Avant toute chose, je tiens à signaler que les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont issus de l'imaginaire de Masami Kurumada (et d'autres). Voilà voilà, c'est pas grand chose mais c'est important de le souligner. Bonne lecture à vous :)

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Blue Graad tombait en ruines. Les murs, les plafonds et les sols avaient longuement tremblés avant de ne s'effriter, rapidement, facilement. Le lieu, autrefois fort et majestueux, se transformait en un champ de bataille informe duquel on ne pouvait sortir vivant. Des plafonds, d'énormes pierres tombaient, se fracassant sur le sol avec une rapidité saisissante. Des murs, de nouvelles pierres se décrochaient, menaçant de faire s'effondrer la structure du palais. Ne résonnaient alors que le son des éboulements, nombreux, dangereux. La neige, froide, épaisse, trouvait son chemin par les trous apparus dans les plafonds et se déversait comme une pluie torrentielle sur les sols jonchés de débris. Un froid intense, tranchant, s'engouffrait dans le lieu en perdition, et parmi le son des éboulements, le cri d'un vent glacial se faisait entendre, annonciateur d'une mort certaine. Mais la Mort était déjà passé par là. Elle avait emportée avec elle les victimes d'une guerre de religion, victimes qui s'étaient affrontées pour la légitimité de leur Dieu respectif. La Mort avait emporté Spectres et Chevaliers. Ou bien s'apprêtait-elle à le faire pour ces-derniers. Dans ce qui restait de Blue Graad, La Mort patientait. Elle hantait chaque recoin, chaque couloir. Mais Dégel du Verseau, Chevalier d'Or au service de la déesse Athéna, avait décidé de lui résister. Parmi les débris qui recouvraient les sols, Dégel s'avançait avec difficulté, rampant sur un sol froid, brisé en différents points. Le Verseau portait les marques d'un combat rude ; hématomes, égratignures, blessures plus profondes, plus importantes. Sa respiration était saccadée, son corps tremblant, la tête lui tournait et sa peau prenait une teinte plus blanche que la neige qui tombait sur ses cheveux maculés de son sang. Dégel allait mourir. Il le savait. Mais avant cela, il fallait qu'il fasse une chose. Le Chevalier se mouvait avec grande difficulté, mais sa détermination était telle que chacun des obstacles qui auraient pu freiner sa course semblait le contourner. Pierres, morceaux de murs, de colonnes, s'écrasaient à proximité de lui, mais jamais devant lui. Dégel progressait maladroitement, jusqu'à ne plus sentir son corps. Son cosmos l'aidait. Un cosmos faible, à peine plus qu'une flamme vacillante au vent. Un cosmos qui, de toutes les forces qu'il lui restait, maintenait en vie le Chevalier d'Or et, peu à peu, l'amenait à revenir sur ses pas, à s'approcher de l'endroit qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt. Il y était presque, et autour de lui, tout se désagrégeait dangereusement, à une vitesse incroyable. Il y arrivait. La Mort le suivait de près, mais ne le cueilli pas encore. Elle resta immobile, son ombre pesante, comme si elle voulait voir ce que le Verseau voulait tant atteindre. Et elle le vit. Dégel y était arrivé. Sa main tremblante, celle d'un mort-vivant, s'empara d'une autre main, posée sur le sol, et son cosmos se mit à brûler plus intensément, dégageant les dernières lueurs de sa vie. Dégel se redressa lentement, s'asseyant maladroitement, ses jambes ne répondant même plus. Ses bras, devenus si frêles, hissèrent avec difficulté un corps immobile vêtu d'une armure d'or différente de la sienne. Une tête ornée de cheveux bleu-violet retomba sur le plastron de son armure et Dégel observa le visage livide se dresser vers lui, absent de toute expression.

- Kardia...

