L'endroit était sombre et fermé. Assez chaud.
La surface de son corps était recouverte d'huile. Les pièces de cuivre et les flammes de l'antre s'y reflétaient. La Chose écarta ses lèvres fines afin de les décoller, et y passa sa langue pour retirer les résidus. C'était doux, légèrement salé...
Quelque chose, en haut, sur le crâne... Elle leva un bras, révélant les fins mécanismes par le bruit métallique de ses articulations. Sous ses mains graciles, des cheveux ras, soyeux.
Elle mouva sa tête vers l'homme immobile qui l'observait dans un coin de la pièce.
Une barbe sombre, des sourcils noirs broussailleux et des yeux verts, étrangement pétillants.
L'être mécanique se leva, et se positionna face à lui.
Il cligna des paupières. Pencha la tête sur le côté. Le feu de l'âtre se mouvait dans ses iris dorées.
«Derek?»
L'homme inspira dans un tremblement fébrile, les yeux grand ouverts pour ne pas perdre un instant de cette vision.
Stiles. Il était à la maison.
Dehors, les fumées toxiques remuaient toujours les vestiges brûlés des villes. Les brouillards rougeâtres soulignaient par leurs passages les maigres silhouettes des souvenirs de constructions humaines.
Le Ragnarök était passé ici et là.
Il n'avait plus été question de secrets, toutes les créatures humanoïdes et humaines souhaitaient vivre. Tout le monde n'avait pas eu cette chance...
Sous des décombres d'une petite ville de Californie gisait le corps d'un très jeune agent du FBI.
"La phase de déni est une des différentes phases du deuil. Elle permet de retarder la pleine conscience de la réalité du drame. Cette conscience, si elle était trop forte, risquerait de faire perdre à la personne son équilibre mental. [...] La personne se laisse imaginer des combinaisons insensées qui feraient revenir l'être disparu..."
"S'il pouvait revenir, je l'écouterais vraiment. J'arrêterai de lui imposer ma force, je serais là pour lui... Je lui dirais à quel point il est précieux, je lui décrirais son aura, son incroyable force mentale, sa beauté... qui semblent échapper à son propre regard.
... Et peut-être, peut-être? Que je lui dirais que je l'aime."
