Titre: Just my Stepbrother
Personnages/Pairing: Casey/Derek
Disclaimer: Tout aux propriétaires de « Life with Derek »
Rating : T
En fait, cette famille, la mienne, fonctionne comme une balance. D'un côté Derek, de l'autre moi, et au centre Maman, George, Marty, Lizzie et Edwin. Et il faut que la balance soit en équilibre, sinon tout tombe. C'est idiot, mais Derek le sait aussi bien que moi. Et on respecte tout les deux cette loi tacite. Alors quand un de nous deux va dans une direction, l'autre choisit le chemin inverse, pour que ça ne penche pas d'un côté. Le plus bizarre, c'est que ces chemins, si différents qu'ils soient, nous emmènent tous les deux au même point. Le fait qu'on ait tout les deux été reçu à Queens en est sans aucun doute la preuve.
Bêtement, ça me rassure que Derek soit avec moi. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être parce que j'ai l'impression d'emmener un bout de la maison avec moi. Et peut-être parce que je saurais d'où viennent les emmerdes. En fait, j'ai vraiment de la chance d'avoir un frère, un demi-frère, tellement… tellement Derek. Mais je pense que je ne lui dirai jamais.
On peut trouver l'amour aux endroits les plus improbables, même chez soi, juste sous son nez. Les sentiments changent rapidement, la haine devient amour, et des différents qui durent depuis la première rencontre, peuvent aussi évoluer dans ce sens. Sans que ça soit voulu, la plupart du temps, et même tout le temps. Mais un jour que rien ne différencie des autres, on regarde quelqu'un qui fait presque partie du décor, et on se rend compte que c'est beaucoup plus, énormément plus, qu'une demi-sœur. Et alors on se sent vraiment ridicule. Et très mal surtout. Parce qu'on sait que la réponse sera toujours négative. Vraiment ?
Deux mois plus tard.
Je sais pas pourquoi, mais ça ne m'a pas réellement surprise qu'il vienne toquer à la porte de ma chambre. Même si c'est une résidence de fille. Mais c'est de Derek Venturi dont on parle, ne l'oublions pas. Ça ne m'a sans doute pas surprise parce que je suis habituée à l'avoir toujours dans les pattes. Et puis parce que je savais bien que son colocataire a réquisitionné leur chambre pour être seul avec la mienne, de coloc. N'empêche que je n'ai pas pût m'empêcher de l'embêter un peu. Alors quand il m'a demandé s'il pouvait rentrer avec sa politesse habituelle, je lui ai répondu qu'il était sensé allé chez sa copine du moment, comme à chaque fois.
-J'en ai pas, a-t-il rétorqué.
J'ai été assez surprise pour le laisser entrer. Il s'est affalé, pas du tout gêné, sur mon lit, et a jeté un coup d'œil sur la pile de livres qui se trouvait au pied.
-Bouquins à l'eau de rose, féminisme, cours, guimauve, re-cours, re-féminisme… que des trucs nuls et « romantiques » à vomir en gros. Tu lis que ça ou quoi ?
Je l'ai tiré par le bras en lui hurlant de virer de mon lit, et que si ça lui plaisait pas il avait qu'à partir. Seulement, j'ai mal calculé mon coup, parce que, en bon joueur de hockey, il pèse plus lourd que moi. Beaucoup plus lourd. Donc je suis tombée avec lui. Sous lui. Son nez devait se trouver à trois centimètre du mien, et nos bouches étaient séparées par une distance guère plus grande. On se taisait, et après mes hurlements, le silence me paraissait carrément assourdissant. On est bien restés deux, trois minutes comme ça, sans bouger, juste à se regarder. On a mis le monde en pause pendent un court instant. Et puis Derek s'est relevé et a sorti une réplique débile. Et on a retrouvé nos rôles respectifs en nous chamaillant comme les gamins que nous étions il n'y a pas si longtemps.
Pourtant, il restait une gêne, une tension entre nous. Différente que celle qui a toujours été présente dans nos échanges. Nos regards se faisaient plus appuyés, nos piques plus cruelles et moins élaborées à la fois. Alors j'ai voulu changer de sujet, et je n'ai rien trouvé de mien que de parler de l'absence de copines de Derek. Il n'a fait que me lancer un drôle de regard, a empoigné son sac et a juste dit qu'il allait se changer, sans même me répondre. Ce qui est plutôt rare et surprenant chez lui. Pourtant, j'ai cru comprendre en partie son problème, alors j'ai préféré penser à autre chose, et je me suis replongée dans mes devoirs, que j'avais commencés avant que mon frère ne m'interrompe en frappant à ma porte.
