Auteur : LoOve-emoO

Genre : OOC, UA, Yaoi, Angst, Tragedy, Lemon, POV Sasuke, Death Fic.

Couples : SasuNaru.

Disclamair : Les personnages ne sont pas à moi. Ils sont la propriété de Masashi Kishimoto.

Mal de vivre.

« Le suicide, c'est la force de ceux qui n'en ont plus, c'est l'espoir de ceux qui ne croient plus, c'est le sublimecourage des vaincus. »

Guy de Maupassant

Coucher sur mon lit, les bras croisés derrière la tête et les yeux fermés, mon esprit vagabonde librement vers un monstrueux passé, tout en laissant la chanson « My Obsession » du groupe allemand Cinema Bizarre tourner en boucle.

Je revois les immenses flammes rouges, léchant avidement les corps de mes parents et de mon frère à terre. J'étais pétrifié par cet atroce spectacle. Incapable de bouger. Mes yeux étaient fixé sur les cadavres de ma famille.

Je les revois en train de brûler, redevenir poussière. Mon père avait une quarantaine d'années, ma mère une trentaine et mon frère, lui, n'avait que 12 ans.

Après, c'est le trou noir.

J'ouvre lentement les yeux. Ils brillent au contact de la blancheur de la lune, rentrant dans ma chambre.

La fenêtre est ouverte, laissant passer le froid de l'hiver à l'intérieur. Les rideaux noirs, fait de soie, volent doucement, presque sensuellement.

Je me redresse délicatement et ouvre le tiroir de ma table de nuit. Je prends une boîte blanche avant de le refermer. Je place le boîtier devant moi puis l'ouvre.

Un scalpel scintille comme mes yeux auparavant.

Je le prends avec finesse entre mes doigts et le contemple sous toutes les coutures. Je le caresse de bas en haut, du côté tranchant. Une petite coupure apparait sur ma peau, du sang s'en échappe. Je passe un coup de langue dessus, admirant toujours cet instrument si parfait de mes yeux de la couleur d'une obsidienne.

Il exorcise mes douleurs et me soulage de mes souffrances.

L'objet vient de nouveau rencontrer ma peau. Il parcourt mon cou puis descend sur mon torse avant de venir caresser mon poignet gauche. La lame fond sur mes veines. Nul besoin d'appuyer. Mon précieux scalpel est toujours bien aiguisé. Le sang sort des entailles. Les gouttelettes écarlates étincellent pendant leur parcourt jusqu'à atterrir sur le drap blanc.

La chanson recommence de nouveau. La voix envoutante du chanteur est portée par la douce mélodie du piano.

Je ferme les yeux avant de remonter l'objet de ma convoitise près de mon cou. Nouvelle coupure. La batterie est synchronisée au rythme des battements de mon cœur.

Je murmure les paroles du refrain, les yeux toujours clos, en me faisant une nouvelle entaille près de ma pomme d'Adam.

Je me couche de nouveau et laisse mon corps bouger au rythme de la musique. Mon scalpel ouvre encore une plaie sur mon torse avant dans faire une sur mon bras droit.

Au dernier refrain, je laisse ma voix s'échapper. Elle se fait douce et sans faute, tout en étant grave et sensuelle.

Je me fais une dernière entaille sur poignet gauche avant de marcher jusqu'au bureau. Il y a un verre d'eau posé dessus et de nombreux petits comprimés.

J'en prends une moitié et les avale un par un.

Mes jambes tremblent ; je sens mon corps flancher. Je tombe à terre, semi – conscient. La chanson se finit avant de recommencer. Les médicaments font vite effet. Le sommeil me gagne rapidement, oubliant la douleur qui me lacère les poignets.

Je plonge dans la chaleur des bras de Morphée. Comme j'aimerai ne plus me réveiller…

Souhait non exaucé.

Mes yeux s'ouvrent sur un environnement bien connu. Quatre murs blancs, un second lit non loin du mien, une table près de la fenêtre, une chaise près de mon lit, une perfusion plantée dans mon bras à ma gauche et un électrocardiographe à ma droite.

Une infirmière aux cheveux et aux yeux rouges à lunettes entre dans ma chambre, en rougissant.

-Bonjour Sasuke. Tu as encore recommencé, à ce que je vois.

Je lorgne sur les bandages qui recouvrent mes bras. Je suis encore un peu dans les vapes.

-Combien as – tu avalé de cachets ?

-Je ne sais pas…15… ? 20… ?

Elle soupire et griffonne sur son calepin.

-C'est ta troisième visite à l'hôpital en l'espace d'un mois… Tu vas vraiment finir par te tuer, Sasuke.

-Tant mieux… La vie ne sert à rien.

Elle vient m'embrasser le front.

-Ne dis pas ça…

-C'est mon tuteur qui m'a amené ici ?

-Oui. D'ailleurs, il n'était pas très content…

-C'est Orochimaru, tu crois quoi… Il est tout le temps comme ça.

-Il est dans la salle d'attente. Je suppose que tu ne veux pas le voir ?

-Tu supposes bien, Karin. Dis lui que je dors toujours, il finira bien par partir.

