Une fic en un seul chapitre... Nous sommes dans la tête de Tetsu (rien que ça... XD), c'est lui qui parle...
C'est une belle nuit. Un ciel plein d'étoiles. Un peu de vent, mais pas trop. Et puis, il fait chaud. Une nuit magnifique, même. Pourtant, ça ne me fait plus rien, à moi qui aurait pu m'en extasier pendant des heures. Plus rien ne me touche. Plus rien ne fait quoi que ce soit. J'ai joué, et j'ai perdu. J'ai tout perdu. Et personne n'en a jamais rien su. Pas même toi, Doiha-chan... Le principal intéressé. L'objet de tous mes désirs, de tous mes tourments. Où que je sois et quoi que je fasse, chacune de mes pensées est tournée vers toi. C'est étrange, non ? Je suis fou, sûrement. Fou de m'être mené moi-même au bûcher, de le savoir et de ne rien faire pour l'empêcher.
Quand est-ce que ça a commencé, exactement ? Je ne le sais même pas... Quand est-ce que j'ai commencé à boire tes paroles, à me délecter de ton odeur, à bénir ta présence ?... Oui, quand ? Il y a un mois ? Un an ? Dix ans ? Depuis toujours ? Je n'en sais rien. Je sais juste que je t'ai toujours voulu. Je t'ai aimé, ça oui. Plus fort que tu ne peux l'imaginer, plus intensément que je ne m'en croyais capable... De toutes mes forces, de tout mon pauvre coeur... Et tu n'en as jamais rien su. Tu ne t'es même jamais douté de rien. Je n'ai jamais voulu que tu le saches. Je n'avais pas besoin que tu m'aimes, mes sentiments à moi me suffisaient. Je te voyais chaque jour et partageait tant de choses avec toi, alors ça me suffisait... Je savais bien que tu n'y aurais jamais pensé, alors à quoi ça m'aurait servi, de te le dire ? J'occupais déjà une place spéciale pour toi. J'avais, et j'ai toujours, toute ta confiance. Mon avis compte plus que n'importe quel autre pour toi. Mes paroles sont la vérité, pour toi. C'est déjà beaucoup. C'est déjà trop. Je n'avais besoin de rien de plus. Juste pouvoir te regarder sourire, t'écouter chanter... Ca me suffisait. Je gardais mes sentiments en moi comme un trésor. Mon trésor. Ma plus grande richesse, mon seul véritable bien et la seule chose qui ait de la valeur en ce monde. Le soir parfois, c'est vrai, c'était dur... Rentrer chez moi seul et encore penser à toi... Me demander ce que tu pouvais bien faire... Car tu ne pensais sûrement pas à moi, toi... Pourquoi penser à ton vieil ami ?... Ton âme est moins tordue que la mienne. Tu as toujours été si doux et si sincère... Mais tu n'as jamais compris. Comme un ange qui m'aurait blessé à chaque coup d'aile, tu passais près de moi, souriant, sans comprendre que moi... J'aurai tout donné pour que tu m'aimes. Tout, sans hésitation. Pourtant, je ne te l'ai jamais dit. Et je ne le ferai pas. N'est-ce pas étrange, Doiha-chan ?
Dans ton sens, je n'ai jamais oeuvré que pour ton bonheur. Avec mes petits moyens, bien sûr. J'ai toujours souhaité te voir sourire, plus que toute autre chose. Alors je t'ai arrangé cette rencontre avec elle. Elle que tu trouvais jolie, qui te plaîsait. A la faveur d'un jeu et d'animateurs conciliants, j'ai organisé cette rencontre que tu n'oublieras jamais. Moi non plus, mais pas pour les mêmes raisons. Je t'ai bien observé, tu sais, ce jour-là... Je ne t'avais encore jamais vu un tel sourire... Un tel air adorablement timide... J'ai tout de suite compris que tu avais eu le coup de foudre. Que ton intérêt pour elle avait été décuplé, lorsque tu l'avais connue personnellement. Et elle... Bien sûr, que ça a été réciproque. Comment aurait-il pu en être autrement ? Comment aurait-elle pu te résister ? Elle a succombé, comme tant d'autres... Alors... Sentant que tu hésitais, je t'ai poussé vers elle, les jours suivants. Je t'ai incité à la revoir, à te montrer entreprenant... Je ne voulais qu'une chose : te revoir sourire encore... Même si ce n'était pas à cause de moi. Je t'ai aidé de mon mieux pour que les choses marchent, au mépris de mes sentiments.
