Coucou lecteurs,
Voici une petite histoire sans prétention, sans grande aventure, parfois en rimes, souvent entre le rêve et la réalité comme un poème. C'est le temps d'une soirée, le moment où deux êtres décident en dépit du mauvais temps, en dépit de la guerre, des cris et de l'impossible d'être deux, de fêter leur 14ème année de rencontre. Severus a 35ans, sa petite étoile 22, c'est le début de la cinquième année à Poudlard. Leur relation pourra surprendre, leur complicité interloquer, mais comme juste précisé, cela fait 14ans qu'ils se connaissent, forcément que leur comportement peut se montrer différent de ce qu'ils sont habituellement avec le reste du monde. En dépit de tout cela, ils restent eux d'eux, solitaires, distants, pas de mots d'amour pour eux, mais deux corps qui parlent de mots qui n'existent pas.
Avertissement: Cette histoire est terminée, 30000 mots environ, je publierai donc 10/11 chapitres , à raison d'1 chapitre par semaine.
Bonne lecture !
Ah et j'ai reclassé en T. Car oui, il y a du lime, du lemon mais aujourd'hui une personne de 16 ans a déjà lu et vu pire.
Deux étoiles sont tombées sur la Terre. Solitaires, elles ont cueilli l'éphémère.
Tout le ciel de son chant le plus sacré, s'illumine pour conter ces deux étoiles.
Aussi adorées et jalousées des dieux, difficile est leur survie.
Ténèbres, leur allié, l'exil, privilégié ; ce jour marque l'instant des retrouvailles.
Au pays d'Anonyme, deux cœurs à n'être qu'un, s'accordent la trêve d'être deux.
Deux âmes à n'être qu'une, s'unissent au milieu de la nuit.
Deux corps, enlacés, entrelacés, complets d'éternité.
Au pays d'Anonyme, la Lune a rencontré Soleil,
Au pays d'Anonyme, un Serpent a mué Soleil,
Dans le Ciel et sur Terre, un Serpent a mordu la lune, l'entier ciel chante cette prière :
Un serpent a mordu la lune ?
Non, un serpent a mordu Sa Lune… Qu'ils soient bénis, ici et maintenant !
Desiderare, un Serpent a mordu la Lune.
UN SERPENT A MORDU LA LUNE
PARTIE 1:
Le monde se bouscule sur la Terre. Bientôt, un pas et c'est l'entier univers qui tremblera pour se détruire. Que soit remerciée ta Lune. La mémoire n'effacera jamais le jour symbolique et réservé de nous deux. Que l'obscurité soit l'éternelle alliée de notre évasion, éphémère mais si envieuse de tout. Je partirai à l'heure de ton accord, l'endroit de notre destinée visite s'impatiente.
Desiderare… (1)
S.S.
XxXxXxXxXx
Un papillon volage et surprenant est venu se poser sur mon épaule à une heure où Morphée tombait sur la Terre. Déballé le ruban discret enroulée sur l'aile, le sourire ne me quitte plus.
Que la Lune soit complice de nos désirées retrouvailles. Quand le ciel sonnera la première étoile, j'attendrai sur notre terre d'exil. Que le vent nous emporte à deux jusqu'au lieu des célébrations.
Tu me manques déjà…
Y.
XxXxXxXxXx
13 Novembre 1995.
Au pays d'Anonyme, au carrefour des mondes, visibles et invisibles, une jeune femme patientait, s'impatientait. Assise haute, sur un énorme rocher culminant à plus de trois mètres, -vieux et témoin silencieux de toutes ses correspondances - elle contemplait la lune. Décroissant récent, lumière suprême au milieu des étoiles, l'astre de nuit gouvernait en grand. D'une étrange connexion, se reflétant tamisé et discret dans l'eau du lac, il prodiguait l'aura d'union sur la Terre. Tout l'univers paraissait réuni. Sages et sacrés, tous les dieux avaient quitté leur royaume céleste et disparu, veillant en secret sur le rêvé rendez-vous. Tant espéré fut ce revoir, tant imaginé et convoité des jours durant, des semaines, des mois…oublié dormir, repoussé Morphée et son entêtement farouche de victoire personne n'avait le droit de perturber cet instant. Enchantés et enchanteurs, magiciens et rois, humains ou fantastiques, ils étaient proscrits, interdits, damnés d'avance. Et, malheur éternel pour celui ou celle qui oserait braver le tabou récusé d'un sang plus béni que tous les anges.
