Sacramento

_ Deux agents du FBI pour le prix d'un, grommela Rigsby. Son visage prit une expression penaude lorsqu'il s'aperçut que la jeune femme blonde l'avait entendu.

_ J'ai cru comprendre qu'ils sont les meilleurs dans leur partie, répliqua Chow, impassible. C'est normal que l'antenne locale fasse appel à eux.

_ C'est quoi leur spécialité, intervint Jane, les yeux toujours clos, faisant sursauté Van Pelt. Jusqu'à cette intervention, les trois agents auraient juré qu'il était profondément endormi.

_ Le démantèlement des organisations criminelles répondit directement l'homme brun qui suivait l'autre comme son ombre.

_ Les comportements déviants, ajouta sa compagne d'une voix douce.

Jane ouvrit les yeux tout grand pour croiser deux yeux bleu-verts. La jeune femme était penchée au-dessus de lui, le jaugeant, un sourire plein d'humour éclairant un visage dont les traits devaient une bonne part de leur charme à leur mobilité.

_ Je suppose que vous êtes Patrick Jane, le fameux consultant du CBI, continua-t-elle sur le même ton.

Rigsby donna l'impression de s' étrangler et Van Pelt eut un sourire involontaire. Seul Chow parvint à conserver une expression neutre :

_ Oui, c'est lui, confirma-t-il alors que Jane restait silencieux.

_ Hé bien, nous allons avoir l'occasion de faire un peu connaissance si vous le voulez bien. Nos supérieurs sont en négociations, et aucun d'entre nous ne pourra bouger le petit doigt tant qu'ils n'auront pas trouver un accord.

Jane ne sut jamais vraiment quels moyens utilisa la profiler pour les mettre si rapidement à l'aise. Peut-être que cela n'avait rien à voir avec une quelconque technique. Peut-être n'était-ce rien de plus que son sourire ouvert, l'attention qu'elle prêtait à chacun ou encore son sens de l'humour parfois mordant. Lisbon qui les rejoignit un peu plus tard, succomba tout aussi facilement au charme de la nouvelle venue au grand amusement du mentaliste qui savait à quel point elle redoutait l'arrivée des deux spécialistes du comportement. La jeune femme réussit même à leur faire oublier l'attitude pour le moins réservée de son compagnon qui se contenta de siroter sa tasse de café sans rien dire.

_ Je suis heureux que vous ayez déjà fait connaissance, remarqua Madeleine Hightower, une demi-heure plus tard en sortant de son bureau avec son homologue de l'antenne locale du FBI. Les agents Black et Duval sont là pour aider le FBI à dresser des profiles de John le Rouge et de ses adeptes ainsi que les contours de son organisation.

_ Qu'aurez-vous besoin, demanda Lisbon, soucieuse de collaborer au mieux. Jane surprit le regard satisfait que posa l'agent Black sur sa collègue. Les deux coéquipiers avaient apparemment déjà employé cette stratégie afin de s'assurer la coopération des agents des forces de l'ordre auxquels leur présence était imposé mentaliste fut un peu surpris néanmoins lorsque l'autre haussa les épaules comme pour nier tout intervention. Jane s'intéressa à nouveau à Lisbon et comprit que la jeune femme avait raison : si elle avait été favorablement impressionné par l'agent Duval, Teresa pensait avant tout à préserver son équipe qui faisait déjà l'objet d'une enquête.

_ De tous vos dossiers concernant les affaires que vous avez pu attribuer à John le Rouge ou à ses disciples. Pour le reste... la blonde échangea à nouveau un regard avec son compagnon. Nous n'envisageons pas d'interroger formellement votre équipe, mais nous avons besoin de discuter avec eux afin de recueillir leurs impressions.

_ Il faudra allait en pose-café avec nos avocats, plaisanta Rigsby avant de se rendre compte qu'il avait à nouveau gaffé.

_ L'enquête que vous subissait en ce moment ne nous concerne pas, intervint l'agent Black. Le ton employé était froid, mais ne laissait pas place à la moindre ambiguïté. Ce que nous cherchons, c'est à en apprendre le plus possible sur le mode de fonctionnement de de cette organisation. Et parce que vous enquêtez sur elle depuis près de deux ans, vous êtes les mieux placés pour nous en apprendre davantage.

