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Edward
Je suis dans un salon de l'hôtel Hilton de New York. Je suis là, mais j'aimerais être ailleurs, je ne supporte pas ce que je suis en train de faire.
- monsieur Cullen,
Je regarde le sale type qui me fait face, arborant un large sourire, je hoche la tête.
- pensez-vous être un acteur de renommée mondial ?
Et voilà, encore une question sans importance et qui ne parle pas du film que je représente. Fait chier. Mais je me prête au jeu et lui donne une réponse bateau.
- je sais que les films, dans lesquels j'ai eu la chance de jouer ont eu un impact au niveau mondial, mais je ne me qualifierais pas de personnalité, ou de star.
- pourtant, vous avez des milliers de fan club qui ont été ouvert en l'espace de quelques mois, de la côte ouest des Etats Unis, en passant par Paris, jusqu'à Hong Kong. Vous ne pouvez donc pas nier que vous avez acquéri une certaine célébrité.
- si vous le dites, c'est que cela doit être vrai.
Mon ton est sec et un peu brut, mais il ne m'a pas encore poser une seule question concernant mon film et ça me gonfle.
- monsieur Cullen, Edward si vous me permettez ?
- faites comme vous voudrez.
- Edward, votre personnage est au début de l'action, un être pathétique, menteur et violent.
- vous êtes sûr d'être allé voir le bon film.
Le journaliste qui me fait face, me regarde et garde le silence, pour la première fois depuis ¼ d'heure, qu'il me gonfle avec ses questions plates et sans intérêt. Pourtant il avait enfin posé une question en accord avec le but de sa présence ici.
- répondez ? Etes-vous simplement allé voir le film, lors de la présentation au média.
- euh . . . non.
- alors expliquez-moi ce que vous ne comprenez pas, dans la phrase suivante « Interviews seulement accordées pour la promotion de Crazy Night ».
- je n'ai malheureusement pas pu m'y rendre, je m'en excuse, mon assistante y est allée à ma place, mais . . .
- c'est elle qui aurait dû être là.
- mais . . .
Je suis là, pour la promo de mon dernier film, tenant le rôle principal, j'ai eu mon compte d'interviews ennuyeuses et stéréotypées. Le gars qui me fait face, un être prétentieux et bête comme ses pieds se tient devant moi et me tient la jambe. Je n'en peux plus, je fais signe discrètement à mon manager, pour qu'il le fasse sortir.
Jasper s'avance vers cet emmerdeur de Mike Newton, envoyé par le Special Enquisitor.
- je vais vous demander de sortir, monsieur Newton.
- mais je n'ai pas eu le temps de poser toutes mes questions, se défend le gredin.
- nous vous enverrons une copie des réponses aux questions types que nous donnons à l'ensemble des groupes de presses, d'ici 1 semaine, ou 2.
- mais . . .
- je vous demande de vous retirer, sinon je devrais faire appel au service d'ordre.
Jasper regarde l'autre idiot, les mains dans les poches. Il ne faut pas énerver mon pote, ou se fier à son air calme. Avant qu'il n'arrive quelque chose de malheureux, je reprends la parole.
- je vous accorde une dernière question, après ça, je vous demanderais de quitter la pièce, sinon, je vous mets moi-même dehors.
- bien, merci. Monsieur Cullen, j'aimerai savoir. Comment vivez-vous votre séparation avec votre partenaire Tanya Denali.
J'aurais dû fermer ma gueule une fois de plus. Mais je garde, un visage serein.
- Bien ! Une page a été tournée.
- et le fait quel soit en couple avec votre ami Eléazar.
Je me relève, faisant basculer mon fauteuil. Mais Jasper réagis bien plus vite que ce connard. Il le prend par le col de sa veste et le jette dehors.
- je vous avais permis une question.
- je devais tenter . . .
- qu'il soit inscrit comme persona non grata, criai-je à mon garde du corps qui vient de rentrer dans la pièce.
- mais et le droit de la presse.
