Coucou !

Et oui, c'est encore moi ! Je ne suis pas morte (contrairement à ce que certains ont pu dire, ahah) Après une longue absence, un pétage de plomb, 3 fics perdues et une retrouvée, en voici un nouvelle. Je n'avais pas prévu d'en réécrire, et puis cette idée m'est venue et ne m'a pas quittée, alors je me suis dis que je devrais peut-être la partager !

Alors, c'est une histoire qui prend place dans notre monde contemporain. Les personnages seront à l'image de mes autres fics (pour ceux qui s'en souviennent) peut-être OCC pour Hinata, mais jamais dans l'excès.

DISCLAIMERS : Les personnages de Naruto ne m'appartiennent pas, mais ça, vous le savez déjà… etc. etc.

Vous trouverez peut-être des ressemblances / des références à des films, dramas, séries, histoires, romans que vous avez lus/vus. C'est normal ! On est tous inspirés par quelque chose… Il n'empêche que cette histoire sort de ma petite tête.

Pour ceux qui ont lu SASUHINA (qui est perdue) il peut y avoir des ressemblances niveau persos, mais l'intrigue est différente.

Bref, j'espère que vous apprécierez ! Pas pour moi, mais pour vous ! Que cette histoire pour permette de vous évadez un peu !

Concernant les publications, J'ESPERE le faire une fois par semaine ! Le samedi.

Sur ce…

Bonne lecture !

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HINATA

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La vie n'est pas un long fleuve tranquille.

D'abord, tout va bien. Tu vis à Kyoto dans une maison que tu adores, avec ta mère, qui est une femme cool et compréhensive. Tu fréquentes un lycée qui te plais, tu es en Terminale, première de ta classe, comme chaque année. Tu as des amis fidèles et cools, avec lesquels tu as vécu un tas de choses, et avec lesquels tu planifies encore plein d'autres aventures à vivre !

Et puis un jour, tout s'effondre. Un jour comme les autres en apparence, ta mère, que tu pensais cool et compréhensive, t'annonce une nouvelle complètement loufoque qui vient bouleverser ta vie. Et tu te retrouves, 2 mois plus tard, à quitter Kyoto et tout ce qui est cher à tes yeux pour aller vivre à Konoha chez des inconnus. Parce que oui, tu vas devoir désormais partager ta vie avec deux personnes que tu ne connais absolument pas, deux hommes par-dessus le marché.

J'ai beau retourner le problème, encore et encore, dans ma tête… je n'arrive toujours pas à déterminer comment on a pu en arriver là.

Je sors de mes pensées lorsque je sens une main se poser sur mon épaule. Je tourne la tête et aperçois une hôtesse de l'air penchée au-dessus de moi.

- Oui ? je dis.

- Est-ce que votre ceinture est bien attachée, mademoiselle ?

Je décroise les bras et lui montre que je suis bien attachée. Elle me sourit en me souhaitant une bonne fin de vol avant de passer aux passagers suivants.

Je glisse doucement mes mains sur mon visage. Il ne reste désormais plus que cinq minutes avant que l'avion atterrisse, cinq minutes avant qu'une nouvelle vie commence pour moi. Désormais, je ne peux plus faire marche arrière.

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Mes écouteurs dans les oreilles, je me fraye un chemin dans la foule jusqu'au tapis roulant pour récupérer ma valise. Les gens se bousculent et parlent fort. Il y en a un qui crie que leur sac vient de passer et un autre qui lui hurle que ce n'était pas le leur. Les enfants courent partout et bousculent tout le monde tandis que leurs parents leur hurlent de rester tranquille. Excédée, je me concentre sur la valise rose qui arrive à ma hauteur. C'est bien la mienne. J'attrape sa poignée aussi vite que possible et m'éloigne du brouhaha.

- Par ici ! crie une voix familière et guillerette, noyée dans la musique de mon iPod.

Même avec le volume à fond, je la reconnaîtrais à des kilomètres. Je me retourne et vois ma mère me faire de grands gestes.

Ça ne fait que deux semaines que je ne l'ai pas vue, mais déjà, elle ne ressemble pas à la femme que je connaissais. Physiquement, elle est toujours aussi jolie. Cheveux lâchés tombant en cascade sur ses épaules, son corps de rêve moulé dans une robe printanière, ses longues jambes galbées par des escarpins. Mais là, alors qu'elle sourit de toutes ses dents alors que je m'approche d'elle, elle a l'air… différente. Elle rayonne.

Cette vision m'aurait réjouie… en d'autres circonstances.

- Ma chérie ! Comme tu m'as manqué ! lance-t-elle en me serrant dans ses bras.

