Ok, autant le dire tout de suite, cette fic est une illumination que j'ai eu en rentrant de l'université l'autre jour. Je l'ai fait lire à deux personnes avant de la publier, et apparemment ça leur a plu.

J'hésite encore à faire une suite, mais finalement je crois que c'est bien parti pour… nn'

Disclaimer: Bleach appartient à Tite Kubo.

NB: j'ai fait notamment lire cette fic à l'ami qui a écrit les poèmes sur le Gotei treize et du coup il a décidé que c'était une idée tellement bonne qu'il allait me plagier… J'suis une trop bonne âme d'ailleurs, j'aurais pas dû accepter… XD

Hem, donc si vous avez de la chance, il se peut que je publie quelque chose pour lui dans quelques temps… nn

Pour Black Vision: je crois que c'est ton avis qui m'a convaincu de publier cette fic ce week-end et pas la semaine prochaine… Merci beaucoup ! Espérons que les lecteurs apprécieront autant que toi…

Bonne lecture !

Les Transports en Commun

Byakuya n'avait jamais été un grand fan des transports en commun. Quand il était encore petit et qu'il devait aller à l'école, c'était le chauffeur privé de la famille Kuchiki qui l'y emmenait dans la superbe voiture à vitres fumées qui appartenait à son père.

Mais maintenant qu'il faisait partie de la populace, maintenant qu'il avait pris la peine de déchirer le lien qui l'unissait à sa famille afin de gagner cette indépendance et cette liberté chère à n'importe quel adolescent de dix-huit ans, il se sentait comme s'il avait le poids du monde sur ses épaules.

Non, sérieusement, qu'est-ce qui lui avait pris de venir faire ses études dans une ville aussi polluée et désespérément étrangère ?

Cet homme qui venait de le bousculer en s'asseyant, par exemple, n'aurait-il pas pu juste s'excuser ? Et cette fille rousse au poitrail proéminent là, (une fille de son âge en plus, non mais vraiment…), est-ce qu'elle ne pourrait pas aider ce pauvre homme agonisant à la barbe étrangement nouée ? Ne voit-elle pas qu'à cause d'une maladie hélas incurable, il ne peut cesser de trembler comme il le fait, et qu'il risque à tout moment, si elle ne lui cède pas son siège, de s'étaler de tout son long dans l'allée du tramway ?

Dans un soupir excédé, Byakuya se leva et se dirigea vers les portes du tram. Dans un soubresaut et un râle particulièrement aigu, celui-ci stoppa finalement et une flopée de personnes se précipita à l'intérieur de l'animal épuisé.

Voilà, encore une chose qu'il détestait dans les transports en commun. Pourquoi, mais pourquoi les gens s'obstinent-ils à montrer leur plus mauvais côté et leur éducation défaillante dans des endroits aussi publics ?? Vraiment, cela ne coûte que quelques secondes de d'abord laisser les passagers descendre avant de monter soi-même. Et cela permet aussi d'éviter les têtes de mauvais jours des gens qui se bousculent, s'insultent, se fusillent du regard ou même parfois se gueulent dessus !!

Et hélas, il semblerait que c'était la même chose chaque jour depuis que Byakuya avait commencé ses études dans cette ville. Des gens fatigués, des têtes de trois pieds de longs à chaque station, voilà ce que le jeune et riche héritier rebelle japonais voyait tous les jours.

Et franchement, il commençait à regretter la belle époque où toutes les personnes qu'il croisait chez lui s'inclinaient devant lui comme s'il était Kami-sama tout puissant.

Oui, en vérité, Byakuya Kuchiki détestait les transports en commun. Mais ce qu'il détestait le plus dans les transports en commun, c'était le métro. Paix à son âme, amen.

Déjà, il y avait à l'entrée du métro ce distributeur de journaux au sourire tellllllleeeement faux, avec son air de pervers et ses yeux fermés, un peu typé chinois croisé allemand, le genre de personne dont vous êtes certain que oui, c'est bien vos fesses qu'il suit de son regard avide tandis que vous vous hâtez vers la bouche vorace du métro.

Connard. S'il savait qui il était… Au Japon, ça ne se serait sûrement pas passé comme ça.

Le bip bip bip d'alerte de fermeture des portes du métro fit sursauter Byakuya perdu dans ses sombres pensées d'étranglement pour non-droit de vue sur son royal postérieur.

Vous voulez savoir comment on s'y prend pour louper son train en faisant semblant de faire exprès ? C'est facile, demandez donc à Byakuya Kuchiki, lui il sait bien faire. Vous vous positionnez simplement devant les portes béantes du wagon, vous attendez que le bip des portes retentisse et vous vous contentez de regarder les passagers légèrement étonnés par votre inertie et qui s'éloignent de plus en plus rapidement du quai.

