Bonjour à tous !

Depuis un bout de temps l'idée de faire une fic avec pour base Le Seigneur des Anneaux me trottait dans la tête ! Eowyn est mon personnage préféré et ça me fend un peu le cœur de voir que pas mal de gens ne l'aiment pas et lui préfère Arwen alors qu'ils n'ont vu que le film qui transforme la passive Arwen en guerrière... Bref, j'ai voulu approfondir le caractère de Eowyn, lui rendre hommage.

En espérant que vous aimerez,

Bonne lecture,

PS : C'est un mélange livre-film et de mon imagination !:)


Chapitre 1 : Edoras

Il rampe comme un serpent, se glisse entre les pierres comme le vent froid et sa voix sifflante transperce le silence. Il a envahi le château, pris possession peu à peu de chaque espace vide. Elle n'est plus seule, l'ombre rôde. Ses pas ne sont plus solitaires dans les couloirs glacials, son souffle est dans son dos. Comme prêt à faire s'évaporer la faible lueur qui réside encore en son cœur. Il est aussi noir qu'elle est pâle, aussi laid qu'elle est belle, aussi lâche qu'elle est courageuse. Il veut la posséder, la briser, l'enchaîner à cette cage dorée où elle groupie dans l'ombre. Mais elle ne plie pas, reste droite. Il la poursuit sans relâche, jusqu'à ce que son bouclier de fierté se fendille et qu'elle s'enfuit dans son boudoir aux murs trop rapprochés.

Ses yeux bleus sont éteints, son cœur à l'agonie. Son oncle est au seuil de la mort, son cousin expire dans une chambre sombre, son frère a été banni et le serpent envenime ses jours où le soleil a perdu toute chaleur. Elle veut se lever, courir au dehors. Sentir la bise faire danser ses mèches blondes, sentir le vent la traverser comme pour faire entrer la liberté en elle. Elle veut combattre, faire face, briser ses barreaux d'argent qui la retiennent prisonnière à Edoras. Veut lever cette épée que la poussière recouvre dans un coffre en bois. Son cœur bat encore, la vigueur des hommes de la Marche coule dans ses veines. Femme à l'âme de guerrier, elle ne désire qu'une chose : jeter Grima au dehors du palais. Il doit partir, il empoisonne le Rohan, manipule son oncle devenu trop vite sénile. Elle veut laisser entrer cette lumière qui fane sur les marches du château. Faire renaître ce courage qui s'éteint dans la boue et la paille.

Mais elle est impuissante, subie l'autorité illusoire d'un oncle manipulé par le serpent. Elle est contrainte au silence. On lui a arraché ses ailes qui ne demandaient qu'à la porter vers l'horizon où combat Eomer, son frère. Le désespoir lui arrache des larmes amères. Son cœur bat encore mais il se flétrie entre ses murs, meurt lentement. Peu à peu, comme tombent les gouttes fines au printemps. Sa colère et sa volonté sont confinées dans sa chambre, réduites au silence dans ce monde où la femme n'a que sa place au foyer. La souffrance est terrible, la solitude plus encore. Elle est seule face au serpent, dernier rempart entre Grima et le trône de son peuple qui se meurt dans la cour. Dernier obstacle qui malgré le désespoir ne se brise pas, par fierté, par amour pour Edoras et le Rohan qu'elle veut protéger alors que tout s'effrite. Elle ne sait pas combien de temps encore elle tiendra. Ni comment elle réussit encore à résister aux mains avides de Grima. Chaque minutes est une victoire, chaque jour une bataille. Elle attend, déchirée par un courage latent qui couve en elle et un désespoir qui la ronge peu à peu. Elle est enfermée dans ce monde sans couleur où son détermination et sa bravoure se meurent.

L'ombre grandie à l'est.

Théodred pousse un dernier râle, sur son lit devenue froid. Mourant à l'ombre de la décadence de la maison du Rohan. Elle cache son visage, laissant couler la tristesse. Elle pleure son cousin, son ami, son compagnon de jeu. Elle pleure l'enfant qui a été comme un frère le jour où elle est arrivée à Edoras, orpheline. Elle pleure l'homme qui n'a pas vécu. Elle pleure sur cette guerre qui lui arrache ceux qu'elle aime, elle pleure sur l'absence de son frère, sur son insignifiance. Grima est là, présent, jouissant du spectacle de sa faiblesse. Il tente de s'emparer d'elle, de faire sienne sa fragile silhouette qui plie sous le poids du désespoir et pourtant reste forte par un sursaut d'une volonté qui ne périt pas.

