Elle voyageait à bord de ce jet privé depuis dix heures déjà. À la base ce n'était pas ce qu'elle avait prévu pour passer ces deux mois de vacances d'été, mais son père l'y avait contrainte. Sa grand-mère était rester seule à Paris, au siège de sa compagnie, laissant sa petite-fille suivre son père lors de son voyage d'affaires à New York. Il lui avait assuré qu'ils passeraient du temps ensemble, mais elle ne se faisait pas trop d'illusion là-dessus. Il avait peut-être de bonnes intentions, mais quand il avait un gros contrat sous le nez, rien ne pouvait lui changeait les idées.

Bien sur, elle n'avait rien contre son lui. Elle aurait juste voulue faire des activités père-fille normales. Un puzzle par exemple. Ouais, ça pourrait être bien. Autant dire, la famille Weber était une famille vachement amusante !

Donc elle passait son temps à l'extérieur, avec ses amis. Pas exactement au goût de monsieur Weber, d'ailleurs. Elle allait dans un pensionnat pour riche, en face d'un lycée publique. Entre les princesses et les fêtards, elle avait fait son choix rapidement. Elle avait demandé à ce que l'un d'entre eux, Olivia sa meilleure amie, l'accompagne mais il lui avait formellement interdit de remettre les pieds dans le jet depuis qu'elle avait fait disjoncter le tableau de bord avec ses gadgets.

Elle soupira de lassitude à l'entente de la voix qui leur intimait de boucler leur ceinture en vue de l'atterrissage imminent. Elle s'exécuta tout en regardant par le hublot, à sa droite, la piste se rapprocher dangereusement. À peine quelques minutes plus tard, ils étaient dehors, essayant de batailler contre les cinq majordomes qui tentaient de les aider, qu'importe comment. Ils devaient vraiment avoir l'air d'assistés, d'après elle. Ils montèrent dans un taxi jaune, ressemblant fortement à ceux qu'elle avait vu dans les films, et arrivèrent devant leur hôtel. Bon sang, que disait-elle ? Un palace plutôt ! Le Tipton, où ils avaient une suite chacun. « Vous le dites quand vous pensez qu'il en fait trop » pensa t-elle en prenant la clé qu'on lui tendait. Elle suivit le groom vers l'ascenseur quand son père l'arrêta et dit :

-J'ai une réunion importante aujourd'hui, donc je vais te laisser te débrouiller seule. La journée ne fait que commencer ici, donc profites-en pour aller t'amuser !

Il sortit son porte-feuille et en sortit une carte rouge brillante. Il lui tendit en souriant.

-Voici de quoi pouvoir te faire plaisir. Achète ce que tu veux, mais souviens toi d'être prudente, Axel. Et n'oublie pas que tu n'as pas l'âge pour rentrer dans les bars ici. On se retrouve ici à 19H pour dîner ensemble, compris jeune fille ?

-Oui, patron ! Répondit t-elle soudainement plus enjouée.

Elle embrassa son père sur la joue et le serra dans ses bras avant de rentrer dans l'ascenseur pour se diriger vers sa chambre. Elle était vraiment très spacieuse. Un grand lit à deux places, une salle de bain avec une baignoire immense, un immense salon avec télé écran plat 3D et un mini frigo remplie à volonté de toute sorte de boisson. Bon, les vacances vont peut-être être un peu moins ennuyeuse qu'elle l'aurait cru.

Le groom déposa ses valises dans l'entrée et s'éclipsa par la suite sans demander son reste.

Première chose qu'elle avait comprit en internat : l'ordre est la clef pour s'y retrouver. Elle défit ses valises avec détermination et vida tout dans le dressing, les commodes et les armoires. Tout était en fin à sa place, elle pouvait se changer pour aller visiter la ville où rien ne s'arrête. Elle recoiffa ses cheveux blonds emmêlés en lissant sa mèche qui recouvrait son œil gauche, opta pour une jupe écossaise rouge couverte de chaînes avec un débardeur noir et une cravate assortie à son bas, sans oublier des bottines noires sanglées. Ensuite, elle s'arma de son sac en bandoulière et elle était partie. Quoi ? Elle avait beau râler, être riche avait sans aucun doute des bons côtés.