Les battements presque inexistants d'un cœur qui n'était pas le sien lui arrachèrent quelques larmes. Dégel sentit ses paupières s'alourdir. Il avait sommeil. Il voulait dormir. Il ferma les yeux un court instant et les larmes qui les emplissaient se déversèrent lentement, retombant sur le visage du Chevalier d'Or du Scorpion, dans les bras de son ami. Dégel se sentit sombrer. Il s'empressa d'ouvrir les yeux, forçant encore un peu son cosmos à le maintenir en vie. Kardia ne réagissait plus. Kardia était aux portes d'un autre monde. Mais son cœur battait encore, pour quelques secondes tout au plus, et son âme n'avait pas encore quitté son enveloppe charnelle. Dégel resserra son corps contre le sien, et son cosmos brûla si fort, si intensément, qu'il s'étendit en une tâche sans forme, englobant leurs deux êtres. Au-dessus d'eux, le plafond se fissurait. La salle se remplissait de débris, de neige, de poussière. Le sol s'arrachait au fur et à mesure que les pierres qui composaient la structure des murs et du plafond s'y fracassaient.

- Kardia... p... pardonne-moi...

Le cosmos de Dégel explosa. Le plafond se déchira, inéluctablement, s'effondrant dans un bruit sourd.

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Il était encore tôt ce matin-là lorsque Camus du Verseau quitta son temple, vêtu de son armure d'or. Le Sanctuaire s'éveillait tout juste, baigné d'une douce lueur que diffusaient les rayons encore timides du soleil, et demeurait plus silencieux que jamais. Le onzième gardien n'eut aucune difficulté à atteindre le palais du Grand Pope et, une fois à l'intérieur, fut surpris de n'y trouver personne d'autre que le représentant d'Athéna sur terre, assis dans son fauteuil, son masque de fer sur le visage. Pas un soldat n'empêcha Camus d'avancer davantage, pas un soldat ne lui demanda ce qu'il faisait ici de si bon matin et le Chevalier d'Or, légèrement perturbé, se surpris à sourciller.

- Camus, approche.

Il s'exécuta aussitôt. Quand il fut assez proche, il posa un genou à terre et, son poing contre le torse de son armure, salua le Grand Pope avec tout le respect qu'il lui devait.

- Relève-toi, Camus. Nous sommes entre nous, lança le Grand Pope.

Le Chevalier d'Or se redressa, lentement, avec la grâce innée qui lui avait été conférée. Il observa son supérieur en silence et celui-ci, derrière son masque, esquissa un sourire amical.

- Quelque chose te trouble, n'est-ce pas?

Camus hocha la tête. Il n'était pas du genre à s'exprimer pour ne rien dire mais, cette fois, il se permit de répondre franchement au Grand Pope.

- Pardonnez-moi Grand Pope, mais je me demandais simplement pourquoi personne n'assurait votre sécurité.

Le représentant d'Athéna sur terre, autrefois Shion de la constellation du Bélier, quitta son fauteuil pour s'approcher de Camus et créer une atmosphère plus intime, plus amicale. Le Chevalier d'Or resta très professionnel et, comme toujours, très froid, debout, le regard fixe et lointain. Le Grand Pope observa le Sanctuaire depuis l'immense porte qui séparait son temple du monde et esquissa un nouveau sourire derrière son masque. La beauté de la Grèce l'avait toujours ébranlé.

- Les gardes qui me protègent sont avant tout humains, Camus, et ils ont besoin de repos...

Camus ne réagit pas tout de suite. Puis, de nouveau, il osa s'exprimer. Et si le ton de sa voix était plein de respect, ses mots sous-entendaient comme un reproche.

- Dans ce cas, dépêchez un Chevalier d'Or de vous protéger la nuit.

Le rire amusé du Grand Pope résonna un court instant dans son temple mais Camus ne réagit pas.

- Vous êtes déjà 10 Chevaliers d'Or à me protéger, je ne risque rien.

