Disclaimer : Toutes les personnages appartiennent à J.K. Rowling. L'histoire, elle, appartient à Dracosvessel, à laquelle vous devez commencer à vous habituer ! Je ne fais que traduire, sans aucun autre profit que mon amusement!
Note de la traductrice : Voici donc une nouvelle longue fic qui commence. Elle contient une vingtaine de chapitres, et est à mon sens très différente des autres fic que j'ai pu traduire. Je suis désolée de ne pas avoir publié pendant les vacances, mais je me suis reposée, et je reprends désormais les traductions. Les chapitres sont plus longs, du coup je mettrais sans doute un peu plus de temps que l'année dernière, quelque chose comme deux semaines au lieu d'une. N'hésitez pas à la suivre si vous l'appréciez, car il peut aussi arriver que je publie très rapidement ou très lentement. Bref, bonne lecture et dites moi ce que vous en pensez !
Chapitre Un : Spécialiste des rêves
Hermione Granger
Le rêve revient encore et la pénombre m'enveloppe dans mon sommeil. Mon cœur accélère sous le coup de la panique. Cette pénombre semble dangereuse. Je cours si vite, mais je ne vois pas où je vais. Je ne sais même pas s'il y a vraiment quelque part où aller. Et soudain elle est là. La lune. La lune repousse toute l'obscurité tel un puissant patronus, éliminant ainsi tout danger. Je suis submergée par des sensations que je ne peux expliquer, mais quelque chose me souffle que ces sensations sont agréables. Je suis attirée vers la lune, mais elle est trop loin pour que je la touche. Et je ne peux m'empêcher de remarquer qu'elle est plus proche que dans tous mes autres rêves.
Mon réveil sonne, dissipant le rêve. Je me réveille et vois le soleil briller derrière la fenêtre de ma chambre. L'absence de la lune est décevante. Je me sens presque vide sans elle. Cela fait trois mois que je rêve de la lune. Toujours le même rêve, et chaque fois la lune est plus proche. Mais malheureusement elle se rapproche trop doucement. J'aimerais comprendre ce que ça signifie. Ron fait des rêves assez similaires aux miens, même s'il rêve d'ombres et non de lune. Harry aussi est hanté par ces rêves, il y voit une forêt sans fin. Même Ginny cherche à comprendre ses rêves, dans lesquelles elle est toujours piégée au milieu d'une immense tornade. Ron n'arrête pas de dire que ça ne signifie rien, mais pas Harry. Je sais que je peux me confier à Harry lorsque je fais un rêve que je n'arrive pas à oublier. Nous avons tous fait des cauchemars après la guerre. Même si c'était il y a quatre ans, elle nous hante toujours. Et comment pourrait-il en être autrement ? Mais c'est récemment que la lune l'a remplacée. Nous sommes tous hantés par un élément de la nature. J'aimerais vraiment avoir quelqu'un pour en parler, à chaque fois que ces rêves me réveillent la nuit.
Je me suis ré-installée chez mes parents après la guerre, et après avoir ramené leur mémoire. Harry a emménagé avec les Weasleys après la reconstruction du Terrier. Même si je ne les vois pas aussi souvent que je le voudrais, je suis heureuse que nous soyons toujours bons amis. Je veux dire, nous avons convenu tous les deux qu'il fallait mieux pour Ronald et moi que nous restions juste amis, mais ce genre de situation n'est jamais simple.
« Hermione ! Le courrier est arrivé ! » maman m'appelle d'en bas. Je descends les escaliers et entre dans la cuisine. Maman est en train de faire le petit déjeuner et me fait un signe de tête vers le paquet de lettres sur la table. Je les parcours pour trouver mon exemplaire de La Gazette du Sorcier et deux lettres pour moi. Je m'assois à table à côté de mon père. Je parcours le sommaire du journal, mais il n'y a rien d'intéressant. Je passe à mes deux lettres. L'une est de Harry, comme je m'y attendais, mais l'autre éveille ma curiosité. J'ouvre l'enveloppe et en sort la feuille. Les élégantes courbes de cette écriture appartiennent au Professeur McGonagall.