Comme si le savoir allait me submerger de bonheur, comme si j'allais me jeter au cou de celle qui gâche ma vie pour mieux vivre la sienne, et lui pardonner sur-le-champ. Désolée, ça ne marche pas comme ça.

Ceci dit, si je veux survivre à cette prochaine année, j'ai intérêt à mettre les hostilités de côté.

-Toi aussi, tu m'as manqué maman.

Son sourire s'agrandit.

Je prends ton sac, dit-elle en s'emparant de ma valise à roulettes.

Sans un mot, je la suis vers la sortie de l'aéroport.

Sur le parking gigantesque, le soleil brûlant me picote la peau, et la brise légère fait danser mes cheveux. Quelques nuages viennent perturber le ciel, mais il fait très beau.

Ma mère s'arrête devant une Porsche Cayenne noire, immaculée, qui me laisse sans voix. Avant, ma mère se trimballait dans une vieille Volvo qui tombait en panne une fois par mois, quand on avait de la chance.

-C'est ouvert, dit-elle en chargeant ma valise dans le coffre.

Je vois bien qu'elle a remarqué mon air ahuri mais qu'elle a décidé de l'ignorer.

J'enlève mon sac à dos et je monte. Le cuir est brûlant sous mes fesses. J'attends quelques instants que ma mère se glisse au volant et démarre.

-Alors, tu as fait bon voyage ?

-Ouais, ça allait.

Ma réponse est volontairement évasive, mais maman n'y prête pas attention. Elle préfère se concentrer sur des choses plus agréables comme rouler bien au centre de la voie et tripoter l'énorme diamant qu'elle arbore à l'annuaire gauche, présumant à juste raison qu'en refusant d'entrer dans mon jeu je finirai par me lasser.

Nous passons sous plusieurs panneaux de direction. À la vitesse où nous allons, les mots qui défilent au-dessus de ma tête restent flous. Pour éviter un nouveau silence, ma mère fait une seconde tentative.

-Tu vas adorer Konoha, dit-elle avec un très bref sourire. C'est une ville géniale !

-J'aurais préféré rester à Kyoto, je ronchonne. Mais ça, tu le sais déjà. `

Ça doit être la centième fois que je le dis. La centième fois que je lui lance un regard désobligeant dans la foulée.

Je ramène les genoux contre ma poitrine, les talons en suspens au bord du siège et me tourne vers la portière pour ne plus voir ma mère. Les épaules rentrées, les bras enroulés autour des genoux, j'essaie de me faire toute petite, plus distante, comme si je n'étais pas vraiment là.

J'aimerais tellement ne pas être là.

-On en a déjà parlé un millier de fois, Hinata.

-Oui, je concède. Et je ne comprends toujours pas pourquoi tu ne veux pas que je reste chez nous, lui dis-je. Je ne suis plus une enfant, je sais prendre soin de moi… D'ailleurs, l'année prochaine, je serai à l'université et je vivrai seule, alors…

Le soupir sonore qui s'ensuivit est devenu si habituel qu'il ne me surprend même pas. Ces deux derniers mois, nous n'avons fait que nous disputer et soupirer à la face l'une de l'autre.

-Comme je te l'ai déjà dit, je ne remets pas en cause le fait que tu aies la tête sur les épaules, ou que tu puisses prendre soin de toi, Hinata. Mais, tu es encore mineure et sous ma responsabilité. Et puis… je veux profiter de ma fille unique avant qu'elle parte étudier loin de moi.

-Et moi dans tout ça ? Est-ce que tu penses à ce que je peux ressentir ou vouloir ?

-Oui, bien plus que tu ne sembles le croire, répond-elle.

Comme pour me narguer, son énorme diamant accroche les rayons du soleil et les diffuse dans tout l'habitacle de la voiture. Je suis obligée de plisser les yeux tellement je suis éblouie. Non mais, où ce type a-t-il dégoté un diamant si gros ? Il ne ressemble tellement pas à maman… En fait, rien de tout cela ne lui ressemble.

-Tu as conscience que tu fais certainement la plus grosse bêtise de ta vie ? je dis en luttant pour garder mon calme (une certitude dont je n'arrive pas à me défaire, même si on a ressassé le sujet tant de fois). Tu t'en rends compte, n'est-ce pas ?

Je me tortille sur mon siège et fixe durement son profil, mais elle se borne à garder les mains à 10 h 10 sur le volant, et les yeux sur la route devant nous.

-Tu t'es mariée à un type que tu n'as croisé qu'une fois dans ta vie. Une fois ! Et encore, ça n'a duré que deux jours, le temps d'un camping organisé par un site de rencontre !

D'un regard noir, je la défie de s'expliquer, mais repars finalement de plus belle au bout de quelques secondes :

-Et malgré tout, ça ne t'empêche pas de m'obliger à traverser le pays pour vivre avec vous, moi, qui n'ai rien demandé ?

