Chapitre Premier : La gorgée de trop
J'ai traversé le champ en courant, laissant mes longs cheveux blonds voler derrière moi. Rentrer chez sois. Quel bien cela pouvait faire !
- Luna, attend-nous !
- Luna ! Ralentis un peu !
- Par Merlin, Luna, stop !
Les protestations de mes amis m'ont arraché un sourire.
Fred, George, Neville et Olivier tentaient de me rattraper, mais l'ivresse de mon retour à la maison et l'adrénaline étaient trop fortes.
J'ai pilé net à quelques mètres de la porte.
Le petit écriteau "Allez cueillir votre gui ailleurs" m'a replongé dans le passé.
Un passé heureux. Sans morts. Avec maman et ses potions farfelues.
Un passé sans Vous-savez-qui pour tout gâcher.
J'ai poussé la porte pour contempler un peu l'intérieur de la chaumière. Une bouilloire sur notre antique cuisinière. Quatre tasses dans l'évier en pierre.
Un bazar incroyable.
Qui m'avait incroyablement manqué.
J'observais la petite pièce ronde devant moi au moment où Fred m'est rentré dedans, où Neville a percuté Fred et ou George est venu compléter le tableau. Seul Olivier m'a épargnée.
On a fini, après moultes excuses bafouillées, par entrer dans mon chez-moi.
Fred est parti s'asseoir à la petite table aussi ronde que la pièce, alors que son double s'est approché de l'ancien laboratoire de ma mère.
Elle était belle, Maman. Un peu farfelue, et toujours avec ses sorts et ses potions, mais douce et présente.
Neville et Olivier sont restés sur le pas de la porte, sans oser entrer jusqu'à ce que George les traîne de force près du petit établi scientifique et désordonné.
- J'ai trouvé quelque chose de pas mal je crois.
Fred, qui nous avait rejoint, tenait un petit flacon vert qui contenait un liquide ambré, et qui portait l'étiquette « Pour redevenir jeunes, ajouter de l'ADN et boire cul sec »
- On teste ?
Le jeune homme à la chevelure flamboyante a secoué la mixture dans son contenant. Il devait en rester assez pour… Cinq gorgées ?
- Fred, les potions de cette étagère ne sont pas terminées ou seulement expérimentales et…
-… Et alors ?
George avait disparu.
Il est revenu, cinq petits verres dans les bras.
Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, les cinq petits verres se sont logés dans cinq plus ou moins petites mains, et emplis d'un liquide brun clair.
- Allez, ça va être marrant Luna ! a plaidé Fred.
- Oui ! imaginez, on se retrouve tous bébés ! a renchéri son jumeau.
- Mais justement ! ça pourrait être dangereux de redevenir enfant ! a contré Olivier, de sa voix calme et forte.
Neville ne disait rien. Il contemplait seulement le fond de son verre en souriant bêtement.
- Votons ! a proposé Fred.
Je n'ai pas pu refuser.
- Contre l'expérimentation de la potion de la maman de Luna ?
Deux mains se sont levées, la mienne bien sûr, et celle d'Olivier.
- Pour ?
Deux mains à nouveau. Les Weasley.
- Neville, Il va falloir prendre une décision ! a concédé Olivier en soupirant.
L'interpellé a levé le regard vers nous.
- Oh, a-t-il seulement dit.
J'ai donc repris :
- Neville, pour ou contre le test de la potion expérimentale de ma mère ?
Mon ami a contemplé son verre, puis il nous a regardé, chacun notre tour.
Il a baissé les yeux.
- Pour.
Les deux rouquins ont sauté de joie.
Avec de la chance, mon père ne le saura jamais.
On s'est chacun arraché un cheveux que nous avons posé en même temps sur le liquide ambre.
- À trois, cul sec, comme c'est écrit, d'accord ? a demandé Fred, moins sûr de lui.
On a hoché la tête.
Je savais qu'on allait le regretter.
- Un…
Et si par accident mon verre se reversait… ?
- Deux…
Je ne vais tout de même pas laisser mes amis faire cette bêtise… Si ?
- Trois.
Le breuvage avait un goût de cannelle légèrement anisée.
Un vrai régal, pensais-je. Maman savait rendre toutes les potions agréables.
J'ai avalé et ai rouvert les yeux en posant le verre sur la table. Mes quatre amis faisaient de même.
C'est alors qu'autour de nous, tout s'est mis à tourner. Le même effet que lorsqu'on prend un Portoloins.
Sauf qu'on ne voulait pas partir nous !
Alors est arrivé une chose incroyable.
Nous trouvions à nouveau à Poudlard.
Mais pas le Poudlard en miette que nous avions quitté.
Un Poudlard resplendissant de vie et en parfait état.
Pas de pans de murs détruits.
Pas de morts partout.
Tout était comme neuf. Juste usé par le temps, et pas démoli par une guerre ravageuse.
Nous faisions tache au milieu de cette cour que je n'aurais su nommer à première vue.
Un jeune homme blond portant une écharpe Jaune par dessus son manteau est passé en courant devant nous et un grand coup de vent l'a suivi. Un jeune homme que je n'avais encore jamais vu à l'école.
J'ai frissonné.
Il faisait vraiment très froid.
- Mais qu'est-ce qu'on fait là nous… ?
J'ai sursauté à l'interrogation de Neville.
Une jeune fille, petite pour son âge, à la peau diaphane et aux cheveux blonds qui cachaient ses yeux à cause d'une longue frange a percuté le jeune Poufsouffle de plein fouet.
- Luna, on dirait toi la fille là-bas.
La voix de Fred tremblait lorsqu'il disait cela.
Mais il avait indéniablement raison. Elle me ressemblait trait pour trait, et elle aussi était à Serdaigle, aux vues de son uniforme.
Pendant un court instant, je me suis surprise à croire qu'elle était ma mère, mais c'est impossible, n'est-ce pas ?
Un grand rouquin s'est approché de George, perplexe.
- Excuse-moi, mais…
George avait les yeux écarquillés.
- Ouah, tu ressembles trop à notre grand frère, a lâché mon ami.
- À bon ? Parce que t'es le portrait craché de mon cousin, a constaté l'autre roux.
Une jeune fille a dû passer dans notre dos, car alors notre inconnu a alors secoué le bras en l'air en hurlant « Mollie ! Mollie, at-attend-moi ! »
Les jumeaux se sont retournés comme un seul homme.
- Maman ?
J'ai regardé vers mon sosie. Elle et le jeune homme blond discutaient en ramassant leurs livres éparpillés sur le sol.
Alors seulement, j'ai compris les effets de la potion sur nous.
- Les garçons. On n'est pas redevenus enfants, on a remonté le temps. C'est le jour où mes parents se sont rencontrés, je crois.
Les garçons ont acquiescé sans rien dire.
- Il faut qu'on trouve Dumbeldor, et vite.
