Dance with a Vampire
Personnages : Gilbert Beilschmidt et pleins d'autres ;) Et ils ne m'appartiennent pas...
Rating : M pour plusieurs raisons
Résumé : Je ne pouvais voir que ses profonds yeux rouges lorsque j'entendis sa voix à l'accent moqueur me susurrer à l'oreille : « Pourquoi je t'épargnerais ? » et je sentis sa stupeur lorsque je répondis : « Parce que je suis différente des autres ».
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Ma mère m'avait souvent dit de ne pas traîner seule dans les rues la nuit, seulement je n'obéis que rarement aux conseils qu'on me donne. Esprit de contrariété je suppose… Cependant je n'aurais jamais pensé vivre ce genre de situation bizarre et plus ou moins surréaliste. Un homme m'avait attrapé par le bras pour me cacher dans une ruelle et je ne voyais rien pour me défendre. En fait je ne pouvais voir que ses profonds yeux rouges et sentir ses cheveux me chatouiller la joue, prenant une inspiration je lui demandais alors de ne pas me faire de mal mais je n'entendis que sa voix à l'accent moqueur me susurrer à l'oreille : « Pourquoi je t'épargnerais ? » son sourire orné de longues canines me donna des frissons mais je sentis sa stupeur lorsque je lui répondis : « Parce que je suis différente des autres. »
Suite à ma réponse il m'avait observé quelques minutes en silence, penchant la tête comme un chat ou un oiseau le ferait avant de sourire à nouveau. Sans que je comprenne comment je m'étais réveillée dans une chambre inconnue mais plutôt coquette et cet homme était là aussi. Il était assit sur un fauteuil, lisant un livre en ayant les jambes croisées avec classe. Je m'assis aussi. Je me sentais bien tout en me demandant pourquoi je ne paniquais pas ni ne cherchait à m'enfuir. Je sursautais en entendant un rire discret et je croisais à nouveaux ces deux yeux rouges. L'homme se mit à parler, d'une voix calme mais qui contenait toujours cet accent amusé sous jacent :
« Ainsi jeune Alice, tu es différente des autres. Je dois dire que tu m'as intrigué.
- Vous savez mon prénom, sans doute allez-vous me dire le votre ?
- Gilbert, gente dame.
- Pourquoi je n'ai pas envie de partir d'ici Gilbert ? »
Il eut de nouveau son sourire en coin, celui qui dévoilait ses canines avant de me répondre de sa voix légèrement traînante.
« Parce que je n'ai pas envie que tu partes.
- Vous me contrôlez ?
- Non, Alice. Je t'influence un peu, c'est tout.
- Qui êtes-vous ? Ou qu'est-ce que vous êtes au juste ?
- Belle est intelligente en plus, exquise jeune fille.
- Merci. Mais vous n'avez pas répondu à ma question. »
De nouveau ce rire, discret comme s'il ne riait pas vraiment en fait. Pourtant j'imaginais bien cet homme rire bruyamment mais apparemment non. Il décroisa ses jambes puis se leva, me fixant sans un mot. Je l'observais aussi, attendant un geste ou un mot de sa part lorsqu'il s'approcha jusqu'à s'asseoir sur le lit près, trop près, de moi. Ses doigts me caressèrent la joue avant de passer sous mon menton afin de me relever le visage.
« Chère Alice, je suis un vampire. Un vrai évidemment et non je ne brille pas au soleil, pas plus que je ne brûle d'ailleurs.
- Il faisait nuit lorsque vous êtes venu à moi.
- En effet. La nuit est tellement plus intéressante que le jour, tu ne trouves pas ?
- Je ne sais pas, je vis la journée.
- J'ai répondu à ta question, vas-tu répondre à la mienne ? »
De nouveau je ne pu m'empêcher d'être absorbée par ses iris au couleurs changeantes, ce n'était pas un rouge uni mais plusieurs nuances liées les unes aux autres. Je fermais les paupières une minute, sachant qu'il attendait une réponse, avant de les rouvrir et de lui répondre.
« Oui.
- Wunderbar. Pourquoi serais-tu différente des autres ?
- Je le suis, c'est tout. Vous vous en êtes déjà aperçu non ?
- Peut-être. Bien, je vais te garder avec moi, je manque de compagnie parfois. »
Gilbert se leva, sa main glissant sur ma peau au passage, et alla tranquillement vers la porte qu'il ouvrit et juste avant de sortir il me souhaita une bonne nuit. Sans savoir pourquoi de nouveau je m'assoupis et ce jusqu'au matin.
