Affinité canine

Titre anglais: Canine Affinity

Version anglaise dédiée à Akari et Nicky
Version française dédiée à Lune

Note: Pour une fois, ce n'est pas qu'une traduction: cette fic est bien à moi. Simplement, je l'avais écrite en anglais d'abord.

Warning: Pas pour les gens qui n'aiment pas voir deux garçons ensemble, évidemment...

Disclaimer: Bien entendu, les personnages et leur monde magique ne m'appartiennent pas, et ce n'est pas avec ça que je pourrais gagner le moindre centime.

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Chapitre 1 – Jalousie

Une exclamation résonna fortement dans le dortoir, réveillant Remus en sursaut. Il ne se demanda même pas qui avait crié ni pour quelle raison: la voix était sans doute possible celle de Sirius, et Remus n'avait pas besoin d'explication pour deviner que "Quoi ? Encore ?" signifiait que James avait l'intention de voir Lily à un quelconque moment de la journée et que Sirius pensait que cela se produisait trop souvent. Rien de nouveau. Sirius s'en plaignait depuis des semaines – très exactement depuis Halloween, c'est-à-dire un peu plus d'un mois déjà.

Exactement comme Remus s'y attendait, James demanda "Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ?" et la réponse de Sirius ne tarda pas à fuser, cinglante:

"Tu nous laisses tomber, Prongs, voilà ce qu'il y a de mal ! Tu nous laisses tomber pour une fille !"

C'était vrai, dans un sens. James passait réellement plus de temps avec Lily qu'avec n'importe laquelle des autres filles avec qui il était sorti avant, et ses amis le voyaient donc assez rarement en dehors des cours ces derniers temps. Mais Remus n'aurait jamais pensé à l'en blâmer. Ça lui semblait plutôt normal, et il savait que James ne le laisserait jamais tomber pour ce qui comptait vraiment. Prongs ne manquerait jamais à l'appel pour les nuits de pleine lune, et c'était la seule preuve d'amitié que Moony lui demandait.

Toutefois, la réaction de Sirius était compréhensible aussi. James et lui avaient toujours été plus proches l'un de l'autre que de Remus ou de Peter. Dans ce que Remus appelait mentalement la famille des Maraudeurs, Prongs et Padfoot étaient comme des jumeaux – inséparables, et tellement habitués à tout partager avec leur alter ego que les joies étaient deux fois moins fortes et les peines deux fois plus si quelque malheureux hasard les empêchaient d'être ensemble au moment voulu. Maintenant que l'un d'eux était amoureux, il était donc logique que l'autre se sente trahi, puisque cela signifiait que, pour la première fois, quelqu'un d'autre comptait au moins autant que Sirius pour James. Si seulement Sirius se rendait compte à quel point il était dur pour James de voir son bonheur en partie gâché par ces reproches incessants !

Remus écarta un peu le rideau de droite de son lit et tendit la main vers la table de nuit pour prendre sa montre. Même pas neuf heures... Beaucoup trop tôt pour se lever un samedi matin !

Il reposa la montre et prit le livre qu'il avait commencé à lire la veille.

Remus était tellement habitué à lire dans la salle commune, toujours remplie de bavards, que la conversation de ses amis n'aurait pas dû le déranger. Pourtant, cette fois, il n'arrivait pas à se concentrer complètement. Il fut obligé de relire le début du chapitre 7, puis un autre paragraphe un peu plus loin. Rien à faire ! Une moitié de son esprit persistait à écouter Sirius et James en dépit de la volonté de l'autre moitié, qui tentait d'ignorer ce qu'ils disaient.

Bien sûr, quand Sirius avait reproché à James de les laisser tomber pour une fille, James avait répliqué avec emportement que Lily n'était pas n'importe quelle fille. Puis il s'était lancé dans un très long discours à l'éloge de sa belle et, bien que le rideau l'empêche de voir l'expression de Sirius, Remus l'imaginait parfaitement: sans aucun doute, Sirius levait les yeux au ciel – exactement comme il faisait, en première et deuxième année, quand Remus n'avait pas encore renoncé à tenter de lui expliquer pourquoi il aimait la lecture plus que n'importe quoi d'autre.

"Prongs, tu parles comme un de ces stupides bouquins à l'eau de rose que ma grand-mère collectionne !"

"N'importe quoi ! Et puis comment tu le sais, d'abord ? Tu les as lus, peut-être ?"