Mademoiselle Granger,
Je suis sûre que cela va vous paraître bizarre, mais je vous demande de réfléchir sérieusement à ce qui suit. Beaucoup de jeunes femmes et de jeunes hommes de votre génération sont hantés toutes les nuits par les mêmes rêves en ce moment. Il m'est apparu que vous en faisiez partie. Vous n'êtes donc pas la seule à vivre ces rêves récurrents. Il vous est possible de vous rassembler pour essayer de trouver chacun la signification de votre rêve. Le seul problème, c'est que vous n'allez sans doute pas approuver cette solution. Narcissa Malfoy est une spécialiste des rêves et a proposé de vous aider. Sept autres personnes ont reçu cette invitation. Cependant, selon Mme Malfoy, le processus qui pourrait vous aider à trouver la signification de votre rêve pourrait s'avérer très long. Si vous acceptez cette invitation, vous vivrez au Manoir Malfoy jusqu'à ce qu'elle convienne que vous n'avez plus besoin de son aide. Elle vous fait savoir qu'il n'est pas besoin de la contacter. Venez simplement au Manoir le 1er Juin. Le Ministère et moi pensons que ces rêves ne sont pas une simple coïncidence, Mlle Granger. Écrivez moi si vous avez la moindre question ou la moindre inquiétude.
Sincèrement,
Minerva McGonagall.
Je relis la lettre avec soin. Narcissa Malfoy ? Ça ne peut pas être possible. Je ne peux pas retourner au Manoir après ce que j'ai vécu là-bas. Mais, et ces rêves ? Je me suis plainte pendant des mois en disant que je voulais trouver leur signification, et on m'offre une solution sur un plateau d'argent. Comment pourrais-je dire non ? J'ouvre la lettre de Harry pour apprendre que Ron, Ginny et lui ont aussi reçu la lettre de McGonagall et ont décidé d'accepter l'invitation. Sept personnes plus moi. Cela veut dire qu'ils ont tous eu le même genre de rêve que moi. J'explique rapidement la situation à mes parents et me précipite dans ma chambre. Le premier juin arrive dans une semaine. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Je n'ai pas beaucoup de détails. Qu'est-ce que je dois emporter ? Je veux être bien préparée.
Je commence à faire la liste de ce que je devrais prendre avec moi, juste au cas où. Je dois faire une seconde liste pour tous mes livres. Je la termine puis transplane au Terrier. Je prends Ginny à part et l'emmène faire les magasins. J'ai réalisé en faisant ma liste que la plupart de mes vêtements sont trop petits ou trop fades. Depuis que Ron et moi nous sommes séparés, je veux me mettre plus en valeur. Je n'ai aucune idée de qui participera à ce projet secret, mais je pense qu'il est temps de me refaire une beauté. Ils se souviennent tous probablement de moi comme l'intello aux cheveux en bataille. Ginny et moi fouillons dans les rayonnages en choisissant quelques vêtements à essayer.
« Est-ce que ça va ? » demande Ginny. « On dirait que tu as la tête ailleurs. »
« Ah bon ? » j'évite son regard en faisant semblant de jauger le pull que j'ai dans la main.
« Tu as encore rêvé ? »
« Oui, mais ça progresse. C'est comme si la lune était de plus en plus proche. »
« Mais c'est juste la lune. Ce n'est pas quelque chose de mauvais. »
« Je ne pense pas que ça représente quelque chose de mauvais. Mais ça représente forcément quelque chose, et cette chose se rapproche. Même McGonagall dit dans sa lettre qu'elle pense que ces rêves montrent que quelque chose est en train de se passer. » Je pense à ce que je viens de dire pendant un moment. Quelque chose se rapproche. Je suis nerveuse, mais pas effrayée. Ce n'est pas que je devrais l'être. C'est juste que je n'aime pas ne pas comprendre ce que tout ça signifie. Qu'est-ce que la lune peut bien représenter ?
Je lève les yeux et aperçois quelque chose à l'autre bout du magasin. Ma respiration se coupe. Je marche vers le vêtement pour l'observer de plus près. Je contemple une petite robe noire. Je l'agrippe immédiatement et file vers la cabine d'essayage. J'enfile la robe et la lisse. Elle est très étroite mais chaude et confortable. Le bas de la robe s'arrête au milieu de mes cuisses. C'est bien plus court que toutes les robes que j'ai déjà portées, mais elle est magnifique. Comme j'ai besoin d'un deuxième avis, je sors de la cabine. Ginny écarquille les yeux.
