Dans le Grand Hall du palais, vide à cette heure tardive de la nuit, le Gouverneur Hyosung méditait. Tout récemment nommée à la gouvernance de la planète Mato, petite planète évoluée bien loin du Système Solaire, elle ne sortait pas victorieuse d'une première réunion diplomatique avec les représentants de Shiro, une planète rivale, qui convoitaient les richesses de Mato. Son instinct lui disait que quelque chose de grave allait se produire et que ces gens n'étaient pas dignes de confiance. Elle sentait qu'ils seraient même prêts à employer les armes pour obtenir ce dont ils avaient besoin. Seule dans le noir, elle cherchait une solution. Elle ne pouvait pas laisser ces gens venus d'ailleurs piller les ressources de Mato, mais elle ne pouvait pas non plus entrer dans une guerre qui à coup sûr allait faire de nombreuses victimes. Ils avaient refusé tout accord pour éviter le conflit, prétextant que leur planète faisait le double de la sienne et que de ce fait elle était supérieure.

- Mais qui a mis ces rustres à la tête de Shiro ?! s'écria-t-elle aussitôt.

Aucune réponse excepté l'écho que son cri avait déclenché. Le Grand Hall portait bien son nom avec ses hautes colonnes de marbre, ses dalles en pierres froides, et le fauteuil du gouverneur surplombant la salle. Elle se souvenait combien le hall était rempli de Matoniens le jour de son avènement, c'était tellement chaleureux, bruyant, joyeux, à l'inverse de cette nuit. Elle commença à faire les cents pas, rompant le silence par le bruit de ses talons sur le marbre. Les pans de sa longue robe blanche flottaient autour de ses jambes et donnaient l'impression qu'elle flottait. Elle avait en cet instant une apparence surnaturelle qui ne lui était pas familière, avec les reflets de la lune scintillants sur les boucles violettes de sa chevelure.

Le palais était le plus haut lieu politique de la planète. Il était dressé au sommet d'une petite montagne et surplombait toute la ville. Sur Mato, les villes n'avaient aucun nom. Il existait cinq cités principales érigées de part et d'autre de l'unique continent de la planète, majoritairement constituée d'eau. Il y avait la Cité de l'Ouest, la Cité de l'Est, la Cité du Sud et la Cité du Nord, mais toutes les quatre n'étaient pas aussi immenses que la Cité du Gouverneur, au centre du continent. La répartition simple des terres s'expliquait par le fait que Mato faisait à peine cinq mille kilomètres de diamètre, le tiers de la Terre. La Cité du Gouverneur, appelée plus communément la Capitale, s'étendait tout autour de la montagne. Le cœur de la ville était construit avec des tours élancées, terminant sur une ou deux sphères, offrant à ses habitants une vue panoramique de la ville. Plus on s'éloignait du palais, plus les habitations étaient petites, mais tout aussi finement taillées dans une roche lisse qui prenait une couleur bleuté et lumineuse sous les rayons de la lune de Mato. Le palais en lui-même, en forme de U, avait été construit dans une pierre blanche et froide, semblable au marbre, et d'une architecture comparable aux temples antiques. Le Grand Hall était la salle principale du palais, celle où on passait forcément en premier en entrant, après avoir traversé un patio qui servait de transition entre la grande cour et le palais. Surplombé par un dôme de verre, les rayons du soleil illuminaient la salle le jour, et la lumière blanche et pâle de la lune s'en chargeait pendant la nuit.

En tant que Gouverneur, Hyosung se devait de veiller sur la planète et ses habitants, de se porter garante de la paix et des alliances que Mato entretenait avec les quelques planètes habitées de ce système solaire, en particulier avec Shiro, une planète plus grande et plus belliqueuse. Le matin même, elle avait reçu une demande de rencontre de la part du Premier Ministre qui gouvernait Shiro et il s'était montré hautain et arrogant durant tout l'entretien. Il ne prenait pas au sérieux une femme au pouvoir et osait demander une aide sans concession de Mato car leur planète était en train de mourir. Hyosung était prête à accepter de porter assistance à ses voisins mais ils demandaient trop de ressources. Mato était une petite planète, bien plus petite que Shiro, et bien que prospère, ses ressources n'étaient pas inépuisables. Comme ils n'avaient pu se mettre d'accord, Hyosung et le Premier Ministre de Shiro s'étaient quittés en froid, et la jeune femme craignait qu'il réclame vengeance.

