Salut!
Aujourd'hui un texte un peu spécial puisqu'il n'est pas de moi mais d'une amie à moi, ma chère Lulu Castapouette ^^
Je lui ai donc prêté mon compte pour publier ce petit essai...
J'espère qu'il vous plaira, n'hésitez pas à laisser des reviews ça lui fera plaisir :)
(Je précise que Dimitri est un personnage fictif, pas la peine de le chercher sur Internet xD)
Enjoy!
Quand Dimitri eut atteint l'âge de cinq ans, il désira un lit « sur-dimensionnel ». Il insista sur son souhait avec une tel dévotion qu'à son sixième anniversaire sa mère céda. Elle fit l'acquisition d'un canapé qu'elle mit au salon, et plaça le clic-clac qui s'y trouvait auparavant dans la chambre de Dimitri en tant que lit.
Il était incapable d'en toucher les bords. Il lui arrivait de fermer ses yeux et, parce qu'il n'en voyait ni sentait la fin, il se créait un lit infini. Tout un monde matelassé, où partout il était possible de s'endormir tellement l'environnement était mou. Il pouvait prendre n'importe quelle position que le monde matelas sculpterait ses courbes, ses formes, pour qu'enfin s'ensuive l'endormissement. Il pouvait sauter plus haut qu'auparavant car l'assemblage des ressorts, de la mousse et du tissu avait crée une toute autre apesanteur. Un jour, à quatorze ans, en étendant ses bras, Dimitri se rendit compte que son monde était plat : si l'on s'aventurait trop près de ses bords, on risquait de tomber. Il demanda alors un autre lit. Trop peu aisé, sa mère lui refusa. Dès lors, on lui diagnostiqua la peur du vide. Il cauchemardait qu'un courant d'eau l'emportait vers les bords, dans une chute interminable. Pour remédier au manque de sommeil, il établit une délimitation faite de coussins, à sa droite puis à sa gauche. Encadré, ses cauchemars cessèrent.
Le volume des coussins fit rétrécir cependant le monde lit, tant et si bien que le jeune garçon se retrouva compressé par ses frontières. La masse cotonneuse venait de prendre une si grande importance qu'il en vint à se demander si ce n'était sur lui que les oreillers se reposaient. Et c'est ainsi qu'on lui diagnostiqua la claustrophobie. Assoupi dans sa capsule molle, il sentait l'épaisseur du coton qui fusionnait avec ses muscles, le tissu se tissait pour ne faire qu'un avec ses tendons; la matière pénétrait en lui, rejetait son squelette, trop encombrant, et envahissait progressivement ses poumons. On l'appellerait désormais l'Homme-coussin, et les enfants rebondiraient sur lui sans prêter nul attention à la conscience qui s'y trouverait à l'intérieur. Sa mère le sortait de cet état, pressement, quasiment tout les matins. Affolé de retrouver son fils sans oxygène, elle supprima l'épaisse frontière de Dimitri. Mieux valait-il tomber dans le vide que dans la mort. Le garçon, âgé de seize ans, eut l'idée d'accommoder deux rallonges aux extrémités du lit. Il en fallait peu pour donner l'illusion d'infini : deux tablettes de bois recouvertes de couvertures ne dépassant jamais le matelas central. L'installation finie, le jeune homme se félicita de retrouver la sensation perdue d'autrefois. Dimitri flirtait à présent avec l'infini de l'espace. Il explorait le monde matelas dans ses moindres recoins, comme jadis. Il se dit qu'il y avait à l'illimité des choses à découvrir là-bas. Il se dit aussi qu'il lui faudrait une éternité pour découvrir l'infini. Dès cela, on lui diagnostiqua le mal de vivre.