Jane vit le chef du bureau du FBI se crisper. Celui-ci faisait partie de leurs détracteurs les plus virulents, ayant même été jusqu'à les accuser d'avoir volontairement dissimulé des informations à son service. Avant qu'il devienne évident, que Lisbon leur avait fidèlement fait transmettre les rapports sur John le Rouge et tout ce qu'ils avaient pu découvert s'y rapportant de près comme de loin. Seulement, personne au FBI n'avait daigné s'intéresser à ces dossiers. L'homme avait sans doute espéré que les deux agents adopteraient son point de vue et était visiblement déçu par la neutralité bienveillante dont ils faisaient preuve. En tant qu'experts extérieurs, Black et Duval pouvaient se le permettre sans craindre de représailles. Mais Jane aurait juré que ni l'un, ni l'autre n'était du genre à céder aux pressions.

Il fallut presque une semaine aux deux profilers pour venir à bout de la trentaine de caisses remplies à ras-bord de documents diverses. Jane les observa travailler avec intérêt à chaque fois qu'il en avait l'occasion. Les deux agents ne comptaient pas leurs heures, mais leur efficacité tenait davantage à leur relation quasi-fusionnelle et au bon usage qu'ils faisaient de leurs complémentarités : tandis que Julian Black construisait des tableaux récapitulatifs et utilisait toutes sortes de diagrammes pour compiler tous les faits qu'il pouvait extraire des dossiers, Emma bombardait de questions les membres de l'équipe, parfois à part, le plus souvent en groupe. La jeune femme se servait des bribes d'informations qu'elle arrachait à leur inconscient pour combler les trous de leur analyse ou en souligner les zones d'ombre. Finalement, le tableau qu'ils présentèrent aux agents du FBI et du CBI réunis ressemblait beaucoup à celui que Jane avait commencé à mettre en place dans le grenier qu'il occupait à l'insu de l'administration dans les combles du bâtiment. En fait, leur exposé rejoignait même certaines déductions qu'il avait soigneusement dissimulées à son entourage. Chow avait eu raison : les deux profilers étaient des pointures.

Ils n'étaient pas les seuls. Jane avait commencé à soupçonner l'existence d'informateurs dans les rangs du FBI. Bientôt la présence des deux experts du comportement fut connue de celui qu'ils traquaient. Et John le Rouge la jugea suffisamment significative pour se fendre d'une mise en scène à leur intention.

L'équipe de Teresa Lisbon n'aurait pas du se trouver là, mais les deux profilers avaient fait des pieds et des mains pour s'assurer leur concours malgré la mauvaise volonté de leur hiérarchie. Jane regardait la scène du crime avec un intérêt renouvelé à chaque nouvel élément qu'il relevait. Quelque-chose clochait. Certes, la signature de John le Rouge, le visage sanglant au grand sourire, était dessinée sur le mur bien en évidence au-dessus de la victime. Mais la mise en scène ne ressemblait pas à celle des autres crimes commis par le tueur en série et ses disciples. La victime, un homme d'origine sud-américaine d'une trentaine d'années avait été torturé avec une minutie maniaque. Tous ses doigts étaient brisés, les ongles arrachés.. Des brûlures de cigarettes dessinaient des courbes ondoyantes sur chaque centimètre carré de peau encore intacte. Enfin, le peu qu'il y en avait.

Les deux profilers examinaient la scène avec le même soin mais le mentaliste comprit rapidement à leurs comportements que quelque-chose les perturbait . Alors que Julian avançait peu à peu, engrangeant chaque détail avec son application habituelle, Jane se rendit compte à la tension de ses épaules, à la raideur de plus en plus prononcée de sa nuque et de sa mâchoire que l'homme brun était peu à peu submergé par un sentiment des plus sombres, une rage si totale, qu'il ne parvenait pas à la dissimuler. Pour une fois, sa compagne ne le quittait pas d'une semelle, de plus en plus nerveuse. La jeune femme finit par poser une main sur l'épaule de son coéquipier, le forçant à s'arrêter. Lorsqu'il se retourna, Chow qui observait la scène avec le même intérêt que Jane, avança instinctivement, comme pour s'interposer. Il faut dire que l'éclat meurtrier dans les yeux de Black n'avait rien de rassurant.

