Chapitre 1

Dissimulée par un sort de désillusion, Hermione regardait ses parents charger leurs affaires dans la voiture, dans un départ précipité qu'elle avait elle-même provoqué. Le lendemain, elle s'en irait rejoindre Ron au Terrier et ils y attendraient Harry avant de partir à la chasse aux horcruxes.

Ils partiraient certainement après le mariage de Bill et Fleur. Pour ne pas inquiéter ses parents mais surtout pour qu'ils soient en sécurité, Hermione leur avait enlevé tous les souvenirs qu'ils avaient d'elle et leur avait créé une nouvelle identité. Ses parents s'appelaient désormais Wendell et Monica Wilkins, ils n'avaient jamais eu d'enfants et ils avaient toujours rêvé de partir vivre en Australie, chose qu'ils allaient faire dès à présent.

Hermione sortit et regarda son père charger la dernière valise pendant que sa mère regardait la maison d'un air distrait, la main sur la porte, prête à la verrouiller mais pourtant figée dans son geste. Son mari s'approcha de sa femme et mit une main sur son épaule.

- J'ai l'horrible impression que nous oublions quelque chose de très important, dit-elle en regardant « Wendell ».

Le père d'Hermione fronça les sourcils, l'air de réfléchir profondément.

- Moi aussi, maintenant que tu le dis.

Hermione se rapprocha prête à intervenir s'il fallait relancer un sort d'oubli.

- Bon, j'imagine que ce n'est qu'une impression, dit finalement sa mère en haussant les épaules et en verrouillant la porte.

- Oui, allons-y, sinon, nous allons rater notre vol, dit le père.

Ils montèrent en voiture et après un dernier regard pour la maison, et ils partirent. Une fois la voiture disparue à l'angle de la rue, Hermione se permit d'ôter le sortilège la rendant invisible et rouvrit la maison pour y passer sa dernière nuit avant un moment. Elle espérait tout de même y revenir quelques temps, après tout ça, lorsqu'elle irait retrouver ses parents pour leur rendre la mémoire, si elle survivait…

Elle chassa cette pensée funeste de sa tête. Elle devait essayer de positiver, même si ça n'avait jamais été son fort. Après tout, elle croyait assez en Harry pour pouvoir croire en une fin heureuse, même si elle se doutait que pas mal de monde allait perdre la vie dans cette guerre. Mais n'en avait-il pas été pareil au cours de toutes les guerres qui avaient éclaté, et ce depuis toujours ?

Depuis la nuit des temps, les hommes se battaient pour des terres, pour leurs différences ou pour du pouvoir et toujours, des hommes se défendaient et il y avait inévitablement des morts injustes. Mais défendre sa liberté était important.

Oui, Hermione savait qu'elle se battait pour la bonne cause, et c'était pour cette raison que mourir ne l'effrayait pas tant que ça, même si elle espérait s'en sortir, même si elle espérait que ses amis s'en sortiraient, même si elle espérait qu'un maximum de personnes s'en sortiraient aussi.

En tout cas, les Mangemorts ne pourraient pas mettre la main sur ses parents, c'était déjà un poids en moins sur ses épaules. Bien sûr, s'ils prenaient la peine de les chercher, ils pourraient retrouver leurs traces mais ils ne représentaient rien pour eux. Aucun doute qu'ils les tueraient s'ils tombaient dessus en venant visiter la maison, ce qu'ils feraient certainement d'ici quelques jours. Mais pourquoi prendraient-ils la peine de partir à leur recherche ?

Hermione prit dans ses mains une des photos qui surplombaient la cheminée du salon. L'image la montrait souriante dans les bras de ses parents, alors qu'elle n'avait que onze ans. A cette époque-là, elle ignorait encore tout de la sorcellerie et de Poudlard.

Un instant, elle se demanda ce qu'il se serait passé si elle n'avait jamais reçu de lettre, si elle n'avait jamais connu Harry, si elle n'avait jamais côtoyé ce monde. Hermione se dit qu'elle serait probablement en train de regarder un programme télé quelconque avec ses parents, tranquillement, loin de tous les ennuis du monde sorcier, complètement ignorante de tout. Oui, elle serait heureuse dans ce monde sans magie, comme elle l'avait été avant de l'intégrer.

