Salut mes gens !
Voici un nouvel OS écrit pour la Nuit du FoF du 5 février 2012 ! (Rappel : un thème = une heure = un OS.)
Fandom : The Top Secret (prions pour qu'une catégorie finisse par être créée pour cette géniale série...)
Disclaimer : tout appartient à Reiko Shimizu.
Thème : alerte
Note : ce tome prend en compte le début du tome 9... (mais pas la fin). Mais c'est pas un gros spoil, alors vous pouvez y aller.
Bonne lecture !
.oOo.
Au sein du labo n°9, il ne se passait pas un jour sans qu'Aoki ne s'inquiète pour son patron. Et le plus étrange, c'était que chaque jour, c'était pour une raison différente ; les fois où il retrouvait des chats morts éviscérés sur le pas de sa porte en guise de menace ; les fois où il reculait de sa voiture juste avant que celle-ci n'explose ; les fois où il avait tout à gérer et que tous les éléments se retournaient contre lui ; les fois où l'affaire Kainuma refaisait surface, et tous les malaises que ça entraînait ; et aussi les fois où, lorsqu'il se croyait à l'abri des regards, il posait ses coudes sur son bureau et enfouissait sa tête trop lourde de secrets dans ses mains.
Maki avait les yeux cernés et la peau pâle. Il ne devait pas dormir beaucoup, la nuit. Il était toujours en alerte, et son subalterne ne pouvait s'empêcher de se demander combien de temps il tiendrait avant que toutes les digues de sa stabilité mentale se fissurent. Le monde se déréglait tellement, autour d'eux – c'était juste logique que Maki en prenne le chemin, lui aussi. Sa façon de rester solide comme un roc alors que les eaux boueuses de leur boulot se déversaient autour de lui avait toujours forcé l'admiration d'Aoki.
Mais maintenant, il s'inquiétait.
- Directeur, il est déjà 22 heures, vous ne voulez pas rentrer chez vous ?
- Je n'ai pas fini, répondit laconiquement Maki.
- Je peux vous remplacer, si vous voulez ?
- Ah oui ? Tu peux classer ces papiers confidentiels, écrire cette requête au ministre de la communication et de la culture, signer ces autorisations de relaxe, rédiger cette lettre de remerciement à la famille qui nous a montré le cerveau de son fils, apostiller ces demandes de protection rapprochée ?
- Euh…
- Non, tu ne peux pas. Donc rentre chez toi.
Le ton sec de Maki ne perturba pas Aoki – après tout, il l'utilisait tout le temps, et encore plus ces derniers temps ; il avait fini par s'y habituer. Ce qui l'atteignait le plus, c'était plutôt le regard froid de son supérieur, quand il avait fait une bourde ou que… Enfin, même quand il n'avait rien fait, en fait. Un regard glacial de la part de Maki l'atteignait toujours en plein cœur.
- C'est pour vous, la demande de protection rapprochée ?
Maki leva enfin les yeux de son travail, et posa sur Aoki un regard voilé d'agacement, qui glissa sur le brun comme sur une peau de phoque.
- Je pense que c'est une bonne idée, reprit-il. Ces derniers temps, il vous arrive beaucoup trop d'incidents étranges.
- Tu parles de la voiture ? C'était un attentat, pas un incident.
- Euh, oui, bien sûr. Je ne voulais pas minimiser la chose.
Le regard de Maki retomba sur ses papiers, et avec lui la conversation, et Aoki étouffa un soupir. Il n'avait pas envie de partir et de laisser le directeur seul avec la chape d'idées noires qui flottait au dessus de lui comme un gros nuage orageux.
- Monsieur Maki, c'est pressé, ces papiers ?
- Pardon ?
- Vous ne pouvez pas les remplir demain ?
- Demain ?
Le directeur le fixait comme si c'était l'idée la plus incongrue au monde. Au nom du ciel, qui remettait les choses à demain quand on pouvait les faire le jour même ?
- Laissez vos papiers comme ça jusqu'à demain matin, et venez avec moi boire un verre. Si vous travaillez trop, vous allez finir par faire des erreurs.