_ Julian, le rappela à l'ordre la jeune femme. Cela suffit. L'homme se détendit et l'étrange lueur dans son regard s'éteignit. Mais ni le mentaliste, ni l'agent du CBI n'oublièrent que pendant quelques secondes, ils avaient vu la mort et la destruction dans les yeux de l'agent du FBI.

_ Comparons nos analyses, proposa la jeune femme, une fois sûre que son compagnon avait retrouvé un certain équilibre.

_ Ce crime est signé John le Rouge, mais le modus operandi ne lui ressemble pas. Certains de ses disciples aiment jouer avec leur proie de cette manière, continua Jane, comme ses interlocuteurs restaient silencieux, mais cette mise en scène, avec cette cage et cette cagoule de bourreau... c'est étrange. Sans compter, que d'habitude, ils préfèrent des victimes... innocentes, ajouta-t-il avec une certaine difficulté alors que la vision des corps ensanglantés de sa femme et de sa fille envahissait sa conscience. Les barons de la drogue, ce n'est pas leur truc.

_ Trop de gardes, trop de matériel de surveillance, souligna Rigsby. Il a du falloir un véritable commando pour l'extraire de sa villa.

_ Je doute qu'on l'ait enlevé dans son quartier général, remarqua Julian. Pour ce qui est de la sécurité, il y a toujours des failles. Le plus souvent d'ailleurs, à cause de la cible. Je suppose que personne n'a signalé sa disparition ?

_ Les types dans sa position manquent rarement à qui que se soit, souligna Chow. Il y a toujours de plus petits requins pour se disputer sa place.

Julian, acquiesça distraitement, ses yeux allant et venant toujours sur la scène du crime, comme s'il cherchait à voir à travers.

_ Julian et moi connaissons bien cette mise en scène, reprit doucement la jeune profiler, surveillant du coin de l'œil les réactions de son compagnon. Ce modus operandi est celui du Bourreau, un tueur en série que Julian et moi traquons depuis plusieurs années.

_ Le fait que la victime appartienne au crime organisé, la cage et le masque de bourreau, tout correspond. Ne manque que la confession, grogna Julian.

A ce moment-là, un technicien qui s'affairait à l'autre bout de la pièce, brandit un DVD qu'il venait de découvrir fixé sous la chaise où était encore enchaîné le corps.

_ Il y a un problème, demanda Teresa qui s'était rapprochée pour suivre la conversation.

_ Oui. Et un gros. Le fait que le Bourreau filme les confessions de ses victimes n'a jamais été divulgué dans la presse, précisa Black, après un long silence.

Van Pelt intervint :

_ Alors cela signifie qu'il s'agit réellement d'un crime commis par votre tueur en série. Vous pensez qu'il a appris que vous travailliez sur le dossier John le Rouge et qu'il a voulu vous signaler qu'il faisait partie de son organisation ?

_ Non. Le ton de Julian était sans réplique. Cela signifie que votre tueur en série a accès à nos bases de données.

_ Que voulez-vous dire ? Les yeux de Teresa passaient de l'un à l'autre des deux profilers, cherchant à deviner ce qu'ils lui dissimulaient.

_ Le Bourreau ne travaille pas en équipe. Surtout avec des gens qui se sont réunis afin d'assouvir plus facilement leurs perversités. Vous comprenez, il considère qu'il sublime ses propres pulsions en ne s'attaquant qu'à des criminels notoires mais qui parviennent à rester hors de portée des forces de la loi. Ce n'est pas lui, assura la blonde.

_ Dans ce cas-là, c'est peut-être une sorte d'invitation, réfléchit à voix haute le mentaliste. Du genre, hé regarde ce que l'on pourrait faire ensembles.

_ Alors John le Rouge va avoir une surprise, grogna Julian. Parce que cette provocation, c'est l'équivalent d'une déclaration de guerre !