Shion retourna s'asseoir sur son fauteuil et, rapidement, se débarrassa de son casque et de son masque. Il sembla alors respirer avec plus de facilité et laissa un sourire jovial illuminer son visage. Puis, soudain, il reprit son sérieux, et Camus se décida enfin à l'observer dans les yeux.

- Bien, Camus, je ne t'ai pas fait venir pour rien. Ton armure résonne-t-elle toujours?

Le Verseau hocha la tête. Il semblait s'être détendu un peu depuis que le Grand Pope avait ôté son masque ; son corps était moins raide, il avait moins l'air d'un soldat que d'un être humain.

- Depuis hier, ça s'est empiré. Je ne comprends pas. C'est comme si elle résonnait avec quelque chose, ou quelqu'un...

L'air sur le visage du Verseau montrait un homme désœuvré. Il ne comprenait pas, non, et cela éveillait en lui un sentiment de frustration auquel il n'était pas habitué. Si, au début, il n'avait été que surpris par les agissements de son armure, Camus était aujourd'hui véritablement inquiet et agacé.

- Ce qui est étrange..., commença Shion.

Il s'attira le regard inquisiteur de son Chevalier et continua.

- ...c'est que tu n'es pas le seul à m'avoir rapporté ce problème.

Camus sentit ses yeux s'ouvrir davantage alors qu'il assimilait les paroles de son supérieur. Pas le seul... Alors, un autre Chevalier d'Or avait pu constater d'étranges comportements chez son armure? Camus se permit d'avancer d'un pas, comme pour courir aux côtés du Grand Pope et lui demander plus d'informations. Il se retint au dernier moment, se contentant de parler depuis sa place.

- Vous voulez dire...?

Shion hocha la tête sans le laisser finir, rapidement, sûrement. Il se redressa, posant son casque et son masque sur le fauteuil qu'il avait occupé. Ses yeux se portèrent au loin, à l'entrée de son temple où une silhouette apparaissait peu à peu.

- Mais... qui? Demanda Camus qui n'observait plus le Grand Pope et donnait l'étrange impression de se parler à lui-même.

Comme pour lui répondre, des pas se firent entendre derrière lui et le Verseau se retourna aussitôt, interpellé. Il aperçu d'abord une armure dorée, et la forme qu'elle prenait au fur et à mesure que celui qui la portait avançait permit à Camus d'identifier son propriétaire. Quand, enfin, le visage du Chevalier d'Or arrivant lui fut visible, le onzième gardien détourna les yeux et serra les dents discrètement. De tous les Chevaliers d'Or du Sanctuaire, il avait fallu que ce soit celui qu'il avait le moins envie de côtoyer...

- Ah, Milo! Je t'attendais un peu plus tôt... Dit le Grand Pope en souriant poliment.

Milo, Chevalier d'Or du Scorpion, s'approcha peu à peu, sans changer son allure et cela malgré les paroles du Grand Pope. Camus fronça légèrement les sourcils. A aucun moment il n'observa son camarade.

- Mon réveil n'a pas sonné, lança le Scorpion et le ton de sa voix laissait présagé qu'il était debout depuis peu.

Camus était trop poli pour signifier ses opinions, il pensait pourtant que Milo était un insupportable personnage sans aucune gêne. Arriver en retard à une convocation du Grand Pope et se permettre de répondre... Le Verseau fronça davantage les sourcils.

- Verseau, lança Milo à son intention, pour le saluer.

