Voici le premier OS que je publie sur FFnet. Cette histoire trotte dans ma tête depuis quelque temps et j'ai décidé de l'écrire il y a peu. Je vous souhaite une bonne lecture en espérant que ce point de vue vous plaira.
Vous pouvez écouter « Father and Son » de Cat Stevens en même temps ou bien lire les paroles avant, je trouve qu'elles rejoignent assez bien ce petit bout d'histoire.
10 juillet 1976, 12, square Grimmauld
Les cris de Walburga résonnent dans la maison et tu provoques une fois de plus sa colère. Votre dispute me dépasse totalement. Ne peux-tu pas te comporter comme un Black ? Ne peux-tu pas tempérer tes paroles ? Je n'en peux plus. J'aimerais, comme ton frère, me réfugier dans mon bureau. Voilà à peine quelques jours que tu es de retour et déjà tu sèmes le trouble. Comment as-tu pu devenir ce jeune homme défiant tous les protocoles qu'on t'a appris ? Qu'ai-je bien pu faire qui te donne envie d'une telle liberté ? Je suis perdu. Je ne te comprends plus. Mon propre fils. Tu es devenu un étranger.
Les cris de Walburga résonnent dans la maison et tu renchéries. Comme toujours, je laisse faire. Statue qui observe l'échange furieux de deux personnes qui me sont chères. Statue qui observe silencieusement la chute d'une famille que j'ai mis tant d'années à bâtir. Je voudrais vous faire taire, vous ordonner une trêve. Mais je reste là, sans rien dire, le visage neutre. Suis-je trop lâche pour prendre part au conflit ? Suis-je trop fier pour être l'arbitre de ce duel ? Mais cela fait bien longtemps que j'ai choisi de ne pas intervenir. Il est maintenant trop tard pour changer ça. Il est trop tard et j'ai abandonné la partie trop tôt.
Les cris de Walburga résonnent dans la maison et tu t'avances vers l'entrée. Je vois alors ta valise. Il n'est pas rare que tu nous quittes pour quelques jours. Mais elle est beaucoup plus volumineuse qu'habituellement. Et soudain je comprends, tout fait sens dans mon esprit. Songes-tu sérieusement à partir ? À nous quitter pour de bon ? Ne tiens-tu pas suffisamment à nous, à moi, pour attendre ta majorité ? Ai-je été un si mauvais père pour que tu veuilles te débarrasser définitivement de nous ? Pour la première fois, j'ai peur. Peur que cette dispute soit le point de non retour. Peur de voir l'équilibre précaire de notre famille s'envoler en fumée. Peur de perdre mon fils.
Les cris de Walburga résonnent dans la maison et tu ouvres la porte. Je retiens ma respiration. Mon cœur a cessé de battre. Mon cerveau ne répond plus. Mon corps est de plomb. On m'annoncerait que je suis sous Imperium que ça ne m'étonnerait pas. J'aurais voulu courir vers la porte et la fermer pour toujours. J'aurais voulu t'arracher la valise des mains et te ramener à l'intérieur. J'aurais voulu te prendre dans mes bras et te supplier de rester. J'aurais pu quitter ta mère si ça t'avait empêché de partir. J'aurais pu m'opposer au Seigneur des Ténèbres si ça t'avait permis de me pardonner. J'aurais pu faire n'importe quoi pour toi.
Les cris de Walburga résonnent toujours dans la maison mais tu es déjà loin. Ma gorge se serre. Tu ne reviendras pas. Mes larmes menacent de couler. Tu n'existes plus. Mes mains tremblent. Tu m'as jeté un dernier regard. Mais ce que tu as lu dans mes yeux n'a pas suffit à te retenir. Peut-être que si j'avais prononcé un mot, un seul, tu serais resté. Je ne le saurais jamais. Je ne sais plus rien. Une partie de moi est morte quand la porte a claqué derrière toi. Envolée, détruite, écrasée. Le bonheur que j'ai ressenti à ta naissance n'est plus. Il a été remplacé par une douleur amère, pleine de rage et de colère. Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi es-tu parti ? J'aurais pu t'accepter.
Merci d'avoir pris le temps de lire.
