Copyrigth : Cette fan fiction est librement adaptée du monde de Warhammer 40 000 appartenant à Game Workshop qui ne m'a fournit aucune autorisation explicite.

Si vous avez raté les épisodes précédents : Egirio et Filidème sont deux commandants de la Garde Impériale du monde de Cassiane IV qui apparaissent dans la nouvelle la corruption. Elle pilote un Thunderbolt pendant que lui dirige une compagnie. Ils sont mariés.


Je n'arrivais pas à croire ce que je vivais. Debout, sur le tarmac de l'astroport principal de notre planète, je regardais l'improbable amas de ferraille bariolée atterrir dans un fracas métallique à quelques dizaines de mètres de nous. La chose avait dû être un vaisseau civil autrefois d'après Filidème. On l'avait tellement modifiée et enrichie de plaques de blindage grossièrement vissées, de grosses pointes tordues et acérés et de canons variés qu'il était difficile de l'identifier. Pour couronner le tout, l'engin était peint avec la précision du nouveau-né de couleurs criardes à dominante rouge vif. La forme ovoïde hérissée de piquants divers cracha un dernier jet de vapeur, grinça puis se tut. L'assemblée poussa un soupir de soulagement, reposant ses oreilles meurtries. Elle était composée de la crème de la planète. Derrière nous, debouts et alignés face à la machine, se tenaient le gouverneur Argom arborant son plus beau costume d'un gris-bleuté luisant ainsi que différents officiers en uniforme de parade dont mon supérieur le général Adélac. Nous faisions tous face à l'appareil, Filidème et moi cinq pas devant nos chefs. De part et d'autre, deux rangées de nos soldats les plus efficaces encadraient le vaisseau. En armure carapace avec fusil radiant, ils attendaient, immobiles. Je les devinais nerveux sous leur casque. En effet, on n'avait jamais vu une telle rencontre.

Un grand panneau latéral du véhicule s'abattit bruyamment sur le sol. Visiblement, les câbles qui y étaient attachés de chaque coté ne servaient pas à adoucir la descente. Le silence s'installa à nouveau. L'intérieur du vaisseau était dans la pénombre renforcée par le soleil radieux de midi. Un premier choc sourd nous fit sursauter. Puis un second. Lentement, sortant à la lumière du jour, s'imposa l'immense stature de notre invité. Le colosse devait faire dans les trois mètres de haut, de large et sûrement aussi d'épaisseur. Arborant des plaques de blindages sommairement rivetées, des implants cybernétiques dignes d'un engin de chantier et un genre d'énorme autocanon, le géant vert descendit majestueusement du vaisseau, nous foudroyant d'un regard colérique. Marchant pesamment, le BigBoss GroGnak avançait vers nous.

Le chef de guerre ork fut bientôt suivi par une dizaine de petits géants, moins colossaux que lui. Les Nobs, vétérans ayant survécus à leurs combats incessants avaient continué de grandir. Ils attendaient d'être assez forts pour prendre la place du plus vieux et du plus gros d'entre eux, leur BigBoss. Arborant eux aussi force morceaux d'armure, implants cybernétiques rustiques et gros canons, ils avançaient lentement, paradant devant nous en nous toisant de leurs yeux rouges. Je sentis les soldats se crisper. Je savais qu'au moindre geste suspect, les deux bolters lourds installés à cent mètres derrière nous avaient ordre de tirer. Il nous faudrait plonger au sol très, très vite. On entendit les murmures effarés d'Argom. Apparemment, le choc culturel était rude. J'avais bien essayé d'expliquer à ces ronds-de-cuir le comportement et le point de vue de ces êtres que nous croyions primitifs. Pour les peaux vertes comme ils aimaient à se nommer, un costume était joli s'il pouvait arrêter un tir à bout portant. L'élégance, c'était d'arborer une grosse arme vraiment dangereuse. Le tout bariolé de vraies couleurs vives. C'est pourquoi Filidème et moi portions une armure carapace sans le casque pour qu'ils voient nos expressions. Je portais mes armes traditionnelles, un fusil laser et surtout mon couteau de combat bien en vue accroché sur ma poitrine. Filidème, elle, tenait un fusil plasma. Comme ils ne l'avaient jamais vu combattre et que cela ne changerait certainement pas, elle avait choisit l'arme la plus impressionnante. J'avais expliqué la nécessité de ces tenues ainsi que de la présence de Filidème à mes supérieurs. Ils n'avaient rien compris mais m'avaient laissé faire, étant le personnage principal de cette entrevue.

