Il sentit le draps remué, un corps se redresser puis se glisser sans bruit hors du lit. Il garda les yeux fermés, pour ne pas le voir partir sans doute mais surtout pour qu'il ne lui parle pas en le voyant réveillé. Le cœur au bord des yeux, Kaoru ne dit rien. Il garda un souffle calme et long, attendant que son frère soit sortit de la chambre pour se permettre un mouvement, il roula sur lui même et mit sa tête sur l'oreiller d'Hikaru où il profita de son odeur une dernière fois avant de se lever. Hikaru ne partait pas tout de suite : il allait devoir attendre. Il se redressa à son tour et s'assit sur le bord du lit, l'oreiller de son frère tout serré contre son torse, il espérait capter les battements de ses cils et de son cœur à travers le tissu. Mais le cœur de la deuxième moitié de leur « un » ne battait plus uniquement pour lui, plus maintenant.

Depuis quelque temps, Hikaru s'ouvre au monde plus qu'il ne l'avait jamais fait. Il s'est déclaré à Haruhi, leur amie au lycée, une jeune fille qui participe à leur club d'hôtes, elle a répondu par l'affirmative, Kaoru ne pensait pas que ça puisse arriver. Il se retrouve seul. Un problème plus grave se pose, pourtant, son frère a du mal à regarder l'élue de son cœur séduire de jeune fille dans sa peau de séductrice masculine. Du coup, Hikaru ne va pas très bien dans ces cas là, ça se ressent au sein du cercle où personne n'est au courant de leur relation. Kyouya a du comprendre, lui. Kaoru prit simplement pour que le Sire ne se rende compte de rien. Kaoru aussi, est amoureux d'elle. Quelle importance ? Ils sont ensemble, maintenant, et il ne peut pas penser que l'un est l'identique de l'autre pour la jeune fille alors c'est terminé, ces histoires.

Hikaru a toujours été une priorité aux yeux de son frère mais celui-ci ne veut pas souffrir lorsque ce n'est pas nécessaire. La porte d'entrée se ferme et une domestique entre dans la chambre suivit de sa sœur jumelle. Toutes deux s'arrêtent près du lit, inexpressive.

« Maitre Hikaru, il est l'heure de vous préparer.

-Oui, j'arrive. »

Il sourit. Il n'est pas Hikaru. Même des jumelles ne peuvent les différencier. Pourtant, lui, il sait qui est qui. Il se relève et s'étire, son torse nu semble attirer la lumière du soleil levant, les deux servante sortent sans un regard. Il soupir. Son regard se pose sur son portable. Il le regarde sonner. Sonner encore. C'est Hikaru. Il hésite, approche sa main, rétracte ses doigts avant de le prendre, il ouvre le clapet et le colle à son oreille.

« Hikaru ? Questionne-t-il.

-Kaoru ! J'ai oublié de prendre mes clés, tu pourras me les apporter ? »

Le regard du garçon se balade dans la chambre, il confirme en descendant les escaliers, toujours torse nu, et repère finalement les clés.

« Je les ai trouvé. Je te les amènes en classe.

-On ne se retrouve pas devant le lycée ?

-Non, c'est bon, reste avec Haruhi, j'arriverais à l'heure, ne t'en fais pas. »

Il raccrocha sans attendre la réponse de son frère. Une veste se posa sur ses épaules.

« Vous allez attrapé froid, maître Kaoru. »

Le garçon leva les eux vers l'homme, un majordome arrivé il y a peut.

« Je suis Hikaru.

-... Toutes mes excuses.

