« Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne peut s'exprimer qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »

Michel de Montaigne


You were never gone
Volume I

I.


Le bruit d'une détonation résonna dans l'air, faisant s'envoler une nuée d'oiseaux au-dessus du couvert des arbres. Il recouvrit les grognements de colère et de rage, mettant fin efficacement à toutes protestations. Tout le monde se figea, et le regard de chacun se tourna vers l'alpha. Ce dernier était complètement immobile, les yeux écarquillés. Dans un silence mortel, Derek baissa les yeux vers sa poitrine.

Il n'y avait aucun impact, aucune douleur et malgré la précarité de leur situation, il en éprouva du soulagement. Mais cela ne dura qu'un bref instant, car il eut soudain peur de comprendre ce que cela signifiait vraiment. Si Kate n'avait pas tiré sur lui, alors qui avait bien pu se retrouver dans sa ligne de mire ? À peine eut-il le temps de s'en faire la réflexion qu'un souffle haché lui parvint. Ce fut infime. Une expiration lente et douce qu'il connaissait maintenant presque par cœur et qui n'avait eu de cesse de l'accompagner ces dernières semaines. Mais cette fois, elle était teintée d'une douleur sourde et l'air fut soudain saturé par le choc, la peur, et l'angoisse.

Lentement, il tourna la tête et ses yeux se fermèrent brièvement devant la scène qui s'offrait à lui, comme si ce bref instant plongé dans l'obscurité allait lui permettre de conjurer ce moment de sa mémoire.

Mais il était déjà trop tard.

Il ouvrit de nouveau les yeux pour voir la fleur s'épanouir lentement sur la chemise de Stiles. Elle était écarlate.

D'un rouge vermeil.

Et elle étendait ses pétales sur son torse en s'abreuvant de son sang.

Encore et encore. Belle. Mortelle.

Ce fut le bruit sourd des genoux de Stiles touchant terre qui sortit tout le monde de cette torpeur qui les avait saisis.

Et un hurlement déchira l'air.

Vif. Puissant. Douloureux.

Et le sourire de Kate était triomphant.

Le hurlement continuait de résonner encore et encore et cette fois, on put nettement percevoir l'agonie de son propriétaire. Tous les autres semblaient être en état de choc.

Derek tira sur ses chaînes avec l'énergie du désespoir tandis que les hurlements de Scott se transformaient lentement en gémissements.

L'aconit faisait toujours effet.

Ils étaient impuissants alors que Kate et ses hommes faisaient demi-tour sans même un regard en arrière.

Mais Derek ne s'en préoccupait déjà même plus. Son regard était continuellement fixé sur Stiles, qui le regardait aussi, étendu sur le sol, ses deux mains posées sur le trou qu'il avait dans la poitrine dans une vaine tentative d'arrêter l'hémorragie.

Sa respiration était hachée et douloureuse et Derek laissa échapper un gémissement de bête blessé devant sa souffrance.

Et malgré sa peur et son angoisse, malgré les battements assourdissants de son cœur qui résonnaient à leurs oreilles, Stiles trouva la force de leur sourire et en regardant ses amis, ses yeux semblaient vouloir dire « Je vais bien », « Ne vous inquiétez pas » et « L'on se verra demain ». Quand il tourna la tête vers Derek au prix d'un grand effort, ses yeux disaient « Je t'aime ».

L'orage gronda au-dehors.

Puis le silence revint.