n'avez pas envie de me fournir un communiqué. »
Les épaules de Steve se tendirent. Après qu'il ait tout compris, il est rentré et a fait des recherches sur son ordinateur – dans son appartement, il a un ordinateur, dans son appartement, et il a la taille d'une enveloppe : parfois il pense qu'il ne s'y habituera jamais – et a découvert que c'était parce que une loi est passée dans l'Etat de New York qui autorise le mariage de personnes du même sexe, en plus de la définition traditionnelle.
Ils ont colorés les chutes du Niagara en arc-en-ciel – lui et Bucky avaient toujours parlé de faire une rando un jour pour voir les chutes, mais la vie continue, ou finit et parfois chacun suit un chemin différent – et toute la ville de New York faisait la fête pendant que Steve s'enterrait sous des scans de vieux journaux, à la recherche d'une quelconque mention en relation avec un James Buchanan Barnes.
« - Je trouve ça chouette, » dit Steve, et l'expression de Fury ne change pas, mais il parie que le big boss est surpris.
Oui, c'est ça, Captain America – qui a juré de se battre comme un homme pour ce qui est juste nuit et jouuuuuur – pense que c'est chouette, débrouille toi avec ça, division de la Stratégie Habileté Intervention Exécution et Logistique Défensive .
« -Je pense qu'il est grand temps que les gens puissent passer leur vie avec les personnes qu'ils aiment, fondent une famille et gagnent les avantages pour lesquels ils travaillent. Il n'y a rien de plus américain que ça. Le mariage pour tous est comme le tarte aux pommes, et le bon vieux drapeau étoilé. » Il tapote son avant-bras « est-ce que c'est une assez bonne citation pour vous ?
- Ca ira,» Dit Fury et Steve résiste à l'envie de se gratter jusqu'au sang.
Fury prend congé, et Steve reste assis dans le diner, regardant la rue par la vitre crasseuse.
La serveuse ici n'a pas pigé à qui elle avait servit leur café infect – et Steve l'aime infect, la seule chose qui peut le rendre encore meilleur est qu'il soit servit froid dans une tasse en métal, et il songe à faire circuler la tasse de main en main, dans la boue gelée jusqu'aux chevilles – et Steve peut rester assis, penser et faire semblant.
Les lumières de Times Square ne sont pas visibles d'ici, et il n'y a que des coins sombres, des voitures qui klaxonnent et des « HEY, TROUDUC » : il continue de regarder pour faire un large sourire de l'autre côté de la cabine téléphonique, mais il n'y a personne.
On est en 2011, les hommes sont autorisés à se marier entre eux, et Bucky est mort.
Steve passe beaucoup de temps à errer. Les rues, le métro. Il pense à tous ses amis, morts et enterrés, mais c'est Bucky qu'il retrouve à tous les coins de rue.
New York est resté la même, mais pas la même du tout en même temps, et il retrouve Bucky aussi bien dans les différences que dans les soudaines bouffées de nostalgie, comme quand le vieux restaurant où ils avaient l'habitude d'aller estt toujours debout. Il se surprend en train de penser qu'il doit dire ça à Bucky, ou lui montrer ça, comme il l'avait fait quand il était petit et que sa mère venait de mourir.
Un jour, il se retrouve devant une boutique de prêt à porter féminin, fixant les mannequins. Il aurait sans doute épousé Peggy, pense-t-il, cela semblait la chose à faire – et il n'a pas la moindre idée de si elle portait cette robe rouge parce qu'elle aimait cette couleur, le style, ou simplement parce que c'était ce qui était le plus éloigné de son uniforme vert et brun.
Steve se détourne après que le patron du magasin se soit approché par trois fois des fenêtres, regardant dehors chaque fois d'une manière plus inquiète, et manquant de rentrer dans un portant de vestes de cuir.
Bucky les aurait adoré, pense Steve automatiquement.