Quelque part dans un bâtiment annexe au palais réservé aux officiers, le Général Himchan se prélassait dans sa chambre avec une corbeille de friandises et un large écran digital qui diffusait les derniers divertissements du moment en vogue sur la planète. La chambre était grande, dû à son rang, et possédait sa salle de bain privée. Le lit, ni trop large ni trop étroit, était collé contre le mur, à l'opposé d'un grand bureau en verre et d'une bibliothèque remplie. C'était un endroit idéal, pour tout bon soldat, pour se reposer en toute intimité. Cependant, Himchan ne savait pas de quoi il pouvait bien se reposer, Mato était une planète unie et pacifique, il savait bien qu'il ne servait pas à grand-chose. Ce soir-là, son intérêt résidait plus dans les friandises que dans ce qu'il voyait mais il savait qu'il se sentirait bien coupable s'il mangeait tout ça sans rien faire d'autre pour combler le silence. On frappa à la porte de la chambre et, sous la surprise, il fit renverser la corbeille sur le sol, éparpillant les sucreries colorées dans toute la pièce. Il se retint de pousser un juron et alla ouvrir à l'enquiquineur venu le déranger au beau milieu de la nuit. Il fit aussitôt face à Zinger, la suivante du Gouverneur. L'agacement se transforma en surprise et n'eut pas le temps de dire un mot que Zinger lui dit simplement :

- Madame le Gouverneur vous demande, Général Kim Himchan.

- Est-ce que madame le Gouverneur est au courant de l'heure qu'il est ? demanda-t-il.

- Un soldat devrait être disponible à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Elle vous attend dans le grand hall.

Ne sachant que répondre, il lui offrit son sourire le plus lumineux mais il n'eut aucun effet sur Zinger. Il resta immobile encore quelques secondes et elle partit sans rien ajouter. Le sourire s'effaça et il arrangea ses vêtements avant de partir pour cette entrevue apparemment urgente avec le Gouverneur. Quand il la vit, il la trouva bien soucieuse, elle qui d'habitude débordait – un peu trop – de gaieté.

- Kim Himchan, dit-elle, tu n'es pas sans savoir qu'aujourd'hui j'ai rencontré le Chancelier de Shiro et ses conseillers. Je ne pensais pas trouver plus primaire que toi, mais malheureusement les négociations ont échoué.

Himchan ne répondit pas, il ne réagit même pas à la petite pique qui lui a été lancée. Il comprenait seulement que quelque chose n'allait pas.

- Sous prétexte que Shiro fait le double du volume de Mato nous devrions nous soumettre à eux. Ils ont besoin de ressources, puisqu'ils vont bientôt en manquer et qu'ils les gaspillent inutilement, et pour eux il serait juste que je donne une grosse partie de ce qui fait notre richesse.

Le Général ne dit rien non plus mais son cerveau commença à bouillonner. Pour qui se prenaient-ils ? Et de quel droit oseraient-ils venir réclamer ce qui ne leur appartenait pas ? Il serra les poings. Sa fierté en prenait un coup, et il se disait que s'il avait été présent à cette réunion, il aurait massacré les Shiroïtes. Cette espèce de bipèdes sous-évolués avait une arrogance proportionnelle à son manque d'intelligence.

- Je crains qu'ils n'aient pas peur de venir ici pour nous soumettre par la force, c'est pourquoi j'ai besoin de te tenir informé aussi rapidement, toi le Général de l'armée de Mato.