Je me souvenais de la tête du général qui m'avait convoqué dans son bureau. Il venait de m'annoncer que nous avions reçu un message ork. Celui-ci proposait une rencontre entre leur BigBoss et « le z'humain au kouto ». Apparemment, ils voulaient négocier. Il avait fallut qu'ils répètent leurs messages plusieurs fois, que l'authentification de la communication soit établie par deux départements militaires différents avant que les généraux ne le prennent au sérieux. On n'avait jamais vu des orks négocier. C'était simplement aberrant. Leur nature les poussait à faire la guerre. Dans notre système, la géante gazeuse Célanéo avait une unique lune. Celle-ci qui était habitable et avait été habilement nommée Célanéo Prime. Elle avait la malchance d'être infestée par les peaux vertes. Très vite, ils avaient trouvé amusant de venir nous attaquer. Régulièrement donc, ils détruisaient nos bases avancées, envahissaient des lunes et menaient des expéditions sur notre planète. J'en avais entendu parler dès mon enfance. Cela m'avait décidé plus tard à défendre notre peuple contre les peaux vertes. J'avais très vite compris qu'il aurait fallut exterminer toute la vie d'un système solaire entier pour en venir à bout. Au fil des années, les combats avaient pris la forme de rencontres sportives. Les orks se moquaient de nous quand ils gagnaient ou nous complimentaient quand on leur bottait les fesses. Au fur et à mesure, j'avais acquis diverses connaissances sur cette espèce. Et la haine de mon enfance avait fait place à un certains respect pour ces géants. J'avais donc accepté le rendez-vous, curieux de savoir ce qu'ils pouvaient bien nous demander. J'avais ensuite, avec l'aide de quelques spécialistes, préparé la rencontre. Nous avions largement informé les orks du déroulement de l'entrevue, des gestes à ne surtout pas faire en leur précisant qu'ils seraient de toute façon entourés d'armes prêtes à faire feu. A la surprise générale, ils acceptèrent. Ce comportement était complètement inimaginable. Les orks se mettaient volontairement en danger et promettaient de ne pas se battre.

Arrivé à ma hauteur, GroGnak me regarda. Je le saluai simplement puis lui présentai mon épouse. Il la regarda puis grogna d'une voix tonitruante : « Elle est belle. Elle a un beau fling'à plasma. »

J'enchainais : « Nous envisageons de fonder une tribu. »

« Ah aaaah ? Ca c'est bien. Plus tard, nos tribus se battront ! » Il rit d'un gros rire gras, imités par ses camarades qui n'avaient rien entendu de la conversation.

J'étais content. Apparemment, j'avais réussi à être reconnu comme chef de tribu. Et je ne voulais pas lui mentir. Son odorat avait dû lui confirmer que les odeurs Filidème et les miennes étaient mélangées. Je continuai :

« Installons-nous à la table de négociation je vous prie. »

Derrière nous, la rangée de dignitaires s'ouvrit en deux pour découvrir une immense table rectangulaire remplie de nourriture. Il m'avait fallu batailler avec les cuisiniers de la garnison pour qu'ils remballent leurs rôtis aux herbes, leurs sauces aigres douces aux notes acidulées et autres tartes raffinées. Je m'escrimais à leur expliquer que bien que les orks aient un odorat plus subtil que le notre, et donc sûrement un goût au moins aussi fin, ils n'aimaient pas la subtilité. Ces êtres apprécient la franche clarté et la netteté dans tous les domaines. D'où une simplicité et un pragmatisme frontal souvent interprétés à tort comme de l'imbécilité, alors qu'ils avaient juste un point de vue très différent du notre.

La table croulait sous les énormes plats de viande rôtie, de plateaux de fruit découpés simplement et de tonnelets de bière. Il n'y avait aucun couvert la morphologie de ces colosses était trop éloignée pour que l'on crée une cuillère maniable par une pince énergétique de la taille d'une chaise. Les bancs se résumaient à deux troncs taillés. Ils devraient supporter plus d'une tonne quand les convives s'assiéraient dessus. GroGnak, malgré sa mâchoire métallique, parvint à sourire. Il beugla :

« Vous savez recevoir, vous ! »

« Par ici. » Je l'invitai à me suivre.

Un bout de la table accueilli les officiels de notre planète, silencieux, essayant de ne pas dévisager nos invités. A leur expression, je devinais qu'ils ne croyaient absolument pas à la moindre discussion avec de tels monstres. Le reste du banquet fut investi par la bruyante garde rapprochée du BigBoss. Comme convenu, lui et moi s'assîmes au centre, face à face. Sans cérémonie, il découpa à la pince énergétique une cuisse de vachon, plantureux herbivore local présentement cuit à point. Les Nobs l'imitèrent, attaquant à mains nues indifféremment mets salés ou sucrés. La nourriture disparaissait à vue d'œil autour d'eux. Les convives humains se saisirent à leur tour de la nourriture, avec visiblement plus de timidité. Dans la minuscule oreillette insérée dans mon conduit auditif, Argom s'impatientait.

