Etre professeur : un rêve, un cauchemar, une réalité…

Le lendemain du onzième anniversaire de mon frère, nous avons reçu la visite d'un homme étrange qui s'est présenté comme étant le directeur de l'école de sorcellerie Poudlard. Il nous a annoncé que mon frère était un sorcier et qu'il voulait que je sois professeur dans son école. Bien sur, j'ai accepté...

Chapitre 1 : Etrange visite

« Qu'est ce que tu vas faire pendant les vacances ? » demandais-je pour rompre le silence qui, fait inhabituel, s'était installé entre nous depuis que nous avions quitté la salle de cours.

Johanna lève ses grands yeux bleus vers moi et prend une moue boudeuse.

« Je pars en Argentine avec mes parents ».

Je lève les yeux au ciel avant de tourner vers elle un regard amusé.

« Et on peut savoir ce qui te déprime à ce point ? »

Elle me regarde avec des airs de chien battus.

« Anna, tu te rends compte qu'on ne va pas se revoir avant deux mois et demi ».

Je me mets à rire. Johanna et moi, nous connaissons depuis le collège et bien que cela étonne beaucoup de gens tant nous sommes différentes, nous avons toujours été amies. Johanna est quelqu'un de très extravagant qui aime tout ce qui sort de l'ordinaire. Son physique l'aide d'ailleurs beaucoup dans ce sens. Elle a de longs cheveux bruns très foncés qui ondulent légèrement et contrastent avec le bleu clair de ses yeux. Elle porte toujours des vêtements insolites qu'elle est surement la seule au monde à oser porter. Elle ne passe jamais inaperçu mais je crois que c'est le but recherché. Ses parents sont tous les deux médecins. Ils tiennent un cabinet privé dans le centre de Londres. Elle ne les voit pas beaucoup parce qu'ils travaillent énormément alors elle passe presque plus de temps chez moi que chez elle. C'est sur qu'elle va me manquer.

Nous passons la grille qui marque l'entrée de la fac mais nous avons à peine le temps de faire quelques pas dans la rue qu'une voix hautaine atteint nos oreilles. Elle, par contre, elle ne va pas du tout me manquer.

« Mes parents voulaient que je parte en Australie avec eux mais bien sur, j'ai refusé. C'est tellement ringard l'Australie. Franchement, qui va encore là bas, aujourd'hui ? »

La grande blonde s'arrête brusquement lorsqu'elle nous aperçoit. Un sourire mauvais se dessine sur son visage. Elle se tourne vers ses amies, du moins, c'est comme ça qu'elle les appelle et reprend son chemin l'air de rien.

« Enfin, au moins là bas l'air n'est pas pollué par la présence de… parasites » dit-elle en me regardant droit dans les yeux.

Je ne réponds pas. Ca n'en vaut pas la peine. Victoria Adamson me déteste depuis le jour de mon entrée à la fac en septembre dernier. Ce jour là, j'étais très en retard et c'est en courant que j'ai traversé les couloirs. Victoria arrivait dans le sens inverse, les bras chargés de livres et bien sur comme je ne l'ai pas vu, je n'ai pas eu le temps de l'éviter. Nous avons toutes les deux fini les fesses par terre sous une montagne de livres. Elle était furieuse. J'ai eu le droit à toutes les insultes qu'elle connaissait plus celles qu'elle a inventées sur le tas. Depuis, elle s'est donnée pour mission de me gâcher la vie. Au début, j'ai pensé qu'avec le temps, elle finirait par oublier et pardonner mais il semblerait qu'elle soit très rancunière ou alors, elle cherchait juste quelqu'un à qui s'en prendre et il a fallut que se soit moi. Le problème c'est que Victoria est très jolie, très riche et par conséquent très appréciée. Ma première année universitaire a donc été un véritable calvaire. Heureusement, Johanna est restée avec moi. Je lui dois beaucoup. Je ne sais pas si j'aurais été capable de supporter toutes les humiliations que m'ont fait subir Victoria et sa bande si j'avais été seule. J'ai parfois cru que j'allais abandonner mon rêve de devenir professeur et quitter cette école. Mais j'ai tenu le coup et maintenant que les vacances sont arrivées, je vais essayer de ne pas trop y penser.