- Madame, dit Himchan. Je conçois que ce soit une solution envisageable, mais n'est-il pas possible de calmer le conflit par des négociations plus poussées ? Les forces en présence sont inégales, et je…

- Je pourrais réessayer, mais leur avidité est effrayante, coupa Hyosung. Même s'ils sont plus nombreux en terme d'hommes, nous sommes plus évolués en terme de technologie, non ? Je veux que demain à la première heure tu convoques Yongguk et Youngjae. J'ai besoin de leur avis sur la question. Envoie également Daehyun sur Shiro. Nous devons savoir ce qu'il se passe là-bas.

- Vous pensez vraiment qu'une guerre va être déclarée ?

- Je ne l'espère pas, mais cette idée est à la fois plausible et effrayante.

Jamais Himchan n'avait vu le Gouverneur Hyosung aussi inquiète. La situation était réellement sérieuse et mettait Mato en péril.

- Je compte sur toi Kim Himchan, ajouta-t-elle. Et en passant, tu rembourseras les sucreries que tu as volées en cuisine.

Il lui adressa un petit sourire gêné et tourna les talons sans répondre. Quand il retourna dans ses quartiers, il commença à songer à un plan pour assurer la victoire. Quand un ennemi arrive plus nombreux et plus fort, il faut savoir retourner cette force contre lui et prendre l'avantage. Il croisa sa secrétaire sans la voir et elle dut l'interrompre dans sa réflexion.

- Mon Général ! s'exclama-t-elle d'une voix tellement puissante qu'il sursauta. J'ai vu que vous n'étiez plus dans vos appartements, que vous voulait madame le Gouverneur ?

- Sunhwa… murmura Himchan, la main sur le cœur. Tu m'as fait peur. Deuxième crise cardiaque de la nuit. Je sens que je ne vais pas faire long feu.

- Il y a quelque chose qui vous préoccupe ?

- Tu es obligée de parler si fort ?

Sunhwa se contenta de le regarder. Elle n'aimait pas voir son Général avec un visage si soucieux, car il était si beau quand il arborait un sourire malicieux. Il passa la main dans ses cheveux d'ébène coupés courts et reprit la discussion :

- J'ai besoin que tu fasses venir Yongguk, Daehyun et Youngjae dans le département de la sécurité intérieure à l'aube.

- Il y a une urgence ?

- C'est plutôt une mesure de prévention, mais le Gouverneur craint qu'il faille bientôt déployer l'armée pour défendre Mato.

- Nous allons être attaqués ? s'écria Sunhwa en portant les mains à sa bouche.

- J'aimerai que tu ne propages pas la rumeur, ajouta Himchan. La dernière fois on a failli déclencher une émeute, alors silence.

- A vos ordres.

Hyosung continuait à faire les cents pas dans le grand hall. L'inquiétude fit place à la colère et à l'indignation. Le silence de la nuit était pesant, elle avait besoin de se défouler.

- Ces rustres, ces bipèdes stupides, je vais leur en donner moi de la soumission. Comment osent-ils se moquer de moi ? Je suis une femme et alors c'est quoi ton problème, nabot ! Si ta planète se meurt c'est de ma faute peut-être ? Non bien sûr, c'est de la faute de ta stupidité, mais tu n'y peux rien, ton peuple est stupide !

La nuit passa, mais ni Hyosung ni Himchan n'étaient parvenus à dormir. Planté devant sa fenêtre, le Général regarda le paysage nocturne si calme. La grande capitale de Mato dormait encore et dégageait des lumières bleutées. Avant l'heure prévue de la réunion stratégique entre le Gouverneur et ses soldats, il se rendit avant tout le monde dans le département de la sécurité au quartier général. Les sentinelles veillaient comme à leur habitude sur les écrans les flux des transporteurs qui gravitaient autour de Mato. Himchan en profita pour inspecter un peu les procédures, vérifier que le matériel était bien soigné, corrigea un comportement d'une jeune recrue jugé un peu trop décontracté, fit le point sur l'artillerie dont son armée disposait et tenta de réfléchir sur les forces ennemies. Il se rendit compte qu'ils n'avaient que très peu d'informations sur Shiro et que le Gouverneur avait eu une bonne idée en décidant d'envoyer un agent sur les lieux.