Elle doit l'annoncer à son oncle. Sort sans bruit de la chambre redevenue silencieuse. Le poids de cette charge rend ses pas lourds et sa démarche lente. Théoden dans la grande salle du trône ne la reconnaît pas. Elle est pourtant sa nièce adorée qu'il a accueillie à la mort de ses parents alors qu'elle n'avait que sept ans et son frère douze. Elle qui s'occupe de lui jour après jour alors qu'il perd la tête de plus en plus vite. Elle qui l'aime comme un père, qui veut lui prouver sa valeur. Elle qui lui annonce que son unique fils est mort. Mais il ne l'entend plus, il a perdu la raison, son esprit est englué dans les paroles empoisonnées du serpent. Grima ricane dans l'ombre. Que peut une femme face à celui qui peu à peu grignote les pouvoirs du roi ?

« Eowyn, fille de Rohan, susurre Grima de sa voix trainante, rodant autour d'elle comme un prédateur, Quelle tristesse dans vos beaux yeux… Vous êtes si fatiguée… Pâle comme un triste matin de printemps encore gelé par la dernière neige de l'hiver. Vous devriez vous reposer…

- Laissez-moi, serpent ! s'écrit-elle en se détournant de lui, la colère bouillonnant en elle, vos paroles sont du poison ! Laissez-moi seule !

- Mais vous êtes seule, Eowyn. »

Il attrape sa main, ses gestes sont mués par une fièvre et une envie qui effraient la jeune femme. Elle se détache violemment, dégoûtée par le contact de sa peau moite contre son poigné. Il tente de caresser ses longs cheveux blonds mais elle s'échappe vivement. L'air est devenu irrespirable, comme pollué par l'haleine pestilentielle du serpent. Elle étouffe, comme une fleur reléguée dans un coin sombre. Elle se hâte au dehors, fuyant ce malheur qui entrave son cœur.

Les portes s'ouvrent sur elle, et enfin elle respire l'air vif de Rohan, s'emplit les poumons de ce parfum de liberté. Ses yeux bleus parcourent la lande, vainement. Eomer n'est pas là, il ne reviendra pas. Son âme souffre à ce constat, le désespoir l'envahit. Soudain, comme pour répondre à son appel de détresse, quelques cavaliers se dessinent à l'horizon. Son cœur tressaille, mais il ne s'agit pas de son frère. Elle plisse les yeux : elle discerne à peine leurs visages mais en dénombre trois. Tout à coup, elle reconnaît l'un d'entre eux. Gandalf le Gris ! Le Magicien qui a tant de fois résolu de graves problèmes ! Tout à coup, quelque chose s'enflamme en elle. Quelque chose se réveille. Quelque chose que Grima a tenté de faire disparaître : sa détermination. L'espoir ranime une volonté émoussée par la solitude.

Elle se précipite à l'intérieur.

Elle les observe, postée à droite du trône d'or de son oncle ratatiné sur lui-même mais qui fixe avec autant d'attention qu'elle les étrangers s'approchant d'eux. L'un est de haute stature, élancé, blond, les traits fins et d'une beauté irréelle. Elle devine sans peine qu'il s'agit d'un elfe. A ses côtés, un improbable compagnon. L'exact contraire de l'elfe, petit, large et robuste, la mine bourrue, cheveux et barbe rousse emmêlés. Un nain. Il s'avance avec force vers Théoden. Les deux autres sont des hommes, Gandalf qui n'a pas changé depuis qu'elle l'a vu la première fois : les yeux toujours emplis de malice et de sagesse. L'autre lui semble étrangement familier, comme une légende qu'on reconnaît après avoir entendu ses exploits. Il est grand, brun et porte une barbe de plusieurs jours. Il semble fatigué et sal, pourtant ses yeux sombres brillent avec force. Sa démarche est assurée, le charisme des anciens rois paraît renaître en lui.