Exactement deux mois après l'incident avec Loki, Steve réussit à trouver le courage de demander un rendez-vous à Fury et lui dire de changer le statut du dossier de Bucky de «Porté disparu au combat » à « décédé » :
« Monsieur, même s'il n'était pas mort de la chute, cela fait 70 ans. J'ai fait le calcul. J'ai besoin que ça se termine. »
Un mois plus tard, après que Steve rentre de son voyage à moto à travers le pays, faisant des arrêts à l'ancien camp de base, le mémorial de guerre, le cimetière où tous ses amis sont enterrés, des agents du SHIELD font irruption dans son minuscule appartement de Brooklyn, le ceinturent pour l'emmener au rez-de-chaussée puis à l'arrière d'une voiture.
Ils sont chanceux que Steve est assez réveillé pour remarquer le logo sur leurs uniformes, sinon il y aurait eu un appartement rempli d'agents inconscients avec des hématomes et beaucoup de choses à expliquer.
« - Les gars, vous allez me dire ce qui se passe ? »
Steve demande, mais ils ne répondent rien. Ce sont d'ailleurs pas les abrutis ordinaires du SHIELD: ils sont habillés en noir, portent des masques et des armes, et tout l'attirail. Des pro. Des pro qui s'attendent à des problèmes, rien de moins.
Ils ne lui répondent pas, mais Steve s'y attendait. Il n'est pas un employé du SHIELD officiel : il a un salaire, ou du moins son compte bancaire lui dit que c'est le cas, mais lorsque Fury lui demande de les aider, c'est moins un ordre hiérarchique que « la Terre est condamnée si vous restez assis sans rien faire » et dieu seul sait quel niveau d'autorisation est concerné.
Cela ne dérange pas vraiment Steve d'être envoyé en mission sans avoir besoin de demander pourquoi – ou plutôt, cela l'agaçe, mais il sait que c'est une conséquence inévitable des opérations militaires, que ce soit vraiment nécessaire ou non. Les grands patrons aiment se sentir important en gardant la piétaille dans l'obscurité, mais après le fiasco de la phase II, Steve se dit que Fury ne lui feraient plus de cachotteries de cette ampleur, pas s'il veut l'aide de Captain America à la prochaine crise. Ce qui est, suppose Steve, le cas à présent.
Le jet dans lequel ils le conduisent est noir, aux lignes pures et complètement dépourvu de fenêtres et Steve s'assoit donc en silence avec le reste des membres de l'équipe, qui ont l'air aussi tendus que peuvent l'être des hommes avec le visage recouvert d'un casque.
« - Je n'ai pas mon uniforme » Dit Steve à un moment, bien qu'il parie que Fury en a quelques uns de secours, juste au cas où quelque chose arriverait au principal. Personne ne répond.
A la fin, ils ne l'emmènent pas dans l'hélicarrier, ni dans une quelconque salle de commandement ou de briefing ou quoique ce soit qui indiquerait que Steve va participer à une quelconque action.
C'est un grand immeuble gris et quelconque, qui pourrait être n'importe quoi, dans une rue qui pourrait être n'importe où et Steve ne l'aperçoit que durant une seconde, avant que les portes ne se ferment et qu'ils l'emmènent dans un ascenseur qui descendent à une vitesse qui lui retourne l'estomac.
A ce moment-là, Steve réalise que cela pourrait être un piège élaboré, que cela pourrait ne pas être le SHIELD du tout, et que peut-être, il est trop naïf.
Heureusement pour tous ceux avec lui dans l'ascenseur, l'idée a à peine le temps de se faire dans son esprit, pas celui de lui faire tendre ses muscles et se préparer à combattre, avant que l'ascenseur s'arrête : Nick Fury se tient devant les portes alors qu'elles s'ouvrent.
« - Vous allez me dire ce qui se passe, monsieur ? »
Interroge Steve avec ce qu'il pense être une politesse remarquable. Essayez donc de trimballer n'importe quel autre Avengers comme ça, sans un mot, et admirez comment cela se finit pour tout le monde.
