Un autre OS que j'ai écrit il y a quelques temps... Des fautes ont certainement dû échappé à ma vigilance, je m'en excuse par avance =)
Sur le Bout de tes Lèvres (un Nouveau Monde nous attend)
.
D'un geste vif et peu contrôlé, elle apposa sa signature sur le bas de la feuille.
Une fois encore, il avait franchit les limites et avait bien faillit y passer.
S'enfermer avec un homme détraqué et armé jusqu'aux dents pour lui soutirer des aveux, non mais quelle idée ! Elle serait arrivée trois secondes plus tard et il ne s'en serait pas sorti. Trois secondes plus tard et plus de Jane.
Elle n'en pouvait plus. Elle ne supportait plus ces ascenseurs émotionnels, maintenant devenus presque quotidiens. Quand comprendrait-il enfin que sa vie était précieuse et qu'elle ne supportait pas le savoir en danger ? Qu'elle ne survivrait probablement pas si un jour, elle devait le perdre…
Elle se gifla mentalement à cette pensée bien sûr qu'elle y survivrait, elle n'aurait pas le choix. Et depuis quand était-il devenu aussi important pour elle, depuis quand c'était-elle mise à penser de la sorte ?
Tendant le bras pour attraper le dossier qu'elle avait lancé un peu plus tôt sur le coin de son bureau, il y glissa le rapport qu'elle venait tout juste de terminer, puis se retourna afin de lire l'heure sur l'horloge accrochée au mur. Une heure moins vingt. Bien trop tard pour commencer un nouveau rapport elle ferait mieux de ranger les autres dossiers sortis et de rentrer chez elle. Elle se leva donc de sa chaise et rassembla toute les feuilles éparpillées sur son bureau, rangea ses stylos dans le petit pot prévu à cet effet et glissa les pochettes de dossiers classés dans le tiroir adéquat.
Une fois que plus rien ne traînait sur son bureau, elle récupéra sa veste qui était sur son canapé et ce ne fut qu'au moment de se tourner vers la porte qu'elle remarqua Jane, qui était entré sans faire de bruit. Suspicieuse, elle repéra qu'il tenait ses mains derrière son dos.
Rien que le fait de le voir là, devant elle comme si de rien n'était, réveilla en elle une colère immense qu'elle ne savait pas porter et contre laquelle elle ne lutta guère.
« Qu'est-ce que vous voulez, Jane ? demanda-t-elle d'un ton froid. »
Elle n'était vraiment pas d'humeur à se montrer gentille.
« Je sais que vous êtes fâchée, alors je suis venu m'excuser… »
Avec un petit sourire, il tendit ses bras en avant pour lui montrer, cachée au creux de ses mains, une petite grenouille en papier, comme celle qu'il avait déposée sur son bureau il y a quelques années.
Sans savoir pourquoi, elle vit rouge. D'un geste brusque elle lui arracha la grenouille et l'écrabouilla grossièrement avant de la jeter à l'autre bout de la pièce. Lorsqu'elle se tourna à nouveau vers lui, elle l'observa presque avec satisfaction perdre son sourire et ne put plus longtemps retenir ses pensées.
« Vous savez où vous pouvez vous la mettre cette grenouille, Jane ? Vous ne m'achèterez pas avec un bout de papier cette fois-ci. J'en ai plus qu'assez de vos combines et de vos conneries. Je n'en peux plus !
-Oh, ce n'était pas si grave que ça, vous êtes arrivée à temps, c'est ce qui compte, dit-il en se dandinant d'un pied sur l'autre.
- Non, Jane, explosa-t-elle. Je ne vais pas passer ma vie à surveiller vos arrières et à prier pour qu'un peu de bon sens croise votre route. Je suis fatiguée Jane, fatiguée de me tuer à vous demander de faire attention à vous et aux autres, fatiguée de parler à un mur ! Quoi que je dise, vous n'en faites qu'à votre tête. Vous foncez tête la première dans les situations les plus dangereuses sans penser ne serait-ce qu'une seule seconde aux conséquences de vos actes. Vous vous foutez totalement de ce que l'on pourrait ressentir si jamais il vous arrivait quelque chose. Vous… »
Sa gorge se serra de colère et de tristesse, et sa voix se tordit alors qu'elle parlait tout en se souvenant des évènements de la journée.