Vous faîtes la vache, quoi. Simple et efficace. Et si vous arrivez à mâchonner un vieux chewing-gum tout pourri en même temps, vous avez un bonus de dix points.

Oui, Byakuya haïssait littéralement les transports en commun. L'indépendance et l'autonomie coûtent vraiment cher.

Enfin, ce n'est pas le pire. Le pire, c'est quand après des heures d'attentes (ou tout du moins il semblerait), le métro arrive enfin à quai et vous vous apercevez qu'il est déjà plein à ras bord de gens luisants de sueur, de transpiration et couverts de cette saleté invisible que certains appellent 'pollution'.

Dans ce genre de situation, Byakuya pense successivement à deux choses: d'abord pourquoi, mais pourquoi, bordel, n'a-t-il pas été capable de prendre le métro précédent qui avait des sièges vides ?!

Puis: Si je ne prends pas ce métro, je vais être en retard en cours. Et ça, il en est totalement hors de question. Lui, Byakuya Kuchiki, se faire remarquer par un simple retard ? Alors que sa ponctualité avait toujours été un modèle de perfection jusqu'à maintenant, allant même jusqu'à susciter l'admiration chez ses sempai ? Allons, on ne va pas marcher sur la tête non plus. Il passera. Dût-il pour cela faire des sacrifices d'une envergure dépassant l'imagination.

Déterminé, le jeune homme se rua dès la sortie du dernier passager dans le wagon. Ils voulaient jouer à qui serait le plus rustre ? Qu'à cela ne tienne ! Il allait leur montrer, lui, qui il était. Il était Byakuya Kuchiki, et qu'importe son agoraphobie, il allait passer !!

Freud en aurait joui.

Malheureusement, comme pour beaucoup de choses dans la vie, la mise en pratique de la théorie ne se passa pas aussi bien que prévu. A peine avait-il fait un pas dans le wagon que le bras au bout duquel était la canne en bois dur de la mégère derrière lui vint s'enfoncer douloureusement dans ses reins, provoquant une étincelle fulgurante de souffrance et de haine.

Mais hélas, pas le temps de s'appesantir sur des indélicatesses de vieille dame, car déjà Byakuya était propulsé entre les sièges, puis écrasé contre le grand balèze à la coiffure en forme de couronne avec de ridicules petites clochettes au bout de chaque pique, qui lui jeta un regard mauvais par-dessus ses lunettes aux verres fumés (oui, oui, comme la voiture ! Vous avez bien suivi dites donc…).

Marmonnant une vague excuse, Byakuya tenta de s'extraire difficilement de la masse de chair qui semblait étrangement sanguinaire et cruelle, mais qui lui avait permis de s'arrêter dans sa course sans grands dommages, malgré tout. S'accrochant de toutes ses forces aux deux sièges (à sa droite et à sa gauche), Byakuya finit par se stabiliser alors que le wagon repartait dans un hurlement suffocant.

C'était vraiment le jour le plus horrible de toute sa vie. Et la gamine qui le regardait avec un intérêt presque sadique aux pieds du grand balèze n'arrangeait vraiment pas la situation.

En plus, elle avait des cheveux d'un rose pétant. Pff. Ridicule.

Le métro finit par s'arrêter après que la voix chantante d'une femme anonyme peut-être alcoolique, qui sait, eut égrené le nom de la station suivante. Le balèze descendit, la petite fille sur les talons, et Byakuya poussa un soupir de soulagement en s'avançant vers la barre centrale du wagon pour se tenir machinalement.

Une multitude de personnes entra alors, et bientôt Byakuya fut repoussé et compressé de nouveau entre plusieurs personnes et dans l'impossibilité de s'accrocher à quoi que ce soit. Dans un juron mental, il se mit en position et crispa ses muscles dans l'attente du démarrage, qui ne tarda pas.

Tout se passa alors très vite. Alors que le wagon commençait à prendre de la vitesse et que Byakuya, stabilisé, se détendait lentement, le train stoppa brutalement et Byakuya se trouva projeté en arrière parmi les cris de surprise des passagers.

