Prologue - Partie 1

« (...) d'où ma conclusion, ce n'aura jamais été qu'une erreur de plus. Il aurait fallu adopter à ce moment-là une ligne de conduite beaucoup plus dure vis-à-vis de Wanda Maximof. Rétrospectivement, il me semble que je n'avais encore les yeux suffisamment ouverts sur notre monde, trop ancré dans des certitudes naïves inculquées avec une hypocrisie sans nom par Xavier.

Les conséquences de cette passivité ne font que résonner aujourd'hui encore un peu plus dans nos oreilles, nous en subissons chaque jour le contrecoup, et toutes les regrets du mondes n'y changeront finalement rien, si ce n'est l'espoir de ne pas répéter de telles erreurs. Toutefois, le véritable déclic n'aura été ni la destruction de Génosha, où des milliers de mutants ont péri, ni le M-Day, où la quasi-totalité des survivants ont perdu leurs facultés. Au moins, maigre consolation, la grande majorité d'entre eux n'en est pas morte.

Je crois finalement que ce qui m'a fait prendre conscience qu'il n'était pas réaliste de continuer à agir ainsi, en laissant tous nos ennemis s'en sortir pour revenir nous frapper ensuite encore plus fort, a été l'attaque sur notre école par les Pacificateurs, cette bande d'extrémistes qui ont attaqué à la roquette un bus rempli de gamins apeurés et sans défense. Et pourquoi cela? Pas par peur. Pas par haine. Pas par vengeance. Non, la raison est bien plus ironique que cela, bien qu'elle ait ce goût d'amertume qui cache tout le reste dans nos bouches. Ce n'est que parce que nous n'avions pas éliminé Stryker lorsque nous le pouvions, parce que nous ne nous sommes pas assurés que la technologie Nemrod était sécurisée, parce que nous avons été laxistes vis-à-vis de nos ennemis et de notre sécurité.

Nous n'avons jamais pris soin de faire le ménage derrière nous.

Il n'est guère surprenant qu'ils aient fini par penser sincèrement qu'ils pouvaient agir en toute impunité. Nous les y avons encouragé en ne leur donnant jamais qu'une petite tape de réprimande derrière la tête, avec la promesse de ne pas recommencer. Ce qu'ils ont fait malgré tout. Encore et encore. Et nous de continuer avec nos seules petites réprimandes.

Non. Ce n'est pas leur faute, c'est entièrement la nôtre.

Certes, il s'agit là d'une prise de conscience douloureuse, mais non moins salvatrice. Elle m'a permis de voir les choses autrement, d'agir autrement et de penser autrement. Pour le bien de tous, en dépit de ma propre moralité, parce que ma moralité ne compte pas quand tant de vies sont en jeu. Il s'agit bel et bien de me renier, mais de le faire pour la bonne cause. Il s'agit d'une nécessité vitale pour notre survie à tous. Il est hors de question de faire marche arrière et bien que je ne puisse toutefois pas les lui pardonner, je comprend bien mieux ces actions et décisions qui m'ont tant révoltées lorsque Xavier les avait prises en son temps.

Bien entendu, il est hors de question de le dire, de l'avouer à voix haute. Nier certaines choses fait aussi partie de cette nouvelle ligne de conduite.

Fermeture de la boite noire »

Des mains gantées de bleu verrouillèrent le couvercle sans serrure de la boite sombre par simple apposition.

Scott Summers se leva, tournant le dos au réceptacle, avant de se saisir de la poignée de porte qui lui faisait face. La pièce toute entière était vide et blanche et aucun mobilier ne venait l'agrémenter. Seule la boite noire se trouvait en son centre, comme un centre vital, névralgique, combinant à la fois un côté anodin et mystérieux.

La porte ouverte, il fit un signe à une jeune femme habillée d'une tenue de groom verte dont une mèche de cheveux blancs habillait élégamment la chevelure châtain. Elle lui désigna avec un sourire la direction de l'ascenseur.

Scott se réveilla à ce moment-là dans son lit. Il sentait la présence à côté de lui de sa blonde compagne. Cette femme qui était capable d'entendre la moindre de ses pensées. Celle à laquelle il ne pouvait rien cacher, pas même une certaine boite noire. Son contenu était en sûreté. Il le savait. Il savait aussi qu'il ne pouvait pas compter sur une trop grande confiance en lui-même. Pour le meilleur et pour le pire, il était seul. Par choix. Par nécessité.