-Je n'avais pas ce qu'on appelle l'embarras du choix, je te signale. (Elle me dévisage, les yeux plissés d'un air que je connais par cœur) C'était soit tu venais avec moi, soit je te laissais chez ton père. Mais comme on sait toutes les deux qu'il n'a pas voulu s'embarrasser de sa propre fille, alors oui, je suis désolée mais tu dois être près de moi. C'est vrai, je connais à peine Fugaku. Mais comme je te l'ai déjà dit, je me fie à lui. S'il se révèle que j'ai effectivement commis une erreur, on s'en rendra vite compte, et on reviendra à notre vie d'avant. Mais en attendant, je veux vivre cette histoire. Et je veux la vivre avec toi. Je veux que tu fasses partie de cette nouvelle famille, Hinata. En plus, Fugaku a promis qu'il ferait tout pour que tu te sentes à ton aise à Konoha…

-Et tu le crois ? je rétorque sèchement, les lèvres pincées d'un air sarcastique. Tu fais confiance à un homme que tu connais à peine ? Tu crois vraiment qu'il va te dire la vérité et pas me droguer ou… pire ? Qui te dit que ce n'est pas un pervers, un tueur en série… ou même les deux ?

Le poids de cette accusation plane entre nous comme un obstacle infranchissable… du moins c'est ce que je crois avant d'entendre sa réponse :

-J'ai confiance en lui. Et j'ai confiance en toi, Hinata.

Face au regard intense qu'elle me lance, je sens ma gorge se nouer au point de me laisser sans voix.

Dire que cette folie a commencé par la création d'un compte MEETIC. Le pire, c'est que c'est moi qui en aie eu l'idée et qui l'aie encouragée là-dedans. Je voyais bien qu'après le divorce d'avec mon père, elle ne vivait plus sa vie de femme, alors, j'ai voulu lui donner un coup de pouce. J'aurais mieux fait de me casser une jambe, sérieusement. Je m'en veux tellement… Parce que c'est sur ce site de malheur qu'elle a rencontré le fameux, l'incroyable, le richissime Fugaku Uchiwa.

J'aurais dû la stopper avant que cette histoire ne prenne les proportions qu'on lui connaît à présent. Mais comment aurais-je pu deviner ? A cette période je bossais mes examens de fin d'année et c'était la pleine saison des compétitions d'athlétisme. J'avais enfin remporté la première place après être restée une éternité à la deuxième lors du grand cross inter-lycées : c'était l'une des plus grandes joies de ma vie. Pourtant, si c'était possible, je rendrais le trophée, je ne courrais plus jamais de ma vie, je préférerais obtenir de sales notes… tout pour annuler ce mariage !

-Et sache que contrairement à ce que tu prétends, jamais je ne te laisserais aux mains d'un vieux pervers psychopathe. Il se trouve que c'est un homme d'affaires très sollicité et respecté. Je l'ai cherché sur Google, tu sais, reprend maman.

-Ah bon, tu es allée sur Google ? Mais ça change tout, alors ! Je n'ai plus à m'inquiéter, maintenant que je sais que tu as mené ton enquête sur Internet, pas vrai ? j'ironise en levant les yeux au ciel avant de me retourner vers la fenêtre et d'ajouter :

-Si je survis, je ne manquerai pas de le mentionner dans mes Mémoires. Sinon, t'auras qu'à l'ajouter aux tiens.

Ma mère secoue la tête d'un air exaspéré et je comprends que cette fois, j'ai dépassé les bornes.

-Je sais que c'est dur pour toi, Hinata, j'ai bien compris que tu étais fâchée. Tu as l'impression que je te vole ta vie, et tu exprimes tes craintes en me faisant des scènes. Et je suis vraiment désolée de tout ce que tu endures et de tout ce par quoi on est passées pour en arriver là, mais est-ce que tu as une seule fois réfléchi à ce que moi je pouvais ressentir dans toute cette histoire ?

Elle s'interrompt pour me donner l'opportunité de réagir, mais comme on sait toutes les deux qu'effectivement je n'ai jamais réfléchi à cette question, elle s'empresse d'enchaîner :

-Si tu crois que c'est facile pour moi ? Et que je ne redoute pas cette décision à chaque instant… eh bien, tu te trompes. Tu es tout ce que j'ai. S'il t'arrivait quelque chose…

Elle retient son souffle, et je devine au trouble dans ses yeux qu'elle est en train d'imaginer sa vie sans moi et que cette vision ne lui plaît pas du tout.