- Pas de panique, la guerre n'est pas encore déclarée, se dit-il.

La plupart des officiers dormaient encore. En temps de paix ils méritaient bien un peu de repos et se relayaient de temps en temps. L'agent spécial Daehyun était profondément plongé dans un rêve agréable dont il fut soudainement arraché par un appel inattendu du quartier général. Son réveil se mit en marche sans qu'il ne l'ait programmé et il faillit tomber du lit. Avant qu'il n'ait eu le temps de se réveiller correctement, Sunhwa rentra dans la chambre et découvrit un agent complètement dénudé dans son lit. La scène s'immobilisa quelques secondes puis les deux se mirent à hurler, Sunhwa se retourna vivement en qualifiant Daehyun de « Peveeeeeeeeeeeers ! » et le pauvre Daehyun s'enfouit sous ses draps à coup de « Qu'est-ce que tu fais là ?! »

- Le Général Kim Himchan m'envoie, tu auras plus d'infos en sortant, dit-elle en s'enfuyant.

Le réveil de Youngjae, deux chambres plus loin, avait beau sonner, il n'avait même pas esquissé la moindre grimace ou émit le moindre grognement. Ce jeune génie spécialisé dans les technologies de pointe était aussi connu pour avoir un sommeil très lourd. Au bout de dix minutes, l'appareil qui d'apparence paraissait d'une banale simplicité commença à se métamorphoser lentement, triplant de volume. Il s'ouvrit tout seul, comme une boite à malice, et une sorte de petite fusée pointa son nez, droit sur le lit et la tête de Youngjae. Une petite voix robotique se fit entendre « mise à feu dans 5… 4… 3… 2… 1… » et le projectile fut envoyé, touchant Youngjae en pleine face. Poussant toute une série de jurons plus grossiers les uns que les autres, il balança son oreiller sur le réveil qui avait repris son apparence normale. Cependant Youngjae n'avait pas à se plaindre. C'était un objet de sa propre création puisqu'il se savait incapable de se réveiller juste à l'aide d'une sonnerie.

De son côté, levé dès la première seconde, Yongguk enfilait sa tunique noire de soldat de Mato en silence, prêt à faire face à toutes les situations. Il se demandait quand même quel pouvait bien être cet imprévu qui l'avait fait lever deux heures avant ses horaires. Il sortit en silence et se retrouva nez à nez avec Youngjae qui semblait être d'une humeur massacrante. Il avait une rougeur au niveau du front qui contrastait avec ses cheveux blond platine. Le regard interrogateur de Yongguk valait toutes les questions du monde.

- Tu te souviens la merveilleuse invention que notre Général adoré m'a demandée ? Et bien elle m'est tombée sur la tête !

- Si tu savais te réveiller correctement, tu ne serais pas obligé de la garder, dit simplement Guk de sa voix grave.

Il coupa court à la conversation et se dirigea vers le quartier général. Youngjae n'avait pourtant pas fini de râler.

- Et pourquoi sur toi la tunique te va bien alors que moi j'ai l'air d'un plouc ? Je vais demander au Gouverneur l'autorisation de faire ma propre tunique… bleue… digne d'un expert de mon rang, et pas une tunique de soldat bourrin qui…

Yongguk se retourna et adressa à son camarade un regard noir. Tout à coup Youngjae se sentit tout petit et dut finir sa phrase autrement.

- Qui est tout puissant sur un champ de bataille et à qui la tenue le laisse libre dans ses mouvements contrairement aux techniciens coincés qui restent au quartier général comme des mauviettes, finit-il avec un petit sourire qui se voulait engageant.

Le soldat ne dit rien. Ils se disputaient, généralement pour des futilités, assez souvent comme ça.

- Mais enfin tu sais que je ne fais pas insulte à ton intelligence ! s'exclama Youngjae tandis que Yongguk lui tourna à nouveau le dos pour continuer son chemin. Tu me pardonnes, dis ?

Il fut interrompu par Daehyun qu'ils virent sortir de sa chambre, portant son masque noir habituel.