Mais en même temps, elle avait vécu des années tellement merveilleuses avec Harry et Ron, ses deux meilleurs amis, puis elle avait rencontré plein de personnes formidables. Son entrée dans le monde magique avait signé le meilleur et le pire de son existence.

Alors non, elle ne pourrait jamais regretter. Regretter d'être mêlée à cette guerre serait comme regretter d'exister, regretter d'être ce qu'elle était. Ce serait donner une sorte de victoire à Voldemort et ses sbires. Comme si elle avouait ne pas vouloir faire partie du monde de la magie, comme si elle capitulait face à leur idée de supériorité de sang et Hermione ne capitulerait jamais sur ce point.

La jeune fille reposa la photo et alla prendre sa douche. Une fois propre, elle se rendit dans sa chambre et regarda le cintre sur lequel sa robe était accrochée, celle qu'elle mettrait le jour du mariage. Elle misait beaucoup sur la réception de cet événement, sur son apparence ce jour-là pour que Ron se décide à faire un pas vers elle, car elle, elle n'y arrivait pas et cela faisait un moment qu'ils tournaient autour du pot, se rapprochant pour s'éloigner par la suite mais là, elle avait vraiment envie que quelque chose se passe. Les mois à venir ne seraient-ils pas plus doux si elle et Ron étaient ensemble ?

Enfilant sa robe, elle se regarda un instant dans le miroir, le rouge lui allait bien au teint. Elle décida de revêtir son pyjama, un petit short avec un débardeur puis se mit au lit. C'est au moment d'éteindre la lumière qu'un bruit lui parvint du rez-de-chaussée.

Si ses parents n'étaient pas partis un peu plus tôt, elle ne se serait pas alarmée mais là, elle était censée être seule et elle n'attendait personne. Elle se leva rapidement et se cacha derrière la porte. Elle savait que sa cachette était plus qu'idiote mais c'était la seule disponible dans sa chambre, s'il s'agissait d'un ennemi, elle pourrait peut-être le surprendre.

Elle entendit des voix venant d'en bas. Bon, déjà, elle pouvait exclure la thèse de l'ennemi seul, ils étaient au moins deux.

- Tu es sûr que c'est la bonne maison ? On dirait qu'il n'y a personne.

Il s'agissait d'une voix masculine qui lui disait vaguement quelque chose mais qu'elle n'arrivait pas à reconnaitre.

- C'était écrit Granger sur la boîte aux lettres, répondit une autre voix qu'Hermione n'eut aucun mal à reconnaître comme étant celle de Lucius Malefoy.

- Il y a plusieurs Granger, fit remarquer une voix féminine.

Bellatrix Lestrange était là aussi. Les poils sur les bras d'Hermione se hérissèrent rien qu'en pensant à la brune psychopathe, si elle détestait tous les Mangemorts, Bellatrix la terrorisait beaucoup plus qu'eux, presque autant que Voldemort lui-même.

- Ils sont peut-être sortis, fit remarquer la seule voix qu'Hermione ne parvenait pas à identifier.

- La ferme Carrow, répondit Lucius.

Il s'agissait donc d'Amycus Carrow, elle le connaissait de nom seulement pour avoir été présent sur la tour d'astronomie à la mort de Dumbledore.

- Hominum Revelio.

Lucius venait de lancer le sortilège de révélation de présence humaine.

- Nous ne sommes pas seuls, révéla-t-il.

Elle n'entendit plus rien, peut-être chuchotaient-ils. Puis elle entendit des pas monter les escaliers, seulement une personne, vu le son qui lui parvenait. Elle tendit sa baguette, prête à passer à l'action dès que l'intrus serait à portée de tir.

Lorsqu'il arriva à l'entrée de sa chambre, le sortilège fusa.

- Expelliarmus, dit-elle.

Elle récupéra au vol la baguette d'Amycus et lui lança un Stupéfix dont la puissance fut doublée par le fait qu'Hermione tenait à présent deux baguettes.