-Disons juste que je ne me le pardonnerais jamais. Mais il est clair que tout ça te dépasse – et moi aussi, d'ailleurs. Mais tu sais ce par quoi nous sommes passées, ce par quoi…enfin… je rencontre enfin un homme digne de ce nom ! Un homme qui m'aime, me respecte, m'accepte comme je suis et toi avec. J'ai le droit à ce bonheur, non ? Et puis, vois les choses du bon côté : tu as toujours voulu avoir des frères et sœur, et bien, tu hérite d'un frère !

Je roule des yeux.

- Pitié, maman…

- Tu vas l'adorer : Sasuke est un amour. Un garçon sérieux et responsable, qui meurt sûrement d'envie de te présenter à ses amis et de t'emmener visiter la ville. Chaque fois que je l'ai vu, il était enfermé dans sa chambre à étudier ou à jouer de la guitare : c'est un musicien de talent tu sais ?

Je lève les yeux au ciel :

- Oui, bien sûr… Je suis certaine que c'est le futur Ed Sheeran ! Au fait, tu m'as dit qu'il avait quel âge ?

Elle a certainement déjà dû me le dire, cela fait des mois que ma mère n'arrête pas de me parler de Fugaku et de lui. Mais comme j'avais décidé de ne rien écouter à propos de cette idée de famille recomposée, je ne m'en souviens pas. Et puis, il faut dire que ce Sasuke n'a pas été capable de nous accorder un petit moment pour venir faire notre connaissance… Et comme moi-même j'ai refusé de les rencontrer…

-Il vient d'avoir 21 ans. Mais, comme tu es plus mature que les filles de ton âge, je suis certaine que vous allez vous entendre à merveille.

-Ah.

Du coin de son œil laiteux, elle me lance un regard implorant.

- Essaie de t'entendre avec lui, ma puce…

Je hausse les épaules pour toute réponse. Et roule des yeux aussi je n'ai plus vraiment la force de me battre, et c'est la seule réaction dont je sois encore capable.

La discussion s'étiole aussi vite que le ruban d'asphalte qui se déploie sous nos roues. Je scrute fixement par la fenêtre, trop angoissée pour regarder droit devant vers l'inconnu.

Je n'ai aucune envie d'y aller, et je redoute le moment où je devrais sortir de la voiture pour affronter ma « nouvelle vie ». Mais je refuse d'avouer qu'au fond, je garde l'infime espoir que Fugaku ne soit pas un pervers complètement cinglé. Qu'il saura aimer ma mère et lui offrir la part de bonheur à laquelle elle n'a pas eu droit avec mon père. Pour l'heure, il est le seul à lui avoir redonner le goût d'aimer.

- Réveille-moi quand on arrive, je marmonne en faisant mine de m'installer pour dormir, alors qu'en réalité je fais juste mon possible pour ne pas pleurer.

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- Houhou…

Ma mère me gratte doucement l'épaule de ses ongles vernis de rouge jusqu'à ce qu'elle soit certaine de m'avoir réveillée.

- Ma puce… on est bientôt arrivées.

Je déplie les jambes et m'étire le dos, utilisant mon dossier comme un levier pour me redresser. Je mets quelques instants à retrouver mes repères, à chasser le brouillard dans mes yeux et à me resituer.

Nous parcourons une route sinueuse dans ce qui semble être la banlieue de la ville. De grands arbres aux troncs épais et aux branches courbées bordent les trottoirs. Ici, les maisons sont toutes plus grandes que celle où je vivais avec ma mère, et elles ont toutes une architecture unique. Forme, taille, couleur, il n'y en a pas deux pareilles.

Ma mère se gare devant l'un d'elle, jette un coup d'œil à sa montre et se tourne vers moi.

- On est arrivées, annonce-t-elle.

Et vu la tête qu'elle fait, je comprends qu'elle appréhende autant que moi.

- C'est ici ?

- Oui. La maison est peut-être un peu impressionnante vue de l'extérieur, mais elle est chaleureuse. On y sera bien, tu verras.

Un petit peu impressionnante ? Cette baraque est démeusurée !

Mon Dieu !

J'ai l'impression d'être arrivée devant une demeure présidentielle.

La villa est en pierres blanches, avec de hauts toits couleur sable elle a au moins trois étages, mais il est difficile de s'en assurer tant elle comporte de terrasses, de fenêtres, de baie-vitrées… Un jardin sur le… toit ?

Face à nous se dresse un porche impressionnant. Le soleil va bientôt se coucher et le ciel se pare de nuances infinies qui contraste avec le blanc immaculé du bâtiment, lui donnant un aspect féérique.

Sans tenir compte du fait qu'elle incarne la société de consommation à elle toute seule, la maison est splendide.

Un Range Rover blanche est garée dans l'allée, à côté d'une Volvo noire. Trop tape-à-l'œil, je me dis.

- Tu es nerveuse ? me demande maman.