Camus ne répondit pas. Il ne réagit même pas. Il avait appris depuis longtemps que, face à Milo, son silence faisait sa force. Le Scorpion ne supportait apparemment pas d'être ignoré, d'autant plus lorsqu'il provoquait intentionnellement. Mais Camus était intelligent ; il ne tomberait pas dans le piège grossier d'un tel personnage. En voyant que le Verseau ne faisait pas attention à lui, Milo soupira bruyamment et leva les yeux au ciel. L'atmosphère s'était soudainement tendue et afin d'empêcher ses Chevaliers de se lancer dans un combat de 1000 jours, le Grand Pope décida de reprendre rapidement la parole. Il était de notoriété publique que Camus et Milo ne se supportaient qu'à petites, très petites, doses. La raison a cela semblait étrangère à tout le Sanctuaire, et personne ne cherchait vraiment à comprendre ; ils n'étaient peut-être tout simplement pas fait pour s'entendre. Cependant, jamais aucun incident n'était parvenu à ce jour et le représentant d'Athéna sur terre comptait bien faire en sorte que cela continue. Pourtant il n'avait eu d'autre choix, aujourd'hui, que de faire venir les deux possesseurs des armures « détraquées ». Ce qu'il s'apprêtait à leur dire n'allait pas plus les enchanter que de se retrouver côte à côte en cet instant, cela risquait même d'éveiller chez eux une réaction plus virulente, mais Shion était suffisamment confiant envers le professionnalisme de ces deux gardiens pour espérer qu'ils mettraient leurs différends de côté et se lanceraient avec enthousiasme dans la mission qui les attendait.

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Milo du Scorpion avait boudé durant tout le voyage, s'isolant pour grommeler des choses incompréhensibles. Camus, quant à lui, était resté très calme, très silencieux, comme toujours. Mais à présent que le voyage avait pris fin, que l'avion qui les avait déposé s'en était allé et que les deux Chevaliers d'Or se retrouvaient au milieu de nul part, de la neige jusqu'aux genoux, les vraies difficultés commençaient.

- Est-ce que c'est une blague? Se plaignit Milo en observant leur moyen de transport disparaître.

Camus ne dit rien. Il se contenta de sortir une carte de sa poche et l'observa en silence. Le Scorpion fronçait les sourcils, fulminait, serrait les dents. Rien, absolument rien, n'aurait pu être pire que cette situation. Il était seul avec le plus insipide des compagnons, dans un pays glacial et plein de neige, pour une durée indéterminée et tout cela parce que son armure faisait des siennes! Pourquoi son armure? Pourquoi pas celle d'Aiolia ou d'Aldébaran?! Milo leva les yeux au ciel et soupira bruyamment, s'attirant le regard interrogateur de Camus.

- C'est n'importe quoi cette histoire! Hurla le Scorpion face au vent froid.

Camus soupira à son tour, doucement, et reposa les yeux sur sa carte. Milo se mit à claquer fortement des dents et se plaignit une nouvelle fois, à voix haute, de la température du pays. Camus plia rapidement sa carte et la rangea dans sa poche. Il fixa ensuite son camarade, les sourcils froncés.

- Dis-moi, tu vas te plaindre encore longtemps?

Milo parut à la fois honteux, à la fois outré, à la fois profondément agacé. Il n'était pas seul avec Camus depuis deux minutes qu'il ne supportait déjà plus sa présence. Ce mec l'horripilait, littéralement! Toujours si calme, si coincé... A croire qu'il était incapable de se détendre et de profiter de la vie, à croire qu'il n'existait que pour suivre les ordres et emmerder son monde par sa supposée perfection. Milo serra les dents. Camus cessa de l'observer et s'éloigna, son armure d'or, dans sa boite, sur le dos. Milo le suivit rapidement, bougonnant sans retenue. Quand, finalement, il se calma et devint silencieux, ils avaient déjà fait plusieurs kilomètres dans la neige et leurs pas commençaient à se faire plus lents. Si Camus tenait bon, plus habitué à ce genre de promenade que son camarade, celui-ci, en revanche, montrait des signes de faiblesse évidents. Ou bien était-ce de la paresse... Toujours est-il que le Scorpion s'arrêta, jetant la boite contenant son armure d'or à même le sol. Le Verseau se détourna et l'observa avec curiosité.

- Qu'est-ce que tu fais? Demanda-t-il.