En me réveillant, je fus agréablement surprise de voir un plateau petit-déjeuner de poser sur la table de nuit et des vêtements propres de poser sur le fauteuil là où mon hôte se tenait assit pendant la nuit. D'abord un peu hésitante je dégustais avec plaisir un thé Earl Grey réalisé avec perfection ainsi que quelque gâteaux. Je me levais ensuite pour prendre les habits, une ample robe bleue avec un pardessus en dentelle blanc, un peu comme un tablier. Il y avait également un ruban rouge ainsi que deux noirs. Perplexe, je regardais le reste, des bas noirs et de jolies chaussures bleues. Haussant les épaules je m'habillais après un rapide passage par la salle de bain, cependant j'eu une hésitation concernant les deux rubans noirs, j'avais noué le rouge autour de mon cou et c'est à ce moment que mon hôte se décida à se montrer.
« Ces rubans sont à ta disposition pour attacher tes cheveux.
- Vous essayez de me faire ressembler à Alice au Pays des Merveilles ?
- Nein. Mais ça pourrait être amusant et dans ce cas qui serais-je ?
- J'hésite entre le Chat du Cheshire et le Chapelier fou. »
De nouveau il se mit à rire avant de disparaître dans l'encadrement de la porte, la laissant grande ouverte. Après plusieurs essais, je me décidais à attacher mes cheveux en deux couettes puis je sortis à la recherche dudit vampire. Je n'avais toujours pas eu la preuve de sa nature, son physique atypique pouvait être juste génétique, les albinos existent, ou juste modifié. Idem pour les canines. Après plusieurs minutes de recherches je le trouvais finalement, assit sur un fauteuil et plongé dans un livre. Je m'approchais en silence mais son sourire en coin m'indiqua qu'il m'avait entendu malgré tout. Je soupirais doucement puis m'assit face à lui.
« Je veux que vous prouviez votre nature.
- Fort bien.
- C'est là votre réponse Gilbert ? Aucune hésitation ?
- Warum ? Je suis ce que je suis.
- C'est quoi la langue que vous utilisez parfois ?
- De l'allemand.
- Et moi qui pensais que les vampires venaient de Roumanie.
- On en trouve beaucoup en Hongrie également.
- Vraiment ? Dans ce cas êtes-vous un hongrois parlant l'allemand couramment ?
- C'est plus simple que ça.
- Vous êtes allemand donc ?
- Nein. Mais j'ai longtemps vécu en Allemagne.
- Autrichien ou bien suisse ? »
Il était clairement amusé par mon interrogatoire, semblant persuadé que je ne trouverais pas la réponse mais j'étais certaine d'y arriver d'une manière ou d'une autre. Gilbert se concentra à nouveau sur son livre, j'essayais de comprendre le titre écrit en ce que je supposais être de l'allemand sans y parvenir. Je soupirais encore puis croisais les bras et observais la pièce à la recherche s'un indice quelconque. Pourtant mon regard se posa à nouveau sur mon hôte. Ses cheveux étaient réellement blancs avec quelques reflets gris, non, argentés. Un effet de teinture ou naturel de la lumière ? Je ne saurais le dire. Ceux-ci étaient en bataille et avaient l'air plutôt longs sans toutefois descendrent plus bas que sa nuque. D'ailleurs sa peau aussi était blanche mais si Gilbert est un véritable albinos ce n'est pas étonnant. La chose la plus remarquable sur son physique est sans doute ses yeux. Rouges certes mais pas unis, non, il y a le vermillon, le vermeil, le sang, le pourpre, le rubis. Tout cela ensemble. Je m'attardais sur sa stature, pas très grand ni extrêmement musclé de ce que je vois mais il ne me semble pas filiforme pour autant. J'arrêtais là mon inspection de sa personne pour me consacrer à nouveau à la pièce où nous sommes. Il n' y a pas grand-chose à voir en fait à part des livres et quelques tableaux pourtant un en particulier attira mon attention. Je me levais donc pour m'en approcher, je sentis sans même me tourner le regard rouge me suivre mais j'en fis abstraction et m'arrêtais devant le portrait.