_ Si tu étais le Bourreau, que ferais-tu, demanda à brûle-pointe sa compagne.

_ Je me mettrais en chasse. Je le traquerais, lui et tous les siens, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus un seul.

_ On peut s'attendre à que cela vire à OK Corral ? Jane perçut l'inquiétude dans la voix de Lisbon, mais c'était son vis-à-vis qui monopolisait son attention. Car dans la voix de l'homme, le mentaliste avait perçu une conviction et une certitude qui allait bien au-delà de la connaissance et de la compréhension qu'un professionnel peut avoir de son sujet d'étude. Comme Julian échangeait un regard lourd de sens avec sa coéquipière, les doutes du spécialiste de la manipulation se cristallisèrent et il eut un mouvement de recul. Inconscient de son trouble, Julian continua :

_ Non. Je resterai sur mon territoire. Enfin d'après ce que je sais du Bourreau, il ne commettra pas l'erreur de suivre John le Rouge dans une région qu'il ne connaît pas et où il n'a aucun contact, se reprit l'agent Black. Sans compter qu'il doit déjà connaître le modus operandi de votre tueur.

_ Et alors ? La voix du mentaliste trahissait ce qui pouvait être interprété comme de l'agressivité par une personne qui ne l'aurait pas connu. Mais la réaction inconsciente de l'équipe qui resserra les rangs autour de lui ne laissa pas l'occasion à Jane de s'illusionner sur l'origine de la tension qui l'habitait. C'était la peur et non la colère qui lui avait arraché cette répartie. La lueur prédatrice qui était réapparue dans les yeux de l'agent du FBI lui prouva que l'homme avait bien perçu la nature de l'émotion qui l'agitait et l'homme blond dut se battre contre son instinct qui lui commandait de fuir .

_ Alors, le Bourreau ne fera rien d'inconsidéré, annonça Emma en s'avançant les mains levées en signe d'apaisement. Il sait très bien que le fait d'ignorer l'invitation de John le Rouge va avoir des conséquences. Des conséquences qui pourraient être fâcheuses pour des personnes qui lui sont chères. Cet homme est le genre de caméléon qui se fond dans une vie ordinaire en apparence. Il se peut très bien qu'il ait femme, enfants, amis... il cherchera à assurer leur protection avant toute chose. La voix de la jeune femme était très douce, mais elle résonna étrangement au travers du silence qui s'était abattu sur le petit groupe.

_ Le Bourreau aurait donc un cœur, ironisa malgré lui Patrick Jane, les yeux plongés dans ceux de la jeune femme pour éviter de rencontrer ceux de son compagnon. Le mentaliste craignait trop d'y voir la promesse de sa mort prochaine.

_ Il n'est pas question de sentiments, mais de possession, expliqua Julian d'un ton nonchalant. Un psychopathe considère ses proches davantage comme des objets que comme des personnes au sens ou la plupart des gens l'entendent. Mais personne n'aime qu'on casse ses jouets ou qu'on raye sa voiture.

Les agents du CBI avaient écouté l'échange avec attention et chacun des visages si familiers exprimait le désarroi ressenti par son propriétaire d'une manière différente : les yeux de Van Pelt étaient écarquillés par l'effort qu'elle faisait pour saisir la cause de la soudaine tension entre Jane et les deux profilers. Rigby s'était posté devant, le menton en avant, prêt à se battre, bien qu'il ne soit pas encore parvenu à détecter la vraie menace. Pour une fois, le visage d'habitude stoïque de Chow trahissait son inquiétude. Teresa chercha à dissiper le malaise avec sa franchise habituelle:

_ Je suis désolée que notre cible complique votre propre enquête. Je suppose que le Bourreau va disparaître des écrans radar pendant un certain temps, expliqua-t-elle comme l'attention des deux autres se reportaient sur elle.

_ Ce n'est pas grave, dit très vite Emma. De toute manière, le Bourreau a toujours était un sous-marin ne faisant surface que pour décimer une organisation mafieuse ou un réseau de trafiquants. C'est le genre de dossier qui reste toujours sur le coin du bureau et qui n'arrête pas de s'épaissir.