« Salut à toi roi Théoden, fils de Thengel. Je reviens car l'heure est sombre. La tempête se lève à l'est et si les amis ne se rassemblent pas, elle sera fatale aux peuples de la Terre du Milieu, fait Gandalf en s'inclinant devant son oncle. Mais votre hospitalité a quelque peu diminué depuis ma dernière visite, rajoute-il en voyant les regards froids des seigneurs de la Marche et de leur roi sur lui et ses compagnons.

- Gandalf ! Corbeau du malheur, vous n'êtes pas le bienvenu en ces lieux. Mon accueil ne sera pas chaleureux à celui qui disparaît lorsque les mauvaises nouvelles s'abattent sur nous, réplique Théoden.

- Vous parlez avec justesse, Seigneur, se lève Grima sous les yeux colériques mais impuissants d'Eowyn qui comprend que les paroles du roi sont soufflées par le serpent. Partez Gandalf le Gris ! Vous apportez de mauvaises nouvelles, mais mauvaises nouvelles font mauvais hôte.

- Garde ta langue fourchu derrière tes dents, Grima ! rétorque Gandalf en brandissant son bâton. Je n'ai pas passé par le feu et la mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vulgaire serviteur !

- Son bâton ! s'écrit soudain Langue de Serpent affolé, que quelqu'un lui retire son bâton ! Je vous avez interdit de les laisser entrer armés ! »

Eowyn voit alors Grima s'effondrer à terre, un murmure de Gandalf l'ayant évincé de son chemin. La jeune femme ne se prend pas de compassion pour ce serpent informe qui grogne sous la botte du nain, venue se poser contre son torse. Elle n'a plus d'yeux que pour le magicien qui retire son manteau de loques pour laisser apparaître une tunique d'un blanc si intense qu'elle doit en détourner son regard un instant.

« Levez-vous roi Théoden. Tout n'est pas sombre, je vous libère de l'emprise du magicien blanc. Vous êtes trop longtemps resté dans les ombres. »

Gandalf avance son bâton vers son oncle, marmonnant d'obscures paroles. Théoden se recroqueville dans son trône, comme un enfant apeuré. Soudain il se crispe et happe l'air comme incapable de respirer. Ses traits se tordent de douleur et Eowyn se jette sur le magicien. Paniquée.

« Non ! Arrêtez ! commence-t-elle avant d'être doucement arrêtée par l'homme à l'allure de roi qui lui intime du regard de ne pas agir.

- Regardez, lui murmure-t-il. »

Un ricanement s'échappe de la bouche sèche de son oncle, Eowyn ne reconnaît pas la voix de Théoden. Ce n'est pas le roi qui parle en cet instant. L'inquiétude lui serre la gorge tandis que les yeux exorbités, Théoden s'écrit :

« Partez Gandalf ! Le Rohan est mien ! »

- Retirez votre main de Théoden, Saroumane, rétorque le magicien avant de faire un nouveau pas en avant qui faire se tordre le roi sur son trône. »

Puis le silence se fait, un râle sourd et un soupir. Théoden vacille, Eowyn se libère de l'emprise de l'homme pour se précipiter au secours du vieillard. Mais à peine est-elle à ses côté pour le soutenir que ce n'est déjà plus un vieil homme. Ses yeux bleus s'écarquillent de surprise alors que son oncle semble perdre des rides et ses traits fatigués. Retrouvant la stature qui sied à son véritable âge.

« Eowyn, c'est toi ? murmure-t-il en relevant son visage, posant ses yeux bleus sur la belle figure de la jeune femme. Eowyn…

- Mon oncle, chuchote-t-elle la voix nouée par des larmes qui lui piquent les yeux. »

Il l'a reconnue. Il se souvient de son visage. Elle sourit de joie pour la première fois depuis le départ de son frère. Elle commence à comprendre, Saroumane a profité de la vieillesse de Théoden pour l'asservir à son serviteur Grima. Il l'a rendu sénile pour s'emparer de ses terres. Le vieux roi retrouvant sa vigueur, se détache de sa nièce. Il fait face à ses hommes et aux voyageurs qui le regardent émerveillés. Eowyn jette un regard sombre au serpent qui tente de s'échapper. Son regard bleu croise le sien noir. C'est leur dernier affrontement et elle le gagne. Il baisse les yeux tandis que le nain le maintient encore au sol. Théoden l'ignore, se lève lentement comme pour reprendre possession d'un corps qui n'a pas été le sien depuis longtemps.

