Salut !

J'ai mis beaucoup de temps pour écrire celle là, mais je pense que ça valait le coup…J'ai pris en compte les critiques, bonnes et mauvaises. J'ai presque finit de l'écrire, elle sera très courte (4 chapitres je pense) mais c'est pour garder un fil conducteur et avoir une histoire qui soit sensée de bout en bout ! Je posterais très régulièrement du coup, tous les 2 jours je pense, pour ne pas vous faire attendre trop longtemps.

Voilà, merci beaucoup de prendre le temps de la lire ça me fait très plaisir !

Chapitre 1 :

Brisée. C'est ce qu'elle était, elle ne ressentait plus rien que de la souffrance. Le monde s'était refermé sur elle lorsque la balle avait traversé sa cage thoracique. La douleur ressentie n'était comparable en rien à ce qu'elle avait déjà vécu. Cette douleur s'était emparée de son corps et de son esprit et ne semblait plus pouvoir la quitter. Alors elle était partie. Loin de ses amis, du commissariat, de son père…mais surtout loin de lui. Ces trois mots chuchotés avant qu'elle ne perde connaissance avaient transformé son univers, bouleversé sa vie mais elle n'était pas prête à les recevoir pleinement et encore moins à les retourner. Alors elle avait fait ce que son instinct lui avait toujours conseillé : fuir. Aujourd'hui, elle ne se sentait plus capable d'affronter le monde extérieur, elle vivait recluse dans la cabine de son père. Son portable était déjà déchargé depuis plusieurs jours et les boites de conserves entassées lui avaient suffit jusque là.

Le soleil venait à peine de se lever mais Kate était déjà debout. Cela faisait déjà plusieurs mois qu'elle ne pouvait dormir plus de 4 ou 5 heures par nuit. Elle était enveloppée dans un sweat-shirt un peu grand et tentait de se réchauffer les mains sur sa tasse de thé. Elle était assise devant la fenêtre, le regard perdu, elle ne semblait pas s'intéresser au spectacle grandiose de la nature qui s'éveillait. Sa silhouette déjà fine s'était encore amaigrie au fur et à mesure des semaines, ses joues autrefois roses restaient désespérément pâles et elle semblait extrêmement fragile, un coup de vent aurait pu l'emporter. Tout sourire avait définitivement déserté son visage, pourtant sa beauté ne l'avait jamais abandonnée : elle était un ange, un ange aux ailes brisée.

Elle se prépara lentement et enfila un jean et une blouse. Ces gestes quotidiens étaient maintenant devenus routiniers, à l'image de cette vie monotone qu'elle vivait.

L'air confiné de la cabine commençait à lui donner la nausée et l'extérieur semblait être un bon moyen de se changer les idées. Kate attrapa un pull sur une chaise et sortit sur le perron. Le vent frais de la matinée lui fit tout de suite beaucoup de bien, elle voulait avancer, marcher un peu, aller voir le lac mais une peur irrationnelle l'empêchait d'aller plus loin. Ses jambes refusaient de la porter en avant, comme si la connexion entre son cerveau et ses muscles était momentanément hors service. Elle resta là pendant un long moment, appuyée contre la balustrade. Ayant perdu toute notion du temps, la jeune femme ne s'inquiétait plus de savoir quel jours ou quelle heure il était, elle se contentait de se laisser porter par la journée, par ses réflexions.

Depuis la fusillade, rien n'était plus pareil. Elle qui avait toujours été forte, têtue, qui était une jeune détective brillante et indépendante semblait n'être aujourd'hui plus que l'ombre d'elle même. Chaque pas, chaque respiration lui coûtait. Au départ, la douleur physique était écrasante et occupait toutes ses pensées, mais en s'estompant, elle avait laissé place à une souffrance bien plus traître et bien plus difficile à accepter : la douleur morale. Une culpabilité latente la rongeait un peu plus chaque jours, entre le meurtre de sa mère qui était resté en suspend et son écrivain qu'elle avait planté là, son esprit ne lui laissait pas une seconde de repos. Pour le meurtre de sa mère, elle ne savait pas si elle avait fait trop où pas assez. Il était certain qu'elle avait franchi une ligne invisible, ce qui avait conduit directement au meurtre de son ancien capitaine et à sa propre blessure. Mais l'affaire semblait avoir des ramifications infinies, toucher des gens haut placés qui continueraient à faire de sa vie un enfer. Fallait-il pour autant qu'elle abandonne ? C'est ce que lui avait conseillé Castle… Il avait presque prédit ce qu'il se passerait si elle refusait de laisser cette affaire derrière elle. Bien sûr, il avait eu raison et Kate s'en voulait ne pas l'avoir écouté. En même temps, à ce moment là de sa vie, elle se croyait entièrement déterminée par l'assassinat de sa mère, alors qu'aujourd'hui elle ne savait plus trop quelles étaient ses priorités. La confession de Castle avait chamboulée son univers, avait remis beaucoup de ses choix et de ses convictions en question et la peur de devoir affronter ces changements et ses sentiments l'avait poussé à prendre de la distance. Elle croyait faire un choix rationnel en partant, elle pensait se laisser le temps de réfléchir, elle pensait mettre de l'ordre dans sa vie. En réalité, seule la crainte et la lâcheté avaient guidé ses actes.