« Il faut que tu l'achètes ! » s'écrie-t-elle joyeusement. Je ne peux réprimer un sourire. Je ne sais pas comment et quand je la porterai, mais je suis tombée folle amoureuse d'elle. Nous continuons nos achats, choisissant de nouveaux vêtements en parlant, mais mes pensées ne peuvent se détacher de la lune.
« Alors, qu'est-ce que Mme Malfoy va trouver dans ces rêves à ton avis ? » demande-je en essayant de penser à autre chose.
« Aucune idée. En plus, je ne suis pas sûre de vraiment vouloir qu'une Malfoy trafique avec mes pensées. Et vivre avec la famille Malfoy n'est pas vraiment réjouissant. »
« C'est étrange, non ? Je veux dire, cette famille a perdu la face après la guerre, et maintenant ils se retrouvent impliqués dans une affaire avec le Ministère. »
« Eh bien, Narcissa est apparemment la meilleure spécialiste des rêves et le Ministère est désespéré. Il y a toujours une sorte de paranoïa vis à vis de la guerre. Ça ne serait pas la première fois que des rêves sont influencés par la magie noire. »
« Tu penses qu'il y aura qui? »
« Aucune idée, je pense que nous le saurons la semaine prochaine. »
Le premier juin est finalement arrivé. Je finis rapidement de manger et file terminer mes bagages. J'ai mis presque toutes mes affaires dans ma malle, et j'ai eu besoin d'un sort pour faire tout rentrer. La nuit dernière, la lune était si grosse et si proche que je pouvais presque la toucher. J'ai essayé de ne pas trop penser à sa signification, mais en vain. Je me dis juste que je finirai par avoir une réponse.
Je descends ma malle. Je dis au revoir à mes parents et les prends dans mes bras. Je transplane à l'adresse que McGonagall avait indiqué au dos de la lettre. Je passe le portail laissé ouvert et tente de refréner les souvenirs qui me submergent. Je marche dans l'allée jusqu'à la porte d'entrée. Je dois être désespérée. Je toque à la porte et attends jusqu'à ce qu'un elfe de maison vienne ouvrir. Je remarque en entrant dans le Manoir que les Malfoy ont ajouté une deuxième poignée pour que les elfes de maison puissent l'atteindre. J'étudie les lieux attentivement mais il n'y a pas grand chose à en dire. L'elfe de maison porte des vêtements. Des vêtements normaux. Une petite robe rose à fleurs.
« J'aime beaucoup ta robe. » dis-je à l'elfe qui semble timide. « C'est ton maître qui te l'a achetée ? »
« Non, mademoiselle, Rozella a acheté sa robe toute seule, » répond l'elfe de maison. Je mets un moment à comprendre que Rozella est son nom.
« Ton maître te donne un salaire ? »
« Oui, mademoiselle, bien sûr. Maître Malfoy traite très bien Rozella et Rémie, mademoiselle. »
« Maître Malfoy ? Lucius ? »
« Non, mademoiselle. Seigneur Draco prend soin de nous. »
« Mlle Granger ? » une voix familière résonne dans la pièce. Je lève les yeux et vois Narcissa Malfoy s'avancer vers moi. « Tu es là depuis longtemps ? »
« Oh, juste quelques minutes, » réponds-je. « Bonjour, Mme Malfoy. »
« Appelle-moi Narcissa, s'il te plaît. Rozella, pourrais-tu poser les valises de Mlle Granger dans sa chambre ? » La petite elfe acquiesce, prend ma valise et disparaît avec. Je ne peux m'empêcher de remarquer les énormes changements dans le comportement de Narcissa depuis la dernière fois. Mais Harry dit qu'elle lui a techniquement sauvé la vie, donc je ne vais pas me mettre à critiquer ce changement. « Pourquoi ne pas me suivre dans la salle à manger ? C'est là-bas qu'on se retrouvera quand tout le monde sera arrivé. »
« Je suis la première ? » Je la suis dans les couloirs. La taille de cette maison me surprendra toujours. Elle acquiesce en réponse à ma question. Quand nous arrivons dans la salle à manger, mon cœur rate un battement. Lucius et Draco Malfoy sont assis à table de l'autre côté de la pièce. Lucius est assis en bout de table, et Draco immédiatement à sa droite. Draco lève les yeux vers moi, puis se replonge dans son livre. Son père ne se détache pas de son exemplaire de La Gazette. Narcissa me mène à un siège où je m'assois, de l'autre côté de la table, à seulement quatre chaises du blond. Le carillon de la sonnette retentit et Narcissa sort de la pièce pour aller ouvrir, me laissant seule avec son mari et son fils. Je déglutis. « Hum, bonjour. »
Draco sourit de me voir mal à l'aise, mais ne me regarde pas. Lucius, par contre, plie son journal et le pose sur la table. Je ne peux pas supporter d'être seule avec eux plus longtemps. Lucius me regarde, le visage vide d'émotions. Sa poitrine se soulève soudainement, comme s'il toussait ou riait silencieusement, mais il ne dit rien. Je suis sûre que le fait que je lui dise juste bonjour, comme si nous n'avions aucune histoire en commun, le fait doucement rire. Ça me semble fou maintenant que j'y pense.
