Bonsoir, j'ose publier ici aussi un petit texte datant d'il y a plus d'un an. Je me souviens l'avoir écrit un soir, en songeant à ce qu'une femme peut ressentir lorsqu'elle tombe, pour de bon, dans la superficialité. Bonne lecture !


Pour beaucoup, Ino Yamanaka n'était rien d'autre qu'une femme de petite vertu. Effrontée et presque dépourvue de morale, elle semblait être bien au dessus de tous mœurs.

Sa présence dérangeait – non, elle troublait. Il suffisait d'un geste pour que tous les regards convergent sur elle et que les critiques tombent. Tout en elle les rebutaient : ses beaux yeux cyans bien trop maquillés, sa peau mate bien trop nette, ses longs cheveux d'or bien trop lisses. Il ne se passait pas un jour sans qu'on ne la montre du doigt, mais qu'importe ! Ino s'en était accommodée et aujourd'hui, toutes ces attentions la faisaient rire doucement. Cette femme qui, par exemple, venait de glisser une remarque acerbe à l'oreille de son compagnon... Sourirait-elle à nouveau en apprenant la tromperie de son mari ? Ou parviendrait-elle à lui donner son pardon avant de connaître une nouvelle trahison ? Tout comme bien d'autres l'avaient fait avant elle.

Les hommes étaient hypocrites, Ino le savait. Ils lui susurraient ce qu'elle avait toujours rêvé d'entendre. Elle aurait pourtant voulu croire à ces belles paroles et oublier, qu'à son réveil, elle serait de nouveau seule. Les hommes aimaient la courtiser, elle les laissait faire. Ils la voulaient ? Elle cédait, c'était donnant-donnant.

Très vite, pourtant, le temps avait fini par laisser des traces. Indélébiles. Ses prières pour donner vie ne furent pas exaucées et contrairement aux mille-et-une choses qu'on lui prédestinaient, Ino ne parvint jamais à percer dans le mannequinat, ni à se faire un nom dans le milieu de l'art. Méprisée par la gente féminine, aussitôt abandonnée par les hommes, elle se retrouva à bien des moments seule. N'ayant que pour seule compagnie une vague de souvenirs amères. A trop vouloir changer, elle était restée la même, la vanité finissant par prendre le dessus.

« Mocheté. »

Ino avait à présent trente-cinq ans et pourtant, à en juger par son visage inexpressif et sa voix devenue rauque par la nicotine, on lui donnait bien plus. On la disait frivole et dénuée de toute intégrité, la réalité était tout autre, son seul pêché étant d'avoir compris trop tard ce qu'était la vraie beauté. Celle du cœur. Elle qui s'était cachée derrière la superficialité et les faux-semblants, n'avait jamais pu se contempler dans un miroir. La glace ne consentant qu'à lui renvoyer le reflet de celle qu'elle était autrefois : une gamine à tendance acnéique, un peu boulotte et aux yeux désespérément tristes.

Les murmures commencèrent à la toucher et au lieu de vaciller, elle s'écroula.

Pour beaucoup, Ino Yamanaka n'était rien d'autre qu'une femme de petite vertu. Effrontée et presque dépourvue de morale, elle semblait être bien au dessus de tous mœurs.

Elle offrait son cœur à de parfaits inconnus en échange de promesses auxquelles elle n'osait croire. Si sa vie avait été placée sous le signe de la superficialité, sa mort l'était bien plus : elle s'était tiraillée les veines à l'aide des éclats de son miroir brisé.

Et dire que tout découlait d'une remarque,
d'une injure, d'un simple mot de trop.