« - On va le faire, » dit Fury, ce qui est tout ce que Steve ait pu jamais espérer obtenir de lui : il est résigné et irrité, plutôt que surpris. «- Pour l'instant, nous avons un problème, et pour le régler nous avons besoin de vous sain et sauf.
-Quoi ? » Ça, c'est nouveau. « -Ne devrais-je pas être là-bas pour aider ?
-En temps normal, oui »
Répond Fury, faisant signe à Steve de le suivre.
Ils finissent dans une pièce qui ressemble à une suite d'un hôtel de luxe, transportée au beau milieu d'une forteresse militaire : un grand lit, une télévision, une sorte chaîne hi-fi que Steve va mettre une heure à comprendre, tout ça avec des murs blindés et une porte verrouillée à clef.
« -Mais c'est un peu plus compliqué que ça. »
Bucky avait l'habitude de dire que c'était ce que les gens disaient quand ils voulaient avoir l'air plus intelligents qu'ils ne l'étaient.
Steve lutte contre le souvenir et tient ses mains derrière son dos:
« - Alors, qu'est-ce que vous pouvez me dire, monsieur ?
-Un assassin a été engagé pour vous tuer par une organisation inconnue, » dit Fury et Steve a un mouvement de recul « J'ai mis les autres dessus, mais je pense que c'est mieux si vous restez ici pour minimiser les risques. Nous ne pouvons pas nous permettre de vous perdre. »
Steve suppose qu'il devrait être flatté d'être un atout précieux, mais à la place il se sent renvoyé en 1942, quand il écoutait Phillips lui dire que ses hommes n'avaient pas le temps de jouer aux babysitters.
« -Je ne vais pas y aller et me faire tuer, dit il mais Fury secoue la tête.
-Désolé fiston, mais pas cette fois-ci. On ne peut pas prendre le risque. C'est une situation délicate. »
« Situation délicate » est le code de Fury pour une toute autre série de mots que Steve n'aime pas prononcer à voix haute.
« - Je vois, » dit-il bien que l'inquiétude commence à lui mâchonner la poitrine comme un chien nerveux le fait avec une paire de chaussures. « Donc ? Je reste assis là ? Est-ce que je peux au moins avoir une oreillette pour entendre ce qui se passe ? »
Fury secoue de nouveau la tête.
« - Ce n'est pas une bonne idée. Contentez vous d'attendre jusqu'à ce qu'on l'ait neutralisé. Alors, je vous appellerai pour le débriefing.
-Debriefing ? » Steve fronce les sourcils « Comment puis-je être utile dans un débriefing alors que je n'étais pas présent pour l'action ? Monsieur ? »
Mais Fury lui tourne le dos, pivotant sur ses talons selon un angle précis pour faire voler son manteau comme si une bourrasque de vent le suivait à tout instant. Tony et Clint sont persuadés qu'il s'est exercé durant des heures lorsqu'il était encore un agent junior, au temps des dinosaures.
« -Et pendant ce temps... »
Steve parle à la pièce vide, une fois la porte verrouillée. Il soupire avec exaspération et s'assoit dans le canapé. Il y a un ordinateur sur le bureau, mais il n'est pas connecté à internet, et quand Steve zappe sur les chaînes de télévision, il réalise avec agacement qu'il n'y a que des films, rien de direct ou qui pourrait être précédé par les info.
Pas d'autre moyen pour lui de savoir ce qui se passe que d'être un bon petit garçon et d'attendre, comme Fury l'a dit.
Ils lui ont bien laissé un bloc de papier et quelques crayons – Staedtler, du bon matos, bien plus cher que ceux que Steve avait l'habitude de transporter avec lui sur le champ de bataille, taillés au couteau jusqu'à ce qu'ils soient trop petits pour être tenus entre ses doigts post-serum – et avec rien d'autre à faire, Steve s'installe et se met à dessiner.