Pendant un instant, il eut l'impression de vivre sa chute au ralenti et en un éclair il pensa successivement aux accidents cérébraux qui arrivaient aux gens qui faisaient une chute et en mourraient dans les heures suivantes, à sa famille et surtout à l'entreprise de son père, qui allait se retrouver sans patron à la mort de celui-ci (en plus il était fils unique et sa mère ménopausée, ce qui provoquerait de grandes émulsions parmi les oncles et cousins avides de prendre la direction de l'entreprise), à son diplôme universitaire qu'il n'aurait pas, à sa virginité qu'il n'aurait hélas pas perdue le jour de sa mort, contrairement à ses espérances, et à son chat Tofu, qui allait se retrouver seul au monde sans lui. Et le poisson ? Nan, Tofu s'occuperait de ne pas le laisser inactif et seul. En fait, le poisson risquait fort de ne pas faire long feu, seul avec Tofu.

Heureusement pour le poisson, et malheureusement pour Tofu qui n'allait pas pouvoir en faire son quatre-heures, la chute de Byakuya n'eut pas lieu. Des bras avaient surgi par derrière celui-ci et l'avaient empêché de s'écrouler très inélégamment au sol rendu boueux par les saletés et la pluie qui ruisselait à la surface.

Byakuya s'était raidi en attente du choc, et avait tendu les bras dans l'espoir d'accrocher quelque chose au passage. Ses mains s'étaient refermées sur le haut de ces bras et en s'écrasant contre la poitrine derrière lui il avait inspiré une fragrance délicieusement musquée, délicatement indescriptible. Tout étourdi de sentir quelque chose d'aussi bon dans un endroit aussi crasseux que le métro, il s'était redressé lentement et maladroitement, profitant sans s'en rendre compte des bras agréablement chauds qui l'entouraient avant de se retourner pour remercier l'inconnu.

Ce fut comme une renaissance.

L'homme était plutôt grand, avait des yeux tendres et très doux, couleur opaline légèrement bleutée et ses cils semblaient très fins. Lorsqu'il sourit, presque avec un sourire d'excuse, à Byakuya, celui-ci se sentit fondre comme glace au soleil. Il était le genre d'homme que l'on pouvait sans conteste qualifier de 'mignon'. Légèrement chancelant, alors qu'autour de lui la population s'animait et râlait les uns contre les autres à cause du désagrément créé par l'arrêt brutal du wagon, il tenta de se détacher lentement de l'homme qui lui faisait face et lui souriait de ce sourire si doux.

Ce qui fut très difficile, autant l'avouer. Était-ce son shampoing ou son gel corps ? L'essentiel était qu'il émanait de cet homme une odeur très distrayante, voire attirante.

C'est alors que Byakuya remarqua la subtilité. L'homme avait les cheveux attachés en une queue de cheval. Des cheveux blancs. Mais vraiment blancs comme de la neige. C'était magnifique.

Le redémarrage brutal du train projeta soudainement Byakuya de nouveau dans les bras du bel inconnu. Celui-ci referma ses bras autour du jeune homme et frôla sa tête du bout du nez. Ses cheveux se répandirent comme de l'eau sur l'épaule de Byakuya qui frissonna de délice. C'était merveilleux (et délicieusement odorant, c'était donc bien son shampoing).

Finalement ils se séparèrent et l'homme aida le plus jeune à se redresser correctement.

« Ca va ? »

Byakuya redressa machinalement la tête et la hocha sans trop s'en rendre compte. La voix de l'homme était grave, profonde, apaisante. Exactement le type de voix que Byakuya appréciait le plus sur cette maudite planète.

L'annonce de sa station le sortit brutalement de ses pensées. Son regard se fit affolé alors que le train ralentissait pour finalement s'arrêter complètement à quai. L'homme lui toucha doucement le bras et lui fit signe d'y aller. Byakuya eut alors la force d'esprit de réagir et sortit précipitamment avant que les portes ne se referment.

En se retournant, il croisa le regard de l'homme qui avait non seulement sauvé sa vie et son honneur, mais qui avait aussi provoqué par l'odorat, le toucher et la vue une cascade de sensations et d'émotions rutilantes en lui, causant dans son moi profond une sorte de déchirure douloureusement euphorisante.

Platon aurait adoré.

Byakuya haïssait les transports en commun. Enfin, c'est du passé. Maintenant, Byakuya n'espère plus qu'un chose. C'est de revoir cet homme rencontré en ce début de décembre aux alentours de 7h45 du matin en période scolaire sur la ligne B du métro lyonnais. Vraiment.

Voilà !

N'hésitez surtout pas à me donner votre avis. Ben oui, tout le monde sait que les reviews rendent un auteur heureux et qu'un auteur heureux est un auteur productif…!

Ah oui, et pour ceux que ça amuse de chercher, il y a plusieurs personnages de Bleach disséminés dans l'histoire, à part Byakuya Kuchiki bien sûr… Il y en a six en tout.