Remus étouffa un gloussement de rire. Sa propre grand-mère aimait également les "stupides bouquins à l'eau de rose"... et il avait intérêt à se souvenir de ne jamais avouer à Sirius ou à James qu'il en avait un jour emprunté un – juste parce qu'il s'ennuyait et qu'il n'avait rien trouvé d'autre à lire, mais quand même. Ses amis se moqueraient de lui indéfiniment s'ils venaient à l'apprendre.

"Bien sûr que non !" répondait maintenant Sirius à la question de James. "Sauf si on compte les passages que j'ai lus à haute voix il y a trois ans devant ma mère et ma tante pour qu'elles sachent que Narcissa adore les histoires romantiques et légèrement érotiques..."

Ils éclatèrent de rire tous les deux, et Remus reprit sa lecture en souriant, rassuré. Il avait craint qu'ils se disputent sérieusement, mais tout danger semblait désormais écarté.

Une minute plus tard, pourtant, il n'en était plus aussi sûr. Sirius et James parlaient à nouveau de Lily et, rien qu'au ton de la voix de Sirius, Remus savait que James n'arriverait jamais à lui faire entendre raison.

"C'est pas que je l'aime pas, c'est juste que j'aime pas que tu passes tout ton temps avec elle."

En fait, Sirius avait dit à Remus et à Peter qu'il ne pouvait pas supporter "cette maudite fille" mais, apparemment, il lui restait quand même assez de bon sens pour éviter de répéter ça devant James.

"C'est comme si tu avais décidé de ne plus m'adresser la parole", se plaignit Sirius sans même laisser à James le temps de répondre.

"Mais je te parle, là, non ?"

"Ah oui: tu me parles d'elle !"

Maintenant, Sirius devait lever les yeux au ciel encore une fois, puis croiser les bras comme un petit garçon qui boude. Et James devait froncer les sourcils, déconcerté et peut-être un peu inquiet de le voir réagir de cette façon qu'il considérait certainement comme excessive. Remus ne les aurait pas mieux vus si les rideaux de son lit avaient été transparents... Il n'y avait jamais réfléchi avant, mais il connaissait vraiment ces garçons mieux que n'importe qui d'autre, y compris ses parents. Etait-ce normal ? Tout le monde serait-il capable de visualiser avec une telle certitude les expressions et les gestes de ses amis agacés, étonnés, inquiets, nerveux, furieux, déprimés, euphoriques ou n'importe quoi d'autre ? Probablement pas.

Remus soupira. Sa mère avait peut-être raison, finalement, le jour où elle lui avait dit qu'il laissait ses amis prendre trop de place dans sa vie. Il avait supposé qu'elle disait cela à cause du manque d'enthousiasme croissant qu'il montrait à rentrer à la maison pour les vacances, mais il se demanda soudain s'il n'y avait pas une autre raison. Et, bien qu'il ne soit toujours pas d'accord, il comprit enfin ce qui inquiétait sa mère: il avait accordé toute sa confiance et toute son affection à ces garçons qui avaient prouvé qu'il pouvait compter sur eux, et maintenant il se renfermait dans la coquille rassurante de leur amitié, refusant même d'envisager la possibilité de laisser quelqu'un d'autre entrer dans son petit monde...

Oui, c'était cela, devinait Remus, qui causait tant d'inquiétude à Mrs Lupin. Trois garçons, pas de fille... donc aucune chance qu'il ait un jour une vie "normale" si elle n'arrivait pas à lui faire voir la nécessité de s'ouvrir un peu plus aux autres. Mais pourquoi donc était-ce si important pour elle ?

"J'ai pas besoin d'une copine ! J'ai besoin de mes amis ! C'est si difficile à comprendre ?"

Sirius poursuivait seulement la conversation de plus en plus animée qu'il avait avec James, qui venait de lui conseiller de sortir avec une autre fille pendant que lui-même était avec Lily, mais ses mots exprimaient si exactement ce que pensait Remus que c'en était presque effrayant.

Ou peut-être était-ce réconfortant, à la réflexion. Au moins, Sirius n'essaierait pas aussi de le convaincre qu'il devrait se trouver une copine. James n'avait encore rien dit de ce genre – pas à lui, du moins – mais il y avait de fortes chances que ça arrive un jour. Quant à Peter... Il avait toujours envié James, et cette fois c'était pire que jamais. Il ne comprendrait donc pas Remus non plus.

Sortir avec Lily Evans, la belle Préfète en Chef aux magnifiques yeux verts et au beaux cheveux roux... Remus savait qu'il aurait dû envier James aussi. Peut-être pas autant que Peter, mais en tout cas ce serait plus normal que de décider qu'il ne sortirait jamais avec aucune fille, non seulement à cause du secret qu'elle découvrirait forcément tôt ou tard mais aussi simplement parce qu'il n'en avait même pas envie.