Il représentait une femme, très belle d'ailleurs, et était entouré d'un superbe cadre ouvragé avec soin. De suite je su que cette femme était importante pour Gilbert, j'en étais absolument convaincue. Je levais mes yeux pour rencontrer ceux du portrait, ils étaient d'un vert vibrant, magnifique. J'avais également les yeux verts mais pas comme ça, les siens me semblaient infiniment plus beaux. Cette femme avait un doux sourire, comme si elle regardait tendrement l'artiste qui couchait son image sur la toile pour l'éternité. Je sentis plus que je n'entendis Gilbert se lever et s'approcher puis de s'arrêter juste derrière moi, frôlant mon dos. Je n'y fis pas attention plus longtemps, suivant des yeux les boucles de cheveux d'un chaud miel ambré. Elle semblait avoir de très longs cheveux. Je remarquais ensuite que les fleurs piquées dans sa chevelure, lui donnait l'air plus juvénile bien qu'elle ne sembla pas avoir plus de la vingtaine. Qui était-elle ?
« Elle s'appelle Elizavetta. »
Surprise pas la voix, je me retournais et regardais mon hôte, soi-disant vampire.
« Pardon ?
- Elle s'appelle Elizavetta et elle est hongroise.
- Elle… elle est toujours vivante ?
- En effet. Comment tu la trouves ?
- Très belle. Magnifique en fait.
- Elle serait ravie de l'entendre mais beaucoup moins de savoir que j'ai gardé ce tableau.
- Pourtant il est très bien. C'est rare de nos jours de faire peindre son portrait.
- Il ne date pas de nos jours. »
Cette réponse me laissa perplexe quelques minutes je dois bien l'avouer mais je me repris et lui adressa un sourire moqueur.
« Evidemment. Comme tout bon vampire qui se respecte, vous êtes vieux de plusieurs centaines d'années.
- Plus ou moins oui. L'une des rares choses qui ne soient pas fausses à notre sujet. J'espère que tu as oublié l'ail, les croix et l'eau bénite ?
- Oui. J'ai toujours trouvé ce concept ridicule, la seule chose que l'ail tue c'est l'haleine et potentiellement un rendez-vous amoureux. »
Il y eu un instant de silence avant qu'il n'éclate de rire, un vrai rire joyeux. J'en fus stupéfaite et je me surpris à sourire à l'écoute de ce son. Je voulais qu'il rie ainsi plus souvent, vraiment. Mais ce rire, et notre intimité, fut rompus par l'entrée d'un jeune homme blond et visiblement timide. Il s'approcha à pas feutrés et murmura un quelconque secret à l'oreille de Gilbert. Celui-ci sourit mais ce n'était pas joyeux, plutôt lassé voir triste.
« Chère Alice je vais devoir te laisser. Je me dois d'être avec ce charmant garçon qui se nomme au passage Matthew.
- Et pourquoi vous ne restez pas ici ?
- Je vais me restaurer. Je ne pense pas que tu veuilles voir.
- Ca sera une preuve de votre nature non ?
- En effet mais ça sera bien gênant pour notre jeune ami. »
C'est vrai que le dénommé Matthew était rouge pivoine et se dandinait d'un pied sur l'autre. De quelle façon Gilbert se restaurait-il avec lui.. ? Soudain j'eu une solution et je rougis aussi. Ledit vampire nous regardait l'un et l'autre et son sourire las devint plus tendre, un peu comme une personne âgée qui regarderait avec tendresse deux jeunes enfants. Finalement Gilbert avança et s'assit sur le fauteuil, le jeune homme le rejoignit et s'installa sur les genoux de mon hôte, ses jambes lui encadrant la taille. Gilbert lui enleva délicatement ses lunettes puis lui caressa les joues avec douceur. J'avais l'impression d'être de trop, tout les deux ressemblaient fortement à des amoureux… Tout en les regardant, je me disais que ce Matthew était vraiment mignon avec ses boucles blondes et ses yeux lavande. Je sursautais avant de rougir en voyant que Gilbert léchait le cou de l'autre et il le mordit. Réellement. J'étais surprise de voir le sang couler le long du cou de Matthew pourtant celui-ci semblait heureux voir… extatique. Pourtant une morsure de cette profondeur est censée faire mal. J'en suis certaine. Je rougis encore plus lorsque je croisais le regard de mon hôte, celui-ci me fixait alors même qu'il buvait le sang d'un autre. Finalement il lâcha sa prise et passa sa langue sur la peau, la nettoyant de toutes traces. Matthew s'affala contre lui avec un soupire de contentement ce qui fit sourire mon hôte avant qu'il ne me parle.