- DEHORS.
Je le vois sortir de la pièce, encadré par Jake et Jasper. Une petite brune est près de la porte, elle tient une épaisse chemise cartonnée, au nom du journal pour qui travaille l'autre bennais. Je ne lui laisse pas le temps de parler, que je m'en prends à elle.
- vous pourrez dire à votre patron, qu'aucune interview ne sera plus jamais donnée de ma part ou de toutes personnes ayant travaillée avec moi, dans le passé, comme dans le futur. Je vais vous faire passer l'envie à vous et à tous vos vautours de collègues de me prendre pour un con.
Elle ouvre la bouche, la referme, puis la ré-ouvre, pour une nouvelle fois la fermer. Elle est sidérée par mon comportement, mais je suis trop en colère pour m'excuser. Je la regarde avec dédain, et je lui tourne le dos. Je rentre dans la pièce et prends la porte dans une main et l'envoie avec force s'écraser contre l'autre battant.
- Aïe, putain de merde, de cochonnerie, de . . . que ça fait mal. Vous vous comportez toujours comme ça. Je pensais que vous jouiez un rôle mais je me dis que votre personnage d'Arthur est peut-être plus proche de la réalité que de la fiction . . . enfoiré, que j'ai mal.
Je suis sur le cul. Je la regarde, elle se tient le poignet. Cette folle m'a suivi, elle croyait quoi ? Putain, je vais avoir au moins droit à un procès pour agression. Merde.
- vous vous foutez de moi, lui demandai-je, hors de moi.
- non, quand on vous voit, on se dit que vous êtes « normal », mais là, je me demande si vous n'êtes pas habité par votre personnage.
- pardon ?
- oui, Arthur est violent. Il ne contrôle pas ses émotions et ne supporte pas qu'on le contrarie, alors quand il rencontre Anna, et qu'il perd peu à peu le contrôle de sa vie, au profit de l'amour qu'elle lui donne, il croit au début à une rédemption mais au fur et à mesure, alors qu'elle pense avoir pu soigner son « anxiété », il fait une sorte de transfert.
- vous avez vu mon film.
- oui, « Crazy Night » est, je pense le meilleur film qui m'ait été donné de voir cette année.
Je la regarde. Enfin quelqu'un avec qui avoir une conversation intéressante.
- continuez.
- mmmh, donc oui, pour moi, il a fait un transfert. Reportant sa colère et la muant en « amour inconditionnel » pour Anna. Il l'aime à en mourir. Elle est belle, elle est jeune et sa blondeur, lui rappelle celle de l'image qu'il se fait des anges. Il est surpris au départ qu'elle puisse simplement le voir.
- mmmh.
- il ferait tout pour elle. Et il le prouve. En tuant son ex, il tue le passé de celle qu'il aime, il pense ainsi, pouvoir la contrôler, mais rien y fait, il ne peut s'empêcher d'être jaloux de tous les hommes qui rôdent autour d'elle.
- et ?
- il me fait penser à Othello.
- ah.
- oui, à ceci près qu'il est son propre Iago, et qu'il voyait des Cassio, dans tous les hommes qui parlaient à sa Desdémone. Il en vient à la tuer.
- il ne l'étrangle pas.
- non, il l'empoisonne, et ça, c'était la première idée d'Othello.
- oui, mais il ne se suicide pas.
- OH MAIS SI, quand il sort de la maison, il tient une arme dans sa main, tendue devant lui, les policiers lui demande de la poser, mais il la dresse devant lui et il se fait tuer.
Je la regarde.
- pourquoi est-ce cet énergumène qui est venu, alors que je vois bien que vous, vous avez vu le film.
- je ne suis que son assistante.
Je la dévisage. Elle grimace et mes yeux se posent sur sa main qui a triplée de volume.
- je suis désolé, je ne pensais pas que vous me suivrez.
Elle rougit.
- une impulsion. J'aurais dû m'abstenir.
Elle lève sa main, pour joindre le geste à la parole, mais elle la repose.
