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La suite demain
E

La lettre manquante

A Toi,

Si quelqu'un m'avait dit un jour que je prendrais la plume pour t'écrire une lettre, je lui aurais à coup sur ri au nez. Pourtant c'est bien ce que je fait, là, dans la salle commune, pendant que mes amies sont encore à la bibliothèque pour travailler leur devoir de divination.

Divination. Qui a-t-il de si compliqué à expliquer en divination pour que cela leur prenne autant de temps ? Je n'ai pas repris cette matière cette année, le professeur m'agaçait tant à me prédire une fin précoce que j'ai préféré couper tout contact avec. Pour dire vrai, elle l'a prévoit à tout le monde cette mort avant l'heure mais je n'ai pas envie d'y penser. J'ai d'autres choses bien plus graves et plus actuelles à l'esprit.

Comme par exemple, comment vais-je commencer cette lettre ? Je ne sais pas encore si je te l'enverrais, il faut une dose de courage que je ne suis pas sure d'avoir au contraire de toi. Toi qui, chaque été rendait folle ma mère, et surtout ma sœur, par le nombre impressionnant de hiboux que tu m'envoyais.

Chaque été… En y réfléchissant il n'y en a eu que deux. Je ne sais pourquoi j'ai l'impression que tu fais cela depuis de nombreuses années… Non, j'aurais du dire 'chaque période de vacances'. Oui, c'est ça ! A toutes les vacances entre le début de cinquième et le début de septième année, tu les as rendues folles.

Pour ce qui est de ma sœur, il en fallait très peu. Elle est si effrayée par la magie qu'aux fêtes de fin d'année, elle a refusée de s'asseoir à mes cotés et de me souhaiter une bonne année. C'est blessant même après toutes ces années et je pense qu'il me faudra malheureusement m'y habituer… Mais je ne suis pas là pour parler d'elle !

Donc revenons en à toutes ces lettres que tu m'envoyais et auxquelles je ne répondais pas. Je les ai lues pourtant toutes, ne me demande pas pourquoi mais j'en ai même des préférées. Je me suis même surprise à les relire cet été en attendant que tu m'en envoies la première… De la première, si immature, aux dernières plus adultes.

Cet été encore, je les ai toutes conservées mais je n'y ai jamais répondu. Peut être aurais je du… Peut être qu'ainsi les choses seraient autrement, peut être que je ne serais pas en ce moment même sur cette table de la salle commune à t'écrire sachant au plus profond de moi que tu ne la liras sans doute pas.

Pourquoi la lirais tu après tout ? Tu ne sais même pas que ce poème sorcier que tu m'as envoyé cet été est dans ma chambre de préfète, dans ma table de nuit. Tu ne sais pas non plus que lorsque la journée a été trop dure, je le relis et m'endors en pleurant sur ma bêtise, sur mon aveuglement.

Ce matin encore, je l'ai lu, pour me donner le courage de vivre cette journée, ce jour supplémentaire sans toi…

Tu viens d'entrer dans la Salle Commune avec tes amis. J'admire la décontraction avec laquelle tu évolues parmi nous. Entre ces filles qui feraient tout pour un regard de toi et ces garçons qui n'attendent qu'un mot de toi, juste pour se sentir cool l'espace de deux minutes…

Aucun d'entre eux ne se soucie de savoir que tu es brillant et cultivé. Non tout ce qui intéressent les premières, c'est ton physique et les autres, ta réputation au Quidditch.

Je suis maintenant une de ces filles. Pas que tu m'intéresses pour ton physique ! Enfin je ne peux pas nier… Non, c'est juste que maintenant moi aussi je donnerais tout pour un mot de ta part ou même juste un regard autre qu'indifférent…

Te rends tu compte que je suis maintenant une de tes groupies ? Non, je ne pense pas. Tu ne me vois même plus. Si j'avais répondu cet été ne serait ce qu'un petit bonjour, il en serait autrement et mon cœur se serre. Pourquoi n'ai-je pas répondu ? Ca demandait si peu et ça aurait fait tellement.

Mais voilà, je ne l'ai pas fait et maintenant tu ris devant la cheminée, sans te préoccuper de ma présence… Ce qui est arrangeant puisque je te déshabille du regard entre deux phrases que j'écris… Mince, Rémus m'a vu.

De votre groupe, il est celui dont je suis assurément le plus proche. Nous avons été préfet tous les deux ce qui joue pour beaucoup. Il est si calme et doux que je me suis toujours demandée pourquoi il traînait avec des types comme vous. Et puis j'ai appris ce que vous faisiez pour lui et, une fois la révélation encaissée, je vous ai enfin vu d'un autre œil… Surtout toi…

Autant avant j'aurais crains qu'il ne te parle de ce qu'il avait surpris, autant aujourd'hui… Mais s'il t'en parlait comment réagirais tu ? Hausserais tu les épaules avant de changer de sujet de conversation ou te sentirais tu flatté au point de recommencer tes demandes incessantes ?