« Alors, que veulent-ils ? »

J'observais notre gouverneur à l'autre bout de la table. Il me jeta un regard éloquent, n'osant pas trop bouger devant les peaux vertes malgré la double haie de soldats armés et la couverture militaire. J'avais réussi à négocier avec lui de ne pas raser la zone aussitôt après l'atterrissage des orks. Je pressentais qu'il était important de leur parler. En outre, aussi impossible que cela paraisse, un accord de paix pouvait être envisageable. J'attendis donc prudemment que mon invité se manifeste le premier, ignorant purement et simplement la remarque du gouverneur. Effectivement, GroGnak engagea la conversation.

« Vous êtes bien armés. »

Silence. Puis, il ajouta en rigolant :

« Mais vous êtes quand même tout chétifs. »

Ben mince ! Voici que le BigBoss d'une Waaagh impressionnante de barbares sanguinaire était timide ! Il ne savait pas comment commencer l'entretien. De plus en plus perplexe sur la réalité de ce que je vivais, je l'aidais :

« Ah, nous sommes désespérément humains. »

Je ris avec lui, essayant de le détendre. Puis je rentrais dans le vif du sujet.

« Que voulais-tu me dire, BigBoss GroGnak ? »

Il se redressa un peu, faisant vaciller toute la rangée de Nobs et prit son inspiration.

« Je suis venu vous prévenir. Vous avez un nouvel ennemi. »

« Quel est-il ? Nous n'avons rien remarqué pour le moment. »

« Nous sommes attaqués par des Krons. »

Aïe. Je ne connaissais pas bien ces créatures mais elles avaient la réputation d'être pénibles. Le regard de Filidème à mes cotés et les questions frénétiques du gouverneur dans mon oreille me rappelèrent que tout le monde ne comprenaient pas le dialecte ork. Je traduisis :

« Vous êtes en guerre contre les Nécrons ? »

Je sentis mon épouse changer de couleur. De l'autre coté de la table, je vis le général Adélac blêmir. GroGnak poursuivait.

« Non, pas en guerre. Ils nous attaquent. »

« Ils nous attaquent chez nous. Ils sont forts. Lorsqu'ils viendront chez vous, ils vous massacreront tous. »

C'était étrange d'entendre la dernière phrase du colosse. Bien que prononcée avec la voix caverneuse d'un gros moteur, elle avait des accents de tristesse indignée, un brin désespérée.

« BigBoss GroGnak , tu es en train de me dire qu'ils vous battent ? »

Le géant ork eu un air penaud. Je ne savais pas qu'une telle tête de monstre conçue pour exprimer la férocité pouvait se montrer aussi piteuse.

« Ils vont finir par nous vaincre. Ils sont trop forts ! »

Adélac intervint dans mon oreille. Il voulait des détails stratégiques. Je relayais ses questions auxquelles le BigBoss répondit.

« Les Krons nous attaquent sur notre planète. Ils sortent de nulle part. Pas de vaisseaux des étoiles. Ils apparaissent dans un éclair vert. »

« Ils sont de toutes tailles. Et y a de gros cafards métalliques difficiles à 'craser. »

Je compris au bout d'un instant que la dernière phrase n'était pas une plaisanterie mais était à prendre au sens littéral. Filidème me glissa qu'il s'agissait de biomécanoïdes à l'aspect de scarabées géants. Je réalisais rapidement ce que GroGnak venait de me dire.

« Ton monde est en train de se faire envahir par les Nécrons. Et tu penses que nous allons subir le même sort ? »

« Oui. »

« Donc, tu aimerais que nous te venions en aide pour repousser cette menace ? »

« Oui, c'est ça. »

Il fit la moue, comme un gamin forcé de faire des excuses après une bêtise. J'entendis Argom s'étrangler. Adélac m'ordonna de ne rien décider de définitif. Je louvoyais.

« Tu sais, l'organisation de ma planète n'est pas aussi simple que chez toi. Je dois d'abord discuter avec tout un tas de gens avant de prendre une décision. Néanmoins, nous devons agir. », ajoutais-je à l'attention de mes supérieurs.

GroGnak me regarda droit dans les yeux. Le géant vert était beaucoup plus intelligent que ses gros muscles cybernétisés le laissaient présager. Il me jaugea, essayant de savoir s'il pouvait me faire confiance. En cet instant, il mendiait notre aide pour ne pas disparaitre et misait sur note peur des nécrons pour l'aider. Et ce n'était même pas une ruse. Il était désespéré. Je ne pus me retenir.

« Je viendrai, GroGnak. »

Comme prévu, Argom et Adélac me hurlèrent doucement de la fermer et d'arrêter là les négociations. De toute façon, la nourriture avait été engloutie. Le colosse eu l'air satisfait, puis se leva en beuglant.

« Booooyz ! On s'arrache ! »

Comme un seul ork, la garde rapprochée du BigBoss se leva à son tour, parfois en emportant un bout de carcasse à mâchonner. Ils remontèrent pesamment dans leur improbable vaisseau et décollèrent immédiatement dans un concert de bruit et de fumée. Tout le monde, des officiels jusqu'au plus simple soldat poussa un soupir de soulagement. Sauf Filidème et Adélac.