Il a l'intention de dessiner les Avengers, mais il crayonne distraitement, sans faire attention et lorsqu'il pose enfin son regard sur le papier avec une certaine concentration, c'est le Howling Commandos autour du feu. Il avale sa salive et repousse le bloc de dessin sur la table, incapable de le regarder.
Ils sont tous morts, et Steve devrait l'être aussi.
A la place, il est coincé dans ce monde qui est devenu trop grand pour lui, qui est brillant, bruyant, nouveau et cynique, semblable au tape-à-l'oeil glamour de la Stark Expo de 42, l'espoir en moins. Les gens d'aujourd'hui semblent penser que c'est le futur; une dégringolade de son point de vue.
Ils ne l'ont pas laissé avec quoique ce soit donnant l'heure, mais par estimation, Steve sait que cette mission n'est pas du gâteau. Il regarde plusieurs films sans réellement être attentif, et finit par prendre un crayon et dessiner plusieurs autres portraits – les Avengers cette fois, Natasha de profil quand quelque chose la surprend et que les traits durs de son visage s'adoucissent, Bruce et Tony penchés au-dessus de l'établi pour faire quelque chose que Steve ne comprendra jamais en un million d'années, Clint souriant pour lui même quand il démonte son arc pour le nettoyer et embrasse chaque pièce avant de les poser avec déférence, Thor avec une tranche de pizza dans une main et une chope de bière de la taille de sa tête dans l'autre.
Il commence à avoir faim – une des choses que Steve a apprit ces derniers mois est que son appétit d'ogre n'était pas le simple contre-coup de l'intervention combiné à un rationnement inadapté, mais quelque chose qui va continuer et le ronger durant le reste de sa vie – quand la porte s'ouvre avec bruit, enfin.
Steve saute sur ses pieds, essuyant ses mains.
C'est Clint, pas celui que Steve attendait.
Il a été à l'infirmerie – il a des bandages sur son bras qui ne couvrent pas tout à fait sa blessure, et il y a du sang sur ses cheveux qui n'a pas l'air d'être le sien – et s'assoit sur le canapé, plonge sa tête dans ses mains.
« Clint ? » Steve demande, avec un pic d'adrénaline. « Est-ce que tout le monde va bien ? Est-ce que vous avez attrapé l'assassin ?
-Oui. » répond Clint d'une voix rocailleuse. « Natasha est avec lui, là. »
-Qu'est... »Steve cille « Qu'est-ce que tu veux dire, Nat est avec lui ? Elle le connait ? »
Cela a du sens, au moins; Steve ne sait pas grand chose sur le passé de Natasha avant le SHIELD, seulement que dès qu'on en parle elle se ferme et que Clint adopte une posture protectrice agressive. Cependant, quelqu'un de l'ancienne vie de Natasha ne peut pas être une bonne chose, et la manière dont les muscles de Clint ressortent de ses bras quand il serre ses doigts les uns contre les autres, donne l'impression que c'est pire.
« -Clint, » Dit Steve, les yeux écarquillés « Parle moi. Est-ce que quelqu'un est blessé ?
-Non...pas vraiment. »
Clint passe une main dans ses cheveux, sans même s'arrêter lorsqu'elle se prend dans l'un des noeuds formés par le sang coagulé.
«- C'est...On a l'assassin dans les fichiers du SHIELD. Nous ne savions pas son nom, mais Nat si. Il n'a jamais surgit dans un de ses débriefings, donc il n'a pas atterrit dans le système. »
Clint ne tourne pas autour du pot comme ça habituellement, il n 'aime pas répondre et jouer le jeu de cache-cache avec la vérité du SHIELD.
Si Steve était inquiet, il s'approche doucement de la panique maintenant.
« - Qu'est-ce tu ne me dis pas ? Pourquoi sont-ils après moi ? Est-ce que Natasha va bien ? Clint, s'il te plaît. »
Finalement, Clint se rejette en arrière, se laisse tomber dans le canapé et presse une main devant ses yeux.