Finalement, il me fait un signe de tête, puis se lève et observe le bar derrière lui. Draco prend un sac à côté de lui. Il en sort une petite boîte qu'il fait glisser sur la table. Quand la boîte s'arrête devant moi, je remarque qu'elle est remplie de bonbons. J'en prends un et repousse la boîte vers lui. Je l'observe, me demandant si c'est un piège. Il semble remarquer mon hésitation et en mange un pour m'encourager. Rassurée, je l'avale aussi. Un autre elfe de maison entre dans la chambre. Je suppose grâce à sa robe bleue qu'il s'agit de Rémie. Je relève la tête vers Malfoy, qui me regarde toujours droit dans les yeux.
Et c'est à ce moment que je les remarque. Ses yeux. Ses grands yeux gris et brillants qui me fixent avec une telle intensité que mes genoux commencent à trembler. Mon cœur accélère sous le poids de ce regard. Est-ce qu'il essaie de lire dans mon esprit ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas m'empêcher de le regarder ? Merlin, ces yeux. Ils sont si beaux. C'est comme s'ils pouvaient lire au fond de moi. Oh allez, Hermione ! Ne sois pas stupide ! Puis je réalise soudainement pourquoi je ne peux pas détourner mon regard, pourquoi ces yeux sont si captivants. Ces yeux sont comme deux lunes.
Je l'observe alors en entier. Ses cheveux sont éclatants, comme la lumière de la lune qui brille à travers ma fenêtre la nuit. Sa peau est merveilleusement pâle, comme le sable au clair de lune. Le clair de lune. Cette expression le décrit parfaitement. Il est la lune personnifiée. J'ai l'impression qu'il contient toutes les réponses que je cherche au fond de moi depuis que mes rêves ont commencé. C'est certain. Mes rêves montrent la lune et il est la lune personnifiée. Rien ne pourrait être plus évident, n'est-ce pas ? Quoi que signifient mes rêves, il doit en avoir la clé. Et il y a quelque chose en lui. Le mystère. Le danger. La séduction. La tentation. Les secrets. L'obscurité. C'est fou comme ça me rappelle mes rêves. Il a l'apparence de la lune, celle qui me sauve. Mais sa présence me fait plutôt penser aux ténèbres que je fuis. Peut-il vraiment détenir toutes les réponses ? J'ai l'impression que c'est un signe.
« Il y a un problème, Granger ? » me demande-t-il, un mélange d'ennui et d'amusement dans la voix. « Pourquoi est-ce que tu me fixes comme ça ? »
« Tu me fixes aussi, Malfoy, » lui réponds-je, utilisant sans le vouloir un ton coupant, ce qui met fin à toute tentative de politesse entre nous. Il y a quelque chose d'hypnotique dans sa voix. Elle est profonde et pleine d'une musique élémentaire, comme le vent dans les feuilles ou l'eau sur la roche. Ses yeux, ses cheveux et sa peau rayonnent comme l'éclat de la lune. Sa voix est sombre et mystérieuse, mais apaisante. Sa présence est chaleureuse, mais aussi dangereuse. Si tous les éléments de la nuit se combinaient en un seul être, ce serait Draco Malfoy.
« Je ne te fixe pas, » se défend-t-il rapidement.