Le regard perçant de Maki le cloua sur place, et il songea qu'il avait peut-être été un peu trop loin avec cette dernière phrase – mais qu'est-ce qui l'avait pris, bon sang ? Déjà, rien qu'émettre l'hypothèse qu'il puisse se tromper... c'était impossible, ça - pas quand il s'agissait de Maki. L'homme ne se trompait jamais. Et ensuite, se mettre à lui parler comme à un collègue – pire, comme à un pote. C'était son patron, bon sang.
Encore, si ce n'était que son patron… Il y avait des gens qui bossaient sous les ordres de personnes qu'ils n'aimaient ni ne détestaient, et ça ne se passait ni bien ni mal. Ça se passait, voilà. Il y avait aussi ceux qui faisaient ami-ami avec leur boss, et aussi ceux qui ne pouvaient pas le saquer. Aoki n'était dans aucun de ces trois cas. Il était loin de le détester, et il était encore plus loin d'être ami avec lui. Mais il lui vouait une admiration sans bornes, un respect illimité. Maki n'était pas juste son patron ; c'était LE monsieur Maki. Et même si sa déchéance devait l'entraîner jusqu'en Enfer, Aoki l'aurait suivi, parce qu'il croyait en lui plus qu'en n'importe qui d'autre…
Maki était le soleil de leur labo n°9, et naturellement, il évoluait en fonction de lui. Toute sa vie tournait autour de lui – il ne voyait que lui.
Et pourtant, il se rappelait de cette unique fois où le directeur avait débarqué dans le bar où lui et ses collègues étaient rassemblés. Ce soir-là, Aoki le voyait pour la première fois dans ses habits de ville, et il réalisait qu'il ne connaissait que le monsieur Maki du boulot, et qu'il ignorait tout de celui qu'il était dans sa vie privée.
Et ça ne suffisait pas. Il voulait le connaître – tout savoir de lui, jusqu'au plus noir de ses secrets, jusqu'à la plus effrayante de ses peurs. Il voulait savoir de quoi il rêvait la nuit et ce qui pouvait bien passer dans ce cerveau le jour. Il était curieux.
- Bon, soupira Maki en repoussant ses papiers. Pourquoi pas, après tout.
Sous les yeux stupéfaits d'Aoki, il referma ses chemises et ses dossiers, les rangea dans un placard qu'il referma à clé derrière lui, et dont il glissa la clé autour de son cou, et se tourna vers Aoki.
- Pourquoi tu restes planté là ? C'est toi qui m'as invité, non ?
- Ah euh… Oui !
Ça alors. Ça montrait bien à quel point il ne le connaissait pas ; dans son esprit, c'était déjà sûr à 99% que Maki allait refuser, et finalement, c'était tombé sur le dernier pourcent restant.
- Les autres sont déjà partis ?
- Euh, oui. Il est déjà tard, vous savez.
Sans réponse, Maki enfila son manteau noir, et jeta un regard suspicieux sur Aoki, qui l'observait sans rien dire.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Oh euh, non, rien…
Les joues rouges, il détourna la tête pour échapper au regard d'aigle de Maki. Le directeur avait le don de lire en lui comme un livre ouvert, mais il espérait que le fait qu'il trouve que son manteau noir lui allait bien resterait caché dans ses pensées encore un peu de temps.
Le directeur verrouilla attentivement chaque porte derrière eux, et enclencha l'alarme sous le regard attentif d'Aoki – c'est vrai, Maki était un homme de précaution. C'était d'ailleurs ce qui lui valait d'être encore en vie alors que sa voiture avait explosé peu de temps avant.
- La préfecture de police vous laisse sortir sans surveillance ?
- Je ne suis pas un gosse, rétorqua Maki d'une voix sèche. Une garde rapprochée sera mise en place demain.
- Malgré le fait que vous n'ayez pas encore apostillé les papiers ?
Aoki se sentit brusquement coupable – quand il avait invité Maki à boire un verre, ce n'était certainement pas pour éloigner le jour où il pourrait bénéficier de gardes du corps. Il eut subitement très envie d'y retourner, histoire d'appliquer cette fichue apostille, mais Maki avait déjà refermé toutes les portes derrière lui.
- Celle de tout à l'heure, ce n'était pas pour moi, répondit simplement Maki, en lui enlevant d'un coup toutes ses craintes. La mienne sera là demain, quoi qu'il arrive.