- Toi aussi tu as été appelé ? fit Youngjae. Il se trame quelque chose. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Les mains dans les poches, Yongguk demeura silencieux, tandis que Daehyun semblait ne pas avoir réfléchi à la situation. Ils restèrent silencieux au milieu du couloir. Youngjae était plongé dans ses réflexions intérieures, imaginant tous les scénarios possibles.

- Ah vous voilà ! coupa une voix qui s'approchait d'eux à toute vitesse. Le Général vous attend !

- Mais enfin Jongup qu'est-ce qu'il se passe ?

Le jeune homme, subalterne du Général, semblait gêné, incapable de dire ce qu'il se tramait. Il se contenta de les accompagner au quartier général où Sunhwa les attendait à l'entrée du département de la sécurité intérieure. Elle tendit des documents aux trois officiers en prenant soin de ne pas regarder Daehyun.

- Maintenant entrez. Allez dans son bureau, le Gouverneur vous y rejoindra. Pas toi ! s'écria-t-elle à l'adresse de Jongup. Tu n'es pas invité.

- Mais pourquoi tu…

- A l'évidence tu n'es pas important, ricana-t-elle, MON Général a toute confiance en moi, et je…

- TON Général ? Je lui sers sûrement plus que toi, dit-il en souriant.

Himchan apparut à l'encadrement de la porte et regarda ses deux subalternes.

- Sunhwa tu restes ici, dit-il simplement. Continuez votre travail habituel. Jongup je te conseille d'aller dans la salle d'entrainement retrouver Zinger, tu en auras besoin.

- Mais mon Général… supplia Sunhwa.

- A tout à l'heure, ajouta-t-il en leur adressant un sourire lumineux.

- Oui mon Général ! s'exclamèrent les deux autres qui ne vivaient que pour voir un tel spectacle chaque jour.

- Je vais employer tous mes efforts à mon entrainement, dit Jongup. Mais même si c'est la suivante du Gouverneur, Zinger reste une combattante sévère. Je ne sais pas si je vais survivre jusqu'au repas.

- Si tu ne survis pas Himchan sera à moi seule, alors je vais dire à Zinger de ne pas te ménager ! répliqua Sunhwa avec un sourire machiavélique.

- Pas si j'arrive à la salle d'entrainement avant toi !

Et Jongup piqua un sprint jusqu'à l'étage en-dessous où divers combattants s'entrainaient au combat, des arts martiaux jusqu'au pilotage d'engins de précision. Zinger se trouvait au milieu du tapis d'entrainement, mettant à mal cinq soldats qui pourtant étaient bien entraînés. Elle n'était pas seulement la suivante de Hyosung, elle était aussi son garde du corps.

Dans le vaste bureau du général, Himchan tardait à expliquer la situation à Daehyun, Yongguk et Youngjae.

- Agent Daehyun, dit-il tandis que l'intéressé fit un pas en avant. J'ai une mission à te confier. Tu vas te rendre furtivement sur Shiro. Nous avons besoin d'informations sur leurs forces, leurs armes, leurs technologies, leurs techniques. Je veux aussi un rapport sur les mentalités, s'ils sont véritablement belliqueux ou si c'est juste une technique de chantage.

Le visage de chacun des trois officiers se décomposa aussitôt.

- C'est sérieux ? Une guerre se prépare ? intervint Youngjae.

- Ce n'est qu'une simple mesure de précaution mais le Gouverneur craint le pire.

- J'accepte la mission, ajouta Daehyun.

- Tu pars sur le champ.

Il s'inclina légèrement et tourna les talons pour se préparer à partir. Hyosung venait d'entrer dans le bureau. Il la salua et reprit son chemin.

- Soit prudent, dit-elle.

Elle alla s'asseoir à la grande table et tous les autres l'imitèrent. Ils jetèrent un coup d'œil sur les rapports préparés dans la nuit et Himchan prit la parole.

- Yongguk, qu'est-ce que tu peux me dire sur l'armée de Shiro ?