« Alors comment sais-tu que moi je te fixe ? » chuchote-je en retour, en essayant d'éviter que son père entende la conversation. Il se décompose à ces mots et reste silencieux. Narcissa revient dans la pièce, sept autres personnes derrière elle. Ginny s'assoit à ma droite et Harry à ma gauche, Ron à côté de lui. Une petite fille dont les cheveux ressemblent à un cupcake rouge foncé s'assoit entre Ron et Lucius. Pansy Parkinson se précipite pour s'asseoir à côté de Draco, de l'autre côté de la table, et Blaise Zabini s'assoit à côté d'elle. Un autre garçon, que je reconnais vaguement comme étant Zane Grey, s'assoit à côté de Blaise et Narcissa prend le siège en bout de table. Je réalise que les quatre personnes de l'autre côté de la table sont des Serpentards. La seule que je ne reconnais pas et la fille aux cheveux rouge sombre.
« Votre attention s'il vous plaît ! » dit Narcissa. Tout le monde se tait immédiatement. « Tout d'abord, j'aimerais vous remercier d'être venus. Je sais que cela semble étrange, mais les progrès que nous ferons ensemble seront très importants. Ensuite, ne vous inquiétez pas pour votre travail. Tous vos chefs ont été mis au courant de votre situation. Vous pourrez toujours aller au travail, mais vos horaires seront légèrement modifiés pour s'accorder avec votre emploi du temps ici. Chacun de vous aura une session individuelle avec moi dans la journée pour parler de vos rêves. Tout ce que vous me direz sera confidentiel, sauf si vous me donnez l'autorisation d'en parler avec quelqu'un d'autre. Si je pense que vos rêves sont connectés et que vous êtes tous d'accord, je ferai peut être des séances à plusieurs. »
« Excusez-moi, Mme Malfoy ? » demande la fille inconnue en levant la main.
« Oui, ma chérie ? Quel est ton nom ? »
« Caterina Price, madame. Mais mes amis m'appellent Cat. Je me demandais juste si vous alliez utiliser quelque chose comme la Légilimencie dans nos sessions. »
« La Légilimencie est loin d'être mon domaine de prédilection. Mais si vous pensez que ça peut vous aider et que vous l'acceptez, Mlle Price, vous devrez faire confiance à mon mari pour cette tâche. » Elle fait un geste vers Lucius qui ne détourne pas les yeux de sa femme. Cat ne semble pas du tout inquiète de peut-être lui laisser lire son esprit. L'idée me terrifie. « Je vous promets que vous n'aurez pas à vous inquiéter qu'une telle magie soit employée sans votre consentement. Pour ce que j'en sais, Draco est le seul à bien maîtriser l'Occlumencie. C'est pourquoi ce serait injuste de forcer votre esprit, surtout si ce n'est pas nécessaire. Nous discuterons surtout de vos rêves en détail, et essayerons de rattacher des éléments avec d'autres rêves. Ce n'est pas un processus douloureux, je peux vous l'assurer. »
Lucius se racle la gorge, attirant l'attention. « Chacun de vous aura un horaire désigné pour votre session quotidienne. Si vous avez une question, nous ne serons pas loin. Maintenant, Mr Potter partagera sa chambre avec Mr Weasley. Mlle Granger avec Mlle Weasley. Mlle Parkinson et Mlle Price. Mr Zabini et Mr Grey. Notre elfe de maison, Rémie, vous montrera vos chambres dans un instant. Mon bureau et la cave sont interdits d'accès, mais à part ça, vous pouvez librement circuler dans le Manoir et explorer un peu. »
« Génial ! » s'exclame Cat en regardant autour d'elle joyeusement.
« Maintenant, je vais vous laisser prendre connaissance de l'horaire de votre session. Il n'y aura aucune session le week end, sauf si vous le pensez nécessaire. Vous avez la permission d'arriver au travail en retard, de partir plus tôt, ou de prendre une heure de pause pendant votre journée de travail pour assister à votre session. » explique Narcissa en donnant un petit calepin à chaque personne de la pièce, exceptés elle et son mari. « J'aimerais que chacun de vous tienne un carnet de ses rêves maintenant. Prenez des notes à chaque fois que vous faites un rêve, et s'il y a des changements dans ces rêves. »
« Compris ! » dit Cat. Je reconnais soudainement son ton joyeux, c'est une Poufsouffle qui était une année en-dessous de nous à Poudlard. Cette pauvre Poufsouffle est bien trop impatiente, et je ne suis pas la seule à remarquer qu'elle agace profondément le blond en face d'elle.