Ça n'avait pas vraiment l'air de lui faire plaisir, constata Aoki. Quoi qu'il en soit, tant que la garde n'était pas là, il faudrait qu'il fasse très attention, et qu'il veille sur son directeur comme sur la prunelle de ses yeux…
- Stop !
La voix claquante de Maki le fit sursauter. Ils étaient sur le parking, et Aoki se figea, à un mètre de sa voiture.
- Recule toi.
Pendant que son subalterne revenait de quelques pas en arrière, Maki observa avec attention les alentours de la voiture – traces de pas et autres éléments suspects. La chef de la préfecture de police lui avait donné un boîtier détecteur de bombes, mais Maki se fiait plus à son sens de l'observation qu'à une vulgaire machine.
Par souci de sécurité, cependant, il cumula les deux pour passer la voiture d'Aoki au peigne fin.
- C'est bon.
- Vous pensez que quelqu'un mettrait une bombe sous ma voiture ?
- Je pense que le quelqu'un qui a mis cette bombe sous la mienne doit sans doute savoir que je n'ai plus de quoi me déplacer, et qu'en conséquence, ce sont mes hommes qui passent me prendre chez moi et me déposent ; donc oui, il se peut très bien qu'ils posent une bombe sous ta voiture, Aoki.
Un homme normal se serait peut-être effrayé à cet énoncé, et aurait craint pour sa vie – mais la perturbation qui naissait dans le cerveau d'Aoki était de nature très différente.
- On vient vous chercher pour venir au labo n°9 ? Qui ça ?
- Okabe. Je pourrais prendre le métro, mais la préfecture a jugé que c'était trop dangereux et que ça impliquerait trop de monde.
- Mais alors, si j'étais parti ce soir, comment vous seriez rentré ?
- J'aurais appelé Okabe. De toute façon, je ne t'aurais pas laissé partir avant d'avoir vérifié ta voiture.
Bien sûr, c'était le lot d'un patron de faire en sorte que ses employés rentrent chez eux sains et saufs, mais Aoki ne put s'empêcher de sentir ses joues brûler, priant de toutes ses forces que ça ne se voie pas dans la pénombre de la voiture. Si Maki le remarqua, en tout cas – et il y avait bien peu de choses que cet homme ne remarquait pas – il n'en dit rien. Il se contenta de poser sa tête sur le dossier du siège et de fermer les yeux. N'eut été la fatigue de ces traits tirés, on aurait vraiment dit un adolescent – Aoki devait se faire violence pour garder les yeux sur la route, et ne pas profiter du relâchement de son patron pour l'observer.
- Directeur Maki, vous pensez que l'attentat de la bombe pourrait être lié d'une façon ou d'une autre à Kainuma ?
Aucune réponse ne lui parvint, et lorsque Aoki lui jeta un coup d'œil, il constata avec stupeur que Maki s'était endormi. Pas étonnant, en même temps ; il lui manquait beaucoup trop d'heures de sommeil. Alors il prit la route du domicile de son directeur, histoire de le déposer chez lui, mais il n'était pas encore à mi-chemin qu'il avait déjà changé d'avis. Il y avait souvent beaucoup trop de mauvaises surprises qui attendaient sur le pas de la porte de son patron, et Maki méritait bien un peu de tranquillité, au moins cette nuit.
Le directeur ne se réveilla pas lorsqu'il arrêta le véhicule devant son propre appartement, pas plus que lorsqu'il le transporta depuis le siège passager jusqu'à son canapé. Il devait être vraiment à bout de forces, songea Aoki.
Eh bien, c'était parfait ; pour une fois, les rôles seraient échangés. Juste pour cette nuit, Maki serait celui qui serait protégé, et Aoki resterait assis à côté de lui, à l'affût de chaque petite chose qui sortirait de l'ordinaire. Sur le qui-vive.
Assis à côté du directeur, il observa ses traits qui se détendaient dans son sommeil, et il songea qu'il aurait bien voulu que Maki n'ait plus à être constamment en alerte.
Mais c'était sans doute trop demander, avec un boulot comme le leur...
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Et voilà mes choupinets, j'espère que l'histoire vous a plu ! Mobilisons nous pour l'ouverture d'une section The Top Secret sur ce site ! \o/
Bref, à la prochaine ! :3