- Je sais qu'ils sont assez physiques, ils n'ont pas des techniques très évoluées mais ils ont le cuir épais.

- Le cuir épais ? répéta Hyosung.

- Ça veut dire que leur peau est plus résistante que la nôtre, continua Guk, et qu'il est difficile des les blesser avec une arme blanche. Ils sont aussi résistants aux coups. Cela dit nos armes de pointes restent mortelles, même pour eux.

- Et ils sont combien ?

- Facilement le double de nos propres forces, ajouta Youngjae qui pianotait frénétiquement sur un écran translucide. Mais à moins d'attendre le rapport de Daehyun, nous n'en savons pas plus.

- Je ne les connais pas bien, dit Himchan, mais c'est la planète la plus proche de Mato et on manque cruellement d'informations…

- Parce que tu ne fais pas ton travail, trancha Hyosung.

- Evidemment, j'allais me lever un matin et me dire « oh ! le Gouverneur est une faiblarde qui ne sera pas capable de régler les conflits avec Shiro, oh ! une guerre se prépare, je dois vite m'informer des forces ennemies », répliqua le Général en prenant une voix haut perché.

- Tu me dois le respect !

- Aucune idée de ce que c'est~

- De toute façon tu as toujours été un goujat qui n'a rien à faire à un tel poste !

- Ne me fais pas rire !

Yongguk et Youngjae observaient la joute verbale avec les yeux ronds. Hyosung et Himchan avaient l'air d'avoir totalement oublier leur présence. Yongguk frappa du poing sur la table et le bureau redevint silencieux.

- Oui donc, toussota Himchan, il ne reste plus qu'à attendre les informations de Daehyun. Quoiqu'il en soit, il faut nous tenir préparés, ça ne fera pas de mal à nos hommes de faire quelques mises au point.

- J'ai envoyé Zinger évaluer leur niveau, dit Hyosung.

- Jusqu'à ce que Yongguk la mette au tapis, hein Guk ?

- Ce n'est pas dans mes attributions de mettre une femme à terre pour ton bon plaisir.

- Moi je n'ai pas compris en quoi c'était essentiel pour Himchan de battre Zinger, murmura Youngjae dont les yeux n'avaient pas quitté l'écran qui lui servait pour tout et n'importe quoi mais dont lui seul savait comment l'utiliser.

- C'est de la fierté mal placée, nabot, répliqua Himchan.

- Toi ! s'écria Hyosung en se levant et en pointant son doigt vers le Général. Tu as intérêt à mener à bien ta mission de protéger Mato ou bien je ne donne pas cher de ta peau ! Tu es rustre et misogyne et j'ai juste envie de t'éjecter du palais avec un coup de pied au derrière. Dans la situation dans laquelle nous sommes nous ne pouvons pas nous permettre d'accepter tes bêtises. Au revoir messieurs. Je vais tenter de trouver une solution diplomatique à cette histoire. Fais attention KIM HIM CHAN !

Et elle sortit du bureau en claquant la porte. Youngjae rangea son écran digital dans un silence complètement gêné.

- Tu auras du mal à gérer cette gonzesse, dit Yongguk. Elle n'a pas l'air commode.

- Dans quelle galère je me suis mis encore. Adieu temps de paix où un Général pouvait flâner dans les rues de Mato en arborant fièrement son titre !

- Qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda le spécialiste des technologies au meilleur tueur de Mato, ignorant le soudain lyrisme du Général.

- J'ai quelque chose dont je dois m'occuper à l'abri de certains regards.

- Qu'est-ce que c'est ? fit Himchan d'une voix faussement naïve avec un grand sourire.

- C'est ce regard-là que je veux tenir loin de ce que je fais, répliqua Yongguk en regardant son Général d'un air noir.

- Vous vous rendez compte qu'autre part ailleurs je vous ferai pendre pour insubordination ?

Les deux officiers quittèrent la salle sans rien ajouter et Himchan se retrouva seul. Il haussa les épaules et se rappela des friandises qui l'attendaient dans sa chambre.