« Chère Alice, nous allons avoir de la visite. Comment as-tu trouvé notre démonstration ?
- Certains s'amusent à faire ce genre de choses…
- Mais boire du sang en grande quantité, qu'il soit humain ou non, rend malade. Tu pourras voir que je resterais en parfaite santé. »
Je soupirais doucement, un point pour lui. Je sursautais alors qu'une jeune fille brune avec une mèche bizarre entrait dans la pièce en riant suivit d'un homme grand et aux cheveux blonds coupés courts. Gilbert leur sourit et après avoir confortablement installé Matthew dans le fauteuil il alla à leur rencontre. Je me levais par courtoisie et remarquait que Gilbert arrivait tout juste à l'épaule du blond. D'ailleurs celui-ci se pencha vers mon hôte et… je rougis à nouveau alors qu'il lui léchait les lèvres. Je sursautais quand une voix féminine me parlait à l'oreille.
« Ils sont mignons tout les deux, non ?
- Pourquoi ils font ça ?
- Ludwig lui enlève le sang qui lui reste sur les lèvres, un peu comme deux enfants qui s'amusent.
- Ils se connaissent ?
- Ludwig est le petit frère de Gilbert. »
Je me tournais d'un coup et la dévisageait avec surprise. La brune me regardait en souriant innocemment, comme si elle n'avait rien dit d'extraordinaire. Je me tournais à nouveau vers les deux hommes lorsque mon hôte m'adressa la parole.
« Alice, je te présente mon jeune frère Ludwig et sa compagne Felicia.
- Je suis enchanté de rencontrer une… amie de mon frère.
- Je suis son invitée et je suis contente de rencontrer du monde.
- Pardon de ma question mais… Gilbert pourquoi ne l'as-tu pas croqué comme toutes les autres avant elle ? Cette jeune fille est très jolie. »
Je fus distraite de la réponse du vampire par la main de Felicia sur ma joue et son nez dans mon cou. Encore une fois, quelque chose m'empêchait de paniquer tout en sachant que ce n'était pas normal. Je repris mes esprits quelques secondes plus tard, blottie contre le torse de mon hôte. Je m'y sentais bien cependant j'essayais de suivre la conversation entre lui et la demoiselle.
« N'y pense même pas Felicia. Alice est à moi.
- Tu ne l'as même pas touché alors qu'elle sent délicieusement bon.
- Et alors ? Alice est ma protégée, n'y touche pas.
- D'accord, ne t'énerve pas. Et puis celui que j'aime le plus c'est Luddy ~
- Y'a intérêt. »
La jolie brune sourit avant de retourner vers le blond et de l'embrasser à pleine bouche. Je détournais le regard et m'aperçu que Gilbert me fixait, du coup je me demandais si j'avais comme qui dirait, loupé un épisode. Il m'entraîna vers le canapé où nous nous assîmes côte à côte.
« Pendant que mon frère et sa petite amie s'amuse, pourquoi pas te raconter un peu notre histoire.
- Votre histoire personnelle ou celle de votre… famille ?
- Un peu les deux en fait. Ludwig est mon petit frère car nous avons le même père, vampire j'entends, et de ce fait lorsqu'il est partit c'est moi qui me suis occupé de son éducation.
- C'était il y a longtemps ?
- Oui. Très, très longtemps.
- Il y en a beaucoup des gens comme vous ?
- Nous sommes environ une cinquantaine en Europe. De ce fait nous venons presque tous d'un pays différent, Ludwig est allemand, Felicia et sa sœur Caterina sont italiennes, Antonio et Francis, mes meilleurs amis, sont espagnol et français. Comme je te l'ai dit Elizavetta est hongroise et son compagnon Roderich est autrichien. »
Je pris le temps d'enregistrer toutes ces informations avant de remarquer un point important qu'il ne m'avait pas expliqué.
« Et vous Gilbert, d'où venez-vous ?
- Excellente question Alice, vraiment.
- Dites le moi. Je veux vraiment en savoir plus sur vous.
- De Prusse. »
J'en restais sans voix. De Prusse ? C'est quoi ça, une région, une ville ou même un canton ? Je vis une certaine tristesse dans son regard et j'en fus touchée. Je pris donc un instant pour réfléchir et rassembler mes souvenirs, ce mot m'évoquait quelque chose, il ne m'était pas inconnu. Soudain je me souvins et regardait mon hôte.