- En haut, entendit-elle crier.

Rapidement, elle sortit de sa chambre pour se retrouver dans le couloir, elle se retrouva vite face à Lucius et Bellatrix.

- Tiens, tiens, tiens, voilà notre petite sang-de-bourbe favorite, s'amusa Bellatrix avec un sourire qui fit hérisser les poils sur les bras de la jeune fille, une fois de plus.

Mais Hermione savait maîtriser sa peur, il le fallait, elle n'aimait pas donner satisfaction à l'ennemi. C'est donc d'une main qui ne tremblait pas qu'elle pointait les deux baguettes sur les deux Mangemorts.

- Où est Amycus ? lui demanda Lucius.

Hermione eut un petit sourire puis fit un signe de tête vers sa chambre.

- Il n'a pas été très prudent, rentrer dans une pièce sans d'abord vérifier derrière une porte… Mais qu'est-ce que vous apprend votre maître ? fit semblant de déplorer Hermione.

- Ferme ta sale… commença à s'énerver Bellatrix.

- Bella, nous n'allons pas recommencer le même cirque qu'au ministère. Elle cherche à nous provoquer mais il nous la faut vivante, dit Lucius.

- Oui Bella, ne fais pas tout foirer, une fois encore ! ajouta Hermione.

Elle était face à deux Mangemorts et pas des moindres ! Si elle en attaquait un, elle se ferait avoir par l'autre, elle le savait, sa situation était critique, alors, elle préférait miser sur la défense plus que sur l'attaque. Elle se préparait à faire appel au sort de renvoi, plus difficile à maîtriser que le sort de bouclier mais beaucoup plus efficace puisqu'il renvoyait le sort plutôt que de le neutraliser.

- Le gentille petite idiote de sang-de-bourbe veut montrer qu'elle est courageuse ? Mais nous savons bien que tu es terrifiée, railla Bellatrix.

- La peur n'empêche pas le courage, stupide vieille sang-pur, répondit Hermione.

Bellatrix leva sa baguette mais un regard de Lucius la retint de lancer le moindre sort.

- Miss Granger, nous allons vous emmener. Si vous êtes aussi intelligente que ce que les gens disent de vous, vous devez déjà savoir que quoiqu'il arrive, vous ne nous vaincrez pas tous les deux, alors soyez raisonnable et rendez-vous, dans ce cas-là, nous vous emmènerons sans vous faire de mal, tenta Lucius.

- Bien sûr, et après, nous siroterons tous une tasse de thé, accompagnée de biscuits, en discutant près du feu je présume ? Non, je ne sais pas pourquoi vous me voulez vivante mais ça laisse supposer qu'une fois entre vos mains, je vais subir les pires tortures. Donc, ne m'en voulez pas trop de refuser votre proposition !

Lucius eut un petit rictus, pendant que Bellatrix semblait s'impatienter. C'est donc vers elle qu'Hermione pointa ses baguettes, toujours prête à renvoyer le sort.

- La petite sang-de-bourbe a bien grandi depuis la dernière fois ! s'amusa-t-elle.

- Franchement, cela doit faire 6 ans que je suis habituée à cette insulte, vous devriez vous renouveler !

- Mais dis-moi sang impur, où sont donc tes parents moldus au sang abject ? demanda Bellatrix.

- Loin de vous, j'en ai bien peur !

- Dommage, il aurait été bon pour toi de les voir mourir, un petit avant-goût de ce qui t'attends !

- Mais, en parlant de parents moldus au sang abject, cela ne dérange-t-il pas votre maître de prôner un mensonge pour lui-même ? Après tout, son père était aussi « abject » que mes parents !

Là, c'en était trop pour la Mangemort, le sortilège vert fusa mais Hermione le renvoya. Cependant, elle n'eut pas la joie de voir Bellatrix Lestrange tomber raide morte sur son plancher puisque Lucius en profita pour la stupéfixer.

Les pensées d'Hermione étaient claires, elle allait mourir, c'était à présent inéluctable. Mais au moins, elle n'aurait plus à avoir peur de cette psychopathe.