Penchée en arrière, les mains en appui, le visage féminin plongeait dans les hauteurs du Ciel, savourant le vent froid de l'hiver cajoleur et séduit de faire l'amour alentour. Eole s'amusait à balayer l'herbe mouillée, à réveiller la faune, sifflant et souffletant aux oreilles les plus sensibles. Il valsait la flore proche d'hibernation, ébouriffant d'une bise impertinente tous les pétales, et d'un battement d'ailes, il cueillait les belles couronnes toutes en couleurs des rois de la forêt.
Il faisait si froid ce soir, d'un froid à clore toutes les portes, les fenêtres et se terrer devant le feu d'une cheminée. Pourtant, l'intempérie la plus polaire pouvait frapper dans toutes les directions et s'abattre d'affolement, rien n'altérerait l'acte des retrouvailles.
Fixée d'intensité sur un point précis dans l'horizon, la jeune femme attendait la cloche lumière, le berger infini guide dans les Ténèbres. Le signal choisi pour décider l'heure de rencontre, chaque seconde devenait pire qu'éternité, elle exultait, le cœur suspendu. La peur au ventre secouait l'angoisse illusoire tenaillant l'esprit. Si son correspondant, consigné, était contraint d'une direction menant vers le tombeau macabre, la mort pouvait l'emporter, ici, maintenant, son âme en éclats à jamais sans rebâtir.
Au grain de sable identique, à l'abri de l'unique chêne sessile surplombant l'espace, un homme apparut. Habituellement imperturbable, légende impassible, il était remonté, un feu incandescent plein les veines. Une infâme créature pomponnée d'une couleur des pires inqualifiables l'avait barré toute la journée. Empêché le bon déroulement de sa quotidienne, la chose l'avait surveillé, analysé, décortiqué devant témoins stupides et moqueurs, quand le pistant jusqu'à la limite impénétrable de ses quartiers, ce nuisible avait eu l'audace outrecuidante d'empêcher presque son échappée.
Ce n'était que de bravoure obsédée de paraître indifférent aux yeux monde que le sort de mort n'avait pas fusé durant l'altercation. Ici, cependant, il pouvait tomber le masque, s'échauffer en liberté des feux les plus animés, personne ne méjugerait. Ni même le spectacle qui le défiait et qui dans l'absolu n'arrangea rien.
Le regard porté sur le dessin en bas, il s'accorda le temps d'observation. La main accrochée sur l'écorce de l'arbre, le pas retenu, il espionna l'expectative tête à tête solitaire au milieu du monde. Une capuche pour coiffure, simple blouson gris, et zippé jusqu'au col, un jean fin cintré gris, des bottines du même gris, sa connaissance était l'égale d'elle-même, nonchalante et parfaitement certaine de pouvoir affronter tous les négatifs. Et, si occupée à errer vers des altitudes infranchissables. Le feu devint lave. Avide d'expulser la dépression qui l'envahissait, l'homme lâcha prise, déferlant de tempête orageuse tout autour.
- Juste à l'heure, s'éleva la voix objet d'attention, et presciente du mauvais temps qui venait la frapper, telle foudre fendant la terre.
L'étoile polaire venait renaître à côté de la lune, l'heure du rendez-vous était sonnée.
- Non, je suis d'avance légère, contredit l'homme mal aimable. Il vérifia la stabilité entière de ses jambes, plusieurs fois il tapota du pied gauche sur le sol, lorsque suffisamment assuré que tout se maintenait, il avança, gagnant l'insouciante.
»Descends de là tout de suite, ordonna-t-il de ce ton capable d'épouvanter un fantôme. Tu vas attraper la mort.
- La mort ne s'attrape pas, riposta la femme tranquille. Elle frappe toute seule.
Elle n'osa pas bouger, transposée d'immobilisme dès la première syllabe énoncée via cette voix reconnaissable entre toutes. Un mot, un seul, elle était guérie, soulagée, l'alarme mise au placard.
»Et, je suis bien ici, c'est comme régner sur Ciel et Terre en même temps.
- Que m'importe ton règne des nuages ou de la boue, j'ai dit : descends.
Il s'excitait. Malentendu l'indifférence exprimée au dessus, le visage perpétuellement en adoration devant la lune, la lave surchauffa. Il détestait l'obsession inabordable qu'elle consignait dans cet astre menaçant la déporter, elle, jusqu'au fin fond d'inapprochable.