« C'est un grand pays aujourd'hui disparu dont les terres ont été partagées entre la Russie, la Pologne et l'Allemagne.
- En effet.
- C'était un pays fortement militarisé, connu pour avoir défié l'Autriche au 18ème siècle avec notamment les guerres de Silésie et la trahison de Frédéric envers sa voisine Marie-Thérèse.
- Oui, c'est plus ou moins ça. »
Un vague sourire flottait sur ses lèvres, Gilbert semblait perdu dans des souvenirs lointains et je venais de comprendre que pour la première fois j'envisageais réellement qu'il vienne d'une autre époque. Je décidais de dériver sur un autre sujet, ne voulant pas le blesser avec cette histoire sensible.
« Pourquoi êtes-vous si peu ?
- Hm ? Oh. Parce que contrairement à la légende, il ne suffit pas de mordre quelqu'un pour qu'il devienne vampire.
- Que faut-il alors ?
- Beaucoup de patience et une certaine dose de pratique. Et c'est un choix volontaire des deux parties.
- C'est-à-dire ?
- La plupart des jeunes vampires ne passent pas leur première année. Ils meurent avant pour une raison ou une autre. Cependant s'ils dépassent cinq ans, la phase critique est passée mais ils ont toujours besoin de l'aide de leur parent.
- Vous voulez dire le vampire qui les a infecté ?
- Infecter… ? Je suppose qu'on peut dire ça. Oui, c'est lui ou elle qui prend en charge l'éducation de l'autre et lui explique comme vivre et se nourrir par lui-même. »
C'est à ce moment là que Matthew se réveilla, Felicia vint vers lui et l'aida à se lever. Tout deux sortirent de la pièce et Ludwig s'installa dans le fauteuil face à nous avant de prendre la parole.
« Tu vas lui raconter l'histoire de Matthew ou Roderich ?
- Veux-tu le faire ?
- Si tu veux, ça ne me dérange pas.
- Bien. Matthew est le fils de Francis, le vampire français. Son fils naturel j'entends, il l'a eut avec une humaine.
- C'est possible ça ?
- C'est rare mais ça arrive. Mais il n'est pas moitié-moitié, il est humain comme sa mère mais il est très attaché à son père.
- Il veut devenir un vampire ?
- En effet. Sa mère est décédée il y a peu et il ne veut pas prendre le risque de perdre son père. Mais avant de le transformer et de commencer son apprentissage Francis doit régler quelques problèmes avec son compagnon, humain encore une fois et c'est donc la raison de son séjour temporaire chez mon frère.
- Et… c'est normal de boire à la gorge du fils de son meilleur ami ? »
Le blond se tu et regardait à présent mon hôte attendant visiblement un signe de sa part. Celui-ci reprit la parole.
« Cela n'a rien d'exceptionnel. Les vampires boivent souvent à la gorge des membres de leur famille, c'est une marque de confiance et d'affection.
- Oh, je vois. Et vous le faites entre amis parfois ?
- Rarement. C'est assez personnel comme acte et ça demande de l'intimité. »
Felicia revint dans la pièce avant de prendre Ludwig par la main et de l'entraîner dehors. Gilbert posa son regard sur moi et s'approcha plus près. Très près. Je le regardais sans réagir, absorbée par la couleur de ses yeux et la douce expression sur son visage. Gilbert passa sa main dans mes cheveux tout en dénouant les rubans noirs, il me laissa les barrettes vertes, se contentant de faire passer les mèches blondes entre ses doigts comme s'il faisait couler de l'eau. J'étais presque allongée lorsqu'il détacha le nœud rouge autour de mon cou. J'essayais de prendre l'air farouche et de me soustraire à ses intentions mais il me retint par les épaules. « Alice, Alice… ma belle et gentille Alice.» Son ton était à la fois doux et triste comme s'il regrettait quelque chose. Je l'observais puis je levais les mains et lui caressait les joues avec tendresse, cet homme m'avait touché malgré les circonstances étranges de notre rencontre. Peu à peu nos visages se rapprochaient, comblant la distance tout en fermant les yeux au fur et à mesure. Délicatement sa bouche se posa sur la mienne et il ne chercha rien de plus que ce tendre contact. J'ignore combien de temps ce baiser à durer mais lorsque j'ouvris les yeux, Gilbert n'était plus là.