« Vos doigts se souviendraient mieux de leur ancienne force s'ils empoignaient la garde de votre lame, conseille Gandalf en souriant.

- Mon Seigneur, s'avance Hama le bras droit du roi en tenant l'épée. »

Théoden approche sa main, craintif, de l'objet. La pose doucement sur la garde avant de raffermir sa poigne et de dégainer. Ses yeux retrouvent leur force en même temps que son corps alors qu'il lève son épée. Il se retourne vers Gandalf, reconnaissant, et pose enfin son regard sur Grima qui est encore à terre, les yeux exorbités par l'horreur. Le roi s'avance, Eowyn frémit. Comme prise de peur que le serpent retrouve son emprise sur son oncle, mais il n'en est rien, Théoden tend sa main vers Langue de Serpent. Sa voix rocailleuse retentie dans la salle.

« Grima, ne vous laissez plus asservir pas le magicien blanc. Dégagez-vous de son emprise et combattons ensemble. Je vous pardonne car moi-même je suis tombé sous son joug. »

Grima se relève lentement, les observe tous de ses petits yeux noirs perçant avant d'arrêter son regard sur ce roi qu'il a manipulé depuis si longtemps. Son regard se met à étinceler de malice et de méchanceté faisant reculer certains hommes. Il découvre ses dents et ricane. Dans un souffle sifflant il crache au pied de Théoden, puis se précipite dans les escaliers, fuyant un Rohan qui se relève avec le réveil de son roi.

« Laissez le partir ! Veillez à ce qu'il ne fasse de mal à personne mais ne le blessez ni le retenez, déclare Théoden. Il n'est plus de temps pour les traîtres. Venez vous rafraichir maintenant mes hôte, du moins autant que la hâte le permet. »

Voilà maintenant plusieurs heures que son oncle s'est retiré avec Gandalf et ses compagnons dont Eowyn a appris les noms grâces aux murmures des Rohirims qui discutent dans la grande salle. Legolas et Gimli, le nain et l'elfe sont deux princes de leurs espèces mais ce ne sont pas eux qui ont le plus suscités l'attention de la jeune femme… L'homme à la prestance de roi est en fait le dernier héritier du trône du Gondor, Aragorn fils d'Arathorn. Le descendant d'Isildur. Elle a été instantanément fascinée par ce nom emplie de mystères et de hauts faits.

Maintenant que le serpent s'est enfuit, les rideaux ont été arraché laissant entrer la lumière dans le château et dans les yeux d'Eowyn. Son désespoir la quitte peu à peu tandis que grandit l'impatience de revoir Eomer que son oncle a envoyé chercher alors qu'il chevauche vers le nord. Son frère revient à Edoras. Elle l'attend, impassible, sur la terrasse de pierres qui surplombe la plaine rocailleuse du Rohan. Elle sait qu'il ne sera de retour que dans quelques heures mais elle ne peut s'empêcher d'observer l'horizon à s'en user les yeux. Soudain, des pas viennent briser la quiétude de cette fin d'après-midi. La jeune femme se retourne pour accueillir Aragorn et sa haute stature.

« Que faîtes-vous Dame de Rohan à la merci de ce vent froid ? s'enquit-il doucement en se postant ses côtés.

- Mon frère sera bientôt de retour, répond-elle avant de demander tristement, mon oncle a-t-il appris pour mon cousin ?

- Théodred recevra les honneurs dus à son rang ce soir, fait-il, le roi est attristé et ne désire plus que venger son fils.

- Il souhaite partir au combat ? s'exclame-t-elle en se tournant vers lui.

- L'armée de Saroumane quitte l'Isengar et se dirige sur le Rohan, explique Aragorn. Rentrez Dame Eowyn, votre frère ne saurait apprécier que vous tombiez malade, le Rohan aura besoin de vous en l'absence du roi.

- Je ne désire pas rester en arrière, bouillonne Eowyn, ma rôle est de défendre mon peuple. Je ne crains ni la mort, ni la peur, si c'est pour protéger ma terre.

- Que craignez-vous donc, murmure le rodeur.

- Une cage, réplique-t-elle avec fermeté, restée derrière des barreaux jusqu'à ce que l'usure et l'âge les acceptent et que toutes formes de courage aient disparu irrévocablement.