« Price ! » grogne Malfoy. « Tes interjections festives sont certes très entraînantes, mais je suis de mauvaise humeur et nous avons tout notre temps, alors ferme-la avant que je t'enfonce ce carnet dans la gorge ! »
« Draco, » intervient Narcissa. Son fils la regarde avec une expression coupable, jette un regard à son père, et baisse les yeux vers la table. « Vos sessions commenceront demain. Vous pouvez retourner dans vos chambres défaire vos valises maintenant. »
Tout le monde se lève et suit les deux elfes de maison hors de la pièce. Je reste assise un long moment à fixer le calepin. Tout cela semble si étrange. Je ne sais même plus ce que je dois penser. Ça me prend un moment pour me rendre compte que Lucius et Narcissa sont toujours assis à me regarder. Je ne sais même pas quoi leur dire. Devrais-je dire quelque chose ? Peut être que je devrais me lever et partir. Ce n'est pas comme si ce moment pouvait être encore plus embarrassant. La dernière fois que j'étais dans cette maison, leur sœur m'a torturée. Ce n'est pas vraiment le genre de souvenirs qui permet d'engager une discussion plaisante dans des moments pareils. Et la dernière fois que je les ai vus, ils couraient dans la foule pendant la guerre, à la recherche de leur fils.
Je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux vers Lucius. Nos regards se croisent et je revois l'homme de la guerre : un homme brisé, les yeux emplis de larmes, voulant seulement retrouver son fils et le protéger. Est-ce le même homme que je regarde ? Lucius Malfoy a-t-il changé ? Est-ce seulement possible ? Le fait qu'il soit là à me regarder et qu'il n'ait pas fait une seule remarque sur la pureté de mon sang apporte sans doute un début de réponse. Tous les deux bornés, aucun de nous ne détournera le regard en premier. Il se racle la gorge, toujours en me fixant.
« Ce doit être difficile pour toi d'être ici, » dit-il finalement, ses yeux dans les miens. Nous ne pouvons plus nier que nous pensons au même événement. Après tout, les trois Malfoy étaient dans la pièce tandis que Bellatrix s'amusait. Ses traits se tirent douloureusement à ses mots, mais son regard tient bon.
« Peut-être que c'est pour ça que j'ai besoin d'être là, » confie-je. « Parfois il faut affronter son passé pour pouvoir avancer. »
Il semble surpris et impressionné par ma réponse, mais ne dit rien. Une partie de moi veut lui prouver pendant mon séjour que les Nés-Moldus sont bien plus que ce qu'il a toujours pensé. Je me lève en agrippant mon carnet, et monte les escaliers jusqu'au troisième étage. Rozella attend devant l'une des portes, elle me sourit et l'ouvre quand elle me voit. Supposant qu'elle me montre ma chambre, je m'avance vers elle. Mais je suis arrêtée dans mon élan par la voix de Parkinson s'échappant d'une autre pièce.
Je regarde autour de moi, mais toutes les autres portes sont fermées. J'explore le couloir derrière moi jusqu'à ce que je tombe que un petit salon très confortable. La pièce est décorée comme la salle commune de Serpentard, du moins pour ce que Harry m'en a décrit, à voir les canapés de cuir noir, les lampes de verre vertes et la grande cheminée. Je ris mentalement qu'ils aient voulu recréer la pièce. Puis j'aperçois Pansy, tirant sur la manche de Draco.
« Allez, Draco, » l'encourage-t-elle. « Je ne veux pas être coincée dans ma chambre avec cette Poufsouffle. Elle est au moins aussi bizarre que Lovegood. Et je suis sûre que tu ne veux pas être coincé ici, avec une Sang-de-bourbe dans ta maison. Je n'arrive toujours pas à croire que tes parents acceptent qu'elle reste. On pourrait aller quelque part de plus intime. »
« Je ne vais nulle part, » marmonne-t-il en essayant de l'ignorer.
« Allez, tu sais ce qui arrive à la plupart de ceux qui fréquentent trop de Sangs-de-bourbe comme Granger ? »
« Oh, tu as des statistiques ? Parce que j'adore les statistiques. » Son intérêt sarcastique ne fait que l'encourager à continuer. Elle lui murmure quelque chose que je ne peux pas entendre, comme si quoi que puisse provoquer ma présence, c'est trop horrible pour le dire à voix haute. Il lève simplement les yeux au ciel et le pousse vers la porte. « Eh bien, merci pour l'info. »
« Ce n'est pas parce que je te laisse faire ce que tu veux que tu peux me parler sur ce ton, » elle ne semble pas réaliser la contradiction dans sa phrase. Il la regarde comme si une seconde tête lui poussait sur l'épaule. Et avec sa qualité intellectuelle, une seconde tête serait une bonne amélioration.