»Descends !
et Aborde-moi, ajouta-t-il pour lui seul.
Elle n'obéit pas. Virée à droite, elle prit son courage à deux mains et l'explora. Même, dans le noir le plus noir, elle aurait pu jurer entrevoir l'exactitude dans le regard noir et pénétrant. Dense et magistral, il émanait de lui le plus grand respect, l'inaccessible. Son cœur tapa sa percussion.
- Tu me veux radoteur ? s'exalta l'invité, répudiant l'insoumise. Descends ! Et, par le Ciel, quelle idée sincère que la tenue qui te compose aujourd'hui.
- Ma tenue ? s'étonna la femme perplexe. Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Il va qu'elle s'insuffit aux degrés catastrophiques qui défaillent sur la Terre depuis des jours. Il gèle, pour ton bon souvenir, alors tu vas me faire le plaisir de quitter ton piédestal, et tout de suite !
- Je n'ai pas froid.
- Yenyeli ! scanda-t-il haut et fort.
- Oui, Severus…
- Suffit, Obéis !
Il s'insupportait de sa monomanie résistante de tout, même dans son tort. Pas froid ? Il connaissait ce discours comme un poème. Or, à chaque récitation, le sermon du dernier vers l'avait déclaré vainqueur. Plusieurs fois, préjugeant sa sensibilité au froid, elle s'était retrouvée proche de mort. L'imbécile !
» Yenyeli, répéta-t-il pour se faire entendre. Ma patience s'esbroufe depuis bien avant que le Soleil se couche, alors s'il te plaît, épargne-moi ce soir.
- Qui ? demanda prompte l'interpellée vive d'esprit après l'aveu inavoué.
- Qui, quoi ?
Elle modifia sa position, de façon à balancer les jambes dans le vide, buste en avant, elle le confronta.
- Même scellée mon entière barrière, indiqua-t-elle sérieuse inattendue. Je ressentirai ta colère jusqu'à des kilomètres, alors je réitère : Qui t'as mis dans cet état ?
Les yeux dans les yeux, le Professeur décrypta le souci exprimé inconsciemment au travers cette voix qui savait se teinter de tant de nuances. Elle était déjà prête à mordre celui ou celle ayant provoqué d'affront certain, le volume si ardent bouillant dans sa tête. Il assentit, répondant à la question sans détour.
- Un abject crapaud tout orné de rose et de poils angoras.
Une réponse qui noya le souci pour peindre l'étonnement.
- Un Crapaud ? copia Yenyeli, songeuse. Il y a des crapauds à Poudlard ? Sa tête ballota vers la droite, fouillant le problème nouveau que lui présentait Severus.
- Ordonné du ministère oui, et par Salazar, je n'ai jamais jugé nouvelle mesure plus stupide et inutile de toute ma vie. Elle espionne nos méthodes de travail dans l'idée surexcitée de blâmer tous les choix du directeur. Elle fomente en secret le poste de Dumbledore.
- Le ministère veut couronner un crapaud à Poudlard ? Quel drôle d'idée.
- Drôlesque et burlesque si tu veux mon avis, dégrada-t-il de mauvais verbe. Elle a même failli me retenir te manquer ce soir.
- Mais tu es là, renvoya Yenyeli pour mettre court à cette discourtoise discussion. Je suis là, nous deux ici…
Une brise s'interposa, marquant naturellement le moment solennel. Perdus l'un dans l'autre, les deux cœurs solitaires se recomposèrent, ré-apprivoisant la sensation étrange et bienveillante d'être deux quand la vie s'acharne partout à imprimer le chiffre un.
»Tu m'as manquée Severus.
Tout était dit, résumé, c'était suffisant.
Heureuse, elle lui dessina son plus beau sourire, puis du pied, elle s'élança, abandonnant enfin sa dominance. L'atterrissage fut périlleux pire que présagé. Des feuilles, emmagasinées, tassées d'humidité depuis le début de l'automne trahirent l'équilibre mesuré de la jeune femme, et c'est sur les fesses, qu'elle regagna la terre ferme.
- Que Salazar soit remercié, se félicita Severus, rictus aux lèvres, de cette satisfaction éprouvée quand tout à coup le monde vous donne raison. Il m'est complice ce soir.