-Comme tu veux, Sasuke… Un médecin passera te voir, dans un moment.

Je hoche la tête en signe d'approbation. J'ai l'habitude maintenant. Les questions, les regards remplient de pitié, le même docteur…

Quelques minutes après que Karin soit partie, un jeune médecin entre dans la pièce.

-Sasuke Uchiha ? Bonjour ! Je suis Naruto Uzumaki. C'est moi qui remplace le docteur Yakushi.

Il s'approche en souriant mais, ses pieds rencontrent ma valise. Il trébuche dans un hurlement très hilarant. Mais, je n'ai pas le goût de rire.

Il ramasse ses documents et me jette un regard gêné. Je soupire et regarde par la fenêtre.

Il regarde le papier sur le devant de mon lit avant de s'avancer. Il prend mon bras gauche et enlève la bande. Je le laisse faire, contemple attentivement ses gestes. Je suis pressé de voir dans quel état sont mes bras.

Le médecin réprime une grimace. Je suis émerveillé devant la qualité de mes traits. Rectilignes, francs, non hésitants…

-T'es fier de toi ?

-Oui. C'est parfait. Les traits n'ont aucun défaut.

Je caresse les lignes du bout des doigts, sous le regard peiné du docteur.

-C'est grave ce que tu fais Sasuke. Tu joues avec la mort.

-Et alors ? Où est le problème ?

-Tu es trop jeune pour mourir !

-Vous avez déjà voulu mourir ?

-Non. Mon métier, c'est de sauver des vies, pas de les retirer.

-Je vous conseille d'essayer. Vous verrez alors à quel point c'est excitant de savoir que vous avez votre vie entre les mains. Vous êtes le seul à pourvoir faire pencher la balance vers la vie ou vers la mort. On ressent alors un sentiment de puissance et de liberté. Seul à contrôler sa vie… C'est merveilleux.

-…Pourquoi veux – tu mourir ?

-La vie n'a aucun sens pour moi…

-Tu n'es pas tout seul, tu sais. On croit souvent ça mais, en regardant de plus près, on se rend compte qu'il y a beaucoup de monde qui tiennent à nous.

-Je ne compte pour personne. J'ai longtemps regardé autour de moi. Seule la faucheuse a de l'intérêt pour moi. Il n'y a qu'elle qui me regarde…

-Et ton tuteur ? Et tes amis ?

Je pousse un rire hors de ma bouche.

-Mon tuteur ? Ne me faites pas rire, docteur. Je ne représente rien pour cet homme et c'est réciproque. Et ne me parlez pas non plus d'amis. Je n'ai aucun ami. Le silence est mon seul…meilleur ami.

Son regard est rempli de tristesse. Il se redresse et se penche vers moi. Je me retrouve dans ses bras. J'écarquille les yeux, surpris par ce geste.

Il me caresse ensuite la joue avant de regarder de nouveau mes bras.

-Ce n'est pas une solution. Il faut que tu vives, Sasuke. Un jour, tu trouveras une personne qui représentera tout pour toi.

-Je l'ai déjà trouvé : la faucheuse.

Un faible rire sort de sa gorge.

-Non, pas elle. Un humain. Une femme ou un homme. C'est ça qu'il te faut. Laisse la faucheuse où elle est, t'es trop jeune pour aller dans l'au – delà.

-Il n'y a pas d'âge pour mourir.

-Vrai. Mais, tu n'as que 15 ans. Tu as encore du temps. T'as pleins de choses à découvrir.

-Je n'en ai pas envie.

Il soupire bruyamment.

-T'es têtu. Mais, je ne te laisserais pas mourir. Tu me retrouveras toujours sur ta route.

Je cligne plusieurs fois les yeux.

-Pourquoi vous faites tout ça pour moi… ? Je ne suis qu'un banal gamin…

-Faux. Quelque chose me dit que tu en vaux la peine.

On se regarde dans le blanc des yeux.

Pourquoi ? Pourquoi ?? Je ne veux pas de ton aide… Laisse – moi mourir…Partir retrouver ma famille, évacuer ma peine…

Dans notre duel de regard, je ne remarque pas les larmes coulées sur mes joues. Il ne fait rien pour les stopper. Elles continuent leur route jusqu'à atterrir sur une cicatrice.

Ca me brûle mais, je ne réagis pas. C'est finalement le docteur qui brisera le silence, quelques minutes après.

-J'ai du travail. Je viendrais te voir plus tard. Repose – toi et médite sur ce que je t'ai dit.

Il sort de la chambre, visiblement bouleversé.

Je regarde mes plaies et d'un geste rageur, les cache avec la bande. Je fais n'importe quoi. Ce médecin… Je le déteste. Il est en train de me changer. Je trouvais mes blessures magnifiques et là, elles me dégoûtent.

Je secoue la tête et m'allonge correctement.

Je m'entiche parce qu'il s'intéresse à moi ? C'est stupide. Il fait juste son travail. Il « sauve » des vies, comme il l'a expliqué. Et puis, je ne vois pas pourquoi un type aussi étrange que moi peut l'intriguer.

C'est sur ces questions sans conclusions que je me rendors, bercé par le souvenir de ma chanson fétiche.