Chapitre 1
« Ces Elfes ne sont pas méchants. S'ils ont un défaut, c'est la méfiance envers les étrangers. Malgré la puissance de leurs sortilèges, ils étaient, même à cette époque, circonspects. Ils différaient des Grands Elfes de l'Ouest, et ils étaient en même temps plus dangereux et moins sages.»
Le Hobbit, chapitre 8, à propos des Elfes de la Forêt Noire
Le silence qui régnait dans la forêt n'était brisé que par un seul bruit, sourde et régulier: les pas d'un cheval foulant la neige fraîche. Il était mené par un cavalier à la fière allure. Avec sa longue chevelure blonde rejetée en arrière, sa cape brune bordée de fourrure et son orgueilleux port de tête, il ressemblait à l'un de ces dieux dont parlaient encore les plus vieux des Elfes.
Et certes, il était de haute noblesse, et il le savait! Son père Thranduil, Grand Roi de la Forêt, l'avait envoyé porter une missive à Elrond, seigneur de Fondcombe. L'hiver n'étant pas trop rude cette année-là, le col de Rubicorne restait encore accessible, ce qui permettait de traverser les montagnes sans attendre le printemps.
Au début, le jeune Prince s'était enthousiasmé de découvrir de nouvelles terres, et la légendaire Cité Cachée, où vivaient des Elfes n'appartenant pas à son peuple. Mais quand son père lui avait parlé des Noldorin et de leurs faits meurtriers, ainsi que de l'ascendance humaine d'Elrond, son intérêt avait nettement diminué. A présent, son seul désir était de délivrer le message de son père, qui daignait encore s'adresser aux habitants de Fondcombe -gens peut-être méprisables, mais tout de même utiles dans leur lutte contre l'Ombre.
Il était plongé dans ses pensées, quand soudain retentit un long hurlement lugubre, qui fit frémir son cheval. Des loups. Il avait réussi à les éviter pendant tout le trajet, et voici qu'ils survenaient finalement, quelques heures seulement avant son arrivée, selon son estimation! D'un coup de talon, il poussa son cheval en avant.
IIIIIIIIIIIIIIIII
Peu de temps après, il se retrouva dans une longue vallée au fond plat, dénuée d'arbres, où il put mettre sa monture au galop. C'est alors qu'il les aperçut: une dizaine de loups, sur sa droite, sortait des arbres et se lançait à sa poursuite.
La traque dura longtemps, et le cheval commença à fumer de sueur. Quand il atteignit l'extrémité de la vallée, le jeune Prince fit volte-face et saisit son arc. Trois loups tombèrent avant de l'atteindre; mais les autres l'encerclèrent, poussant de brefs hurlements sans oser bondir, tenus en respect par l'épée qui avait remplacé les flèches.
Enfin, l'un d'eux tenta sa chance et sauta, la gueule ouverte. Le Prince lui trancha la gorge d'un grand mouvement d'épée, mais une deuxième bête en profita pour lui saisit l'épaule et le jeter à terre. Fou de terreur, le cheval s'enfuit, poursuivi par deux loups.
Le Prince se défendit rageusement contre ses adversaires, galvanisés par sa chute et l'odeur du sang; ils tournaient autour de lui, attendant que la fatigue fasse baisser sa garde.
Mais soudain, ils s'enfuirent en hurlant: des ennemis bien connus s'approchaient, supérieurs en nombre. Mieux valait les éviter, et chercher une proie plus facile.
Le cavalier de tête, un grand Elfe aux cheveux dorés, arrêta son cheval et se pencha vers l'Elfe à terre.
« Prince Legolas? Etes-vous blessé? »