« - C'est quelqu'un avec qui Natasha travaillait, à l'époque de la Red Room. Il la entraînée. Ils étaient... proches. Amants durant un moment, cela les aidait à les tenir en laisse, je suppose, je ne sais pas. Je n'ai pas demandé. Je savais qu'il y avait quelqu'un à l'époque, elle parlait de lui de temps en temps, mais seulement dans son sommeil. Elle l'appelait Yasha. Le SHIELD l'appelait le Winter Soldier. »
Steve guette un début de reconnaissance, une raison pour que cela ait un lien avec lui, mais il n'y a rien.
«-Les russes ? » il demande avec un froncement de sourcils, « Je ne me rappelle pas avoir déjà eu des problèmes là-bas. Nous étions alliés à l'époque. Tout ces trucs de guerre froide, c'était après mon époque. »
Après son époque, et avant l'époque de Clint, ce qui est l'une de ces choses bizarres qui ne troublent finalement plus Steve à chaque fois qu'il y pense. Clint acquiesce.
« -Je sais. C'est... différent. Personnel.
-Clint! »
Steve ne veut pas être sec, mais il a passé la meilleure partie de la journée dans une pièce vide avec rien d'autre que la paranoïa et des souvenirs pour lui tenir compagnie.
« -Vas-tu m'expliquer ? S'il te plaît.
-Yasha est le russe pour James. » Clint avale sa salive. « D'abord, nous pensions... à une coïncidence, mais après, ils ont fait passé sa photo dans la reconnaissance faciale du SHIELD et il y a eu une correspondance. Identification 100% positive. Ça a prit du temps parce que toutes les photos qu'on a dans les dossiers sont vieilles, en noir et blanc et ce sont des photos prises sur le vif, aucune de qualité professionnelle... »
Le souffle de Steve est totalement coupé, comme s'il avait à nouveau seize ans et qu'un grand abruti l'a frappé juste assez fort dans l'estomac pour l'envoyer bouler.
« Non, dit-il, non vous vous êtes trompé.
-Si seulement. » Clint ne le regarde toujours pas. «- On est revenu il y a quelques heures en fait, on a passé tout ce temps au QG du SHIELD, à croiser des infos. Ce n'est pas juste qu'il lui ressemble, c'est que c'est lui. On a examiné toutes nos archives : empreintes digitales, dentaires, tous les papiers des dossiers du service militaire, et tout correspond aussi. Ils ont même fait un genre de datation au carbone à partir de ses cheveux, et on dirait qu'il a été cryogénisé depuis les années 80, quand l'URSS s'est effondrée. A moins que ce soit une sorte de clone perfectionné – et si c'était le cas, pourquoi il n'y en a qu'un ? Cela n'a aucun sens – et bien … c'est lui. »
Clint plonge la main dans sa poche et en ressort un morceau de papier épais, plié en quatre.
« - Tout ce qui te reste à faire, c'est nous donner une identification positive, juste pour, tu sais. Confirmer ce que l'on sait déjà. »
Steve prend le papier, l'ouvre et fixe le visage qui le regarde. Les cheveux sont trop en broussaille, l'expression est entièrement fausse – sa bouche est tordue d'une façon cruelle qu'il n'a jamais vu de sa vie, pas en vingt ans, et le regard est dur et terrifiant, - mais c'est Bucky.
Il y a quelque chose qui cloche, mais c'est subtil, et Steve ne parvient pas à mettre le doigt dessus, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il n'a jamais vu une photo couleur de Bucky avant. Bucky est mort avant que cela soit inventé.
En tous cas, Steve le pensait.
« -Impossible, » Dit Steve, et il hésite entre serrer la photo contre lui et la jeter aussi loin de lui que possible. Son corps fait un compromis en s'y agrippant assez fort pour tordre aux coins le papier photo épais et brillant;
«- Il...je l'ai vu tombé. J'ai vu le ravin. Personne n'aurait pu survivre.