« Franchement celle-là, si elle pouvait se perdre en Australie, ça nous ferait vraiment des vacances ».

Johanna regarde Victoria s'éloigner. Elle a les sourcils froncés et les mains sur les hanches. Je souris. Johanna voulait entrer dans une école de stylisme, son rêve depuis toujours mais ses parents ont réussi à la convaincre qu'il était très difficile de se faire une place dans le monde de la mode. Elle a donc choisit d'entrer à la faculté de sociologie avec moi sans pour autant abandonner son rêve. Elle continue à créer elle-même ses vêtements et à participer à divers concours. Elle travail aussi parfois chez une couturière dans le quartier ouest de la ville ce qui lui permet d'améliorer la base de son travail. Je dois avouer qu'elle a fait beaucoup de progrès depuis que je la connais. Même si ces vêtements sont excentriques, ils sont originaux et ont une certaine classe. Je suis certaine qu'elle peut devenir une grande styliste.

Nous nous arrêtons au coin de la rue. C'est à cet endroit que nous nous quittons tous les jours après les cours. Johanna rejoint les quartiers huppés de Londres où vit sa famille pendant que moi, je me dirige vers les quartiers en périphérie de la ville. Je lui souhaite de bonnes vacances et elle se jette dans mes bras pour m'enlacer quelques instants.

« A l'année prochaine » me dit-elle avant de s'éloigner les yeux brillants.

Il me faut presque une demi-heure pour arriver chez moi. Il n'y a pas de ligne directe et je suis obligée de prendre plusieurs bus. Ma mère est déjà rentrée et s'affaire dans la cuisine. Elle travaille dans une librairie et finit assez tôt le vendredi soir. Mon père, qui travaille dans une banque n'arrive que dans la soirée. Des bruits me parviennent de l'étage et j'en déduis que mon petit frère est dans sa chambre. J'entre dans la cuisine et je me laisse tomber sur une chaise. J'attrape le petit panier posé sur la table et je commence à manger les fraises qu'il contient. Ma mère me regarde et sourit. Je suis sure qu'elle a fait exprès de le laisser là. Elle sait que j'adore les fraises et que je ne peux pas m'empêcher de les manger quand elles se trouvent devant moi. C'est un peu mon péché mignon.

« Tu as eu le temps de faire le gâteau pour ce soir » lui demandais-je au bout d'un moment.

Elle lève les yeux vers le plafond avant de baisser la voix.

« Je n'étais pas très sure pour le parfum alors j'en ai fait deux. Un au chocolat et un aux fruits rouges » dit-elle à voix basse.

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mon frère. Il a onze ans et nous avons donc voulu marquer le coup en lui préparant une petite fête en famille. Des bruits dans l'escalier nous obligent à changer de sujet.

« Comment s'est passée ta journée ? » me demande ma mère d'une voix peu naturelle.

Je commence à lui raconter mon dernier jour quand mon frère entre à son tour dans la cuisine.

« Bonjour Ed » lui dis-je.

« 'jour » répond-t-il en venant s'assoir non loin de moi.

Il nous regarde mais ne dit rien. Je souris. Malgré la différence d'âge, nous avons toujours été assez proches lui et moi. Je le connais par cœur. Je suis sur qu'il pense que nous avons oublié son anniversaire. Il essaie de ne pas trop paraitre contrarié. Il regarde ma mère éplucher les courgettes au-dessus de l'évier et fait une grimace. Il déteste les courgettes.

Un peu avant huit heures, mon père est arrivé et nous avons pu fêter dignement l'anniversaire de mon frère. Il était surpris, soulagé et content à la fois. La soirée est passée rapidement. Nous avons beaucoup ris. Comme prévu, Ed a préféré le gâteau au chocolat et moi celui aux fruits rouges. Ma mère avait préparé de quoi nourrir une armée pendant des semaines. Je me souviendrais longtemps de cette soirée.