Il fût rapidement de retour, et il s'arrêta à la porte, s'appuyant contre le chambranle. Il me regardait en souriant, alors que j'écrivais, allongée sur mon lit. Je supportai son regard un temps, puis levai la tête, la mine sans doute interrogative. Il vint alors s'asseoir à côté de moi, et il dit, s'expliquant à peu près :
-Tu seras toujours la même, pas vrai, Case ? Toujours plongée dans tes devoirs, comme à la maison.
-Tu sais, ce n'est pas en deux mois que je vais changer. Toi non plus, d'ailleurs. Je suis sûre et certaine que tu seras toute ta vie durant, Derek mon abruti de frère.
-Demi-frère, murmura-t-il pour mon oreiller.
Je ne répondis pas, et fit semblant de ne rien avoir entendu, sachant parfaitement qu'il avait raison. Jamais il ne serait mon frère, à part par le mariage. Et j'en étais heureuse. Même si c'était sensé être la même chose.
J'allai dans la salle de bain pour me changer, moi aussi. A mon retour, il s'était installé sur le lit de Jenna, ma colocataire, et il réfléchissait. Je compris alors parfaitement ce qu'il avait voulu dire à propos de l'absence de changement dans mon comportement. Je me blotti sous ma couette, et lui confia :
-A moi aussi, la maison me manque.
Derek se tourna vers moi, enleva ses écouteurs et murmura :
-Qui te dis que ça me manque à moi ?
-Je ne sais pas, répondis je. Peut-être que je te connais assez longtemps pour le deviner sans qu'on me le dise. Ou alors, peut-être que c'est mon instinct féminin. N'empêche que je le sais, alors pas besoin de le nier.
Il me regarda un instant, puis vint s'installer à côté de moi. Je me poussai, troublée.
-Viens là, dit-il en ouvrant les bras.
-Pourquoi ?
-Parce que sinon, tu vas te mettre à pleurer, rétorqua-t-il en levant les yeux au ciel, ou plutôt au plafond, et vu comme tu chouine ça va ameuter tes voisines. Et que je sois dans ta chambre, bizarrement ça ne va vraiment pas le faire. Alors viens. Et ramène la couette avec toi, on gèle chez toi.
Je me pelotonnai dans ses bras, et nous ne parlâmes plus. Je m'endormis rapidement, confortablement installée et bien au chaud. Comme quoi même les idiots dans son genre peuvent être utile ! J'étais bien, dans la chaleur de ses bras, écoutant sa respiration lente, profonde et régulière et les battements de son cœur qui résonnaient comme une berceuse rien que pour moi.
Elle s'était endormie. Enfin. Derek pensa un instant à se lever, mais jetant un regard à sa demi-sœur, il se dit que ce n'était pas bien grave, qu'il pouvait bien rester encore un peu où il était. Il dormait juste avec elle, pas autre chose. Et puis il l'entendit murmurer, un murmure dans lequel il cru reconnaître son nom. Il se faisait peut-être des idées. Il devait se faire des idées. Il se tendit, et du bout du doigt frôla les lèvres de Casey. Elle soupira. Alors, tout doucement, il baissa la tête et posa ses lèvres sur celles de la jeune fille.
Le soleil brillait quand je me suis enfin réveillée. Je jetai un coup d'oeil à mon réveil. Neuf heures. J'étais en retard ! Une voix moqueuse me tira alors de ma stupeur légèrement horrifiée.
-Alors la marmotte, enfin réveillée ?
Je me tourna vers Derek, qui me regardait avec son habituel sourire narquois. Je lui balançai mon oreiller en criant :
-Abruti ! Pourquoi tu ne m'as pas réveillée ? Et qu'est-ce que tu fais encore là ? On va louper les cours !
-Je ne sais pas si tu es au courant, mais on est samedi. Et le samedi, sauf gros changement dans les emplois du temps de tout le campus, personne n'a de cours. Allez viens, je t'invite aujourd'hui.
Sans même demander pourquoi, alors que je me doutais qu'il ne le faisait pas par pure gentillesse, ou du moins, pas sans profit à la clef, j'allai m'habiller et me maquiller dans la salle de bain. Enfin prête, je retourna dans ma chambre et posai une question plutôt importante à mon demi-frère.