Ou était-ce un mensonge ? Remus se força à y réfléchir sérieusement pendant quelques instants et conclut que non, vraiment, ce n'était même pas de la mauvaise foi. Il était tout simplement incapable de s'imaginer sortant avec une fille, et maintenant il se demandait si Sirius le pouvait. C'était un peu bizarre, comme question, étant donné que Sirius lui ressemblait si peu – il était, lui, si beau et conscient de l'être, si parfaitement à l'aise en toutes circonstances... et il n'avait pas de terrible secret à cacher. Et pourtant il n'avait jamais l'air de remarquer toutes les demoiselles qui rêvaient si évidemment d'un rendez-vous avec lui. Il était sorti avec quelques filles de temps en temps ces deux dernières années... mais seulement parce que James lui arrangeait des rendez-vous avec les amies de ses propres copines.

"Les filles peuvent être très jolies et ça peut être bien de les embrasser, mais comment est-ce que je suis censé passer des heures avec elles sans finir par m'ennuyer alors qu'elles n'ont aucun sujet de conversation intéressant pour moi, et vice versa ?" avait-il un jour demandé à James.

Et, à en juger par ce qu'il disait maintenant, il n'avait pas changé d'avis depuis.

"Tu la vois tous les jours ! Comment tu peux encore trouver quelque chose à lui dire ? Elle n'aime même pas le Quidditch !"

"En fait, si, du moment que je ne parle pas de mon extraordinaire talent..." corrigea James en insistant comiquement sur les derniers mots.

Puis il ajouta en riant:

"Donc oui, en général, j'évite le sujet."

Remus sourit. Il appréciait beaucoup la nouvelle attitude de James. On ne pouvait pas exactement appeler cela de la modestie, bien entendu, mais il y avait progrès – grand progrès. Au lieu d'insister sur ses dons, il s'était mis à plaisanter de sa tendance à se montrer trop fier de lui-même, et Remus savait que c'était entièrement grâce à Lily.

Sirius, cependant, semblait s'en moquer. Et il ne souriait très certainement pas quand il répliqua:

"C'est bien ce que je pensais: tu ne peux même pas parler de ce que tu aimes le plus !"

James soupira, et Remus aussi, parce qu'il avait toujours apprécié Lily et était maintenant convaincu qu'elle et James étaient faits l'un pour l'autre. Il regrettait donc que Sirius ne se montre pas un peu plus compréhensif.

"Peu importe ce qu'on se dit", tenta d'expliquer James une fois de plus. "Ça n'a même aucune importance si on ne dit rien. Le simple fait d'être avec elle me rend heureux. Je sais que tu ne peux pas comprendre pour le moment, mais je suis sûr que tu comprendras un jour. Attends juste d'avoir trouvé la bonne fille... Tu ne te demanderas plus de quoi tu pourrais lui parler et tu voudras passer tout ton temps avec elle, crois-moi !"

Cette fois, ce fut au tour de Sirius de soupirer. Mais c'était un soupir d'agacement plutôt que de découragement, et un éclat de colère suivit rapidement:

"Est-ce que tu vas enfin comprendre que, comme je n'ai pas de Lily Evans pour me faire oublier l'existence de mon meilleur ami, la seule personne avec qui j'aie envie d'être, c'est toi ?"

"Padf..." commença James.

Mais la porte du dortoir claqua avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit de plus, et Remus l'entendit pousser un nouveau soupir.

"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda une voix provenant du lit situé à la droite de celui de Remus.

La profondeur du sommeil de Peter était célèbre – d'habitude, aucun bruit ne pouvait le réveiller. Ignorant sa question, James fit donc remarquer qu'il lui faudrait se souvenir d'essayer de claquer la porte la prochaine fois que son ami n'entendrait pas le réveil (c'est-à-dire dès le lundi suivant, selon toutes probabilités).

Il avait pris un ton amusé, mais Remus devina qu'il tentait seulement de détourner la conversation pour empêcher Peter d'insister au sujet de la raison pour laquelle Sirius avait quitté la pièce avec une telle manifestation de mauvaise humeur.

Remus se sentit soudain terriblement indiscret. Il avait suivi toute la discussion sans jamais penser à avertir les autres qu'il était réveillé... Rien de ce qu'ils avaient dit n'était secret mais quand même, il n'était pas sensé entendre...