Il est plus de midi lorsque je me réveille enfin. Je me sens un peu ballonner faute d'avoir trop mangé la veille. Je me lève et me précipite sous la douche avant de descendre. Mes parents sont déjà levés. Je m'installe seule dans la cuisine mais ne mange presque rien. Mon frère me rejoint quelques minutes plus tard. Il est encore en pyjama et il a l'air à peine éveillé. Ses cheveux châtains sont ébouriffés et il se frotte les yeux en baillant.

« 'jour » me dit-il en attrapant le paquet de céréales.

Nous entendons la sonnerie de la porte retentir mais aucun de nous ne se lève pour ouvrir. C'est surement le facteur. La sonnerie se fait entendre une deuxième fois. J'entends la porte qui s'ouvre et des voix qui résonnent dans le hall d'entrée. Puis ma mère entre en trombe dans la cuisine.

« Edward, Anna, vous pouvez venir deux minutes ? »

Mon frère me lance un regard interrogateur et je hausse les épaules avant de me lever et de suivre ma mère dans le salon. Mon père est installé sur le canapé ce qui est assez étrange étant donné qu'il préfère d'habitude le grand fauteuil prêt de la fenêtre. Je remarque alors que celui-ci est occupé par un homme à l'apparence loufoque et peu commune. Il me parait beaucoup plus âgé que mes parents mais je serais incapable de lui donné un âge précis. Il porte une grande cape bleu ciel qui le recouvre entièrement. Ses cheveux et sa longue barbe sont de couleur auburn bien qu'ils tendent à devenir gris par endroit. Ses yeux bleus brillants sont cachés par une paire de lunettes en demi-lune et me fixent malicieusement. J'ai l'impression que cet homme peut lire à travers moi et je n'aime pas vraiment cette sensation. Il me sourit gentiment. Je m'approche du canapé et m'assieds prêt de mon père. Ed me suit de prêt. Sa main a attrapé le bord de mon gilet et il ne semble pas vouloir le lâcher. Pendant un long moment, nous nous regardons dans le blanc des yeux sans que personne ne prenne la parole. Mon père finit par perdre patience et se racle bruyamment la gorge ce qui semble faire réagir le nouveau venu sans pour autant le décider à parler.

« Et quelle est cette école dans laquelle mon fils serait soit disant inscrit ? » finit-il par demander.

L'homme tourne vers lui un regard qui laisse penser qu'il partage son incompréhension ce qui a le don d'énerver mon père bien qu'il fasse de gros efforts pour ne pas le montrer. L'homme se décide enfin à parler.

« Je comprends que ma visite puisse vous paraitre un peu étrange » dit-il d'une voix calme, « si vous me le permettez, je vais commencer par me présenter proprement. »

Il s'arrête un instant pour voir notre réaction mais comme personne ne dit rien, il continue.

« Je m'appelle Albus Dumbledore et je suis le directeur de l'école de sorcellerie Poudlard ».

Mon père éclate de rire pendant que je souris nerveusement. Il est inutile d'avoir passer un an sur les bancs de la fac de sociologie pour se rendre compte que cet homme n'a pas toute sa tête. Pourtant, il ne semble pas s'offusquer du manque de crédit que nous accordons à son histoire. Il poursuit sur le même ton calme comme si de rien n'était.

« Si je suis venu vous voir aujourd'hui, c'est parce que je pense que votre fils, Edward est lui aussi un sorcier ».

Cette fois, mon père ne rit plus. Il se lève violemment.

« Je ne sais pas comment vous connaissez mon fils, Monsieur Dumbledore ou quel que soit votre nom, mais je vous prierais de ne pas l'insulter de la sorte. »

Je sens mon frère se crisper sur le canapé et la colère s'emparer de moi. Depuis quelques temps, Ed est un peu mis à l'écart dans sa classe. Les autres le trouvent bizarre même s'ils ne veulent pas lui dire pourquoi. La situation est suffisamment difficile pour lui sans qu'un parfait inconnu ne vienne en plus lui mettre des idées folles dans la tête.