-Personne ne sait encore ce qui s'est passé, dit Clint. Ils sont en train de recoller les pièces du puzzle du mieux qu'il peuvent, mais cela n'a pas l'air bon. En se basant sur le scanner crânien initial, on dirait qu'ils l'ont mis en stase régulièrement durant les soixante-dix dernières années. Tu as eu un gros dodo, il a eu une série de siestes. »
Steve se tord les mains.
«- Je veux le voir.
-Tu ne peux pas.
-Parce qu'il a essayé de me tuer ? » Les mots s'étranglent dans sa gorge. « Clint, je … s'il... si quelque chose comme ça a changé, je veux savoir ce que c'est. S'il me reproche sa chute, ou son implication, j'ai besoin de lui parler. »
Mais Clint ne dit rien, il se contente de rester assis, les yeux fermés et les mâchoires si serrées que l'os ressort de ses joues.
Et soudain, cela le frappe.
«-Ils t'ont envoyé pour une raison, » dit Steve alors qu'il espère, prie, supplie pour avoir tort.
Pas ça. Tout mais pas ça.
«- Ils t'ont envoyé, parce que tu peux m'expliquer comment c'est. Ce qu'il a traversé. »
Il pose la photo sur la table, et les yeux de Bucky ne sont pas d'un bleu lumineux, mais ce n'est ce genre de chose, n'est-ce pas ?
Ses jambes cèdent, et il s'effondre dans le canapé à côté de Clint.
« -Il a été défait, comme toi. »
Clint expire lentement.
« -On dirait. Il ne répond pas à son nom, bien que quand Nat l'a appelé Yasha, ses yeux ont vacillés. Rien de ce qu'on a pu déterrer de son ancienne vie – Howard, le Commando – ne l'a atteint tout court. On a essayé de dire ton nom, et rien. La seule autre chose qui l'a atteint...
- Captain America, » dit Steve, un goût amer en bouche, comme s'il venait de boire les derniers dépôts de café non-filtré, qui attendaient dans le fond du pot jusqu'à ce qu'ils soient brûlés et collés au métal.
« -Oui. Dis ça et... » Clint claque des doigts. « On a dû l'attacher. On a enlevé son bras, mais...
- Son bras » Steve sursaute « Clint, je sais qu'il est différent, mais...
-Non, non, pas comme ça. Il a une prothèse. Une en métal, sans doute high-tech dans les années soixante, mais cette technologie est vieille maintenant. Les Russkov ont dû avoir des problèmes vers la fin. Il y a des armes à l'intérieur, tu sais, le même genre que les gantelets à roquettes que Nat porte ? On a dû lui enlever. Les médecines pensent qu'il a perdu le sien à cause de gelures, et celui qui l'a trouvé, eh bien, il lui en a fait un nouveau. »
Steve a un haut-le-cœur, sa main pressée contre sa bouche pendant que son estomac se soulève. Clint se penche en avant, touche l'arrière de la tête de Steve et le pousse en avant, courbé en deux avec sa tête entre ses genoux.
« - Ca va aller, mon pote, respire, » Dit Clint d'une voix sourde. « Ils veulent que je te parle. Que je te dise ce que ça fait, pour que tu te prépares.
Préparé pour quoi ? »
Steve s'étrangle. Il ne vomit pas, mais cela n'empêche pas les larmes de se former dans ses yeux et de couler une à une.
« -Préparé à ce qu'il puisse être réellement partit. La re-calibration cognitive ne va pas suffire cette fois, autrement il serait revenu au moins dix fois durant le combat qui l'a amené ici. »
La main de Clint se raidit sur la nuque de Steve.