Il se retourna de l'autre côté du lit, lui tournant le dos.

Prologue - Partie 2

« (...) Que penser, alors de cette bande de paysans costumés se réclamant être les plus grands héros de la Terre.

On m'a affublée à de nombreuses reprise de bien des noms -dont certains non démérités, je le conçois, bien que ce ne soit pas le sujet-, mais s'il y a bien une chose que je suis belle et bien, c'est une femme de pouvoir, et qui sait comment s'en servir et le manier avec élégance. N'en déplaise à certaines personnes, c'est ainsi que je suis, et c'est ainsi que je dois être si je veux que cette bande de moutons abrutis ait une chance de survivre dans ce nouveau monde.

Ces imbéciles ne sont jamais responsables que du plus grand fiasco que la Terre aie jamais connu. Une invasion extraterrestre réussie, rien que ça. Et personne ne l'a vue venir (ça ne devrait pas m'étonner, ils n'ont même pas été capable de voir venir une seule mutante totalement folle), ni le S.H.I.E.L.D., ni ces clowns qui avaient osé venir solliciter notre aide quand ils étaient trop occupés à se taper les uns sur les autres pour voir qu'ils se faisaient avoir en beauté dans le même temps.

Il est évident que nous ne pouvons et ne pourront jamais compter que sur nous mêmes pour assurer notre survie. Ceux qui essaient de le faire pour nous ne sont que des péquenauds qui échouent lamentablement et systématiquement dans leur tâche. Le O.N.E. A-t-il jamais réussi à nous protéger contre Apocalypse, contre ce taré de Bishop, cette chose qu'est Illyana Raspoutine ou ces [censuré par le programme de saisie] de Pacificateurs?

Jamais.

Les plus grands dangers qui nous menacent ne viennent jamais que d'autres mutants. L'homme est un loup pour l'homme. L'Homo Sapiens Superior est un loup pour L'Homo Sapiens Superior. Au temps pour la supériorité, mais ça ne m'étonne guère quand je vois le nombre d'idiots qui nous entourent. La mutation n'a jamais été un gage d'intelligence, j'en supporte la preuve tous les jours.

Non, les Humains ne seront jamais capables de nous protéger contre les nôtres. Nous sommes les seuls à savoir le faire et ils sont trop occupés à nous ignorer cordialement ou à nous massacrer.

Voilà pourquoi la proposition d'Osborn ne peut être refusée. Je ne compte pas sur son aide, et il n'a pas intérêt à venir mettre son nez dans nos affaires (je doute sincèrement qu'il en aie seulement envie), mais au moins nous permettra-t-il de pouvoir rester en vase clôt à résoudre nos problèmes. Si cela nécessite un coup de mains de ma part dans l'ombre et quelques menus mensonges, je ne suis pas à ça près.

Je sais comment les ficelles du pouvoir fonctionnent et doivent être tirées. Il y a trop en jeu pour prendre le risque de ne pas tirer parti de cette option. La communauté mutante doit être préservée et tout ce qui nous permettra de le faire doit être envisagé.

Aussi contestable cette solution soit-elle, tant que je suis aux commandes, tout se passera bien. Nécessité est loi et il faut quelqu'un avec suffisamment de courage pour prendre ces décisions qu'aucun autre n'est prêt à prendre. »

Une main de femme gantée de blanc appuya sur le bouton d'enregistrement du fichier et un code tapé rapidement ouvrit une petite trappe dans l'intérieur même du bureau, où Emma Frost déposa l'EEE-PC qui se retrouva rapidement dissimulé aux yeux de tous.

La belle femme blonde passa une main dans ses cheveux, alors qu'elle s 'observait elle-même dans le miroir qui lui faisait face, aucune émotion ne venant troubler ses traits, presque robotiques. La froideur n'était jamais que ce qui lui seyait le mieux. Une carapace encore plus dure et impénétrable que son corps de diamant.

C'est en femme de pouvoir qu'elle avait toujours grandi et oeuvré, c'était ce qui la définissait avant même d'être une femme tout court. Ceci lui valait énormément d'animosité, peut-être plus que son passé qu'elle s'efforçait d'essayer de faire oublier, mais cela importait peu. Au final, elle n'était pas là pour se faire aimer.