Elle m'adresse un sourire rassurant.

- Un peu, avoué-je.

J'essaye de refouler l'interminable liste de tout ce qui pourrait déraper, mais au fond de moi, je suis terrifiée. Et s'ils me haïssaient ? Je n'ai jamais été très douée pour m'intégrer, ou que ce soit. Même à Konoha, j'avais parfois l'impression de venir d'une autre planète.

- Il ne faut pas. Tout va bien se passer, tu verras.

Elle me prend la main, la serre fort, limite brutalement, puis ouvre sa portière, se glisse du siège et me fait signe d'en faire autant.

Je prends une profonde inspiration avant d'en faire autant et de m'extirper hors de l'habitacle.

À peine suis-je descendue de voiture que Fugaku Uchiwa apparait à la porte et s'avance vers nous.

J'essaie de glaner une ou deux infos sur sa personnalité, à savoir son degré de fiabilité et si, oui ou non, c'est effectivement un dangereux psychopathe comme je le crains – en détaillant d'un rapide coup d'œil son jean foncé, ses chaussures de ville noires, son polo blanc immaculé et ses cheveux poivre et sel coiffés en arrière.

C'est sûr, je peux comprendre ce que ma mère lui trouve : il est vraiment séduisant, nettement plus grand que ma mère et très bien conservé. Je lui trouve l'air mûr et attachant.

Je me tortille, gênée. Je me sens minuscule et mal à l'aise à côté de sa silhouette gigantesque; j'ai conscience de sa main qui s'approche de moi, mais ne sais pas trop quoi en faire. Ça me paraît un peu bizarre et cérémonieux de la serrer, mais d'un autre côté je ne suis pas tout à fait prête non plus à lui donner l'accolade.

Je marmonne un bonjour et esquisse un rapide signe de la main avant d'enfouir cette dernière dans la poche de ma veste. Je m'en veux un peu de ce geste si froid, mais dans les circonstances actuelles, je n'ai rien de mieux à offrir. Près de lui, ma mère me fait les gros yeux, pour que je me tienne bien, que je sourie ou que je me décide enfin à parler.

Fugaku n'a pas l'air de s'en offenser. Il esquisse un sourire chaleureux, et là, je suis forcée de l'apprécier encore plus. Car au lieu de disserter sur l'actualité, le temps qu'il fait ou tout autre sujet débile qui passerait sous silence la raison gênante de notre présence ici, il va droit au but :

- Je suis vraiment heureux de te voir, Hinata. Je n'aurai pas la prétention d'imaginer ce que tu ressens en ce moment même, commence-t-il en me regardant droit dans les yeux. Toi seule le sais. Et quels que soient les sentiments qui t'animent ou les préoccupations que tu peux avoir, je ne doute pas que ce soit justifié. En revanche, je peux te dire un chose : j'aime ta maman, elle me rend heureux, et je veux la rendre heureuse. Je veux vous rendre heureuse, toutes les deux. J'aimerai que tu me considères comme un membre de ta famille. Mais j'ai conscience que toi et moi, on a du chemin à faire, mais à toi de choisir comment ça se passera. On pourra bavarder si tu en as envie, sinon ça me convient aussi. Je n'ai aucune attente particulière. Je ne te demande rien. S'il y a quoi que ce soit qui puisse te rendre la vie plus agréable, dis-le-moi, et je ferai mon possible pour te satisfaire. Des questions ? Y a-t-il quelque chose que tu aimerais que je sache à ton sujet ?

J'hésite, pas certaine de savoir comment réagir. J'avais un discours tout prêt, dans lequel je lui faisais bien comprendre que je désapprouvais totalement ce mariage éclair, mais il n'est plus vraiment approprié. Alors, je lui fais signe que non de la tête.

- Bien, alors, bienvenue chez toi, dit Fugaku en traînant ma valise derrière lui.

Ma mère me prend par le bras, et je n'ai pas d'autre choix que de marcher à ses côtés. Je continue de fixer mes Converse. Leur contemplation m'évite de paniquer.

Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre.

J'aurais dû poser plus de questions.

Utiliser ces quelques minutes de trajet pour cuisiner maman jusqu'à ce qu'elle craque et me confie tous les lourds secrets bien noirs que cache cette famille.

Au lieu de ça, j'ai préféré l'engueuler. Et dormir.

Ça me fait une belle jambe, maintenant.

Nous entrons, immédiatement accueillis par des effluves de jasmin. Comme elle est éclairée, je ne rate aucun détail de cette villa trop grande. Les plafonds sont hauts, avec des poutres de bois. De vastes baies vitrées donnent sur le jardin. Un grand escalier trône au centre d'un immense salon et bifurque vers les deux ailes de l'étage supérieur.