Mon père est toujours debout et lance à Dumbledore un regard plein de reproches. Celui-ci n'a toujours pas cessé de sourire. Ses yeux passent de mon père à Ed qui baisse la tête et se tasse à coté de moi comme s'il voulait disparaitre.

« Il s'est passé des choses étranges n'est ce pas ? Des choses que tu ne pouvais pas expliquer » dit-il en s'adressant uniquement à mon frère et en ignorant le reste de ma famille.

Ma mère se lève à son tour et se place devant Ed.

« Je vais vous demander de sortir monsieur » dit-elle d'un ton à la fois calme et sévère.

A ma grande surprise Dumbledore se lève. Je pense qu'il va partir mais au lieu de ça, il sort un petit bâton de bois de sous sa cape et nous le regardons tous d'un air incrédule. Il pointe le bâton en direction de mon père qui fait un pas en arrière, soudain inquiet. Malgré son âge et ses discours incohérents, l'homme parait impressionnant, voir menaçant. D'une voix pleine d'assurance, il prononce un mot incompréhensible et je me lève brusquement quand le costume de mon père devient rouge vif. Tous nos regards se braquent sur Dumbledore qui sourit d'un air satisfait.

« Je le préfère nettement comme ça » dit-il joyeusement en se rasseyant, « peut être allons nous pouvoir reprendre notre discussion ».

Mon père se laisse tomber sur le canapé. Il fixe les manches de son costume devant lui comme s'il n'en croyait pas ses yeux. Instinctivement, je me frotte les yeux. Je suis pourtant obligée d'admettre que je ne rêve pas. Je reporte mon attention vers Dumbledore. Il a l'air de trouver la situation amusante. Il fait tourner son bâton de bois entre ses doigts et nous regarde en souriant.

« Je suppose qu'aucun de vous ne crois plus à la magie et encore moins aux sorciers » reprend Dumbledore en faisant apparaitre des tasses devant lui, « il faut dire que nous prenons toutes les dispositions possibles pour cacher notre existence au reste du monde ».

Il y a à peine dix minutes, j'aurais pensé que cet homme avait sa place dans un asile pourtant, en le voyant remplir les tasses d'un liquide brun sorti de nul part, je commence sérieusement à douter de mes propres facultés mentales. Aussi invraisemblable et effrayant que cela puisse paraitre, je commence même à croire son histoire.

« Etes vous nombreux ? » demandais-je, « je veux dire, il y en a beaucoup… des sorciers ? »

Maintenant que j'ai retrouvé mes esprits et que j'ai plus ou moins accepté la situation, je sens la curiosité m'envahir. Je vois mon père et mon frère se tourner vers moi et me regarder avec surprise. Je décide de ne pas en tenir compte. Dumbledore me regarde. Il a l'air content que quelqu'un s'intéresse à ce qu'il a à dire. Ses yeux bleus me transpercent comme s'ils cherchaient à sonder mon esprit mais je continue à le regarder d'un air neutre.

« Oui », finit-il par répondre, « nous ne sommes pas aussi nombreux que les moldus mais, nous sommes tout de même suffisamment nombreux pour avoir notre propre organisation ».

« Moldus ? » répète mon frère plus pour lui-même.

Dumbledore tourne alors son regard de cristal vers lui.

« Les moldus sont les gens qui comme ta famille n'ont pas de pouvoir magique » exlique-t-il.

Mon frère n'a toujours pas relevé les yeux. Il est très pâle mais je pense qu'il a lui aussi finit par accepter la réalité de la situation. Il regarde ses mains tremblantes tendues devant lui.

« Pourquoi moi ? » demande-t-il d'une voix plus aïgue qu'à l'ordinaire, « je ne veux pas être un sorcier. »

Dumbledore sourit.

« Tu sais, de nombreux enfant de moldus se sont posés les mêmes questions que toi avant d'entrer à Poudlard et je n'ai pas été capable de leur fournir plus de réponses. Personne ne sait pourquoi ? On nait sorcier, c'est tout. »

Ed n'a pas l'air convaincu. Il fronce les sourcils et relève fièrement la tête. Ses yeux croisent ceux de Dumbledore mais il ne bouge pas.