« Vous vous foutez totalement de votre vie. Comme si elle ne valait rien. Je...Je ne peux pas vous laisser agir comme ça…Je…»
Elle lutta pour retenir les larmes qui menaçaient de couler. Jamais elle n'aurait pensé craquer à ce point, ce n'est qu'une fois chose faite qu'elle se rendit compte de ce qu'elle ressentait vraiment. Elle se sentait faible, perdue et avait l'impression d'étouffer. Elle avait eu horriblement peur de le perdre.
« Je tiens à vous, plus que vous ne pouvez le penser… »
Jane resta silencieux, ne sachant que répondre face à cet aveu inattendu. Il se demanda comment il avait pu passer à côté, lui qui était si observateur. Comment il avait pu passer à coté des sentiments de Lisbon ? La voir ainsi terrassée lui brisa le cœur et savoir que c'était de sa faute ne fit qu'empirer les choses. Il ne s'était jamais rendu compte du fait que Lisbon se soit autant attachée à lui. Espéré peut-être, au fond de lui, mais il n'y avait jamais cru.
D'un pas hésitant il avança jusqu'à elle et l'ombre d'un sourire s'esquissa sur ses lèvres. Il prit son visage entre ses mains, la regarda dans les yeux puis lui souffla dans un murmure :
« Moi aussi je tiens à vous, Lisbon. N'en doutez jamais. »
Sans se laisser le temps d'y réfléchir vraiment, il se pencha en avant et l'embrassa furtivement sur le coin des lèvres. Il se recula pour la regarder puis déposa un autre baiser au même endroit, plus long cette fois, mais sans oser en faire plus.
Il se recula sans dire un mot et se dirigea vers la sortie. Avant de franchir la porte pourtant, il lui souhaita « Bonne nuit », puis s'enfuit, ne laissant pas à Lisbon l'opportunité de le retenir.
Elle resta quelques minutes immobile en plein milieu de son bureau, sonnée, puis prise de remords elle tenta de retrouver la petite grenouille qu'il lui avait apporté, pestant contre elle-même et contre sa cruauté.
Une fois retrouvée, elle observa la petite boule de papier froissé avec tendresse, la glissa dans son sac et, ne perdant pas plus de temps, ferma son bureau et s'engouffra dans l'ascenseur en espérant rentrer chez elle le plus vite possible.
###
« Je tiens à vous, plus que vous ne pouvez le penser »
Allongé sur le matelas qui lui servait de lit dans le grenier du C.B.I., Jane repensa à ces mots qu'elle lui avait dits. Qu'avait-elle voulu dire par « plus que vous ne pouvez le penser » ? Il savait qu'ils étaient amis, de très bons amis même. Mais ce pourrait-il que Lisbon soit…
Il n'osa pas terminer cette pensée, trop effrayer des conséquences que cela pourrait engendrer. Pourtant, des conséquences, il en aurait à affronter, surtout après ce presque baiser qu'il avait osé lui prendre.
Ce presque baiser qui le tourmentait maintenant.
Il avait été gage de son amitié profonde pour elle, qui se transformait de jours en jours. Gage également du fait qu'il l'avait écoutée et qu'il la respectait plus que tout au monde, contrairement à ce qu'elle semblait penser.
Pourtant, il eu l'étrange impression qu'ils avaient scellé quelque chose de nouveau par ce baiser, quelque chose qu'il n'était pas encore totalement prêt à affronter. Il tenait beaucoup trop à elle pour la perdre par lâcheté, par crainte d'affronter ce tourbillon de sentiments. Il lui fallait encore un peu de temps.
Et alors que le sommeil l'avait envahit, après quelques heures de réflexion, il se surprit à rêver de ses lèvres, douces et rosées, et à l'agréable douceur d'un vrai baiser.