-Quand on ne sait pas, on dit juste « maître Hitachiin », compris ? »

Il avait beau continuer le jeu, ça n'avait rien de drôle sans sa moitié. Il soupira, baissa la tête puis la releva et monta à la chambre où il se changea rapidement. Ses muscles se bandèrent, il se crispait sans raison valable. Son corps entier semblait refuser de lui répondre comme chaque matin depuis plus d'une semaine. Parce que son corps refuse de fonctionner sans l'odeur constante de son frère. Il attrapa l'oreiller de celui-ci et le colla à son visage en retenant ses larmes, il n'en pouvait plus de tout ça. Avec Hikaru, déjà, ils étaient seuls. Maintenant, il était seul mais sans lui. Pourquoi ? Parce que l'amour l'a emporté loin de lui alors qu'il s'en privait. Un soupir, encore une fois. Il écarta l'oreiller de son visage pour pouvoir respirer normalement puis il prit son sac et sorti, le chauffeur l'attendait dans la voiture noire. Il avait du faire l'allée retour après avoir amener Hikaru chez Haruhi puis au lycée. Kaoru monta à l'arrière.

« Tout va bien, monsieur ?

-Démarrez. »

L'homme n'insista pas et la voiture s'engagea dans l'allée de la maison avant de rejoindre la route. Elle se gara, quelques dix ou quinze minutes plus tard devant l'immense lycée pour jeunes nantis. Kaoru sorti de la voiture sans un mot et entra. Au lieu de rejoindre sa classe comme il l'avait dit à Hikaru, il monté trois étages et se retrouva devant cette salle de musique qu'il fréquentait depuis bientôt 3 ans. Tout allait bientôt changer. Il n'aurait bientôt plus ni refuge ni amis. Honey et Mori partiront à la fin de l'année, Tamaki et Kyoua l'année suivante puis enfin, lui, Haruhi et son frère. Mais cette année déjà, comment se passeront-ils de Honey et Mori ? Le cercle va se briser. La famille se désunir. Kaoru plongera bientôt dans l'oublie. Il ouvre la porte alors qu'il l'a pensait vérouillé.

« Que fais-tu là ? Demanda Kyouya.

-Tu le demandes à qui ? Répliqua aussitôt le jumeau, visiblement irrité. Kyouya soupira.

-A celui des deux jumeaux qui ne sort pas avec Haruhi, Kaoru. »

Il fut un peu surpris mais, connaissant le brun, il s'y attendait de toute façon. C'était un garçon trop intelligent. Il fallait qu'il se confie à lui, certainement, mais l'écouterait-t-il ? Le conseillerait-il ? Lui accorderait-il un instant de sa vie occupée ?

« Qu'est ce que je suis censé faire ? »

Kyouya le regarda un moment sans comprendre le sens de sa question puis il lui désigna le fauteuil rouge qui occupait le centre de la salle. Kaoru alla s'y asseoir et fut bientôt rejoint par le brun à lunette qui posa un plateau. Il lui servit une tasse de thé pour le calmer avant de le regarder.

« A propos de Hikaru ?

-Je ne sais pas. De Hikaru comme de Haruhi. Et puis le cercle.

-Tu n'auras bientôt plus à te soucier du dernier point.

-C'est bien ça le problème, coupa Kaoru. Je vais faire quoi, moi, après ? Pour Hikaru, il sera bien, il ne verra plus sa petite amie séduire toute les filles qui passent, mais moi ?

-Je ne pensais pas que tu puisses être égoïste vis-à-vis du bonheur de ton frère. »

Kaoru détourna les yeux et prit une gorgée du thé brûlant qui lui a été servit.

« Je veux qu'il soit heureux, mais pas à mes dépends, commença-t-il doucement avant d'élever soudain la voix. C'est quand même pas si grave ! Je veux juste qu'on reprenne comme avant ! Je suis seul sans lui ! »

Kyouya le regarda sans rien dire. Le garçon s'était levé en criant. Sa voix avait déraillé à plusieurs reprises, il semblait au bord des larmes. Le brun ne comprenait pas. Pourquoi s'énerver si vite et si fort à propos d'une chose aussi futile ? Avait-on à ce point besoin d'une présence ? Cela dit, le lien fraternel, jumelé de plus, devait avoir son importance. Kyouya ne dit rien, il se releva, força Kaoru à se rasseoir et resta planté un moment devant lui avant qu'il ne se décide à relever les yeux. Le regard humide, les pensées embrumées, il se releva pour cette fois être à quelques millimètres de l'insensible. Le visage baissé vers le sien, il ne fallut que quelques millièmes de secondes pour qu'il se baisse un peu, Kaoru tendait maintenant les lèvres. La porte s'ouvrit sur un Hikaru affolé qui se figea en les voyant. Il ne dit rien. Il reste simplement parfaitement immobile puis détourna la tête.