- Sasuke est sorti, indique Fugaku comme s'il s'excusait (alors qu'il s'agit pour moi d'une bonne nouvelle), avant de se retourner vers moi. Tu as des préférences pour le restaurant de ce soir, Hinata ?

- Un restaurant ?

Moi qui envisageais de m'enfermer dans ma chambre et ne plus en sortir.

- Ta mère ne t'en a pas parlé ?

Je me tourne vers ma mère.

- Maman ?

Je lève vers elle un sourcil interrogateur en m'efforçant de ne pas prendre un air mauvais.

- C'est juste un petit diner au restaurant en famille, explique-t-elle.

Je ne sais pas ce qui m'offense le plus : qu'elle ait oublié de me parler de ce restau alors qu'elle sait que je déteste être prise au dépourvu, ou qu'elle parle de famille.

Devant mon air dépité, Fugaku décide de changer de sujet.

- Viens, on va te faire visiter la maison.

Ma mère et son nouveau mari me font visiter la villa dans son intégralité, me montre le salon et la cuisine spacieuse au milieu de laquelle est installé un grand îlot qui doit beaucoup plaire à ma mère. Elle a toujours rêvé d'avoir ce genre de cuisine. Il y a aussi un gymnase, une piscine climatisée, une salle pour les fêtes et – ce qui m'impressionne le plus – une grande bibliothèque. Que dis-je ? Une immense bibliothèque.

- Ta mère m'a dit que tu aimes lire, lance Fugaku, toujours avenant.

- Oui… je confirme. Vous avez une très belle bibliothèque, Monsieur.

- Elle est à toi, maintenant. Et, pour l'amour du ciel, Hinata, appelle-moi papa.

Devant les grands yeux de chouette que j'ouvre, Fugaku éclate de rire.

- Je plaisante ! dit-il entre deux éclats de rire. Fugaku ira très bien.

Je me détends et tente un sourire.

Je crois avoir vu tout ce qu'i voir, de la suite parentale digne d'un palace, en passant par les trois salles de bains et 3 chambres d'amis du premier, mais ma mère et son fiancé gravissent un nouvel escalier, aussi imposant que le précédent, me faisant signe de les suivre.

- Ta chambre se situe au deuxième étage. Tu partageras cet étage avec Sasuke.

Tout un étage, sérieusement ?

Je m'efforce de sourire et de ne pas laisser paraître à quel point je trouve cela démeusuré. J'essaye de ne pas penser que je devrais aussi cohabiter avec le fils de Fugaku. Je ne sais de lui que ce que ma mère m'a raconté dans la voiture, c'est-à-dire qu'il a vingt et un ans et qu'il joue de la guitare.

J'y pense encore en montant les escaliers : il me faudra cohabiter avec deux hommes inconnus. Depuis le divorce de mes parents, je me suis habituée à ne vivre qu'entre filles, juste à deux. Notre vie n'a pas été un long fleuve tranquille et encore moins durant ses années de mariage avec mon père.

Mais nous ne nous sommes pas laissées abattre, et, au fil du temps, ma mère est devenue l'une de mes meilleures amies. Elle me donne la liberté que je veux, justement parce qu'on se fait mutuellement confiance… en tout cas, jusqu'à ce qu'elle décide de tout fiche en l'air.

Après m'avoir montré une chambre d'amis vide, les trois salles de bains, une immense salle de divertissement avec écran plat, ordinateurs, toutes les consoles de jeu qui existent et pleins d'autres trucs cools dont j'ignorais jusqu'à l'existence, ma mère s'arrête devant une porte de bois sombre.

- Voilà ta chambre, fait-elle.

Je les observe, Fugaku et elle, plantés devant la porte, ils ont l'air de vouloir m'annoncer quelque chose.

La première chose captée par mes sens est la délicieuse odeur de vanille qui s'en échappe. La même odeur que dans mon ancienne chambre – je suppose que ma mère a pris soin d'y disposer le même parfum d'ambiance. Mes yeux se posent ensuite sur une grande baie vitrée qui se trouve face à la porte. La vue est spectaculaire, et j'en reste sans voix. De là où je me tiens, on vois l'océan. La maison est sûrement bâtie sur une falaise, parce que je ne vois que la mer et un coucher de soleil resplendissant au-dessus de la baie de Tokyo. C'est magnifique.

Mes yeux parcoururent l'immense chambre. Contre la paroi de gauche se trouve un lit à baldaquin recouvert de coussins blancs et sable, assortis à la couleur des murs peints d'un agréable ton vert d'eau pastel. Les meubles, dont un bureau avec un Macbook posé dessus, un ravissant canapé, une coiffeuse avec miroir et une grande bibliothèque où se trouvent déjà tous mes livres, étaient en bois peint en blanc. Le parquet était recouvert d'un tapis blanc si épais que j'aurais pu dormir dessus. Suspendu au plafond, un lustre composé d'une myriade de papillons en Crystal propage une lumière douce et agréable. Cette chambre semble tout droit sortie d'un magasine de décoration d'intérieur. Elle est magnifique.