« Et si je ne veux pas aller à Poudlard ? » demande-t-il presque avec défi.

Dumbledore sourit. Il me fait penser à la fois à un vieux sage qui à réponse à tout et à un très vieil homme usé par l'expérience.

« Bien sur, je ne peux pas te forcer à venir mais je pense qu'il est préférable pour toi comme pour les gens qui t'entourent que tu apprennes à te servir de tes dons et surtout que tu apprennes à les controler. »

Ed baisse la tête. Il semble réfléchir, perdu dans ses pensées. Nous le regardons tous mis à part mon père qui contemple toujours son costume rouge. Au bout d'un moment, Ed relève la tête et me regarde droit dans les yeux.

« Je ne veux pas partir » dit-il d'une petite voix.

Je ne sais pas quoi lui répondre. J'ai beaucoup de mal à croire qu'il puisse être un sorcier mais le costume rouge de mon père est réel tout comme les tasses qui fument à quelques centimètres de moi et il faut reconnaitre que Dumbledore a raison quand il dit qu'il s'est passé des choses étranges même si nous avons tous choisi de les ignorer car nous ne pouvions pas les expliquer. J'ai toujours su qu'il était différent tout comme je sais qu'au fond de lui, il s'en est également rendu compte.

« Pouvez vous nous parler de cette école ? Poudlard ? » demande ma mère d'un air septique, « Où est-elle située ? Qu'apprend-t-on aux élèves exactement là-bas ? »

Dumbledore se tourne vers elle. Il réfléchit un instant avant de commencer à répondre.

« Comme je vous l'ai dit, Poudlard est une école de magie. Elle se trouve en Angleterre mais je serais bien incapable de vous dire où exactement pour la bonne raison qu'elle est incartable. »

« Je vous demande pardon ? » s'exclame ma mère qui semble faire de grands efforts pour paraitre aimable.

« Cela veut dire qu'on ne peut pas la placer sur une carte. C'est un procédé magique assez complexe, très utile en terme de sécurité » explique Dumbledore alors que nous ne comprenons toujours pas ce qu'il veut dire, « Poudlard est une école très ancienne et très renommée dans laquelle nous formons la future génération de jeunes sorciers. Les étudiants y apprennent tout ce dont ils auront besoins pour évoluer dans le monde de la magie. Les cours sont plutôt variés. Ils apprennent les sortilèges, la métamorphoses, la défense contre les forces du mal, la botanique, la fabrication des potions. Il y a aussi des options comme l'étude des runes, l'arithmancie, la divination… »

Mon père rit nerveusement. Je crois qu'il ne croit pas un mot de ce qu'il entend. Il doit penser qu'il devient fou. Personnellement, je dois avouer que tout cela m'effraie et me fascine à la fois. C'est tellement incroyable.

« J'irais »

La voix de mon frère est plus forte que d'habitude. Il relève la tête et fixe Dumbledore.

« J'irais dans votre école » répète-t-il.

Nous nous tournons tous vers lui, surpris. Dumbledore lui sourit.

« C'est un excellent choix » dit-il d'un ton calme et rassurant.

Mes parents semblent avoir momentanément perdu l'usage de la parole. Ils regardent Ed sans savoir s'ils doivent accepter ou non cette décision. Celui-ci se tourne vers moi à la recherche d'un soutien. Je lui souris. Etrangement, je pense que l'on peut faire confiance à cet homme même si à première vue, il peut paraitre étrange. Ed semble rassuré et sourit à son tour.

« Bien, nous allons pouvoir aborder le deuxième sujet qui m'amène ici, aujourd'hui » reprend Dumbledore sans tenir compte de la crainte qui s'est de nouveau emparée de ses hôtes.

« De quoi voulez vous parler ? » demande ma mère.