Milo s'assit sur son bagage, croisant les bras, fronçant les sourcils. Camus leva les yeux au ciel. Le comportement du huitième gardien du Sanctuaire commençait réellement à le fatiguer. Pour lui, Milo n'était qu'un gamin insupportable qui ne connaissait ni la politesse, ni le respect. Il avait horreur de ce genre de personnages, d'autant plus lorsqu'il se retrouvait seul avec l'un d'eux. Rien ni personne n'avait jamais réussi à faire sortir Camus de ses gongs, mais il présageait que si Milo continuait de se comporter de la façon dont il se comportait, il serait le premier et seul être humain à subir sa colère. Pour l'heure, Camus tenta de respirer, de se calmer, et surtout d'éviter une dispute. Il mit donc ses émotions de côté, en bon Chevalier des glaces qu'il était, et imita son camarade en déposant son bagage dans la neige et en s'asseyant dessus.

- D'accord, faisons une pause, lança-t-il.

Milo parut surpris. Il ouvrit de grands yeux et décroisa même les bras, scrutant Camus avec attention. Le Verseau essayait de ne pas faire attention à lui, observant les paysages blancs et enneigés de Sibérie. Cela faisait longtemps qu'il n'était plus revenu ici, mais rien n'avait changé ; le froid était toujours coupant, les paysages toujours aussi vides, l'atmosphère toujours aussi calme, et quelque part effrayante. Camus soupira pour lui-même, se rendant plus que jamais compte qu'il était à l'image de ce pays qu'il avait si longtemps côtoyé.

- C'est ici que tu as suivis ton entraînement, non?

Camus jeta un coup d'œil à Milo. Le Scorpion l'observait intensément, attendant qu'une réponse lui fut donnée. Il hocha doucement la tête. Une rafale de vent souffla, soulevant la neige à leurs pieds, s'engouffrant dans leurs cheveux détachés.

- Un peu plus au nord, il me semble, dit Camus, calmement.

Milo ne dit rien pendant un long moment puis, soudain, il soupira, observant l'horizon.

- Depuis quand ton armure résonne-t-elle?

Camus ne se laissa pas surprendre par la question, il la trouvait légitime et lui-même avait maintes fois voulu la poser au Scorpion. L'étrange affaire qui les avait rassemblé méritait d'être discutée après tout.

- Quelques semaines.

Milo hocha la tête, indiquant par ce simple geste que la durée correspondait à celle qu'il avait lui-même remarqué. Quelques semaines... c'était arrivé la première fois en pleine nuit, alors que le Scorpion essayait de s'endormir ; son armure s'était mise à briller avec une force certaine. Sa lueur avait empli toute sa chambre et l'avait forcé à se cacher les yeux pour ne pas être ébloui. Cela avait duré quelques minutes, la lueur baissant et s'intensifiant tour à tour, sans raisons apparentes. Milo s'était hâté d'aller confronter le Grand Pope, inquiet et, il devait bien l'avouer, quelque peu effrayé. Plus tard, il avait appris que Camus du Verseau avait constaté la même anomalie chez son armure, et si cela l'avait quelque peu rassuré, il s'en était également trouvé plus inquiet. Il s'était longuement questionné, et se questionnait encore, sur cet étrange phénomène. A présent, le Grand Pope les avait tous deux envoyé en Sibérie, se targuant d'avoir localisé la source de ces étranges résonances. Milo ne doutait pas des capacités du Grand Pope, mais toute cette histoire lui semblait tout de même... déconcertante. Il faisait confiance au représentant d'Athéna sur terre, mais comment croire, avec tous le bon sens possible, que celui-ci avait pu trouvé une source de résonance à l'autre bout du monde et que cette source était précisément celle qui influençait le comportement de son armure, de leurs armures? Milo restait perplexe quant à toute cette affaire. Il doutait que Camus partageait les mêmes opinions que lui cependant. Camus, lui, devait s'être persuadé de la véracité des propos du Grand Pope, quand bien même ceux-ci eussent été quelque peu insolites. Cela surprenait d'ailleurs quelque peu Milo qui, depuis qu'il l'avait rencontré la première fois, avait considéré Camus comme quelqu'un de logique, avec les pieds sur terre... Jamais il n'aurait pu l'imaginer croyant en ces étranges fantaisies.