- Cela ne sera pas, assure-t-il après un bref instant de silence. »

Il l'entraîne alors à l'intérieur, la faisant trembler alors qu'il frôle juste son bras. Elle ne comprend pas sa propre réaction et manque de rougir. Elle le quitte ensuite pour aller trouver le roi. Il est en compagnie des hauts seigneurs Rohirims et de Gandalf. En la voyant attendre qu'il l'autorise à parler, Théoden annonce alors qu'en son absence, se sera Dame Eowyn au cœur intrépide et ferme qui dirigera le peuple de Rohan.

Face à cette déclaration, elle se tait, s'incline. Ne se rebelle pas contre l'autorité masculine qui domine sa condition de femme. Elle refoule sa rage de ne pouvoir se battre pour protéger son peuple. Au lieu de cela elle devra attendre, la peur au ventre, le retour de l'armée.

Puis, le roi ordonne qu'on organise un banquet pour la mise au tombeau de son fils, comme le veut la tradition. Mais même si la fête se doit d'être joyeuse, la jeune femme devine dans le regard de son oncle des étoiles de tristesse.

Le soir tombe sur Edoras, Théodred repose maintenant en paix aux côtés de ses prestigieux ancêtres. Alors que le banquet va bientôt commencer, Eowyn s'approche du roi, l'attention des Rohirims est captée par les gestes rituelles qui suivent.

« Ferthu Théoden hal ! dit-elle, Recevez cette coupe et buvez aux moments heureux. Que la santé vous accompagne à l'aller et au retour ! »

Puis, elle passe parmi les hauts seigneurs qui boivent chacun à leur tour à la coupe, pour que la chance les accompagne au combat. Les yeux de la jeune femme se mettent à briller lorsque vient le tour d'Aragorn, son admiration est visible et elle sent poindre en elle un sentiment nouveau alors que le rôdeur lui rend la coupe. Elle ne s'appesantie pas plus sur la rougeur et le désir qui naissent en elle : les Héraults annoncent le retour d'Eomer. Elle pose la coupe vivement alors qu'entre dans la grande salle son frère, fourbu mais rayonnant. Elle oublie les convenances et se précipite vers lui pour le prendre dans ses bras. L'odeur de paille et de genet de son frère l'embaume tandis qu'il lui rend gauchement son étreinte en lui murmurant son affection. Puis elle se détache en un sourire et se fond dans le fond de la pièce tandis que l'assemblée, exclusivement composée d'hommes, lève son verre à la santé du roi, à la loyauté d'Eomer, au repos de Théodred et aux batailles de demain.

La jeune femme se retire, les gens de son sexe ne participent pas à ce genre de festivité. Sa colère de rester enchaîner à Edoras se tarie alors que ses pensées se tournent vers le retour de son frère, de son oncle et le départ de Grima Langue de Serpent. Elle reprend espoir en ces temps pourtant sombres et prie pour que l'ombre qui s'efface en elle ne reprenne plus cette place qu'elle a occupé. Elle s'enferme dans sa chambre où l'attend un travail d'aiguilles qu'elle n'a jamais commencé. Les activités féminines ne l'on jamais attirée, elle a toujours préféré courir dans la lande, monter à cheval et apprendre à manier une épée.

Par la fenêtre, elle regarde une dernière fois le paysage de cette terre qu'elle aime tant et ne peut pourtant parcourir à sa guise, puis elle se glisse sous ses couvertures. Ses pensées sont peuplées d'exploits et de hauts faits qu'Aragorn a réveillés. Son nom résonne en elle, excitant son âme et son envie de se battre pour son peuple. Elle ne sait pas ce qu'elle ressent pour lui, c'est trop nouveau, trop étrange pour qu'elle puisse mettre un mot dessus. Ce qu'elle sait en revanche, c'est qu'elle veut combatte à ses côtés. Mais ce courage est encore bâillonné, non plus par Grima, mais par sa condition de femme dans ce monde pour hommes.

Elle retient des larmes de rage.


J'espère que les fans du livre ne me tiendront pas rigueur de mes écarts par rapport à la trame et que les fans du film l'ont retrouvé, certaines répliques sont tirés du livre lui-même (rendons à Tolkien ce qui appartient à Tolkien)