° ° °

Les jours suivants, chaque fois qu'il voyait Sirius lancer un coup d'oeil agacé en direction de James et Lily, Remus se souvenait de la dispute, et l'écho des mots qu'avaient prononcés Sirius l'attristait immanquablement.

La seule personne avec qui j'aie envie d'être, c'est toi.

Il savait que c'était stupide, que Sirius n'avait pas voulu dire qu'il se moquait de ses autres amis. Il ne s'en moquait pas, c'était évident. Remus aurait pu en douter avant, surtout en première année, quand ils ne se connaissaient pas encore très bien et que Sirius le considérait toujours comme un élève modèle plutôt ennuyeux qui n'avait aucune idée de ce que signifiait s'amuser réellement, mais plus maintenant – plus depuis ces transformations en Animagus qui avaient changé sa vie. Cette idée folle venait de Sirius, et il n'y aurait certainement pas pensé si son amitié pour Remus n'avait pas été sincère.

Même les nouveaux doutes causés par l'incident du Saule Cogneur n'avaient plus lieu d'être. Remus avait été très choqué au début, bien sûr, mais ensuite il avait compris que Sirius avait juste parlé sans réfléchir une fois de trop. Snape s'était montré si convainquant quand il avait prétendu avoir tout découvert que, sur le moment, défier l'agaçant Serpentard d'appuyer sur le noeud du tronc et d'aller voir par lui-même s'il en avait le courage avait semblé aussi inoffensif que n'importe quelle moquerie ordinaire. Remus avait donc fini par pardonner cette erreur sans même laisser Sirius atteindre la fin de son discours d'excuses.

Vraiment, il n'avait aucune raison de douter encore de l'amitié de Sirius.

Ils sont comme des jumeaux, se répéta-t-il pour la dixième fois de la semaine. C'est normal que Sirius aime James plus que moi.

Et pourtant c'était un peu blessant... Ce qui semblait plutôt illogique. Après tout, Sirius n'était pas le seul à penser que James était le meilleur des Maraudeurs. Beaucoup de gens pensaient de même, à commencer par Peter, qui l'avait admiré depuis leur première leçon de vol. Venaient ensuite un nombre incalculable de filles, de la première à la septième année – et quelques-unes qui avaient déjà fini leurs études, aussi. Même Lily Evans, qui avait clamé pendant des années qu'elle ne le supportait pas, était maintenant sous le charme.

En fait, Remus lui-même avait tendance à considérer James comme le chef des Maraudeurs. Ils étaient censés être égaux, mais en réalité Sirius et James avaient pris une sorte d'ascendant sur les deux autres, un peu comme des frères aînés, parce que Remus était celui qui avait besoin d'être protégé de la curiosité du reste de l'école et Peter celui qu'ils devaient aider à faire ses devoirs. De toute évidence, chacun des deux "aînés" était fait pour "commander". James avait cependant un meilleur sens de l'organisation et de la réflexion, ce qui expliquait pourquoi Remus l'aurait désigné, plutôt que Sirius, si quelqu'un lui avait demandé qui, selon lui, serait le plus digne du titre de "Maraudeur en Chef".

Bref, James était réellement le meilleur d'entre eux, surtout depuis que Lily avait réussi à atténuer son excès d'amour-propre.

Et si tu penses que Sirius devrait t'aimer autant que lui, c'est toi qui devient prétentieux ! se morigéna Remus en guise de conclusion.

Puis il s'enfonça plus confortablement dans les coussins du canapé et reprit le livre qu'il n'avait toujours pas réussi à terminer. Trop de devoirs à faire... Et trop de pensées dérangeantes en tête, aussi.

Il était tard, et la plupart des élèves de Gryffondor avait déjà quitté la salle commune. Remus était resté pour lire un autre chapitre et Sirius, qui avait commencé par déclarer qu'il lui tiendrait compagnie, avait passé vingt minutes à arpenter le tapis devant la cheminée avant de décider qu'il pouvait tout aussi bien attendre James dans le dortoir.

En fait, il n'avait à aucun moment précisé qu'il attendait James, mais Remus le savait quand même. Une nouvelle idée de tour à jouer aux Serpentards lui était venue dans la soirée et, malgré les efforts de Peter pour lui arracher des détails, Sirius avait refusé d'en parler. Puis, à mesure que le temps passait, son irritation était devenue de plus en plus évidente.

Remus était maintenant seul, et il n'arrivait pourtant toujours pas à se concentrer sur son livre. Il aurait voulu pouvoir faire quelque chose pour empêcher une éventuelle nouvelle dispute, mais il doutait qu'une intervention de sa part serve à grand-chose.