- Bien, remettons-nous en route, s'exclama le Scorpion en se redressant rapidement.

Camus l'observa avec surprise. Et tandis que Milo se dirigeait vers l'ouest, son armure sur le dos, le Verseau semblait, lentement, reprendre ses esprits. Il se redressa finalement en toute hâte pour rattraper son camarade.

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Ce n'est qu'après plusieurs heures de marche que les deuxChevaliers d'Or envoyés par le Sanctuaire trouvèrent le village qu'ils recherchaient. Ils décidèrent à l'unanimité d'y faire une halte, laissant leur mission de côté pour quelques courts instants de repos. Une tempête venait tout juste de se lever, froide, enneigée, lorsque Scorpion et Verseau s'engouffrèrent dans la seule auberge qu'accueillait les lieux. Les regards des quelques habitants accoudés au comptoir se tournèrent aussitôt vers eux et si Camus se sentit quelque peu mal à l'aise, tentant en vain de se faire oublier, Milo, lui, s'empressa de signifier sa présence en déposant son armure bruyamment et en se rendant auprès d'une grande cheminée dans laquelle brûlait un feu aux flammes hautes et dansantes. Derrière le comptoir, un homme bourru observa les nouveaux arrivants avec un air méfiant. Cependant, lorsque son regard se posa sur les boîtes dorées renfermant les armures du Scorpion et du Verseau, son visage s'illumina.

- C'est vous les Chevaliers d'Or, n'est-ce pas? Lança-t-il dans un russe légèrement mâché.

Milo l'observa avec de grands yeux, sourcils haussés. Camus, qui avait quitté son manteau et rangé ses affaires dans un coin de l'auberge, hocha la tête.

- C'est exact. Nous voudrions nous reposer un peu ici avant de repartir, si cela ne vous embête pas, bien sûr.

Le russe que parlait Camus était parfait. Milo l'observa avec de tels yeux, une telle insistance, que le Verseau n'eut d'autre choix que de détourner la tête vers lui et de l'observer à son tour. Leur échange ne fut que de courte durée et leurs attentions se tournèrent bientôt vers l'aubergiste qui, riant à gorge déployée, s'approchait d'eux.

- Vous êtes les bienvenus! Asseyez-vous, je vais vous préparer un bon repas!

Il s'empressa de tendre la main à Milo, souriant joyeusement. Le Scorpion lui serra la main en souriant à son tour. Il avait beau être un Chevalier d'Or, il se sentit grimacer lorsque l'aubergiste écrasa, dans sa grosse main, chacun des os de celle de Milo. Puis, l'homme s'empressa d'aller serrer la main de Camus et leur désigna une table près de la cheminée, les pressant à s'asseoir et à se mettre à l'aise. Quand il disparut de nouveau derrière son comptoir, chargeant une certaine Masha de « servir à boire à ces messieurs », Milo lança un regard curieux à Camus.

- Je... je suppose que nous sommes les bienvenus, dit-il.

Le Verseau hocha la tête. Les deux Chevaliers s'installèrent à la table que leur avait indiqué l'aubergiste, l'un face à l'autre.

- Il est parti nous préparer de quoi manger, expliqua Camus.