« Est-ce que tu t'entends parler ? » il se penche vers elle comme s'il allait l'embrasser, ses lèvres presque sur les siennes. Pansy et moi nous préparons au baiser, mais il chuchote, « Va-t-en. »
« Q-Quoi ? » elles semble choquée et s'éloigne de lui. Même moi je suis choquée. Il aime se moquer des gens. Peut être que si j'étais comme lui, d'une beauté indescriptible, j'aimerais aussi me moquer des gens. « Mais Draco... »
« Nous ne sommes plus ensemble, Pansy. Je croyais que tu l'avais compris. Je ne me sens pas très bien. Je préférerais rester seul. S'il te plaît. »
Elle acquiesce et quitte la pièce avant de plus l'énerver. Elle s'arrête un instant lorsqu'elle me voit, puis continue son chemin. Même si son ton n'était pas dur, la tension est palpable. Il s'assoit par terre devant la cheminée, à fixer les flammes. J'entre doucement dans la pièce. J'approche prudemment. Draco Malfoy est comme les deux faces d'une pièce. Face : le Draco doux, innocent et compatissant. Celui qui aime sa famille plus que tout et est près à tout sacrifier pour elle. Celui qui partage ses bonbons avec une fille qu'on lui a toujours appris à détester. Pile : le Malfoy cruel et vicieux. Celui que tout le monde voit. À chaque fois que je l'approche, c'est comme si je lançais la pièce et attendais de voir comment elle atterrit. On ne sait jamais quelle face il va nous montrer. Je reste à côté de lui, attendant une réaction, mais rien ne vient.
« Elle est gentille ton amie, » dis-je. « Même si je n'estime pas trop ceux qui te fréquente trop. »
« Oh, les filles intelligentes sont toujours méchantes, » se moque-t-il en se levant pour envahir mon espace personnel. Je sais que je n'aurais pas dû dire ça. C'est venu tout seul. J'ai tellement l'habitude de nos chamailleries. « Alors, pourquoi tu ne veux pas sortir avec elle ce soir ? »
« Je suis juste fatigué. » Il hésite, les yeux rivés sur le sol. « Fatigué par moi-même. Mais ce n'est pas tes affaires. »
« Écoute, Malfoy, la guerre est terminée. Je pense qu'il est vraiment temps de briser la glace entre nous. »
« Il n'y a pas de glace, Granger. »
« Tu refuses toujours de m'appeler par mon prénom, j'appelle ça de la glace. »
« Non, ce n'est pas de la glace, c'est juste un peu... hivernal. »
« Eh bien, je préférerais au moins une brise de printemps. » Je regarde les différentes émotions qui traversent ses yeux. Avant qu'il ne puisse répondre, quelqu'un toque à la porte, et Harry et Ron entrent dans la pièce.
« A noter pour plus tard : ce n'est jamais très sûr de rentrer dans une pièce comme ça, » les informe Draco. « Je vis ici aussi, ne l'oubliez pas. »
« Ferme la ! » dit Ron. Draco l'ignore.
« Je voulais dire que vous risquiez de me trouver avec une fille, si tu vois de quoi je parle. Mais qu'est ce que je raconte ? Bien sûr que tu ne vois pas. » se moque-t-il. Il vient tout juste de mentionner le fait que Ron n'a jamais couché avec sa petite amie, mais il ne réalise probablement pas que l'ex petite amie de Ron est juste à côté de lui. Assez embarrassant.
« Ferme la ! » Le visage de Ron est rouge maintenant. Je n'arrive pas à savoir si c'est de honte ou de colère.
« C'est la seule chose que tu sais dire ?! Merlin ! »
« Malfoy, tu ne t'es jamais dit que les gens t'aimeraient un peu plus si tu n'étais pas aussi agressif en permanence ? » intervient Harry avant que Ron explose.