Trop immergé dans ses pensées pour remarquer que le portrait qui faisait office de porte avait été ouvert puis refermé sans bruit, il ne vit rien venir avant qu'une main invisible attrape le livre qu'il tenait toujours devant ses yeux bien qu'il ne l'ait pas réellement regardé depuis plusieurs minutes.

Il fit un bond sans doute aussi haut que ce qu'espérait son assaillant mais, un instant plus tard, il se retournait déjà pour récupérer son bien à la vitesse de l'éclair.

"Waouh ! Bons réflexes, Moony ! Tu pourrais être Attrapeur, toi aussi !"

La cape d'invisibilité glissa, révélant le visage souriant de James et celui de Lily, pas aussi impassible qu'elle tentait de le paraître.

"Désolée, Remus. Je sais que j'aurais dû l'en empêcher, mais il ne m'a pas laissé le temps de réfléchir", dit la jeune fille rousse d'un ton pas tellement plus désolé que son expression.

"Je lui ai juste fait signe de ne pas faire de bruit et elle a obéi", expliqua James.

Et ses yeux pétillèrent de malice comme il ajoutait:

"Dommage que Padfoot ne soit pas aussi bien dressé qu'elle !"

Remus éclata de rire mais, bien sûr, Lily n'en fit pas autant. Son air indigné rappelait la période d'avant Halloween, et Remus vit que James se demandait s'il n'était pas allé un peu trop loin dans la plaisanterie.

"Ne t'avise plus jamais de parler de moi de cette façon, Potter !" le réprimanda Lily, apparemment furieuse.

Mais elle finit par rire aussi en ajoutant "J'adore te faire peur !"

"Je n'ai pas eu peur !" protesta James, l'air aussi choqué que s'il s'agissait de la pire chose dont on puisse l'accuser. "J'étais juste fasciné, parce que tu es vraiment très belle quand tu es en colère."

"Est-ce que ça veut dire que je suis moche quand je ne suis pas fâchée ?" demanda Lily en fronçant les sourcils.

James leva les yeux aux ciel puis les ferma un instant, feignant un profond désespoir, avant de se tourner vers Remus pour réclamer son aide:

"Je pensais vraiment qu'elle n'était pas assez intelligente pour comprendre le sens caché du compliment... Qu'est-ce que tu en penses ? Mensonge rassurant ou cruelle vérité ?"

Bien qu'habitué à être pris à partie plus ou moins contre son gré dans les taquineries mutuelles de ses amis, Remus ne s'était pas attendu à ce que James lui demande son avis au cours d'une (fausse) dispute avec Lily. C'était un peu embarrassant, comme situation.

Qu'est-ce que dirait Sirius à ma place ? se demanda-t-il automatiquement. Puis il se rendit compte que c'était idiot parce que, ces derniers temps, le sens de l'humour de Sirius semblait s'évaporer dès que le nom de Lily était évoqué.

"Pourquoi tu ne lui dis pas simplement qu'elle est belle quoi qu'il arrive ?" suggéra-t§il, renonçant à essayer d'être drôle. "Et tu peux rendre ça plus poétique en ajoutant que non seulement la colère mais aussi tous ses autres états d'âme font briller ses yeux comme des émeraudes accrochant la lumière du soleil ou que la couleur de ses cheveux rappelle la flamme qui brûle pour elle dans ton... Quoi ?"

Lily et James le regardaient tous les deux d'un air stupéfait, et son embarras augmenta d'un seul coup jusqu'à ce qu'il sente un autre genre de flamme lui brûler les joues.

"D'accord, ça manque terriblement d'originalité", marmonna-t-il hâtivement. "Mais bon, vous savez, je ne suis pas très doué pour parler aux filles, alors..."

"Tu es sûrement beaucoup mieux que lui !" répondit Lily avec un geste de la tête en direction de James. "Tu l'as entendu... Il est très nul !"

Comme il ne la connaissait pas aussi bien que ses amis, Remus pensa tout d'abord qu'elle parlait peut-être sérieusement. Mais ensuite elle sourit à James, qui lui sourit aussi... et il se sentit vraiment de trop.

Il était déjà sur la deuxième marche de l'escalier, en train de s'éclipser discrètement pour les laisser se souhaiter une bonne nuit en privé, quand James le rappela.

"Attends ! Il faut que je te parle !"

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Note: La phrase "la seule personne avec qui j'aie envie d'être, c'est toi" est de Nicky (ma soeur). C'est sur ça et sur un détail du chapitre 8 (qui était également de son invention) que j'ai basé toute l'histoire.