-Derek, comment tu vas sortir de là ? Il y a plein de gens dans les couloirs, et la fille de l'accueil…
-Je vais sortir comme je suis rentré. Par la porte.
Et c'est ce qu'il fit. C'est à peine s'il s'est donné la peine de se pencher pour passer devant l'accueil. On alla prendre notre petit–déjeuner dans un café sympa, et puis on s'est promenés tranquillement, comme un vrai couple. Ce qu'on n'était pas, bien entendu. Mais on y ressemblait, et c'est sans doute pour ça que cette fille a engeulé Derek. Apparemment, elle n'était pas au courant pour leur rupture. Ni du fait qu'il avait une demi-sœur à Queen's. Etrangement, après cette interruption, la discussion a eut du mal à reprendre. L'idée qu'on pense que je sorte avec Derek m'avait troublée, et lui aussi. Cela explique peut-être pourquoi on a arrêté de marcher, et qu'il se soit retourné pour qu'on soit face-à-face. C'est peut-être pour ça qu'il a posé ses mains sur mes hanches, et que j'ai mis mes bras sur ses épaules. C'est peut-être pour ça que l'espace entre nos lèvres s'est réduit, juste à devenir inexistant. C'est sans doute pour ça qu'on a ouvert nos bouches, et que nos langues sont entrées en contact. C'est juste pour ça, c'est certain.
Il m'a raccompagnée à la résidence en silence, chacun fuyant le regard de l'autre. Je ne sais pas pourquoi, mais je l'ai invité à entrer et il a accepté. Jenna n'était toujours pas rentrée. Je ne m'inquiétai pas pour elle, car elle avait l'habitude de découcher. Je m'assis sur mon lit et envoya un sourire incertain à Derek. Il me fixa un instant, le regard vague et aussi incertain que mon sourire. Et puis il ferma la porte du pied, et se penchant au dessus de moi, il murmura :
-Juste pour une fois.
Et doucement, mais passionnément, j'attrapai sa bouche avec la mienne.
Trois mois et une semaine après.
7 heures du matin. Qui peut appeler à une heure pareille ? Pour Derek, c'était simple. Il y avait que moi pour téléphoner à ce moment. Et il avait raison. Mais vu ce que j'avais à lui dire, aussi.
-Allo, Case ? dit-il dans un bâillement.
-Derek, j'ai… on a… un gros problème.
Il a certainement entendu les pleurs dans ma voix, et c'est sans doute pour ça qu'il n'a pas raccroché tout de suite. A la place, il a soupiré, et a demandé :
-Quoi, comme genre de problème ? Parce que la mouise, on connaît.
-Le genre qui met neuf mois à arriver et 18 ans à repartir ! Je suis enceinte, voila le problème ! Et si tu me demande en quoi ça te concerne, je pense que tu t'en doute, non ?
Pendant un certain temps, je n'entendis plus un bruit au bout du fil. Et puis il me demanda quelque chose que je ne me serais jamais attendu de sa part.
-T'es où là ?
-Dans ma chambre.
-Tu ne bouges surtout pas, j'arrive tout de suite.
Cinq minutes après, il toquait à ma porte. Je lui criai d'entrer, ce qu'il fit, et il referma la porte derrière lui. J'étais allongée sur mon lit, les mains sur mon ventre. Il s'accroupit juste à côté, et il me prit la main droite. Il me fixa un instant, l'air vraiment soucieux et puis il me demanda comment j'allai. Je lui répondis que j'étais bien depuis qu'il était là, parce que je savais qu'il veillerait sur moi comme un grand frère. Je n'aurais pas dû dire ça. Il se releva alors, et me jeta un regard noir, puis leva les yeux au ciel.
-Je pensais pourtant que tu avais compris que pour moi, tu es tout, sauf ma sœur. Marti, Lizzie à la rigueur, ce sont des sœurs pour moi. Mais, toi, c'est totalement différent. Tu ne seras jamais ma sœur. Ne l'oublie jamais. Parce que sinon, ça serait de l'inceste.
Doucement, je lui caressai la main, puis, saisissant son visage, je l'obligeai à me regarder. Je posai mes lèvres sur les siennes, toujours avec douceur. Il posa ses mains sur mes épaules et me repoussa violemment. Il était autant en colère que surpris. Je lui souris tristement, et je recommença. Cette fois-ci, ce fut lui qui approfondit le baiser.
-Tu vas me rendre fou, murmura-t-il.
-C'est pas grave, tu l'as toujours été, rétorquai-je. Alors profite des conséquences de nos folies.