« C'est très gentil de ta part, » dit Draco. « Maintenant si vous pouviez retournez dans vos chambres ou partir. »
« Et toi, tu ne t'en vas pas ?! » crie Ron. « Tu n'as pas un ami Mangemort à voir ?! »
« Ron ! » Harry et moi nous exclamons, lui montrant qu'il est allé trop loin. Draco lui fait un sourire sarcastique, mais il s'est tendu à côté de moi. Je vois les émotions dans ses yeux, qu'il tente de ne pas laisser transparaître sur son visage.
« Je suis sûr qu'aucun d'eux ne te parlerait après ta trahison, » continue Ron.
« Oui, je crois qu'ils n'ont pas trop apprécié. » répond calmement Draco, comme s'il n'était pas affecté par cette remarque. Je l'observe lutter pour garder sa convenance.
« Ok ! C'est bon ! » interviens-je, refusant de revenir à un quelconque détail de la guerre. Je ne le laisserai pas faire. Je sais que Ron peut dire quelque chose d'irréparable, si ce n'est pas déjà fait. « Harry, Ron, je crois que vous devriez aller vous coucher. Je vais faire la même chose. »
« Mais Hermione... » tente de protester Harry.
« S'il te plaît. » insiste-je. « Nous avons tous besoin de nous habituer. On se parlera demain »
« Promis ? »
« Promis. »
« Très bien. Mais Malfoy, je peux juste dire quelque chose ? »
Draco marmonne. « Moui, s'il le faut, mais ça m'ennuie fortement. »
« Sois gentil avec elle. » Et Harry et Ron sortent, laissant Draco et moi nous débrouiller avec le silence embarrassant qui a empli la pièce. Pourquoi est-ce que c'est toujours moi qui apaise tout le monde dans ce genre de situations ? J'imagine que c'est ce qui arrive quand une fille est coincée dans un combat entre deux garçons. Je remarque que Draco me fixe et me tourne vers lui.
« Pourquoi tu as fait ça ? » il brise le silence. Sa voix réanime mon cœur. Je l'observe sans savoir quoi dire. « Je veux dire, je m'en sortais bien. Tout était sous contrôle. Tu n'avais pas à faire ça. Alors pourquoi ? Réponds, Granger. Et fais attention à ce que tu dis. Tu es remontée dans mon estime. »
« C'est juste que je ne voulais pas une bagarre dès le premier soir. En plus, aucun de nous ne veut ramener les souvenirs de la guerre. C'est déjà assez vif dans nos esprits. Je ne voudrais pas te gâcher la surprise, mais il y aura sans doute encore plein d'autres disputes comme celle-ci. »
Il prend un air joyeux. « Tu veux dire que ça va toujours être aussi génial ?! »
Je lève les yeux au ciel. Je suis trop fatiguée pour continuer cette discussion avec lui. Mais je suis plus que surprise par cette première soirée. Je veux dire, ce n'était pas fantastique mais ça aurait pu être bien pire. Comme une blague à moi-même qu'il ne peut pas comprendre, je sors une pièce et la fait tourner sur la table à côté de nous. Il la regarde. Je laisse la pièce tourner et sors de la pièce, sans prendre le temps de voir de quel côté elle retombera. Pile ou face. Pile ou face. Pile ou face. Je m'arrête sur le pas de la porte. « Bonne nuit, Draco Malfoy. »
« 'Nuit, Granger. » J'entends la pièce retomber sur la table. Il l'observe puis se tourne vers moi, puis me sourit. Face. Je retourne à ma chambre. J'entre et ferme la porte derrière moi. Je mets un pantalon et un t-shirt larges puis monte dans mon lit. Ginny est déjà endormie. Je regarde la lune à travers la fenêtre. Elle est toujours là. Mes rêves. La lune. Qu'est-ce que ça signifie ? Est-ce que Draco Malfoy a vraiment la réponse, ou est-ce juste une coïncidence. Devrais-je lui en parler ? Ça me fait bizarre de me rapprocher de lui juste pour obtenir mes réponses. Est-ce que je peux vraiment l'utiliser comme ça ? Et si je suis là pour que sa mère m'aider à trouver le sens de mes rêves, est-ce que j'ai vraiment besoin de l'utiliser ? La personnification de la lune est dans sa famille, pas seulement en lui. J'essaie de penser à autre chose. Je ne pense pas trouver une réponse à mes questions cette nuit. Alors je me prépare à un autre rêve sur la lune et je m'autorise à tomber dans le sommeil.