« - Loki m'a jeté hors de ma tête et y a mit ses propres pensées, mais j'étais toujours là, quelque part, pour revenir. On en est aux résultats préliminaires, mais d'après ce qu'ils sont capable de dire, c'est plus comme s'ils ont prit ton ami, l'ont haché menu et l'ont recollé là-dedans n'importe comment. Il pourrait ne pas rester assez de lui pour qu'il puisse revenir. »
Steve a survécu à l'une des expérimentations scientifiques les plus risquées de l'histoire, il a enduré une douleur cuisante pour arriver là; il a passé des tests et des tests de son seuil de tolérance à la souffrance, endurance, résistance aux toxines, aux produits chimiques, aux maladies. Il a traversé l'Europe de lui-même et avec ses amis, combattant les Nazis et les agents de l'Hydra avec une double ration quand son nouveau corps avait besoin d'au moins le quintuple.
Rien que la semaine dernière, un vilain de pacotille avec un rayon givrant a réussit à le jeter d'un gratte-ciel, ce qui aurait été sa fin si Tony n'avait réussit à le rattraper, et le choc brusque a quand même failli lui faire le coup du lapin.
Il a traversé plus de choses que la plupart des hommes le font en une vie entière, et il n'a pas même pas trente ans.
Il espère qu'ils s'en rappellent et ne se moquent pas trop de lui quand il tombe dans les pommes.
Lorsqu'il revient à lui, Clint a réussit on ne sait comment à le remettre sans ménagement sur le canapé. Steve se rassoit, ignorant la douleur lancinante dans son crâne et l'agitation dans son estomac.
«- Je veux le voir. »
Clint, de tout son long sur le lit avec le coussin sur son visage, secoue la tête :
« -Tu ne peux pas.
-Peux pas quand ? Pas maintenant ou jamais ?
-Ça dépend. »
Clint s'assoit et balance ses jambes sur le côté du lit.
«-Écoute, je sais que ça craint, mais pour l'instant Captain America lui fait péter les plombs. SHIELD va faire de son mieux pour remettre ce qui reste de lui dans son crâne, mais cela va prendre du temps, et si tu es là, le remettant en mode assassin, cela ne va qu'empirer les choses. Pour l'instant, tu es le déclencheur, et jusqu'à ce que le SHIELD en vienne à bout, tu ne peux pas le voir. »
Steve presse ses deux poings contre son front et serre les dents.
« -Je veux qu'ils me donnent des compte-rendus des progrès. Et je veux pouvoir le voir dès que je peux.
-Cela ne va pas être joli, Cap.
-Je m'en fiche que ce soit joli ! »
Steve lui lance un regard furieux, et Clint hausse les épaules :
« -Je veux juste...s'il te plaît.
-Je ne peux pas faire de promesses pour les grands pontes, dit Clint. Mais ils t'appelleront pour une réunion dans quelques jours. Fury te dit de te tenir tranquille. Tu es exempté de missions jusqu'à ce qu'ils puissent te débriefer sur celle-là.
-Bien. » Steve lâche un soupir. « Mais s'ils me gardent ici, ils devraient au moins me donner quelque chose à manger. »
Clint se met debout et s'étire, ses jointures émettant d'horribles craquements.
« -Fury m'a dit de te dire que si tu peux rester tranquille, tu peux rentrer chez toi. Mais au premier signe que tu essayes de te faufiler pour le trouver et ton cul est jeté en haute-sécurité. »
Steve serre sa mâchoire, mais se battre c'est aussi savoir quand on est battu à plates coutures, et parfois ce n'est pas quand on ne peut plus se lever.
«- Compris. »
Clint lui donne une tape dans le dos.
« -Ça va aller. On va le récupérer. »
Steve a survécu à une guerre mondiale, soixante-dix ans de sommeil sous la glace, à des aliens, des monstres et des personnages mythologiques, à une technologie qu'il ne savait pas exister et il va toujours à l'Eglise chaque dimanche : mais si Bucky reste prisonnier de son propre esprit pour toujours, Steve sait que cela sera le coup de grâce de sa foi.
« -J'espère, » dit-il, et Clint a un sourire triste et forcé.
