가족이야기/Anecdotes familiales Chapitre 1
C'était un jeudi soir inhabituel puisque pour une fois son père avait pu rentrer de bonne heure et non aux alentours de minuit.
Pour une fois, ils avaient la possibilité de dîner tous ensemble et de se raconter leurs journées respectives.
Une soirée en famille avec sa femme et son enfant était quelque chose de bien trop rare et trop précieux pour ne pas en profiter au maximum. Et ça dans la famille, tout le monde l'avait bien compris. Donc au moment du dessert le petit Chin Ho Kelly se jeta à l'eau.
-Dis, papa?
-Oui, qu'est ce qu'il y a ?
-Ce soir, tu voudras bien me raconter une histoire, hein dis s'il te plait? ça fait si longtemps.
-Bien sur, il était content de voir l'enthousiasme de son fils et il était lui aussi heureux de bénéficier de ce moment privilégié car avec son travail ce n'était pas vraiment compatible.
Il lui arrivait même de temps en temps de se disputer avec sa femme à ce sujet alors...
Contrairement à son habitude, Chin n'avait pas rouspété cette fois pour se mettre au lit et accueillit son père par un " je suis content que tu sois là papa!"
-Moi aussi Chin. Bon alors qu'est ce que tu veux lire? Hansel et Gretel? La Reine des Neiges? il y avait assez de livres de contes et aussi de légendes qu'adorait son fils.
-Non, ce soir je voudrais que tu me racontes une histoire à toi s'il te plait.
-Comment ça?
-Je voudrais savoir pourquoi t'es devenu policier papa, commença directement Chin ho en lui décochant un regard où la curiosité se reflétait clairement dans ses yeux ainsi que la détermination.
Hé bien, voilà ce qui s'appelait une requête insolite. Habituellement son fils avait plus tendance à adorer les légendes, les récits mythologiques ou les contes.
-C'est une assez longue histoire et tu dois dormir dans un quart d'heure. Ce week end d'accord?
-Mais ce week end tu seras sans doute en mission et on doit aussi s'occuper de ranger le garage avec maman. J'avais vraiment envie de t'écouter, en plus tu peux pas souvent me raconter des histoires, ajouta il déçu en se tournant vers le mur. Pour une fois qu'il avait la chance d'avoir un moment privilégié rien qu'entre lui et son père, ça allait tomber à l'eau, c'était vraiment trop nul !
Manifestement, cette histoire avait de l'importance aux yeux de son fils, et avoir un moment de complicité avec lui était le plus important. Oui, il n'avait pas tort, et après tout, Chin Ho avait quatre ans et demi. Il pouvait comprendre certaines choses, bien que plus tard il lui reposerait des questions à ce sujet.
En plus, si il lui demandait ça, c'était aussi parce qu'il admirait son père, ce qu'il faisait même si on ne parlait jamais des affaires criminelles à la maison. On ne mélangeait pas le travail et la vie de famille.
-Bon c'est d'accord.
-Super! Enthousiasmé par ce qu'allait lui raconter son père il se redressa en posant son tigre à côté de lui pour qu'il puisse lui aussi écouter l'histoire.
-D'abord il faut que tu saches que je n'ai pas été le seul à entrer dans la police d'Honolulu, c'est pareil pour oncle Keako. Mon père, ton grand père avait choisi d'exercer ce métier quand il est arrivé à Hawaii.
Avant, quand j'avais à peu près ton âge, nous n'habitions pas ici. Nous vivions pas loin de Busan.
-C'est où?
-En Asie, en Corée du Sud. A cette époque mes parents étaient assez pauvres, comme beaucoup d'autres personnes. Ils travaillaient dur à l'usine et ont failli partir au Japon. Mais ils ont refusé, c'était hors de question d'aller dans ce pays même si c'était plus simple.
-Pourquoi?
Avant les japonais étaient venus en Corée pour contrôler le pays, ils pouvaient décider de ce qu'on devait faire. Certains ont même forcé des gens à aller travailler chez eux mais ils gagnaient peu d'argent.
Puis ça s'est terminé, à la fin de la guerre, ils n'ont plus eu de droits chez nous, de son côté mon père qui avait tellement travaillé avait envie que nous ne connaissions pas ce même enfer.
Alors avec son frère, ils se sont mis d'accord pour partir, aux états unis. Un de ses amis lui a conseillé d'aller à Hawaii car ils trouveraient plus facilement de l'aide là bas.
Quand j'ai eu trois ans, mon père a vendu la maison, nous avons gardé quelques affaires. Et avec mes deux frères et mes parents on a quitté Busan, la Corée. Notre pays natal pour ne jamais y revenir mais espérer en échange trouver un endroit où mener une vie paisible.
-Waouh! T'as été triste?
-Pas trop j'étais très jeune à cette époque.
Nous ne sommes pas partis seuls, nous avons pris un bateau avec d'autres familles qui voulaient partir. C'est comme ça que j'ai rencontré une fille de mon âge qui plus tard deviendrait ma femme.
Quand nous sommes arrivés à Hawaii, il a fallu que nous expliquions d'où nous venions, qu'on dise qu'on voulait devenir américains. Alors on a reçu des papiers, deux mois plus tard, nous avions un permis valable pour deux ans. C'est à dire qu'on pouvait rester là deux ans.
Au début bien sur ça n'a pas été simple à cause de ce qui s'était passé pendant la guerre. Il y avait quand même des difficultés, mais comme nous n'étions pas d'origine japonaise nous n'avons pas eu trop de mal à pouvoir obtenir un contrat de location dans une petite maison.
Mon père s'est dit qu'il devait faire quelque chose d'utile pour ce pays, alors il est entré dans la police. Il disait qu'il pourrait protéger des vies, me le disait très souvent. Il mettait un point d'honneur à bien faire son travail à écouter ses partenaires et à écouter les victimes qu'il rencontrait…
Continua il ravi de voir que son fils buvait ses paroles et ne l'interrompait pas. Une chance aussi qu'il ne lui pose pas de questions trop compliquées.
Et plus tard, j'ai eu envie de faire aussi quelque chose d'utile. Ca aurait pu être des études de médecine, de droit mais j'ai choisi la police. Moi aussi je voulais qu'il y ait de la justice, moins d'escrocs ou de criminels. Et je ne regrette rien car les gens nous font confiance, on arrête les méchants et je veille sur vous. Et je le ferais toujours acheva il.
Bon allez, maintenant il faut que tu dormes. Dors bien.
-Oui, diiis?
-Non, ce n'est plus l'heure de poser des questions mais de se reposer, il est tard.
- Je sais papa. Mais je suis fier de toi et de grand père, répondit Chin Ho avant de bailler et de serrer sa peluche contre lui. Quand je serais grand, moi aussi je veux être policier ! Sur ces mots, il sombra immédiatement dans le sommeil.
-oui, murmura il, moi aussi je suis fier de toi. Plus que tu ne le sauras jamais.