Cette soudaine prise de conscience de sa faiblesse la poussa à dépasser sa peur, à essayer d'affronter le monde extérieur qui lui paraissait pourtant si hostile. Elle resserra son pull autour de ses épaules et entreprit de descendre les marches de la terrasse. Ses mains tremblaient et ses jambes avaient du mal à la porter mais elle refusait de faire marche arrière. Après avoir dépassé les limites du jardin entourant la cabine, elle sentit un poids disparaitre de sa poitrine, comme si ces quelques pas l'avait amenée un peu plus près d'une harmonie entre son corps et son esprit. Ses yeux se ranimèrent et ses joues reprirent de leurs couleurs : il y avait peut-être un peu d'espoir après tout. Elle chemina lentement vers le lac et s'arrêta un instant à quelque mètre de l'eau, admirant les reflets scintillant du soleil sur la surface. Plusieurs familles avaient installé leurs tentes près de la forêt pour les vacances. Kate entendit de joyeuses conversations et des pas qui se rapprochaient, elle décida alors de tourner les talons. Elle ne sentait pas encore capable d'entrer en contact avec eux.

En rentrant, elle alluma un feu et remonta dans sa chambre pour prendre un livre. Il n'y avait que dans la lecture qu'elle se sentait encore vivante, qu'elle arrivait encore à sourire. Se plonger dans un autre univers et entrer dans la peau d'un autre personnage lui permettait d'oublier momentanément ses problèmes, de s'évader de la dure réalité. Elle possédait plusieurs étagères entièrement remplies de romans. Elle passa une main légère sur les tranches des livres exposés et s'arrêta sur un en particulier. Elle le tira doucement vers elle. In a hail of bullets de Richard Castle. Etant donné les circonstances ce n'était surement pas le meilleur livre à choisir mais s'il avait réussi à lui faire accepter le meurtre de sa mère, peut-être pourrait-il également lui faire accepter les évènements récents. Elle l'ouvrit sur une page au hasard, ferma les yeux et respira l'odeur du papier ancien. Rien n'était plus rassurant et attachant que cette odeur si particulière, elle lui rappelait les soirées passées dans le salon familial lorsque sa mère lui demandait de choisir un livre et le lui lisait en incarnant chaque personnage. Ces souvenirs lui étaient précieux, c'étaient presque les derniers qu'elle avait de sa famille, réunie et heureuse.

Elle connaissait chaque mot, chaque tournure de phrase par cœur. Mais ce n'était ni pour les mots, ni vraiment pour l'histoire que Kate avait choisi ce livre en particulier. Elle aurait refuser de l'admettre si qui-que-ce-soit lui avait posé la question, mais elle se devait d'être franche envers elle même…Castle lui manquait.

Elle laissa son regard vagabonder sur les pages, et son esprit s'égarer dans le passé. Ces trois dernières années avaient été mouvementées et difficiles. Mais elles avaient également été merveilleuses, Kate s'était rapproché doucement de l'écrivain et ils avaient appris à s'apprécier (et à se détester !). Ces longues heures passées au commissariat avaient pris un goût moins amer, et elle avait trouvé en Castle un compagnon parfois énervant mais bien souvent utile et à l'écoute. Il était devenu un ami précieux et à qui elle devait la vie. Lorsqu'elle fermait les yeux, Kate pouvait encore sentir ses bras puissants la porter en dehors du hangar lors de cette nuit tragique, et puis la caresse de ses mains, rassurantes et réconfortantes.

Instinctivement, elle toucha la cicatrice que lui avait laissé Maddox. Ce petit rond, aujourd'hui presque invisible, avait changé sa vie de bien des façon. Non seulement avait-il faillit la tuer, mais il avait également mené à la déclaration de Rick. Kate revit son visage désespéré, penché sur elle et lui murmurant ses trois mots. Quand elle y repensait, s'était autant pour eux que pour retrouver Maddox qu'elle s'était battue contre le froid qui menaçait de s'emparer de son corps à jamais. Mais elle avait quand même finit par repousser l'écrivain lorsqu'il était venu la voir à l'hôpital…elle avait eu peur. De quoi précisément ? Difficile à dire. Qu'il s'en aille pour toujours…ou qu'il reste ?