Milo esquissa un grand sourire ravi. Il n'avait pas osé se plaindre auprès du Verseau de peur de l'énerver mais il mourrait de faim depuis au moins une heure. Soudain, une jeune fille s'approcha d'eux, souriante, les joues légèrement rosées. Elle observa Milo, puis Camus, et devint plus rouge encore qu'elle ne l'était déjà. Le Scorpion sourcilla, le Verseau, lui, resta de marbre et l'observa sans aucune émotion. La jeune fille se présenta comme étant leur serveuse, elle leur indiqua quel genre de boissons ils pouvaient trouver ici et leur demander, à chacun, ce qui leur ferait plaisir. Camus servit d'interprète pour Milo qui s'empressa de commander une bière. Le Verseau fut plus sérieux que son camarade en réclamant un simple verre d'eau. La jeune fille prit commande et, avant de partir, sourit niaisement à Camus. Quand elle disparut et que Milo se mit à pouffer de rire, Camus l'observa avec incompréhension.

- Je crois que tu lui plais! Lança-t-il en riant discrètement.

Camus sourcilla. Il se sentit soudainement très mal à l'aise mais son visage resta incroyablement neutre. Il ne dit rien et laissa Milo pouffer de rire dans son coin. Quand la jeune fille revint avec leurs commandes, le Scorpion lui offrit un sourire amusé et, la jeune Masha, comprenant qu'elle avait été percée à jour, se mit à rougir au point d'en devenir écarlate. Elle tendit son verre d'eau à Camus et s'empressa de courir se réfugier dans la cuisine, souriant de manière un peu idiote.

- Ouais. Tu lui plais, confirma-t-il en portant sa bière à sa bouche.

Camus soupira doucement. Il était hors de question pour lui de soulever les remarques stupides de Milo. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise. Quand l'aubergiste refit surface, il apporta avec lui une énorme marmite de bœuf stroganoff. Milo, l'eau à la bouche, l'observa avec autant de reconnaissance possible et, une fois servi, s'empressa de se jeter sur la nourriture. Camus mangea plus mesurément mais avec appétit. Il n'avait rien dit à Milo parce qu'il n'était pas du genre à se plaindre, mais il mourrait de faim depuis un long moment maintenant. Alors qu'ils mangeaient en silence, la jeune serveuse s'approcha de nouveau d'eux et observa le Verseau avec de grands yeux humides et plein d'espoir.

- Vous désirez autre chose?

Milo l'observa en sourcillant. Il secoua la tête pour lui-même. Camus se força à esquisser un sourire, signalant à la jeune serveuse qu'ils n'avaient besoin de rien de plus. Elle allait de nouveau ouvrir la bouche lorsqu'une lueur pâle et dorée emplie la pièce. Camus et Milo, d'un même bond, se redressèrent, observant leurs armures respectives. Dans leurs boîtes, celles-ci résonnaient de nouveau, diffusant une lueur intense mais étrangement différente de d'habitude. La jeune serveuse recula de plusieurs pas lorsque Milo la repoussa gentiment du passage pour s'approcher de son armure. Camus l'imita, jetant avant tout un coup d'œil gêné au reste de l'auberge.

- Milo, il faut qu'on sorte d'ici, chuchota-t-il.

Le Scorpion se tourna vers le reste de la pièce et sourit maladroitement alors que les regards estomaqués se posaient sur eux et leurs armures. Camus déposa de l'argent sur la table la plus proche et, accompagné de son camarade, s'empressa de sortir et de refermer la porte derrière lui dans un claquement définitif.

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(Ah la la je suis vraiment navrée mais je viens de me rendre compte, en reprenant mes mangas, que ma fiction comportait une incohérence assez embarrassante... Je me suis basée sur mes souvenirs des tomes 12 et 13 de Lost Canvas pour écrire le premier paragraphe et développer mon idée principale, seulement voilà, j'avais quelque peu oublié l'existence d'Atlantis, la cité de Poséidon. Bon, c'est pas dramatique (enfin je l'espère) mais tout de même, je tenais à m'excuser pour l'incohérence. Donc, le récit commence bien à Blue Graad, pas à Atlantis, comme ça aurait dû être le cas puisque c'est là-bas que sont morts Dégel et Kardia. Pardon,pardon,pardon.)