- fichtre, que ça fait mal.
- encore désolé, voulez-vous de la glace, ou que j'appelle la réception, mon manager ne devrait pas tarder.
- non, ça va aller.
- que puis-je faire, pour me faire pardonner.
- m'accorder une interview.
Je souris, je suis le roi des questions bêtes. Je baisse la tête, cachant le sourire qu'elle a fait naitre sur mes lèvres.
- ok, mais avant tout, il serait plus poli que vous vous présentiez. Vous savez qui je suis, mais je ne sais rien de vous.
Elle rougit violement. Baissant les yeux.
- oui, oh pardon, mais avec tout ça . . .
Elle bouge une nouvelle fois sa main et pousse un petit cri de douleur. Elle se tient le poignet avec sa main valide et lâche, en serrant les dents.
- merde. Pfiou, ça fait un mal de chien.
Elle prend une bouffée d'air et reprend la parole.
- Isabella Swan, mais appelez-moi Bella.
- Bella !
Je me retourne vers la porte, où se tient mon garde du corps. Jacob regarde mon «invitée » avec surprise.
- Jake ?
- oui! Je ne savais pas si tu me reconnaitrais.
- mais tu es devenue un géant.
- hey, la dernière fois que je t'ai vu, j'avais 16 ans et toi 17.
- Forks.
- Oui, Forks.
Ils se mettent à rire. Je me sens exclu tout d'un coup et jaloux de leur complicité. Je sais pas pourquoi, mais j'aurais préféré qu'il ne revienne pas si tôt.
- Jake ?
Il se tourne vers moi.
- Pardon Edward, enfin, monsieur Cullen.
- arrête ça, ça fait 1 an qu'on vit ensemble ou presque, je te l'ai déjà dit, il n'y a pas de « monsieur » entre nous.
- ok.
- Bella est une amie à toi.
- plus que ça, c'est mon premier chagrin d'amour.
Je le regarde. Elle lui tire la langue.
- idiot.
- mais quoi, c'est vrai.
- menteur, tu étais un tombeur et tu dois l'être encore plus aujourd'hui.
Elle le détaille.
- tu es beau comme un camion.
Elle s'approche de lui et lui pince le biceps, au travers de sa manche.
- c'est des vrais, ou tu as fait de la gonflette.
- tout naturel, et le fruit d'un dur labeur.
- mmmh.
Ils se regardent. Tout sourire.
- et Charlie.
- toujours en poste à Forks, et ton père.
- toujours à la Push, toujours en fauteuil.
Je tousse, essayant de les ramener dans le présent. Ils se tournent vers moi. Je les dérange peut-être.
- oh pardon mec, mais cette nana était ma meilleure amie quand j'étais au collège, je ne l'ai pas vu depuis presque 10 ans.
- pardon, monsieur Cullen.
- non pas de problème, Jake, tu veux bien demander un nécessaire de premiers secours, ton amie s'est blessée. Enfin pour être juste, je lui ai claqué la porte au nez, d'un peu trop près.
Il regarde son ami et lui prend délicatement la main dans les siennes.
- toujours aussi maladroite Belli bell's.
- on ne se refait pas.
Ils se mettent à rire. Jake lui embrasse le dos de la main, et sors de la pièce. Nous sommes à nouveau seuls. Je la regarde. Elle se tient debout, près de la porte. Une tension s'est mise entre nous. Je regarde l'heure à ma montre, il est 20h30.
- vous avez diné ?
- non !
- accepteriez-vous de manger avec mon équipe et moi-même. Comme ça vous aurez une interview de toute l'équipe.
Elle regarde ses chaussures.
- je couperais votre steak !
Elle lève la tête, surprise, et éclate de rire.
- je ne peux pas refuser alors.
- non, vous n'avez pas le choix.
Elle plonge ses prunelles chocolat dans les miennes. J'éclate de rire, devant son expression faussement outrée.
- alors je préviens tout le monde que nous avons une invitée de choix.