« Le monde des sorciers vit en ce moment un épisode très sombre de son histoire. Nous sommes sous la menace d'un sorcier noir particulièrement puissant qui s'en prend aux moldus et à leurs enfants car il considère qu'ils sont inférieurs aux sorciers » dit Dumbledore d'une voix grave.

Son sourire avait disparu, remplacé par une expression triste et inquiète. Il nous explique que tous les incidents survenus récemment ne sont pas des accidents mais les faits d'un certain Voldemort et de ses partisans que l'on appelle mangemorts. Ma mère se crispe sur son fauteuil.

« Et vous espérez que je vais laisser mon fils entrer dans votre école alors qu'un fou s'en prend aux enfants de… de moldus »

Il semble que ma mère ait perdu le peu de contenance qui lui restait. Dumbledore se tourne vers elle.

« Poudlard est l'endroit le plus sur du pays. Votre fils y sera beaucoup plus en sécurité que n'importe où ailleurs. Voldemort ne s'en est jamais prit à l'école. C'est le seul endroit qu'il craint et qu'il respecte. »

Ma mère ne semble pas convaincue mais ne trouve rien a redire. Mon frère s'est rapproché de moi.

« Beaucoup de sorciers viennent de famille de sorciers et nous pensons qu'ils ne connaissent pas assez le monde des moldus et leur façon de vivre sans la magie. Nous pensons que s'ils apprenaient à les connaitre, à les comprendre, ils se rendraient compte qu'ils ne sont pas si différents d'eux. Nous espérons que cela pourrait les dissuader de rejoindre Voldemort » poursuivit Dumbledore.

« Et quel est le rapport avec nous ? » demande ma mère.

« Et bien, c'est très simple. Notre professeur d'étude des moldus a pris sa retraite il y a quelques jours. Le poste est donc vacant et nous avons pensé que si un ou une moldu devenait professeur à Poudlard, l'impact serait plus grand auprès de nos élèves. »

« Je ne vois toujours pas où vous voulez en venir » insiste ma mère de plus en plus septique.

« Il est nécessaire que ce professeur » reprend Dumbledore sans tenir compte de l'interruption de ma mère, « ait de la famille ou des connaissances proches appartenant au monde de la magie et qu'il en connaisse donc l'existence. Il faut aussi que se soit quelqu'un qui veuille devenir professeur et qui en ait véritablement les capacités. Nous avons donc observé de nombreux candidats potentiels dans tout le pays et en avons retenu une dizaine que nous avons classés selon nos préférences. Le premier était un jeune homme dont le frère cadet devait entrer à Poudlard cette année mais il a renié sa famille en apprenant qu'elle comprenait des sorciers. Il aurait donc été malvenu de notre part de lui proposer le poste. La deuxième était une jeune fille de Glasgow mais elle a accepté un autre poste dans une école de musique et je n'ai pas réussi à la convaincre. Nous en venons donc à notre troisième candidat ou je devrais dire candidate. Mademoiselle Bryce, vous voulez devenir professeur n'est ce pas ? »

Je reste un instant sans voix. Il n'espère quand même pas que je vais devenir professeur dans son école. Je n'ai même pas finit mes études. En plus, rien ne me dit que cette école existe vraiment. Dumbledore semble s'apercevoir de mon trouble.

« Bien sur, je n'attends de réponse immédiate. Je vais vous laisser y repenser. Je sais qu'il va vous falloir un certain temps avant d'accepter tout ce que je viens de vous dire mais pensez-y sérieusement Mademoiselle Bryce. C'est une opportunité unique pour vous. Il n'est pas donné à tous les moldus l'occasion de pénétrer dans le monde fermé de la magie. »

« Pourquoi moi ? » ne puis-je m'empêcher de demander.

« Rassurez-vous, cette décision n'a pas été prise à la légère. Nous vous avons observé pendant des semaines. Vous êtes motivées par ce que vous faites. Vos résultats sont excellents. Vous êtes honnêtes. Je pense que vous êtes la personne idéale pour ce poste. Et je sais que vous ne baissez pas les bras quand une difficulté se présente et persiste.».