Ça, Jane voulait bien le sentait toujours peser sur lui le regard de l'homme qu'il soupçonnait maintenant d'être un tueur en série.

_ Qu'allez-vous faire, demanda encore Lisbon comme ils sortaient de l'entrepôt.

_ Notre mission est finie. Nous rentrons à Seattle ce soir, déclara Julian en passant un bras possessif autour de la taille de sa compagne.

_ Julian, laisses-moi un instant pour parler à Monsieur Jane. Seule à seule, insista Emma en se détachant de l'étreinte de son collègue.

L'agent Black haussa les épaules, avant de rejoindre la tête du groupe, les laissant cheminer de concert en arrière-garde.

_ Quoique vous ayez déduit sur l'agent Julian Black... ce n'est qu'une partie de la vérité.

_ Alors il n'est pas du genre à jouer des pincettes avec une cagoule de bourreau sur la tête et à enfermer des mafieux dans une cage à chien, demanda Jane d'un ton où perçait l'hystérie.

_ La cagoule, c'est juste pour le fun, sourit la jeune femme.

_ Croyez-vous le contrôler ? La sidération du mentaliste face à la réaction de la profileuse était visible.

_ Non. Mais il se contrôle, insista Emma. Il a fait des choix, édicté ses propres règles et il s'y tient. Julian ne s'attaque pas aux innocents et enquête de manière objective sur ses cibles avant de s'en prendre à elles. Si un jour je soupçonne le moindre dérapage... je le neutraliserai.

Patrick Jane prit le temps d'étudier le visage de son interlocutrice. La détermination et la lucidité de la jeune femme ne faisait aucun doute.
_ Comment pouvez-vous rester ainsi auprès de lui sans ressentir ni peur ni dégoût, demanda Jane,sincèrement curieux.

_ Durant mes premières années de vie, j'ai été élevée par un homme... dénué de conscience. Je n'ai jamais perçu une perversité semblable chez Julian. Il n'a pas le même mode de pensée que vous et moi, il prend plaisir à manipuler notre équipe, il adore traquer les cibles qu'il se choisit et il apprécie autant leur peur et leur souffrance que le fait d'éliminer un criminel. La jeune femme plongea son regard dans celui du mentaliste. Mais d'une certaine manière, Julian a une conscience du Bien et du Mal supérieure à la nôtre. Et il fait tout son possible pour rester du bon coté.

_ Alors qu'est ce que le mauvais coté, demanda Patrick Jane, retrouvant un peu de son bagou habituel.

_ Tous ceux qui font le Mal sans se soucier de faire souffrir des innocents. Comme John le Rouge, laissa tomber la jeune femme avant de prendre les devants.

_ Qu'est-ce qui vous dit que je ne vous dénoncerai pas, lâcha tout à traque le consultant alors que son interlocutrice s'apprêtait à rejoindre le reste du groupe.

_ Vous ne direz rien, Monsieur Jane. Vous avez trop besoin de Julian pour ouvrir un autre front face à votre adversaire. Je voulais juste vous donner des arguments à jeter en pâture à votre conscience si par hasard elle venait à vous tourmenter.

_ Il n'y a aucun risque, dit Jane, très calme. Il s'agit d'une guerre et je suis prêt à accepter toutes les alliances et tous les sacrifices pour mener à bien ma vengeance.

La jeune fille partit d'un grand éclat de rire qui fit se retourner les autres agents avant de conclure avec beaucoup de sérieux :

_ Non Monsieur Jane. Nous savons tous deux qu'ils y a des choses que vous protégeriez non seulement au dépend de votre croisade au mais aussi au péril de votre vie. Et vous l'avez déjà prouvé.

Patrick Jane ne trouva rien à répliquer à cela. Il y avait trop de vérité dans ce que venait d'énoncer la jeune femme. Comme elle montait dans le véhicule de fonction qui devait les amener elle et son compagnon à l'aéroport, il la suivit du regard tandis qu'elle adresse un dernier signe à l'assistance. Patrick Jane avait l'intuition qu'il reverrait très bientôt sa nouvelle amie... quitte à aller faire un petit tour à Seattle.