Elles aussi me manquent. Et quand je repense à la dernière… A l'époque je ne savais pas que ce serait la dernière. Cet été encore je ne m'en doutais pas… Ce n'est que sur le quai du Poudlard Express que j'ai eu cet horrible doute. Je l'ai balayé de la main comme une poussière mais finalement…

A la rentrée, tu étais passé à coté de moi sans un regard. Confuse par ta réaction, je n'avais osé saluer Rémus. C'est à partir de ce moment là que j'ai compris, que j'ai su à quel point je t'avais blessé, à quel point j'étais liée à toi. Cela me semblait si facile de t'ignorer que je n'ai jamais réalisé combien cela pouvait faire mal.

Je te vois monter dans ton dortoir, suivi de peu de Sirius. Il est ton frère de cœur, vous êtes inséparables... Surtout pour les farces. Ou les humiliations…

Que j'ai pu te haïr lorsque tu ridiculisais Sévérus ! Il était mon seul ami véritable. Je l'ai rencontré avant de venir à Poudlard… Mais ça tu ne le sais pas. C'est lui qui m'a expliqué que j'étais une sorcière. Tous les étés, nous les passions tous les deux puisque ma sœur ne voulait pas me voir et qu'il était seul…

Comme je t'ai haï de le blesser alors qu'il vivait déjà un enfer chez lui ! Après chacune de vos blagues à son encontre, je le retrouvais dans un recoin du château pour le soigner. Si tu avais su ! Tu l'aurais sans doute encore plus ennuyé ! Et puis il est devenu de plus en plus dangereux de nous voir dans l'enceinte de Poudlard à cause de Malefoy et sa bande…

Quand tu as commencé à me draguer, à me proposer des sorties avec toi, il est venu me voir et m'a mis en garde. Il ne t'aime pas, et ne voulais pas que je t'approche. Peut être est ce cela qui a motivé tous mes refus, ou pas… Tu t'acharnais tant sur lui que même s'il n'avait pas été mon ami, je t'aurais détesté pour ce que tu lui faisais…

Personne n'a le droit d'agir de la façon dont vous l'avez traité ! Pourtant maintenant que je le vois traîner avec Malefoy et compagnie, je me demande pourquoi ? Comment un petit garçon tel que lui a bien pu finir avec de tels…

Mais je m'égare. Je ne suis pas là pour parler de Mangemorts, de guerre imminente ou de Voldemort. Non, je suis là pour te parler de cette lettre que je n'ai pas reçue hier et que j'attendais avec tant d'impatience.

Eh oui, malgré ton attitude plutôt froide vis-à-vis de moi, je pensais que le silence des vacances de fin d'année n'était qu'un 'accident', que tu avais été très occupé… Et que pour la première fois, tu n'avais pas pris deux minutes pour moi… Alors j'ai relu toutes tes lettres de cet été… Pour y découvris ce post scriptum que je n'avais encore jamais vu :

« PS : Lily, ceci sera sans doute ma dernière lettre. Je dois passer à autre chose puisque tu n'éprouveras sans doute jamais ce que je ressens pour toi. J'attendrais un petit signe de ta part sur le quai… S'il ne vient pas, alors je te dis tout de suite adieu. »

Je le connais par cœur, comme tu peux le voir. Je l'ai relu en boucle même quand je pleurais. James, j'ai compris hier soir que j'aimais être le centre de ton univers, que j'adorais tes petites attentions… Seulement voilà je ne l'ai pas compris assez tôt et quand j'ai reçu cette dernière lettre je me suis arrêtée à tes compliments exagérés sur mon intelligence que je prenais pour des moqueries.

Je vois Sirius redescendre seul. Ce serait le bon moment pour t'envoyer cette lettre… Mais je ne peux bouger de cette chaise. Je peux seulement verser une larme.

J'aimerais être une vraie Griffondor et monter dans ton dortoir pour te donner en main propre cette lettre. Mais je ne sais toujours pas si je t'enverrais alors de là à te la donner… Pourtant après toutes tes demandes, toutes lettres et toutes les petites choses que tu as fait pour moi, tu le mérites.

Oh James, j'ai tant envie de revenir à cet été pour te répondre ou encore sur le quai du Poudlard Express en Septembre quand tu attendais un geste de moi. Je me sens prête à le faire aujourd'hui parce que j'ai compris que je t'aime…

Mais voilà je ne suis pas une vraie Griffondor et j'ai saisi l'occasion que Sirius lise au dessus de mon épaule pour te dévoiler mes sentiments. Il a beau être discret son parfum ne l'est pas… J'ai attendu qu'il soit parti pour rajouter ce paragraphe, afin que tu saches. Peut être m'en voudras tu de ce tour de Serpentard mais je n'avais pas le choix si je voulais que tu saches à quel point tu me manques.

J'aurais aimé recevoir cette lettre hier parce que pour la première fois, je comptais dire oui. Parce que tu étais un garçon déjà formidable caché derrière une arrogance son borne mais que maintenant tu es un homme merveilleux, plus posé et moins prétentieux.

Je vais laisser ce parchemin à ma place avec ton nom d'écris dessus. Tu voudras sans doute le lire après le 'résumé' de Sirius. Je sais que j'ai un jour de retard mais j'aimerais te souhaiter une bonne saint Valentin,

Je t'aime,

Ta Lily.