Elle se leva et sorti du bureau. Elle vit Scott de dos, aucune émotion ne s'affichant sur son visage et le regarda longuement. « Il faut quelqu'un avec suffisamment de courage pour prendre ces décisions... ». Oui, clairement, c'était à elle d'agir.

Elle afficha un grand sourire et vint enlacer son amant en l'embrassant dans le cou.

Prologue - Partie 3

« (...) c'est à la lumière de ces événements qu'il me semble évident que si j'ai agi ainsi, ce n'était sans doute que pour de bonnes raisons, mais d'une mauvaise manière.

Je ne doute pas que plus de franchise aurait été souhaitable, mais je reste finalement convaincu que les conséquences n'auraient pas été bien différentes. C'était au mieux moralement discutable.

Ce qui est terrible, c'est de me souvenir avec tant de clarté de ces décisions que j'ai prises, sans pour autant me rappeler l'état d'esprit qui n'habitait à ce moment. Tout est clair, clair comme du cristal, mais ce n'est jamais que le film d'une vie que je regarde d'un oeil extérieur. Par moments, je ressent une certaine empathie, d'autres fois, je me dis que le personnage de ce film a un sérieux problème.

Il n'en reste pas moins que cette quête dans laquelle je me suis lancé à éclairé beaucoup de zones d'ombres. Elle m'a permis en autre d'appréhender d'une manière différente la situation actuelle. Alors que le nombre des mutants est à un stade critique, peut-être au-delà de toute solution, la violence n'a jamais été aussi... violente.

J'ai le souvenir d'une époque où la haine envers les mutants était presque insoutenable, mais même à cette période, il me semble qu'il n'y avait jamais que des actes isolés -non moins ignobles pour autant- visant à blesser ou à tuer cet autre si différent, inspirant tellement de peur.

Je vis aujourd'hui en solitaire, ou presque, accompagné d'un compagnon d'infortune, qui comme moi a connu les déboires d'une vie particulièrement obscure, compliquées, emplie de mensonge et de trahisons. J'ai toutefois le souvenir où je vivais entouré de ce qui me semblait être ma famille. Ces dans ces moments de difficultés que les gens devraient se rapprocher les uns des autres.

L'appel télépathique émis de San Francisco ouvrait les portes à tant de gens pétrifiés par la peur du future d'un Sanctuaire d'acceptation et de paix. Mais j'ai le souvenir qu'un sanctuaire connu de tous n'offre qu'une maigre protection. Combien de temps se passera-t-il avant que la population même de San francisco qui les a accueilli à bras ouverts ne commence à ressentir aussi se sentiment de peur -légitime, bien qu'injuste- envers cette population appelant le danger sur eux.

Je crois sincèrement que cette ruée vers l'Ouest est une erreur. Les mutants devraient pouvoir vivre en harmonie avec les hommes, mais maintenant n'est pas le bon moment. Avant tout, les mutants doivent panser leurs blessures, tout comme je le fais en ce moment-même, et non de s'exposer au danger d'un monde qui n'a jamais été aussi dangereux pour eux.

Les mutants sont une espèce en voie d'extinction. Il faut la préserver à tout prix, mais lui apprendre aussi à se préserver elle-même.

Il y a une autre voie que la violence et le mensonge. Il suffit de la montrer. »

Une main d'homme rabattit la couverture du classeur où l'encre n'avait même pas eu le temps de sécher. La chaleur de climat australien était difficilement supportable par Charles Xavier qui n'avait jamais été un homme de terrain. Il souleva son chapeau pour ventiler un peu son crâne chauve dégoulinant de sueur. Le classeur se trouvait face à lui sur la petite table d'un café d'une petite bourgade australienne. Non loin commençait le désert et le chemin vers leur prochaine destination, à lui et à son camarade cajun.

Ce dernier arriva et déposa devant lui une chope de bière alors que le professeur rangeait dans son sac le classeur. Son regard se reporta sur la boisson fraîche qu'il regarda d'un air circonspect. Ce n'était pas vraiment le genre de rafraîchissement dont il avait le souvenir d'être friand, mais ce n'était pas le moment d'être impoli et il se contenta de lever son verre, trinquant avec son compagnon.