Encore un petit OS pour la nuit du FoF ! Youhou, c'est pas comme si j'en étais à ma deuxième nuit blanche ! Bref. Les thème était stylo.

Bonne lecture !

Alucard regardait Integra.
Elle travaillait. Comme d'habitude.

Ou plutôt, non, elle ne travaillait plus depuis quelques minutes. Elle rêvait. Elle était perdue dans ses pensées. Des pensées peu intéressantes sur les plis du tapis, le thé qu'elle venait de boire, les papiers qu'elle devait finir. Sur rien de bien précis, comme d'habitude lorsqu'on rêve éveillé.

Mais ce qui intéressait Alucard, ce n'étaient pas ses pensées, pour une fois. C'étaient ses gestes. Integra avait une gestuelle très intéressante, surtout quand elle se laissait aller.

Elle jouait avec un stylo.

C'était un simple stylo, celui qu'elle utilisait pour ses notes et ses brouillons, celui qu'elle utilisait dans la vie de tous les jours. Il ne ressemblait pas à celui qu'elle avait quand elle devait signer des traités importants en public. Il était plus fin, plus pratique, mais moins beau.

Alucard l'aimait bien quand même, ce stylo.

Il aimait la manière dont il bougeait entre ses doigts, dans ses mains, la manière qu'il avait de naviguer sur sa peau, sans but précis, la manière qu'il avait de glisser entre ses doigts, de jongler entre ses mains. Il aimait la manière qu'il avait de venir se poster sur les lèvres rebondies d'Integra. Il aimait la manière dont il tapotait les bouts de chair de ses lèvres, lentement, paresseusement. Il aimait observer la manière qu'il avait de se figer dans la poigne pensive d'Integra tandis qu'elle se calait confortablement dans sa chaise, son dos sur le dossier. Il l'enviait pour être contre elle, les yeux fermés. Il l'enviait pour en avoir le droit.

Il enviait ce stylo. Il la regardait, mordre doucement le bout, les yeux dans le vague, les dents sur le plastique du capuchon. Il devait souffrir, ce stylo. Qu'il souffre. Il avait le privilège d'être sur les lèvres d'Integra. Il devait payer ce privilège. Il enviait ce stylo. Il aurait voulu être à sa place. Naviguer sur elle, la frôler. Lui faire perdre le fil de ses pensées.

Il sursauta en même temps qu'elle quand il tomba. Puis, il sourit, dans l'ombre. Elle s'était endormie, perdue dans ses pensées, son stylo voguant sur son visage. Mais l'illusion était rompue. Elle s'était assez assoupie pour qu'il tombe. Elle s'était désintéressée du stylo et il était tombé. C'était là qu'il intervenait.

Emergeant de l'ombre, il alla ramasser l'objet du crime et le tendit à son maître qui le regardait d'un air courroucé. Il lui sourit à nouveau, admirant secrètement ses lèvres roses qu'elle mordait et qui portaient encore le goût plastique du stylo. Elle reprit ledit objet du démon et le posa fermement sur la table en lui jetant un regard noir comme si, agité de vie propre, il avait décidé de tomber de lui-même.

- Désormais, Integra, choisissez des esclaves qui restent près de vous, fit Alucard malicieusement.

Et comme il l'avait prévu, il vit le front blanc de son maître se froncer sous l'incompréhension. Il se leva d'un geste souple et lui fit face. Elle assise et lui debout, il la dominait encore plus que d'habitude.

- Ceux qui tombent ne sont pas dignes de vous, continua-t-il.

- Alucard, quel est encore ce jeu ? soupira Integra, visiblement très lasse.

Il la fit taire d'un baiser. Chaste, chaste pur et doux baiser. Un contact, à peine, une légèrement pression, sa langue s'engageant dans sa bouche pour une fraction de seconde et puis, plus rien.

Alucard regagna son propre trône dans sa cave. Il se passa la langue sur ses lèvres à nouveau et sourit quand il vint à la conclusion…

Ses lèvres avaient un goût de stylo.