Même si elle peinait à trouver les mots, elle arrivait à tenir des conversation construites avec les vendeurs des magasins dans lesquels elle s'introduisait, sans trop de mal. Son anglais n'était pas parfait, mais elle avait apprit à jouer sur son accent français pour mieux faire passer la pilule. Elle se triballait maintenant avec deux sac remplis de chips, de films et vêtements. Et le prix de tout ça n'était même pas la moitié d'une poussière sur le compte en banque de sa famille. Et il n'était que midi. Elle alla s'asseoir à la terrasse d'un restaurant, pas une seconde gêné de déjeuner seule. Un jeune homme d'environ vingt ans, cheveux longs bruns tirés en arrière et yeux bleus foncés, vint à sa rencontre lui demander ce qu'elle désirait.

-Beignets de crevettes à la sauce barbecue et nuggets de poulet.

-Vous arriverez à manger tout ça ? Plaisanta l'homme en notant la commande.

-Et encore c'est que le plat principale, répondit elle en lui souriant pour répondre à sa blague.

Il rit encore et partit en direction des cuisines. Axel en profita pour sortir son portable et appeler Olivia, qui ne répondit pas. Elle raccrocha en pestant contre le décalage horaire. Elle devait sûrement encore dormir. Cette fainéante pourrait très bien passer la journée à dormir d'ailleurs !

-Mademoiselle, votre plat, lança une voix en déposant une assiette garnie devant elle.

-Merci, répondit-elle dans sa langue natale. Je veux dire, merci...

-Owen. Et vous c'est ?

-Axel. Enchanté Owen !

-De même ! Bonne appétit, je reviens vous voir plus tard Axel, continua t-il avec un sourire éclatant.

Bon sang, elle savait où manger pour le reste des vacances, c'est décidé. Elle allait être jalouse Olivia ! Elle commença à dévorer son plat avec grâce malgré que la commande ne soit pas vraiment faites pour être manger ainsi. « Les bonnes manières s'imposent tout le temps », répétait sa surveillante de dortoir. Ah là là, cette vieille mégère... heureusement qu'elle était partit à la retraite. Avec un peu de chance, son yacht coulera sous son poids.

Elle s'enfonça dans son siège pour picorer dans son assiette tout en admirant les buildings. La plupart étaient en verre, crevant les cieux de leur hauteur. Un en particulier attira son attention. Il était différent des autres, avec une architecture peu conventionnel, et sa façade était signée d'un lumineux « A ». C'était sûrement le plus étrange édifice de New York.

Elle termina son assiette quand son portable sonna. « C'est pas trop tôt » pensa-t-elle en s'en emparant.

-Hey, marmotte, pas trop fatigué ?

-T'as de la chance de pas m'avoir réveillée en m'appelant, répondit froidement la jeune fille au bout du fil. Alors, c'est comment New York ? Y'a des trucs cool ?

-Pour l'instant je me plains pas trop. Palace de luxe, carte de crédit, nuggets, serveur mignon et building étrange. Le rêve !

-Si c'est pas triste ! On laisse une fillette de 13 années se balader seule en toute impunité dans les rues dangereuses et… Ô mon dieu ! T'es devant la tour Stark ? Demanda Olivia avec espoir. Il faut absolument que tu me fasses entrer à l'intérieur !

-Bien sur, et si j'me fais choper c'est sur moi que ça retombe. C'est justement pour ce genre de plan foireux dans lesquels tu m'entraînes que papa n'a pas voulu que tu viennes.

-La tour n'est protégée par aucun garde ou agent de sécurité. Tout est automatisé, tu n'as rien à craindre cette fois...

-Mademoiselle Axel désire t-elle autre chose ? Interrompit le serveur en s'accaparant les plats vides.

Axel posa son téléphone sur son épaule et répondit avec un sourire.

-Un muffin et l'addition, s'il-te-plaît.

-Votre faim est déjà calmé ? Demanda t-il en riant.

-Non, j'ai encore le ventre vide mais j'ai aussi le devoir qui m'appelle, rétorqua la blonde en agitant son téléphone.

-Je ne doute pas que votre emploie du temps est aussi chargé que celui d'une femme d'affaire, fit-il d'un air taquin devant l'air sérieux de femme d'affaire que cette jeune fille affichait.

Il disposa et elle put reprendre sa conversation. Elle entendit Olivia s'exclamer :

-Et en plus, tu pourras voir les célèbres armures high-tech de Tony Stark !

Là, la proposition semblait déjà plus appétissante. Elle ne savait pas qui était ce type, autant que ce qu'étaient ses armures, mais si sa meilleure amie s'y intéressait c'est que ça en valait sûrement le détour.

-Je te rappelles ce soir, Oli', tâche de répondre cette fois.

-Merci, Axel, je t'en dois une !

-Tu me diras ça quand je serais au commissariat.

-Bye !