Je ne sais pas s'il fait référence à Victoria Adamson mais l'idée d'avoir été observé pendant tout ce temps ne me plait pas du tout et peu en importe la raison. Dumbledore semble l'avoir compris car il se lève.

« Je pense que j'ai suffisamment abusé de votre temps. Je vais donc laisser les choses murir dans votre esprit et je repasserais dans quelques semaines pour connaitre votre réponse et pour les formalités d'inscription d'Edward. »

Dumbledore se dirige lentement vers la porte. Il ne semble pas surpris de voir qu'aucun de nous ne se lève pour l'accompagner. Peut être est-il habitué à ce genre de réactions. Avant de quitter la pièce, il se tourne une dernière fois vers moi.

« Pensez-y sérieusement » me dit-il.

Le bruit de la porte qui claque nous apprend qu'il vient de sortir et bientôt seul le bruit régulier de l'horloge rythme le silence.

Nous n'avons pas reparlé de la visite d'Albus Dumbledore pendant les jours qui ont suivi. Pourtant, je sais que comme moi, personne n'a réussi à se convaincre que se n'était qu'un rêve. Mon père a jeté son costume pour ne plus avoir à le regarder en face et nous avons évité d'aborder tout ce qui pouvait faire penser à la magie. Une semaine plus tard, on aurait presque cru que cette visite n'avait jamais eut lieu.

Je viens de raccrocher le téléphone après avoir passé plus d'une heure à écouter Johanna se plaindre du soleil d'Argentine et je m'allonge sur mon lit. Je laisse mes pensées vagabonder à leur guise en regardant vaguement le plafond de ma chambre. Soudain, un coup retenti à la porte et je tourne légèrement la tête.

« Oui » dis-je pour faire comprendre au visiteur qu'il peut entrer.

La porte s'ouvre et mon frère entre. Il est plus pâle que d'habitude. Il a l'air malade. Je me redresse inquiète alors qu'il vient s'assoir sur mon lit prêt de moi. Il garde la tête baissée comme s'il ne voulait pas me regarder et je sens mon inquiétude doubler d'intensité.

« Tu ne voudrais pas venir avec moi ? » dit-il d'une petite voix que j'entends à peine.

Je ne comprends pas de quoi il veut parler.

« Ou ça ? » lui demandais-je en souriant.

Il relève la tête et plante ses yeux noisettes dans les miens.

« A Poudlard »

Je perçois son angoisse dans le ton de sa voix. Je sais qu'il se retient depuis longtemps de me poser la question. Je le sens, pas seulement parce que je suis sa sœur mais parce qu'il ne fait rien pour le cacher.

« Je ne veux pas aller là bas tout seul » poursuit-il.

C'est étrange comme un simple regard brillant peut être mille fois plus convaincant que les discours structurés d'un vieux sage.

« Je vais y réfléchir » lui dis-je.

Il me sourit, rassuré et je sais qu'à cet instant ma décision est prise. Je serais professeur à Poudlard, l'école de sorcellerie, du moins, si elle n'est pas seulement le fruit de l'imagination d'un vieux fou. A ce moment là, je ne pense aux conséquences. Je vois seulement le soulagement dans les yeux de mon frère.

J'avais commencé à écrire une fic dont l'histoire se passait au temps des maraudeurs, après leurs études à Poudlard et dans laquelle une moldue découvrait le monde de la magie mais j'ai décidé de l'abandonner car elle ne me satisfaisait pas vraiment et que je ne savais pas comment la faire évoluer. En effet, je préfère les histoires qui se déroulent pendant l'année au château mais comme je ne voulais pas abandonner mon idée de départ, c'est-à-dire de prendre une héroïne moldue, je ne savais pas vraiment comment présenter les choses. Je ne voyais pas trop comment la faire entrer dans le château. Et puis j'ai réalisé que si elle ne pouvait pas être élève à Poudlard, elle pouvait peut-être être professeur. Je ne sais pas ce que va donner cette fic, ni ce qui va s'y passer mais j'espère que ce premier chapitre vous plaira alors laissez-moi vos impressions bonnes ou mauvaises.