- Ce soir comme tous les soirs, accentua Yenyeli sans prendre ombrage de la moquerie et massant son postérieur peu douloureux. Il est ton complice tout le temps, ce n'est pas nouveau. Hum… moelleuse la vue d'ici.
- Donne, orchestra-t-il calme en lui tendant la main. La distraction avait suffi à submerger l'obstiné volcan qui l'habitait depuis des heures. Elle était son miracle personnel capable en une fraction seconde l'anesthésier. Elle était le soleil au milieu de la nuit. La lune aux premières lueurs du jour, il révéla la réciproque.
»Toi aussi, tu m'as manqué.
Yenyeli plongea dans la mer noire. Inabordable mais si attentionnée dans sa vie. Infiniment, il était celui qui la secoure et lui offre l'intérêt sur terre. Plus souriante que jamais, elle rendit le geste, obéissante et conciliante. A peine effleuré les doigts, la chaleur la pénétra partout. D'un feu qu'on ne veut surtout pas voir mourir.
Debout, droite, à deux pas d'envahir sans complexe le périmètre du Maître des cachots, elle se concorda enfin le temps du détail. Plus de trois mois qu'ils ne s'étaient pas vus. La situation du monde détournait les visites autrefois courantes, hebdomadaires, pour favoriser l'exceptionnelle. Un véritable sursis. Même, les lettres s'espaçaient de lenteur irrespirable.
Les cheveux bruns, plus longs de quelques centimètres, il n'avait au reste absolument pas changé. A l'excepté extraordinaire de l'uniforme nouvellement vêtu. Manteau noir ¾ rehaussé de poches prestiges et paradé de boutons aussi habituellement nombreux, sous lequel transparaissait le col d'une chemise blanche écharpe noire en laine nouée d'une boucle pantalon noir droit cintré, ajusté des hanches aux pieds et à l'ourlet obséquieux d'autres boutons chaussures tout de cuir noir au bout carré l'allure générale n'exprimait rien du sorcier.
Tout en restant lui, élégant et discret.
La cape quant à elle, délaissée aux cachots.
Il transpirait l'homme au masculin, un régal pour les yeux curieux de Yenyeli qui le redécouvrait. Bien qu'en toute intimité, elle l'avait déjà détaillé de contentement comparable très souvent.
- Notre destination est Moldue, exprima-t-elle, terminé son introspection et notifié qu'un tel habit n'était pas d'inspiration par simple vice de contentement.
- Pour notre sécurité, c'est préférable, confirma Severus d'un pas en avant. D'ailleurs, si tu consens au départ, il est temps.
Elle fit l'autre pas et proches, se respirant l'un l'autre dans la froideur de la nuit, le temps parut s'immortaliser. Réchauffés, expirant du même rythme, buée chaude et vaporeuse entremêlée, ils fusionnèrent à n'être qu'un. Ils n'étaient qu'un.
- Je suis prête, déclara après un moment Yenyeli, au bord d'effacer l'étape suivante pour profiter ici et maintenant de cet homme engageant et de prodige, si accueillant pour elle. Exclusivement pour elle, elle le priait.
»Un dernier détail cependant m'obsède : Quel genre de Potion peut bien s'alimenter en bave de crapaud ?
Severus s'égaya, magiquement étourdi par l'humour dont savait jouer d'opportunité bien avisée son ancienne élève.
- De ces potions qui empoisonnent, attesta-t-il, en se prêtant au jeu et coulant l'une de ses mains sur la taille féminine pour se coller contre son corps. Il approcha son visage, son front marié au sien, inondant deux billes rouges de ses ténèbres, ils se dévorèrent l'un l'autre.
»De celles toxiques et mortelles, alors surtout n'y touche pas.
Sans autre mot, il les transplana.
Deux rires complices s'envolèrent dans le silence de la nuit. Dévalant les étoiles, auditoire de lumière. Les bougies du Ciel brillaient pour célébrer la rencontre sur Terre de la lune ayant rencontré son soleil. Quatorze ans, aujourd'hui, que leur destinée s'était croisée pour la toute première fois.
Quand deux chemins naviguent à n'être qu'un, il n'y a plus deux chemins, mais un infini voyage au-delà des mystères. Destinées, destin, ils sont deux cœurs à n'être qu'un.
A suivre !
(1) Signifie regretter l'absence de l'astre en latin.
SssnappeD++
