Nous sommes dans le contexte post-Reichenbach, cette période où le docteur Watson est sombrement abattu.

Cette fiction n'a pas de fin car, pour l'instant, pour autant que je sache, il n'y a toujours pas eu de retrouvailles entre nos deux compères...


Ma psychologue m'a chaudement encouragé d'écrire un journal intime. «Ça vous aidera à surmonter cette épreuve, John», c'est ce qu'elle a dit. C'est ce qu'elle pense. Je n'ai pas d'avis. Je ne sais pas ce que j'en pense. Je ne sais même pas si je vais m'en remettre un jour. Si, peut-être un jour, mais jamais je n'oublierai cette image. Cette chute. Tout ce sang. Je n'en sais rien. Pour l'instant, je sais juste que ma douleur est béante et qu'elle est présente jusque dans mes tripes. Je suis perdu. Je perds pied, je tombe. J'ai besoin de me raccrocher à quelque chose. N'importe quoi. Quelque chose de régulier. De quotidien, oui, qui remplacerai celui que j'ai perdu. Qui me ferait me ramener sur terre, et me ferait m'extirper, ne serait-ce qu'un peu, de ce trou sans fin dans lequel je me plonge jusqu'au cou chaque jour un peu plus : la déprime.

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Je suis revenu à Baker Street. L'appartement me manquait trop. J'ai besoin de me retrouver un peu. Je vais me chercher dans un endroit familier : le salon.

J'entre dans le séjour. Je le retrouva vide. Complètement vide. Comme moi.

On verra avec le temps si j'arrive à m'habituer à la solitude du 221B Baker Street et aux nombreux souvenirs qu'il en dégage. C'est un défi que je me lance à moi-même : si j'arrive à vivre dans cet appartement, avec mon passé, c'est que je serais guéri de ma blessure.

Ainsi commence mon journal. Dehors il pleut, il fait 10°C. Nous sommes lundi.

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