- Elle te plait ?

La voix de ma mère derrière moi me fait sursauter.

- Il fait un peu chaud, désolé, je vais allumer la clim. Il faut cinq minutes, précise son mari.

- Elle est magnifique… merci.

Je me sens à la fois reconnaissante et gênée. Je ne veux pas qu'on m'achète de telles choses. Mais en même temps, je ne peux pas m'en plaindre. Une telle chambre est le rêve de n'importe quelle adolescente.

Je m'approche de ma mère pour la serrer dans mes bras. Cela fait au moins trois mois que je n'ai pas été aussi proche physiquement de ma mère, et je sais que c'est important pour elle.

- Merci, ma chérie, me dit-elle au creux de l'oreille pour que je sois la seule à l'entendre. Je te jure que je vais faire tout mon possible pour que nous soyons heureuses ici, toutes les deux.

- Ça va aller, maman, je lui réponds, tout en sachant que cela n'est pas en son pouvoir.

Ma mère s'écarte, essuie les larmes qui ont glissé sur sa joue et se place près de son futur mari.

- Tu as faim ? me demande-t-elle. Tu as passé tout l'après-midi à voyager, tu dois être morte de faim. Qu'est-ce que tu veux manger ?

- Ça va. Je crois que je vais plutôt aller courir un peu.

Je ne compte pas faillir à mon jogging quotidien. J'en profiterai pour explorer le voisinage.

Une hésitation passe sur le visage de ma mère.

J'émets un rire forcé.

- Maman, tu sais que c'est important pour moi. Je vais juste faire un tour. Je te promets de ne pas faire du stop pour retourner à Kyoto.

Elle jette un coup d'œil à Fugaku, à la recherche de son approbation, qu'il donne sans hésiter. J'ai envie de dire que je n'ai pas besoin de son aval pour aller courir, mais ma mère me court-circuite.

- Ne t'éloigne pas trop, dit-elle. Tu veux y aller tout de suite ?

- Ouais.

- On te laisse t'installer, alors, dit aimablement Fugaku. On partira pour le restaurant vers 20H.

J'acquiesce, reconnaissante finalement, qu'il me fiche la paix.

Je referme la porte derrière eux et je remarque qu'il n'y a pas de verrou.

Je jette enfin un coup d'œil à la salle de bains. Elle est aussi grande que mon ancienne chambre, avec une douche hydromassante, une baignoire et deux lavabos devant un grand miroir. Elle est tellement propre qu'elle paraît neuve. L'est-elle ? Je vais me pencher à la fenêtre. Elle donne sur les fleurs et les palmiers du jardin à l'arrière de la maison, et sur une immense piscine.

C'est beaucoup trop. Beaucoup trop pour moi.

Je me dépêche d'ouvrir ma valise sur le lit. Je fouille tout au fond pour trouver ma tenue de sport, que j'avais rangée en premier. Ma mère m'a assuré que le lycée dans lequel m'a inscrit son futur mari avait une équipe d'athlétisme de qualité, et qu'ils avaient déjà parlé de moi au prof. J'espère qu'elle dit vrai.

En attendant, pas question de me ramollir.

J'attrape mes vêtements. Courir est un excellent moyen de se vider la tête et il se trouve que c'est exactement ce dont j'ai besoin. Je me change en un clin d'œil puis je descends à la cuisine, histoire de dégoter une bouteille. Cette cuisine est encore plus impressionnante lorsqu'on est dedans. Tout est très… lustré.

Je remplis ma bouteille, et m'apprête à sortir par derrière, histoire d'éviter de croiser ma mère et son nouveau mari. En même temps, je pourrai voir de plus près cette piscine olympique privée. Je descends les marches du perron et étouffe un cri de surprise en me retrouvant face à face avec deux Rottweilers.

Ils se tiennent là, juste dans l'allée, m'empêchant d'aller ou que ce soit. Ils sont magnifiques, leurs pelages sont brillants, mais leurs yeux semblent vouloir me dévorer, tout comme leurs crocs. Et je n'aime pas du tout le grognement menaçant qui s'échappe de leurs gorges.

Je suis tellement impressionnée par les molosses que je mets quelques secondes avant de remarquer le garçon qui se tient juste à côté d'eux.