« Hikaru ! »

Enjoué, le jumeau était près à s'élancer dans ses bras mais il partait déjà.

« … Hikaru ? Hi... Hikaru ! Attends ! » Cria-t-il en se lançant à sa poursuite. Mais le garçon avait déjà rejoins la salle, à quelques mètres, Kaoru s'arrêta alors que le professeur laissait Hikaru rentré. Il approcha, hésitant puis se décida enfin : il entra sans prêter attention à l'adulte sur le point de le réprimander. « Hikaru !

-... Kaoru.

-Q'est ce qui t'as prit de partir comme ça ?!

-Et toi, qu'est ce qui t'as prit ? Je ne suis pas celui des deux qui s'est collé à un autre ! »

Excédé, Hikaru s'était brusquement relevé, il criait, prit d'une violente crise de jalousie et de possessivité, les filles autour étaient inquiètes, oui, mais surtout ravies par le spectacle.

« Non mais t'es pas croyable ! Hurla Kaoru, indigné. Je te rappels que tu es en couple ?! Tu vas pas me la jouer crise de jalousie maintenant !

-Fais ce que tu veux, j'en ai rien à foutre ! »

Et il se rassit. Kaoru resta figé, quelque chose en lui venait de se briser. Les larmes montèrent à ses yeux, une unique perle glissa sur sa joue. Il baissa la tête en murmurant « Enflure... espèce d'enflure... après tout ça... » puis il hurla « je te déteste, Hikaru ! » et sorti en courant. Son frère ne sourcilla pas. Il ne bougea pas. Pourtant, en lui aussi, la fraternité s'était brisé.

A grandes enjambés, Kaoru parcouru le lycée, il ne savait où aller et se réfugia tout simplement dans la salle de musique qu'il venait de quitter. Il se terra dans le local après en avoir passé la porte et ne bougea plus, il pleurait à chaudes larmes, sanglotait violemment, secoué de toute part par le chagrin. Et Il ne savait pas comment réagit face à ça. Kaoru fini par remarquer sa présence et sursauta en se releva, en effaçant ses larmes il essaya de paraître sur de lui.

« Mori ? Qu'est ce que tu fais là ?

-J'ai tâché mon uniforme. À l'entraînement. Je suis venu me changer.

-Ah. OK. Bah je te laisses. »

Kaoru fit demi-tour mais la longue main de Mori enserra son bras. Il était silencieux, semblait se moquer de la situation, ne pas la vivre, et pourtant.

« Tu pleurs. »

Intelligent, ce garçon, pensa Kaoru. Il ne répondit pas pour autant et déposa son regard dans le sien. Il n'avait jamais vraiment eu de conversation, avec lui, certes ils s'entendaient bien mais dans quelles mesures puisqu'ils se connaissaient finalement à peine ? Il se mordit la lèvre. Au point où il en était, il n'avait rien à craindre, dans quelques semaines Mori serait parti et ne pourrait plus révéler ses problèmes. Mais il n'était pas du genre à se confier deux fois dans la même matinée. La même heure, qui plus est.

« Ouais, c'est rien. Un caprice.

-... C'est Hikaru, qui fait des caprices.

-Je suis Hikaru !

-Non, tu es Kaoru., affirma Mori.

-Et je peux savoir comment tu sais ça ?!

-Mon cœur bat la chamade. »

Kaoru ne comprit pas tout de suite, il plongea son regard dans celui de Mori, resta longuement silencieux alors que le rouge commençait à coloré ses pommettes.

« Que veux-tu dire ?

-Tu rougis. Tu as compris. Pourquoi as-tu pleurer ? C'est à cause de Kyoya ?

-Hein ? Il n'a rien fait.

-... Il a voulu t'embrasser.

-Comment tu...

-J'étais là, le coupa-t-il, j'ai vu ce qu'il s'est passé. J'ai parlé à Kyoya. Il ne recommencera pas. »