Vivement la fin de mon service !!! J'en ai assez de tout cela… J'ai besoin de ce week end qui semble ne jamais vouloir arriver. Je me retourne vers mon chef qui parle, dans le vide va s'en dire puisque tout le monde fixe l'horloge. Voilà bien une chose que personne ne pourra voler à cet instant ! Je détourne mon regard pour l'arrêter sur Mark, mon cœur se serre.
Mark… Une courte histoire pour beaucoup de dommages… Pourtant Coraly m'avait prévenu. J'aurais dû l'écouter et ne pas me laisser séduire par ce beau parleur. Mais sur le moment je ressentais tellement le besoin d'avoir quelqu'un dans ma vie, que je n'avais pas été très regardante. Et malheureusement j'étais tombée sur le collectionneur de femmes.
Coraly. Heureusement qu'elle était là ! Si l'âme sœur existait en amitié elle serait ma moitié. La plupart du temps nous n'avions pas besoin de parler pour savoir ce que pensait l'autre. Un certain avantage quand nous voulions partir d'une soirée ou d'une réunion ennuyante…
Même enfants, cette complicité existait entre nous. Nos parents avaient trouvé cela mignon. Ils avaient pensé que cela passerait avec l'age mais non. Au contraire, cela s'était accentué et nous étions devenues inséparables, veillant l'une sur l'autre.
Physiquement, elle était mon exact opposé : grande, blonde et élancée. Elle attirait le désir des hommes et son caractère enjoué, celui des femmes. Même dans une fête où elle ne connaissait personne, dix minutes lui suffisaient pour parler avec tout le monde comme si elle avait grandi avec eux.
De mon coté, j'étais petite et rousse avec un corps plutôt en courbes qu'en os. Mes cheveux attiraient le regard de tout le monde mais ce sont mes yeux qui retenaient l'attention. Ils étaient d'un vert pur, sans aucune nuance de marron ou de bleu. Je les avais hérité de ma mère et j'en étais particulièrement fière.
A la mort de mes parents, nous avions emménagé ensemble pour partager les frais, nos vies, nos joies, nos peines… Ses parents avaient été durs à convaincre mais nous étions têtues. Et nous avions promis de les prévenir au moindre problème… Ca aide à faire céder les parents les plus protecteurs… Ils s'étaient vite rendus compte que nous étions aptes à nous occuper de nous et ma tante avait cessé de nous appeler tous les soirs.
Avec Coraly, nous étions les meilleures amies et cette cohabitation nous avait encore plus rapprochées. Si c'était possible… Il nous arrivait de dormir dans le lit l'une de l'autre parce que le sommeil avait eu raison de notre conversation. Plusieurs fois, nous nous étions réveillées avec un sourire et nous avions continué comme si nous n'avions jamais arrêté. Nous partagions nos vêtements quand c'était possible et elle m'aidait à vaincre ma timidité maladive.
Je regarde de nouveau l'horloge. Dans quelques minutes, je serais en week end. Je soupirais d'aise en avance.
Ce week end, nous avions prévu de prendre soin de nous, garde robe, esthéticienne… Que de purs plaisirs sans aucun souci… Enfin en théorie !
- Bon je vais vous laisser partir en week end. Je vous dis donc à lundi.
Je me levais rapidement. J'étais pressée de partir de l'hopital où je travaillais depuis peu en tant qu'infirmière. J'avais quitté l'école à peine un an auparavant et j'avais obtenu ce travail immédiatement. J'adorais aider les gens et j'avais trouvé là le travail adéquat mais il me fallait toujours faire mes preuves et cela était fatiguant.
- Lily attend !
M… Mark !
Il y a de ça moins de six mois, je m'étais laissée séduire par lui. Tout s'était fait sans surprise. Deux rendez vous, un cinéma et un restaurant, avait suffit à me faire céder. Il avait passé une semaine à m'embrasser et au moment de 'passer à l'action', je n'avais pu aller plus loin. Il me manquait quelque chose, une étincelle, cette perte de contrôle… Comme si je n'étais pas avec la bonne personne. Alors j'étais partie, le laissant seul et frustré.
Ce qu'il n'avait pas du tout apprécié et pour me 'punir' il s'était empressé de raconter à tout le monde des horreurs sur ma personne. Il y avait été tellement fort dans ses mensonges que personne n'y avait cru. J'étais bien trop effacée pour que cela soit vrai et heureusement sinon je n'aurais jamais osé remettre un pied au travail. Du coup, vexé que personne ne le croit, il avait arrêté et l'affaire s'était étouffée d'elle-même. Alors pourquoi d'un seul coup voulait il me parler ?
- Que veux tu ? Demandais je suspicieuse.
- Tu as quelque chose de prévu pour ce soir ?
Oui, j'avais quelque chose de prévu… Avec Coraly. Or je savais que je ne pouvais pas parler d'elle. Il ne la supportait pas et c'était réciproque. Bien sur, à choisir entre les deux, ma cousine passait largement devant.
- Pourquoi ?
- J'ai des places pour un ballet… Je me suis dit que cela pourrait t'intéresser…
- Désolée mais je suis prise.
- Coraly, je suppose ?
- Oui pourquoi ?
- C'est elle qui t'a dit de rompre avec moi c'est ça ?!
- Non…
- Elle ne veut pas que tu me voies, c'est ça alors ?!
- Non plus.
- Il faut que je te dise qu'elle te jalouse. Quand nous étions ensemble, elle m'a fait du gringue… Et j'ai refusé ses avances…
Je m'arrêtais de marcher me retournant brutalement vers lui. Il avait osé dire que ma cousine l'avait dragué dans mon dos ?! S'il y avait bien quelqu'un en qui j'avais entièrement confiance c'était elle, alors l'imaginer lui proposer… En plus à l'époque elle était avec un type dont elle croyait que c'était le bon… Qui s'était révélé être un coureur…
- Ne m'approche plus jamais.
Je lui avais parlé d'une voix sèche avant de reprendre mon chemin vers mon placard. Les soirées entre filles y avaient rien de mieux. Surtout quand en balance se trouvait une sortie avec cet abruti… Coraly allait bien rire quand je lui raconterais…