À la fois surprise et curieuse, j'examine celui qui est sûrement le fils de Fugaku, Sasuke Uchiwa. La première chose qui me vient à l'esprit en le voyant est : « Que regard ! » D'un noir intense, aussi noir et intense que celui de ses chiens – aussi menaçants aussi -, ils s'accordent parfaitement avec le noir de jais de ses cheveux décoiffés et humides de sueur. Il vient apparemment de faire du sport, parce qu'il porte un short et un débardeur, et ses écouteurs tombent négligemment sur ses épaules. Il est très beau et super bien fait, je suis bien obligée de l'admettre ! Mais je n'oublie pas qu'il s'agit de mon nouveau « frère », la personne avec qui je vais cohabiter durant un an, ce qui, je le pressens, sera une véritable torture. Et ses chiens continuent de montrer les dents comme s'ils devinaient mes pensées.

- Heu... Salut, je tente.

Aucune réponse. Boooon…

J'essaye de contrôler la peur que me cause ces molosses, toujours en train de grogner. Je suis surprise et furieuse de voir mon « frère » me détailler de haut en bas sans la moindre gêne. Toutefois, il ne le fait pas non plus avec luxure. Il a juste l'air… intrigué.

- Tu es Sasuke, n'est-ce pas ?

- Lui-même, fait-il. (Il fronce les sourcils). Et toi, tu es…. ?

J'écarquille les yeux, complètement sidérée. Il ne sait pas qui je suis ? Nos parents se sont mariés, ma mère et moi avions emménagé ici, et il ne sait même pas qui je suis ?

- Hinata. Je m'appelle Hinata, je réponds sèchement.

Espèce de...

- Et qu'est-ce que tu fais ici, Hinata ?

Est-ce qu'il se moque de moi ?

C'est tellement invraisemblable que je ne sais pas quoi répondre. Je maudis intérieurement ma mère et Fugaku qui, apparemment, ne l'ont pas briefé sur mon arrivée. Ça ne ressemble pourtant pas à ma mère et à ce qu'elle m'a dit.

Je m'éclaircis la gorge avant de parler.

- Je…vis…ici, dis-je avec hésitation.

- Oh. Tu es la fille de la nouvelle femme de mon père, commente-t-il.

Je n'arrive pas à croire qu'il l'ait dit d'un ton aussi froid.

- C'est ça.

Il tourne les regards vers ses chiens et sourit en coin. Une fossette apparaît sur sa joue gauche tandis que l'autre reste parfaitement lisse. Puis il repose son regard sur moi, la tête penchée sur le côté comme s'il réfléchissait à quelque chose. Je croise les bras sur ma poitrine et me tortille, gênée.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande.

- Rien. Je me demandais juste quand est-ce que tu allais te décider à passer ton chemin.

- Retiens tes chiens et je passe.

- Pourquoi ? m'interroge-t-il sans se départir de son rictus. Tu as peur, Hi-na-ta ?

De nouveau, je m'éclaircis la gorge pour retrouver contenance.

- Non, mens-je. C'est juste que... Je ne sais pas s'ils sont bien dressés.

L'espace d'un instant, j'ai l'impression de l'avoir vexé. Et sa réplique suivante me le confirme.

- Ils le sont, affirme-t-il en regardant ses chiens. Ils m'obéissent au doigt et à l'œil. Parfois il suffit d'un regard, parfois j'emploie des mots clés qui déclenchent une réaction immédiate de leur part. J'en ai un que j'emploie assez souvent pour leur dire d'attaquer, par exemple, en cas d'intrusion dans le domicile…(il repose son regard sur moi) Tu veux voir ?

Mon cœur loupe un battement.

Est-ce qu'il plaisante ?

.

.


Voilà pour le premier chapitre de cette nouvelle fic ! Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?

N'hésitez pas à commenter ! J'insiste : bon ou mauvais. J'aime vous lire, ça fait plaisir. J'accepte toutes les critiques, bonne ou mauvaise, (je crois que le nombre d'années de présence ici le prouvent…) mais pas la méchanceté ou les fausses accusations, c'est tout. Après, c'est un risque que je prends en partageant, c'est vrai ^^

Allez, pour ne pas déroger à nos petits rituels, un extrait en avant-première :

Dans le prochain chapitre :

« Je fais de mon mieux pour ne pas pleurer de rage. Il sait s'y prendre pour me mettre les nerfs en pelote.

- Tu sais ce que je pense ? Ta mère et toi, vous ne valez pas mieux que cette fille, fait-il en se penchant au-dessus de la table afin que je sois la seule à l'entendre. Pas la peine de jouer à la fille pleine de principe avec moi, alors qu'on sait tous les deux que vous n'êtes ici que pour l'argent. Mon père est peut-être trop débile pour le voir, ou ta mère trop bonne au lit, mais moi, je vois clair dans votre jeu, Hyuuga.

Mon sourire disparaît en entendant ses mots. »