Mais je suis loin d'être une âme si noble, ne t'y trompe pas. Il ne m'a pas fallu longtemps avant de le regretter... Quand les choses sont devenues sérieuses entre vous, j'ai senti la douleur me vriller l'estomac... Ma bouche prodiguait ces conseils avisés, mais mon coeur tombait en lambeaux... J'ai moi-même creusé ma propre tombe. Sans avoir besoin de personne, je me suis perdu tout seul... Je t'ai mené sur le chemin de ton bonheur, et celui de ma perdition... Je t'ai vu heureux... Je t'ai vu aimer. Si tu savais ce que ça m'a fait mal... Je crois que je ne pourrai jamais trouver les bons mots pour le décrire... J'ai eu mal, mal à un point... Mais je n'avais pas encore atteint les sommets. Ce jour où tu es arrivé, très excité, avec un sourire faisant trois fois le tour de ta tête... Tu nous a dit : « je vais me marier ! ». Là... Là, c'est là que je suis mort à l'intérieur. Depuis ce jour, je ne suis qu'une coquille vide, un pantin désarticulé qui accomplit ses gestes machinalement. Mais j'ai cessé de vivre, en réalité. Je voyais bien Ken-chan qui me regardait d'un air désolé. Lui, il sait. Je ne lui ai jamais rien dit, mais il l'a deviné, je l'ai compris. Il t'a félicité bien sûr, mais il avait l'air si désolé... Et moi... Je ne sais pas comment j'ai pu le faire, mais j'ai souri, je t'ai dit que j'étais heureux pour toi, que je t'adressais toutes mes félicitations... C'est une gentille femme, je le sais. Elle était mignonne, douce, intelligente, aimante... Parfaite pour toi. Vouss faisiez un couple merveilleux. C'est ce que tout le monde se disait, le jour où tu m'as crucifié. Quand je t'ai entendu lui dire 'oui'... Je crois que j'aurai pu boire toute la nuit, m'ennivrer jusqu'au petit matin, juste pour oublier l'espace d'un instant la sensation d'un coeur qui se soulève et de mes yeux qui me piquaient... Hurler ma peine au fond des verres d'alcool, cracher au visage d'une vie odieusement cruelle, et me détester plus que toute autre personne, finalement. Car c'est moi et moi seul, le responsable de ma souffrance. J'ai cru que je pourrai... Que j'y arriverai. Que ça ne me ferait rien. La vérité, c'est que tant que tu étais seul, ça allait... Je n'espèrais rien bien sûr, mais je savais aussi que personne ne profitait de ce que je n'aurai jamais. Quand tu es devenu un mari, je n'ai plus accepté ça... C'est étrange, non ?
Pourtant, malgré ça... Malgré tout, je continuerai. Je serai toujours là pour toi. Je reste ton meilleur ami, celui que tu remercies, celui sans qui tu n'aurais pas rencontré celle que tu aimes... Je veux rester au moins ça. Je m'y efforcerai. Et tu ne sauras jamais... Pourtant tu sais, Doiha-chan... Je suis bien convaincu que personne ne t'aimerai jamais autant que moi. Personne ne sait qui tu es vraiment. Moi je sais... Je sais que manges toujours les bonbons par deux... Que tu tapotes toujours du pied sur le sol quand tu es surexcité... Que tu préfères t'en aller lorsque tu es en colère, plutôt que d'être méchant... Que tu deviens pire qu'un gamin dès que tu vois de la neige... Je sais tout ça... Ce que je ne savais pas, par contre, c'est que je n'ai aps le coeur assez grand pour contenir tout l'amour que j'ai pour une aussi grande personne... Il finira par déborder et me ronger de l'intérieur, et alors... Mais pour l'heure, je t'aime. Je t'ai toujours aimé et je t'aimerai toujours. Ca aussi, je le sais. Mais ce soir, je te dis adieu. Oh, ce n'est pas un véritable adieu. Dès demain, nous nous reverrons et nous rirons sûrement... C'est juste mon coeur, qui ne bat plus, qui te dit au revoir... Tu en as fais involontairement ton prisonnier, me condamnant ainsi à la souffrance d'un amour jamais dévoilé, jamais partagé, me forçant à regarder un bonheur auquel j'ai contribué... Mon gentil bourreau... Un dernier regard à la fenêtre de ton salon que je scrute depuis de longues minutes depuis le trottoir. Adieu, Doiha-chan... Et à demain.
Une main laisse faiblement tomber le rideau devant la vitre... Deux yeux tristes scrutent la rue en bas, sur laquelle une silhouette maigre vient de tourner les talons. Bientôt, il disparaîtra à l'angle... Le petit homme tourne la tête et la regarde. Elle dort. Sa respiration est calme et régulière... Elle est jolie... et elle le rend heureux, non ? Alors... Alors pourquoi... ? Jusqu'au bout, il y avait cru. Jusqu'à ce qu'il s'avance devant l'autel, il avait espéré... Un geste, un mot, n'importe quoi. Mais non... Comme si il avait ce genre de pensées... Relevant le rideau un court instant, il constata qu'il était hors de son champ de vision...
Tet-chan... murmura-t-il doucement, la voix chargée de regrets.
